Le professeur déambule. Il croise un élève, un autre avant de finalement monter les étages, sans un mot. Il est assez tard, mais tout le monde sait qu'Abaddon ne dort presque pas. Certains même disent qu'il ne dort jamais vraiment. Peut être est-ce vrai. Ça expliquerait pourquoi il a l'air souvent fatigué... mais cela n'expliquerait en rien pourquoi il a toujours de l'énergie, malgré ce fameux « air de ». Il pousse la porte de la bibliothèque. Elle va bientôt fermer, mais il a ici tous les droits. Pour cause? Il n'est que le bras droit de Rufus Scylence. Si peu de chose... Mais on ne doit pas le confondre avec ce genre de chien galeux qui suivent leur maître. Non. Abaddon ne fait qu'aider, pour son propre intérêt et pour celui du reste du monde, le directeur. Il pousse la porte de la réserve et en ressort avec deux gros livres assez impressionnants, de par l'épaisseur et de la par le poids. Pourtant, l'alchimiste ne peine pas une seule seconde à les porter. Il s'avance, au travers des rayonnages. Il zone. S'arrête. Il ne sait pas vraiment pourquoi il est là. Enfin.. si. Mais pas vraiment pourquoi il s'arrête devant cette pile de livre. Il n'est pas venu pour ça. Il campe ici... mais son esprit qui vagabonde sans cesse lui annonce qu'il n'est pas en tête à tête avec la bibliothécaire, aussi il relève la tête et pose son regard sur une professeur de métamorphose lévitante. Son regard vert reste sur elle. Que peut-elle bien chercher dans tous ses livres... ? Il arque un sourcil avant de reposer son regard sur les livres. Son regard les balaye tous. Ils semblent se compléter. Certes. Mais sur quoi?

Il regarde les livres, encore un instant. Rien ne se rejoint réellement. Des livres poussés, d'autres pas. C'est quasiment un fouillis sans nom, ici, mais il sait qu'il ne peut y avoir qu'une seule explication, et cette dernière, c'est elle même qui la possède. Son regard dévit, se fixe sur elle alors qu'elle redescends vers lui. Trop de politesse la tuerait. Quoi que. Il a parlé trop vite. Pensé, trop vite. Il la regarde, avec un visage indifférent au plus haut point. Aucune émotion dans ses yeux. Comme s'il n'était pas là, comme si son corps n'était qu'une vulgaire enveloppe charnelle où il ne ressentait absolument rien.

« Bonsoir. Vous avez besoin d'un coin de table pour vos recherches? »
« Il y a des dizaines de table. » Il réfléchit un instant et hausse les épaules. « Mais puisque vous avez fait l'effort de la politesse... soit. »

Le Van Hellsing ne pose cependant pas ses bouquins, et les garde contre lui. Dans sa première main, il y a « Phénomologie concrète de la Matière Alchimique ». Un livre assez basique, pour Abaddon. Dans son autre main, cependant, il y a « Comment réussir une réincarnation alchimique organique ». En plus d'être interdit, c'est totalement impossible. On pourrait le prendre pour un fou. Il n'en a que faire. Son esprit gambadant – à défaut d'habiter son corps, il se balade – entends la vieille chanson. Il a un sourire amusé. Sans doute le premier depuis qu'elle le voit. La première émotion. Mais elle n'est que moquerie, alors... vaut-il mieux qu'il se moque ou qu'il reste indifférent?

« Si j'avais vraiment à lire dans votre esprit, croyez bien qu'une chanson ne suffirait pas à m'en empêcher. »

Il pourrait lui expliquer qu'il ne contrôle pas son legilimens, que son esprit ne s'attache pas à son corps, qu'il n'est qu'une enveloppe, qu'il vit au delà de sa chair, mais ça serait long, trop compliqué, et ça amènerait des complications diverses et variées.

« Mais personnellement, mes pensées m'appartiennent et je n'aime pas les laisser vagabonder. »
« Je ne peux pas m'en empêcher. »

Il ne s'excuse pas. Il hausse doucement les épaules, comme pour lui signifier qu'après tout, ce n'est pas de sa faute. Elle regarde les livres de l'alchimiste et il arque un sourcil. Elle s'intéresse également à l'alchimie? ..non. Elle n'en est pas une. Une pseudo alchimiste. Un vrai alchimiste aurait rit et lui aurait sans doute dit que l'alchimie organique était réservé à dieu. Un terrain de chasse gardé, dit-on.

