Ca n'a l'air de rien du tout un mois. Pour n'importe qui, il ne s'agirait qu'une goutte d'eau dans l'océan de la vie, qu'une simple bagatelle. Mais, un mois passé dans la prison d'Azkaban, cela pouvait aussi bien paraître une éternité et vous changer un homme ; transformer un jeune aristocrate arrogant en un gamin chétif qui a peur de son ombre. Ainsi, si Luke ne comprenait pas vraiment cette histoire de plan d'évasion, il saisissait encore moins ce que Chain, son supposé meilleur ami devenu un gardien d'Azkaban, jouait comme rôle dans cette mascarade. Il avait cette désagréable sensation de posséder les pièces d'un puzzle sans parvenir à les assembler pour former le motif attendu. C'était donc dans une sorte d'état second qu'il suivait Backdown ou plutôt, qu'il se laissait traîner par ce dernier, la main de son ami résolument refermée sur son bras, se voulant rassurante sans doute. Ses prunelles grises et ternes regardaient sans réellement les voir les couloirs et les cellules qui défilaient, incapables de profiter de ce moment, de cette évasion à laquelle il avait tant et tant rêvé. Il ne l'avait pas imaginée ainsi, cependant. Naïvement, il s'était dit que Matt finirait par regretter son inexplicable trahison, qu'il ouvrirait les yeux et qu'il viendrait le chercher. Secrètement, il gardait encore l'espoir un peu fou que Chain n'avait pas agi seul et que le stratège Hemmington était derrière tout ça. La première chose qui le fit réagir et sortir de cette léthargie amorphique dans laquelle il s'était plongée fut la sensation du vent frais et des embruns sur son visage. Il leva les yeux vers le ciel et un sourire effleura ses lèvres, le premier vrai et sincère depuis longtemps, comme ses iris caressaient du regard la lune et les étoiles. Il n'avait jamais pensé que des choses aussi futiles lui manqueraient un jour mais, aujourd'hui, au-delà d'être de simples astres nocturnes, ils étaient le symbole de sa liberté retrouvée. Cette impression que votre cage thoracique va exploser, compressée par une force invisible, ce sentiment que vous allez mourir étouffé tant vous manquez d'air puis, le bruit caractéristique du transplanage le firent changer de lieu sans qu'il ait eu le temps de protester. Il lui fallut de longues minutes avant de pouvoir observer avec attention l'endroit où il se trouvait. Si, certes, ce n'était plus Azkaban, et il ne pouvait que s'en réjouir, cet endroit ne lui plaisait pas davantage comme il s'y sentait comme un étranger. Le loup milieu de la bergerie ou bien l'inverse, à votre guise, dans tous les cas, il le savait, il n'était pas à sa place ici. A peine se rendit-il compte que la main de Chain était toujours sur son bras qu'il s'extirpa de son étreinte d'un mouvement sec avant de s'éloigner de quelques pas, la mine maussade. Visiblement, il lui en voulait encore, quand bien même l'Irlandais venait sans doute de risquer sa vie pour le sauver. La gratitude n'est pas votre première vertu quand vous venez de passer un mois dans une prison miteuse à voir tous les jours se balader devant vos grilles les êtres que vous aimiez le plus au monde et dont vous êtes sûrs qu'ils vous ont trahi au noms des idéaux que vous aviez tous trois autrefois.
Ses prunelles aciers balayent la pièce, reconnaissent même quelques visages, de ceux qui sont déjà revenus de leur petite mission Azkaban et soudainement, tout se fait jour dans son esprit. Il fait volte-face et se retourne vers Chain, incrédule, presque horrifié. « Tu... Tu as rejoint l'Ordre ? » La façon dont il prononce ce mot indique bien ce qu'il en pense et, à vrai dire, ce n'est pas tant qu'il se soit associé au Phénix qui le choque, c'est qu'il ait pu trahir les Mangemorts. « Non, non... T'as pas fait ça, Chain, ils vont te tuer, tu le sais ça ? HEIN ? Tu le sais qu'on ne trahit pas les Mnagemorts sans en payer le prix ?! » L'arrivée d'un autre groupe de personnes interrompt la diatribe dithyrambique dans laquelle il s'apprêtait à se lancer. Il reconnaît, de vue, Huyana, pour l'avoir déjà croisée brièvement à Ealdwic. Il ne s'attarde pas sur les autres, son attention se reportant à nouveau sur Chain. « Où il est Matt ? Il était avec toi, pas vrai ? Tout ça, c'était son idée, c'est ça ? » Ca ressemble à s'y méprendre à une supplique, à une confirmation. Dis-moi que c'est ça, dis-le moi et je pourrais envisager de vous le pardonner. Dis-moi que ce que vous m'avez fait subir était pour une bonne raison et je saurais oublier. Déjà, certains le regardent avec répréhension, comme s'ils trouvaient audacieux que Midnight ose encore faire la fine bouche sur ses libérateurs. Il en était sorti, non ? N'était-ce pas tout ce qui comptait ? Certes, on pourrait le trouver ingrat, il s'en moquait. Pour l'instant, tout ce qui lui importait, c'était de savoir où était Matt, parce que cela ne pouvait pas être autrement ; Hemmington avait voulu le sauver, depuis le tout début, et c'était pour ça que lui et Chain s'étaient engagés à Azkaban. Ca ne pouvait être que ça. Il eut un sourire, presque rassuré, comme si, finalement, tout le reste n'était rien à côté de savoir ça. De savoir qu'ils avaient été là pour lui, depuis le commencement.
Matt Aindreas Hemmington
AGENT DU MINISTERE. ► Président-Sorcier du Magenmagot.
► MESSAGES : 129 Lun 9 Jan - 2:16
ft CHAIN BACKDOWN
« Matt, j’commence à avoir marre… On peut pas rester ici. C’est pas humain, tu le sais. J’en ai marre. J’veux plus. C’est trop dur ! On dirait que ça te touche pas ! Regarde-toi ! Ça fait trois semaines qu’on se traîne dans ces foutus couloirs, et toi, t’es là, et tu- » « Ta gueule Chain. » « Quoi ? Tu m’dis pas ta gueule en- » « Chain ! Ferme ta putain de grande gueule ! »
La voix du Hemmington sonnait profonde, grave, et c’était sans doute la première fois qu’il élevait la voix contre Chain pour… rien ? Sa voix. Elle avait un quelque chose de suave, mais au fond, la tristesse détonnait. Chain arrêta aussitôt de parler. Il fit quelques pas, contourna le bureau de la chambre, et se pointa devant Matt, les yeux rougis par les larmes. C’était la première fois depuis le début de leur amitié que le jeune Backdown pouvait apercevoir une telle tristesse sur le visage du garçon. Matt était d’origine froide, un bloc de glace aurait eu plus de sentiment, mais à ce moment très précis, Matt avait le sentiment froid des statues du Vatican. Il était un Lucifer plongé dans les abysses, seul et abandonné, et ses mains serraient désespérément le bureau, de cet air qui ne ressemble à rien, et qui fait éprouver la compassion.
« Ma… » « Je l’ai cogné. »
Chain resta muet. Il ne comprit pas sur le moment. Que pouvait-il comprendre à ça après tout ? Ils s’étaient jurés tous jeunes la plus grande des fidélités. Il ne doutait pas que le fait que Luke et Matt soient « ensemble » ne comptait en rien dans la façon qu’il avait eu de vouloir le sauver dès le début. Ils en auraient fait de même pour lui, il en était persuadé. Mais cette tristesse n’avait rien à voir avec Azkaban. Au plus, Chain éprouvait un certain dégoût, et un mépris pour lui-même, mais des pleurs, ça n’était pas logique. Il pinça les lèvres. Matt pencha la tête en avant, sa large main se posa sur son visage alors que le jeune Backdown put apercevoir des larmes coulaient sur son menton. Matt Hemmington pleurait ?
« J’ai cogné Luke… J’ai cogné Luke… »
Chain resta silencieux, abasourdi. Cogné ? Ses yeux clairs se figèrent sur Matt, qui, comme un penseur, assis sur le bureau, s’était replié sur lui-même. Un ange sombre pleurait dans la maison des Hemmington.
~*~
La salle reposante de Lexham Garden n’avait visiblement pas suffit à Luke pour qu’il se détende. Au moins, ils étaient tous les deux sains et saufs. Chain jetait régulièrement de petits regards à l’assistance, pour être sûr qu’aucun mangemort ne les avait suivis, pinçant ses lèvres. Il avait beau regardé autour, le visage de Matt ne lui parvenait pas, et tout le monde savait que le géant Hemmington ne pouvait pas passer inaperçu, pas vrai ? Il fronça doucement les sourcils, se mordillant la lèvre inférieure. Quelque chose clochait.
~*~
Doucement il poussa la porte. Ses yeux anthracite brillaient dans l’obscurité du couloir. Le bureau aussi était dans la nuit, mais du bruit et des mouvements avertissaient qu’il y avait bien quelqu’un à l’intérieur, et que ce dernier tentait à tout prix à se défaire de quelque chose.
« C’est qui ?! »
La voix rauque d’Edward Clash venait de gueuler, et il crut voir une baguette se tendre. Matt eut un petit sourire en coin, avant de le faire disparaître, se raclant doucement la gorge.
