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| Flesh is flesh, heart is an another thing. | |
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Abaddon M. Van HellsingPROFESSEUR de sortilège. ► Dr de Serd. & Adjointe
► MESSAGES : 181 Ven 29 Oct - 23:42 |
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| Il pleut aujourd'hui, mais le ciel est noir, et rien ne viendra le marbrer. C'est encore un jour où l'eau et la neige se mêlent pour ne former plus qu'un étrange mélange dans les cieux sans air. Il fait froid, mais ce n'est pas le vent. C'est le temps. C'est le coeur de la terre qui ne bats plus. Quelle genre de femme est-elle pour laisser faire sans un mot? Une folle. Elle ne tourne plus rond maintenant. Elle finira par exploser. Dans la ruelle vide, une voiture se gare et une tête blonde en sort. Tout autour d'elle, les gouttes d'eau glissent le long d'un bouclier invisible. Il faut bien qu'elle évite ce contact, parce que sinon, c'est une luciole bleue électrique qui sera là, à attendre le beau vampyr. Dans la voiture, il y a Abaddon, l'alchimiste, qui attends. Il est bien calme. Il attends, caché dans l'obscurité des sièges, bien à l'abri. Ce n'est pas un planqué, non, mais il est bien au chaud, et il sait que lorsqu'un homonculus est raté, un frère ou une sœur ne ramasse que les miettes d'une âme. Ce n'est jamais vraiment beau. Son père le lui a souvent répété. Il est interdit depuis 1950 environ de créer ce genre de petite créature, parce qu'on sait à présent les ravages que ça fait, mais aussi les monstres que ça fait. C'est il y a soixante ans qu'une cohorte d'alchimiste s'étaient levés contre cette création, cette aberration de la vie humaine. Quoi de plus laid que de ce prendre pour Dieu? Abaddon n'est pas de ces hommes. Abaddon ne l'a jamais été en réalité. Il est comme son père, jusque dans le moindre trait, et il sait déjà que Salomon ne sera que sa triste réplique. Pourquoi? Mais parce qu'il est ainsi, son jeune fils, parce qu'il est magnifique, mais qu'il n'est qu'une prolongation de son sang, parce qu'il n'est qu'un possible clone génétique. Mais Abaddon vivait avec cette idée, et il savait que toutes les créatures qui naitraient de son sang ou de son don ne saurait qu'un être comme lui, ou presque. Une prolongation de son âme, en de simples mots. Mitthrä, elle, elle était lire et farouche derrière ses mèches blondes sèches. Elle avait le pouvoir des eaux, pas qu'elle était djinn ou une sorte d'élémentaire monstrueux, mais elle était née dans les profondeurs du monde, sous l'œil bienveillant de leur dieux qui avait fini par les sacrifier, pour punir l'audace du Phénix. Mitthrä, sur le trottoir, attendait. Le regard clair à cause de cette odeur qui s'imprégnait sur le sol, à cause de ce fluide, à cause de tout, mais pourtant bien concentrée. Elle attends quelque chose. Non. Plus que ça : elle attends quelqu'un. | |
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The Changelin'PR. AZAEL VAN HELLSING ► Histoire de la Magie
► MESSAGES : 1431 Sam 30 Oct - 0:28 |
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| Dehors il pleut. Ca n'aurait pas été un problème en soit, s'il n'y avait elle n'avait pas été là. Etrangement là dans son absence. Elle ne comprend pas. Elle sent qu'il se passe quelque chose. Il est là ce visage familier devant elle, les traits bien réguliers. Rassurants et lisses. Mais elle n'identifie pas vraiment tout ça. Cela se passe sans son consentement, on ne peut même pas vraiment dire qu'elle soit simple spectatrice car pour être spectateur il faut être récepteur, il faut que quelque chose fasse sens, allume une connexion synaptique dans un cerveau éveillé. Quelque chose se passe. Le sol la quitte, ou bien c'est elle qui le quitte. C'est à cause de lui. Scar...
- Ssssss... scar? - Ssssh n'ait pas peur Mélisande. Il ne va rien se passer.
Bien sûr ça non plus ça ne fait pas sens. Ni les mots. Ni les faits. Ce ne sont que des sons et des sensations sans interprétations. Il ne va rien se passer mais il se passe quelque chose. Cela fait écho dans son cerveau. La sensation est familière. Il l'a déjà emmenée un millier de fois. Alors elle ne crie pas. Elle ne fait pas cette chose qui sort du plus profond d'elle et lui déchire la gorge parce que quelque chose à frotter les connexions de son cerveau pour fabriquer une étincelle comme on frotterait deux silex pour allumer un feu. Tout se passe mais elle ne passe pas. Elle n'est pas vraiment là pour tout dire. Elle n'a même pas conscience de ne pas y être, il y a juste, par moment une étincelle, c'est bien cela, une étincelle de néant qui grouille avant de retomber au néant originel. Ca ne veut rien dire. Elle, ne veut rien dire. Dehors il pleut, et c'est un problème parce que la pluie c'est trop d'incohérence à son néant naturel. C'est le bruit, l'odeur, le toucher, l'aléatoire, le froid, l'humide, le collant, la vue... c'est beaucoup trop pour elle. Parfois c'est tellement de chose à la fois qu'elle s'enfonce un peu plus dans son rien pour ne plus exister du tout, d'autre fois c'est l'étincelle: elle hurle. Elle ne choisit pas. Elle n'en a pas conscience.
Cette fois là ce sont ses doigts d'enfant qui se sont enfoncés si profondément dans la nuque d'Alister, qu'ils ont plongés dans le chaud et le gluant du muscle. Plein de sang. Mais il n'y a eu aucune réaction pas une forme de rejet. Ils se déplacent. La ville défile sur les rétines amorphes de l'homonculus puis tout s'arrête d'un coup. Elle se crispe. Le changement l'effraye, quel qu'il soit. Ses doigts s'enfoncent un peu plus dans la chair du vampire.
- Nous y voilà, tu es toujours aussi déterminée Mitthrä? - Ssssss... Miiiiiiiiiiiiiii!! - Calme-toi, ce n'est rien, rien du tout.
Bien sûr elle ne comprend pas quand il se rapproche de Mitthrä et la serre entre eux deux. Doucement, sans geste brusque, elle passe d'un bras à l'autre mais la feinte est trop subtile pour elle. L'absence d'odeur d'Alister et son manque de chaleur propre aide aussi.
- Ne traîne pas avec elle dehors, elle t'enfoncerait les doigts dans la chair. La pluie la perturbe toujours.
Le ton de voix est neutre. C'est voulu. Il ne faut pas qu'elle ait le moindre soupçon et si elle manque ce qu"Alister murmure dans les pensées de Mitthrä, ce n'est pas parce qu'il a peur qu'elle comprenne, mais parce qu'il a besoin d'être plus naturel, de ne pas se bridé à ce point pour ne faire aucune vague. Mais pourtant, il vient un moment où elle conçoit qu'il est parti, qu'elle est abandonnée mais ce n'est pas aussi net dans sa tête. Alors elle se met à geindre ses petits miii miii, qui sont un début de quelque chose. A une étrangère ça aurait pu paraître des pleurs ces petits couinements, mais ça ne voulait strictement rien dire. Ce qui veut dire quelque chose ce sont ses hurlements stridents quand la portière se referme sur elle. Il fait chaud à l'intérieur, la pluie à disparu, il y a ce visage qu'elle ne connait pas et cette énergie familière qui l'horripile. Alors elle hurle. Elle hurle à leur en déchirer les tympans, le dos appuyé si fort contre la portière que quand on l'en délogera de force, elle en aura la marque dans le dos. | |
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Abaddon M. Van HellsingPROFESSEUR de sortilège. ► Dr de Serd. & Adjointe
► MESSAGES : 181 Sam 30 Oct - 1:39 |
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La blonde guerrière attends. Son regard est paralysant, comme du venin. Il ne fait ni peur, mais il ne donne pas envie de s'y attarder. Ce soir, elle joue gros. Elle le sait. Pas sa vie – ou presque – mais elle joue quelque chose d'immense. Elle le sait. Parce ce qu'à l'intérieur d'elle, il y a cette idée d'immensité qui grouille, qui lui tords les boyaux, impérieux et puissant. Quand elle le voit arriver, son regard s'allume un peu. Ni de panique, ni d'inquiétude. Il s'allume, juste. Ses pupilles sont uniques. À l'odeur de l'eau, ils deviennent aussi opaque que de l'encre bleu. Elle le fixe, et il est s'approche qu'elle voit bien que la petite créature qu'il tient – ni humaine ni monstrueuse en réalité – est perdue sans l'être. Mitthrä ne sait rien de ce qu'elle ressent, et elle sait que l'homme ne peut pas tout comprendre. Qu'il y a des sentiments qui échappent à tout le monde. Même au plus empathe des êtres.
