La pluie s'abattait sur Londres, en rythme avec le vent qui soufflait dans les branches des arbres alors que, installait à l'extérieur de la gare, une jeune fille était assise derrière une table en carton, couverte d'une nappe empruntait à ses parents, mais ça ils étaient pas censés le savoir.
Deux couettes pendantes de chaque côté de sa tête, des cheveux bleus et des tâches de rousseurs sur le nez, elle portait de grosses lunettes carrées qui lui mangeaient la moitié du visage alors qu'elle penchait la tête sur des cartes étalaient sur la nappe rouge à fleurs blanches. Bougeant les bras, couverts de bracelets en argents - des faux bien évidemment -, elle mélangeant le jeu de tarot avant de se mettre droit et de s'adresser à une dizaine de personne s'approchant avec curiosité.

Lâcha-t-elle en forçant son plus bel accent français, histoire de rendre la chose plus théâtral que jamais. Une vieille femme l'approcha et faisant semblant d'éternuer, elle fit tomber ses grosses lunettes, laissant la petite vieille se pencher pour ramasser avant de s'approcher d'elle et glisser discrètement sa main dans son sac et en retirer un petit porte-monnaie. Elle tendit à son tour la main, effleura celle de la femme et perdit à nouveau les lunettes qui retournèrent au sol, pour une seconde tentative. Prenant quelques pièces, elle reposa le porte-monnaie dans le sac pour récupérer ses binocles, secouant ses couettes bleues.

Sous le choc, Avalon toussa bruyamment, se demandant ce qui l'étonnait le plus. Qu'on lui pose cette question ou que cette question vienne d'une femme qui avait l'âge de sa grand-mère. Remuant les cartes, elle finit par en sortir cinq et donna une explication assez rocambolesque pour voir la vieille femme satisfaite lui tendre des pièces quand ..

Récupérant sa boite à sous, Avalon prit la fuite pour entrer dans la gare et courir sur le quai. Passant dans un couloir menant aux toilettes, elle s'enferma dans une cabine et s'arrêta quelques minutes. Rangeant les lunettes dans son sac, elle effaça les tâches de rousseur pour modifier la forme de son nez et ses cheveux bleus prirent une teinte brune. Enfilant un autre gilet, elle quitta à nouveau les toilettes pour rejoindre le quai de gare, cherchant à gagner la voie 9 3/4 et, sans faire attention, se cogna violemment à un mur pour tituber et s'écrouler au pied de quelqu'un, renversant quelques pièces pour entendre la même mémé gueuler après elle. A quatre patte, Avalon tenta de vite tout ramasser avant d'essayer de récupérer une pièce qui se retrouva à moitié sous le pied de l'inconnu.

« Au voleur !!! »

Et merde. Les sensibles oreilles de chat de Jonathan se tournèrent en direction du bruit. Le voleur se redressa refermant un tiroir à la va-vite, une poignée de bijoux serrés dans sa main. Il avait horreur d'être pris la main dans le sac. Enfin pour le coup il doutait, la voix venait de loin et comme d'habitude il n'était pas passé une seule fois à proximité des fenêtres. Prudent le chat voleur. Mais tout de même ça ne lui plaisait guère. Il fourra son butin dans sa poche avant de son sweet et sortit à la va-vite. Bien sûr il ne se mit à courir qu'une fois dans la gare, pour ne pas attirer l'attention. Sortit de l'immeuble il rabattit sa fameuse capuche noire, celle sur laquelle trônait les oreilles de chat qu'il avait ensorcelées pour pouvoir amplifier sa propre ouïe, puis il fila droit dans vraiment regarder pour une fois.
Il arrivait dans le coin de la voie 9¾ quand une fille se mangea un mur devant lui avant de s'étaler à ses pieds. Un gros gallion d'or roula dans sa direction et il l'arrêta de son pied, machinalement, presque sans arrière pensée. Il la regarda ramasser le reste de son trésor dans courber l'échine une seule fois, le sale chat.