« Matt Hemmington, monsieur. » « Matt ? » Clash se détendit. « Matt ? Qu’est-ce que tu fous là ? »
Sa voix avait quelque chose de paniqué. Peut-être avait-il peur. Dans son fond intérieur, Matt eut un sourire mauvais. Tu devrais avoir peur ouais… Il entra dans le bureau, fermant derrière lui la porte. Edward Clash était attaché à son bureau avec des menottes, et ce n’était pas sa baguette qu’il brandissait mais la poignée d’un tiroir qu’il avait dû casser en se débâtant. Matt haussa un sourcil. Il aurait pu se demander pourquoi le directeur d’Azkaban se retrouvait dans une telle posture, mais en vue de ses dérives, il comprenait très bien.
« Aide-moi ! Aide-moi, cette pute est partit avec les clefs ! » « Je crois que je suis au regret de décliner… » Un petit rictus mauvais fit son apparition sur les deux fines lèvres de Matt. Ces mêmes lèvres qui avaient cent fois embrassé le corps du jeune Midnight, qui connaissait par cœur son visage. Son visage se rembrunit dans la pénombre du bureau, comme il dégageait sa main de sous sa veste, baguette au poing. « J’ai quelques révélations pour vous… »
Edward Clash fixa Matt, le regard sévère.
« Quel genre de révélations ? » « Du genre douloureuses, Monsieur Clash, très douloureuses. » souffla la voix chaude du géant.
~*~
Quand Luke le regarde d’un air horrifié, Chain se raidit. Un instant il se dit qu’il sait, qu’il sait toute la manigance, et qu’il va vouloir retourner à Azkaban pour chercher Matt, et s’ils font ça, Matt lui en voudra à vie, quand bien même il serait mort. Enfin, mort. Il n’est pas vraiment mort, pas vrai ? Les yeux de Chain se figent sur Luke, un peu en retrait. Il a peur de faire une connerie.
« Tu... Tu as rejoint l'Ordre ? » « Je… Joker, héhé ? » Il a un petit rire idiot qui ponctue son malaise. Il aimerait bien crier que tout ça c’est de la faute de Matt, que c’est son gros tas qui l’a traîné ici, mais tout ce qu’il peut dire s’étouffe dans sa gorge. « Non, non... T'as pas fait ça, Chain, ils vont te tuer, tu le sais ça ? HEIN ? Tu le sais qu'on ne trahit pas les Mnagemorts sans en payer le prix ?! » « Ah ça je savais, j’ai signé pour en chier Monsieur, pour en chier et pour sauver tes fesses, alors si tu pouvais être un peu… »
Ah. Il reconnaît le groupe qui arrive. Huyana avance, belle avec ses cheveux longs, mais elle a une mine froide et un peu lointaine. Ils échangent un regard, et la gorge de Chain se noue un peu plus. Abaddon débarque et les cercles se referment et disparaissent dans une fine poussière grisâtre. Mais Matt n’est pas là. Matt n’est toujours pas là. Le regard clair du jeune Backdown se repose sur Luke. Mon dieu ?
~*~
« A-aa-arrêêêtes ! »
La voix d’Edward Clash hurle dans le petit bureau que l’administration lui a attribué alors que Matt martèle son visage à coup de poings. De toute sa vie, il n’a jamais frappé aussi fort. Il n’a jamais voulu frappé aussi fort d’ailleurs. Et si Edward Clash est plus vieux, il ne fait pas le poids, pas physiquement, pas sans baguette, alors phalanges après phalanges il encaisse, et son visage s’imprime d’auréoles bleutés et violacées. Ça fait une constellation sur sa gueule. La constellation du chien, sans doute. A un moment, essoufflé, Matt arrêtes. Son torse puissant se soulève, nerveux, alors que sa main tremble de l’excitation qui le prends et le serre brutalement. C’est l’adrénaline, la colère, la haine aussi qui cherche à s’expulser, à fuir hors de lui. C’est dur, c’est violent et brutal à la fois. Même le visage ravagé de coups et en sang de Clash ne lui attire aucune pitié, ou tout du moins de plus en plus de haine et de colère. Il peste et lui crache à la figure, comme on ferait à une sous-merde.
« Luke Midnight est gay. Il est gay avec moi, pauvre con. »
Les yeux de Clash, sur le moment, s’écarquillent. Dans son crâne, il sait qu’il a fait une erreur, et qu’elle va lui coûter plus que prévu.
~*~
« Où il est Matt ? Il était avec toi, pas vrai ? Tout ça, c'était son idée, c'est ça ? »
Chain le regarde, le fixe. Il dévisage ce beau visage, un peu affamé, amaigri, aux cernes lourdes et aux traces de coup. Il se doute bien que dans le dos du beau Luke Midnight il y a encore les traces violacées des coups de fouet que Matt a dû lui mettre sous la contrainte. Il aimerait vraiment lui dire que tout ça n’a été qu’un petit cauchemar, que Matt est là, qu’ils vont pouvoir redevenir les amis d’avant et que leurs parents ne vont rien dire, que tout va bien aller. Que le monde entier leur pardonne. Mais c’est faux. Et Chain Backdown n’est pas un menteur. Alors doucement il baisse les yeux, le visage peu à peu décomposé. Il hésite entre pleurer et lui dire que Matt est mort dans la bataille, ou alors suivre les conseils de son ami. Il se doute bien que Matt, dans sa mort, aura laisser à son unique amour la plus belle des choses, mais… mais c’est triste, comme histoire. Et Chain n’aime pas les histoires tristes. Il renifle, un peu.
« J’suis désolé Luke. Matt était un traître. Il a voulu vendre l’opération de l’Ordre, alors ils l’ont descendu. » Il renifle plus fort. « Matt… Matt t’a vendu au Ministère. J’suis désolé Luke. J’suis tellement désolé… »
…de te mentir encore et encore. Désolé de ne pas pouvoir te prendre dans les bras sans me sentir coupable ? D’entâcher la mémoire de Matt alors qu’il était plus fidèle que je ne le serais jamais ? De pleurer comme une merde alors que t’es celui qui a le plus souffert et qui souffrira le plus à présent ? Les yeux de Chain Backdown se fixent sur le sol. La honte. C’est la première fois qu’il ressent ce sentiment. La honte…
Luke Midnight
MAGISTER. ►ès Métamorphoses.
► MESSAGES : 573 Lun 9 Jan - 17:44
« Non, non... T'as pas fait ça, Chain, ils vont te tuer, tu le sais ça ? HEIN ? Tu le sais qu'on ne trahit pas les Mangemorts sans en payer le prix ?! » « Ah ça je savais, j’ai signé pour en chier Monsieur, pour en chier et pour sauver tes fesses, alors si tu pouvais être un peu… » Si Luke n'accorde qu'un bref regard aux nouveaux arrivants, Chain, lui, semble observer qui revient et qui ne revient pas avec une certaine tension, presque inquiet au fur et à mesure des groupes qui débarquent, comme s'il attendait quelqu'un, ce qui conforte Luke dans l'idée un peu rassurante que Hemmington était avec lui et qu'il n'allait pas tarder à arriver, lui aussi. Il ignorait quelle serait sa réaction face à lui, car on ne peut pas réellement prévoir ces choses-là. Peut-être se contenterait-il du même masque d'indifférence que lui même avait arboré tout du long, peut-être lui sauterait-il dans les bras, soulagé de savoir que le cauchemar était enfin terminé. Non, ça, c'était peu probable. S'il pardonnerait plus facilement à Chain, il serait plus dur avec Matt pour des raisons simplement évidentes. La première en raison de leur relation plus « intime » ; la seconde parce que Matt n'avait que trop joué son « rôle » de gardien si, effectivement, « rôle » il y avait eu. Il n'oublierait pas ces heures à attendre un regard de lui, un geste, n'importe quoi qui aurait pu le réconforter mais il ne lui avait même pas offert un sourire. Le geste le plus tendre que l'Irlandais avait eu pour son compatriote, Luke en portait encore les marques fines et violacées dans le dos ; des coups de fouets, une punition sordide pour châtier une infraction tout aussi sordide. Ce qu'il avait fait de répréhensible pour le mériter ? Il ne s'en souvenait pas. A Azkaban, les coups pleuvaient comme les averses en Irlande et la plupart du temps, ils n'étaient pas mérités ; les gardiens perdaient rarement l'occasion de se défouler de leur journée pourrie ou de leurs rancoeurs personnelles sur les prisonniers. Luke était pour cela une proie facile, fragile et frêle, incapable de répliquer ou de se défendre correctement. Sans doute que son visage d'angelot aux boucles blondes n'était pas pour rien dans toute cette affaire. Avec le temps, il avait appris qu'il valait mieux rester éloigné des barreaux de sa cellule pour retirer de la vue des gardes la tentation d'abîmer plus avant cette figure d'enfant et s'éviter ce genre de désagréments, le réduisant à l'état de chien contraint de se terrer dans les recoins sombres. Et puis, il avait appris une autre leçon, une leçon qui avait pour nom Edward Clash, et à côté de laquelle le fouet, même donné par Matt, n'était rien. Quand les geôliers étaient venus le chercher dans sa cellule en lui annonçant que le directeur voulait le voir, Luke, naïf, s'était imaginé que c'était pour le libérer, qu'enfin sa peine était terminée et qu'il allait pouvoir sortir de cet Enfer. Pour peu, il y serait presque allé en courant tant il y croyait mais les sourires entendus des gardes qui s'échangeaient dans son dos n'auraient pas manqué de lui mettre la puce à l'oreille si seulement il les avaient vus. Quand la porte du bureau de Clash s'était refermée sur lui, il n'avait pourtant pas tardé à comprendre pourquoi le directeur l'avait fait venir. Alors oui, il avait crié, supplié, pleuré, il s'était débattu aussi mais ni Matt, ni Chain n'étaient venus le chercher, ils l'avaient laissé subir, simple jouet entre les mains d'un marionnettiste pervers. Le reste, il l'avait effacé de sa mémoire mais son corps, lui, s'en souvenait. Et pour cela, il leur en voudrait longtemps.
