Des tas de gens ont des idées farfelues. Repeindre la cuisine. Acheter un cheval. Se coupé les cheveux très court. Des fois ça vous prend comme ça et POF vous faite un truc sans réfléchir juste parce que vous en avait envie. Eh bien c’est exactement ce qu’avait fait William, il avait eut envie d’un truc et POF il l’avait fait. Sauf que dans son cas il s’agissait pas de peindre la cuisine, d’acheter un cheval ou DE se coupé les cheveux très court. Non pour lui il s’agissait de demander sa petite amie en mariage ! Sauf que comme toutes les choses qu’on fait sur un coup de tête on se rend vite compte qu’on a fait une bêtise. La couleur des murs était très comme elle était avant. Un cheval ne sert à rien en ville. Les cheveux ça met du temps avant de repoussé et cour ça fait vite garçon manqué. Toute ses erreur était plus ou moins irréparable et donc la bêtise une fois faite il fallait faire avec. William avait lui-même cette horrible impression quand à son futur mariage avec Jesse. Le truc c’est qu’il l’aimait certes mais il n’était pas prêt à l’épouser. Il avait dit ça comme ça poussait par son désir pour elle et la promesse qu’il s’était faite à lui-même : plus de sexe avant le mariage ! Alors il lui avait demandé et maintenant il paniquait totalement ! Il avait besoin d’en parler ! Le seul souci c’est que son meilleur ami – Sébastien – était en Amérique et qu’il ne s’était pas refait de meilleur pote mec à Poudlard. Enfin il y avait bien Roman mais le rouge et or était si romantique et amoureux de sa rousse qu’il l’engueulerait sûrement d’avoir prit le mariage aussi à la légère, lui qui devait sûrement attendre le moment parfait, un coucher de Soleil et qu’ils aient l’âge pour demander à Eurydice de l’épouser. Le jeune Doringhton avait alors pensé tout naturellement à Elladora pour lui apporter de précieux conseil mais étant le week-end elle n’était pas à l’école mais partit retrouver son Kirill adoré dont elle n’arrêtait pas de lui parler. La blondinette qui était plus ouverte d’esprit – bien que ses idée sur le mariage devait se limiter a « pas çaaaaaaaaa » - trouverait sûrement quoi dire pour le rassuré.
William complètement stressé frappa alors à la porte avec une mine qui laissait présagé que quelque chose ne tourner pas rond chez lui. Il fallait à tout prit qu’il en parle sinon il allait finir par devenir fou !

Elladora était partit tôt ce matin là. Kirill ne l'avait pas suivi – pour une des rares fois où il la laissait sortir toute seule dehors. C'est qu'il avait un peu la hantise de ne pas la voir revenir, avec les bébés, et tout ça, mais il avait consentit à lui laisser un peu de liberté. Et puis, elle était bien entourée, avec Léah et Héméra pour des vêtements, pour les bébés. Pour tout ce qui concernait le bébé, de ces choses qu'un mâle ne dit pas à sa femelle, tout simplement car il n'a pas l'esprit assez bien doté pour ce genre d'appréhension, d'angoisse ou d'anxiété. Après tout, Kirill ne serait jamais enceinte, alors il n'aurait jamais à l'esprit ce genre de chose. Enfin, c'était ce qu'il s'était mis à penser, à force.

Alors pendant son absence, Kirill avait décidé de s'occuper. Il était sortit et avait acheté une bonne centaine de fleurs, de toutes les couleurs, de toutes les senteurs sous bon conseil de Vitaly par téléphone. Il avait choisi des bourgeons en voie d'éclosion, car cela stimulait la femelle soit disant, et que cela rendait la pièce agréable. Les odeurs, fortement sucré, car une femme enceinte a des envies, et qu'il faut forcément stimuler ces envies. Avec ça, il avait acheté des fraises, car il avait vu dans un film que les femmes enceintes ont envie de fraise. Des fraises, des bananes, et aussi quelques kiwi, même si c'était pas vraiment la saison. Il avait acheté de la viande pour le soir, soit environ dix kilos de viande, s'il avait faim le lendemain matin. Un ogre cet Orlov, disait-on, pour un corps finement élancé, fait de muscles puissants, et pas d'un poil de graisse ou presque. C'était que comme tout lycanthrope digne de son nom, Kirill avait un très bon appétit, et rien n'aurait pu lui faire faire sauter un repas. Enfin, presque. Il revint tôt à la maison, et ferma la porte derrière lui. Il mit les fleurs dans des vases à bases rondes, et rangea les fruits dans le frigo pour les fraises, et dans une corbeille de fruit pour le reste.

