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Aaron a toujours aimé les plantes.
Ce n'est pas comme quand on aime de la glace, ou quand on aime marcher, c'est plus profond. C'est un amour passionnelle, quasiment. Il aime les fleurs comme il aime une femme, un enfant. C'est plus qu'une simple plante qu'il est en train de mettre en pot, c'est une vie pour lui. Tout être a le droit à la vie. Il ne haït pas les créatures. Pas les manticores, pas les loups garous, rien. Il aime tout en ce bas monde, tout ce qui ne nuit pas aux autres. On lui dira qu'il est trop sensible, qu'il est pratiquement faible, mais Aaron répondra tout simplement qu'il n'est pas juge de la nature des autres, et qu'au lieu de tuer systématiquement, il faut leur venir en aide. On ne tue pas un ours car il tue les troupeaux des bergers. On enferme l'ours dans une réserve naturelle. Pourquoi tuer un loup garou alors? Ce n'est pas dans la nature d'Aaron de tuer une créature, tout le monde le sait. Du bout des doigts, il tasse la terre dans le pot, autour des lys. C'est un cadeau pour Misha. Elle aime les lys et les orchidées. Il le sait. Il se relève, essuie ses mains sur une serviette. La fleur fleurira, quelque temps, et il la lui donnera. Bien. Il regarde l'heure. Il est déjà tard. Il a rendez-vous. Il retire son tablier, époussète sa chemise, remet en place sa cravate rouge. Il ouvre la porte des serres et traverse lentement le jardin. Les gens le fixent, de loin. Certains sourient, le regardent avec envie, d'autres avec dégoût. Aaron a une réputation. C'est un garçon tellement facile, tellement... tellement? Comment un garçon aussi beau passe dans tous les lits? On se le demande. On en sait jamais rien... Personne n'a jamais su. On dit souvent qu'il cherche l'amour, qu'il cherche dans les corps des autres ce qu'il a perdu. C'est faux. Aaron ne cherche pas l'amour aussi désespérément. C'est plus profond, c'est plus douloureux. C'est ce manque d'affection qu'il cherche à combler, ce manque d'amour. Une mère décédée trop tôt, un père absent, et quand il était auprès de lui, trop froid, trop distant. Il n'y avait jamais eut de dialogue entre eux. Son père ne l'avait pas éduqué. Aaron n'était pas un Vanna Syl, et il le savait, et il en souffrait. C'était douloureux, sincèrement, mais Aaron avait compris qu'on ne pouvait pas toujours être aimer des autres, mais que ce n'était pas grave tant qu'il y avait une personne qui tenait à vous ici bas. Pourquoi ne s'arrêtait-il pas à la première personne qui tenait à lui alors? Mais simplement car il ne peut pas. Aaron ne peut pas. Il n'y arrivait tout simplement pas. Il était un électron libre, et personne, ou presque, ne pourrait l'arrêter. Il monta rapidement les marches, accélérant le pas et s'engouffra au troisième étage, avançant jusqu'à la salle interdite. Une silhouette l'y attendait, Aaron le savait. Il était heureux qu'on l'attende. Vous trouvez ça ridicule? Ça ne l'était pas. C'est même logique. Aaron aimait être attendu, désiré. Il était une sorte de nouveau romantique. Il aimait ça. Ça le faisait passer pour une pucelle, pour une jeune fille en fleur... il s'en foutait. À ce moment, les bras qui entouraient ses hanches étaient sa seule préoccupation. Il ronronna, se levant sur le bout des pieds et déposa un baiser brûlant sur les lèvres jumelles, plongeant son regard bleu dans les pupilles brunes.
« Tu es en retard Aaron. » « Désolé Greg, j'avais un truc à finir. Ce n'est pas grave, n'est-ce pas? » Il dépose à nouveau un baiser sur ses lèvres, Greg le sert contre lui. Le sourire du Gryffondor tressaille alors que les mains glisse sur son corps. Il s'étire, entoure de ses bras la nuque de Greg Kelso. Vous avez bien entendu. Greg Kelso. C'est pour une nuit. Mais une nuit, pour Aaron, c'est tout. C'est une nuit de moins seul dans son lit. Il frissonne sous la main du serpentard, se blottit contre lui, se frotte outrageusement, mais il n'a pas honte. Tous les jours, on lui crache au visage sa différence. Pédale? Homosexuel? C'est drôle les sous entendus que l'on siffle à la mi-temps du match de Quidditch, sur les vestiaires, sur la savonnette. Mais Aaron hausse doucement les épaules. Il ne voit pas de mal à ça, surtout pas quand une fois la nuit tombée, on s'approche de lui, on l'embrasse et on lui demande : « tu fais ça avec moi? ». Aaron ne dit jamais non. C'est sa façon d'être, sa façon de vivre. Le gryffondor ferme les yeux en sentant le mur dans son dos, le corps musclé qui le presse, qui le tient. Il n'aime pas être fort. Aaron n'est pas un homme, pas un vrai comme on le dit. Il aime se sentir petit et faible dans des bras qui, pendant une nuit, l'aimeront. Il n'aime pas les femmes, car elles sont fragiles comme des brindilles. Il aime être diriger, il aime sentir le souffle chaud sur sa nuque, qui le fait devenir si minuscule. Il n'est pas mince, il n'est pas maigre. Son corps est finement musclé, mais il ne veut pas être puissant, pas avec Greg. Il réponds à ses baisers en rougissant, il soupire en sentant les mains défèrent sa ceinture, tremblant. Il embrasse Greg, appuie son visage contre le sien. Le serpentard chuchote quelque chose dans son oreille qui fait rougir un peu plus le gryffondor qui s'abandonne, sans limite. On pourrait le briser. On pourrait l'humilier. Il n'a plus aucune méfiance, plus aucune barrière. Il aime cette façon de tenir ses hanches, de caresser sa peau. Il aime tellement qu'il ferme les yeux, qu'il s'agrippe à ses omoplates, souffle à son oreille, fièvreux... « Greeeg... » juste une nuit...

…

L'aube se lève à peine quand Aaron ouvre les yeux. Il ne dort jamais bien longtemps. Heureusement pour Roman qui se plaint de ses ronronnements. Aaron sourit. À travers les vitres du dortoir, le soleil perce au loin, mais le ciel est encore gris bleuté. Il va pleuvoir. Le chasseur en lui le sait. Mais son coeur s'élève ailleurs. Il se blottit sous sa couette, ferme les yeux. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'on l'accepte. Ce n'est qu'une question d'année avant qu'il devienne quelqu'un. Il aimerait tellement que sa famille le voit, le regarde. Au moins une fois. Est-ce possible? ...il ne sait pas. Ce qu'il sait, c'est qu'aujourd'hui, il retourne à la maison. C'est le jour. Il ferme les yeux, calme. Eurydice le rejoindra dans quelques jours, et ils iront faire des balades, dans la bruyère et dans les prairies. Ils parleront du vent. Eurydice lui soufflera combien Roman est beau. Il haussera les épaules, avec une pointe au coeur. Il sait qu'il est seul. Il le saura à ce moment, car lui... lui... lui, il n'est rien.