« Où il est Matt ? Il était avec toi, pas vrai ? Tout ça, c'était son idée, c'est ça ? » Car oui, même s'il lui en veut, il a envie de le voir, ne serait-ce que pour lui hurler au visage qu'il le déteste de lui avoir laissé croire qu'il l'avait trahi, qu'il le hait pour les coups, pour sa stupide indifférence apparente, pour lui avoir laissé entendre qu'il ne l'aimait plus. Il veut voir ce visage ployer sous le poids de la culpabilité et du regret alors, peut-être, commencera-t-il à se sentir mieux et entamer un chemin vers le pardon. Il lève les yeux vers Chain car la réponse se fait attendre et qu'il n'a plus envie de patienter après un mois passé en cellule, ses prunelles grises scrutant le visage de Backdown, de cet ami qui a risqué sa vie pour sauver la sienne et envers qui il ne montre que de l'ingratitude. « J’suis désolé Luke. Matt était un traître. Il a voulu vendre l’opération de l’Ordre, alors ils l’ont descendu. Matt… Matt t’a vendu au Ministère. J’suis désolé Luke. J’suis tellement désolé… » C'est comme un immense miroir qui tombe sur le sol et se brise en milliers d'éclats de verre dans un vacarme assourdissant. Les lèvres entrouvertes en une réponse qui ne vient pas, les yeux fixés sur un point invisible, le visage de Luke se décompose à mesure que son monde s'écroule. Et il y a cette douleur dans sa poitrine, si poignante, qu'il va mourir lui aussi. Là, sur le champ. Comme dans les étapes du deuil, lorsqu'on vous fait une révélation de genre, on passe par différentes étapes. La première, le déni. « Tu mens ! T'es un menteur, il aurait jamais fait ça ! Il m'aimait, Chain ! Matt m'aimait ! » Il le regarde, des reproches plein les yeux, les iris brillants de larmes qui ne coulent pas encore. Ce n'était pas possible, Hemmington ne lui aurait pas fait ça. On ne fait pas ça aux gens qu'on aime, pas vrai ? On ne passe pas sa vie à essayer de les protéger de tout et d'eux-mêmes, comme Matt l'avait fait pour lui pour ensuite les abandonner et précipiter leur chute. Il remue la tête de gauche à droite, ne sachant pas ce qui fait le plus mal à l'intérieur ; qu'il soit mort ou qu'il l'ait trahi. Les deux sont tellement durs à supporter qu'il a envie de hurler, envie de mourir. Et puis c'est la colère, deuxième étape avant l'acceptation, qui prend le relais, dirigée toute entière contre Chain qu'il rend inconsciemment responsable de la mort de Matt. Car si Backdown n'avait pas trahi les Mangemorts pour le sauver, Matt n'aurait jamais eu à dénoncer cette mission et on ne l'aurait pas abattu. Alors, certes, lui il serait sans doute toujours à croupir au fond de sa cellule, mais ça valait mieux que d'en sortir pour apprendre que Matt était mort. « Tout ça c'est de ta faute ! Pourquoi t'as fait ça, hein ? POURQUOI TU LES AS PAS ARRÊTES ? » Les larmes dévalent le long de ses joues tandis que ses poings fermés tambourinent avec rage contre la cage thoracique de l'Irlandais, fou de colère, de chagrin, de culpabilité aussi, un mélange qui ne fait pas bon ménage. « T'aurais dû me laisser là-bas ! Comment tu as pu imaginer une seule seconde que je serais heureux de sortir si c'était pour apprendre qu'IL était mort ? J'TE DETESTE, CHAIN, JE TE HAIS ! » Les derniers mots s'étranglent dans sa gorge comme il le repousse brusquement pour se laisser retomber assis par terre, la tête enfouie entre ses bras, résolument fermé à l'extérieur. Encore une fois, il n'arrive pas à décider de ce qui lui fait le plus mal. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il commence presque à regretter Azkaban. Azkaban, ça faisait moins mal.
Matt Aindreas Hemmington
AGENT DU MINISTERE. ► Président-Sorcier du Magenmagot.
► MESSAGES : 129 Mer 11 Jan - 23:49
« Où il est Matt ? Il était avec toi, pas vrai ? Tout ça, c'était son idée, c'est ça ? »
Quelque part, oui. Tout ça est vrai. Tout ça c’est grâce à Matt. Tout ça c’est grâce à sa rage, à sa froideur aussi. Qui aurait pu croire que derrière ce visage froid comme la mort il y avait pu y avoir des sentiments aussi forts ? Ses yeux fixent Luke, un instant il doute. Mentir, il ne l’a jamais fait. Jamais à ses meilleurs amis. Quel intérêt y aurait-il trouvé ? Il baisse les yeux. Mais il a juré à Matt… Mais il est mort. Il ne sait plus, il est perdu, perdu parce qu’il n’arrive pas encore à croire que Matt soit mort. Comment est-ce possible ? Comment alors que tout le monde est revenu sain et sauf ? Pourquoi ? Il lève sa main, les joues un peu rouge, entre la honte et l’envie de pleurer sans doute.
« J’suis désolé Luke. Matt était un traître. Il a voulu vendre l’opération de l’Ordre, alors ils l’ont descendu. Matt… Matt t’a vendu au Ministère. J’suis désolé Luke. J’suis tellement désolé… »
Il fixe Luke, et il voit dans la prunelle de son regard quelque chose qui se casse, brutalement, alors un instant il ferme les yeux. C’est son poing qu’il va recevoir dans le visage, et… et pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il lui a dit ça ? C’est tellement faux, c’est tellement cruel. Il aimerait juste crier que Matt reviendra, qu’ils ne savent juste pas où il est. Matt ne peut pas mourir pas vrai ? Un homme de cette taille ! C’est… ça serait comme tuer une montagne ! Une montagne ça ne se tue pas ! Malgré tout, il doit bien admettre que Matt n’est pas là. Ses yeux verts fixent Luke, et il déglutit. Il sent que la colère va éclater. Le problème, c’est que lui n’a jamais été bon à ce genre de jeu.
« Tu mens ! T'es un menteur, il aurait jamais fait ça ! Il m'aimait, Chain ! Matt m'aimait ! »
Oui, c’est sûr. Il n’y a qu’un homme qui aime pour risquer sa vie dans une entreprise pareille. Chain baisse les yeux, de cette petite honte qu’il a sur le moment. Il a aussi l’air de prendre des gifles non méritées. Dans les deux cas, il culpabilise, se sent coupable. Mais il lui avait bien dit, à Matt, que c’était dingue comme idée, qu’il ne fallait pas y aller, qu’ils trouveraient un autre moyen de faire sortir Luke, que… que… Pourquoi ? Il a beau regarder Luke, il ne trouve aucun réconfort. Au contraire, chaque regard, chaque mimique de son meilleur ami est un poignard qui s’enfonce un peu plus loin, et il perds les pédales. Il se dit que tout ça, c’est sans doute de sa faute. S’il était resté avec Matt, peut être que ça aurait changé quelque chose ? Il déglutit, mal à l’aise. Il encaisse le premier coup avec un petit recul, juste le temps que son pied n’assure sa posture. Il le regarde. Luke a l’air d’un gamin qui vient de perdre sa mère… En faites, non. Plus que ça. Il se le remémore bien, jeune, à l’enterrement de sa mère. Ça n’avait pas un air aussi tragique. C’était terrible oui, mais moindre. Ça n’avait pas un goût de trahison.
« Tout ça c'est de ta faute ! Pourquoi t'as fait ça, hein ? POURQUOI TU LES AS PAS ARRÊTES ? »
Il le fixe, avec la tristesse d’un ami qui compatie. Il aimerait pleurer pour lui, mais il se sentirait égoïste et tordu. Il aura tout le temps de pleurer demain, c’est ce qu’il se dit. Quand il sera rentré chez lui, il pourra. Mais pas maintenant. Il aimerait aussi le prendre dans ses bras et le consoler, mais lui dire quoi ? Non ? Je ne les ai pas arrêtés ? J’ai laissé mon meilleur ami mourir ? Tout ça est tellement alambiqué. Tout ça est un mensonge incohérent, mais Luke n’a même pas toute sa tête pour s’en rendre compte. Bafouiller qu’il ne savait pas ? Non. Non, pas question de fuir. Il a toujours été le plus courageux des trois.
« T'aurais dû me laisser là-bas ! Comment tu as pu imaginer une seule seconde que je serais heureux de sortir si c'était pour apprendre qu'IL était mort ? J'TE DETESTE, CHAIN, JE TE HAIS ! »
Il recule comme Luke le repousse, et le regarde tomber sur le sol. Il le fixe, avec et air distant. Il ne sait plus quoi penser. Il n’a pas envie de rajouter à sa peine, pas en lui disant que Matt est mort pour lui, que tout ça c’était pour le sortir d’Azkaban parce qu’il en crevait de le voir derrière des barreaux, et qu’il a joué la comédie, et que… que… Il soupire. Il lève doucement la main, la pose sur son front avec un air désolé.