« Nous y voilà, tu es toujours aussi déterminée Mitthrä? » « Je n'ai toujours eut qu'une parole. »
Sa voix est claire comme de l'eau de roche, claire et douce, une vaguelette au mieux. Elle s'approche de lui, mime ses mouvements pour recueillir la petite créature. Son regard, pourtant, un instant seulement, se perds sur le visage de Scar, le détaille, avant de reprendre son sérieux. C'est une dérive qu'elle se permets. Une dérive dont elle a besoin, mais qu'elle n'avouera pas. Pas aujourd'hui, ni demain. Qu'importe. Elle tient l'enfant, et il reste, pour l'habituer, pour ne pas lui faire peur. La petite créature pressent la chose. Elle sait ce qui l'attends. Elle le sait, mais ne l'a pas encore compris. Nuance d'un cerveau aux synapses éteints.
« Ne traîne pas avec elle dehors, elle t'enfoncerait les doigts dans la chair. La pluie la perturbe toujours. » « Je ferais de mon mieux. »
Un faible sourire sur les lèvres, Mitthrä arrache ce qui serait un boulet à la cheville d'Alister, un boulet dont on aurait pris grand soin, qu'on aurait choyé chaque jour de son être, et si il avait pesé bien souvent, dont on ne se serait jamais débarrassé. C'est un boulet aux cheveux sales et aux yeux éteints. Mitthrä a pitié, mais elle se doit d'être ferme, car ce n'est que le début. Finalement elle lui jette un dernier regard, qui est comme une promesse, et tourne le dos, l'enfant dans les bras. Elle avance jusqu'à la voiture, glisse à l'intérieur et y dépose la gamine qui se coince contre le siège, folle, qui hurle aussi. Mitthrä ne dit rien, referme la portière, et la voiture démarre, emmenant le trio vers un ailleurs plus certain, et qui sait – la clef de la normalité pour la petite chose apeurée. La voiture roule tranquillement. Enfin. Autant que possible, puisqu'avec les cris de la furie, on entends plus vraiment grand chose. On ne s'entend même plus penser. Abaddon ne cille pas. Mitthrä ne peut résister à l'envie de grimacer et de boucher ses oreilles. Elle n'est pas habituée. Elle a vécu dans le luxe du silence, de la chaleur d'un lit et d'une nature environnante. Le seul vacarme qui la met dans tous ses états, c'est le tonnerre qui gronde, qu'elle adore, puisqu'il est synonyme de tempête et de fracas de l'eau sur terre. Chez elle, il n'y avait pas de cris. Les derniers cris qu'elle a entendu étaient peut-être ceux des milliers d'Atlante qui fuyaient la mort de la citée. Elle ouvre les yeux, une lueur dans le fond de la rétine. Ils sont arrivés devant le Manoir Van Hellsing. Mitthrä est la première à sortir. Abaddon, lui, sort de la machine, mais s'y glisse à nouveau un moment pour en décoller la créature avec force, puisqu'elle s'agrippe et griffe. Elle peut bien enfoncer ses ongles dans sa chaire d'homme. Abaddon n'est pas un homme, et son sang vert noirâtre ne fera rien. Il coulera, puis s'arrêtera. Parce qu'il est comme ça, Abaddon. Il est « autre chose ». Ni un homme, ni vraiment un alchimiste. Mieux : il est alchimique. Il la soulève et la tient dans ses bras, comme une enfant ou une princesse, parce qu'elle est humaine, qu'elle n'est pas un singe, pas plus qu'elle n'est une créature repoussante. Lui, il voit ses traits d'enfants, un peu barbouillé de poussière, mais jamais touché par les années. Il sent également le vide sous ses mains. Il le ressent, parce que de cette gamine, on a laissé que l'enveloppe. On lui a tout enlevé. Il y une âme scellée à l'intérieur, mais elle est emprisonnée, par quelques réseaux scabreux. Il ne saurait décrire le travail comme il ne fait que la tenir dans ses bras, mais il en voit déjà l'ébauche minable. On ne devrait pas travailler sur l'homme, si c'est pour travailler ainsi. Il se mets en marche, la porte s'ouvre automatiquement à son approche. Mitthrä entre elle aussi, mais elle ne le suit pas. Elle ne peut pas assister à ça. Ni même ne veut. Parce qu'elle sait qu'elle tournera de l'œil, et qu'elle n'aime pas ces ambiances macabres. Elle a assez donné dans l'horreur. Elle tourne à droite, s'assoit dans le canapé et ouvre un livre. Elle l'abandonne avec son destin.
Abaddon ne s'arrête pas, lui. Il a une chose à faire. Une chose délicate à faire – mais il faut la faire. Il pousse la porte de la cave, descends les escaliers biscornus, étroits, et la porte se referme lentement derrière lui dans le cliquetis métallique. Fermée à clef. Au cas où. C'est dans cette cave qu'il a été retrouvé. Nourrisson, prêt du cadavre de ses deux parents. Un ultime sacrifice, afin que la forme originelle habite le corps du nourrisson mort-né. Il a un sourire narquois alors qu'il pose l'enfant sur la table. Il n'est pas brutale quand il lui attrape le poignet, mais il est ferme. Parce que s'il ne l'est pas, elle s'échappera, et qu'il y a mille moyens de se faire du mal ici. Que ce soit en cassant les fioles ou en mangeant ce qu'il ne faut pas manger. Il sangle ses bras et ses jambes sans un mot, avec lenteur et force. Elle lutte, hurle, plus fort, mais il ne l'écoute pas. Il fait abstraction de cette voix qui lui perce les tympans à les lui faire saigner – ou presque. Il attrape ses ciseaux et découpa les morceaux de tissu qui la recouvrait – haillons aurait été le mot, mais il avait trop de respect pour ça. Un tatouage dans la nuque, et un autre sur le coeur. Il grimaça un peu. Il avait la tête de l'homme qui découvre une mauvaise copie, ou encore que le boulot sur sa voiture a été mal fait. Sauf qu'il ne s'agissait ni d'une copie, ni d'une voiture, mais d'un être, qui avait vécu, qui avait eut des émotions. Qui avait eut atrocement mal. Il relie lentement le sceau qui est posé sur son coeur, puisqu'il note ici tout ce qu'il faut savoir de la jeune fille. De son âge jusqu'à son nom. Et toutes les choses qu'on a pu lui faire. Abaddon ferme les yeux, imagine la scène, et n'en tire qu'un dégoût profond. Finalement, ça n'a pas été un travail. Ça a été une boucherie. L'alchimiste tourne le dos finalement, laissant la gamine hurlait sur la table. Il pourrait ressembler à un pervers, à un fou aussi, mais il n'en est rien. Son arme à lui, c'est un peu de poudre violet et du zircon. Il entoure la table d'un cercle parfait, et commence, à l'intérieur, à déposer de la poudre un peu plus opaque et verte cette fois-ci. En forme de S. Puis il attrape une craie et trace des signes, des chiffres, des noms. Parfois même il dessine un symbole complexe, qui ressemble tantôt à un hiéroglyphe, tantôt à une lettre lycienne ou akkadienne. On ne s'y retrouve pas, mais lui, oui. Il y voit jusqu'au moindre détail. Ses gestes sont précis, cohérents, ordonnés. Il en dépose sa marque, ici et là, puis se relève, droit. Il tire d'une grande armoire des pousses de mandragore – la plante des pendus innocents – et dépose sur le sol de l'or et des bijoux. Au centre du cercle, il a dessiné un soleil à sept rayons. Un soleil en charbon noir. Pour le péché. Pour la douleur, aussi. Pour toutes ses choses qui font mal, mais qui constituent un homme. Plus loin, il y a des perles blanches. Pour le romantisme. Pour l'amour et le grand sentiment – parce qu'une femme doit pouvoir s'émouvoir et pleurer si elle le désire. À l'est, dans un énième cercle à la craie rouge, on trouve des rubis, pour le sang qui coule dans les veines, et pour qu'un jour elle puisse rougir. Dans un autre cercle, il y a des ambre et des oeils de tigre, pour une peau nette et claire, pour que sa chaire soit légère et tendre, pour qu'elle est l'aspect et la douleur des pêches. Il y a des dizaines de chose sur le