« Ah c'est toi le voleur..., commenta-t-il avec un sourire de chat
- Et..C 'est ma pièce, et pas mes chaussures mais ma pièce quand même alors circule avant que je te bouscule !!!! »

Machinalement Jonathan jeta un coup d'oeil par dessus son épaule, les mains dans les poches toujours pour s'assurer que son propre larcin n'allait pas être découvert. De toute manière voir la vieille arriver avec ses cogne-voleurs ne le mettait pas à l'aise du tout. D'ordinaire il n'aidait pas la concurrence, et d'ailleurs il ne croisait jamais de concurrence. Mais là il n'avait que deux choix possible, aider la fille ou la balancer et être débarrassé. L'ennui s'était que balancer un voleur alors qu'on a les poches pleines de bijoux... il n'avait pas vraiment envie de s'aventurer sur ce terrain là.

« Et fissa man !! J'ai des paysans avec des fourches qui veulent me foutre sur le bûcher !!!
- Tsss...j'arrive pas à croire que je vais faire ça. »

Jonathan leva les yeux au ciel, et glissa la main dans la poche de son jean noir. Le reste se passa si vite qu'on eut à peine le temps de le voir jeter quelque chose parterre. Un nuage noir d'encre plongea toute la gare dans une obscurité impénétrable. Il eut juste le temps de remarquer le drôle de changement de couleur des cheveux de la fille au moment où il l'attrapait par le colle comme il aurait attrapé un chaton. Un crac sonore et ils avaient transplané... pas chez lui bien sûr. Mais sur le sommet des tours qui soutenaient le célèbre pont de Londres. Autant dire qu'il ne fallait pas avoir le vertige.

« Métamorphomage voleuse? Sympa l'association... », lança-t-il avec l'air de rien, déjà en train de se demander comment il allait justifier son "acte de bravoure" sans se faire griller.

Il n'avait aucune envie qu'elle sache qu'il était lui aussi voleur, quoiqu'il préférait le mot kleptomane. En même temps il aurait tout de suite l'air suspect, si elle faisait la moindre remarque sur sa poudre d'obscurité instantanée... d'ailleurs il était déjà en train de réfléchir à un mensonge pour justifier qu'il puisse avoir ce genre de chose sur lui. Un autre truc qui pouvait avoir l'air suspect mais auquel Jonathan ne pensait pas, trop obnubilé par son urgent besoin d'une histoire crédible à inventer, c'était qu'il avait toujours les mains dans la poche avant de son sweet. Mais bon ça ça n'aurait pu être qu'une simple manie après tout...

« Ah c'est toi le voleur... » lâcha une voix masculine au-dessus de sa tête alors que la pauvre jeune fille en était presque à lui taper sur le bout de la chaussure avec son poing pour qu'il la lui rende. Fallait dire qu'elle bossait dur pour gagner cet argent - quoi ? Vous croyez que c'était facile de changer d'apparence tous les jours et de faire semblant de lire des trucs dans les cartes, des trucs différents chaque fois pour que ça ne ressemble pas à l'histoire du client précédent ? - et enfin pouvoir quitter l'école et faire ce road trip qui la ramènerait à sa soeur. Si elle était toujours vivante et que le détraqueur ne lui avait pas donné son doux baiser, bien qu'elle était sûre que sa soeur courait encore en liberté parce qu'aucune feuille de choux n'avait parlé d'une suspect arrêtée. Donc.. Ava' en avait déduit que Léo courrait toujours les rues à sa recherche.
Peut être même que cette personne avec son pied sur la pièce c'était elle ! Sauf qu'en relevant un peu les yeux, elle réalisa, déçue, qu'il s'agissait bien d'un garçon et pas de sa soeur déguisait.
Foutu merde ! s'écria-t-elle mentalement, alors que son interlocuteur balançait une phrase - qui lui parut anodine - avant de la choper par le col, si brusquement que ses cheveux prirent une teinte électrique sous sa surprise et colère de sa faire attraper comme un lapin .. Ou un chat en l'occurrence.
Clignant des yeux, elle n'eut pas réellement le temps de réaliser ce qu'il lui arrivait qu'elle se retrouva à quatre pattes, non pas sur le sol de la gare à chercher son butin, mais en haut de ce qui semblait être une tour.. Et en y regardant avec plus de précision, il s'agissait d'une des tours du pont de Londres.