Il inspire, et son souffle se fait profond, tombant à genoux sur le sol. Il se rapproche doucement du Midnight, le prend dans ses bras de force et il éclate en sanglot. Il vient de perdre son meilleur pote, et sans doute le second. D’ailleurs cette histoire est ridicule. Comment on peut perdre son meilleur ami en le sauvant ? Il niche son visage dans la nuque de Luke, le forçant à rester là, le serrant fort à lui en casser les côtes.
Matt eut un petit sourire froid. Là, attaché au bureau pendait mollement des morceaux de chair rougis. Ici et là, des griffures, des ongles coincés dans le bois du bureau quand Edward Clash avait commencé à se débattre si fort que même ses griffes en étaient restés dans l’écorce sombre du support. Le bourreau eut un regard pour la scène, et de ses doigts habiles plongea sa main dans la grande ouverture qui s’épanouissait derrière sa chemise comme un lotus aux multiples pétales. De beaux pétales rouges de chaires et d’os arrachés à même le corps. Là, juste sous la main du tueur, l’organe était déjà tiède, presque froid. Azkaban était froide.
Maintenant, son cœur aussi.
Luke Midnight
MAGISTER. ►ès Métamorphoses.
► MESSAGES : 573 Ven 13 Jan - 0:19
« I gave you all I had and you tossed it in the trash, yes you did. »
« T'aurais dû me laisser là-bas ! Comment tu as pu imaginer une seule seconde que je serais heureux de sortir si c'était pour apprendre qu'IL était mort ? J'TE DETESTE, CHAIN, JE TE HAIS ! » Et, s'il n'aurait jamais cru penser ça de Chain un jour, il ne peut que constater que, même si c'est la colère qui l'a fait parler, il le déteste vraiment. Parce qu'il est celui qui lui annonce qu'on l'a trahi, parce qu'il est celui qui annonce que Matt est mort, parce qu'il est celui qui le libère alors qu'il n'a plus qu'une seule envie : crever sur place. Il se laisse glisser le long du mur, complètement désespéré, vidé de l'intérieur et, c'est con à dire, mais il ne sait plus pour qui il devrait vouloir vivre debout. Il n'a plus la moindre volonté et ses larmes emportent avec elles ses derniers lambeaux de conscience. « Excuse-moi Luke… Excuse-moi… J… Pardonne-moi. Je m’en veux tellement… » « Tais toi ! » Il ne veut pas l'entendre, encore moins écouter ses excuses et devoir subir ses à quel point il est désolé alors il remue la tête, fermant les yeux pour ne plus voir et plaquant ses paumes sur ses oreilles pour ne pas l'entendre. Il sent que Backdown se laisse tomber à côté de lui mais il ne bouge pas de sa position fermée, se crispant juste involontairement quand Chain le prend dans ses bras. Il gronde, par pur réflexe, réminiscence d'Azkaban, qui lui a appris à abhorrer ce genre de contacts. Il ne peut d'ailleurs retenir un hoquet désabusé en constatant qu'il est devenu aussi paranoïaque que Kelso, la première fois qu'ils s'étaient retrouvés dans la même cellule. Mais quelque chose change dans le comportement de Chain et Luke ouvre doucement les yeux, étonné de le voir se mettre à sangloter. Il penche légèrement la tête pour limiter le contact de son visage contre sa nuque et malgré lui, il se détend, laissant retomber ses mains le long de son corps, ses prunelles grises posées sur la tignasse sombre de son meilleur ami. « Chain... » Il se sent presque coupable tout à coup, car il ne se souvient pas d'avoir déjà vu Backdown pleurer, ou alors il y a très longtemps, lorsqu'ils étaient mômes et qu'il était tombé au bas d'un arbre. « J’m’excuse, j’voulais pas, j’suis désolé, j’suis désolé Luke, pardonne-moi… » Il lève une main tremblante au-dessus de la tête du jeune homme, la laissant en suspens ; de loin, on pourrait croire qu'il hésite entre le réconforter ou le frapper mais la réalité est toute autre. En vérité, il hésite surtout à avoir un geste tendre envers lui ; parce qu'il lui en veut ; parce qu'Azkaban a laissé ses traces aussi. Finalement, il est si touché par le désarroi de Chain qu'il en oublie presque le sien et que ses doigts s'enfoncent dans les cheveux de l'Irlandais en une caresse qu'il veut rassurante. « Arrête, Chain. Shhtt... » Il perçoit les regards des autres personnes présentes autour d'eux et, à nouveau, il se met à gronder à mi-voix, comme un fauve en colère, Azkaban ayant réveillé ses instincts les plus primaires et les plus sauvages. Ses phalanges accrochent quelques mèches de Backdown tandis que ses iris crucifient ceux qui osent s'attarder trop longtemps sur eux. Chez certains, il lit du dégoût, chez autre une sorte de colère, chez d'autres encore une sorte d'indifférence. Lui, il s'en moque et il n'en épargne aucun de sa rage et de sa colère silencieuse, de ce regard assassin qu'il leur dédie, eux qui, s'ils ont participé à son sauvetage, ont davantage participé à son malheur. Finalement, il n'en peut plus de les voir, de les dévisager à tour de rôle, se demandant lequel a ordonné l'exécution, lequel a donné le coup de grâce. Il les déteste, tous autant qu'ils sont et s'il reste là, pour sûr, il va lancer un véritable génocide. Alors, avec difficulté, car ses membres le font encore souffrir, il se relève, s'aidant du mur, avant de finalement tendre la main à Chain, l'invitant à l'imiter. Dans un soupir, il murmure, presque implorant. « Emmène-moi ailleurs. N'importe où. Si on reste là plus longtemps, j'vais finir par en tuer un. » Après tout, il n'y a plus rien à attendre ici, non ?
Matt Aindreas Hemmington
AGENT DU MINISTERE. ► Président-Sorcier du Magenmagot.
► MESSAGES : 129 Sam 21 Jan - 0:51
« T'aurais dû me laisser là-bas ! Comment tu as pu imaginer une seule seconde que je serais heureux de sortir si c'était pour apprendre qu'IL était mort ? J'TE DETESTE, CHAIN, JE TE HAIS ! » « Excuse-moi Luke… Excuse-moi… J… Pardonne-moi. Je m’en veux tellement… » « Tais toi ! » Mais il ne l’entend pas. Comment pourrait-il l’entendre après tout ? Il vient d’apprendre que son meilleur ami est mort, et c’est lui qui doit l’annoncer, et il se prend également la responsabilité de sa mort. De toute façon Matt n’a jamais été pour mentir. Depuis toujours, il n’a jamais su. Trop franc, trop lucide. Sa voix chevrote quand il imagine qu’il a abandonné Matt dans Azkaban, et dans quelle horreur il a dû mourir, et peut-être même qu’il a fini torturé… Non, non. Ne pas imaginer. Ne surtout pas imaginer. Il renifle lourdement, sa respiration saccadée est irrégulière et il doit tousser pour remettre en place ses propres poumons. « Chain... »
Le jeune homme renifle et relève les yeux, et il se dit que Luke va encore lui faire mal, et sans doute qu’il a raison. Après tout il n’est qu’un traître. Il a craché sur ses idéaux, et s’il avait été seulement un peu plus intelligent il l’aurait dit à Matt, que tout ça c’était une mauvaise idée, et qu’ils finiraient par y laisser la peau. Il se frotte les joues, brutalement, mais bien vite son front est trop lourd, trop douloureux, et il laisse retomber son visage sur l’épaule de son meilleur ami. « J’m’excuse, j’voulais pas, j’suis désolé, j’suis désolé Luke, pardonne-moi… » Désespéré, comme un enfant qui vient de perdre sa mère – quand bien même Chain est le seul à avoir ses deux parents encore vivants du trio – il se laisse échouer sur cette épaule tendre et dure à la fois, qui est là, qui le supporte, mais qui ne semble bonne qu’à lui enfoncer cent couteaux dans le dos. Un moment il se demande même ce qu’il fout encore là et si Luke ne prépare pas un sort sur sa nuque. A la place du sort, les doigts de l’irlandais blond caresse ses cheveux et Chain s’arrête de pleurer, reniflant, tremblant toujours de ce trop plein d’émotions, lui qui a toujours été pourtant le maître de lui-même. Pour une fois, il s’est laissé aller, et voilà le résultat. « Arrête, Chain. Shhtt... »
Chain renifle, un instant, puis doucement ses yeux se rouvrent et se posent sur la peau claire de l’irlandais. Il baisse les yeux, la seconde d’après, se rendant compte qu’il n’est pas le plus à plaindre dans l’histoire, et quelque part… il a honte de se laisser pleurer comme ça. Matt lui en voudrait sans doute s’il voyait ça. Alors quoi… Tu pleures comme une pédale vieux. Il imagine bien cette grande baraque le lui reprocher quand bien même Chain sait très bien que Luke et Matt couchent ensemble, et donc que Matt est le plus pédale des deux. Il renifle une nouvelle fois, et déjà Luke s’échappe doucement de son étreinte. Chain le laisse faire, ses yeux le suivent. Cerclés de rouge, il n’a pas dormi pendant quelques jours, la trouille au ventre, et aujourd’hui, il se rend compte que toute sa peau, toutes ses angoisses les plus enfouies étaient légitimes et justifiées. Il s’en veut un instant. Puis finalement il regarde Luke, sa stature frêle, le supplice d’Edward que Matt n’a pas pris le temps de lui expliquer en détails, résumé en Luke a été chez Clash, il est à l’infirmerie. Si peu mais qui veut dire tant. Chain le fixe, son visage, amaigri. Luke a toujours été le plus beau des trois, mais aujourd’hui, Chain gagne aisément. Même les yeux du Midnight ont cette teinte terne. Il soupire.
