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| Une idée fixe aboutit à la folie ou à l'héroïsme. (pv) | |
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Izaak A. SolokoffCRIMINEL. ► meurtrier. membre du staff.
► MESSAGES : 93 Mar 28 Sep - 0:07 |
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Suite des rps parallèles : Le journal d'une Exilée & Le journal d'un Fou.3 Décembre 2058, Toronto. Il fait gris. C'est tout ce que je peux dire actuellement. J'ai cru que tu étais là, mais visiblement, je me suis trompé. J'ai fait es morgues et les cimetières. Les hôpitaux, puis les bars à pute. J'ai vu les femmes trop maquillaient, et je me suis dis que tu n'avais pas pu faire ça. Pas même pour survivre. Alors après, j'ai regardé ailleurs, partout, mais Toronto, c'est grand, mon amie, c'est si grand que je m'y perds. Toronto, ça sent pas bon. Ça sent le mélange de 2 500 000 habitants. Voir plus. C'est bruyant, les gens se rentrent dedans, et ils ne prennent plus le temps de vivre. Moi, je m'en fou. J'ai mes habitudes. Dormir peu, manger peu. J'ai maigri. Il ne reste sous ma peau que les muscles que le voyage m'a donné. Il est loin le petit Sindri qui croyait qu'une claque faisait mal. Aujourd'hui, il faut plus qu'une balle dans la tête pour me mettre à terre. Avec la dague d'Izaak à la ceinture, je n'ai aucune crainte. Skyler s'en ait sortit. Ils sont partit, de la Mongolie à la Grèce, pour éloigner la Hel.Corp. de nous. De moi. Je n'ai pas peur, moi. Je suis redevenu patient. Je gagne ma vie en boxant dans des bars peu populaires. Les gens disent « au noir », mais j'ai jamais bien compris pourquoi. De toute façon, je m'en fou, non? On me demande juste de cogner et on me donne de quoi manger, et parfois je parle, je demande si y a pas une fille, une petite, brune, toute jolie, et il rit toujours, celui qui me paye, il me dit qu'après tout, c'est de mon âge. Mon âge. Si seulement il savait que j'ai actuellement plus de cinquante cinq ans, et que si j'ai l'air d'en avoir vingt, à l'intérieur, j'ai déjà vécu les crimes de cent vies. C'est vrai, le jeune Sindri est mort. Ce soir, c'est mon troisième match. J'aurais assez d'argent pour pouvoir manger, et te chercher le restant de la nuit, dans un énième hôtel, dans une énième résidence privée. Ça me rends malade. La sonnerie résonne dans mon crâne. On me retire mon peignoir épais. J'entre sur scène. Les gens me regardent et se demandent comment un gamin de vingt ans peut avoir des cicatrices sur le corps. Des cicatrices comme ça. Je ne m'en occupe pas, regarde mon adversaire. Il est immense comparé à moi qui suit grand pourtant, et il est épais. Mon « patron » a dit que si je le couchais en moins de trente sept secondes, je pouvais partir aussitôt après. Il s'approche, me fout un coup que j'encaisse avec facilité et je lui retourne une droite. J'ai tapé trop fort, car il tombe sur le sol, K.O, avec la mâchoire de travers. J'ai gagné. La sonnerie résonne une nouvelle fois, et la foule est mitigée. En délire, mais lassée de ses combats trop rapides. Je descends du ring, on me paye, je tourne le dos. « Tu vas chercher ta belle? » Je relève le nez, le regarde, hausse les épaules. « Te perds pas Sin', y a des mecs bizarres dans ce genre de coin. » « J'sais. J'ferais attention. » J'risque surtout pas de crever. Je pousse la porte, sort. Je suis en jeans, en t-shirt, et j'ai froid, alors je ferme mon manteau noir, rabats ma capuche. En Janvier, à Toronto, le climat est rude. Pas autant qu'en Laponie, mais rude. Je regarde ma montre, sort ma carte. J'ai cinq cent dollars en poche. De quoi prendre le taxi. J'en siffle un, m'engouffre dedans, donne une rue. Il démarre, me conduit. Sur la route, je raye tous les hôtels que j'ai déjà fait. Il regarde son rétro, rigole un peu. « Vous êtes un genre de critique? » Je relève le nez, puis sourit. « En quelque sorte. » Silence. « Je vous arrête ici? » « Oui. » Et je paye. Descends. J'ai tourné un an dans cette ville. Et pourtant, encore, aujourd'hui, je ne connais pas tous les recoins, pas tous les hôtels. Je n'ai pas encore vu les 2 500 000 habitants dont cette ville regorge. J'ai vu une moitié, peut être. Devant moi, il y a un hôtel. Ça fait exactement sept fois que je viens, car cet hôtel engage deux entreprises de nettoyage. Vingt-sept employés tournent régulièrement toutes les trois semaines. Je me poste devant la porte des employés. Je me recule un peu. Il ne faut pas que l'on me voit. Les gens de la ville pensent que l'on est méchant quand on regarde trop longtemps quelqu'un ou une chose. Ils pensent que notre tête est remplie de chose horrible. Les seules choses horribles dont ma tête est rempliée, c'est des gens qui crie et qui pleur, car ils ont mal, et c'est toi, ma Sasha, ma douce Sasha, qui remplie le plus ma tête. Ma tête lourde. J'ai envie de dormir, aujourd'hui, mais je ne peux décidément pas. Pas vrai? | |
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Elladora KonstantineLYCAN DE TYPE C.F. propriété du ministère de la magie.
► MESSAGES : 456 Mar 28 Sep - 10:13 |
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| « Jenny? - Oui? - C'est vous qui vouliez augmenter vos heures n'est-ce pas? - Oui Mr Roy, c'est bien moi. - Mh... »
Ce mmh pensif je savais parfaitement bien ce que c'était, je l'avais déjà vu un milliard de fois ou presque. C'était le mmh qui venait toujours quand on se mettait à me regarder de la tête aux pieds en essayant de ne pas en avoir l'air. J'y avais eu droit toutes les fois où j'avais passé un entretien d'embauche. Ca ferait bientôt un an que je travaillais pour Sinex, alors croyais moi que je savais comment ça marchait.
« Vous avez passez la visite médicale ce mois ci? - Oui, avant-hier. - Bon je présume que ça c'est bien passé. Je vais voir ce que je peux faire pour votre contrat de travail. Il y a une employée qui va partir en congés maternité de toute façon et j'ai du mal à trouver des filles pour prendre ces heures. - Mme Banks oui. Je n'ai qu'un contrat de 39h vous pouvez me passer à 48h ça ne me dérange pas. - Je verrais. Mmh vous avez terminé? - Euh quasiment, il me reste le hall et je rentre. - Tenez je vous laisse les clés vous n'aurez qu'à les déposer à mon bureau en reprenant demain matin. Et faites attention à vous en rentrant mh? - Bien sûr. Bonne soirée Mr Roy. »
Je le regardai s'emmitoufler dans son épais manteau de feutre et sortir du bâtiment. Quelque part je crois que Mr Roy avait de l'affection pour moi, mais il avait toujours peur que la législation du travail lui tombe sur le dos à cause de moi. C'est vrai que je faisais mauvaise impression avec mes 44kg et mes cheveux ternes. Il n'avait pas vraiment envie qu'on retrouve une de ses employées la tête dans les toilettes à cause d'une OD ou tombée d'inanition au milieu d'un couloir luxueux. Je pouvais le comprendre même si passer la visite médicale tous les mois ça devenait vite lassant. Il ne prenait pas tant de précautions pour les autres filles mais je me pliai au jeu parce que dans le fond, il voulait juste m'aider. J'avais fini par comprendre comment fonctionnait ce monde il avait ses bons côtés et ses défauts, comme tous les systèmes finalement. Après avoir fini ma journée de travail, je refermais tout derrière moi. Dehors il faisait un froid de canard. J'attends un peu dans la lumière du lampadaire, serre le lacet que je porte au cou comme pour me donner un peu de courage. C'est que je déteste attendre le bus après la tombée de la nuit. C'est toujours les mêmes risques. Une fois un dealer qui a cru voir en moi une habituée, une autre fois un petit caïd des rues qui s'est imaginer qu'il y avait quelque chose à racketter sur moi. La seule chose que j'ai sur moi en dehors de mon badge et des pendentifs que je cache sous mon pull ample c'est une arme. Un petit calibre que tout le monde peu se procurer n'importe où ici. Je n'en n'aurait jamais pris une si j'avais été capable de me défendre toute seule et de toute façon je n'aurais jamais tiré mais la compagnie préférait savoir que vous n'alliez pas les attaquer en justice parce que vous vous étiez fait agressée en sortant tard. Les cheveux rentrés dans le col ample de mon pull j'avance un peu, regarde ma montre - un truc de gamin que j'ai trouvé en faisant le ménage mais qui donne quand même l'heure - le bus n'arrivera pas avant dix minutes alors... je sursaute en m'apercevant qu'il y a quelqu'un:
« Vous m'avez ... »
Mais je reste interdite. Sur l'instant mes yeux détaillent son visage. Ces mèches bleues qui ne sentent pas les produits chimiques. Sa bouche que je croyais avoir oubliée. Les clés du bâtiment me tombent des mains et la première idée qui me vient c'est de fuir. Fuir pour qu'il ne soit pas à leur merci. Mais je ne fuis pas. J'aurais dû. Je ne peux pas. Ma bouche s'ouvre pour dire quelque chose et je repense au commentaire de Mr Roy. Seth, qu'il ne me voit pas si vilaine, si amaigrie, avec les mains rougies et abîmées par les produits d'entretien que j'utilise tous les jours et les cheveux ternes. Là encore je voudrais fuir son regard mais je ne peux pas. Alors les larmes se mettent à couler et j'ai mal à l'intérieur. Je souffre tout ce que je me suis interdit de souffrir depuis le début et je tombe à genoux devant lui pour pleurer, la tête presque dans ses genoux:
« Oh ne me regarde pas Sindri... je t'en prie ne me regarde pas mon amour... »
Est-ce que j'étais devenue folle, définitivement folle? Etait-il la plus merveilleuse des hallucinations ou le pire de mes cauchemars enfin réalisé?
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Izaak A. SolokoffCRIMINEL. ► meurtrier. membre du staff.
► MESSAGES : 93 Mar 28 Sep - 10:45 |
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La porte craque en s'ouvrant, mais je suis un peu ailleurs. Sur l'herbe plus loin, il y a une odeur de sang et une seringue qui traîne. C'est dégueulasse, comme odeur. Je détourne le regard, cherche du regard la petite silhouette qui vient de sortir, mais je ne vois rien d'ici. Je ne vois rien car le froid m'a engourdie un instant, et qu'elle a un pull sur le dos. Elle. Je sais, car elle sent. Elle sent la femelle, et elle sent... Mon Seth.