En somme; l'une des deux jambes du garçon. Ou du kidnappeur ! Diantre, il voulait lui voler son dur labeur et la jeter du pont ! Mais elle ne savait pas voler ! Enfin, voler avec des ailes quoi, et elle n'avait pas de balais à disposition et même avec sa baguette elle n'aurait jamais le temps de lancer un sort.
Crapahutant sur le pont, elle s'éloigna du jeune homme, effrayée à l'idée qu'il puisse lui vouloir du mal. Tournant la tête à droite et à gauche, elle soupira en s'agrippant à la pierre pour se redresser sur ses pieds. Ses cheveux étaient devenus aussi blanc que son teint et elle tremblotait. De froid, de peur et d'une envie pressante de se vider la vessie, mais ça bizarrement ça n'avait plus de trop grande importance.
« Métamorphomage voleuse? Sympa l'association... » Pauvre Avalon tourna la tête vers l'autre, l'air un brin dépitée, en mode "t'as trouvé que ça à dire ?" pour se frotter les yeux, histoire de vérifier qu'elle ne rêvait pas.

Se calmant lentement, ses cheveux reprirent leur couleur blonds et, pour s'amuser, ses oreilles prirent la forme d'oreilles de chat. Histoire de se moquer pour se venger quoi.


Vous avez dit parano ? Ah mais non, elle visualisait juste toutes les issues de cette rencontre.

« Dit moi Miaouss, ça t'arrive souvent de mener les filles que tu connais pas en haut d'une tour !!
- Seulement celles qui sont bien parties pour me mettre dans la merde!, s'il commençait à répondre du tac-au-tac ça n'allait pas du tout le faire, il jeta un oeil par dessus son épaule pour se rendre compte que ça capuche s'était remise en place toute seule et que ses oreilles de chat étaient donc parfaitement visible. Et merde comme dirait l'autre!
- Et puis je ne vole pas . j'offre aux gens ce qu'ils veulent entendre en échange d'un dû !
- Ouais c'est ce qu'on dit tous... »

Enfin pas lui bien sûr. Surtout pas lui. Il rabattit une seconde fois sa capuche à oreille et la toisa cinq minutes. Visiblement elle avait le vertige mais elle avait jugé que s'accrocher à sa jambe s'était moins sûr que de s'accrocher à une pierre. Visiblement il lui avait foutu la frousse. Bon ce n'était pas le but premier mais maintenant que c'était fait. Jonathan essaya d'avoir l'air un peu moins sur la défensive. Mais en même temps il y avait une paire d'oreille de chat qui poussait à travers la chevelure blonde de la voleuse. C'était tout autant vexant que ... mignon. Vous ne pouvez pas demander à un chat d'ignorer une fille qui a des oreilles de chat. Pas possible ça.

« Et puis genre si j'suis une voleuse t'es quoi toi ? Une sorte de Cat's eyes au masculin ? Un bon samaritain qui va me demander des trucs en échange mais je dis NON ! J'me suis cassée la tête - c'est le cas de le dire, saloperie de mur - pour gagner ça alors tue moi de suite si tu eux mais tu n'auras rien et .. Tu planques une arme dans tes poches ?! »

Jonathan la regardait avec des yeux ronds puis au bout d'un moment il siffla.

« T'en tiens quand même une sacrée couche toi, excuse moi de te le dire. Je viens quand même de t'éviter de te faire prendre la main dans le sac si je puis dire, tu devrais me remercier au lieu de me casser les pieds. Et puis y a rien du tout dans mes poches. »

Mon oeil qu'il n'y avait rien dans ses poches. En plus avec ce petit ton qui l'accusait tout de suite personne ne pourrait jamais croire qu'il n'y avait rien dans ses poches.

« De toute façon ça m'intéresse pas c'que t'as volé... »

Forcément lui aimait voler des trucs de luxe, sans vraie raison en fait, juste pour le plaisir d'avoir volé quelque chose.

