C'est dans un petit village calme et sans histoire que Manel a grandit et revient tous les étés, terre d'origine, de ses joies et de ses chagrins d'enfant. Née d'une mère moldue, Esther, qui possède une nature calme et altruiste et d'un père sorcier, Cameron, dur et cruel envers les siens, Manel fut l'unique conception de leur amour bien que ses parents tentèrent à de nombreuses reprises de lui offrir frère ou soeur pour ses jeux d'enfants.

Cet été là, Manel avait quinze ans et venait de recevoir ses résultats de BUSES, bien qu'ils ne soient pas excellents, elle s'en était tout de même bien sortie et était ravie de sa réussite. La lettre, frappée du sceaux de l'école, entre ses doigts fins, elle avait galopé jusqu'au bureau de son père où celui-ci travaillait depuis quelques heures. Les relations entre Cameron et Manel avait toujours été très conflictuelles. Lui avait rêvé d'un petit garçon, d'un petit hérité, mais n'avait eu qu'une fille, ne brillant ni par une intelligence digne de celle d'Einstein, ni d'une beauté époustouflante. Ainsi, le père Caufield avait toujours eu de mauvaises grâces envers sa fille, souhaitant qu'elle en fasse d'avantage, qu'elle soit la meilleure dans un domaine pour enfin pouvoir éprouver de la fierté à son égard. Ainsi, les résultats de ses BUSES seraient peut-être un bon moyen pour rentrer dans les bonnes grâces de son père, du moins c'était ce qu'espérait la douce Manel. Rentrant dans le bureau, elle déposa gracieusement la feuille, attendant silencieusement le verdict de son paternel.

« C'est tout ce dont tu es capable ? »
« Tu te fiche de moi ? J'ai eu de très bonnes notes ! »
« Tu as eu un P, ce n'est pas ce que j'appelle une bonne note. »
« En SACM, et je ne compte pas devenir l'ami des scrouts à pétard. »

Encore une fois, elle s'était laissée emportée par la colère qui l'envahissait. C'était toujours la même chose, elle avait beau en faire des tonnes, cela ne suffisait jamais à son père qui trouvait toujours le moyen de rechigner et de lui faire des reproches. Rouge de colère et vexée, elle reprit violemment son bulletin de notes des mains de son père. Surpris de ce geste, celui-ci jeta un regard inquisiteur à sa fille.

« Cesse tes enfantillages, Manel. »
« Ce ne sont pas des enfantillages ! J'essaye toujours de faire de mon mieux et tu n'es jamais content, c'est pénible à la fin ! »
« Ne me dis pas que tu vas pleurer... »

Les larmes montaient aux yeux bleus de cette adolescente, trop suceptible et sensible. Lançant un regard noir à son père qui était hilare face à la situation, elle quitta la pièce en claquant la porte. Trouvant sa mère dans le jardin, elle se blottit dans les bras de l'être aimé et fondit en larmes, se pleignant de son père et de sa dureté. Alors, Esther, la douce Esther, eu les mots qu'il fallait pour consoler sa fille, dont elle était extrêmement fière pour sa persévérance, au contraire de son époux. Malheureusement, après quinze années de tentatives et un nouvel échec à essuyer, quelque chose venait de se briser dans le coeur de la douce enfant, à la place que son père occupait. Elle n'avait plus qu'a tout reccomencer, à essayer de montrer ce qu'elle vaut, encore une fois.


Lina et Manel, élèves de sixième année, sous l'ombre d'un saule dans le parc de Poudlard.

« Manel, qu'est-ce que tu as ? »
« Rien... Je me demande juste ce que tout le monde attend de moi. Tu es toujours là, à devoir faire tes preuves, à prouver aux autres que tu n'es pas une moins que rien, que tu vaux la peine d'être connue... Et à la fin, j'en ai marre. Je ne suis pas dans la même mentalité que les gens d'ici. Je ne cherche pas à avoir des amis, a créer des liens uniques et magiques. Tout ce que je veux, c'est être la meilleure et le montrer à mon père. »
« Mais tu sais, tu ne pourras pas devenir la meilleure si tu n'acceptes pas l'aide des autres. C'est en cotoyant d'autres personnes et en partageant nos avis qu'ils grandissent et prennent un aspect plus réel, un impact plus important, une profondeur nouvelle. Sincèrement Manel, je suis ton amie et je t'apprécie beaucoup, mais je ne te comprend pas. Tu es vraiment très contradictoire. Je te sais douce et attentive, mais tu te montres si froide et distante que parfois, moi-même je ne sais plus quoi penser. »
« Ce n'est pas compliqué. Je ne veux pas de l'aide des autres, car je ne veux pas prendre le risque de cotoyer meilleur que moi et que mon père puisse ainsi le voir. Je ne veux ma réussite qu'à moi-même et à mon travail. Je veux qu'il me reconnaisse pour mon talent, pour mon acharnement, pour quelque chose quoi. Et si jamais j'accepte l'aide des autres, alors ça ne sera pas que moi, mais moi et d'autres. Et ça je ne le veux pas, car ce ne serait pas une réussite. »
« Après tout, tu penses ce que tu veux, mais fais attention, car un jour ça te jouera des tours. Mefies-toi de ce matin où tu te réveilleras seule, sans plus aucun ami, ni une connaissance, tout ça parce que tu auras courue après la réussite de manière solitaire en excluant tout le monde de ta vie. »