« Vous m'avez ... » « Sasha? »
Et la voix se meurt dans sa gorge, serré par la joie, et par la douleur. La réalité, c'est que je n'avais pas penser te retrouver ce soir. Pas ici. Pas dans ce froid. Pas toute seule, et si abîmée par le temps. Tu as l'air tellement fragile devant moi, et je comprends que ce n'est pas mon absence qui a fait ça. C'est eux. Eux qui l'ont fait, eux qui t'ont fait mal au plus profond de toi. Ils t'ont violé, pas dans le sens le plus commun du terme, mais ils t'ont sali en faisant sur toi ce que leur plaisir sadique voulait, et je les déteste pour ça. J'aimerais tous les tuer, tu sais, tous autant qu'ils sont. Du premier au dernier. Tu tombes sur le sol. Oh mon amour... Oh. Je crois que je pleurs. Mes joues se mouillent, mais ce n'est pas parce que je te retrouve, mais car je viens de réaliser que je t'ai perdu pendant huit longues années. Huit trop longues années, mon amour. Mon amour, tu es si petite sur le sol, et tu as l'air si fragile, si abîmée. Je me penche, mes mains effleurent tes cheveux. Ils sont devenus si sales, si ternes.
« Oh ne me regarde pas Sindri... je t'en prie ne me regarde pas mon amour... » « Sasha, je t'ai tellement cherché, comment je ne peux pas te regarder? »
Il suffit que je glisse sur le sol, genoux à terre, pour que mes bras retrouvent leur dextérité, accroche ton dos. Si petite comparée à moi, si fragile aussi. Tu as maigris, et ça se voit, mais tu es jolie, ma reine. Tu le seras toujours. Je pousse tes cheveux d'une main, et mon visage reprends ses habitudes, se frotte contre le tien. Un instant, il y a le silence. Le magnifique silence, et la contemplation. Mes yeux se perdent dans les tiens. Je pleurs, je le sais. Mes larmes coulent, mais ce n'est pas ma faute tu sais. C'est juste que je suis heureux. Je pleurs de joie. C'est la première fois, en huit ans. Je te sers trop fort, mais je n'y peux rien. Si tu t'enfuis, si je te perds à nouveau... Non. Je ne peux pas te perdre à nouveau. Jamais. L'idée me donne envie de vomir. L'idée me révulse. Une seconde fois, ça me tuerait.
« Tu es si belle, tu es si belle... J'ai si mal... » Je renifle. Pardon. J'ai toujours été trop sensible... « J'ai cru que je t'avais perdu pour toujours. T-tout le monde disait que tu étais morte, mais moi... non... Jamais... » Je renifle encore, le sert contre moi. « Tu m'as tellement manqué... »
Je te sers. Tu jures, pas vrai? Tu jures, tu ne me quitteras plus jamais...
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Elladora KonstantineLYCAN DE TYPE C.F. propriété du ministère de la magie.
► MESSAGES : 456 Mar 28 Sep - 11:15 |
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| « Sasha, je t'ai tellement cherché, comment je ne peux pas te regarder? »
Et moi comment puis-je répondre à ça. Les sanglots s'étranglent dans ma gorge et je t'imagine courant le monde. Tant de questions, dans de peurs à ce moment là mais tes bras se referment sur moi comme des ailes immenses et je disparais presque à l'intérieur de toi. Pendant une brève seconde je disparais, je n'existe plus que pour toi. Ils ne peuvent plus me voir. Je n'existe plus. Ton visage vient se frotter contre le mien et je retrouve ton odeur. Il a fallu que tu sois si près. Autrefois j'aurais pu te sentir à des kilomètres. Je pleure et mes joues caressent les tiennes comme la première nuit où tu m'as serrée contre toi dans le champs de luminescence près de chez nous, cette première nuit où nous nous sommes pris et donnés l'un à l'autre sans même y réfléchir. Le sel de nos larmes est le même, et ce ne sont pas quatre rivières qui mêlent leurs eaux sur nos visages mais une seule et même âme qui pleure. Tu me sers si fort que j'ai du mal à respirer mais ça m'est égal. Je ne veux pas respirer, je veux mourir là dans tes bras. Je veux renaître à moi même dans tes bras. Regagner ce que j'ai perdu pour toi.
« Tu es si belle, tu es si belle... - Non ne dis pas ça... - J'ai si mal... - Pardon mon Sindri... - J'ai cru que je t'avais perdu pour toujours. T-tout le monde disait que tu étais morte, mais moi... non... Jamais... - Je sais, je l'ai bien cru moi même... sans toi... - Tu m'as tellement manqué... - Plus jamais... promets moi qu'on ne se quitte plus jamais. »
C'était des paroles irréfléchies. Je n'avais pas le droit, je n'aurais pas dû. Quand étais-je devenue si égoïste? La Hel.Corp avait toujours son oeil braqué sur moi, mais à cet instant je l'oubliai et je m'imaginai un monde où il n'y avait plus que Sindri. Je le serrais sans me rendre compte qu'il s'apercevrait de ma faiblesse. J'oubliai un peu la honte de moi même, non pas de ce que j'avais laissé faire, mais c'était un poids en moins sur mon coeur déjà.
« Comment tu m'as retrouvée ici à l'autre bout du monde? »
Je le regardai dans les yeux, oubliant ma pudeur dans la chaleur de ses bras. Cette chaleur de loup que moi j'avais perdue mais qui dépassait de loin celle des mortels. Je n'osais pourtant pas l'embrasser, ça faisait si longtemps. Mes mains allaient chercher les siennes et je me relevais. Il ne fallait pas rester là dehors, alors je l'emmenai dans mon minuscule appartement. Un lit, un coin cuisine, un coin sanitaire. C'était là que je vivais.
« Sindri s'ils te voient avec moi... je ne veux pas qu'ils te prennent toi aussi, tu n'imagines pas... »
Mais c'était trop tôt pour moi. Je ne pouvais pas t'en parler. Pas encore. Je ne me doutais même pas que tu aies pu savoir... | |
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Izaak A. SolokoffCRIMINEL. ► meurtrier. membre du staff.
► MESSAGES : 93 Mar 28 Sep - 13:11 |
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Vous savez, on dit bien souvent « tu ne peux pas comprendre ce que je ressens ». Sur le moment, c'est drôle, mais j'ai repensé à une vieille histoire. C'est cette histoire, d'un vampyr qui perdit sa reine lors d'une guerre, et l'ayant vu morte, ne cessa de la chercher pourtant, et ce pendant cinq long siècles, jusqu'à se rendre compte qu'en réalité, elle l'avait attendu, pendant cinq siècles, là où ils avaient grandi tous les deux. Mon coeur bat au même rythme que celui de cet homme qui se perdit dans les yeux émeraudes de sa reine, sauf que les yeux dans lesquels je me perds sont vairons, d'une délicate couleur ambre doré et noisette. Elle est magnifique. Même terne, même amaigrie. À mes yeux, elle est la plus belle. Ce n'est pas un mensonge, je le pense sincèrement. Je ne mens jamais, surtout pas sur ça. Mais imaginez vous un visage, celui de Fantine, ravagée par les années et par la douleur, imaginez ce visage, toujours aussi pure, quasi virginale, presque saint. Ce visage, ravagé à nouveau par des larmes de délivrance., est celui de l'innocence bafoué, de la douleur qui ressort, mais également d'une joie, d'une délivrance. Elle s'abandonne dans mes bras, et que dire de plus? Elle qui voulait me fuir connaît mes bras, et elle ne s'en plaint pas, loin de là. Elle se cale, et si je ne maîtrise plus ma force après toutes ses années, elle semble si heureuse que le moment me paraît parfait. J'aimerais rester comme ça pour l'éternité. Mais ça serait sadique, pour ma pauvre âme, qui souffre plus qu'elle ne le dit.
« Tu es si belle, tu es si belle... » « Non ne dis pas ça... » « J'ai si mal... » « Pardon mon Sindri... » « J'ai cru que je t'avais perdu pour toujours. T-tout le monde disait que tu étais morte, mais moi... non... Jamais... » « Je sais, je l'ai bien cru moi même... sans toi... » « Tu m'as tellement manqué... » « Plus jamais... promets moi qu'on ne se quitte plus jamais. » « Je le jure, plus jamais. »
Et j'embrasse son front, pas sa bouche, pas maintenant. Et je me foutais bien du danger qui pouvait nous englober, nous attraper dès le lendemain. Je ne laisserais plus jamais personne te faire du mal mon amour, jamais plus personne. Une seule parole de travers, un seul mot qui te blesse, et je le jure je dévore l'imprudent sans aucune autre forme de procès. Il ne m'intéresse plus de me taire. J'ai appris la force des mots quand j'étais jeune, et aujourd'hui, j'apprends que ce mon grand-père Nabor appelait « la force de la colère » ou encore « la force de la crainte ». Cette force que nous avons perdu en tant que loup, en étant trop gentil mon amour. On a perdu ce qui fut dans le passé notre devise, et si aujourd'hui on est chassé comme des chiens, c'est peut être bien car on a oublié comment se battre, qu'on a oublié de se faire craindre, afin que nul ne nous cherche querelle. Qu'importe après tout.
« Comment tu m'as retrouvée ici à l'autre bout du monde? »
Perte de voix soudaine. Comment te dire, ma belle, que j'ai du étriper des gens pour te retrouver? Comment t'expliquais qu'aujourd'hui je ne suis plus un enfant, pas plus que je ne fais de collier, que j'ai couru huit longues années sur toute la terre pour te retrouver, en allant de centre en centre? Que j'ai aimé voir Hoggins mourir sur le sol? Que j'ai aimé sentir le sang dans ma gueule, et que tout cela n'a rien fait d'autre que de me rendre méchant? Je baisse les yeux. Tout cela, je ne peux pas te le dire. Comment je ne te dirais pas que je ne dors plus, quasiment plus. Que ça fait un an que je suis ici. Un an que je t'ai laissé toute seule dans cette misère. C'est bête. Si seulement je t'avais retrouvé avant. Si seulement j'avais pu te sauver avant... Si seulement... Tu m'attrapes la main, et je te suis, silencieux mais abbatu au plus profond de moi. Je me rends compte encore de combien je suis laid à présent. Je n'ai pas le droit de tenir ta petite main. Tu es l'innocence bafouée. Mais moi, je suis le fou, le sanglant. J'ai choisi ma voie ; tu y as été contrainte. Comment pourra tu encore m'aimer quand je te dirais le nombre de mort que j'ai commis? Comment me regarderas-tu quand tu apprendras que j'ai mangé de la chaire humaine? Oui. J'en ai mangé. Quand mon estomac était trop vide et que j'en crevais, j'ai mangé. J'ai mangé de l'humain. J'ai dévoré par deux fois mon cheval. J'avais tellement faim... Mais ça ne m'excuse pas. Ça n'excuse pas toutes ses morts dans les forêts. Je pourrais bien dire que c'était pour te sauver – et c'est vrai – mais ça n'excuse pas mon geste. Jamais rien ne l'excusera. On arrive dans un petit appartement. C'est ridiculement petit. Une caverne. Non, une tanière. Oui, une tanière de loup, un peu renfermé. Je ferme les yeux. La douleur pique mon myocarde. Ça palpite à l'intérieur, et ça fait un peu mal.
« Sindri s'ils te voient avec moi... je ne veux pas qu'ils te prennent toi aussi, tu n'imagines pas... » « Je m'en fou, Sasha. »
Je m'en fou, de tout. J'ai risqué ma vie, je me suis fâché avec toute la meute pour toi. Juste pour toi. Je me penche, tombe à genoux. Je suis tellement fatigué, mais si je dors, je ferais des cauchemars. Encore. Sur le sol à genoux, je prends tes mains et les pose sur mon visage. J'aime tellement ta peau. J'ai tellement envie... Mais je ne peux pas. Je le sais. Ça me rabaisserait au niveau de ses hommes. Alors tes mains sur mon visage me suffiront. Je tremble un peu sous ta main. Je ferme les yeux. Je ne veux pas te voir quand je te dirais quel monstre je suis devenu.