« Emmène-moi ailleurs. N'importe où. Si on reste là plus longtemps, j'vais finir par en tuer un. » Il le fixe, et son regard s’en va chercher la fine silhouette d’Huyana, arrêtée à côté de son ami Zenshou sans doute. Plus rien à faire. Il sert doucement les poings. Il aimerait dire qu’il y a encore une chance, un espoir, mais les cercles de transplanage sont fermés. Comment Matt aurait-il pu faire ? Devant la froide évidence, Chain doucement remonte, ses genoux se déplient comme il se relève. Son dos craque, et sa respiration se calme, rapidement. Il soupire à nouveau. « On va aller chez M…toi. Ealdwic, les mangemorts n’ont pas encore réussi à percer les barrières, et je ne suis pas sûr que ton père et le mien soient ravis de la nouvelle de ta surprenante libération. »
Son ton, malgré la situation, est calme. Très calme. Il attrape doucement le bras de Luke et transplane jusqu’à la résidence du couple. Ici et là les affaires de Matt traînent, s’entassent comme jamais auparavant. Un peu désordonné, deux bouteilles de whisky attendent dans l’évier, vides. Le lit est défait, la couverture tombée sur le sol. Chain regarde tout ça, l’œil hagard, puis doucement il va ramasser une chaise tombée. Sur le lit, l’uniforme de gardien traîne encore, repassée et propre. C’est sans doute la seule chose de propre de l’appartement. Chain l’attrape et le roule en boule, le coinçant sous son bras. Il se retourne vers Luke.
« C’est la guerre Luke, je te conseille de ne pas sortir, mais je ne peux pas t’empêcher, cela va de soi. Si tu as besoin, je serais dans les parages. » Un instant. « Je viens de trahir les mangemorts, alors j’imagine que mon père risque de me chercher pas mal… »
x.x.x
Les pas dans le couloir sont réguliers, claquants. Sur le sol, une traînée de sang suit le gardien qui marche, en uniforme noire et tâché de sang. Ses cheveux ne semblent tenir que par la sueur qu’il a dû perdre dans la nuit. Dans sa main, un petit coffret en acajou. Dans la rare lumière de la matinée, on peut voir à sa main droite deux anneaux identiques, à la couleur près. Il est calme, calme comme la mort, et dans ce couloir, si grand et si sombre, il ne ressemble plus qu’à la mort elle-même, à la mort implacable et froide.
Cependant il est tard, et il sait bien que les premiers gardes vont revenir pour prendre la relève. Il s’arrête au milieu du couloir, il entends du bruit qui vient du rez-de-chaussée : l’ouverture des portes de l’administration. Il a un petit sourire narquois, sans pitié. Sa baguette tirée, au poing, il attend, le coffret sous l’aisselle, tenue fermement. Toute sa vie se joue pour un coffret ridicule.
Luke Midnight
MAGISTER. ►ès Métamorphoses.
► MESSAGES : 573 Ven 27 Jan - 0:21
« Emmène-moi ailleurs. N'importe où. Si on reste là plus longtemps, j'vais finir par en tuer un. » Il ne veut pas rester ici, au milieu de ces visages qui se prétendent amis, mais dont il voit bien, lui, qu'on les regarde encore comme appartenant à l'autre camp. Sa main tendue vers Chain n'est qu'une invitation à s'en aller, il ne s'attend pas vraiment à ce qu'il la saisisse et qu'il s'en serve comme appui, comme si Luke avait pu lui être d'un quelconque soutien physique. D'ailleurs, Backdown ne s'y trompe pas, comme il se relève seul, jetant un dernier regard autour de lui. « On va aller chez M…toi. Ealdwic, les mangemorts n’ont pas encore réussi à percer les barrières, et je ne suis pas sûr que ton père et le mien soient ravis de la nouvelle de ta surprenante libération. » Il ne relève pas lorsque Chain manque de raccrocher sur le mot, même s'il sent son cœur se serrer un peu. A vrai dire, leurs parents est le dernier de ses soucis ; Luam pourrait bien débarquer en jurant ses grands dieux qu'il n'était plus son fils et qu'il le déshéritait, il n'en aurait rien eu à faire, quand avant cela représentait tellement. Il a bien envie de lui dire qu'il aimerait autant ne pas avoir à transplaner à nouveau mais en fin de compte, il sait bien que c'est encore le moyen le plus simple alors il ne dit rien et le laisse faire. Encore une fois, ses jambes flageolent sous son poids à l'arrivée et il se rattrape au bras de Chain de longues secondes avant de finalement laisser ses prunelles grises parcourir l'appartement. Leur appartement. Ils n'avaient, cependant, pas eu le temps d'en profiter beaucoup, de ce nid qui devait abriter leur amour interdit. D'ailleurs, il eut du mal à reconnaître l'endroit tant cela ne ressemblait en rien à ce dont il s'en rappelait. Un désordre sans nom régnait dans la résidence, un chaos qui n'était pas du tout du genre de Matt, enfonçant un peu plus le clou dans le cœur de Luke ; comment avait-il pu se tromper sur lui à ce point ? Il avait pourtant pensé le connaître jusqu'au bout des doigts. Tandis que Chain ramassait une chaise renversée, comme si cela pouvait redonner un quelconque cachet à la pièce. Le blondinet reste immobile tout le long, n'osant plus vraiment faire comme chez lui dans ce lieu qui ne lui appartient plus depuis longtemps puis finit par suivre Backdown jusqu'au lit défait. Il se fige, se demandant un bref instant, avant d'apercevoir l'uniforme, si Matt s'est consolé dans d'autres bras depuis son arrestation, s'il a froissé ces draps avec d'autres filles ou d'autres garçons. Et puis les iris aux reflets métalliques s'arrêtent sur l'uniforme d'Azkaban, impeccable et repassé, et il serre imperceptiblement les poings, fou de colère.
Ainsi, c'est la seule chose à laquelle il a fait attention ? La seule ? Voir Chain rouler le vêtement en boule et le soustraire à sa vue n'apaise pour autant en rien sa rage mais il se contente de baisser le regard pour dissimuler à quel point tout cela le touche. « C’est la guerre Luke, je te conseille de ne pas sortir, mais je ne peux pas t’empêcher, cela va de soi. Si tu as besoin, je serais dans les parages. Je viens de trahir les mangemorts, alors j’imagine que mon père risque de me chercher pas mal… » Midnight acquiesce en silence. « J'vais... rester là... un peu... » Il se tourne vers lui, un peu famélique, clairement abîmé, les yeux ternes et éteints. « Chain... » C'est tout au plus un filet de voix qui s'échappe de sa gorge nouée. « Je... Merci pour... pour tout ce que tu as fait... » Il faut bien le remercier, après tout, non ? D'avoir trahi ses idéaux, sa famille, ses amis, son serment auprès de Winchester, d'avoir risqué sa vie et tout ça pour quoi ? Pour sauver un gamin ingrat qui lui reproche la mort d'un traître ? Il ne sait pas vraiment comment faire, Luke, ou plutôt, il a oublié ; alors, réminiscence d'un passé perdu, il l'enlace très brièvement en une étreinte amicale. « Je vais juste... dormir un peu... ça fait si longtemps. » Autant qu'il le répugne, le lit l'attire car il y a bien longtemps qu'il n'a pas eu une vraie nuit de sommeil. Lentement, il s'en approche comme s'il marchait au bord d'un gouffre, avant de finalement se laisser tomber sur le matelas, ses doigts agrippant les doigts, l'odeur de Matt venant caresser son nez comme il pose son visage sur l'oreiller. Et, il a beau se cacher sous la couette pour n'y rien laisser paraître, il ne peut retenir ses larmes silencieuses.
Matt Aindreas Hemmington
AGENT DU MINISTERE. ► Président-Sorcier du Magenmagot.
► MESSAGES : 129 Dim 29 Jan - 16:38
Les grands yeux anthracite s’ouvrirent doucement sur le chaos innommable qui régnait dès lors dans le couloir. Sur le sol, deux corps étaient étendus, sans vie. Approchez… Je n’ai pas peur… De l’autre côté du couloir, trois hommes arrivaient. A leur uniforme, ils étaient sans doute des gardiens du bâtiment C, et ils étaient tous les trois armés. Les longues phalanges de l’irlandais goutaient d’un sang poisseux et noir comme l’ébène, aux multiples nuances cramoisies. Ce sang avait cette saveur de poison, et on pouvait renifler jusqu’ici le souffre des démons. Matt eut un petit sourire qui se découpa dans l’obscurité, ne rendant que plus effrayant encore son visage de Lucifer.