De quoi ?! Les joues de la petite Desrousseaux, du haut de son mètre 58, s'empourprèrent et elle serra les poings en le dévisageant méchamment, ses cheveux prenant une couleur feu. Réalisant que le jeune homme pouvait aisément deviner son état psychologique, à cause de son don, elle étira ses mèches de cheveux, louchant un peu pour les fixer et tapa du pied, nerveusement, alors que ses cheveux devenait presque noir à force. Elle songea, l'espace d'un court instant - mais vraiment court hein - à se les arracher pour qu'on ne puisse plus rien voir et agita ses oreilles de chat .. Geste qui eut pour effet de l'amuser, si bien que les mèches fines et lisses reprirent leur teinte blonde. Fermant les yeux, elle inspira un bonne bouffée d'air frais, vraiment très frais vu la hauteur, et se détendit façon maître yoga.
Histoire de garder son calme plus longtemps, elle se caressa les oreilles pointues avec l'index et le pouce de la main gauche, prenant un air de grande blessée shootée à la morphine. Non, ça n'avait aucun rapport avec le fait qu'elle avait de nouveau l'envie pressante qui la prenait ! Bon, si un peu mais elle arrivait à faire abstraction, tellement l'autre avait des réflexions qui l'horripilaient.
Belle gueule, mais si on pouvait couper le son ! Songea-t-elle en le fixant de son air le plus noir, et le plus faussement énervé possible. Haussant les épaules à la manière de ces personnes qui font semblant de ne pas être touché par les réflexions des autres, Avalon fixa le ciel - gris, pour changer - et le baissa ensuite. Bad, bad idea !!
Réalisant à nouveau la hauteur, elle se pinça le nez - allez savoir pourquoi - et ferma les yeux pour réfléchir posément et glissa finalement ses poings dans sa veste, après avoir refermé le petit sac dans lequel se trouvait ses déguisement et ses économies. Dieu du ciel, si ses parents apprenaient tout ça, elle était foutue de chez ultra foutue. Et en plus, sa grand-mère ne cesserait de l'engueuler pour avoir voler sa nappe et les vieilles lunettes de son papi.
Ouais, genre méga ultra foutue ! Ça sentait la dispute désastrophique et catanucléaire.
Et voilà que l'autre bablet la coupait dans ses pensées plus que philosophiques pour siffler. Un sifflement qui lui arracha une moue étrange. Elle remua son nez et babilla, ses lèvres gigotantes sans qu'un mot s'en échappe alors qu'il l'agressait encore verbalement !


Levant le menton, comme si elle venait d'élucider le casse du siècle, Avalon finit par croiser les bras sur sa petite poitrine, l'air fière. Si on enlevait la taille de minimoy qui rendait le tout plus clownesque qu'effrayant, ça pouvait le faire.
Et là, une question stupide lui traversa l'esprit.. Si un pigeon lui fonçait dessus .. Qu'allait elle faire pour l'éviter à part sauter à plat ventre ? Et si un hélicoptère passait au-dessus d'eux ? hein ? ils expliqueraient comment la présence de deux ados sur cette tour ? Aïe maman, songea-t-elle en imaginant la queue de l'avion l'assommer ..

Jonathan regardait la demi-portion ingrate devant lui le "remerciait" et pour surprenant que ça ne puisse pas paraître, ces excuses n'étaient du tout à son goût. Voyez, le chat est un animal ingrat mais qui n'aime pas forcément les autres ingrats. Question de pratique bien entendu. Il la regardait monter sur ses grands chevaux pas bien loin de se la mimer avec sa main gauche en levant les yeux au ciel. Il aurait fait un doubleur parfait: blablabla... Ca lui apprendrait à sauver des filles tiens. La prochaine fois qu'il verrait une fille dans la merde et ben... il la laisserait dans la merde.
Jonathan s'impatientait un peu, avec son air de matou offusqué. Contrairement à elle, il était plutôt élancé, sans toute parce qu'il travaillait la souplesse de son corps et sa force physique plus que la moyenne vu ses activités.

« Mais j'suis pas aussi bête que j'en ai l'air ! J'me doute que tu ne m'as aidé que parce que tu avais l'air aussi suspect que moi ! En plus tu mens mal, excuse moi de te le dire...
- Alors là excuse moi mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité...
- Parce que le type qu'à rien dans ses poches il essaie pas de se défendre !
- Et quand est-ce que j'ai essayé de me défendre?! »

En gros vous vous imaginez bien le tableau. Deux gamins sur un pont en train de se bouffer le nez et bien sûr pas un pour écouter l'autre. D'ordinaire John avait un don pour snober les gens et faire abstraction mais là c'était quand même difficile. Au bout d'un moment Jonathan se dit que c'était la hauteur qui la mettait dans un état pareil.

