Nathanaël n'était là que depuis une petite semaine. Il avait fait le tour de l'école avec Indiana Dashwood et Ana Souvorov et il n'en avait conclu qu'une seule chose: la bibliothèque allait être son lieu de prédilection. Parce que c'était tranquille, qu'il n'avait pas à parler et donc pas à avoir honte de son accent français, et surtout parce que la somme de savoir rassemblé là était tout simplement hallucinante. Nathanaël se satisfaisait de peu de chose. En réalité, ici seul un piano lui manquait, mais il fallait dire qu'il n'avait pas encore découvert la salle sur demande.
Studieusement penché sur un énorme livre de potion pour niveau très avancé. Il aimait les potions et toutes les matières théoriques en général. Le travail ne l'effrayait pas de toute manière.
Pourtant ce jour là, il allait faire l'expérience de sa première déconfiture à la bibliothèque. Lui qui se croyait si parfaitement tranquille.

Bibliothécaire - Monsieur de Saint-Ange...

Un homme se tenait près de lui, sévère. Il s'éclaircit la voix le temps que le petit française ose lever le nez de son livre, comme il se disait que ça sentait le roussi. Bon pour être honnête il n'avait rien fait du tout, et il le savait très bien mais...

Nate - Oui?...

Le regard du bibliothécaire tomba sur lui, presque prêt à lancer des poignards et Nathanaël se sentit incroyablement minuscule. Mais qu'avait-il donc fait?

Bibliothèque - Monsieur de Saint-Ange donc... j'aimerai que vous justifiez de votre présence hier soir dans la réserve de la bibliothèque.
Nate - ... je... ne parlez pas si vite s'il vous plait. Je ne suis pas... à mon aise encore, avec l'anglais.
Bibliothèque - Vous n'êtes pas à votre aise pour parler mais pour aller voler des livres dans la réserve ça!
Nate - Voler? Moi? Mais... je n'ai pas volé la réserve.

Inutile de dire que c'était un mot dont il n'était pas sûr et que personne n'avait spécialement pensé à lui parler de la réserve de la bibliothèque. Le petit français était donc bien en peine de comprendre ce dont on l'accusait. Mais le bibliothécaire décida de prendre ça pour de la mauvaise foi...

Bibliothécaire - Monsieur de Saint-Ange si vous continuez de vous payez ma tête je vous envoie directement chez le Directeur!

Ca Nathanaël le comprit très bien et il commença à se confondre en balbutiement, essayant de s'expliquer et comme chaque fois qu'il se sentait stressé ou sans échappatoire, il commença à disparaître progressivement. Littéralement. Le bibliothécaire anticipant, laissa tomber lourdement sa main sur l'épaule de Nathanaël qui disparut complètement l'espace d'une seconde. Mais l'instant d'après il était de nouveau là sous la main de son "juge". Il maîtrisait encore partiellement son don mais suffisamment pour rattraper ce genre de dérapage. Pitié que personne ne l'ait vu. Ou alors un sauveur peut-être?

Quel idiot, quel espèce d'imbécile écervelé. Voilà ce qu'il n'avait cessé de se répéter depuis la veille, incapable de se raisonner et surtout de se pardonner. Il détestait les erreurs, surtout quand c'était lui qui les commettait mais là, il avait fait fort. Voyez vous, Sieur Tanys de Saint-Ange avait beau être l'élève parfait, intelligent et sûr de lui, il n'en était pas moins humain. Et surtout, il cherchait à toujours être le meilleur. C'était sans doute ce qui l'avait poussé à se rendre dans la réserve la veille, pour prendre un livre - un emprunt à longue duré vous dirait il - pour parfaire sa connaissance. C'était sans compté un insomniaque qui l'avait vu sur le fait, filer avec son précieux. Malheureusement pour Tanys, plus occupé à retourner vite dans sa chambre qu'à rattraper le témoin, surtout parce que les préfets étaient dans le coin, il risquait gros. Il le savait.
Il avait donc passé la nuit la plus affreuse de sa vie, incapable de dormir, réfléchissant à la plus belle excuse à sortir si on venait le chercher pour le confronter à son vol. En revanche, quel étonnement quand il entra dans sa salle de classe pour son premier cours de la journée, sans se heurter à un professeur ou un préfet en colère. Peut être que l'élève ne l'avait pas balancé. Ou alors, peut être qu'on avait décidé de ne rien lui dire parce qu'il faisait parti des meilleurs. Ainsi donc, Tanys passa de salle en salle pour suivre ses cours jusqu'au dernier en début d'après-midi, lui offrant tout le loisir nécessaire pour rattraper sa bourde et sans doute se détendre.