« Ainsi donc c'est vrai. C'est l'alchimie qui vous intéresse... »
« Je suis alchimiste, de famille. »

Il pose ses deux livres sur la table, d'un geste machinale. En réalité, il est plus qu'un simple alchimiste, il est l'Alchimiste de l'époque, et pour cause, il n'est même pas humain, juste un résidus de quelques procédés pas nette de sa famille. Question de savoir vivre, il ne le dira pas. On ne dit pas ce genre de chose à n'importe qui, et surtout pas à elle, à elle qui prendrait un malin plaisir à décortiquer la chose jusqu'à son origine – peu glorieuse tout de même. Il s'assoit, croise les jambes et ouvre son énorme livre à la première page. Il n'y a rien d'écrit. Pour cause, c'est un livre d'alchimiste. Pas de sorcier qui se prenne pour. Quelque chose derrière lui s'illumine le temps qu'il referme son propre livre. Il ne pourra pas le lire en sa présence.

« Vous pouvez me le passer s'il vous plait? »

Il tends le bras, trop court, mais le livre lévite jusqu'à sa main. Informulé médiocre. Il le lui tends et repose son regard sur ses deux livres. Pas très ingénieux... il aurait du s'en douter. Les livres d'alchimie ne sont pas donnés à livre à n'importe qui. Il se décale un peu et sort de sa poche un de ses deux gants plans, marqués d'un cercle bien précis, aux inscriptions étranges. Peut être de l'araméen, peut être moins vieux. En somme, on y comprends rien. À l'intérieur du cercle, « HELLSING » traçait en lettres pourpres. Bijou familial. Il ouvre à nouveau le livre qui se dévoile alors son écriture. Le cercle du gant s'illumine, brille d'un pourpre étrange, alors que les écritures vermeilles se marquent sur les pages du livre. Il garde sa main posait sur la page. S'il la retire, elles disparaitront, et ce n'est pas vraiment le but. Les écritures ne sont pas humaines ; elles sont alchimiques. Une vieille langue, pour les vieilles personnes. Pour les familles d'alchimiste. C'est Méphistophélès qui serait agréablement surpris de voir que son héritier sache le lire. Il parcourt du regard la page, mais fronce doucement les sourcils et relève la tête, portant à nouveau son attention sur elle. Il retire sa main de sur les pages du livre qui redevient aussitôt vierge. Il le ferme, sans bruit.

« Votre dossier dit que vous n'êtes pas une métamorphomage. » Il arque un sourcil. « D'où vous viennent ces yeux rouges? »

Il est curieux. C'est naturel. Tous les sorciers n'ont pas les yeux rouges.

Il la regarde. Elle ne semble pas particulièrement disposée à parler. Pas grave. Fallait pas l'inviter.

« De la même place que votre odeur provient. Je présume que vous cherchez une potion alchimique pour pallier au problème? »
« Je n'ai aucune odeur. » Il marque un point essentiel. Il ne sent pas l'humain. Donc cela signifierait qu'elle ne l'ait pas non plus. Une lueur s'allume dans son regard. « Je ne vois pas de quel problème vous parlez. Et puis, je ne fais pas dans les potions. Je suis plutôt manuel. »

Il a un petit sourire en coin. Son regard se fait plus perçant alors qu'il se redresse un peu sur sa chaise.

« Vous n'êtes pas humaine. C'est drôle. J'aurais cru être la seule créature, si on exclut les vampires et les lycans, de Poudlard. »

Il n'est pas spécialement heureux, et pas spécialement inquiété. Il se demande juste quel genre de bestiole cette femme peut être. Une vélane? Une harpie? Une valkyrie peut être?