sol, des centaines même. Il y en a pour de l'argent aussi. Mais Abaddon ne compte pas quand il dépose les nombreux bijoux sur le sol. À un moment il relève le nez, compte à nouveaux et découvre l'horreur : il manque ici un émeraude, ici il y a trop de rubis. Quel genre de monstre va t-il créer? Une femme à la peau verte et au sang noir? Non. Elle doit être parfaite. Oui, parfaite. Il sort une racine de belladone, pour qu'elle puisse s'énerver et piquer en retour, mais peu, parce qu'il ne faudrait pas en faire une tueuse. Autre part, il dessine trois abeilles, qui sont la force du travail, le symbole de la société mais également de la sociabilité. Elles donnent l'esprit ouvert et le pouvoir de l'union. Enfin, il disperse quelques opales et des saphirs dans un cercle qui est censé représenté l'âme. Le bleu est symbole de vertu et d'intelligence, de mémoire, de soif de connaissance. Il se redresse, recompte, encore et encore. Il y a passe bien trois heures, parce qu'au moindre faux pas, c'est la catastrophe. Depuis combien de temps est-il dans la cave? Il n'en sait rien. Le grimoire de son père dans les mains, il trace et retrace sur le sol à la craie rouge, bleue ou blanche, les signes qu'il fait et défait, selon son envie, selon son inspiration. Tantôt c'est mercure qui ne pardonne pas à jupiter d'être à ses côtés dans le cercle du coeur. Autre part, c'est vénus qui fait la nique à mars, parce qu'elle pense bien avoir le cercle de la sexualité à elle seule, cette terrible déesse. Partout, l'esprit n'est que contradiction, mais c'est bien connu : une âme équilibrée est celle qui est mitigée entre tous les sentiments. Quel plus bel amour que éros et thanatos? Quel plus beau baiser que celui qui est amoureux et fougueux à la fois? Abaddon passe sa journée à l'intérieur, et la nuit commence à tomber. Ça sera bientôt l'heure, mais il tourne autour du cercle, qui lui-même renferme et est entouré de nouveaux cercles. Combien y en a-t-il? Peut être vingt, peut être plus. Ils ont tous des noms. SPIRITUS est le plus grand de tous, et il prends place sous la table, englobant lui-même plusieurs petits cercles, comme l'EROS, comme le THANATOS. La colère et l'amour. La patience aussi. Et l'intellect. Important, pour une créature comme elle. Enfin, l'horloge sonne l'heure. Il lui reste deux petites heures. Et il ne lui reste qu'une chose à faire. Définir l'âge. Il pousse les portes de l'armoire dévalisé de ses trésors, et fouille, ici et là, mais ne trouve pas le dernier des ingrédients. Il tire les placards, les tiroirs, jusqu'à dénicher l'affaire, la dernière, la plus attendue. C'est à l'autre bout de la cave, coincé dans un petit calepin, qu'il trouve les coupes fraîches de quelques arbres. Il tourne les pages, et attrape un disque d'un chêne – qui donne en plus une santé de fer – et compte les cercles. Vingt deux ans. Abaddon relève le nez, compte dans sa tête. Cet homme, il n'en a vu que le profil, mais il ne doit pas être plus vieux que ça. Il hoche la tête pour lui, et finalement pose dans la partie « corps » le cercle de chêne là où son nom s'inscrit. Il se recule, avise à nouveau. L'heure tourne, mais il préfère prendre son temps que tout rater. Rater, ça serait la rendre pire. Ça serait le rendre muette, ça serait le rendre... non. Il n'y pense pas. Il se déplace dans la pièce, tire d'un coin de la pièce un lapin blanc et prends sur son établis un couteau fait dans le reste d'un éclair ayant frappé la terre. Il s'approche du cercle rouge, qui est relatif au corps, est tranche la gorge du lapin d'un geste vif. Le sang éclabousse le rond, qui rapidement se mets à briller. Le lapin se débats, mort mais les nerfs. On dit que c'est l'esprit qui cherche à s'échapper du corps alors, et il n'est pas étonnant de voir qu'une fumée rougeâtre sort de la gorge de la bête jusqu'au cercle. Il se retire, mets le lapin dans un petit carton, et sort un agneau qui pleur comme il a peur. Il connaît sa mort. On la connaît tous. Alors avec l'animal, Abaddon contourne le cercle et tranche la gorge de la bête. Le sang éclabousse le cercle bleu qui se mets également à briller. L'agneau pleur plus fort, puis s'éteint dans les bras de son tueur, finement abandonné. À nouveau l'alchimiste range la bête morte dans un carton et le referme, afin que la créature, une fois réveillée, ne la voit pas. Il se retourne. Il a assez de temps maintenant. C'est l'heure. Il inspire profondément, se dirige au niveau de sa tête, pose ses mains de chaque côté de sa tête et se concentre. Les cercles s'imbibent du sang animal et se mettent tous à briller. Les mains d'Abaddon brillent d'éclair vert qui prennent parfois l'apparence de serpents électriques. Il y a des étincelles, et la gamine peut sentir la brûlure, la douleur sur son visage. Abaddon, lui, ne veut pas voir. Il ferme les yeux et fronce les sourcils. Son toucher est chaud, voir même brûlant. Il inspire à nouveau, mais coupe sa respiration. Tout d'un coup, c'est la pièce entière qui brille d'éclairs verts fulgurants. On dirait qu'il y a quelque chose, un orage à l'intérieur de cette pièce, mais un orage vert. Les éclairs sont rapides, vifs, à forme de serpent qui entrent et ressortent du corps de la patiente, qui hurle, se tords de douleur, parce que ça fait mal. Très mal. Imaginez vos os qui craquent et qui poussent, votre cervelle qui se remets en route comme si de rien n'était. Tout cet attirail qui ne vous a pas servi depuis des siècles et qui, du jour au lendemain, de la seconde à une autre seconde, décide de se remettre en marche. Abaddon force à nouveau, mais cette fois-ci, des gouttes de sang perlent de son nez, abondamment sur le visage de la gamine. Mais il ne peut plus faire marche arrière. C'est maintenant, ou jamais. Un instant les éclairs sont tellement rapides, qu'on n'en voit plus qu'un unique. La réalité, c'est les serpents qui tournent autour de Mélisande, la saisissent et la broie. La chaleur est étouffante. La chaleur va les faire mourir. Ou est-ce les éclairs? Il n'en sait rien. Son esprit est déconnecté. Il est ailleurs. Le corps se transforme enfin. Il a bien grandi. Les jambes se sont agrandies en de longues gambettes de femme. Le plus frappant est la poitrine qui a poussé en deux seins fermes, de jeune fille. Les cheveux ont poussé, plus long. Trop long. Les cils. Ce corps n'est plus celui d'une enfant de sept ans, mais de vingt ans. Il en a les formes, la féminité. Il en a tous les atouts. Et quand Abaddon décolle ses mains de la tête de Mélisande, elle pousse quelques hurlements humains, qui ressemble à des « ah » de douleur, et s'évanouit. Sur son coeur, il y a le sceau de l'homme, et à l'intérieur, il y a un serpent qui s'y est gravé. Le serpent vert, qui entoure sagement le sceau. Le serpent sera désormais le gardien de ce coeur. Il est celui qui lui a donné la vie. Il sera celui qui la gardera ainsi. Abaddon se recule, un pas, vacillant tout d'abord. Il ne sait plus vraiment où il se trouve. Il inspecte, de tous les côtés, inspire, reprends sa respiration. Il regarde cette créature, qui est la sienne dans le fond, mais... Un doute subsiste. Est-elle normale? Il ne peut rien affirmer, rien dire, et il n'a pas le temps. Il le sait. Il enlève les sangles qui ont serré un peu trop fort les nouveaux poignets, toujours très fins mais plus adultes, de la jeune femme. Il enlève sa veste encore chaude des éclairs et la pose sur elle, la tire de sur la table et monte les escaliers avec elle dans les bras, jusqu'au salon.