« J'espère qu'il sera collé et que ça l'empêchera de recevoir l'Ordre du mérite, parce que franch... »

L'élève s'était tut en voyant Tanys débarqué, l'air le moins du monde attristé ou agacé. Et ça, le serpentard l'avait bien remarqué et l'avait surtout entendu. Haussant un sourcil, les deux élèves s'étaient fixés, sans trop saisir ce qui se jouait mais le problème était là. Le témoin pensait que Tanys se faisait passer un savon à cet instant, et Tanys pensait que l'autre s'était rétracté. Hors, apparemment ce n'était pas le cas. Peut être était-ce son imagination, mais le livre volé dans son sac sembla peser un âne mort.

« Qu'as tu dit ?
- Tu n'as pas été puni ?
- Pour quoi ?
- Je t'ai vu voler le livre ! Le bibliothécaire était censé te demander des explications et te punir !
- Il a peut être choisi de ne pas le faire parce que contrairement à toi, moi je rehausse le niveau de l'école ! »

Soupirant, le serpentard préféra continuer sa route, pour se rendre à la bibliothèque pour découvrir une scène des plus amusantes, de son point de vue. Un élève en train de se faire engueuler. Encore un idiot qui a fait une bêtise, pensa l'anglais non sans un regard hautain à l'autre élève ne passant, excepté qu'il s'arrêta en entendant l'adulte prononcé quelque chose qui l'étonna. Partager entre rire sous l'effet du stress et pleurnicher pour gagner la sympathie de l'homme, Tanys se tourna, sur le point de s'expliquer .. Sauf qu'en fait, ce n'était pas à lui qu'on s'adressait mais à ce même élève assit à sa table. Si ça c'était pas bizarre. Comment pouvait on le confondre, lui élève suprême, avec .... ça ? En revanche, l'autre fit quelque chose qui piqua sa curiosité, ou alors il venait d'avoir une hallucination, ou l'autre avait .. disparu ?
Préférant mettre ça sur le compte de la fatigue - parce qu'avouer qu'un autre pouvait avoir une capacité magique hors du commun c'était se rabaisser - Tanys s'approcha du martyr et du tortionnaire pour s'éclaircir la voix. Allez savoir ce qui le poussait à s'en mêler, mais là, c'était trop fort pour qu'il ignore ce qui se passait.

« Aurais je l'audace d'intervenir ? »

Lâcha-t-il avec sa tête de gamin innocent, fixant le garçon pour comprendre comment on pouvait le confondre avec lui. Franchement ! Il avait l'air de s'être coiffé avec un pétard, si on pouvait appeler ça se coiffer. Il avait une tête d'ahuri. Apparemment il parlait très mal l'anglais, et le comprenait tout aussi mal et en plus .. Franchement, il avait une allure beaucoup moins classe que lui. Un merdeux quoi.

« J'ai cru comprendre que vous accusiez cet élève monsieur, quels sont les faits ? Les preuves ? Et les risques encourus ? Non parce que selon la loi, il a le droit de se défendre et d'expliquer les faits selon son point de vue... Êtes vous sûr, au moins, que c'est le bon coupable ? »

C'était pas le genre à se jeter dans la gueule du loup mais là, avouez quand même que c'était hilarant. Même si on allait le prendre pour un justicier ensuite, il fallait à tout prix qu'il y mette son grain de sel !

« Aurais je l'audace d'intervenir ? »

Cette phrase tombait comme une promesse. Du moins on vit très vite les yeux noisettes de Nathanaël se poser sur celui qui osait intervenir, lui offrant une accalmie. Comprenez: pour lui c'était suffisamment difficile de s'appliquer sur son accent alors ne pas comprendre de quoi on l'accusait... tout prenait des tournure de Procès de Kafka. En voyant donc un jeune homme - un Serpentard visiblement - intervenir, Nathanaël se sentit soulagé. Malheureusement le bibliothécaire ne semblait pas voir du même bon oeil l'arrivée impromptue de Tanys.

« Mais je vous en prie... Monsieur...? », grinça le bibliothécaire.