« On joue à un jeu? je trouve qui tu es et tu trouve qui je suis? Une question chaque et sans mensonge et on fricote pas dans ma tête non plus. Je commence. »

Il regarde le bouquin, sans ciller. En même temps, il n'a rien à craindre. S'il ne veut pas répondre, il n'aura qu'à partir. Il la regarde, et arque un sourcil. Bien. Pourquoi pas. Après tout, ce n'est qu'un jeu. Il est pas forcer de dire la vérité... ce n'est pas dans ses habitudes de mentir, mais qui sait le genre de question elle va poser.

« Es-tu né de la matrice d'une femme humaine? »
« A l'origine, oui. »

Il ne s'étendra pas sur la réponse. Il a répondu, après tout. Si elle n'est pas contente, elle n'aura qu'à poursuivre après. Bien. Réflexion rapide, courte. Son regard la fixe, un peu plus clair.

« Es-tu morte une fois? »

Il arque un sourcil. Lui avait déjà quitté son corps une fois. C'était ce qui le rendait si peu humain. C'était peut être cela l'explication des créatures. Le vampire aussi, mourrait. La Valkyrie était un esprit. … il n'y avait que le lycanthrope qui n'était pas « mort », mais il partageait son corps avec une deuxième personnalité, une personnalité bestiale. Ça pouvait aussi marcher, d'un certain sens.

Bien. Elle était morte. Ça enlevait la possiblité de la Valkyrie qui ne naissait pas, et qui ne mourrait pas. Cependant, ça offrait à lui un nombre multiple de choix. Vampire? Elle ne craignait pas la lumière, donc ce n'était sans doute pas ça. Quoi donc... Il sembla réfléchir un instant, mais rien ne lui vint.

As-tu été contaminé par morsure?
Non.

La réponse avait été directe. Non. Pas par morsure.

Tes traits de caractères sont ils typique de ta race?
Non.

Il n'existait qu'un seul être de sa race, à sa connaissance, aussi, c'était presque ridicule comme question. Il la fixa, attendant le dernier ultimatum.

Quel est ton mode de reproduction?
Je... Il arqua un sourcil, et eut un petit rire, le premier depuis des mois. Humain. Je suis du genre vivipare même.

Et pas ovipare, comme avait osé le dire un jour Debby. Pauvre petite fille qui confondait les deux. Il se massa la tempe, quelques secondes, et eut un peu arrêt. Que pouvait-elle bien être? Il fronça doucement les yeux. Lui était une créature scellée. Et elle? Si il posait cette question, il lui offrait une voie, une faille, un retour de question.

Êtes vous née ainsi?

Une sorte de Golem. C'était ridicule, mais il avait vu des golems très spéciaux.

Êtes vous la seule de votre espèce?

Ça martelait dans son crâne.

Êtes vous … une créature scellée ou invoquée?

Il laissait la voie libre. C'était dangereux. C'était le jeu.

Libre. Bien. Donc ça enlève la possibilité qu'un quelconque démon ait pu s'introduire dans son corps. Bon... ça devient plus complexe pour lui. Serait-elle un être... alchimique? Il réfléchit, intérieurement c'est le bric à brac.

Donc, si tu es le seul de ton espèce et que tu peux te reproduire... Tu as des preuves que tu puisse perpétuer ta race?
Mon fils. J'ai les même semences que les humains. Mais mon fils n'est pas comme moi. Donc j'imagine que je peux procréer, mais que mon héritier ait de l'espèce humaine.

Il a un petit sourire en coin. Tout le monde connaît Solomon Van Hellsing, petite tête brune qui le suit partout, comme s'il lui était attaché. C'est son fils. Il le sait entre tous. Abaddon n'est qu'une âme qui erre dans un corps trop grand, mais ce corps est purement humain après tout.

Et ton espérance de vie?
J'ai vingt neuf ans. Et je n'ai pas pris une ride depuis que j'ai... vingt ans. Il réfléchit et hausse les épaules. Je te le dirais quand je serais mort. ... 'fin, si je meurs un jour.

Logique. Comment pourrait il le savoir? Il est unique. Une expérience à lui tout seul. Toute l'Alchimie qui se retrouve au pieds d'un nourrisson si étrange, si... si décalé. Si unique. Il attends la dernière question avec ce calme olympien qui le caractérise si bien.

Es-tu une créature native de ce plan?