Il alla dans la cuisine, sortit les planches de bois et posa la cuisse de boeuf qu'il avait du traîné tout le long de la rue avant de rentrer chez lui. Encore chaude et tendre, il allait devoir la couper en de fins filets pour le soir et le lendemain. Dix kilos de cuisse de veau. Une viande succulente, en plus d'être tendre et appétissante à la cuisson. Il enfila un tablier blanc, et avec un large hachoir commença à découper la viande, en cassant tout d'abord les articulations, puis en prenant un long couteau fin pour décrocher la chair de sur l'os. Quelqu'un toqua à la porte. Kirill releva le nez, reposant calmement la viande et essuya ses mains sur son tablier qui se recouvrit de traces rouges de sang. Il repoussa une mèche, et ses mains tâchèrent également sa joue et son front de deux traces de sang de veau. Il se dirigea dans le couloir, oubliant totalement qu'il avait encore dans sa main droite le couteau de boucher qui lui avait servi à découper la cuisse de veau. Il ouvrit la porte. Il était géant, et l'homme devant la porte était minuscule comparé à lui et à ses un mètre quatre vingt seize. Et le géant arqua un sourcil :

« Eh... salut. »

Et le géant resta dans l'entrée, un couteau à la main, le visage, les mains et le tablier recouvert de sang chaud. Et qui dit salut. À un jeune adolescent, seul. De trente centimètres plus petit, au moins. La blague?

Il y avait plus que de l'ironie ou du cynisme dans la situation. Le contexte était, en lui-même, burlesque, mais pour rien au monde Kirill n'aurait pu croire que le jeune William pensait qu'il venait de tuer sa petite amie, enceinte qui plus est. Non, Kirill n'était pas du genre à se faire des films. Il était très terre-à-terre, et c'était en soit un bien et un mal. Pragmatique, il s'attachait bien souvent aux actes et seulement aux actes, il oubliait ainsi de rêver, et n'imaginer que rarement des choses farfelus. Kirill Orlov était quelqu'un de normal, mais il tenait sur certains bords de ses deux parents. Il tirait de son père sa capacité d'abstraction la plus totale et ses mimiques d'indifférence, et de sa mère son manque évident de fantaisie, qu'il avait remplacé par un romantisme et une passion infinie. Un bien pour un mal, en somme. Alors c'est avec un regard neutre et totalement indifférent que Kirill posa son regard sur William, retenant à l'intérieur de lui sa question : « qu'est-ce que tu veux »?. C'était un peu abrupte, comme phrase.

«  Euh... j'te dérange peut-être ? » Les yeux vairons du loup cessèrent de bouger un instant, laissant un blanc, puis reprit, d'une voix toujours aussi calme et monotone :
« J'étais sur le point de finir ce que j'étais en train de faire, donc pas vraiment. »

Les faits, seulement les faits. L'esprit de Kirill tenait à tout conditionner, à expliquer fait par fait sa matinée, ou son activité du moment. Il découpait de la viande, et avait quasiment fini. Donc, il n'était pas « vraiment » dérangé, dans le sens où dix minutes plus tard ou plus tôt, il aurait été vraiment occupé. Le loup resta silencieux, sans rien rajouter de plus. Il ne devait pas avoir besoin de rajouter quoi que ce soit, dans le sens où pour sa part, il avait déjà tout dit, et voir le petit homme se tordre et se trémousser lui fit arquer un sourcil. Il voulait entrer? Le loup ne comprenait pas bien. Peut être avait-il envie d'aller aux toilettes? Une envie pressante? Le loup n'avait pas la même approche qu'un homme, et première chose : il ne laisserait pas entrer un étranger dans sa maison sans que celui-ci ne le lui demande. Un frère ou un ami pouvait bien entrer quand il le désirait. Pour les étrangers, c'était autre chose. Surtout quand l'étranger était le « meilleur ami » de sa fiancée, chose qui par nature lycane agaçait prodigieusement le vieux loup de dix-huit siècles. Seulement par nature. En extérieure, Kirill semblait bien le vivre. Après tout, c'était ridicule. Qui aurait préféré William à Kirill...? Non, ne répondez pas à la question, la réponse était évidente.

« J'peut rentré ? »
« T'as des sous? » Silence. « Non, c'est une blague. Entre donc. »

Une blague de Célio. Le gamin de sept ans avait pris le plis sur la télévision, et s'il était très cultivé, parlait de tout un tas de chose dont Kirill ignorait jusqu'alors l'existence. Il était une boule de connaissance en puissance, à force de livre et de télé. Kirill se décala et laissa entrer William, puis referma la porte. Sans un mot de plus, il avança dans le couloir, haut et large. On aurait pu croire qu'il allait se pendre une porte, ou quelque chose comme ça, mais non. L'appartement était plutôt haut, ce qui permettait au loup de bouger sans avoir de difficulté à passer les encadrements de porte. Il alla dans la cuisine, sachant de par l'odeur que William le suivait, et contourna la table. La viande était étalée sur la table, finement tranchée en steack épais et de poids égaux.