« HEMMINGTON ! Espèce de traître ! Tu crois vraiment qu’on va te laisser t’en tirer comme ça ? Tu crois vraiment que tu vas sortir d’Azkaban ? L’alarme a déjà été sonnée, tu es cerné ! Tu n’es plus rien ! Tu es perdu, alors rends-toi ! »
Matthieu Hemmington a un petit sourire charmant à l’entendre. Perdu ? Mais rien n’est jamais perdu pour celui qui se bat. C’était une des rares phrases que son père avait pu lui dire lorsqu’il était enfant, et une des rares qu’il avait jamais retenu. Ses doigts effleurèrent doucement sa poche droite où il avait rangé le petit boitier d’acajou, et ses yeux se firent plus durs comme il les fixait sans plus aucun sentiment. En avait-il seulement jamais eut pour quelqu’un d’autre que Luke et Chain ? Son amant et son frère ? Sans doute pas. Il était loin de tout ça. Trop loin pour comprendre. Il releva la main, les pointant du bout de sa baguette.
« Si vous ne partez pas, je ne vous laisserais pas la vie. Vous le savez, ça ? »
Un petit rictus remonta sur la bouche d’un des gardiens. Aussitôt après, un sort de flèche fut lancé vers l’irlandais. Hemmington grinça des dents et d’un simple champio repoussa les huit flèches d’argent, rétorquant d’un « inflamerre soreceler ». Les pieds des trois sorciers prirent aussitôt feu, pas de grosses flammèches non, mais de quoi les déconcentrer cinq petites secondes.
« IMPERO ! »
La grosse voix rauque de Matt toucha, et le sort également. De plein fouet dans la poitrine du gardien le plus à reculons, sa volonté appliquée, ce dernier se retourna et envoya un sectumsempra sur l’un de ses compères, le touchant à la gorge. La peau s’ouvrit dans un trait d’abord rougie puis dans un jet puissant d’hémoglobine qui lui tâcha le visage, et finalement dans un long écoulement de sang chaud. Le troisième n’eut pas le temps de comprendre que déjà un sort de brise-genoux le touchait de plein fouet, le faisant chuter en avant. Matt eut un petit ricanement malsain. Un sort vert clair toucha l’homme à terre qui s’éteignit dans un gargouillis de douleur. Le dernier était toujours debout. L’irlandais, lui, marchait dans le couloir. Son long manteau derrière lui formait comme une aura macabre. Il était, ce soir, le porteur de mort. Ses yeux gris métallique se posèrent sur le sorcier sous impero, et il eut un petit sourire en coin, un rictus presque dur.
« Suicide-toi. »
Sa voix froide ne fut en réalité qu’un murmure, un ordre donné comme ça, à la volée. Les pas du géant s’éloignèrent des flaques de sang alors qu’un petit bruit d’électricité vint à son oreille, et enfin le bruit d’une chute lourde sur le sol. Matt ne jeta pas même un regard en arrière, assuré.
~*~
Les yeux fatigués de Chain regardent la pièce, et ses doigts se resserrent davantage sur les habits de Matt sous son bras. Il n’aime pas cette idée qu’il ne revienne pas. Dans sa tête, quelque chose est impossible. Quelque chose ne peut pas se décider à y croire.
« C’est la guerre Luke, je te conseille de ne pas sortir, mais je ne peux pas t’empêcher, cela va de soi. Si tu as besoin, je serais dans les parages. Je viens de trahir les mangemorts, alors j’imagine que mon père risque de me chercher pas mal… » « J'vais... rester là... un peu... Chain... Je... Merci pour... pour tout ce que tu as fait... »
Alors que tous les « mercis » du monde lui aurait fait plaisir, Chain ne rétorque rien. D’ailleurs il n’est pas vraiment fier. Il aimerait lui répondre que tout ça, il ne le mérite pas. Que d’ailleurs il n’a jamais vraiment eut l’idée de trahir tout le monde, qu’il aurait préféré autre chose, un pacte, une alliance… Quelque chose d’autre à ça, mais… Mais il ne le dit pas. Il reste statique, comme dépossédé du peu de sentiment qu’il n’avait jamais eu, et il regarde le petit garçon éteint qu’est devenu Luke le serrer, un instant, pour finalement à nouveau le quitter. « Je vais juste... dormir un peu... ça fait si longtemps. » « Essaye de te reposer. » Chain a un petit sourire, triste, mais il est bien là. « Je repasserais demain, t’amener de quoi manger. »
Car même dans l’horreur, ils auraient toujours été là l’un pour l’autre, parce que leur groupe de trois c’était plus que le monde entier, que l’honneur et la fierté. Chain se serait mis à genoux et aurait pleuré comme une fille, comme jamais, pour en sauver un seul d’entre eux.
Le jeune homme jette un dernier regard au lit, et finalement il tourne les talons, sortant.
~*~
Encerclé. Les chiens d’en haut avaient raison. Matt grimace quand il voit les petits groupes qui se sont formés en dehors de la bâtisse et qui se regroupent, lentement, pour venir chercher les derniers rescapés. Avec tout le sang qu’il a sur lui, il ne passera pas inaperçu. D’ailleurs il n’y a aucun risque qu’il passe quoi que ce soit à ce train. Il siffle, remonte les marches jusqu’au plus haut point. L’ascenseur est encore en service, alors il va jusque dans le bureau de l’ancien Edward Clash, toujours étendu sur son autel macabre. Cette fois-ci pourtant Matt n’y fait pas attention. Ses yeux semblent réfléchir alors qu’il ferme la porte et la bloque avec une armoire. Devant lui, une lignée de fenêtres immenses, et plus bas… les rochers et la houle qui va et vient. S’il saute d’ici, il n’a aucune chance de survie. C’est mathématique. Il le sait. Et quand bien même il survivrait, les flots le repousseraient contre les rochers, et il mourrait tout aussi bêtement. Il soupire, tourne les talons pour revenir vers la porte mais s’arrête aussitôt. Des bruits de pas et des cris de colère se lèvent derrière la porte. Ils ne savent pas qu’il est là, mais s’ils le trouvent, il aura du mal à expliquer les blessures qu’il a sur les bras et le sang de ses doigts. Non… Faire le mort, peut-être alors ? Oui, certes, mais la coffret ne jouerait pas en sa faveur, et il n’a aucun raison de le jeter. Il soupire. La porte s’ébroue, on la frappe, la martèle, on tente de la défoncer, et c’est bientôt l’armoire toute entière qui se met en branle. Matt Hemmington jette un dernier regard à la scène qui lui semble tout d’un coup surréaliste, et il sourit, un peu. Il s’éloigne de la porte, se rapproche des baies. A cette hauteur, et avec un sort de propulsion… Peut-être. Il inspire profondément, alors que l’armoire penche dangereusement plus à chaque coup. Il pointe de sa baguette la porte, et se concentre, lâchant dans la pièce un « Feudeymon » rougie de colère. Au même moment l’armoire se renverse, et bientôt le feu se répand en un tapis pour les nouveaux arrivants sur lesquels le démon se déverse aussitôt. On crie, on a reconnu Matt Hemmington, et sur le bureau les entrailles d’Edward Clash ne laissent aucun doute sur les circonstances de sa mort. Un sort explose la vitre qui tombe en mille morceaux, emportés par le vent. Un courant d’air froid, des mers du nord, passe et le démon vrombit de colère, un peu plus encore. Matt a un petit ricanement, peut-être le dernier, alors qu’il se jette dans le vide. Plus bas, les rochers et la mer frappent de colère, laissant les sentiments d’un Poséidon furieux s’exprimer contre la terre des hommes, et Matt y pénètre. En enfer.
~*~
« Que s’est-il passé ? » articule lentement Aidev de l’autre côté de son bureau. En face un petit homme, un peu grassouillet, ne semble plus quoi dire. Il se racle la gorge, baissant les yeux, ses doigts boudinés tremblotant sur ses papiers qu’il tient un peu en désordre. « Dois-je me répéter encore une fois… ? » « Non, non ! Surtout pas, Monsieur le Ministre… c’est-à-dire que… » Les longues phalanges du Blake pianotent nerveusement sur le bureau comme il tient entre ses doigts la dernière gazette clandestine distribuée au Pré-au-Lard, quelques heures auparavant, se targuant d’avoir fait échapper 200 prisonniers au moins de la Nouvelle Azkaban sans avoir versé un seul sang. « Azkaban a, en effet, subi une attaque. » Une autre fois tranche sur les deux autres. C’est le regard de Pucellina que le ministre Blake voit dans un coin de la pièce, comme elle se détache de l’obscurité. « 243 prisonniers disparus, 12 de rattrapés sur le chemin. 16 gardiens morts, et Edward Clash décédé. »
Elle jette négligemment sur le bureau le dossier du légiste. Aidev arque un sourcil, ouvre du bout des doigts le dossier magique. En voyant les photos, le petit homme a un haut-le-cœur, mais Aidev, lui, ne bouge pas. Stoïque, il regarde attentivement les inscriptions du dossier.
Citation :
Mort vidé de son sang. Absence de cœur, d’ongles (retrouvés sur le bureau ou sur le sol pour la plus part). Ante-mortem : genoux brisés, épaules brisés, mâchoire brisée, omoplates brisées. Possible ante-mortem : plexus solaire brisé, ouverture de l’abdomen et ablation du cœur. Possible cause de la mort : perte intégrale du sang, et/ou ablation du cœur.
Les photos, cependant, parlent davantage que les mots. Aidev a une grimace alors qu’il referme le dossier. Il ouvre les dossiers rattachés au premier, et en sort deux photos. Elles montrent un peu, mais pas assez. Juste assez pour remuer les cœurs émus de la population. Il les tend à Pucellina, calmement. Le petit homme grassouillet soupire d’aise, rassuré.
