- « Ca va aller ton poignet ? » Gémissement de la part de l’étudiant. « Non, hein. Aïe. Eloïse, aide-le à rejoindre l’infirmerie, s’il te plait. Dit-lui que c’est les sélections… encore. »

Envoyant une fois de plus un étudiant de Poudlard à l’infirmerie, Karly soupira de désespoir. Cette sélection ressemblait plus à une boucherie qu’à un jeu collectif et à du sport. Mais qu’est-ce qui se passait sur ce terrain ?! Les blessés étaient à compter par vingtaines et encore heureux, il n’y avait pas encore eu de mort. Elyssa avait raison : ce sport devenait trop dangereux. Mais pourquoi fallait-il que toutes les poisses lui tombent dessus en même temps. Comment allait-elle pouvoir regarder le professeur Grey en face maintenant. Surtout après le dernier avertissement. Tout ceci n’était pas pour plaire à la jeune femme. Depuis un an et demi, elle faisait passer les qualifications avec les membres de son équipe. Ils étaient comme une seconde famille. Cependant, aujourd’hui, ce n’était pas tout à fait le cas. Les règles avaient changé. De Karly la Terreur, on était passé à Roman le Terrible. Ca n’allait pas çà. C’est le capitaine qui devait effrayer afin d’avoir discipline et respect de son équipe. Pas l’un des autres joueurs. Surtout que Roman avait plus la carrure physique pour effrayer les petits nouveaux. C’est donc avec une mine compatissante pour chacun des petits nouveaux qui avaient tenté de les rejoindre que Karly quitta le terrain, balai en main. Les pauvres. Certains partaient à cloche-pied, tandis que d’autres se faisaient aider. Mais, tous, partaient en gémissant et couinant. Les tranchés de la première guerre mondiale avait eu lieu sur le terrain de Quidditch de Poudlard.
Et la guerre était loin d’être terminée.

Tel un vaillant soldat partant au front, le sang commençait à affluer vers les joues de l’écossaise au fur et à mesure où ses pas la menèrent en direction des vestiaires. La jeune demoiselle était bien connue pour ses répliques, plus que pour ses éclairs de génie en classe et tout semblait indiquer qu’une nouvelle crise allait bientôt éclater. Le seul problème restait que Karly ne s’énervait jamais contre ses amis. Encore moins contre son meilleur ami. Comme quoi, il y a des premières fois à tout. Poussant la lourde porte, le problème du jour se présenta devant elle, les traits plus tirés encore que les siens. Les rencontres sur le terrain allaient surement être du pipi de dragon à côté de la querelle qui les attendait. Les étudiants n’allaient certainement plus vouloir venir entrer dans l’équipe de Quidditch après que les murs du vestiaire ne volent en éclat. Néanmoins, la jeune femme attendit d’entendre le claquement de la porte derrière elle, avant de commencer sa tirade.

- « Toi ! » Appuyant un doigt accusateur dans sa direction, elle poussa violemment Roman pour le forcer à reculer jusqu’à le bloquer jusqu’au mur, signe qu’il n’était pas prêt de sortir sans avoir eu cette petite discussion. « Toi ! Je peux savoir quelle mouche t’a piqué dernièrement ? Tu es incontrôlable et dangereux. Tu as envoyé plus de blessés à l’infirmerie qu’une saison complète de Quidditch. Rôh tais-toi, n’essayes même pas de dire quelque chose avant que j’en ai terminé avec toi. Je peux savoir ce qu’ils t’ont fait ses gosses ? Ils veulent jouer au Quidditch. JOUER. Pas se faire dégommer la tronche à coup de batte parce qu’ils ont osé tenter d’entrer dans l’équipe de leur maison. On a l’impression que tu deviens Mister Hyde. Bordel, Roman ! C’est du Quidditch. Du simple Quidditch. Pas une combat de boxe ou la guerre du Viêt-Nam. Et me regarde pas comme çà, ca m’énerve ! »

Après avoir crier jusqu’à s’en enrouer la voix, la jeune femme arrêta sa tirade afin de reprendre son souffle, n’ayant pas laissé une seconde de répit pour que le pauvre garçon puisse respirer ou tenter de s’expliquer. Inspirant et expirant plusieurs fois, Karly avouerait entièrement qu’elle venait de se défouler sur son meilleur ami. S’il avait des comptes à régler, ok. Mais, pas à l’intérieur de l’équipe de Quidditch. Il n’y avait pas de favoritisme. Tout le monde était logé à la même enceinte. Redevant plus calme, elle releva la tête vers Roman en continua tout en souriant ironiquement. Sourire forcé et visible.