« Bon okay j'ai des trucs dans mes poches. T'es contente?... », finit-il parla lâcher à bout de patience,« je vois pas bien à quoi ça t'avance de le savoir de toute manière... » ajouta-t-il comme pour ne pas avoir totalement perdu la face au sujet de ces poches.

Au moment où il disait ça, il y eut un bruit mate sur la poutre d'acier du pont, juste derrière la fille, comme si quelque chose venait de tomber. Ce n'était qu'un chat, en fait c'était même le chat de Jonathan. Midnight. Allez savoir comment il avait pu arriver là... quoiqu'il en soit le joli mau égyptien avançait vers Avalon, l'air d'avoir comme une idée en tête.

Non mais fallait la comprendre ! Elle se sentait aussi mal à l'aise que le petit maïs blonduel qu'on avait oublié au fond de la conserve pour faire la salade ! D'ailleurs en pensant à ça, son estomac émit un étrange bruit, entre le cri d'un ogre affamé et des cris humains qu'on étouffaient sous un oreiller. Pressant ses bras autour, réalisant qu'elle n'avait pas petit déjeuner ce matin, pour se rendre vite sur les lieux de son méfait, elle esquissa un demi sourire gêné. C'était sa faute, mais en les heures de pointe à la gare se trouvait être tôt le matin, et il n'y avait pas meilleur moment de la journée pour escroquer un maximum. Pour relativiser, elle s'imagina que ce repas sauté l'aiderait à perdre ses petits kilos en trop, mais elle n'y croyait pas trop étant donné qu'elle avait toujours été un peu ronde et que même prendre ses jambes à son cou ne l'aidait pas .. Mais n'allez pas croire qu'elle était comme les adolescentes de son âge qui cherchaient à tout prix un moyen de maigrir, quitte à finir par l'anorexie. Le problème d'Avalon, c'était qu'elle aimait manger, et particulièrement les pâtisseries. Ce qui était un véritable soucis puisque parfois elle dépensait l'argent économisé en cochonneries. Mais revenons à nos moutons, ou nos chatons dans ce cas précis.
Posant enfin un regard plus scrutateur sur le jeune homme, Ava' remarqua enfin sa silhouette étrangement élancée, comme .. un chat tiens. Il devait être très souple et les images que dévoilèrent cette idée la firent rougir si violemment, qu'elle leva les yeux au ciel comme pour observer un vol d'oiseaux .. A un détails près de rien du tout; il n'y avait pas d'oiseaux.
Bablette ! Quelle idée de penser à des trucs pareils ! Se hurla-t-elle, alors que ses cheveux prenaient bientôt une teinte rose malabar. Ah non, elle n'aimait pas le rose ! Reprenant le contrôle de ses pensées un brin zinzin et déplacées, elle inspira un bon coup et fit semblant d'écouter l'autre se défendre de s'être défendu à un moment donné, si bien qu'elle, elle osa lever la main et l'imiter, tout en lâchant un lent
Nul doute qu'il allait soit essayer de l'étrangler, soit avoir un grand contrôle de soi. Oh et puis zut de crotte ! Elle baissa les bras en gonflant les joues pour hausser les épaules et finalement lever l'index et ouvrir la bouche pour dire quelque chose .. Sauf que rien ne sortit. Pas qu'Ava' ne se souvenait plus de ce qu'elle voulait dire, mais parce que le garçon venait d'avouer qu'elle avait raison ! HAHA ! Sherlock allait pas tarder à l'appeler pour la prendre comme assistante à la place de Watson, quoi que si Watson ressemblait vraiment à Jude Law dans ce film moldu, elle préférait fuir avec .. Bien que l'acteur qui faisait Sherlock .. Mais elle secoua à nouveau la tête, s'avouant tristement que son « sauveur » n'avait pas grand chose à voir avec un beau Robert Downey Jr. Transpironnant, pas grave, elle ferait avec.
Remarquez avec quelle talent elle évitait de devoir dire sincèrement merci. Même si elle savait pertinemment qu'elle lui devait et des excuses et des remerciements. La fierté peut être ? Non, elle possédait toute sorte de défauts mais pas celui-là, disons juste que l'altitude n'aidait pas au bon fonctionnement de ses neurones.
Et soudain, un bruit mat retentit derrière elle, et avant même de voir ce que c'était, Ava' avait pratiquement sauté sur le garçon, non sans un léger cri de surprise. S'agrippant au jeune homme, elle réalisa son geste et se détacha brusquement dans un haussement d'épaule pour regarder le coupable; un chat. Dieu soit loué, elle avait eu peur de voir apparaître des aurors venu les arrêter et les enfermer à Azkaban, peut être même les donner en pâture aux détraqueurs pour qu'ils les tuent ! Non ! Elle était trop jeune pour mourir ! Bien qu'en se détachant de l'adolescent, elle avait reculé un peu vite et que son pied droit n'avait plus comme appui, que le vide. Ouvrant de grands yeux, elle bougea les bras pour brasser l'air, paniquant à souhait si bien que ses cheveux ne cessèrent de changer de couleurs sans s'arrêter sur une en particulier.