Mitthrä se lève aussitôt. Elle regarde ce corps, stupéfaite. Est-elle... ? La question ne se pose pas. Ce visage est semblable. Pas identique, mais on la reconnaît aussitôt. On ne peut pas se tromper. Abaddon la regarde. Elle sait ce qu'il veut : des vêtements. Mitthrä disparaît aussitôt, les laissant tous les deux. Il est partit chercher un verre d'eau fraîche et du pain. Il revient dans le petit salon, où l'endormie se remets. Ce corps est vivant, à nouveau. Il ressent le froid, la douleur, et l'assimile. Comme il assimile la peine, l'amour, la joie. Abaddon s'assoit sur un tabouret, juste devant elle, et la guette. Il se demande juste s'il a réussi. Si cette femme saigne rouge, et qu'elle a les yeux bleus.
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The Changelin'PR. AZAEL VAN HELLSING ► Histoire de la Magie
► MESSAGES : 1431 Sam 30 Oct - 14:33 |
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| Il n'y a pas de mot pour décrire l'incohérence. Dans l'incohérence le fait même d'exister relève de l'absurde et ce n'est pas cette petite enveloppe de fillette qui témoignera contre cette idée. Elle ne pense pas. Donc elle n'est pas. Elle n'a pas conscience de sa propre existence seulement des agressions. Et ce visage qui ne correspond à rien est en soi une agression. Alors imaginez un peu ce que cela donne si on essaye de la sortir de la sécurité dérisoire que représente l'habitacle d'une voiture. Imaginez ces petits doigts qui ne serrent que parce qu'on les serre, les hurlements de l'enfant qui griffe et se débat. Son corps n'a plus dépensé autant d'énergie depuis des lustres. C'est beaucoup trop de nouveauté. Ici, ces bras là, elle ne les connait pas. Cette force là non plus elle n'y est pas habituée. Elle réveille dans son cerveau des unités de sens diffuses, des ombres de cauchemars et pourtant ça ne fait que commencer. Sa voix enrouée d'avoir trop crier appelle le nom d'Alister mais c'est Mitthrä qu'elle regarde avec d'immenses yeux bleus désespérés. Immenses comme l'infini. Si elle avait eu plus de force dans son corps d'enfant, elle aurait brisé la nuque de l'alchimiste sans même comprendre. Au cliquetis de fer de la porte, son cerveau s'affole. Ils descendent, l'horreur remonte avec ses arrières goûts de poussière et de vieux parchemin. L'odeur de l'encre lui brûle le nez ou alors ne fait-elle que l'imaginer. Les sangles lui paraissent une strangulation. Elle se rappelle même si ça ne veut toujours rien dire. L'éclat d'argent des ciseau est l'éclat terne du scalpel. La scène se rejoue parfaitement. Et dans les ombres et les formes, elle revoit l'amoncellement de corps désarticulés et puants dans lequel elle a bien dû passer deux semaines sans vraiment mourir, sans vraiment vivre non plus. Sans bouger en tout cas. Puis de nouveau les sangles. Elle croit encore sentir le bras de cette autre petite fille presque fusionné à sa joue à cause de la pourriture mais ici il n'y a pas d'odeur de pourriture. Il n'y a pas l'odeur des vieux os qui tombent en poussière. Tant de choses différent, puis son cerveau se rendort. Elle reste là, sage, vide, attachée sur la table sans plus en avoir conscience. Elle se sent simplement contenue et stable. S'il se passe des choses autour, ces changements ne l'affectent pas, et elle s'est à nouveau enfoncée dans ses ténèbres. Seul un tic nerveux de ses doigts témoigne qu'elle n'est pas un mannequin. Par moment, des souvenirs lui reviennent comme un éclair et elle tressaille à peine. Elle ne comprend plus ses propres images. Ses douleurs fantômes. L'ombre de Hohenheim gravant dans le muscle du coeur comme un mode d'emploi, une notice d'utilisation, la pièce la plus ratée de l'ouvrage. Elle n'a même jamais vu sur sa peau le symbole se reproduire à l'identique. Elle n'a pas assez conscience d'elle même pour ça et c'est sans doute mieux ainsi. Que se serait-il passé si en le découvrant sans le comprendre elle s'était mise à le gratter, à s'arracher des lambeaux de chair pour se débarrasser de cette gravure étrangère? Mais rien de tout ça n'est arrivé. Autour d'elle, les gémissements macabres des animaux dominent tout autre son. Elle recommence à tirer sur ses liens, croyant que c'est sa propre voix qu'elle entend, puis l'ombre de l'alchimiste passe au dessus d'elle. Elle ne sait pas ce qu'il lui fait mais ça la brûle, ça la serre. La douleur est insoutenable. Il y a un orage dans la cave. Il y a toujours un orage, et le vert électrique de celui-là n'a rien pour la rassurer. A un moment elle ne hurle même plus parce qu'elle n'a plus de voix, parce qu'elle a trop mal mais elle n'a pas encore de larmes pour pleurer alors elle s'évanouit. Elle se déconnecte en quelque sorte. Dans le néant, même la torture n'est rien, parce que dans le néant rien est un tout qui englobe tout. Mais la vie n'appartient pas au néant. Si Abaddon avait raté, elle serait restée à jamais une petite fille endormie dans un corps de femme sans même le savoir. Les yeux clos. Pleine de néant. Avec pour seul gardien son souffle léger, monotone. Mais après un petit moment elle sent que le néant la rejète. Elle fait ce rêve récurent et étrange où elle essaye de se réveiller mais son corps et trop lourd pour que son âme puisse l'entraîner quand elle se redresse, une fois, deux fois, trois fois. Chaque fois elle retombe dans son corps endormit puis c'est une abominable douleur qui lui transperce le crâne alors tout d'un coup elle se redresse, éveillée, la tête projetée entre ses genoux et les tempes écrasées entre ses mains. Elle a un petit cri de douleur, presque rien parce qu'il reste très contenu. Puis doucement, elle relève la tête. Un petit filet de sang bien rouge qui coule sur sa lèvre supérieure. A nouveau elle a conscience de la lumière. De la chaleur. Mieux encore, elle a conscience d'elle même, et c'est une étrange impression. Existé-je vraiment? Voilà la première question d'un esprit éveillé à sa propre conscience, et la première qui lui passe par l'esprit. Mais la sensation d'existence, l'existence en elle même, sont si bizarres. Puis elle rencontre les yeux verts de l'alchimiste qui observe, juste en face d'elle. Elle sait ce qu'il est, ce qu'il a fait. Elle ne sait pas comment mis elle le sait. D'abord elle ne dit rien, elle reste figée comme son visage lisse, ovale, le lui permet. Puis elle se rappelle la parole alors quelque chose s'allume dans son regard. Une expression légère passe sur sa figure et elle tend la main vers lui pour toucher le filet émeraude qui a coulé sur son visage. Cet étrange sang vert lui tâche les doigts, elle les regarde un instant avant de les frotter dans la paume de sa main qu'elle referme et ramène vers elle:
« Vous saignez... », constate-t-elle dans la douce langue de Molière.