Inutile de dire que l'homme ne retenait pas le nom de tous les élèves, il n'était qu'un homme après tout pas une machine. D'où le fait qu'il demande à savoir à qui avait l'honneur de l'interrompre alors qu'il s'apprêtait à régler son compte à ce sale petit voleur de Saint-Ange. En face, Nate semblait si tranquille qu'on lui aurait donné Merlin sans enchantement.
Un instant l'autre garçon le regarda, et Nate eut comme l'impression d'être passé aux rayons x. Il y avait quelque chose d'assez méprisant, ou de prétentieux dans la manière dont l'autre le regardait mais Nate ne dit rien, trop peu désireux de voir fuir son "sauveur".

« J'ai cru comprendre que vous accusiez cet élève monsieur, quels sont les faits ? Les preuves ? Et les risques encourus ? Non parce que selon la loi, il a le droit de se défendre et d'expliquer les faits selon son point de vue... Êtes vous sûr, au moins, que c'est le bon coupable ? »
« Monsieur de Saint-Ange a été pris en train de voler un livre dans la réserve! »
« Mais j'ai rien fait! Je sais même c'est quoi la réserve! »
« Oui mais bien sûr... à d'autres.», puis se retournant vers Tanys, « Eh bien? Satisfait Monsieur l'inspecteur des bibliothèque?»

Autant dire que Tanys aurait applaudit sans retenu si il n'avait pas été dans un lieu ou le silence devait régner. La prestation était merveilleuse tant l'adulte prenait des airs de shérif tenant fièrement sous sa poigne le voleur de pain qui tourmentait tous les boulanger du coin. C'était si ridicule, qu'il en aurait bien rit, mais il se retint, ne sachant pas si il devait s'amuser de cet erreur de coupable, ou s'en inquiéter. Après tout, si on les confondait par le physique, il fallait sérieusement avoir un problème de vue pour ne pas remarquer qu'ils ne se ressemblaient pas vraiment. En revanche, si c'était par le patronyme, autant dire que là, Tanys aurait abandonné ce sourire vainqueur qui laissait apparaître une fossette sur le côté droit de sa joue. Croisant les bras, l'élève ne prit pas la peine de répondre à la question de l'homme quand à son identité. C'était trop simple, il fallait d'abord qu'il pèse le danger. Si il risquait l'exclusion, autant laisser l'autre élève se faire renvoyer à sa place. Il était hors de question qu'il retourne chez lui, si on pouvait appeler la demeure des De Saint-Ange son chez lui. Il était impensable qu'à ce stade de sa scolarité il se fasse renvoyer pour retourner vivre sous le même toit que ces crétins écervelés et menteur qui lui servaient de géniteurs.
Ainsi, il lâcha son speech comme un avocat aillant bien apprit son discours pour défendre son employeur, hormis que là, le jeune homme n'avait pas demandé à Tanys de prendre la peau de son défenseur, même si ça ne semblait pas le déranger.
A son accent, le jeune serpentard comprit un peu mieux le dialogue de sourd qu'il y avait entre l'accusé et l'accusateur et sourit. Un français. C'était bien sa veine ça. Lorsque le type se tourna vers lui, le questionnant sur sa satisfaction, le vert et argent ne se retint absolument pas pour lâcher un sincère, quoique légèrement agacé

« Pas le moins du monde. Au contraire, je suis encore plus insatisfait que quand je suis entré dans la bibliothèque et que vos cris d'énergumènes ont dérangé le calme que je venais chercher. »

Et d'une gifle mental pour l'adulte. L'homme le dévisagea et son air déconfit n'échappa pas à l'adolescent. Tournant la tête vers l'autre garçon, Tanys ne put retenir un air victorieux, alors qu'il se penchait légèrement vers lui.

« As tu des gens qui ne te supporte pas ? Après tout, si tu es du genre nez dans les bouquins et bon élève, tu peux être sûr d'avoir déjà la moitié de l'école sur le dos. Si on ajoute ta tendance à mal prononcer l'anglais et à mal comprendre, ça fait l'autre moitié. »

Loin de lui l'idée de paraître sympathique, mais en expliquant son point de vue, le garçon avait articulé plus qu'à l'accoutumé et parlait un peu plus lentement - espérant que l'autre répondrait positivement à l'idée d'être un peu le souffre douleur des autres -, ignorant volontairement l'adulte qui s'agitait dans son dos, en proie sans doute à une colère et une envie soudaine de coller le premier pour ce vol présumé, et le second pour son manque de respect. Une main sur la table, Tanys tourna la tête vers l'adulte.