Il hésite. C'est la première fois. Il penche un peu la tête, comme si ça lui permettait de réfléchir. Native de ce plan... Il avait traversé les dimensions. Il avait été rattrapé alors qu'il cherchait à en atteindre un autre. Savait-il s'il était natif d'ici ou d'ailleurs? Il se redressa et haussa les épaules.

Bonne question. Si tu as la réponse, fais moi le savoir...

Le problème, quand on est unique, c'est qu'on ne sait rien, ou pratiquement rien, de ce que l'on ait. Abaddon aurait pu se croire humain, c'était normal, mais non. Ce n'était pas ça. Il ne l'était pas, et il le savait. Il posa son regard sur elle, la détailla, et arqua un sourcil.

Don héréditaire? Un de tes parents avait il la même particularité que toi? Même si tu es unique, il doit bien y avoir des séquelles dans ton arbre généalogique. À moins que tu ne te sois toi même créer?

Deux question, d'un seul coup. Il ne l'avait pas calculé, mais ça ne le gênait pas. Il lui en restait une. Il eut un court instant de réflexion. Bon. Pas une valkyrie, pas une vélane, unique... qu'est-ce qui pouvait s'associer avec tout ce bordel? Un être alchimique pouvait correspondre, mais aucun alchimiste du nom de Sampiero n'était dans les registres – ou tout du moins pas à sa mémoire.

Combien de vie as-tu vécu?

La question qui tue. Le retour de balle, dirons-nous.

Elle joue un jeu dangereux à répondre étrangement à ses questions. Il réfléchit, intensément. Si elle est unique, c'est qu'il n'a jamais lu son cas quelque part, mais ça reste sans doute dans le propable. Bien. Elle n'est pas alchimique – il le sentirait après tout. Mais elle vie, encore et encore. Elle renaît sans cesse. Elle est née ainsi. Il n'existe qu'une seule créature capable de renaître sans cesse, mais ça reste un animal. Donc comment se fait-il que cette créature se retrouve en elle? Ou qu'à l'inverse, elle soit cette créature. Bien. Des prunelles rouges sang, une chaleur étrange, et cette éternelle recommencement. Il a un sourire calme.

« Une. Sans hésiter. Le ruban de Moebius, tu connais? Tout n'est qu'une longue suite sans fin. Destruction et vie, tout est lié. »
« En alchimie, l'éternel recommencement se symbolise par le serpent qui se mords la queue, éternellement. L'ouroboros. »

Son signe à lui. Son patronus. Le basilic n'était pas son patronus ; il symbolisait quelque chose de plus profond, de plus étrange. Bien. Elle meurt et re vit donc. Une seule vie si on compte que la destruction et la renaissance est une vie. Ça semble assez logique. Ça concorde, ça se tient, mais ça reste très... floue dans l'esprit de l'alchimiste. Ô, il a bien vu des manticores être plus humaines que des hommes, mais...

« Voyons voir. Tu es né de la matrice d'une femme mais tu n'es pas humain. Tu es unique en ton genre, mais tu peux avoir une descendance humaine. Donc, je dirais que c'est au niveau de l'âme que ça se passe, je me trompe? »
« Avec ce raisonnement, oui, tu as raison. »

Forcément, oui. Si ce n'est pas le corps qui cloche, c'est l'âme. Elle est logique. Abaddon a un sourire satisfait et amusé. Lui tient déjà l'enigme, et il sait également qu'elle apparaît dans l'esprit de cette dernière, sans même lire ses pensées.

« Donc, si je poursuit ma logique, Tu es né humain, mais il est arrivé quelque chose qui a changé ta nature. Est-ce que c'est arrivé sciemment ou par accident? »
« Délibérément. »

Ses parents avaient voulu qu'il vive. Ils s'étaient sacrifiés. C'était, plus que tout au monde, un acte délibéré, volontaire, voulu et adoré. C'était peut être ça, le dernier ingrément qu'il y avait, à redonner naissance à un corps, après tout? Le pouvoir des sentiments. Il n'en savait rien. Il n'essaiera jamais. Il avait son fils, et sa femme était quelqu'un part en Hongrie, à redonner vie aux cadavres. Il aurait pu en rire tellement c'était ironique. Il était une sorte de résidus de mort-né, et elle, elle avait le pouvoir de leur redonner vie. La nécromancienne et l'alchimiste. Quel drôle de couple.