« Envoie ça à la Gazette. Je veux une première page avec deux articles sur Azkaban. Le premier traitera de la réussite… » Pucellina hausse un sourcil, mais Aidev n’en fait pas cas « …de notre programme de remise dans le droit chemin de la population et de la relaxation de 200 prisonniers ce mois-ci. Ensuite vous me ferez un article sur les attaques terroristes de l’Ordre du Phénix ayant tué seize personnes, disons dix gardiens et six prisonniers. Ensuite, je veux que tu notes que l’on a arrêté douze personnes susceptibles d’avoir participé à ce complot terroriste. Je veux que tu me les fasse passer pour des monstres. »
Pucellina a un petit rire mélodieux et s’en va. Les yeux verts de jade du Blake se reposent enfin sur le petit homme qui attends, les doigts sur ses papiers.
« Quant à vous, je veux un nouveau directeur d’Azkaban d’ici demain. » « Pour les fuyards… » « Laissez-les. Ils sont relaxés, vous avez entendus ? » Les yeux verts du ministre se baissent sur ses dossiers et les referment, calmement. « Ils sont guéris. » « Et pour ce qui est… de… Matt Hemmington… »
Le ministre a une sorte de grimace, ses longs doigts pianotant à nouveau nerveusement le bois, alors qu’il murmure du bout des lèvres, d’un ton terrible :
« C’est un traître. Faites passer le message qu’il n’est qu’un activiste qui a trahi son gouvernement. Je veux un avis de recherche sur sa tête. Il n’est pas question qu’on laisse un potentiel d’information à l’ennemi. Sur lui et sur son ami, Chain Backdown. » « Bien. »
~*~
Plus les heures passées, plus les remous semblaient puissants. Ou peut-être était-ce tout simplement son corps qui ne pouvait plus que subir ? Matt ferma les yeux un instant, mais la seconde d’après l’eau de mer, salée, remontait ses narines et l’aurait fait vomir s’il n’avait pas été en train de nager. Il pinça les lèvres, clignota des yeux et se remit à nager tant bien que mal. Il avait pris depuis quelques heures le partit de se laisser traîner par l’eau, si bien que le petit matin sonnait déjà.
Peut-être qu’il allait mourir ? Un petit sourire naquit sur son visage, comme il eut cette idée saugrenue que ça pouvait en effet être une possibilité. Comme si.
~*~
Cela faisait peut-être deux jours. Chain n’avait pas quitté la petite cambuse que Una de Shalott avait bien voulu lui « prêter » en attendant que tout se tasse en dehors – comme si ça allait se tasser un jour. Son père était déjà venu quatre fois à l’entrée de l’école pour pouvoir voir son fils, et était repartit bredouille après deux violentes disputes avec la doyenne. Les rares sorties de Chain s’autorisaient étaient celles pour aller voir Luke. Cette fois-ci il était tard dans la nuit, peut-être cinq heures, six heures du matin, et il avait bien eut l’idée d’aller voir son meilleur ami comme le sommeil ne semblait pas vouloir de lui, mais en approchant de la résidence, il entendit le bruit de l’eau. A la douche. Il toqua, mais aucune réponse. Il détourna les talons et alla rentrer chez lui.
Ce que Chain ignorait, c’est que sous la douche c’était Matt, et que Luke, lui, était dans le lit, endormi quand l’irlandais était arrivé, et qu’il n’avait toujours pas émergé pour voir le géant sous la douche, en sortir. Un coffret attendait, sur la table, fermé. En acajou, il était plus gros que le poing, magnifiquement ciselé. Un petit ruban noir l'entourait, et pour noeud, la bague que Matt avait offert à Luke quand ils étaient encore qu'au début de leur relation. La Bague à la Corneille aux yeux Verts.
Luke Midnight
MAGISTER. ►ès Métamorphoses.
► MESSAGES : 573 Lun 30 Jan - 0:16
Ce soir-là, ou était-ce en réalité le jour, il dormit d'une longue traite, dès qu'il eut, plus ou moins, vidé toutes les larmes de son corps. Contrairement à Azkaban où le moindre murmure le faisait se réveiller en sursaut, ici, aucun bruit ne le réveilla, preuve que, malgré les apparences, il devait tout de même s'y sentir en sécurité. Lorsqu'il émergea enfin de son sommeil sans rêves, il avait, bien entendu, toujours cette douleur tenace au creux de la poitrine, cette souffrance qui lui rappelait que Matt n'était plus là et qu'il ne reviendrait pas. Que même s'il avait été en vie, il ne serait pas revenu pour lui, pour la bonne et simple raison qu'il l'avait trahi. L'idée était toujours aussi insupportable. Ingérable. Ses pas le menèrent tout droit à la salle de bains, ses prunelles grises balayant la pièce avec circonspection, s'attardant sur... ses affaires ? Ses doigts effleurèrent machinalement la serviette de bains qu'il avait utilisé juste avant d'être arrêté, ne comprenant pas ce qu'elle faisait encore là. Matt avait-il donc eu tant à faire à Azkaban qu'il n'avait pas pris le temps de se débarrasser de tout ce qui lui avait appartenu ? Sa main retomba doucement le long de son corps et il fit volte-face, tombant soudainement face à face avec son reflet dans le miroir, un être qui lui ressemblait sans être lui pour autant. Famélique, les yeux ternes et cernés, la peau marquée par endroits d'hématomes violets, les cheveux sales et emmêlés, même lui se faisait peine à voir. Un soupir. Près d'une demi-heure plus tard lorsqu'il sortit enfin de la douche brûlante, il ressemblait un peu plus à un être humain qu'avant d'y être entré. Frissonnant de froid et de dégoût face à sa propre personne, il se sécha rapidement avec ce qui lui tombait sous la main avant de s'emmitoufler dans son peignoir, oui, le sien. Étrangement. Un tour de clef dans la serrure de la porte d'entrée le fit subitement sursauter et il risqua un coup d’œil dans le vestibule pour voir apparaître Chain, lui amenant de la nourriture. Dans une attitude certes un peu égoïste, mais qu'on lui pardonnera aisément quand on sait de quoi on l'a nourrit à Azkaban, il ne se soucie pas vraiment de savoir ce qui se passe au-dehors ou de demander à Chain si tout va bien pour lui. Ses papilles redécouvrent le goût des aliments, des vrais, quand bien même il ne mange pas vraiment grand-chose, plus habitué désormais à ces festins de roi qui faisaient son quotidien auparavant. Une fois Chain parti, le reste de son temps est passé à regarder par la fenêtre, le regard fixe et vide, en attente de quelque chose qui ne vient pas.
[...]
Ce qui le réveille cette fois-ci, ce n'est ni la porte d'entrée que l'on ouvre ou les bruits de couloirs des étudiants, non, c'est le son de l'eau qui s'écoule dans la salle de bains. Il ouvre un œil, puis l'autre. « Chain ? » Vêtu d'un short et d'un t-shirt trouvés au fond d'un tiroir, il se lève, se frottant les yeux, encore embués par le sommeil et se dirige vers la salle de bains, intrigué que Backdown vienne se doucher là quand il a sa propre chambre au sein du campus. Mais, en chemin, ses prunelles couleur métalliques sont attirées par un paquet sur la table, un coffret de bois entouré d'un ruban noir. Il esquisse une moue de curiosité, se dirigeant vers le paquet plutôt que la salle d'eau. Ses phalanges saisissent avec précaution l'objet, l'approchant de son visage pour mieux l'observer et, quand ses iris tombent sur l'anneau d'argent gravé d'un oiseau aux yeux verts, il laisse tomber le paquet sur le sol, soudainement paniqué. Cette bague là, elle ne peut pas se trouver ici, c'est impossible, pour la bonne et simple raison qu'on la lui a retirée à son entrée à Azkaban, comme le reste de ses affaires personnelles. Faisant volte-face, il se précipite dans la salle de bains, ouvrant la porte à la volée. « Chain ! Est-ce que c'est toi qui...? » Le jeune homme dans la cabine de douche se retourne, lui faisant face et, soudainement, les yeux de Luke s'écarquillent sous la surprise, ses lèvres s'entrouvrent d'incompréhension et il recule pas à pas, ne pouvant toutefois détacher son regard de ce visage carré aux yeux anthracites, ce visage qu'il connait si bien. Il sent déjà les larmes lui monter aux yeux et il ne sait pas si c'est de la peur, de la joie ou simplement de la colère. Tout ce qu'il sait c'est... qu'il ne sait plus rien, qu'il ne comprend pas ce que Matt fait là alors que Chain lui a juré qu'il est mort. Il ne sait plus s'il doit se réjouir de le savoir vivant ou le craindre parce qu'il est celui qui l'a trahi. Alors il recule jusqu'à ce que son dos heurte la table du salon et qu'il ne puisse plus s'éloigner sans devoir lui tourner le dos, et il reste figé là, les yeux baignés de larmes, reniflant bruyamment. « Matt... » Sa voix est plaintive, presque suppliante ; il ressemble à un gamin paumé. « Pourquoi t'es là ? Chain a dit que t'étais mort, pourquoi t'es là ? » Et il ne sait plus... S'il a envie de lui sauter au cou, de le frapper ou de mourir de sa main pour ne plus avoir à supporter le fait qu'il ne l'aime plus. « Me fais pas de mal... » Il se tasse contre la table, comme il ignore tout de ce que Matt a bien pu faire pour lui et qu'il ne retient que ce qu'il a vu d'Azkaban et ce que Chain lui a dit. Ainsi, on ne peut pas lui reprocher de ne plus savoir sur quel pied danser.