« Les choses ont bien changé depuis que tu as disparu Sasha... Quand j'ai dis à tout le monde que tu ne pouvais pas être morte, personne ne m'a cru, alors j'ai quitté la meute. J'ai cherché Izaak, je l'ai cherché pendant cinq mois, et il m'a trouvé. Il m'a aidé. Pendant sept ans, on a fait le tour du monde. On a débusqué les membres de la Helsing Corporation. On a pas arrêté. » Les larmes montent, mais je n'ouvre pas les yeux. Pas encore. Quitte à garder cette voix qui tremble, je m'en fou d'être pitoyable. Je me fou de tellement de chose à présent. « On a pas arrêté, on a tué, encore, et encore, et y avait tellement de sang, tellement de cendre, tellement de bruits et de cris... On a tellement couru... On était si proche, mais il a fallu que ce connard de Hoggins te transfert, te... » J'ouvre les yeux, la regarde. Je pleurs encore. Je suis vraiment un enfant, au fond. « Je suis désolé, Sasha. Je l'ai pas tué assez vite. J'ai perdu un an à te chercher comme un malade à Toronto, mais c'était tellement grand, et, et... Je suis tellement désolé, tellement désolé de pas avoir pu te sauver, tellement désolé... »
Mes yeux pleurent tout seul, et je crois que ça me fatigue. De toute façon, je ne peux rien voir quand je suis comme ça. À peine du flou. À peine.
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Elladora KonstantineLYCAN DE TYPE C.F. propriété du ministère de la magie.
► MESSAGES : 456 Mar 28 Sep - 17:51 |
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| « Sindri s'ils te voient avec moi... je ne veux pas qu'ils te prennent toi aussi, tu n'imagines pas... - Je m'en fou, Sasha. - Sindri si... »
Mais tu tombes toi aussi alors les mots me manquent. Comme tu as changé mon amour. Je le vois à tes cheveux bleus qui sont plus longs. A ton corps que je ne reconnais plus tout à fait. Il s'est allongé et musclé, il s'est transformé, plus sans doute que je ne peux en juger à première vue. Tu as changé et cela ne me dérange pas, je t'aime toujours plus que l'instant d'avant, comme autrefois. J'ai seulement peur. Peur de ce que tu me diras. Je sais que j'ai toujours ton coeur et ton âme pour moi, comme mon coeur et mon âme sont à toi et plus encore, mais qu'est-il advenu de toi pendant ces huits trop longues années? C'est ce qui me fait peur justement. Alors tu prends mes mains et les poses sur ton visage. Sans un bruit je m'assois près de toi, à même le sol, ta peau est comme une caresse sous mes doigts, elle est chaude et douce. J'ai peur un instant que tu ne t'aperçoives que la mienne est sèche et froide mais tu ne dis rien, tu fermes les yeux et moi... j'ai l'impression de pouvoir toucher ton âme, la caresser du regard. Je sais pourquoi tu ne veux pas me regarder, pour les mêmes raisons que je ne voulais pas que tu me regardes tout à l'heure. Pourtant dans mon coeur, je sais que tout ce que nous avons vécu, chacun de notre côté, tout ce que nous avons changé, ça ne changera rien, nous seront toujours la même âme tous les deux, le même coeur, et nos regards qui se croisent seront toujours la fission originelle qui recommence à l'infini. Je ne m'étais jamais posé la question avant (pourquoi l'aurais-je fait?) mais aujourd'hui je savais déjà à quel point nous étions forts l'un pour l'autre. Alors quoique tu dises maintenant, ça ne changera rien.
« Les choses ont bien changé depuis que tu as disparu Sasha... Quand j'ai dis à tout le monde que tu ne pouvais pas être morte, personne ne m'a cru, alors j'ai quitté la meute. J'ai cherché Izaak, je l'ai cherché pendant cinq mois, et il m'a trouvé. Il m'a aidé. Pendant sept ans, on a fait le tour du monde. On a débusqué les membres de la Helsing Corporation. On a pas arrêté. »
Je t'écoute sans t'interrompre une seule fois pourtant à la seconde où tu as commencé à parler j'ai su, j'ai imaginé ce que tu avais pu faire pour rester vivant, pour obtenir d'eux ce que tu voulais. On me l'a souvent dit, Sasha tu aimes les monstres. Mais c'est faux. De ma vie je n'ai vu que peux de monstres, mais je n'ai aimé aucun d'eux. Ce qui voit un monstre en Izaak Solokoff, ceux qui verraient un monstre derrière ces larmes qui baignent mes mains, à eux je dis qu'ils n'ont rien compris, rien vu, qu'ils ne savent pas. C'est bien leur chance quelque part.
« Je suis désolé, Sasha. Je l'ai pas tué assez vite. J'ai perdu un an à te chercher comme un malade à Toronto, mais c'était tellement grand, et, et... Je suis tellement désolé, tellement désolé de pas avoir pu te sauver, tellement désolé... »
Je me redresse, mes doigts se perdent dans les mèches bleues de tes cheveux comme je dégage ton front pour l'embrasser.
« Ce n'est pas de ta faute Sindri, ne sois pas désolé. Tu as fait plus qu'aucun autre n'aurait pu, ne te blâme pas. Si je suis encore en vie c'est... c'est uniquement parce que tu existes... parce que je savais que quelque part au monde, il y avait Sindri de Lassithi. Pour rien d'autre tu entends... le temps ça ne compte pas... ça ne compte pas. »
Et sans m'en rendre compte, t'ayant attiré contre moi je te berce doucement. Mes bras n'ont plus de contenance mais mon corps bat trop fort pour que tu ne saches pas que si j'avais plus de force je serrerai plus fort. Ma tête posée sur la tienne, dans tes cheveux bleus, j'ai la peur qui me dévore le coeur. La peur de les voir entrer d'une minute à l'autre mais rien ne se passe.
« Qu'allons nous faire maintenant... »
Ce n'était pas vraiment une question, du moins je ne la posais pas, c'était elle qui s'imposait à nous deux. Il était hors de question que je courre le risque de te perdre. | |
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Izaak A. SolokoffCRIMINEL. ► meurtrier. membre du staff.
► MESSAGES : 93 Mar 28 Sep - 23:38 |
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Les lèvres sur mon front, elles sont comme une promesse de rédemption. Je ferme mes yeux, et je rougis. Au fond, nous n'avons pas changé, mon amour, on a juste grandi. Nous étions des enfants, et nous avions toute l'innocence des premiers âges, du premier siècle. J'ai perdu huit ans de ma vie, si peu en réalité, et pourtant, elles m'ont paru si longues, ses années à courir, si longues et douloureuses, plus que jamais. Je t'aime, mon amour, alors je m'abandonne dans tes bras. Tu es petite, et pourtant, tu arrives à me contenir. Tu ne tiens que ma tête, mais c'est comme si tu pouvais tenir mon âme entre tes mains. Et ça me fait plaisir. Je suis enfin... oh, oui. Je suis enfin en paix. Je pourrais mourir, ici. Je n'ai plus peur. Je n'ai plus que toi. Toi. Rien d'autre que toi.
« Ce n'est pas de ta faute Sindri, ne sois pas désolé. Tu as fait plus qu'aucun autre n'aurait pu, ne te blâme pas. Si je suis encore en vie c'est... c'est uniquement parce que tu existes... parce que je savais que quelque part au monde, il y avait Sindri de Lassithi. Pour rien d'autre tu entends... le temps ça ne compte pas... ça ne compte pas. » « Qu'importe maintenant que nous sommes à nouveau ensemble. »
Je suis heureux de pouvoir le dire. Heureux de pouvoir t'avoir tout contre moi. Tout simplement « heureux », je crois. Tu me berces, et ma tête, posée contre ton buste, entends la lente palpitation de ton coeur, et je crois qu'il bat comme le mien. Nous sommes synchrones. Nos deux corps tant différents se joignent, dans le simple contact de nos peaux, et un instant, je sais que mon âme et la tienne sont la même, unies jusqu'à la fin, unies sans risque de n'être plus jamais séparé l'une de l'autre. Cet instant, je crois qu'il est le plus heureux de toute ma longue vie à t'aimer, et le restera pendant longtemps je l'espère.
« Qu'allons nous faire maintenant... »
Silence. Je relève les yeux, mais ne bouge pas, car j'aime trop tes bras. Je réfléchis, à peine, un peu. Que dire? Revenir au campement, quand tous on cru que je n'étais qu'un pauvre amant fou d'amour refusant de voir son aimé partir? Huit ans déjà. Huit ans sans avoir vu le visage de mon père, ou même celui de mon grand-père. Et toi. Tes frères... Oui. C'est peut être ça, l'idée. Revenir aux sources. Venir et dire « voilà, on est pas mort, on est ici, et on le restera ». Ensemble. Franchir à nouveau les portes de notre maison. Sentir la poussière qui l'a envahi. Je pousse sur mes bras, et tu glisses sur le sol, je me pose tout contre toi. Je suis tellement fatigué, alors je soupire, du bout des lèvres :
« Rentrer? »
Question jetée au hasard. J'ouvre les yeux. Mes yeux cherchent les tiens. Oui, c'est vrai. Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant? Laisser tes parents, qui pensent que tu es morte? Ne jamais voir les beaux mariages que tes frères ont fait, et ce petit bonheur qui a germé entre eux? Ne jamais revoir aucun des visages de tes sœurs aimées? Ne jamais rien revoir de tout ça, ça serait dur, n'est-ce pas Sasha? Je veux mon père. Je veux sa main sur ma tête, pour me dire « c'était nécessaire ». Je te veux, toi, moi, dans notre maison. Je veux pouvoir dormir. Pitié, juste dormir.
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Elladora KonstantineLYCAN DE TYPE C.F. propriété du ministère de la magie.
► MESSAGES : 456 Mer 29 Sep - 0:48 |
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| Le plancher n'a jamais été aussi bon qu'à cet instant où je t'ai contre moi. Comme si la fatigue de huit ans nous retombait dessus je sais que nous nous endormons déjà, nous oublions presque. Je me perds dans le bleu de tes cheveux. Ce bleu unique à mes yeux, mon ciel, mon océan, mon infini. Je retrouve cette odeur qui autrefois était la mienne parce que j'étais ta louve. Et je souris sans m'en rendre compte parce que je sais qu'elle me reviendra, petit à petit, comme on pense une plaie se referme, elle reviendra. J'ai la tête qui tourne. Combien de temps entre ma question et ta réponse. Je ne sais pas. Il n'y a déjà plus de temps parce que je glisse dans le temps du rêve, à contempler les étoiles imaginaires du plafond. Il y avait huit ans que je n'avais plus regardé les étoiles et si celles ci ne sont que dans mon coeur, elles valent tous les trésors du monde, elles scintillent et nous font un ciel aussi belles que si c'était toi qui les avaient taillées et accrochées une à une. C'est sûrement toi. Ca ne peut être que toi.