Par habitude elle plonge sa main vers la poche de son petit tablier mais elle se rend compte que tout ça n'existe plus. Ses mains sont longues et ses doigts sont fins. Ses cheveux tombent sur ses genoux en une cascade châtaigne plus claire mais emmêlée et sous cet étrange habit trop grand pour elle elle est nue. N'avait-elle pas sept ans? Elle a fermé les yeux pour s'endormir et voilà qu'elle se réveille adulte, loin de tout ce qu'elle connait. Dans un moment de panique elle cherche autour d'elle quelque chose de familier mais il n'y a rien qu'elle connaisse pas même l'épouvantable odeur du marcher et des égouts à laquelle elle n'avait jamais pu échapper dans tout Paris. Où est-elle? Et où est Alister? Ses yeux interrogent l'alchimiste parce que dans cet étrange univers, elle n'a plus que lui on dirait. Intimidée, elle serre les pans de la veste autour d'elle et ose enfin demander où elle se trouve, mais dans un français qui n'a même plus cours de nos jours. | |
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Abaddon M. Van HellsingPROFESSEUR de sortilège. ► Dr de Serd. & Adjointe
► MESSAGES : 181 Sam 30 Oct - 18:11 |
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Elle dort. Il pose sa main sur sa gorge, et il sent son pouls. Au moins vit-elle. Et si elle ne parle pas encore – et peut être même ne parlera t-elle pas, elle vit. C'est tout ce qui compte quelque part. Qu'elle vive. Et si elle est folle? Mauvais dosage de la belladone. Il y pensera quand il écrira le résultat d'aujourd'hui dans son grimoire. Il rectifiera le tir? Non. Parce qu'il ne peut plus. Parce qu'un être, on ne peut pas jouer avec lui comme on le voudrait. Parce qu'il n'est ni une poupée, ni un mannequin. Et que Abaddon ne veut plus refaire ce genre de chose. Qu'elle trouve une vie calme. Qu'elle la goutte, qu'elle en aime chaque seconde, parce que si son existence est apprise, ils en paieront tout deux le prix le plus cher. Pourquoi l'a t-il fait sans rien connaître de cette petite créature, alors qu'il a un fils, une situation? Mais parce que c'est son devoir. Il est Alchimiste, et il est le futur garant de tous les autres alchimistes. Si Seamus était au courant, il serait sans doute furieux. Pas plus que Méphistophélès, mais assez pour le frapper et faire enfermer cette abomination. Il a un sourire, la regarde quand elle se réveille. Ses yeux sont bleus, d'un bleu qui frappe. Elle est magnifique. Il la guette, d'un œil qui observe et protecteur à la fois, parce qu'elle a en elle quelque chose de lui. Elle tends sa main, touche le sang chaud et vert qui a coulé sur son visage. Elle a les doigts tâchés de ce sang de serpent. Il a un sourire fin.
« Vous saignez... » « C'est un fait. »
Il a arrêté de saigner, mais il a tâché jusqu'à sa chemise avec son sang. Son sang qui jamais ne coagule. Il a un petit sourire, plus fin. Elle a l'air normale. Elle ne hurle pas, elle a juste l'air inquiète, et c'est bien normal. Elle est juste une femme qui sort d'un coma sans séquelle – ou presque. Elle parle Français, et il a la chance d'être de ces alchimistes qui n'attendent pas que les traductions lui viennent dans les mains. Il se rappelle qu'après avoir été renvoyé de Poudlard (on dira « muter » s'il vous plaît), il avait pu intégré le Collège de Tchécoslovaquie, où on enseignait aux élèves les rudiments des langues. Il n'avait jamais autant appris qu'entre les murs du bel établissement. À l'époque, Seamus Asher était son aîné, et il présidait les débats sur l'éthique avec une virulence rare, ce qui lui avait même parfois fait du tord, quand il avait été exclu de la salle pour avoir hurler pendant un quart d'heure sans s'arrêter des jurons ignobles. Seamus Asher n'avait rien d'éthique, ou alors si : il en connaissait la définition. Il avait été le premier à poser la question du savoir faire et de l'appartenance. Un alchimiste est-il responsable des ravages de sa créature ou non? La créature est-elle a lui, ou non? Quand lui répondait que non, d'autre répondait que oui. On soupçonnait Seamus d'avoir un petit être, un homonculus, quelque part, mais rien n'avait jamais été prouvé, et puis, on ne pouvait que le laisser tranquille. Sa cote de popularité ne le faisait pas briller, mais son excellence dans son domaine et la rigueur de son travail avait permis de très grandes avancées. Ces années avaient été les meilleures de sa vie. L'école demandait beaucoup de rigueur, mais comparé à la maison dans laquelle il vivait, il aurait presque goûté aux joies de la liberté. Il en avait appris des langues, des langages et des dialectes. Ses amis de chambre étaient russes, anglais, roumain, japonais et français. La diversité avait été une force quand il avait fallu traduire les nombreux parchemins au cours de l'année. Ça, et la langue de Nicolas Flamel. Il eut un sourire. Il se permettrait au plus de parler français. Il n'allait pas non plus prendre de grands airs. Ça n'était pas dans sa nature.
« Vous êtes proche de Londres, la capitale de l'Angleterre. Vous n'êtes pas en France. Pour faire simple et court, un alchimiste a abusé de vous en tant qu'expérience et vous avez été plonger dans un coma durant quelques années. Nous sommes en 2010, et vous êtes ici chez moi. Une amie à moi a demandé à votre frère si je pouvais essayer de vous aider à sortir de votre coma. » Il se leva comme Mitthrä revenait avec des vêtements propres et chauds. « Quand vous serez habiller, nous irons vous ramener à votre frère mademoiselle. »
Ni nom, ni attache. Surtout pas. L'esprit d'Abaddon était calme, mais au fond, il craignait ça, quelque chose. L'attachement était exclut d'emblée. Mitthrä s'approcha de la petite créature avec un regard bienveillant et heureux dans le fond. La voir mourir, ça aurait été un déchirement non seulement pour Alister, mais également pour elle, parce qu'elle s'y est attachée, parce qu'elle aimait bien cette petite chose glapissant. Peut être parce que Mitthrä n'a jamais eut vraiment de fille, de petite soeur à ses côtés. Parce qu'elle n'a rien eut du tout, elle. Elle est seule, et n'a eut que des amis de passage dans le temps. Rien de fixer. Elle s'approche, lui tends la pile de linge. Il y a juste un jeans et une chemise blanche à elle. Des sous vêtements basiques. Mitthrä a un sourire.
« Je ne sais pas si tu vas aimé, mais c'est tout ce que j'ai. »
Mitthrä, elle, parle en anglais, parce qu'elle ignore encore que la petite chose est française, mais on comprends bien dans le geste qu'elle veut lui donner ce tas de linge chaud.
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The Changelin'PR. AZAEL VAN HELLSING ► Histoire de la Magie
► MESSAGES : 1431 Dim 31 Oct - 11:37 |
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| Dans la voix de l'alchimiste il y a un léger accent, qu'elle perçoit comme un relief sur sa langue maternelle. Mais elle n'a jamais été moqueuse ou intolérante. Pour elle ce relief est attachant, forcément. Comment pourrait-il en être autrement venant d'une personne dont elle ne sait rien mais à qui il lui semble tout devoir. Elle aimera toujours le vert même si autre fois elle aurait dit que le blanc était sa couleur préférée, à cause des petites fleurs devant la maison de Madame Ténard. Mais aujourd'hui doit être différent d'hier. Elle se demande, un bref instant, si elle retournera à cette vieille maison où l'on bat les gosses des rues, si elle retrouvera cette infâme odeur de poissons pas frais et de tripailles quand elle quittera ce merveilleux canapé.