- « Alors ? Aveux, suggestions ? On accepte tout, tant qu’il y a une bonne explication derrière. »

Par Merlin que ca allait mieux après avoir pousser une bonne gueulante…

Attendez là, qu’est-ce qui se passe ? Mais que quelqu’un rembobine la cassette. Stop, arrêtez-vous là. Faites « Play ». Mais oui, maintenant. Argh. Double-Argh. Triple-Argh même : Karly venait de passer de l’énervement, au sourire forcé quoique sincère pour finir par paniquer intérieurement. Si, si, je vous assure. La raison : un vol aérien sans balai, ni même la volonté de voler. Quand Mister-Muscle commence à s’énerver, généralement personne ne bronche. Personne, mise à part Karly. Aussi étrange soit-il, le courage et la témérité de la jeune demoiselle ne l’ont pas encore tuée mais, cela ne saurait tarder. Et pourtant, les premières fois arrivent dans n’importe quelle situation. Là, Karly paniquait complètement intérieurement. La raison ? Roman venait de la soulever de terre, comme si elle n’était qu’une misérable petite plume. Un petit caillou. Un riquiqui microbe de rien du tout. Comment elle se défendait maintenant, hein ? Lorsqu’elle est dans les airs, Karly contrôle son balai. Mais là ? Aaaaaah, la panique totale et assurée. Cela se voyait clairement d’ailleurs, vu que le sourire avait disparu aussi rapidement qu’une goutte d’eau au Sahara et elle restait figée et clignant seulement des yeux, preuve qu’elle ne s’était pas évanouie.

« Putain mais lâche moi Karly!!! Y a rien du tout! »
« … Tu veux faire croire çà à qui ? Au Lutin des neiges. »

Réponse automatique de la Gryffone. Certes, il ne s’agissait pas d’une réponse adéquate mais, elle n’avait pas pu faire autrement que de laisser les mots glisser sur sa langue.

« Tu peux me dire ce qu'elle lui trouve à ce connard!!!' »
« Ahahah, c’est à cause d’une fille. » s’exclama-t-elle, toute heureuse d’avoir mis le doigt sur ce qui n’allait pas. Enfin, c’était plutôt Roman qui avait mis le doigt dessus mais, passons. « C’EST A CAUSE D’UNE FILLE !!! »

Voilà, Miss McGregor venait de réellement capter ce qui turpiner son ami au point de le transformer en machine à tuer. Non mais sérieusement, il fracassait tout le monde, tout ca parce qu’une fille n’avait pas voulu de lui et lui préférait quelqu’un d’autre ??? Sérieux, de chez sérieux ? Non mais attendez là, c’était quoi la règle première du capitaine McGregor ? Les problèmes sentimentaux ont les laisses A LA PORTE DU VESTIAIRE. Pas Roman. Tout le monde mais, pas lui. Il ne pouvait pas ne pas penser à cette règle primordiale qui avait valu des œillades pas très catholiques à Karly, comme si elle se moquait d’eux. En attendant, c’est ce qui se passait. Mais pourquoi lui ? Pourquoi son meilleur ami ? Et surtout la question la plus cruciale : comment devait-elle réagir ? Karly était figée sur place : son meilleur ami transgressait ses propres règles. Se calmant quelque peu, la demoiselle ne put le rester trop longtemps que la goutte d’eau était déjà tombée sur la plaque électrique, fumant dans tous les sens.

« Mais c’est pas vrai, Roman ! Tu peux me rappeler les règles du Quidditch, hein ? Rappelle-les-moi !!!! Les problèmes de couple ont les laissent…. »

Le laissant terminer sa propre phrase, Karly se retient ainsi de la finir elle-même par de nombreuses grossièretés. Elle risquait sa place et pire que tout : Gryffondor risquait son équipe de Quidditch. Cela ne devait pas arriver.

S’asseyant sur l’un des bancs de la salle des vestiaires, ses coudes sur les genoux, elle y déposa sa tête. Le calme était revenu en elle mais avait fait place au désespoir. Cependant, une autre question lui trottait dans la tête. En effet, elle ne pouvait pas laisser Roman comme çà. Elle n’aurait même pas laissé un inconnu dans cet état. D’un, parce qu’il était tellement en colère qu’il risquait de se transformer en Terminachose, vous savez, le robot destructeur des moldus. Et puis, il n’avait vraiment pas l’air bien. Prenant plusieurs d’énormes respirations, son sourire ne revint qu’en parcelle mais, le calme n’était pas pleinement là.