« Et qui l'accuse ? Un gryffondor ? Un poufsouffle ? Un Serpentard ? Vous savez bien qu'entre maison, on ne s'apprécie pas souvent, surtout quand des points sont en jeux. Imaginez le côté bénéfique qu'il y aurait pour l'une de ces maisons de voir cet élève puni et des points retirés à ses camarades. »

Là, autant dire qu'il avançait un peu à l'aveuglette, mais c'était trop bon de jouer ce jeu-là. Surtout qu'il attendait encore pour donner le coup de grâce qui serait de révéler son identité. Il aimait trop voir les adultes se ridiculiser tout seul, et perdre contrôle quand on leur mettait sous le nez la preuve de leur erreur.

« En plus, franchement, le seul moment où ce garçon - excuse moi je n'ai pas retenu ton prénom - aurait pu entrer dans la réserve serait en pleine nuit. On le sait tous. Or, il ne vous ai pas venu à l'esprit de demander à celui qui l'a accusé de vol, ce qu'il faisait lui aussi hors de son dortoir à l'heure ou le soit-disant vol a été commis ?! »

Ça prenait réellement une tournure de procès, ce qui eu le don d'arracher un sourire de vainqueur à Tanys, qui reporta son attention sur le garçon, histoire de comprendre. Non sérieusement, y avait aucun moyen qu'on le prenne pour lui, il était l'unique De Saint-Ange .. Excepté que le doute se fit et que son regard se modifia quelque peu.. Et si .. Non. Ça ressemblait trop à un script de mauvais feuilleton télé.

« Pas le moins du monde. Au contraire, je suis encore plus insatisfait que quand je suis entré dans la bibliothèque et que vos cris d'énergumènes ont dérangé le calme que je venais chercher. »

Visiblement le bibliothécaire n'appréciait pas le petit arrogant de service qui venait mettre son nez dans les affaires des autres. Quand à la remarque sur le silence... rhaaa, il ne perdait rien pour attendre celui là. Le bibliothécaire ne le raterait pas. La première occasion serait la bonne. De son côté Nathanaël était assez gêné de la pagaille qu'il mettait. Il avait bien compris qu'il dérangeait le bibliothécaire même s'il n'avait qu'à moitié saisi pourquoi. Mais en plus s'il dérangeait aussi les élèves il n'avait plus qu'à aller se cacher. L'ennuie avec les langues étrangères c'est que parfois on met un peu de temps à retrouver un second degré.

« As tu des gens qui ne te supporte pas ? Après tout, si tu es du genre nez dans les bouquins et bon élève, tu peux être sûr d'avoir déjà la moitié de l'école sur le dos. Si on ajoute ta tendance à mal prononcer l'anglais et à mal comprendre, ça fait l'autre moitié. »

Nathanaël rougit honteusement, mais il avait la tête haute et le port altier. Il avait vraiment quelque chose d'involontairement noble le petit français. Il savait bien que ça pouvait être horriblement énervant de parler à quelqu'un qui ne saisissait que la moitié de ce qu'on lui disait. Quand aux bouquins... il ne connaissait pas ce mot mais il ne dit rien du tout, pour ne pas aggraver son cas.

« Mh wél... je ne sais pas... peut-être... non vraiment. », en fait il voyait particulièrement bien qui le détestait, mais il ne voulait pas que les frères d'Indiana soient punis à cause de lui. Il avait peut-être un peu trop bon coeur. Mais il aurait eu mauvaise conscience de voir Mael se faire punir - même s'il l'avait très largement mérité - d'autant plus qu'il était aussi ami avec Avril, sa petite amie ou quelque chose du genre s'il avait bien compris.

En fait à bien y réfléchir, Mael devait le haïr encore plus que ce qu'il le montrait. On n'était donc pas dans la merde...

« En plus, franchement, le seul moment où ce garçon - excuse moi je n'ai pas retenu ton prénom - ...
- Nathanaël de...
...aurait pu entrer dans la réserve serait en pleine nuit. On le sait tous. Or, il ne vous ai pas venu à l'esprit de demander à celui qui l'a accusé de vol, ce qu'il faisait lui aussi hors de son dortoir à l'heure ou le soit-disant vol a été commis ?! »

Le bibliothécaire laissa passer un silence appuyé.