« Et blah .. et blah .. et blah .. »

Jonathan leva les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'elle était chiante cette fille. Curieusement, en général c'était typiquement ce genre de fille qui lui plaisait mais là elle réussissait l'exploit de l'énerver tellement qu'il n'avait pas le loisir de se poser la question. Lui aurait-elle plu ou non dans d'autres circonstances... ça vous ne le saurez que... dans d'autres circonstances. Il pencha la tête sur le côté, affichant un air ennuyé au possible. Il allait même feindre de bailler quand il repéra comme une ampoule au dessus de la tête de la jolie voleuse. Hallellujah elle venait de se rendre compte qu'il avait céder un pouce de terrain, juste pour ne pas manquer au code du gentleman qu'il se faisait un devoir d'être.

« T'as raison, ça m'avance à rien. Bien qu'il paraît que les gens qui ont quelque chose à cacher s'aide entre eux. Comme les tueurs .. Les espions .. Les agents doubles .. Les amants .. Ou les voleurs tiens. Mais je ne juge pas, ce serait hypocrite. »
« Tout à fait. »

Il ne pouvait pas non plus céder sur tout. Cela dit son petit cerveau de félin avait quand même retenu quelque chose, une possibilité de conclusion tout à fait honorable, du moins pour aujourd'hui.

« Ahem... je ne suis pas un assassin, ni un espion, encore moins un agent double et visiblement toi non plus... cela dit... je ne suis pas contre l'idée de s'entre-aider. Enfin... ça supposerait que nous soyons parfaitement honnêtes l'un envers l'autre. » ce qui n'allait sans doute pas se produire... du moins...

Peut-être pas sur l'instant. D'ailleurs l'arrivée impromptue de Midnight coupa court à la discussion. Si visiblement Jonathan était toujours content de voir la minette débarquer à l'improviste (ça lui tirait toujours un sourire de chat), ce n'était pas forcément le cas de la demoiselle perchée sur le pont de Londres avec lui. Non mais le pont de Londres: qu'est-ce qui lui avait pris de transplaner là avec une inconnue. Surtout qu'il savait très bien qu'une personne sur deux avait le vertige. Mais passons. Elle lui sautait littéralement dans les bras - de détresse hein ne vous méprenez pas - alors lui bien sûr, réflexe numéro un, il passait son bras autour de sa taille mais non... décidément cette fille... la pauvre avait pratiquement bondi en arrière. Pendant une seconde John se demanda si c'était lui qui était repoussant à ce point. Quelle question: bien sûr que non. Et ne venez pas lui parler d'égo sur-dimensionné.
Il ne lui fallut vraiment qu'un rien de temps pour rattraper la jeune fille qui ne semblait pas loin de lui faire le saut de l'ange. Il n'y réfléchit pas vraiment à la vérité, tout ce qu'il voyait s'était qu'elle agitait les bras et que ses cheveux en passaient par toutes les couleurs alors il la ramena d'un seul geste dos contre lui, en passant un bras autour de sa taille:

« C'est peut-être un peu haut pour sauter non? »

Il recula de quelques pas, la gardant contre lui. Mais il la libéra dès qu'ils se retrouvèrent suffisamment loin du bord.