« Rentrer? »
Nos yeux s'interrogent, refont le monde un instant mais mes paupières se referment lentement. Ma main glisse dans la tienne. Partir. Revenir. Retrouver le visage bienveillant de mon père, toujours mesuré. Ce serait bien. Celui de ma mère aussi, oh elle ne pourrait plus m'appeler son rayon de soleil aujourd'hui mais retrouver la douce lumière qui émane d'elle, son coeur d'or. Mes frères... Lev, Khôma, Mishka. Mes soeurs. Ma chère Kira. Oh Ella toi tu prendras peur en me voyant mais tu as bon coeur je le sais. Oui partir. Retrouver notre chez nous. L'atelier. Le champs de luminescence. Et tout ça.
« Alors nous rentrons chez nous. »
Mais voilà que je m'endors déjà. Il y avait si longtemps... si longtemps que je ne m'étais pas endormie paisible, si facilement. Et cette nuit je suis si fatiguée que je ne rêve pas. Pas de cauchemar non plus. Seulement ta main serrée dans la mienne et ton odeur chaude et douce. Mon Sindri. J'ai cru que ce moment ne reviendrait plus jamais. Nous avons quitté la ville dès le lendemain. Je ne sais pas pourquoi mais, j'emportais soigneusement avec moi tous ces papiers que j'avais eu tant de mal à obtenir. Mes papiers d'identités au nom de Jenny St Wolf. Ça tenait dans un porte-feuille alors... et j'avais l'intime conviction que ça me resservirait. Je passais rendre les clés à mon travail et poser ma démission puis nous étions partis. Il nous fallut peu de temps pour nous retrouver hors d'atteinte de tout ce bruit permanent et soudain, dans les étendues neigeuses, je retrouvais le silence riche et bruissant que j'avais toujours associé à une certaine idée de la paix. J'humais l'air quoique mon odorat fût toujours au plus bas, juste pour le plaisir de sentir l'air glacé et pur s'engouffrer à l'intérieur de moi. Nous n'avions plus vraiment d'argent ni l'un ni l'autre, arrivés à la côte, il nous fallut attendre de pouvoir se faufiler à bord d'un porte-conteneur. Nous ne mangions pas grand chose. Des conserves que nous avions traînées avec nous dans des sacs à dos ou sur la fin que nous volions mais nous étions heureux simplement d'être ensemble. Cette première partie du voyage nous semblait presque un jeu d'enfants mais nous ne baissions jamais vraiment la garde. Le nom de Hel.Corp nous suivait où que nous allions et même s'il ne nous menaçait pas directement, nous nous en éloignons autant que possible, faisant profil bas. Avant notre traversé de l'Atlantique, nous étions entrés dans une petite salle de radiologie. Mes souvenirs de sept années en arrière me hantaient et me rendaient paranoïaque. J'imaginai toute sorte de moyen que Helsing avait pu utiliser pour s'assurer de m'avoir à l'oeil quoique je ne l'eût jamais rencontré personnellement. Sindri essayait au mieux de calmer mes angoisses mais il voyait bien que je n'étais jamais vraiment tranquille. Ma dernière lubie ayant été de croire que l'on m'avait peut-être implanté une puce, nous n'avions pas eu d'autre choix que de trouver un centre médicale suffisamment équipé. Je savais me servir du matériel. J'avais eu tout le temps d'observer durant mon séjour. Bien sûr nous n'avons rien trouvé. Comme un médecin nous surprenait, nous nous enfuyions par une fenêtre comme des voleurs mais le coeur léger de ces bêtises d'enfants.
C'est en février que nous avons retrouvé le vieux continent. Je retrouvai les senteurs des terres qui m'étaient familières. Nous avions débarqué dans le sud de la France. Je ne connaissais pas du tout, du moins si j'y avais été je n'en avais pas eu conscience. Il nous fallait retrouver le camp, qui avait dû être déplacé en huit ans bien évidemment. Ce n'est qu'après près de deux mois de voyage supplémentaire que nous arrivions sur les hauts plateaux de l'Himalaya où le camp avait été établi. Arrivés à portée de vue, je serais la main de Sindri un peu plus fort et m'arrêtais un instant, pleine d'appréhension. Le voyage m'avait fatiguée mine de rien. Je n'avais pas perdu de poids, même mieux, mes cheveux avaient retrouvé leur lustre naturel mais je restais amaigrie. Durant le voyage plusieurs occasion de parler à Sindri. Nous avions d'autres choses en tête que de revenir sur ces huit années de calvaire bien sûr mais pour certaines choses, impossible de remettre à plus tard. Les cicatrices sur ton corps par exemple. Où la première fois où tu t'es changé en loup et que tu t'es rendu compte que je ne pouvais pas te suivre. La première pleine lune aussi. Mais je n'étais plus inquiète. Petit à petit je sentais que les choses revenaient à la normale. Mon odorat, ma sensibilité de louve m'étaient revenus et je tolérai la fatigue aussi bien qu'avant. Tout n'était qu'une question de temps. Sindri le comprenait. Il comprenait toujours mais nos familles... je doutais un instant. Mes yeux cherchèrent les tiens un instant puis nous nous remettions en marche, confiants. La première personne que nous croisions fut ma soeur Ella. Elle coiffait ses longs cheveux blonds et quand elle nous vit, sa brosse d'ivoire tomba. Elle se figea sur place, ne me reconnaissant sans doute pas tout de suite. Mais elle reconnut Sindri. Je la vis approcher l'air fâché. Croyait-elle qu'il revenait avec une autre épouse? Sans doute, elle ne l'aurait pas toléré telle que je la connaissais. Quelque part cette première réaction me fit chaud au coeur. Puis elle me reconnut. Ses yeux s'emplir de larmes comme elle se couvrait le bas du visage de la main. Ma soeur Ella avait toujours été de ces femmes touchantes parce qu'elles sont comme des icônes de la femme, parce qu'elles en tous les attributs. La légèreté. La douceur. La luminosité. La force. Tout. J'étais différente, je l'avais toujours été. Mais après un instant d'hésitation, elle approcha et osa prendre mon visage entre ses mains. Ses yeux se tournèrent alors vers Sindri et son premier mot fut:
« Merci. »
Elle me serra contre elle, et je sentais qu'elle osait à peine. Je devais avoir l'air si fragile, l"ombre de ce que j'avais été. D'un bras je l'entourai, mon autre main restant dans celle de Sindri.
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Izaak A. SolokoffCRIMINEL. ► meurtrier. membre du staff.
► MESSAGES : 93 Jeu 30 Sep - 16:12 |
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Longue est la route qui ramène le voyageur en sa demeure. Cette phrase me vient à l'esprit, mais je ne sais plus d'où ni de quelle époque elle est. Peut être même n'est-elle que l'enfant de mon imagination. Sindri le rêveur, c'est ainsi qu'on me surnommait, quand trop distrait, je me prenais la porte de la cuisine, ou parfois je tombais. Cette époque est bien lointaine aujourd'hui, et en marchant à côté de Sasha vers chez nous, je crois que j'ai une pointe de nostalgie. Nous qui avions tout notre temps, je me rends compte de la bêtise, de notre naïveté, à croire que tout arrivera à temps. Les choses ne sont pas aussi faciles. J'en veux un peu à mon père qui nous avertissait toujours sans jamais nous expliquer. « N'allez pas dans la forêt », oui, mais pourquoi? Pourquoi ne pas y aller, quand il faisait si beau, et que la pleine sans arbre était un meilleur terrain de jeu que le petit bois où on se terrait? Tu ne nous avais jamais dit qu'il y avait là bas des chasseurs, qu'on pouvait se faire tuer. Quel genre de parent es-tu pour nous avoir laisser dans ce monde de fou sans nous avertir du danger de tous les jours? … sans doute un bon père. De bons parents, qui voulait pas que leur enfant connaisse cette peur, connaisse cette vie un peu misérable au fond. Sans doute même très misérable. Ah mon père, si tu savais aujourd'hui, ce que pendant huit ans j'ai vécu, ce que pendant huit ans j'ai appris, quand pendant toute mon enfance tu as voulu me le cacher. J'ai du attendre d'avoir un demi siècle pour ouvrir les yeux sur la vie, pour comprendre que nous ne sommes invulnérables, que oui nous sommes forts, mais pas éternels. Nous mourrons tous, un jour ou l'autre. Cette conviction a fait son chemin dans mon coeur. Nous allons mourir. La question est : quand? Sur le chemin, j'ai beaucoup pensé. À ce monstre que l'on appelait Izaak Solokoff, et qui aveuglément m'avait cru et m'avait suivi, sans avoir besoin d'une preuve. C'était ridicule, n'est-ce pas? Mais c'était cet homme là qui m'avait aidé, quand ma propre famille m'avait pris pour un fou. Quand sa famille en avait fait de même. Blessés, je sais. Ils avaient eut mal, très mal, de perdre ce qui avaient été une petite sœur un peu différente, sans jamais lui avoir vraiment dit je t'aime. Peut être qu'ils lui avaient dit, mais pas le jour même. Pas l'instant. Ils n'avaient pas été là, alors on se sent toujours coupable dans ces moments. Il y avait eut le grand Kirill, qui avait regardé sans un mot le corps brûlé, les yeux piquant, brillant de larmes qui ne coulèrent que plus tard. Il avait perdu un enfant. Il avait cru perdre un enfant. Elladora, à côté, aussi, avait pleuré. Effondrée avait été le mot. Toutes ses personnes avaient pleuré entre eux. Aucun n'était venu. Ce monde n'était pas le mien. Ce monde me rejetait sans le voir. Rêveur? Oui. Un sacré rêveur, même. Du genre qui imagine que dans l'eau, on puisse trouver des esprits. Que la sève d'un arbre est son sang, et qui croit parfois entendre les pleurs d'une forêt, ravagée par l'homme. Je suis ce rêveur, et ce jour-là, ils n'ont pas voulu de moi. Malgré mon amour. Malgré ma peine. Je tombe fou, ou peut-être que je le suis? Dans le fond, je crois que Izaak aimait davantage Sasha que sa propre famille. Le lien du sang, une belle connerie, pas vrai? J'aime ma famille plus que tout au monde, mais ça ne m'empêchera jamais d'aimer davantage encore Sasha. Qu'est-ce qui m'assure alors que sa famille l'aime plus encore que Izaak? Tout ça n'est qu'une bêtise, une mascarade. Pleurer et abandonner. Ils sont tous bons qu'à ça. Personne ne m'a cru. Personne ne m'a regardé. Fou je suis, fou je resterais. Et comme on approche du camp, je sens mon corps qui se raidit d'une colère traînée, durant huit longues années. Que dois-je dire? Que dois-je faire? M'excuser? Non. Ce n'est pas à moi de m'excuser. Pas davantage que je ne leur dois quoi que ce soit. Je n'ai plus de compte à rendre à partir du moment où on m'a tourné le dos. Je suis Sindri de Lassithi, et si mon nom fait que je dois accepter sans rechigner ce qu'ils ont cru être la vérité, alors j'abandonne ce nom, et je rester Sindri. Sindri le Rêveur. J'avance, ma main serre celle de Sasha. Mon regard est nerveux. Mon corps est crispé, mais je ne dis rien. Que dire, après tout? Hurler qu'elle est de retour? Je ferme les yeux, les rouvre. Ella est la première. Elle a l'air en colère. Est-ce qu'elle a cru que je ramenais une autre fille? Une autre fille, alors que j'ai passé huit ans à me faire saigner comme un porc pour la retrouver, quand elle, elle était bien au chaud dans sa maison avec mon frère? Pour le coup, j'ai envie de la frapper. Ma frustration ressortait. Je serrais le point. Qu'elle n'hurle pas. Qu'elle ne me dise rien, sinon ma main ne se retiendra pas. Je le sais. Je suis devenu colérique. Je suis mauvais. J'ai bien changé. Je n'épargnerais personne. Ella approche et sert sa sœur contre elle. Je reste en retrait, même si je tiens toujours la main de Sasha. Elle est à moi. Vous l'avez tous abandonné, bande de salaud. Tous autant que vous êtes.