« Soit. Vous marquez quelques points bien que votre arrogance mériterait selon moi une bonne correction. Cela dit, j'ai tendance à punir en priorité les voleurs. Et monsieur Thompson est un élève tout à fait fiable. S'il a dit avoir vu Monsieur de Saint-Ange dans la réserve il n'y a absolument aucune raison de remettre sa parole en doute. Je me contenterai de fouiller votre sac monsieur.»

Mais avant que Nathanaël n'ait pu répondre quoique ce soit, le grincheux bibliothécaire lui avait pris son sac et l'avait vidé. Pour preuve on y trouva que quelques bouquin de cours, une liasse de parchemins et quelques mots écrits par des admiratrices que le petit français n'avait pas vraiment osé jeter. Désappointé, le bibliothécaire les planta là sans même remettre les affaires à leur place. Nate soupira, lui aussi agacé.

« Merci pour m'avoir sorti d'ici. Ce type est toujours aussi détestable? »

S'il était facile de se moquer de la manière dont il construisait ses phrases, confondant parfois un mot avec un autre, Nathanaël cachait bien humblement un sorcier talentueux et sympathique dans le fond. Mais surtout sociable.

« Nathanaël de Saint-Ange. », annonça-t-il en tendant la main.

Plaidoirie imparable, il aurait pu faire passer Lucifer pour un innocent et une victime si il avait voulu. Bien que l'idée de défendre Lucifer ne lui plaisait pas tellement, il avait des limites dans sa méchanceté tout de même. Bras le long du corps, mains dans les poches le jeune Tanys afficha un sourire satisfait au fur et à mesure qu'il retournait la situation. Surtout qu'il empêchait l'autre élève d'en placer une, parce qu'il était pas très sûr que l'accent français ne l'aiderait pas à s'en sortir. Rien que dans sa façon de prononcer certains mots, agaçait le serpentard alors imaginer l'effet sur l'adulte .. Ainsi, il eut le temps d'entendre son prénom mais n'y prêta qu'une attention minime pour continuer à parler.
Pus le silence. Réflexion. Et l'adulte sembla s'avouer vaincu jusqu'à ce qu'il ouvre carrément le sac de la victime pour la fouiller. Sourire suffisant aux lèvres, Tanys savoura sa victoire alors qu'au fur et à mesure de la fouille le visage de l'homme prenait une teinte violacée et que sa bouche se tordait en expression de rage qu'il contenait mal au vue de la lèvre supérieur qui tremblait.
Inutile de préciser qu'il allait sans doute passer sa rage ailleurs, sur un autre élève qui n'aurait pas la chance d'avoir Tanys comme avocat. Soupirant, il sentit le livre dans son sac devenir plus léger, comme si la peur d'être découvert et de perdre tous ses avantages en tant que bon élève disparaissaient avec le départ du type. Haussant les épaules, il se tourna vers l'autre qui le remerciait avec un accent à couper au couteau.

« Y a pas de quoi, j'avais rien d'autre à faire de toute manière. » Observant l'homme s'en prendre à un autre élève plus loin qui mangeait des dragées en tournant les pages d'un vieux livre, Tanys sourit. « Il est juste frustré de pas avoir mieux réussit sa vie et de répondre aux besoins d'élèves sans doute plus intelligent que lui .. Enfin, certains élèves .. » ajouta t il quand il vit un élève se curer le nez devant un ouvrage sur l'histoire de la magie.

Passant son sac pour le placer sur son ventre, il tapota dessus, fier de lui puis s'interrompit. Il avait bien entendu là ? En ignorant l'accent et en s'appuyant sur la prononciation, il avait bien entendu non ? Tanys resta silencieux pendant ce qui lui sembla une éternité, fixant l'autre garçon avec des yeux ronds, la bouche entrouverte, sans cacher sa surprise. Si ça l'avait amusé qu'on puisse les confondre, là maintenant, c'était plus du tout drôle. Il tira une chaise, sans faire l'effort de la soulever pour éviter le bruit grinçant et s'installa dessus. Autant dire qu'il avait légèrement blêmi. Lui qui s'était cru unique. Il tombait de haut.