« Vous êtes proche de Londres, la capitale de l'Angleterre. Vous n'êtes pas en France. Pour faire simple et court, un alchimiste a abusé de vous en tant qu'expérience et vous avez été plonger dans un coma durant quelques années. Nous sommes en 2010, et vous êtes ici chez moi. Une amie à moi a demandé à votre frère si je pouvais essayer de vous aider à sortir de votre coma. »
A l'énoncé de l'alchimiste, son sang se glace et elle n'est pas loin de perdre connaissance. Ce n'est pas Londres qui lui fait peur. Elle n'a aucun souvenir précis de ce qui s'est passé pendant son "absence" mais elle se rappelle parfaitement Alister lui parler de l'Angleterre comme d'une terre promise où tout serait mieux pour eux, surtout parce qu'ils seraient loin de la mère Ténard. Ce qui lui fait peur ce sont ces "quelques années". 2010. Jamais dans ses cauchemars les plus élaborés le monde n'avait vécu aussi vieux.
« 2010. Mais c'est impossible... personne ne peut vivre aussi longtemps. Le monde n'existera plus d'ici là vous devez vous tromper monsieur. J'aurais de la chance si je vois le 19e siècle... »
C'était la seule réponse qu'une enfant née en 1740 aurait pu faire. D'autant qu'elle savait qu'elle ne verrait pas le 19e siècle parce que vue son rang dans l'échelle sociale, elle ne vivrait jamais jusqu'à soixante ans. C'était impossible. Pure fantaisie. Mais son coeur d'enfant de sept ans pouvait bien pardonner cette blague du moment que le coupable laisser tomber son masque. Elle avait toujours eu assez bon coeur pour pardonner, mais quelque part quand elle regardait l'alchimiste dans les yeux elle n'avait pas l'impression qu'il plaisantait. Alors ses mains se mirent à trembler légèrement. Que faisait-on lorsque l'on survivait après la fin du monde et surtout... où était son frère. Mais elle n'eut guère le temps de poser toutes ces questions qu'une jeune femme blonde arrivait, une pile de linge pliés dans les bras.
« Quand vous serez habiller, nous irons vous ramener à votre frère mademoiselle. »
Mélisande acquiesça le plus poliment du monde mais elle regardait l'autre jeune femme.
« Votre visage m'est familier... »
La jeune femme lui répondit mais Mélisande ne comprit pas. Elle retourna un regard hésitant à l'alchimiste et prit les vêtements qu'on lui prêtait, visiblement. Elle demanda l'autorisation de se retirer, par pudeur et suivit jusqu'à l'endroit qu'on lui indiquait. Ce n'est qu'une fois seule qu'elle observa les vêtements qu'on lui avait donné. Elle avait déjà été choquée de voir la tenue que portait la jeune femme blonde, intriguée par les vêtements de l'alchimiste mais elle s'était dit qu'en Angleterre les gens devaient connaître des tissus et des matières qu'on n'utilisait pas en France. Il lui paraissait même logique que les us divergent d'un pays à l'autre même si elle n'avait reçu pratiquement aucune éducation, en dehors de la lecture qu'elle avait apprise à l'église presque toute seule ce qui était déjà savoir énormément à son époque et compte tenu de ses origines sociales. Mais quand elle déplia les vêtements qu'elle s'apprêtait à enfiler, la pauvre Mélisande rougit de honte à la seule idée de les porter dût-elle n'être même vue de personne. Comprenez à son époque une femme ne serait jamais sortie si peu habillée, pas même une prostituée. De même pour ce qui était des sous vêtements, il n'y avait que les grandes dames pour porter de si beaux tissus et encore, elles auraient porté le corset, et non cette étrange petite chose qui semblait simplement tenir les seins. Pire encore cette étrange culotte sans jambe, qu'était-elle censée en faire puisqu'on lui en donnait déjà une très longue et un peu dure d'ailleurs... Elle resta un instant perplexe et commença par enfiler la chemise parce que c'était le plus simple. Puis elle passa la drôle de culotte pour qu'on ne lui dise pas qu'elle était mal élevée bien qu'elle ne comprit pas à quoi elle pouvait servir. Ensuite elle passa la très longue culotte par dessus et se rendit compte que le tissus épousait les formes de son corps de la façon la plus indécente qui soit. S'apercevant dans un miroir elle se mit à pleurer, craignant que Dieu ne lui pardonne jamais cette outrage. Sortir ainsi, elle l'envisageait difficilement. Tout le monde pourrait voir ses jambes et même plus encore. C'était honteux. Non ce n'était vraiment pas envisageable. Alors elle repassa la veste dont elle avait été couverte au début, celle qui était beaucoup trop grande pour elle. Au moins cela cacherait ce qu'il lui était le plus intolérable de montrer et même si elle avait à se montrer dans cette infamante tenue, au moins se serait-elle préservée de la grande honte de montrer au monde entier ce que seuls un médecin, une accoucheuse ou un époux, si elle en avait eu un, auraient dû voir. Ses cheveux emmêlés lui faisaient honte aussi alors elle les attacha en un chignon serré faute de pouvoir les coiffer pour l'instant, puis elle se passa les mains sur le visage pour avoir l'air moins sale mais ici tout était si propre qu'il lui semblait qu'elle aurait toujours l'air d'une souillon. Elle finit tout de même par sortir, toute honteuse et les joues rouges. | |
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Abaddon M. Van HellsingPROFESSEUR de sortilège. ► Dr de Serd. & Adjointe
► MESSAGES : 181 Mar 16 Nov - 21:27 |
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Abaddon resta seul avec Mitthrä dans le petit salon comme la jeune fille était partie s’habiller. L’Atlante avait un sourire immense sur les lèvres. Jamais sa bouche n’aurait pu exprimer par des mots combien elle le remerciait de ce qu’il avait fait, parce qu’il avait pris des risques insensés pour un homme de son rang, et qu’elle savait l’opération plus que dangereuse. Combien avait pu y laisser la vie après tout? Elle lui parla d’Alister, de ses yeux, et de son attirance pour le vivant. Et Abaddon ne disait rien de plus. Il hochait parfois la tête, mais rien de plus. Il était fatigué, et il essuyait de temps en temps son nez, où le sang gouttait parfois pour s’écraser sur sa main. L’alchimiste n’avait plus vraiment la force ni l’envie de parler. Il aurait aimé dormir, mais il savait que les choses se bousculaient, et qu’il fallait faire vite. Une journée, ça a avait été un délais un peu fou. Un peu ridicule.
Ce fut Mitthrä qui fut la première qui vu la petite chose (plus vraiment si petite en réalité) revenir vers eux, étrangement habillée. Elle arqua un sourcil, l’oeil bleu essayant de chercher la moindre trace des vêtements qu’elle avait pu lui fournir, mais elle ne voyait rien d’autre que le manteau de Abaddon. Elle retourna sur le professeur un regar perplexe.
Abaddon se leva, avec un petit sourire amusé :
“ J’aurais du le prévoir. Je suis désolé Mademoiselle. Je vais vous.. mh. Attendez cinq petites secondes. ”
Il posa délicatement ses mains sur ses épaules et un fin éclair vert passa du sol aux mains de l’alchimiste. Si la petite créature était sensible, elle aurait pu s’apercevoir que le jean trop serré était devenu une robe plus légère et longue, cachant parfaitement ses mollets jusqu’à ses chevilles, et que son t-shirt, étrange chose, était devenu tout ce qu’il y avait de plus respectable pour son époque. Il eut un sourire en coin, l’air un peu plus fatigué.
“ Cela est-il à votre goût? ”
Dans les yeux de Mélisande, l’éclat vif avait quelque chose de féérique. Elle osait à peine regarder son bienfaiteur dans les yeux, parce que cela ne se faisait pas de regarder un homme de cette façon là pour commencer, mais surtout parce qu’elle concevait pour lui une admiration naissante qu’elle n’aurait pu expliquer qu’en partie. Etant parfaitement étrangère à ce monde de magie dans lequel elle s’était éveillée, elle ne pouvait que regarder d’un oeil crédule et émerveillé ce qu’il faisait. Pourtant quelque chose la chiffonait elle aussi. Son visage emprunt de compassion et de gratitude se fit plus doux:
“ Oh vous n’auriez pas dû, je vois bien que vous êtes épuisé”, elle baissa le regard une fois de plus, honteuse d’avoir pu laisser sentir qu’elle n’était pas à l’aise dans ce qu’on lui avait déjà si grâcieusement prêté, “ qui dois-je remercier pour toutes ces largesses? Je vous serais éternellement reconnaissante.”