« Bon. Disons que je te ramène en bas, je n'irais pas te balancer, en échange de quoi tu ne me balances pas non plus. Marché conclu? »

Une emmerdeuse ! Elle était une emmerdeuse et pire que tout, elle le réalisait au fur et à mesure qu'elle agressait le pauvre garçon. Elle se transformait en ce genre de filles qui l'horripilaient mais elle n'arrivait même pas à s'arrêter, à croire que son cerveau recevait tellement d'informations à la fois qu'elle ne trouvait pas le moyen de les étudier avant de déverser son flot de paroles agaçant !
C'était sans doute la hauteur, bien qu'en réalité Ava' n'était pas sujette aux vertiges, du moins pas quand elle avait le temps de s'y préparer psychologiquement. Prenait la Tour Eiffel, quand elle vivait en France et qu'elle passait ses vacances à Paris. Il lui avait fallut deux semaines avant de trouver la force de grimper en haut, deux semaines où elle avait étudié l'infrastructure, le sens du vent, la solidité des matériaux et des ascenseurs. Et seulement après ces deux semaines à passer devant le monument, elle avait finalement osé grimper – en prenant les escaliers puisque l'ascenseur ne lui inspirait pas confiance -. Alors imaginez la scène de l'instant. Elle se trouvait encore sur terre il y avait deux minutes et voilà qu'en clignant des yeux, elle se baladait sur le sommet d'une des tours du pont ! Elle n'avait pas eu le temps d'analyser, il lui fallait donc le temps de comprendre et de se rassurer, mais l'autre ne l'avait sans doute pas piger.. Surtout qu'elle ne lui avait pas donné l'occasion de comprendre.
C'était une des raisons qui la poussée à parler autant et aussi vite et à étaler ses idées un peu saugrenues pour expliquer ce qui avait poussé le jeune homme à l'aider. Des amants ? HAHA ! L'idée manqua de la faire mourir de rire alors que son « sauveur » prenait à nouveau la parole pour répondre à ses suppositions. C'était pas un espion ni un agent double ? Dommage, elle l'aurait bien vu vêtu à la James Bond, entouré de minettes à tuer des méchants.. Mais ça, c'était un problème d'imagination trop débordante.
Et là .. Elle perdit le fil. S'entraider ? C'était elle qui avait émit cette idée ? Quand ? Comment ? Ava' haussa un sourcil mais n'eut donc pas le temps de répondre que le chat la surprenait et qu'elle perdait pied. Elle n'avait pas peur des chats, elle n'aimait juste pas les surprises et celle-ci battait les records .. Bha oui, comment ce chat était il monté jusqu'ici ? Elle voulait bien croire que les félins étaient agiles et sautés haut, mais il y avait tout de même des limites non ?
Mais malheureusement, elle n'eut pas le temps de mettre les mots sur sa surprise qu'elle s'éloignait du garçon dans les bras duquel elle s'était quasiment jetée avant de reculer et de manquer de perdre l'équilibre, ses cheveux prenant différentes teintes à la minute.
Fort heureusement, on la rattrapa et elle s'agrippa – toutes griffes sorties – au bras du jeune homme contre qui elle se retrouva en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire ouf. Les yeux écarquillés, elle sentit son coeur battre si vite qu'elle l'imaginait sauter hors de sa poitrine avec ses valises et se tirer aux Bahamas ! Le bras autour de sa taille ne la dérangea pas vraiment puisqu'elle s'y agrippait de toutes ses forces, le palpitant lui broyant la cage thoracique alors qu'elle reprenait son souffle, suffocante. En revanche, ses cheveux étaient désormais multicolores, des mèches de différentes couleurs décorant son crâne à la peau blêmit par la peur panique.

Faisant un grand travail sur soi, Ava' réussit à reprendre un calme complet, ses cheveux redevenant blond blé, malgré une ou deux mèches qui avaient gardé une couleur arc-en-ciel bien que plus pâle. Se frottant le visage, elle rouvrit les yeux et observa le chat qui avait manqué de la faire mourir et sourit, enfin un vrai sourire amical. Sourire qui changea brusquement en expression de surprise à la remarque de son vis-à-vis.