« Mais c'est pas possible. » fut il capable de lâcher en fixant le garçon. « Tu as bien dit De Saint-Ange ? » au cas où en réalité il se serait trompé. Sait on jamais, en français peut être que ça s'écrivait autrement mais que ça se prononçait pareil .. Ou alors c'était une farce, encore .. « C'est une blague ? »

« Il est juste frustré de pas avoir mieux réussit sa vie et de répondre aux besoins d'élèves sans doute plus intelligent que lui .. Enfin, certains élèves .. »

Nate regardait son interlocuteur, un peu étonné. Mais il se rappela vaguement ce qu'on lui avait dit des Serpentards mais si pour lui, il ne jugeait pas.

« Il me fait plus pitié à moi. J'aimerai pas... faire ça. C'est pas beaucoup valorisant. »

Valorisant, un mot qu'il connaissait pour avoir suivit quelques cours d'économie en France. Il était ravi de voir sur le moment que ces cours avaient pu servir à quelque chose. Et même si la phrase était une fois de plus bancale, il n'y fit guère plus attention que ça, glissant un regard vers le bibliothécaire qui s'escrimait à caresser son orgueil dans le sens du poil en distribuant punitions injustifiées et commentaires désagréable. Nathanaël haussa les épaules. Pauvre homme. C'était tout ce qu'il avait à en dire. Il ne s'en rendait pas compte mais c'était sans doute pire que les commentaires méprisants de Tanys. En même temps on est aristocrate ou on ne l'est pas. Et il se trouvait que Nathanaël avait baigné dans ce genre d'idées depuis petit alors...
Il finit tout de même par se présenter, ça ne se faisait pas d'autant qu'il devait une fière chandelle à Tanys pour son sauvetage improvisé. Pourtant la réaction de l'autre garçon ne fut pas vraiment celle à laquelle il s'était attendu. D'ordinaire quand il se présentait les gens fronçait un peu les sourcils parce que ça ne sonnait pas bien anglais Nathanaël de Saint Ange. Surtout pas dans sa bouche à lui. Mais la réaction de Tanys fut aux antipodes de ça. Visiblement ce n'était pas l'accent de Nate qui lui posait problème:

« Mais c'est pas possible. Tu as bien dit De Saint-Ange ? »
« Oui de Saint-Ange! », répéta le petit français avec enthousiasme, il fallait dire qu'il était rare qu'il tombe sur quelqu'un qui prononçait son nom correctement ici.

Mais sa joie s'envola bien vite en voyant que Tanys avait véritablement l'air... choqué.

« C'est une blague ? »
« Euh non. Je m'appelle Nathanaël Théo de Saint Ange. Pourquoi tu en connais un autre? »

Lui même n'ayant pas été élevé dans l'idée qu'il était uniquement au monde, et ne sachant presque rien de sa famille ne pouvait guère faire mieux que de rester perplexe en fin de compte.

Autant dire que Tanys avait complètement oublié la présence de l'adulte et les raisons qui l'avaient poussé à se mêler de cette histoire. D'ailleurs, en y réfléchissant bien, il ne savait même plus pourquoi il s'en était mêlé, incapable d'émettre un raisonnement logique.
Etrangement, il se reprenait son enfance en pleine tronche, comme une énorme claque qui le désarçonna. Brutale cette découverte, sans doute autant que celle de ce grimoire dans lequel il avait découvert ses origines.
Il avait pensé être un des derniers de la lignée, n'avait pas envisagé qu'il puisse y avoir d'autres De Saint-Ange ailleurs, surtout pas français en plus. Si bien qu'il ne pouvait caché sa surprise et sa déstabilisation.
Il s'assit sur la chaise libre, posa les coudes sur la table, enfonça son menton entre ses deux poings et le fixa avec attention, cherchant sans doute quelque chose qui lui prouverait qu'il mentait. Ou alors que ce n'était qu'une vilaine farce pour l'embêter.
Mais non, l'autre répéta à nouveau son nom de famille et sans accent, mais Tanys comprit ce qu'il disait. L'adolescent de la maison de Serpentard soupira fortement , non sans une grimace et l'observa bêtement. En plus, l'autre avait l'air tellement sincère, tellement enthousiaste que le vert et argent prononce bien son nom de famille qu'il n'y avait aucun doute.
Décidément, ses parents l'avaient vraiment manipulé comme un débutant, comme une poupée. Il aurait été tellement contente - sans doute - si il avait apprit plus tôt qu'il n'était pas tout seul et que quelqu'un d'autre partager ses origines. Un cousin, c'était le top non ? Il entendait toujours les autres enfants parler de leurs relation avec leurs cousins et cousines qu'il les enviait.