« Tu arrives juste au moment où j'ai fini de couper le gigot d'agneau. » Le loup le regarda. « Si tu cherches Ella, elle ne rentre que ce soit. Elle est partie faire des courses. »

Pour les bébés. Pour tout ça. Avec d'autres filles. Et pas avec un mâle. Question de logique. La seule chose qu'un mâle devait choisir, c'était le nom de ses enfants. Le second prénom était souvent laissé au choix de la mère. Une sorte de bon compromis, encore qu'on disait que Perséphone avait insisté pour nommer son troisième fils Lycaon. Il avait toujours été le plus choyé, le plus faible d'entre eux, et ce malgré sa force. Imposant, et mou à l'intérieur pourtant. Kirill eut un sourire.

« Tu veux boire un truc ? »

Il commençait à ranger la viande dans des sacs, et mettre les sacs dans le congélateur. Cinq minutes à peine, et il passait un coup sur la table qui redevenait neuve. Il enlevait son tablier, essuyait du revers de sa main son visage, et lavait ses mains. Kirill était neuf, et ressemblait davantage à un acteur qu'à un serial killer. La transformation était radicale.

« T'as des sous? »
«  Euh... »
« Non, c'est une blague. Entre donc. »

Bien. Une chose était sûre, maintenant, Kirill ne maîtrisait absolument pas l'art de la blague moldue ou sorcière. D'habitude, ça marchait, mais là, visiblement, non. Alors deux choix étaient possibles : soit le jeune garçon était insensible à l'humour ou ne le comprenait pas, soit Kirill avait encore loupé une étape dans l'introduction de la blague. Un truc du genre. De toute façon, maintenant que la blague était fichue, il n'allait pas se reprendre et dire « oh, mais en faite, c'est une blague pourrie! ». Pas question. Déjà qu'il avait du mal avec toutes ses coutumes sorcières, si en plus il devait s'excuser... C'était lui le plus vieux ici! 18 siècles! Alors pas question de se rabaisser. Il marcha dans le couloir, l'air nonchalant. Kirill avait toujours cet air nonchalant. Ça lui allait comme un gant. Ça lui donnait un air gentil, surtout. Pas sournois, ni trop royal. Juste gentil. Une sorte de gros nounours, un quelque chose du même type. Proche. Arrivés dans la cuisine, Kirill a un sourire.

« Tu arrives juste au moment où j'ai fini de couper le gigot d'agneau.  Si tu cherches Ella, elle ne rentre que ce soit. Elle est partie faire des courses. »

Et.. soupire d'aisance. Le loup louche sur William. C'était pas une blague, ni une annonce tragique pourtant. Sur le moment, il ne comprends pas. À quoi il s'attendait? À voir Ella en morceaux vendu treize livres le kilos? Kirill a un petit rire, mais ne rit pas en faite. Non, parce que la blague n'est pas drôle. Pas drôle du tout. En faite, en plus de ne pas le faire rire, ça l'angoisse, parce que Ella est enceinte, qu'elle est dehors, et que c'est l'enfer. Il a un instant de réflexion. Voilà. Maintenant il s'en veut de l'avoir laisser partir. Bravo. Super... Alors ça, c'est géniale, ce sentiment de culpabilité qui vous prends à la gorge.

«  Ouf tu l'a pas manger ! »

Le loup reste interdit, mais le léger froncement de ses sourcils indiquent bel et bien qu'il n'est pas franchement ravi de cette accusation. Tout ce qui est stéréotype pourrie du loup qui mange sa copine parce qu'il a faim, ça va bien deux secondes. Il gronde pour lui, mais se tait. Il ne va quand même étrangler le meilleur ami de sa femme. Non? Il ne pense pas que c'est une coutume sorcière. Il pourrait toujours dire que ça lui vient du premier empire de Clovis, mais ça ne lui plairait pas, à sa petite furie blonde, même si elle lui pardonnerait à coup sûr. Encore que, il n'irait pas jusqu'à tenter le diable. Surtout pas en ce moment.

« Enfin j'veux pas dire que.. C'est pas que je pensais que.. Va pas croire que... Enfin j'veux dire... Cool qu'Ella rentre ce soir »
« Ouais... Cool. »

Ton un peu blasé. Il ne va pas y échapper aussi rapidement. Maintenant que c'est dit, c'est encré dans sa mémoire. Le pauvre William en aura jusqu'à la fin de sa vie, si jamais un chasseur ne passe pas dans la vie de Kirill avant. Encore que, ce n'est pas à espérer, puisque généralement un chasseur tue une famille entière de loup. Père, mère, louveteaux. Ce qui ne serait pas bon pour William qui perdrait sa petite amie. Un peu mieux pour Kirill, puisque certes il serait mort, mais ils se retrouveront de toute façon dans les Plaines Éternelles. Bref.