« Deux fois que tu me sauves quand même, faudrait pas que ça devienne une habitude.»
« Ca pourrait oui...»

Il laissait sans le vouloir planer dans son ton de voix la mélodie de sa propre réflexion. Les chats sont souvent solitaires mais il arrive parfois qu'ils aillent s'entourer d'autres chats. Devenir amis? Il ne savait pas encore. Il ne pouvait pas dire non plus ce qu'elle en penserait et il était beaucoup trop fier pour poser la question (comme si c'était le genre de question qui se posait en plus). Il verrait bien. Il restait ouvert à l'idée.
En attendant il la relâchait sans brusquerie, lui laissant le loisir de trouver un moyen de se calmer plus efficace. Lentement la jeune fille retrouva sa couleur naturelle, où du moins la couleur que John aimait le mieux ce qui, je vous l'accorde, n'était pas du tout la même chose. Au demeurant ça avait l'air d'être sa couleur naturelle.

« Bon. Disons que je te ramène en bas, je n'irais pas te balancer, en échange de quoi tu ne me balances pas non plus. Marché conclu? »
« Quelle idée ! Comme si j'allais te balancer ! »

Il haussa les épaules avec un demi-sourire de chat qui lui allait bien dans le fond.

« Hey, j'en sais rien moi. »
« Mais je veux bien redescendre sur terre, si ça t'embête pas X-Man ! »
« Jonathan. Et toi? »

Demanda-t-il en offrant sa main pour transplaner se doutant bien qu'elle n'allait pas apprécier qu'il l'attrape par le col. Et puis c'était un gentleman, il évitait autant que possible de mal se conduire avec la gente féminine. Il commençait à y avoir une brise fraîche qui courrait sur les toits de Londres. Midnight miaula, leur tournant le dos comme si elle avait décidé qu'elle rentrait toute seule (ce qu'elle allait faire à coup sûr). C'était donc le meilleur moment pour redescendre. Avec un peu de chance cette rencontre impromptue ne restera pas qu'un souvenir amusant...

« Et bien tu le sais. Je ne te balancerais pas. C'est mon premier acte pour te remercier. Garder le silence. En revanche, je sais pas comment te remercier pour le second secours. »

Jonathan regardait cette drôle de fille avec un demi-sourire de chat. Il finit tout de même par lui donner son nom en retour de quoi elle lui donna le sien. Avalon. Il avait une bonne mémoire et puis ce n'était pas si courant comme prénom. Il s'en rappellerait sans problème. Suivant les instructions qu'elle lui donnait il transplana sans prévenir et ils se retrouvèrent dans un coin du chemin de travers, pas non plus au milieu de la foule mais bien les pieds sur terre.

« Et voilà. Madame est arrivée et en un seul morceau. »

Quelque part il se disait que s'il partait comme ça, comme un voleur, leur collaboration s'arrêterait là ce qui aurait pu le débarrasser de toute raison de s'en faire, de s'inquiéter pour quelqu'un d'autre que lui ou pire encore de s'inquiéter pour lui même. C'est bien connu, plus on est de fous, plus on a de soucis. Le truc c'était que ça ne le dérangeait pas tant que ça dans le fond. Avoir un genre de co-équipier ou simplement de vis-à-vis dans ce qu'il faisait. Il n'était pas entièrement solitaire il fallait bien l'avouer.
Il glissa sa main dans sa poche et en sortit un gros gallions. Un truc que les gars de sortilèges et enchantements lui avaient appris. Il donna un coup de baguette dessus et le tendit à Avalon:

« Au cas où tu sois coincée dans un arbre et que tu n'arrives plus à redescendre... » , fit-il avec un petit clin d'oeil sans donner plus d'explication.

Sur le gallion il y avait un chat qui semblait mener sa petite vie tranquille sans trop se soucier d'Avalon ni de Jonathan d'ailleurs. Au moins elle ne pourrait pas le confondre avec les gallions qu'elle extorquait aux gens. A la seconde où la pièce se trouva dans la main d'Avalon, Jonathan disparut dans un crac sonore. C'est son sourire qui s'effaça en dernier d'ailleurs.