« Merci. »
Je ne répondu pas. Je n'avais pas envie. Parce que ce n'était pas les mots que j'aurais aimé entendre à ce moment. Pardon, peut être. Pardon. Pardon. Je fermais les yeux, agacé au plus profond de moi. J'avais envie de tuer tout le monde, dans ce camp. Toutes ses personnes qui n'avaient pas cru en moi. Mais j'étais Sindri de Lassithi, alors quand j'entendis ma mère hurlait, d'un cri de surprise, les larmes ont rempli mes yeux. C'était donc ça, partir huit ans? Mahel était partie cinq ans, comment avait-elle fait? Les larmes dans mes yeux s'accumulèrent, encore et encore. Elle était belle, ma mère, de ses femmes pulpeuses que la mode rejetée, mais si belle pourtant. Généreuse, chaleureuse. Des hanches bien dessinées. Et elle me prends dans ses bras, me broie contre son amour. Oh ma petite maman... Je la sers, alors qu'elle est en colère, tellement en colère, et elle pleurs comme une rivière. Derrière, j'ai Oskar qui arrive en courant, et Loà, Loà qui est avec Mishka. Ma colère... Où est ma colère... Ma si bonne colère... Je veux ma colère. Je veux pas de cette douleur au profond de ma poitrine. Que ça s'arrête. Maintenant.
…
Y a Nabor, au loin, qui guette d'un oeil. Je le vois, au loin. Il est avec Vasco. Ils parlent. Puis se séparent.
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Elladora KonstantineLYCAN DE TYPE C.F. propriété du ministère de la magie.
► MESSAGES : 456 Jeu 30 Sep - 17:59 |
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| Je le sens à l'intérieur de moi. Le roulement répétitif et anxieux d'un tambour de guerre, ou est-ce seulement la peur? La partage tu mon Sindri cette peur. Je serre ta main fort, si fort et au loin, mes yeux observent. Tout ces gens qui approchent. L'odeur fruitée des cheveux d'Ella, boucles de soie blonde comme le soleil. Ella a toujours eu raison dans le fond, elle est la seule, l'unique princesse de ce monde. Délicate, et caractérielle. C'est sa force. Elle m'étouffe un peu dans ses bras, elle m'étouffe de m'avoir trop pleurée je le sais. Bientôt c'est ta mère qui vient te serrer, puis mes frères qui arrivent. Kira et Lazarus. Tu lâches ma main un instant. Ou bien est-ce moi qui lâche la tienne. J'étouffe. J'étouffe de trop d'amour, de trop d'émotions. La douleur de ces visages familiers je la reconnais. Elle devrait me réchauffer le coeur pourtant non. Elle me fait mal. Je me sens comme un petit chiot qui a perdu sa mère et qui geint. Sa mère. Ô maman. Te voilà toi aussi. La plus belle du monde comme lorsque j'avais cinq ans. Je me rappelle ne t'avoir jamais entendu lever la voix contre mes milles bêtises. De tous, tu étais la plus tendre, la plus à même de définir un cadre, de poser les limites que nous ne franchirions jamais. Et nous te craignions. Et nous t'aimions. Si fort. Aujourd'hui les brindilles d'osier avec lesquelles tu avais marqué les bords de notre nid douillet ont volé en éclat et elles trônent sur ma tête comme une couronne d'échardes impitoyables. Où sont mes propres limites désormais. Oh oublie ça Sasha, oublie ces vilaines questions, elles sont comme inutiles. Maman... tu me perds dans tes boucles blondes puis prend mon visage entre tes mains. Tu pleures, tu pleures des rivières, des torrents de huit années de malheur. Je le vois sur ton visage, tu n'as pas passé une seule bonne nuit en huit années. Et tu t'inquiète de me voir si pâle, si maigre. Tu as peur de me perdre. Peur que le voyage ne m'ait tant usée que je ne sois arrivée là que pour mourir dans tes bras. Peut-être... nous mourrons bien un jour.
C'est mon prénom sur toutes vos lèvres. Ce sont vos bras autour de moi. Il va me falloir du temps c'est vrai pour reconnaître cet amour fraternel qui faisait de nous les six inséparables doigts d'une main imaginaire. Je vous entends sans trop écouter, je suis trop fatiguée peut-être. Mon regard cherche Sindri, mon amour. Il est dans des bras aimants et familier lui aussi. J'entends ma mère demander qu'on me laisse respirer. Mes yeux se détournent lentement vers cette immense silhouette blonde qu'est Lev. Lev... sommes nous si différents aujourd'hui? Non. Tu n'as toujours pas besoin des mots. Tu es le seul qui ne t'approche pas, qui ne vient pas me serrer. Tu me regardes. Tes yeux me transpercent comme s'ils pouvaient me tuer mais ce n'est pas ça. Tu ne peux pas oublier le bûcher Lev, parce que tu n'es pas comme les autres. Je sais que ce jour là tu as été en colère, tu as maudit Seth dans ton coeur sombre mais tu n'as pas pleuré. Tu t'es rappelé à quels points alors les choses mortes me semblaient bizarres à moi. Tu t'es rappelé de ce que t'avais dit: elles ne sont plus tout à fait ce qu'elles étaient... elles sont autres maintenant qu'elles sont mortes. Je sais que tu as mal maintenant. A regarder Khôma qui me serre si doucement de peur de me casser. A regarder Ella, Kira et Mishka verser leurs larmes sur mes joues. Et maman qui tremble tant qu'ici quelqu'un s'inquiète de la voir si choquée. Mais toi tu ne bronches pas. Tu parles, tu touches, avec les yeux et c'est aussi bien. Tu le sais bien toi que ce retour, ce ne sera pas ce que tout le monde espérait, tu le devines à mon regard. Peut-on seulement revenir vraiment? J'ai peur que non. Mais je n'en suis pas encore sûre. Peut-être qu'en fermant les yeux un instant...
Et mon père où est-il? Mon grand père? Mes oncles? Je redoute le pire comme il m'est désormais impossible de croire que nous puissions être à l'abri, vraiment à l'abri. Je me retourne vers toi maman, le regard inquiet:
« Papa... où est-il? »
Ma voix tremble, je me rapproche de Sindri en réalisant que nous avons tant marcher pour retrouver notre chez nous mais... nous n'avions pas maison pour nous attendre ici. Qu'importe nous la construirions de nos mains. Mais je voulais voir mon père... mon père. Un instant je ferme les yeux. Est-ce Seth que je prie? Nous mourrons tous un jour. Mais pas aujourd'hui, je vous en prie. Non Sasha tu deviens parano... enfin devient. Ca commence à faire un bout de temps que tu l'es. Mon père n'est pas mort, je sens son odeur sur celle de ma mère. Mêlée à elle. Elles ne font qu'une en fait. | |
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Wolfgang S. OrlovDANGER POTENTIEL ► roi des lycanthropes.
► MESSAGES : 585 Sam 2 Oct - 21:03 |
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Ils ont menti. Ils ont menti, tous ceux qui ont dit que le mal était plus facile que le bien. Moi, je ne pense pas. Parce que quand je vois ma petite mère qui me sert contre elle, que je sens son coeur qui bat, qui me crie que je lui ai manqué, qu'elle a cru mourir sans moi, alors... alors je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à serrer les poings et à me tendre. Je n'arrive pas à froncer les sourcils. Je n'arrive tout simplement pas à vous reprocher, à vous, mon sang, de ne pas m'avoir cru. Je tends mes bras et je te serre contre moi, doucement ma petite mère, comme tu grogne derrière tes larmes. Tu dois te dire que j'aurais pu t'écrire, que j'aurais pu vous demander de l'aide, mais je ne l'ai pas fait. Ce qui m'arrive, je ne le dois qu'à moi, et j'en suis fier aujourd'hui, car je sais que je suis un homme maintenant. Ma naissance facile et mon enfance n'ont rien fait pour moi. C'est moi, qui me suis hissé où j'en suis. Et si c'est tragique dans le fond, au moins j'ai du mérite. Je suis un loup. Plus qu'eux ne le seront jamais. Quand Maman arrête enfin de me broyer le corps, douloureux par la marche et la course, c'est le visage de mon père. Loki de Lassithi. Un homme dur, très loin du gentil enfant dont tout le monde garde l'image en tête. Loki de Lassithi, qui m'a souvent pris par l'épaule, la serrant, mais ne m'a jamais hurlé dessus. Il me regarde, mais son regard est terrible. Il a envie de me frapper. Je le sais. Je ferme les yeux, et sa main claque sur ma joue, forte.
« Tu devrais avoir honte d'avoir fait pleurer ta mère, mon fils. »
Et cette voix, cette claque, elle me fait rire. J'ai un petit rire, qui vient du fond de la gorge. Je suis heureux mon père. C'est un peu bête, mais cette claque, j'en avais besoin. Elle sonnait la fin de huit ans de calvaire, et je sentais que quelque part, la croix qui avait pesé sur mes épaules ces huit années avait disparu, elle s'était allégée. Tu ne m'avais pas jugé mon père. Tu avais fermé les yeux sur tous mes faits et gestes. Je crois que tu aurais regretté ma mort. On s'était quitté sans un mot. Juste comme ça. Quand je le regarde, il a les sourcils froncés, mais il semble profondément blessé. Je sais que je vous ai fait du mal. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Et il le comprends. Sa claque n'est rien, qu'une caresse sur ma joue. C'est un coup de colère, pour toutes les années où je t'ai fait mal. Et c'est normal. Je m'approche de toi et te prends dans mes bras. Tu restes froid, un instant, puis me sert à m'éclater les côtes. Tu es fort, mon père, et ton regard droit et fier, je le connais. Tu as perdu un enfant. Tu ne supporteras pas d'en perdre un second. Oskar me regarde, avec un air faussement vexé. Il a toujours été de nous cinq le plus noble, et je dirais même le snob de la famille, mais je ne lui en veux pas. Il me prends dans ses bras, tape mon épaule comme un frère, et se détache, avec un sourire en coin. Loà, derrière, a lâché Mishka qui sert sa sœur, et elle me regarde. Son air sur le visage montre bien qu'elle hésite à se jeter sur moi, ou à pleurer. J'ouvre les bras et elle s'y niche doucement, comme un chaton près du corps chaud de sa mère. Elle renifle, et soupire que je lui ai manqué, et qu'elle a eut peur aussi. Je suis heureux qu'elle me dise ça. Loà a toujours souffert d'un complexe, et c'est peut être pour cela que tout jeune, elle ne parlait que rarement avec Johann et moi. Johann, d'ailleurs. Mon regard le cherche, et il est là, dans l'assistance. Il a les larmes aux yeux, mais son visage indifférent est.. troublant. Il pleur, mais il ne semble pas avoir mal. C'est Johann. Je traverse la foule et le prends dans mes bras. Je sais qu'il ne ressent rien à ce moment. Au mieux, il ressent une petite chaleur derrière le coeur. Mais il ne comprendra pas mon geste. Il ne sait pas que je l'aime fort, et qu'il m'a manqué, comme les autres. Finalement je me détache de lui. Je renifle, une fois. Mon frère... J'ai un sourire, un peu bête. Et par habitude, mon regard glisse sur Sasha. Tout autour d'elle, les Orlov. C'est bizarre, n'est-ce pas? Que nos deux familles soient liés, mais qu'on trouve toujours un fossé entre nous. Un fossé. D'un côté, il y a toi, tes frères, tes sœurs et ta mère. De l'autre côté, il y a moi, mes frères, ma sœur, mes parents. C'est bête, pourtant. Il suffirait que Loà soit à côté de Mishka et que Oskar se rapproche de Ella pour qu'on ne voit pas cette fracture. Je fais un pas vers toi, ma main glisse jusqu'à la tienne, l'attrape. Je ne suis pas jaloux. Pas plus que je ne suis énervé. Mais c'est moi qui t'a ramené, c'est moi qui est saigné pour toi, moi qui t'est pleuré le plus ici, et j'oserais même défier ta mère sur l'échelle de ma peine. La mienne était plus grande, moins digne. Je te savais en vie, et je ne t'avais pas à côté de moi, je te savais souffrir. Alors que tous ici pensaient t'avoir perdu. Pour sûr que ma douleur était plus poignante.