« Tu veux boire un truc ? »
«  J'vais me marier !!!! »
« C'est pas une boisson. »

Le loup avait lâché ça comme ça. Il toussota.

« Désolé. Blague à part. »

Pas exactement le moment, Kirill.

«  J'ai demander à Jesse de m'épouser »
« Tu voulais dire à Ella qu'elle était invitée, c'est ça? »

Quelle question! Qu'est-ce que ça aurait pu être d'autre, hein?
Autres pensées du loup : si il se mari, c'est qu'il aime une fille, si il aime une fille qui n'est pas Elladora, ça veut dire qu'il n'y a plus de danger. Un ennemi mortel de moins sur sa liste.

« Tu voulais dire à Ella qu'elle était invitée, c'est ça? »
« Euh… Non pas vraiment. »
« Ah. »

Du coup, le loup-garou ne savait plus vraiment quoi en penser. Si il n'était pas venu pour ça, pour quoi était-il venu alors? Parce que généralement, on ne vient pour dire « salut ». Enfin, pas chez les loups. On venait rarement pour déranger une personne, comme ça, gratuitement. On avait toujours une raison. Parfois pour savoir comment elle allait (encore que, si on la croisait dans le jardin ou dans une rue on avisait bien – et le sixième sens lupin donnait rapidement une information sur l'état de santé d'une personne), ou parfois pour un service, ou pour annoncer une grande nouvelle, mais jamais pour du néant, du vide. Mais c'était tout l'homme ça, à employer son temps libre dans quelques sottises qui ne servent à rien. Le loup-garou sortit du frigo de quoi boire.

« J’voulais qu’elle me dise si c’était une bonne idée. Tu crois que c’est une bonne idée toi ? »

Kirill posa sur la table tout ce qu'il avait, de l'alcool russe qui avait le goût d'allume-feu jusqu'au soda coca. Lui, il avait pris une tasse avec de l'eau chaude et y verserait ce qui était réservé aux loups, ce qui n'était pas donné aux humains d'aimer. Surtout pas aux simples humains. Il tira une chaise et se posa en face de William autour de la table et se passa la main sur le visage. Il ne comprenait pas la question. Ça ne rentrait pas dans sa logique lycane. Si les humains s'amusaient à lier leur âme pour des broutilles, c'était leur choix, mais chez les loups, un mariage c'était unique, c'était ce qu'il y avait de plus grand, et on ne pouvait pas le vivre deux fois. Un mariage, c'était ce qui lier deux âmes sur les terres éternelles, afin qu'à la mort du dernier des deux, ce dernier retrouve le chemin de son aimé. Un mariage était une promesse d'amour éternel et unique devant Seth, même si la mort séparait les époux pour des millénaires.

« Dis… T’a déjà pensé à épouser Ella ? »

Kirill avait versé un sachet de poudre blanche et rougeâtre dans son thé, et il tournait la cuillère à l'intérieur, sans y ajouter une pierre de sucre. Ça devenait une habitude chez lui. De boire ce que les autres appelaient un amer breuvage, dégueulasse et au goût de sang. Justement : au goût de sang. Quoi de meilleur pour un prédateur, non? Kirill eut un fin sourire. Il était un peu touché par la situation. Il n'était pas le genre de gars qu'on venait voir pour parler, parce qu'il n'avait pas la même philosophie de la vie que les autres, et parce qu'un lycanthrope est par nature pudique sur ses sentiments. Rares étaient ceux qui parler de leur vie de couple très ouvertement, parce que voilà, c'était comme ça. On aimait, on aimait beaucoup, mais on aimait pour soit.

« Partons sur des bases sûrs. Tu aimes Jesse. Si tu aimes Jesse, en quoi se marier avec elle serait une mauvaise idée? Si tu me réponds l'âge, je t'arrache les yeux. » Sérieux Kirill, puis il a un petit rire et un sourire. « Que tu te maris à treize, dix-sept ou quarante ans, moi, je ne vois pas la différence. La question qu'il faut que tu te poses, c'est : est-ce que je me maris parce que je l'aime? Et la plus importante : suis-je prêt à passer le restant de ma vie avec elle? Si la réponse à cette question est oui, n'hésites pas, fonce. Aujourd'hui, demain, le temps pour vous autres humains est important. Ne le perds pas à te demander ce que les autres penseront de toi quand tu auras la bague au doigt. Ne regarde qu'elle. Si ça la rends heureuse et que tu l'aimes, alors ça devrait couler. »

Et forcément, Kirill s'était tû sur la question de Elladora. D'une, parce qu'elle était la plus belle chose qu'il lui était arrivé et que la question en elle-même était idiote, et de deux parce que leur âme, même sans mariage, se retrouverait toujours. Même dans la mort.