«
Anthéa ? Tu veux vraiment l’appeler comme ta mère, la vieille harpie ? »
«
Excuse-moi mais c’est déjà mieux que Lucila ! Tu crois vraiment que c’est en l’appelant comme ça que tes origines italiennes ressortiront sur sa fille ? Laisse-moi rire ! »
«
Lucila Mallow, c’est très joli d’abord. »
Ambre fait un pas sur le côté avant de laisser un puissant rugissement franchir la barrière de ses lèvres. C’était une bêtise de tomber enceinte tellement tôt, dix-huit ans, et lui dix-neuf … Non, mauvaise idée. Le couple est encore très fragile, elle arrive à le sentir dans leurs regards et la façon qu’ils ont de se parler.
«
Ce sera Anthéa, c’est tout. On peut lui mettre Lucila en deuxième prénom. »
«
Fais ta tête de mule, moi je l’appellerais Lucila qu’il te plaise ou non ! »
Elle lui lance un regard noir et s’éloigne pour s’allonger, loin d’elle l’envie d’aller dans l’une de ces cliniques magiques qui vous donnent des potions écœurantes. Non. Les vieux remèdes de grand-mère, ça marche toujours. Enfin c’est ce qu’elle pense. Fraîchement sortit de Beauxbâtons, elle a vu sa carrière stoppé d’un coup par cette grossesse. Mince, elle n’aurait jamais du tomber sous le charme de ce foutu anglais.
«
Et on l’inscrira à Poudlard ! J’en ai marre de cette école de pète-plus-haut-que-leurs-culs ! »
«
Et ça recommence » marmonne Ambre, allongée sur le canapé.
C’est toujours la même histoire, l’un se bat pour la France, alors que l’autre se bat pour l’Angleterre. C’est génial, croyez le. Et bien sûr, ça part toujours en dispute, mais la jeune fille a toujours voulu que ce soit son enfant qui choisisse où il voulait aller… Déjà, laissons-le faire l’école des Petits Sorciers, après on verra. Laissons le naître aussi, ça serait bien…
Elle est étrange cette Anthea, tout le monde le dit. Elle a le droit de venir à l’école habillé avec des robes de princesses, coiffés toujours impeccablement et peut avoir tout ce qu’elle veut. Sa mère en est dingue, elle aime sa fille comme jamais, et est prête à se plier à tout ses désirs, à s’imposer contre son mari juste pour lui faire plaisir.
«
Anthea, pourquoi tu portes cette robe ? »
La petite tourne vers lui ses grands yeux verts et elle attend, elle analyse la question. Pour elle c’est normal de porter aujourd’hui une robe rose, bouffante, avec des manches gonflées.
«
Parce que je suis Ariel. »
«
Ariel ? »
«
Oui. C’est une princesse de Disney. »
«
Disney ? C’est quoi ça ? On ne connait pas. »
Effarement. Ils ne connaissent pas les Disney dans le monde des Sorciers ? C’est pas possible, c’est une blague. Les larmes aux yeux, la petite princesse se tourne vers sa mère qui commence à s’éloigner. Elle la rattrape en courant, en pleurs surtout, et enlace ses bras autour de ses jambes.
«
Maman, ramène-moi à la maison, s’il te plait ! »
Crise. Mais Ambre ne résiste pas longtemps et la prend avec elle pour retourner à la maison… Elle ne peut pas la laisser pleurer comme ça, surtout pour une histoire de dessins animés. Impossible, elle serait trop malheureuse, sa jolie Anthea.
Anthea a des longs cheveux bruns et des yeux légèrement clairs, elle est belle et les autres filles la détestent un peu pour ça. Et puis surtout parce qu’elle est vraiment bizarre, elle ne connaît pas les mêmes choses que les autres, elle sourit tout le temps et envoi un peu balader les règles de bienséance, elle aime juste s’amuser. Quatorze ans. Certains la pensent dingue, d’autres l’aiment bien mais ne l’avouent pas et bien sûr, il y a ceux qui ne l’aiment pas…
«
Je me demande bien comment tes parents ont pu payer l’école Mallow, tu n’as même pas de quoi t’acheter des habits neufs. »
Apparemment, le vouvoiement n’était plus lorsqu’on prenait quelqu’un en victime. La concernée se contente de hausser les épaules et de sourire légèrement, elle ne cherche pas à comprendre en faite… Elle rêve au prince charmant, comme d’habitude.
«
En plus ton sang n’est pas pur, et tu te comporte presque comme l’un de ses Moldus, tu n’as pas honte ? »
«
Non, c’est ma mère qui m’a donné cet amour, je ne vois pas ce que ça peut vous faire. »
Elle ne comprend pas derrière son épaisse frange brune, et elle fronce un peu les sourcils. Le groupe de filles ricane, elles sont toutes plus âgés qu’Anthea, et le chef de la bande est la seule à parler.
«
On va te montrer ce que ça fait, d’accord ? »
Elles sortent chacune leurs baguettes et les pointent sur la brune qui se rend compte que si elles lancent toute un sort en même temps, elle est mal. Vraiment mal. Mais juste au moment une voix retentit derrière elle.