« Papa... où est-il? »
Elle se rapproche au moment où ma main frôle la sienne. Sa douleur, sa voix qui tremble. Je ferme les yeux, et ma main sert la tienne, fortement. Au loin, il y a Lapyx et Vasco qui reviennent. Mes oncles. Et derrière eux, il y a Nabor, qui a une épée dans les mains, dans un magnifique fourreau bleu foncé, aux reflets clairs. Et encore derrière, trottinant, ton père. Le grand Kirill, dont le visage pâle indique qu'il vient à peine d'apprendre ta venue. Derrière, Vitaly et Celio suivent en silence Wolfgang, dont le seul regard suffirait à tuer un homme de par son feu à l'intérieur. Il n'a l'air de rien comme ça, car il n'a jamais été des plus expressifs. Peut être, qu'au fond, Lev tient de Wolfgang. Cette habitude de regarder mais de ne rien dire davantage. Il s'arrête d'ailleurs, mais Vitaly et Celio avancent. Kirill dépasse Nabor puis mes deux oncles. Il traverse en trottinant la foule entière et te happe comme un père. Kirill n'a pas peur de te tuer dans son étreinte. Il a pensé pendant huit ans que tu l'étais, alors qu'importe maintenant. Il te sert et te soulève, te tient comme une enfant que tu es et sera toujours à ses yeux. Et ça me fait tout drôle de voir ce géant pleurait à grosses larmes pour toi. Je le regarde, sans un mot, alors qu'il passe sa main, nerveuse, dans tes cheveux, comme pour vérifier, bien comprendre que oui, tu es là, tu es la même, et tu es vivante. Kirill est un loup très fort à l'intérieur. Il ne t'a pas oublié. Il avait fait comme pour sa mère : il avait fini par comprendre et vivre avec. Il murmure des choses que je ne comprends pas, mais ça doit vouloir dire toutes les choses que toutes les personnes ici pensent. Je te manque, je t'aime.. Ce genre de chose. Il te repose sur le sol, essuie du revers de sa main ses larmes, mais ça coule encore. Il a un rire un peu bête, ton père. Comme ça, on dirait... mh. On dirait rien. Il a l'air de la situation. L'air du père qui récupère sa fille qu'il croyait morte. Je ferme les yeux.
« Sindri. »
Cette voix m'est familière. Je relève le nez, ouvre doucement les yeux et je regarde Nabor qui est là, toujours aussi haut et fier. Son regard est droit. Son œil droit toujours autant amoché, mais aucune autre cicatrice n'est venu enlaidir son visage ou sa peau. À côté, Vasco a une nouvelle cicatrice, au niveau de la gorge. Nabor tient quelque chose dans ses mains. Il me regarde, et il sourit. Il me regarde tellement fixement que ça me gêne au plus profond de moi. Il se décide finalement à tendre son épée vers moi. Je le regarde. Cette épée est magnifique.
« Tu en auras besoin. »
Il a murmuré, à peine. Je l'ai prise dans mes mains. Il sait déjà? Il m'étonnera toujours. Nabor, Lapyx et Vasco me prennent dans leur bras, me serrent un instant, et cessent l'instant d'après. Mon regard rejoint aussitôt Sasha. Kirill la regarde, remet en place ses cheveux alors que ses yeux ont fini par se séché. Il fallait bien, à un moment ou à un autre. On ne pleur pas toute une vie. Ça existe pas. Enfin, je ne crois pas.
« Tu ne repars plus, pas vrai? Plus jamais ça, hein? »
Il est tellement paniqué, ce Kirill Orlov. Je ferme les yeux. On repartira. Nabor le sait déjà, c'est pour ça qu'il sourit en coin, et qu'il repars avec Vasco et Lapyx. Ils savent. Wolfgang aussi. C'est le sort des autres générations que de ne pas savoir et d'être aveugle. Je ne dis rien. Qui sait. Peut être que je dormirais mieux ici.
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Elladora KonstantineLYCAN DE TYPE C.F. propriété du ministère de la magie.
► MESSAGES : 456 Dim 3 Oct - 13:02 |
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| Est-ce la même pensée qui travers ton esprit et le mien comme le fil synaptique d'une comète. Un rai de lumière ou le fil rouge, intangible, qui nous relie l'un à l'autre? Pourquoi ne le voient-ils pas? Est-ce ainsi que l'on vit, ensemble. Toi d'un côté, moi de l'autre. Chacun à sa famille quand en fait nous n'en faisons qu'une. Il me semble que c'est une marée humaine qui me sépare de toi mais pourtant je ne me noie pas. J'étouffe un peu. J'ai peur de ne plus retrouver ces moment exquis où enfants, nous ne faisions qu'une seule et même boule de poil, chaude et soyeuse. Un nid d'amour. Si tu savais Ella, même si je le voulais je ne pourrais pas vous rejoindre sinon sous cette forme humaine qui ne nous est que seconde. Tu ne sais pas mais tu vois. Je souris quand tu poses la question:
« Sasha qu'est-ce qui t'es arrivé? Est-ce que tu es... malade? - Il est très fatiguant de revenir d'entre les morts. »
Un sourire. Mais le claquement d'une gifle me fait sursauter. Un instant le feu des fauves s'allume dans mes yeux comme je regarde ton père mais il s'éteint. Parce que tu le prends bien. Alors je réalise. J'étais morte pour eux mais toi tu ne l'as jamais été. C'est moi qui t'ai fait prendre ces risques, t'ai éloigné d'eux. Alors je comprends cette fracture, bien qu'elle me reste douloureuse, je l'accepte. Et puis ta main dans la mienne. Je ne veux rien d'autre. Le regard de ma mère glisse sur moi comme je l'entends me dire de rentrer me reposer. Je serais toujours la petite louve à l'épi dans tes yeux. Ca a quelque chose de doux, de sûr, l'amour d'une mère. Puis au loin ce sont les silhouettes, grandes et fortes des hommes qui ont tenu le ciel au dessus de nos têtes dans mes yeux d'enfant, pour que je puisse compter les étoiles, insouciante. Ici le vent est froid même quand le soleil est haut. Il semble que l'air est si pur qu'il me brûle les poumons. Enfin te voilà, mon père. Je ne réalise pas vraiment, simplement tu me reprends au monde parce qu'il m'a bien mal traitée. Un instant je fusionne comme dans les bras de ma mère tout à l'heure. Je retrouve ta chaleur rassurante. Ma peau à moi semble si froide contre la tienne. Me revoilà un louveteau moi qui en ait mit au monde plus que maman et toi. Plus qu'aucune autre louve ici. Mais ça n'a pas fait de moi une mère. Je suis restée ton enfant. Tu vois. Entre tes mains qui me reconnaissent, je ne touche plus terre, comme toute petite quand tu me portais encore sur tes épaules. Mais cette fois-ci crois moi, ce n'était pas de ma faute, je ne l'ai pas fait exprès. Étrange que ce soit ces mots là qui reviennent en premier à ton oreille, rien que pour toi. Je ne les choisis pas. Ce sont les mots que j'ai envie de te dire, comme je te les ai dit mille fois avant. Moi aussi je t'aime fort papa, et tu m'as manqué. Mes petites mains, tendues à bout de bras, essuient tes larmes. Et tu ris, alors tout va bien. Maman approche à nouveau et je me retrouve serrée entre toi et elle. Doucement. Tendrement. Je me rappelle le va-et-viens des vagues sur la plage de mon enfance. Long et lent. Répétitif. Je pourrais m'endormir là, entre vous. Mais la voix de Nabor me maintient la tête hors de l'eau. Je te regarde comme tu prends son épée. Peut-être l'avons nous toujours su, qu'on ne pourrait plus revenir après tout ça. Eux le savent, presque mieux que nous. Presque.
Mes yeux retiennent ton regard, un long moment. Il y a comme une conversation silencieuse entre nous. Je le sais. Nous essayerons de rester. Nous essayerons pour eux. Pour ta mère, pour la mienne... pour...
« Tu ne repars plus, pas vrai? Plus jamais ça, hein? »
Je serre la main de mon père. Le geste se veut ferme et rassurant mais ma force m'a abandonnée, et si elle revient lentement - je le sens - je ne fais presque qu'effleurer mon père dans mon geste. Je souris.
« Je... plus jamais comme ça papa. Je te le promets. »
Enfin c'est vers mon grand père que mes yeux se tournent. Wolfgang Orlov. Dans mon coeur, pour tout ce que je sais de toi, et pour tout le respect que j'ai, tu restes toujours mon grand père. Peut-être suis-je trop simple dans ma façon d'aimer et de regarder le monde. Mais qu'importe. Tu le sais tout l'amour que je te porte. Je n'hésite plus, mon regard cherche à nouveau celui de Sindri comme pour lui parler dans cette langue qu'il est le seul à comprendre puis à nouveau se fixe sur celui de mon grand père:
« J'ai... », ma voix tremble, mais je suis fière, les épaules brisées mais bien droites malgré tout. Je suis fatiguée pourtant ma voix est claire, je sais que je ne trouverai pas le sommeil avant d'avoir commencé ce que j'ai à faire, « J'ai beaucoup de choses à te dire, Sindri aussi sans doute, si tu veux bien nous recevoir. »
Aurais-je pu les dire là? Devant tous. Non. Raconter l'horreur des laboratoires. Le sang de la haine. La rigueur toute scientifique des hommes et leur acharnement. Non. Pas devant Céleste la si douce, pas devant Ella, princesse au dessus de toute. Pas devant les coeurs tendres de nos mère, de la tienne surtout. Ma mère... je sais qu'elle est née d'un chasseur qu'elle a aimé comme on n'aime que son père. Alors elle saura, un jour. Mais les autres, ils n'ont pas besoin de commencer par les détails sordides. Mon regard est ferme contre celui de mon grand père. Pas dur, pas non plus autoritaire. Simplement décidé. Je ne vais pas dire tout ce qu'on m'a fait. Ca ne servirait à rien maintenant et puis ce n'est pas pour moi que je veux que vous sachiez. Mais il faut vraiment que vous sachiez ce que font les hommes de la Hel.Corp. Je ne m'attends pas à ce que vous partiez en guerre, je ne m'y attends pas de toute façon. Mais que vous veilliez plus encore à vos enfants si précieux. A nos familles si chères. Veillez les en sachant ce qui les attend hors de portée de vos regards bienveillants.