“ Abaddon Van Hellsing. ” Il eut un sourire. “ Et vous êtes...? ”
“ Mélisande.”, répondit-elle d’une voix douce.
Elle ne précisait pas qu’elle ignorait son nom de famille puisqu’à son époque c’était le cas de la plupart des enfants laissés à la charité. Cela n’aurait pas choqué de son temps et elle ne pouvait pas imaginé que cela puisse choquer ici. Elle eut un sourire plein de tendresse et rompant cet instant où elle s’autorisait à le regarder dans les yeux, elle pencha la tête en direction de cette jeune femme blonde, très belle à son sens, qui lui semblait si familière.
Abaddon n’ajouta rien. Des bizarreries, il en avait assez, et il comprenait bien que l’on ne se rappelle pas de son nom, ou mieux, que l’on ne veuille le donner. Mitthrä elle-même n’avait pas de nom, et avait vu se créer une identité. Mitthrä Wavebreaker était née. Alors oui, il pouvait concevoir que Mélisande n’ait pas de nom. Pas encore tout du moins, car sa nouvelle vie lui donnait le droit d’obtenir à nouveau une identité, aussi factice soit-elle.
“ C’est un très joli prénom. ” Abaddon eut un sourire calme ; il ne cherchait pas à l’affoler. “ Nous allons vous ramener à votre frère. Cela serait impoli de le faire attendre d’avantage.”
Mitthrä fut la première à se diriger vers la porte, l’ouvrant sur un petit soir. Le crépuscule venait à peiner de tomber. C’était juste magnifique. Une voiture se gara devant les escaliers, d’un noir de jais à la belle coupe. Un monstre de fer aux yeux de l’enfant. Mais il faudrait qu’elle s’y habitue. Ses yeux clairs balayèrent l’étrange voiture et quoiqu’elle en comprit tout de suite la destination, elle ne pouvait s’empêcher de demander:
“ Cette voiture avance sans chevaux?”
On la fit monter, et, quoiqu’elle ne fut guère rassurée, elle se prêta au jeu avec la curiosité de tous les enfants, mais dans un silence obséquieux. Elle s’étonnait qu’il fasse si sombre en Angleterre mais elle attribua ça aux nuages qui sans doute voilaient les étoiles. Assise entre Mitthrä et Abaddon, elle se laissait bercer par la chaleur de ses gardes et le ronron de la voiture, sentant la fatigue s’abattre tout d’un coup sur ses épaules. Elle se gardait pourtant bien de s’endormir, peut-être par un réflexe naturel ou acquis de l’expérience qui lui interdisait d’oublier d’être vigilente. Elle observait tout à travers les vitres, dévoilant un joli port de tête qui n’était lui-même plus de ce siècle. Les traits de son visage, aériens et délicats, la faisaient ressembler à un petit objet tard dont la beauté aurait avant tout tenu à sa simplicité. La voiture s’arrête, et il y avait une haute silhouette noire plantée à quelque distance, toute d’un bloc.
Sur le noir lustré de la voiture, son image se reflétait comme dans un miroir. Alister aux yeux gris attendait là, depuis quelques minutes déjà, l’air sombre et dur. Intérieurement en laissant son étrange petite soeur aux mains de Mitthrä pour une seule journée, il avait déjà accepté l’éventualité de sa mort. Mais s’il devait en être ainsi alors il deviendrait le monstre terrible qu’il n’avait jamais vraiment été, même devant l’impulsion de ses plus grandes faims.
Mitthrä poussa la porte de la belle voiture et remit en place ses cheveux blancs, avant de présenter sa main blanche et fraîche comme l’eau des ruisseaux à la jolie Mélisande qui attendait. Abaddon, lui, resterait à l’intérieur tant qu’on ne l'appellerait pas, parce qu’il était fatigué, et aussi parce qu’il n’avait aucune envie de s’appliquer davantage dans ce qui causerait à coup sûr sa perte. Il ferma les yeux, un sourire rassurant pourtant sur le visage.
“ Venez Mélisande. ”
L’homonculus hésita un instant accordant un regard à l’alchimiste comme elle présentait que c’était là qu’ils se quittaient. Elle ne dit rien, mais ses iris clairs comme un matin irlandais en disait suffisamment. Il promettait en silence “je ne vous oublierai pas”. Elle prit la main de Mitthrä doucement, et mit le nez dehors, un peu timide. Mais quand son regard se posa sur son frère, qu’elle croyait perdu depuis le jour où la mère Ténard l’avait donnée pour une poignée de pièces, elle sentit son coeur lui donner un grand coup et spontannément, elle courrut vers lui. Quelque chose dans le regard d’Alister vascilla, c’était Mitthrä qu’il regardait et ses bras se refermèrent d’eux même sur ce petit corps de femme qu’il ne connaissait pas mais dont l’odeur lui était familière, lointainement familière... En un instant il sentit que quelque chose basculer. Ce n’était ni une envie de pleurer, ni cette sensation de bonheur indescriptible. C’était quelque chose au fond de sa pupille. Un éclat rouge et carnassier. Il enfouit son visage dans les cheveux de sa douce Mélisande, se gorgeant de son odeur de femme, de son odeur de survivante si... unique. Mélisande eut un étrange frisson désagréable, comme elle sentait son frère plus tactile qu’il n’aurait dû. Elle s’écarta doucement, un sourire gêné sur les lèvres puis son regard chercha Mitthrä, puis la voiture. Sa main logée dans celle de son frère, elle n’écoutait plus vraiment.
“ Tu sais que je ne pourrais jamais te le rendre, même pas au quart Mitthrä”, commença le vampire, toujours cette étrange lueur tapit dans son oeil gris. Mais son visage était celui d’une immense gratitude.
“ Je le sais. ” Mitthrä eut un petit rire, clair comme de l’eau de roche. “ Pense à me dire bonjour quand tu auras le temps. Ca suffira. ”
Elle fit un clin d’oeil et reposa son regard sur Abaddon qui s’était assoupi, le nez en sang, mais visiblement rien de bien grave. L’Atlante eut un sourire calme et rentra à nouveau dans la voiture, refermant la porte derrière elle. Elle avait ce mauvais pressentiment que quelque chose allait se passer, mais Lloyd lui avait bien souvent dit qu’elle était paranoïaque pour pas grand chose. Elle parla au chaffeur, et la voiture démarra. Elle ferma les yeux, un peu triste à ce moment. Peut-être qu’elle ne le reverrait plus... Lui, Alister, aurait voulu dire plus que ça, mais les choses lui échappaient. Il se sentait fébrile, il savait déjà ce qui allait se passer mais quoi? L’avoir retrouver pour la fuir? Il voulait se convaincre d’essayer au moins. Le départ de Mitthrä lui tira un pincement au coeur. Il l’aurait voulu près de lui sans trop savoir pourquoi. Cette petite soeur, lui faisait peur quelque part.
“ Qu’y a-t-il?”
“ Rien, je suis juste... heureux de t’avoir retrouvée. Nous rentrons à présent.”
Elle sourit, mais son coeur se serra au moment de tourner le dos, pourtant la voiture avait déjà disparue depuis longtemps. Le vampire se pencha sur elle et elle disparut presque entre ses bras. L’instant d’après ils arrivaient dans un appartement miteux, pourtant, si Alister semblait gêné de l’avoir traînée là, elle, ne s’en formalisait pas. Elle semblait n’avoir besoin de rien. Il n’y avait quasiment pas de mobilier, mais énormément de poussière. Cela la tint occupée les premiers jours. Le vampire lui semblait s’évertuer à la fuir. Le jour condamné au cercueil, la nuit, toujours dehors. Quand ils se retrouvaient dans la même pièce, il se montrait distant.
“ Pourquoi me fuis-tu Alister, j’ai... l’impression que je te fais peur.”, finit-elle par demander, un peu malheureuse dans le fond.