« Tu ne sais pas ce que tu est... Pourtant, aux bouquins d'alchimie que tu trimballe... La je parle de ça... » Il suit le doigt, et regarde son livre. Il ne s'en cache pas. Ce n'est pas la peine de jouer l'offusqué. « ...Tu a l'air d'un as en alchimie. Et par là, j'inclus la gourmette à Scylence. Il n'y a aucun alchimiste de ma connaissance qui fait ça. Bon, je ne suis pas une experte en alchimie, j'en connais un minimum pour mes besoins. Mais je sais que la pierre Philosophale à coté, c'est de la petite bière. Me contredirait tu si je t'affirmais que l'on maitrise toujours ce qui est notre nature? » Il a un sourire amusé.
« Je ne te contredirais pas, et dirais même qu'il n'y a rien de plus normal pour nous. »

Il aurait pu aussi ajouté que le niveau de maîtrise pour faire une pierre philosophale était de quelques générations d'une famille alchimiste – au souvenir d'Abaddon, il avait fallu cinq générations au Flamel, de travail de tous les jours, pour découvrir la pierre philosophale – mais il en fallait d'avantage pour contrôler toutes les particules d'un objet. C'était sans doute la seule qualité d'Abaddon. Contrôler les choses. Il se sentait rassuré ainsi.

« Me dirait tu alors que je me gourre si je te disais que d'après moi ton âme a été implanté dans ton corps humain par alchimie? » Il eut un petit sourire en coin et se redressa, s'appuyant sur le dossier de sa chaise.
« Je te dirais que tu n'es pas loin, mais que ce n'est pas encore exactement ça. »

Son regard vert brilla sous ses longs cils. Touché, mais pas dans le mile.

« A moi de jouer les inspecteurs. Tu meurs et renaît sans cesse, tu traverses les âges et pourtant, tu vieillis. Ton père a partagé ton état, ta mère non, et tu es née ainsi. Il n'existe ici bas qu'une seule créature qui meurs et qui renaisse. Alors, à mon humble avis, je pense que tu as quelque chose de commun avec le phœnix. Me tromperais-je? Si oui, je peux presque m'avancer en disant que si un phœnix ne te possède pas, alors ton âme n'est pas celle d'une humaine, mais celle d'un phœnix lui même. Après, comment est-il arrivé dans ton corps... à toi de m'éclairer. »

Il pencha doucement la tête, tout sourire.

Il a un sourire calme.

Rufus le sait déjà. C'est pour cela qu'il m'a engagé... Il sort ses deux gants et les pose sur la table. Je gage solennellement que je ne dirais rien sur ton identité et également que je t'éclairerais sur le mystère de ma naissance, etc, etc...

Ses gants sont une marque sur. C'est son trésor le plus cher, après son fils. C'est le dernier lien avec son humanité.

Il la regarde. Elle a l'air sérieuse. Ça se tient. Il pose ses mains sur le bois, a une courte hésitation. Certes. Bien. C'est à lui donc? ...promesse, promesse...

Je ne suis ni humain, ni ange, ni démon, ni même une créature. Je ne suis même pas sûr d'exister en réalité. Mon identité, Abaddon Van Hellsing, n'est qu'un... prétexte à une existence qui est déjà révolue. Mon nom est mort-né. Mes parents étaient deux iminents alchimistes, les plus puissants, les plus avancés. Je pourrais m'en vanter, mais ça ne me fait pas plaisir, car il existe une règle très claire chez les alchimistes : jamais, ô grand jamais, s'avancer dans la création d'être alchimique. Les manticores, toutes ces créatures nées de la magie, naissant de la magie, pas de l'alchimie. C'est tellement différent, tellement proche en même temps...

Il soupire.