Ce que je m'apprête à dire, seuls Sindri et moi en avons le secret. Je sais que Len et Sahar rêvent la nuit. Je sais qu'ils rêvent que leurs recherches ont abouties, et que quelque part, il y a une louve qui a été "guérie". Peut-être même l'ont-ils vu à Toronto. Je n'ai aucun moyen de le savoir. Ce que je sais, c'est que l'antigène α9.ω fonctionne. Izaak ne le sait pas encore, mais il le saura vite. Et il faut que toi, Wolfgang Orlov, roi des loups, mon grand père, il faut que tu le saches toi aussi. | |
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Wolfgang S. OrlovDANGER POTENTIEL ► roi des lycanthropes.
► MESSAGES : 585 Dim 24 Oct - 3:33 |
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Il y a le vieux Orlov qui règne sur le camp. Il a le silence sur le bout des lèvres. Il est de ces hommes qui gardent le silence et qui en font une arme pénétrante. Je me rappelle de mon grand-père, riant aux éclats en racontant combien leur enfance fut drôle, quand Kveld et Wolfgang se disputaient pour une histoire de fleur et de viande, ou plus tard lors des premières chasses, quand Reagan restait accroché au dos d'un bison sans pouvoir en redescendre, et que l'animal se retrouvait bien vite loin de la meute. Combien de fois j'ai vu toute la passion de mon grand-père dans ses yeux, quand il parlait de ses années où les loups pouvaient vivre sur des contrées désertes et vierges, sans avoir le soucis d'être chassé, pourvu qu'ils fassent attention? Je le regarde, mais son regard n'est pas sur moi. Il est sur Kirill tout d'abord, qu'il regarde tendrement, mais on peut voir au fond de ses yeux une douleur, une pointe, quelque part. Il sait lui aussi, comme tous les anciens. Kirill a beau avoir dix-huit siècles, il n'en échappe pas. Il sait, et il va subir tôt ou tard. Il y a alors cet homme, droit, qui fixe sa petite fille. Elle s'est tournée vers lui. Il la regarde. Toutes ses années, il a su qu'elle était vivante, mais il n'a pas bougé. Parce que Izaak lui disait qu'il avait la situation bien en main. Il est fatigué ce grand homme, des nuits qu'il ne dort plus depuis des siècles, mais aujourd'hui plus encore. Les nuits sont courtes. Quasi inexistantes. Wolfgang le sait. L'affrontement qu'il repousse depuis quinze ans, il arrive. Il sera brutal. De l'attaque des camps mordus à celui des princes il n'y a qu'un pas. Il regarde Sasha.
« J'ai... » Notre Roi te fixe, le regard qui sait. Je dois sans doute être fatigué. Comment peut-il savoir? « J'ai beaucoup de choses à te dire, Sindri aussi sans doute, si tu veux bien nous recevoir. » Il la regarde, un instant. « Je sais. Izaak m'a dit. »
Il ferme les yeux, avance, et ses larges bras, plus fortes, plus grands encore que ceux de Kirill, s'ouvrent. Il est obligé de se pencher, tellement Sasha est petite comparée à lui. Il pose un genoux à terre et la sert dans ses bras. Sa large main caresse ses cheveux, mais lui, il ne cille pas. Il la sert contre lui, semble réconforter quelque chose, une peine, puis finalement, il se relève. Son dos électrique craque. Sa hauteur m'a toujours impressionné, et même aujourd'hui, alors que je suis grand, il m'impressionne encore. Je le regarde, sans un mot. Ce Roi est magnifique. Je baisse les yeux cependant. Nous savons tous deux, Sasha, ce que cela veut dire.
« Mais nous allons parler tout de même. Dans ma tente. »
Il la montre du doigt. Elle est un peu plus loin. Simple. Romaine. Blanche à bordure rouge et mordoré. Son regard se pose sur Kirill qui retient Ella. Personne d'autre n'avancera. Ils savent à quoi s'attendre, et s'ils sont frères, Wolfgang est plus que cela. Il est le seul Orlov a ne pas avoir les yeux vairons. Le seul a avoir les yeux noir encre, sans reflets, sans âmes. Juste une flamme, inconnue. Il avance, derrière Sasha jusqu'à la tente. Il me regarde. Je les suis. Bientôt on entre dans la tente. Je referme le lourd volet de tissu derrière moi. La tente est bien rangée. Pas de très grand luxe. On y trouve surtout des objets sentimentales, d'une autre époque. Wolfgang s'assoit sur une des trois banquètes qui entoure une petite table. Je m'assois sur celle qui est en face,avec Sasha. Il écarte sa lourde veste et en sort une lettre. Il la pose sur la table. À l'écriture, on voit directement que c'est Izaak. A la fin, il y a le fameux « Cordiablement, le Thébaïde ». C'est Izaak. C'est sa lettre. Je regarde Wolfgang, la prends, la déplie. Elle parle de la guerre, de la Helsing Corporation, et de Hugo. Elle parle de toutes les expériences, des buts de recherche, des nombreux dossiers qu'ils ont sur les familles lycanes, sur les cibles priviligiées, le nombre de victime à la semaine, les brigades d'intervention, les élites, les scientifiques, et les nombreuses centres à travers le monde. Les subventions de l'état, la présence des dhampyrs de degrés un et deux dans leur rang, de djinn également, et de nombreuses autres créatures. D'une force de frappe puissante. Un peu trop même. De l'impossibilité pour lui de combattre sur tous les fronts. Il parle du Changelin', aussi. Même à deux, ils sont trop nombreux. Huit cent, minimum. Huit cent à travailler sans arrêt. Trois cent en laboratoire. Ils racontent plus bas les horreurs. L'urgence. Les besoins d'une guerre ouverte. Il conclue par une phrase qui frappe. Il écrit à la fin de sa lettre : « Il faut ouvrir les yeux Wolfgang. Nous sommes les juifs de ce nouveau siècle. ». Je passe la lettre à Wolfgang, qui me regarde. Il attends patiemment que Sasha aie lu la lettre. Il nous regarde, enfin, puis souffle, d'une voix monotone, ennuyé.
« Il y a de ce cela cinquante ans, si on m'avait demandé si j'étais prêt à déclarer une guerre ouverte à l'humanité, j'aurais ris aux éclats, mais... C'était il y a cinquante ans. » Wolfgang passa sa main sur son menton, pensif. « Vous ne resterez pas. »
Le regard noir de Wolfgang nous regarde. Il le sait, lui aussi. Déjà. Qu'on essaiera, mais qu'on y arrivera pas. Jamais. On repartira, bien vite. Trop vite, je le sais.
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Elladora KonstantineLYCAN DE TYPE C.F. propriété du ministère de la magie.
► MESSAGES : 456 Dim 24 Oct - 14:28 |
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| « Je sais. Izaak m'a dit. »
Ces quelques mots me figent. Mon regard s'agrandit, capturant dans ses filets toute l'infinité de rien. Rien. C'est à peu près ce que je vaux à ce moment là. Rien quand tu me prends dans tes bras. Tu savais... Pour la première fois de ma vie je ressens comme... de la haine. De la haine c'est exactement ça. Tout ce temps et tu savais, mais tu n'as rien fait. C'est très égoïste de ma part de le penser mais pour une fois dans mon existence oui, je suis égoïste. Mon roi, plus infaillible encore que mon père a pu l'être, vient de tomber de son piédestal. Pas parce qu'il pose un genou à terre pour me prendre dans ses bras - quand je vous dis que je ne suis rien - mais parce qu'il n'est plus se roi qui, s'il ne pouvait pas tout, n'aurait jamais laissé faire. Si je ne le repousse pas de toute ma haine à ce moment là c'est uniquement parce qu'en lui échappant je n'ai plus de prise sur mon corps. Mes mains ne répondent plus. Mes jambes me soutiennent par habitude. Dans mes yeux c'est le vide, un peu ce même vide que lorsque j'ai entendu Len annoncer à Sahar que j'étais enceinte. La première fois. La première fois est toujours la plus douloureuse. Tu baisses les yeux et comme les bras de mon grand-père me libère j'ai l'impression d'avoir le souffle coupé pour toujours. Je te regarde. Qui oserai-je regarder d'autre de toute manière. Pas eux. Ils ne comprendraient pas. Il n'y a que toi, qu'Izaak pour comprendre. Que vous pour être ma famille à ce moment là, précisément, vous vous distinguaient dans mon coeur, plus nettement que jamais. C'est ce qui me fait tenir de bout. Ce qui m'empêche d'imploser de rage.
« Mais nous allons parler tout de même. Dans ma tente. »
Soit. C'est tout ce que je demandai mais je n'ai plus d'illusion. Si Wolfgang savait et qu'il n'a rien fait alors... je n'en sais rien. Je ne sais plus rien. Si j'ai si mal c'est que je l'aime ce grand père si calme si imposant, mais c'est aussi que je lui en veux. Tellement. Mais je préfère la vérité. Quelque part je le remercierai pour ça, un jour. Pour la vérité. Mes yeux courent les mots d'Izaak presque sans les lire. Ce qui est écrit je n'en ai pas besoin, je le sais déjà. Je l'ai vécu de l'intérieur. Ce dont j'ai besoin c'est de retrouver un ami dans la précipitation et le tracer des lettres. Sentir cette énergie particulière sous mes doigts comme les mots se dessinent en relief. Je ne m'y attarde pas. J'ai bien changé.
« Il y a de ce cela cinquante ans, si on m'avait demandé si j'étais prêt à déclarer une guerre ouverte à l'humanité, j'aurais ris aux éclats, mais... C'était il y a cinquante ans. Vous ne resterez pas. - Le temps le dira. Ca n'est... pas le plus important. », cette froideur pragmatique tu ne me la connais mais s'il faut jurer que cette petite fille qui t'offrais des fleurs jadis existe toujours alors non, je ne jurerai pas. Je te la montrerai... mais pas maintenant. « Ce qu'Izaak ne dit pas, parce qu'il ne le sait pas encore, la Hel Corp l'ignore aussi c'est ce que je vais te dire maintenant. En fait, il n'y a que Sindri et moi qui le savions jusqu'à aujourd'hui. »
Mes yeux vairons quittent Wolfgang. Il est fini le temps où ils n'avaient rien d'autre à refléter qu'un amour infini et une curiosité innocente. Je tends juste la main vers un petit couteau d'or qui appartient à une époque dont je n'ai rien connu et me rassoit. Lentement c'est ma main que je taillade devant toi, pas par sadisme mais au contraire, parce que je ne me suis jamais habituée à la douleur quoique j'ai appris à la souffrir en silence. Le sang coule. Rouge vif. Abondant. Mais voilà, la plaie ne se referme pas. Je pose le couteau sur la table devant toi, presque aussi honteuse qu'une épouse infidèle. Est-ce une infidélité à Seth que je fais malgré moi? Je n'en sais rien. Ca m'est égal pour l'instant. Le fait est là, devant toi. Un regard à Sindri, toi qui ne rejète jamais ni la faute ni le faible qui vient chercher ta protection. Ici le faible c'est moi. Et je n'ai plus honte.