«
Laissez-la tranquille. »
Le ton est calme mais sûr et lorsqu’Anthea voit l’effroi passer dans le regard des filles, elle comprend : un plus friqué qu’elles. C’était ça la loi de leur école. Géniale, non ? Et lorsque la fille Mallow se retourne, elle peut voir alors Klaus Adler marcher vers elle, un sourire aux lèvres. Beuh. Il ne ressemble pas vraiment à l’image qu’elle s’était faite du Richard en question, non, il ressemblait plutôt à un Prince Charmant. Elle se sent un peu rougir et lorsqu’il arrive à ses côtés elle se contente de balbutier.
«
M… Merci. »
«
C’est trop dur pour une fille de quinze ans de voir ça… »
«
Elle voulait venir. »
«
Tu n’as jamais été assez fort… »
Anthea entend des bribes de conversations, mais elle fait comme s’il n’existait pas. Assise à l’extérieur, elle a sa tête légèrement baissé et sa cascade de cheveux blonds lui cache une partie du visage. Ses yeux sont fatigués d’avoir trop pleuré, et elle se sent vide. Elle a peur, terriblement peur, elle se mord la lèvre et se balance d’avant en arrière… Ca ne peut pas être possible.
«
Quand… je ne serais plus là… j’aimerais que tu retournes en Angleterre et l’inscrit à Poudlard. »
«
Je ferais tout ce que tu veux. »
«
Arrêtes de l’appeler Lou aussi, appelle la Anthea. »
Et la concernée pleure silencieusement dans le couloir, ses poings se serrent, et elle entend son père rire nerveusement. Il lui promet. Puis il l’appelle pour qu’elle vienne voir sa mère une dernière fois… Lorsqu’elle entre dans la chambre, le visage d’Ambre est atrocement fatigué, et elle a un pâle sourire. Il ne lui reste que quelque heure à vivre d’après le médecin, mais Anthea espère secrètement qu’elle puisse retourner à la maison un jour. Elle le veut tellement. Ca se passera de toute manière, comme dans les Disney. Elle s’approche de sa mère comme dans un rêve, l’enlace et lui pose un baiser sur le front.
«
Je t’aime Anthea. »
«
Je t’aime aussi Maman. »
Sa voix tremble et elle se retient de pleurer face à sa mère, elle est forte, elle lui a promit avant son départ à l’hôpital. D’un coup sa mère la repousse, fait signe à son père de l’amener dehors et à peine a-t-elle fait un pas en dehors de la chambre qu’elle entend des bruits de vomissement provenant de l’intérieur. Oh, Maman…
Voila maintenant un an et demi qu’elle ère, comme aujourd’hui, dans l’un des nombreux couloirs de Poudlard. Ici, on fait moins attention à son style et à ses problèmes d’argents, on ne la questionne pas sur sa famille et tout va pour le mieux. Elle aime les Disney ? Qu’on laisse cette folle faire, elle ne fait pas de mal après tout ! Malheureusement, elle se sent plutôt seule ici.
«
Miss Mallow ? »
Elle sursaute, la jeune française en avait oublié le directeur face à elle. C’était l’année des ASPICS et elle avait formulé le souhait d’aller en métamorphose l’année d’après, en étude supérieure.
«
Etes-vous sûre de votre choix ? »
«
Tout à fait. » Répond Anthea d’un ton nerveux. «
Je suis entrain d’apprendre à me transformer en animagus. »
«
En animagus ? »
«
Louve. »
Le directeur hausse un sourcil, observe le blason bleu et argent de la jeune fille et fini par pousser un soupir. Le Choixpeau ne se trompait pas.
«
J’attends de voir ça avec impatience alors, Miss. »
«
Je vous remercie. »
«
Où voulez-vous aller ? »
«
Poudlard. »
«
Vous visez haut… »
Le professeur hausse un sourcil en observant le regard déterminé de la blonde face à elle. Celle-ci ne se laisse pas démonté aussi facilement et elle se contente de lui sourire avant de hausser les épaules et de lui donner un bulletin.
«
J’ai de quoi. »
Elle est fière, Anthea, elle n’a pas à parler là d’argent comme tout les autres, mais plutôt de ses excellents résultats. C’est pour elle un maître mot que de réussir dans sa filière, d’avoir des résultats excellents, et comme ça son père sera fier.
«
C’est vrai que vos résultats sont excellents… »
«
J’aimerais faire mon stage à Poudlard, alors. »
«
Mhh… Stagiaire en métamorphose ? Votre forme animagus vous avantages, par la même occasion, et comme vous avez étudiez là-bas… »
Un sourire de la part d’Anthea. Bien sûr, elle arrive à la convaincre, ça se voit, elle flanche déjà. Et finalement le professeur relève ses yeux vairons vers la jeune Mallow et pousse un soupir.
«
Je veux bien vous l’accordez mais vous êtes réellement une exception, c’est une école très réputé. »
Elle le sait, et elle ne peut s’empêcher de sauter de joie, heureuse qu’elle est. Retourner à Poudlard… Elle va se sentir un peu comme chez elle, moins perdue, et surtout comme une bienheureuse en tant que stagiaire.