Mes parents étaient alchimistes, et ayant aimé ce parasite, ils ont décidé de se sacrifier pour le faire renaître. L'alchimie a un principe simple : l'équivalence. Donnes moi quelque chose, je te donne une autre chose de la même importance. Cependant, la loi veut qu'une vie n'ait aucune équivalence, aucun prix. Ce soir là ils ont tracé un pentagramme très spéciale, ils ont mis tout ce qui avait de la valeur. De l'or, de l'argent... leurs vies. Ils sont morts durant la réanimation, et le corps du mort-né a été détruit, aspiré par le vide. Ils sont morts pour rien.

Il pose son menton dans sa main.

Un autre corps a été crée, identique, mais entièrement alchimique. Des veines, des os, tout n'est qu'une alchimie pure et simple, une illusion parfaite de vie et d'existence. On m'a élevé comme un enfant, mais à sept ans je savais déjà ce que les plus vieux alchimiques avaient appris. On a d'abord cru que j'étais un génie, mais avec le temps ils ont compris que je n'étais pas exactement humain. Alors on m'a radié de l'Ordre des Alchimistes, et au final... au final je me suis reconvertie dans< l'enseignement, pour passer le temps.

De son autre main, il caresse la couverture de ses livres.

Je n'ai pas toutes les réponses à mon existence. Je ne sais pas pourquoi l'Alchimie a fait que j'existe. De la même façon, je me sens étrange, comme si mon enveloppe charnelle était scindée avec mon âme, comme si je n'existais pas vraiment. C'était comme si je pouvais voguer d'un corps à un autre... mon don de legilimens, je ne l'ai pas travaillé. Il existe en moi depuis le début. Je ne sais pas comment j'en suis arrivé là. Je ne sais même pas pourquoi mon fils est humain, pas même comment il se fait que j'ai un enfant. Je ne sais rien de moi, hormis le fait que... que je suis alchimique et alchimiste à la fois.

Il posa son regard sur elle et haussa un sourcil.

Satisfaite?

Il a un sourire amusé. Quelle idée.

Et toi? Satisfait? Tu va maintenant arrêter d'essayer de me pigeonner l'esprit?
Vous ne m'écoutez pas. Je ne me contrôle pas. Mes mauvaises habitudes...

Il est amusé. C'est la première fois. Une créature... un Phoenix. Il pose son regard sur les lèvres. Curieux, toujours plus curieux. Son esprit engrange. Il ne sait faire que ça.

J'imagine que vous cherchez quelque chose de précis... je peux aider? J'ai lu... mh... deux cent livres ici. Je peux lire plus de 16 000 mots par minute. Une autre petite caractéristique, vous voyez...

Il pose son regard sur elle.

« Des mauvaises habitudes, ca se corrige. »
« Chasser le naturel, il revient au galop. »

Il a un sourire moqueur sur le bout des lèvres. Que croit-elle? Qu'il désire savoir tout ce qui fait les vies autour de lui? Triste chose. Il la regarde, ses lèvres. Il ne sait pas pourquoi. Sans doute pour se concentrer sur autre chose que les prunelles rouges. Leurs deux auras sont si différentes... la sienne est rouge, elle sent les flammes, alors que la sienne est verte, et elle sent l'humidité. C'est l'oiseau et le serpent, ici bas. Sourire. Il la fixe dans les yeux. La braise combat le vert de vipère des yeux d'Abaddon.

« Non merci. j'aime faire mes recherches moi même. Et après tout, si je n'avais pas de secrets, je ne serait plus aussi intéressante n'est ce pas? »
« Mais je pourrais bien me lasser de chercher à les découvrir en vain. » Il haussa les épaules et se leva. « Je ne faisais que proposer mon aide, après tout. »

Il n'insistera pas. Il n'ira pas même reporter ce petit incident, cette petite confidence à Rufus. Il ira juste voir Solomon, son sorcier de fils, et il ira le border, le regarder dans l'obscurité. Le verra t-il mourir? Grandir, avoir des enfants? Verra t-il sa descendance, un à un tombait? Il attrape ses deux livres, et les garde sous son bras, alors que son regard vert décrypte chaque mouvement. Elle cache des choses. Qu'importe. Lui aussi après tout. Il tourne les talons alors qu'elle se prépare à partir, et dans le silence le plus complet se dirige lentement vers les cachots. Le domaine des vipères, dit-on.