A défaut d'avoir un frère, il aurait eu quelqu'un avec qui partager sa colère. Etait il lui aussi rejeté par sa famille pour avoir été placé en école de magie ? Ou alors, sa famille était elle magique et donc enthousiaste. Il envia Nathanaël, avant de répondre d'un ton un peu las. « Excuse moi, j'ai oublié les usages de politesse. Je m'appelle Tanys De Saint-Ange. » avant de se redresser un peu pour récupérer une certaine contenance. « Je suppose que soit ceci n'est qu'un résultat du hasard, soit nous sommes cousins. » lâcha t il un peu plus pour lui que pour partager avec l'autre.

L'autre. Voilà comme il le voyait. Comme un individu qui lui volait un peu sa particularité. Parce que De Saint-Ange, ça faisait bourgeois, haut lacé dans la société mais qu'avec sa particule ça le rendait singulier. Sauf que maintenant, il devait s'habituer à ne plus être unique. En revanche, ce qui l'étonna, c'était qu'il n'avait jamais fait gaffe à l'existence de Nathanaël. Cela s'expliquait sans doute par leur différente maison, ou simplement par le fait que Tanys était toujours plus occupé par sa personne pour s'intéresser à l'existence des autres.

Nathanaël avait beau ne pas être de la même étoffe chafouine et rusée que son camarade Serpentard, il avait tout de même un certain sens de l'analyse. Si le petit français ne payait guère de mine avec son visage de dauphin délicat, il n'avait pas moins quelques qualités véritablement nobles et estimables. Aussi il ne lui échappa pas que l'annonce avait fait l'effet d'une bombe chez Tanys et, même si fidèle aux couleurs qu'il arborait, le vert et argent présentait une figure d'une parfaite neutralité, Nate sentait qu'il venait de toucher quelque chose.

« Excuse moi, j'ai oublié les usages de politesse. Je m'appelle Tanys De Saint-Ange. »
« ... De Saint-Ange. », répéta le français pensivement.

C'est vrai que c'était surprenant. Si Nathanaël avait été un brin plus calculateur, il aurait fait le lien avec les accusations du bibliothécaire. Mais il était d'une nature douce, et amène. Il regarda Tanys, relevant le menton avec toujours cette noblesse dans le geste qui semblait lui coller à la peau.
Il avait bien en tête les insultes de ses parents, celles de sa grand mère surtout qui semblait être l'historiographe attitrée de la famille. Elle avait dit que lui, Nathanaël venait de la branche pourrie. Sur le moment il n'avait pas compris. Qu'avait-il fait pour mériter d'être ainsi haï, du jour au lendemain. Il avait chu de l'était de grâce pour vêtir le manteau des pestiférés, ou peu s'en fallait.
Le Serdaigle scruta un instant le visage de Tanys, ses yeux noisettes passant sur chaque expression avec une application toute scientifique. Qu'avait-il dit? Tanys avait-il lui aussi eu droit aux mêmes insultes?

« Je suppose que soit ceci n'est qu'un résultat du hasard, soit nous sommes cousins. »
« Le hasarde?... Je ne crois pas. Tu as lu le livre de Dietrich Van Tassel: Les familles de sorciers éminents par delà le monde magique?»

Question déterminante. Elle paraissait pourtant innocente mais de la réponse de Tanys dépendrait beaucoup. Nate ne savait vraiment pas quoi en penser. Après tout peut-être que l'autre jeune homme avait raison, peut-être que ce n'était qu'une vulgaire coïncidence. Mais Nate 'ny croyait pas. Ce nom représentait beaucoup trop chez lui en France, et c'était aussi visiblement le cas en Angleterre. Lui, avait toujours cru qu'ils étaient les derniers des De Saint-Ange, parce que ça grand mère l'avait toujours dit. Puis quand il avait été jeté dehors, il avait reconsidéré les choses puis il était tombé sur ce livre et avait compris beaucoup plus de choses qu'il n'aurait jamais soupçonné. Avec ce livre, il avait quitté l'idée de réintégrer un jour sa famille, il avait de toute façon fait une croix dessus depuis longtemps. Avec ce livre, il s'était vraiment cru seul dans ce monde qu'il ne connaissait pas et là... un cousin? Si seulement.