« Alors, si tu ne veux pas me dire de qui il s’agit, je peux savoir la situation compliquée qui te met dans cet état sentimental dégoutan…déconcertante ? »

Comment çà ? Non, non, elle n’allait pas dire dégoutante. Il s’agit seulement d’une déformation de votre subconscient =).

Karly - « Mais c’est pas vrai, Roman ! Tu peux me rappeler les règles du Quidditch, hein ? Rappelle-les-moi !!!! Les problèmes de couple ont les laissent…. »
Roman – Mais merde maintenant! Mets toi à ma place!!!
Karly – « Heinnnn ? Comment çà ? Non mais attend… Tu crois quoi ? Que je ne suis jamais sortie avec quelqu’un ? Que… Que je n’ai pas de relation sérieuse avec quelqu’un ? »

Oui, la discussion de sourds était bien lancée et ne semblait pas vouloir s’arrêter. Pour couronner son étonnement, Karly commençait à s’agiter tel un volatile qui tente de s’envoler mais qui ne se rend pas compte qu’il ne possède pas de plumes. Comme une poule qui tente de fuir le renard. Bien entendu, la jeune femme avait déjà eu des relations mais, il fallait dire qu’elle n’était pas bien connue pour de longues relations. Il y avait toujours quelque chose qui clochait… à moins qu’elle ne s’en lasse. Son record ? Un mois. Et encore, avec quelqu’un qui n’était pas de sa maison. Sans le vouloir, cette petite phrase semblait avoir meurtri la Gryffone.
Se reprenant, Karly demanda un peu plus d’explications au Gryffon. Après tout, elle n’allait pas se rajouter des soucis mentaux en plus. Roman finit par s’asseoir à ses côtés. Le problème devait être sérieux s’il en venait à se prendre la tête entre ses mains. C’était comme si cette dernière criait elle-même : Help, help. Please. Dissèques-moi. Guéris-moi. Help. Help.

Roman – « Dégoûtant? Ouais ça tu peux le dire... » Dégoutant ? Oui, même la vision du cerveau par Karly. Enfin, une vision très imagée. Mais, ce n’est pas notre question du jour. Qu’est-ce qui pouvait être à ce point dégoûtant ? « Enfin c'est pas elle qui est dégoûtante, c'est lui! Comment est-ce qu'il a pu lui faire ça? Elle n'a que seize ans ma sœur, et c'est MA sœur tu comprends. Je sais bien que parfois c'est pas un exemple de gentillesse mais elle a un bon fond... »

Wooo ! Mais qu’est-ce que sa sœur venait faire dans l’histoire ? Ah moins que… Non ? NON ? Ce n’était pas possible çà. Il ne pouvait pas… Ahhhh, Roman mais qu’est-ce que tu nous fais là ? Pourquoiiiiiii ? Pourquoi est-ce qu’elle s’y coltinait ? Parce que c’était son amie. Oui, bon point. Et elle l’apprécierait toujours malgré… çà ? Oui, deuxième bon point. Le visage de Karly se dépeignait au fur et à mesure pour devenir livide. Qu’est-ce qu’elle devait dire ?

« Hum… Comment dire… »
Oui, Karly n’était pas douée avec les mots. Bien loin de là. « Elle dit qu'elle l'aime tu te rends compte?! »

Oh non. Pas ses mots là ! Tout mais pas çà. N’arrivant plus à tordre ses doigts entre eux, ni même tourner sept fois sa langue dans sa bouche, la jeune fille se releva et commença à faire les cents pas en rond devant son meilleur ami, tournant la tête de temps à autre vers lui, des plus gênés.

« Roman… Ecoute…. Ce n’est pas très facile à dire mais… vois-tu, quand un homme et une femme s’aiment… Et bien, généralement… » Allait-elle réellement lui dire ? Autant y aller avec des pincettes alors. « … euh… » Et depuis quand prenait-elle des pincettes, même avec ses amis ? Karly avait toujours été franche – sauf avec les anciens – alors pourquoi pas encore aujourd’hui ? « Généralement, un frère et une sœur ne s’aiment pas de cet amour là. C’est… malsain. Vous avez les mêmes gènes et le même sang, tu imagines un peu ? Heurkk, je ne veux même pas vous imaginez. Et puis, ce n’est peut-être pas un si mauvais personnage cet-homme là. Après tout… Ta sœur l’a choisie ! »

Qui a dit que Karly n’était jamais à côté de ses pompes ?! Surtout depuis le décès de sa mère. Mais, quand quelqu’un fait tout pour que personne ne le remarque, sauf prendre plus de responsabilités… peut-être pas !