Il soupira, la regardant en face. Il la connaissait cette jeune fille mine de rien. C’était la même qu’il y avait deux siècles. Cette enfant toujours lovée dans ses bras une fois la journée de labeur terminée. Elle était toujours travailleuse d’ailleurs. Alors … il approcha et la prit dans ses bras, rien qu’un petit instant. Peut-être que ce fut pire ensuite. Il aurait été incapable de retracer l’origine de l’horreur, le point de départ, le moment où il avait cessé de ce contrôler. Quoiqu’il en soit, c’est quelques nuits plus tard qu’il finit par arriver ce qu’il devait arriver. Une nuit d’orage, pas particulièrement violent, mais suffisamment pour effrayer la douce Mélisande. Elle en devenait presque folle et lui, inquiet de la voir perdre pied se l’imaginait déjà sombrant dans la démence. Comme si quelque chose avait foiré. Encore. Il la serrait dans ses bras, fort, pour la contenir et au matin - quoiqu’il n’y avait plus d’aube pour personne depuis des mois - elle s’était calmée. Mais le mal était fait, à l’avoir respirée et toucher toute la nuit, sans penser à mal bien sûr, il s’était imprégné de ce vivant si grisant qu’il y avait en elle, imprégné de sa singularité c’était le mot...
“ Alister? Alister est-ce que ça va?”
“ Ca va...”
Mais sa voix à son oreille n’était plus qu’un murmure lascif, une caresse suave et possessive. Doucement du bout de son nez, il écarta les longs cheveux de Mélisande - ah on aurait dit du fil de soil couleur de miel ses cheveux … et la peau délicate de sa gorge...
“ Alister laisse-moi... tu me serres trop fort, tu me fais mal.”
Une caresse posée sur ses lèvres du bout de son index. Ah tais-toi, tais-toi, laisse-moi m’ennivrer de toi, laisse-moi te prendre ce que je n’ai pas. Mélisande essayait de le repousser mais il resserrait son étreinte et quand enfin il la regarda en face, ses iris n’étaient plus que deux disques rouge carnation, et son visage un masque de marbre monstrueux. Elle poussa un cri qui lui fit l’effet d’un coup de fouet, peut-être parce qu’il lui rappeler ces cris de démente lorsqu’elle n’était presque q’une chose, alors brusquement il l’envoya valser contre le mur, dévoilant toute la violence du monstre qu’il était.
“ Va-t-en! Va-t-en tout de suite!”
Et elle sut d’instinct qu’elle devait obéir. Les larmes montèrent et elle s’échappa dans la nuit noire, toujours noire. Il faisait froid dans son coeur alors qu’importe s’il faisait froid dehors. Sur son chemin elle semait des larmes, de vraies larmes que les inconnus qu’elle croisait versaient pour elle par compassion. Puis elle eut peur, alors Londres aussi eu peur. Puis elle eut faim, alors elle trouva une âme charitable pour lui donner une soupe bien chaude. Puis elle se sentit seule... alors elle trouva Mitthrä. La blonde Mitthrä. Comme ça, juste... par hasard.
Mitthrä qui passait par là, des paquets plein les mains. Abaddon dormait depuis quatre jours, alors elle avait du rester à la maison, pour s’occuper de Salomon, et mettre en ordre la maison. Ca n’était pas son habitude de rester chez les gens, mais après ce qu’il avait pour elle, elle lui devait bien ça.
Elle releva le nez comme son regard accrochait une silhouette familière. Elle arqua un sourcil et s’arrêta.
“ Mélisande? ”
L’homonculus approcha, le visage tracé de larmes. Si elle n’avait pas eu tant de retenue, elle aurait posé son front sur l’épaule de l’atlante pour pleurer. Mais elle était digne, malgré la peine qui transcendait son être même pour aller se loger dans des coeurs plus humains que le sien.
“ Je... je ne peux pas rester avec Alister.”, renifla, fermant les yeux une seconde pour chasser les larmes qui lui brouillaient la vue.
Mitthrä sentit la peine, peut-être un peu trop forte pour qu’elle vienne d’elle, mais elle resta un moment immobile, à regarder cette petite chose. Les choses ne seraient donc jamais simples? Elle leva la main, pour la poser sur son épaule, mais fronça les sourcils. La vérité, c’est qu’elle ne comprenait pas un traite mot de ce qu’elle venait de dire. La voir en pleurs, ça aurait pu être n’importe quoi. La peur, la frustration, l’angoisse. Pourtant, quelque chose à l’intérieur d’elle lui faisait comprendre qu’elle ne pouvait pas la ramener à son frère. Elle aurait du s’en douter. Elle toussa, et montra à Mélisande le chemin qu’elle emprunterait pour se rendre chez Abaddon. Elle fit quelques pas, et se retourna pour voir si elle la suivait. Voyant que l’homonculus avait pris le plis, elle avança jusqu’à la bâtisse qu’était le Manoir Van Hellsing, et y entra. Elle poussa la porte, et fit entrer Mélisande à l’intérieur. Quelques elfes de maison passèrent et prirent les sacs qu’elle portait. Mitthrä laissa Mélisande à l’entrée, et alla dans le salon. Se tenait sur le petit canapé Abaddon. Son fils jouait juste à ses pieds, les yeux remplis de bonheur en lisant son livre sur les pirates et les trésors. L’alchimiste releva les yeux vers Mitthrä, avec un air de “ je sais déjà ”, pas vraiment en colère, pas vraiment heureux. Il venait à peine de se réveiller et était calme. Mitthrä fit entrer Mélisande dans le petit salon. Abaddon posa ses yeux sur elle, avec un sourire malgré la peine de la jeune fille. Il lui montra un fauteuil en face, proche de la cheminée qui crépitait.
“ Asseyez-vous si vous avez à parler. ” dit-il, un léger sourire posait sur les lèvres.
Elle posa les yeux sur l’enfant, et le poids sur son coeur s’allégea, sans raison semblait-il. Elle fit comme on lui recommandait, s’asseyant face à l’alchimiste déjà honteuse de revenir à lui. Elle regarda Mitthrä longuement.
“ Mon frère ne supporte plus ma présence il... c’est un vampire, il ne me tolère pas près de lui... il...”
Elle ne l’accuserait jamais de rien bien sûr, même s’il avait effectivement penser la tuer, sans haine juste par fascination c’était sans doute ça le plus angoissant. Elle ne parvenait pas à conclure, sa voix tremblait de trop et ses mains de même. Abaddon eut un sourire pauvre, se redressant dans son canapé.
“ Il n’en fait pas exprès. ” Il eut un sourire un peu plus léger. “ Je n’ai rien à te donner de concret. J’ai une maison, si tu veux y dormir. J’ai de quoi te nourir sans rien te demander en échange. Mais je sais comme il est important pour quelqu’un de travailler, et je sais que la Bibliothécaire de Poudlard partira bientôt pour se reposer, alors si tu le désires, je pourrais t’offrir une possibilité de travailler. ”
Mitthrä regardait Abaddon, comme elle ne comprenait toujours pas vraiment le français, mais le visage calme d’Abaddon la rassurait un peu. Ça ne pouvait pas être très grave, non?
“ Je vous dois déjà beaucoup trop pour accepter d’être nourrie et blanchie pour rien monsieur, mais si je peux travailler alors...” commença-t-elle, “ mais je vous promets de partir dès que j’en aurais l’occasion. J’ai déjà bien assez honte d’abuser de votre générosité.”
En 2010 un tel discours pouvait sembler feint voire emprunté mais il n’y avait rien de plus sincère que ces mots-là. Abaddon eut un petit sourire, amusé dans le fond.
“ Vous n’avez pas besoin de vous hâter. Cette maison est immense, et je suis bien loin d’avoir des soucis financiers. Votre présence ne m’importunera pas. ” Il regarda Mitthrä, avec un sourire assez léger encore. “ Il faudra lui montrer une chambre au première étage. Peut-être la chambre verte, à droite de la tienne Mitthrä. ”
Mitthrä acquieça. Abaddon n’était pas vraiment en état de se lever et de lui faire une visite approfondie de la maison. Ce qu’il voulait? Dormir. Il aurait tout le temps de faire parvenir le CV de mademoiselle à Lilith dès demain.
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