« Leur anti-gène lycan est au point, ou presque. L'allergie à l'argent persiste mais elle est légère, quant à la lune... Il suffirait de me faire une injection régulièrement et je serais "guérie" comme ils disent. Ils n'ont pas eu le temps suivre l'évolution de la dernière injection qu'ils m'ont faite et s'il reste encore quelques petites choses à revoir, mes notions en science génétique sont suffisantes pour vous dire que ce n'est qu'une question de mois. Peut-être de semaines. Quand ils auront pu tester ça sur un autre lycan de sang pur et qu'ils se rendront compte que ça marche, tout va s'accélérer. Faire la guerre aux humains ça ne vaudrait pas mieux que de faire des expériences sur des personnes qui n'ont rien demandé. C'est à la Hel Corp, et uniquement à la Hel Corp qu'il faut régler son compte. Je ne sais pas comment, pas encore, je passerai encore pour une fantaisiste mais je n'en ai rien à foutre. Vous ne pouvez pas rester là à attendre que ça vous tombe dessus. »
Mon regard est pénétrant, presque intrusif, je le sens malgré moi. Mais cette fois je suis engagée. C'est ainsi. Ca ne se défera pas de si tôt.
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Wolfgang S. OrlovDANGER POTENTIEL ► roi des lycanthropes.
► MESSAGES : 585 Dim 31 Oct - 1:35 |
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Quand elle passe le couteau sur sa peau, je ne sais pas quel sentiment peut habituer Wolfgang, parce que son visage est comme du marbre. Il ne cille pas, alors que Kirill aurait déjà attraper un petit mouchoir pour essuyer. Dans les yeux noirs du roi, on ne lit ni inquiétude, ni grande surprise, et ce, même si sa blessure coule encore. Quand je la regarde, je me demande si un jour ça s'arrêterait. Je me demande si une balle dans la tête la tuera. Et cette idée me donne la chaire de poule. Nous sommes déjà vulnérables face au monde. Qu'est-ce que cela sera quand nous n'aurons même plus de quoi nous défendre, quand notre force et notre forme lupine nous aura abandonner elle aussi? Pourtant, aucune réaction. Wolfgang regarde et ne dit pas un mot. Il est si immense comparé à nous deux, et encore plus comparé à cette petite fille qui est ma femme. Tu es belle, Sasha, mais je n'arrive plus à vous comprendre tous les deux. Je n'arrive plus vraiment à comprendre grand chose, parce que je n'y suis pas non plus vraiment arrivé dans le passé, et aujourd'hui que la situation est trouble, c'est normal, non, que je sois perdu, pas vrai? Je tousse. Wolfgang enfonce sa main dans sa poche et le tends à Sasha, sans aucune autre réaction. Son regard est toujours très fixe. Comment arrive t-il à ne pas être surpris, furieux ou inquiet? Je ne le comprendrais jamais. C'est hors de ma portée. Au delà de mes prétentions. Izaak saurait, peut être. Mais pas moi.
« Leur anti-gène lycan est au point, ou presque. L'allergie à l'argent persiste mais elle est légère, quant à la lune... Il suffirait de me faire une injection régulièrement et je serais "guérie" comme ils disent. Ils n'ont pas eu le temps suivre l'évolution de la dernière injection qu'ils m'ont faite et s'il reste encore quelques petites choses à revoir, mes notions en science génétique sont suffisantes pour vous dire que ce n'est qu'une question de mois. Peut-être de semaines. Quand ils auront pu tester ça sur un autre lycan de sang pur et qu'ils se rendront compte que ça marche, tout va s'accélérer. Faire la guerre aux humains ça ne vaudrait pas mieux que de faire des expériences sur des personnes qui n'ont rien demandé. C'est à la Hel Corp, et uniquement à la Hel Corp qu'il faut régler son compte. Je ne sais pas comment, pas encore, je passerai encore pour une fantaisiste mais je n'en ai rien à foutre. Vous ne pouvez pas rester là à attendre que ça vous tombe dessus. »
Pendant un moment, Wolfgang a un sourire. Je ne sais s'il se moque, ou si c'est nerveux, mais... Mais de toute façon je ne saurais donné une explication dessus. Moi? Je reste en dehors de cette histoire. Je n'ai été qu'un spectateur. Un agresseur pour la Helsing Corporation. Ni plus, ni moins. Je n'ai pas subi les expériences, je n'en suis pas non plus un produit. Je ne suis rien de tout ça. Je suis, au plus, une détracteur de ces scientifiques pourris jusqu'à la moelle. Comparé à Sasha, je n'ai absolument pas le droit de me plaindre. Si j'ai pleuré des années, si j'ai souffert de la faim ou du froid, elle, elle a été seule. Seule pendant toutes ses années, dans les mains de ces malades. Je n'ai juste pas le droit de me plaindre en sachant tout ce qu'elle a vécu, tout ce qu'elle a pu vivre dans le passé. Mon seul rôle consiste à la protéger, maintenant. Pas demain. Maintenant.
« Pendant toute ma vie, je me suis préparé à ce moment. J'ai attendu. J'ai été vraiment patient, Sasha. J'ai... j'ai vraiment, vraiment attendu. » Wolfgang eut un sourire mitigé. Je ne saurais vous décrire le sentiment qu'il y avait à l'intérieur. « Leur vaccin n'est qu'un tue-loup amélioré. Ni plus, ni moins. On ne guérie pas d'une chose que l'on est pas, Sasha. C'est impossible. Sinon, on en meurt. J'ai connu l'histoire d'une femme dans le passé, qui voulait guérir les vampires de ce qu'elle appelait une « maladie ». Elle est morte avant d'avoir trouver une solution. Tu sais pourquoi? Parce que nous ne sommes pas humains, et on ne pourra jamais le devenir. On peut bien nous empêcher d'être ce que nous sommes, tu... » Wolfgang laissa sa phrase en suspens, et soupira finalement. « C'est plus complexe qu'une histoire de race, de vaccin, ou de tue-loup. C'est... » Wolfgang prit un air ennuyé et un peu en colère. Quelque chose dans ses yeux. « C'est une histoire d'extermination, Sasha. Ce vaccin, c'est juste de quoi nous rendre plus faible pour mieux nous abattre. Ils n'ont pas l'attention de nous guérir. Ou alors, si, une infime partie. Mais d'après toi, qu'est-ce qu'ils vont faire de tous les lycans soignés? Ouvre les yeux. Ce n'est pas Helsing Corporation mon problème. Mon problème, c'est le monde entier. »
Wolfgang avait toujours cette voix calme et posée, mais là, ça frôlait la folie. J'arquais un sourcil.
« La Helsing Corporation est né en 1938. Avoir une fortune, certes, mais quel homme pourrait s'offrir des centres dans tous les états et des employés payés au nombre de plusieurs milliers? Aucun. La réalité, c'est que les états injectent de l'argent dans ces machines à mort pour pouvoir lister les créatures jugées dangereuses sur leur pays afin de pouvoir soit les enfermer, soit les tuer, soit les guérir. Ce n'est qu'une grande mascarade. Les états se cachent derrière Hugo Van Helsing. Eh bien non. Si demain je déclare la guerre à la Hel Corp, je déclare la guerre à tous ses états. Je déclare la guerre ouverte au monde entier. Voilà la réalité. Ça n'est pas qu'une question de vaccin. Le vaccin, c'est mon infime problème. Mon problème, à moi, c'est que demain, il y aura des élites de djinn, de dhampyrs, et d'autres saloperies de chasseurs high tech à mes portes. Si je ne dévoile qu'une simple, qu'une infime partie de ce que je sais à mes enfants, ils se mettront en guerre aveugle contre l'ennemi. Ça ne fera que rejouer la même scène que durant les autres guerres, où mes enfants sautaient sur des mines avant d'avoir atteint l'ennemi. » Wolfgang eut un sourire triste dans le fond. « Faire la guerre, c'est bien. Mais pour faire la guerre, il faut d'abord avoir préparer la paix. »
Le grand loup se leva. Il était immense dans la tente. Tellement que dans le fond, même si j'avais bien grandi, je sentais encore quelque chose qui m'attachait au sol. Je n'étais peut être – finalement – pas assez. Pas encore tout du moins.
« Sache que les rancœurs reposées font toujours de meilleures armes. Tout cela ne restera pas impuni. Mais la guerre ne sera pas pour demain. Il est encore trop tôt. Pour déstabiliser Goliath, il nous faut plus qu'une fronde et une pierre. Il faut le bon moment, le parfait angle. Ce moment n'est pas ce soir. Vous pourrez dormir tranquillement dans la maison de Vitaly ce soir. Il est partit en vadrouille, et Celio est ailleurs. Elle est au nord de chez tes parents, Sindri. »
Visiblement, la discussion s'arrête là. Plus courte que prévue. La guerre ne sera pas pour demain. Dans le fond, ça me rassure. D'un autre, ça me glace le sang. Quel homme laisse son peuple se faire massacrer sous prétexte que ce n'est pas le bon moment? … après tout, je n'ai jamais été très bon tacticien. J'avais déjà du mal à gagner à cache-cache étant petit. J'ai un sourire, me lève. Je tends la main à Sasha.
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Elladora KonstantineLYCAN DE TYPE C.F. propriété du ministère de la magie.
► MESSAGES : 456 Dim 31 Oct - 20:17 |
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| Je bois les mots de cet homme qui est le garant de tous, excepté de quelque uns dont je ferais désormais partie. Ce n'est pas que je ne m'y attendais pas mais il y a une partie de moi qui maudit en silence. Une partie de moi qui se demande ce qui a bien pu me prendre de croire que venir te parler rimerait à quelque chose. Une partie de moi qui se demande si je suis bien Sasha Orlov tout d'un coup. Oui je suis bien une Orlov, parce que je suis la fille de mon père. Ca je n'en doute pas. Ce n'est pas qu'un nom. J'écoute les derniers mots du roi des loups d'une oreille distraite. Pas pour manquer de respect mais parce que mon esprit calcule. Il est ailleurs déjà. Je suis le mouvement de mon Sindri qui se lève mais mon regard s'attarde un instant sur Wolfgang Orlov. Puis je me détourne, pour toujours sans doute, ou quelques siècles seulement. Mon coeur me dit pour toujours, mais je sais que par nature l'homme comme le loup sont changeants. Je glisse ma main dans celle de Sindri mais m'arrête sur le pas la porte, sans me retourner.
« Encore une chose... ne les laissez pas approcher de Leah de Lycie, ce serait une grave erreur, maintenant comme demain. »
Voilà. Tout est dit. Je sors et à quelques pas de là, je sens comme un vide qui reprend sa place dans mon coeur. Je regarde tout ça. Il me faudra rester ici et me taire parce que ce n'est pas le moment. Mais je suis pleine de rage. Ce n'est pas contre Wolfgang Orlov. Pas contre eux tous. Mais c'est comme ça. Quelque part je sais qu'il n'y a rien au monde qui me rendra ça supportable. Mais je le supporterai pour Sindri. Parce que je l'aime plus que tout au monde et que je donnerai tout s'il faut ma vie pour le rendre heureux. Comme lui l'a fait. Il l'aurait refait. Entre mes dents je murmure sans même m'en rendre compte. Après tout je n'en suis pas morte. Un sourire pour toi mon Sindri.
« Que veux-tu faire maintenant, toi qui es le plus sage de nous deux? »
Je souris. C'est uniquement ton visage qui me réchauffe le coeur. Qui me fait oublier un peu mes griefs. La vie est belle quand tu es là avec moi.
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