Matt Aindreas Hemmington
AGENT DU MINISTERE. ► Président-Sorcier du Magenmagot.
► MESSAGES : 129 Lun 30 Jan - 0:51
L’eau qui doucement lui caresse le visage et les omoplates lui fait le plus grand bien. Sa peau, ici et là, est marquée par les rougeurs de la mer, tous les rochers que ce corps de géant irlandais a pu prendre, dans les côtes ou dans les jambes. L’eau de la douche, elle, l’apaise. Loin des remous sombres de la mer du nord, l’eau claire nettoie et décrasse la peau claire du brun. Ses longues phalanges, dures et rudes au travail, repoussent le sang séché et collé de ses avant-bras, de ce sang qui est resté malgré sa plongée sous la mer, malgré toutes ses aventures et son naufrage sur un rocher laissé là. Une bénédiction, dirait certain, mais Matt ne croit plus en la chance. La chance, ça n’ait bon que pour les gens qui croient. Il ouvre doucement les yeux, avec un sourire satisfait. Malgré les blessures de ses bras qui deviendront plus tard des cicatrices en vue de leur profondeur, malgré l’eau froide et la houle brutale, il n’est pas mort. C’est qu’il doit être l’ange de l’ange qui dort dans le grand lit de l’appartement. C’est dire qu’il a été envoyé sur cette terre juste pour ça, ou qu’au moins il est devenu cet être inestimable et irremplaçable pour son autre. Doucement il éteint l’eau, calme, et sort. Ses doigts se tendent, il remarque l’absence du peignoir de son aimé mais n’en dit rien. Il attrape le sien, l’enfile. Il prend un caleçon, l’enfile. Son dos craque sous la douleur de ses derniers jours, mais là non plus, il ne se plaint pas. Ses doigts ont pratiquement fermés son jeans quand la porte s’ouvre, et que Luke apparaît là, toujours aussi beau aux yeux du Hemmington malgré la maigreur et le terne de ses beaux yeux. Il le fixe, silencieux, quand Luke ne l’ait pas.
« Chain ! Est-ce que c'est toi qui...? » Chain a donc bien fait son travail, que de veiller sur Luke quand il ne serait pas là. Le géant a un petit sourire gêné, un instant, alors que ses doigts finissent de boutonner son jeans. Il recule, pourtant. Bien. Chain a donc aussi dû lui faire le speech sur la trahison comme il le lui avait demandé. Comme quoi c’est loyal, un serpentard, quand ça veut. Lentement Matt approche, prince les lèvres. Son bel oiseau recule encore, alors que lui le fixe. Il ne veut pas qu’il pleure. S’il l’a libéré, c’est bien parce qu’il n’a jamais supporté de le voir pleurer, qu’il en a vomi dans les toilettes de cet appartement d’avoir osé ne serais-ce qu’une fois de lui avoir fait mal. A lui. Luke ne comprend pas, et ça se voit. Ça se voit comme on verrait la détresse dans les yeux d’un enfant qui vient de voir un fantôme. Peut-être même est-ce plus prenant quand on a aimé ce fantôme de tout son être et qu’on lui a donné jusqu’à son propre corps.
« Matt... » « S’il te plaît… » Sa voix, rauque, sonne comme une douce caresse, comme s’il voudrait le rassurer, mais à ce train-là, rien n’y fera. « Pourquoi t'es là ? Chain a dit que t'étais mort, pourquoi t'es là ? » Matt fait la moue, s’arrêtant un instant. Pourquoi ? Est-ce vraiment une question ? Il serre doucement les poings, se rappelant de cette misérable fois où ils se sont retrouvés à trois dans cette cellule, avec Caelan. Ce qu’il a pu penser de lui, il l’ignore, mais il ne veut même pas savoir. « Me fais pas de mal... » Ses yeux, par instinct, se portent sur la petite boite, mais elle a disparu. Une seconde plus tard, il la reconnaît sur le sol, renversée. Son regard glisse finalement sur son petit être fragile qu’est Luke, et il se rapproche, lentement, de quelques pas. Il essaye d’être rassurant, et ses mains s’ouvrent devant lui comme il ne veut pas lui faire de mal. Plus jamais. « Je te ferais jamais de mal, Luke. Tu le sais. » Sa voix est chaude, caressante, et elle a un quelque chose de sincère, comme toutes ces fois où il a pu feuler à son oreille qu’il l’aimait. Qu’il l’aimait vraiment. « Je m’en suis sorti. J’ai… » Le lui dire ? Lui dire combien il avait pu souffrir, lui aussi ? Combien ça avait été dur de le voir derrière des barreaux ? De le frapper ? De l’avoir vu à l’infirmerie après son passage chez le directeur ? De l’avoir vu dans l’arène, se ratatinait de peur comme jamais ?
« Juste après que tu as été arrêté, j’ai été me présenter à Una de Shalott, dans son bureau. Je lui ai dit tout ce que je savais, contre quoi elle m’a mise en relation avec Huyana, et après ça, l’Ordre du Phénix. J’ai dû attendre longtemps avant que le plan soit parfait, ou presque, et que l’on puisse passer aux faits. Au pied d’Azkaban, je lui ai dit que si je ne ressortais pas de cette mission, que si je n’étais pas de retour avec Huyana, alors j’étais sans doute mort, ou dans un état proche de la mort. Mais je ne suis pas mort, comme tu peux le constater. Et je suis désolé, Luke. » Il le fixe, sérieusement. La mort à côté aurait sans doute l’air plus comique. « Je suis désolé de ne pas t’avoir sauvé plus tôt, mon amour. »
Il ne peut tout simplement pas. Il ne peut pas dire qu’il a pleuré de le voir souffrir, qu’il a voulu se pendre après lui avoir fait mal, que parfois il a douté, que parfois il a cru ne pas avoir assez de force pour tenir jusqu’au bout, qu’il a parfois voulu mourir tout simplement. Que chaque visage impassible, que chaque journée à passer devant sa cage sans pouvoir le toucher avait été un enfer. Que bien des fois il avait tout simplement cru tomber fou, et que l’alcool dans l’évier avait été sa seule échappatoire pour ne plus rien ressentir à la douleur et à son propre dégoût. Que les blessures sur son corps avaient peut-être été le coût de sa liberté, mais que c’était si peu payer comparer aux coups de fouet qu’il avait dû lui mettre. Que le cœur arraché de Clash, enfermé dans la boite d’acajou, était si peu comparer à l’infamie qu’il lui avait fait connaître sur son bureau.
Que tous les mots que Luke avait pensé en secret, que tous les mots que Caelan avaient prononcé ; que tous ces mots, il les avait souffert, pour lui. Et juste pour lui.
Luke Midnight
MAGISTER. ►ès Métamorphoses.
► MESSAGES : 573 Lun 30 Jan - 14:15
« Me fais pas de mal... » Il avait été un temps où entendre ce genre de phrases sortir de la bouche de Luke aurait frisé le ridicule, tant on était habitué à les savoir inséparables et tant on savait que Matt Hemmington était toujours derrière Midnight, aux aguets, à réparer ses erreurs et à protéger ses arrières. Mais les expériences avaient changé le point de vue du petit blond et c'était bien compréhensible. Il le voit se rapprocher et il ne peut que se crisper malgré lui, se tassant un peu plus sur lui-même, étrangement craintif de cet être qui avait juré de l'aimer et de le protéger à jamais. « Je te ferais jamais de mal, Luke. Tu le sais. » Il grimace, le prend presque comme une insulte. Il a bien envie de lui hurler qu'il a la mémoire courte et que lui, il n'a pas oublié les coups de fouets donnés par sa main, les heures passées à quémander un regard sans rien récolter d'autre que son indifférence. Pas plus qu'il n'a effacé de sa mémoire ses pleurs et ses appels au secours restés sans réponses quand Edward Clash l'avait fracassé contre son bureau parce qu'il estimait qu'il ne s'allongeait pas assez vite. Il a bien envie de lui lancer au visage sa rancœur mais quelque chose dans la voix de Matt le retient alors il se contente de le fixer en silence. « Je m’en suis sorti. J’ai… » Il détourne le regard parce qu'il ne veut pas savoir, il ne veut pas entendre comment il a réussi à survivre aux membres de l'Ordre, par quel tour de passe-passe il est resté en vie quand tout le monde le pense mort. Il veut juste qu'il se taise et qu'il s'en aille parce qu'il n'en peut plus de l'avoir en face de lui, sachant qu'il l'a trahi, qu'il ne l'aime plus, si un jour il l'a jamais aimé. Il se sent comme ces gamines dupées par un beau parleur, qui lui donnent tout ce qu'elles ont avant de finalement le voir s'en aller en riant de leur crédulité. « Juste après que tu as été arrêté, j’ai été me présenter à Una de Shalott, dans son bureau. Je lui ai dit tout ce que je savais, contre quoi elle m’a mise en relation avec Huyana, et après ça, l’Ordre du Phénix. J’ai dû attendre longtemps avant que le plan soit parfait, ou presque, et que l’on puisse passer aux faits. Au pied d’Azkaban, je lui ai dit que si je ne ressortais pas de cette mission, que si je n’étais pas de retour avec Huyana, alors j’étais sans doute mort, ou dans un état proche de la mort. Mais je ne suis pas mort, comme tu peux le constater. Et je suis désolé, Luke. Je suis désolé de ne pas t’avoir sauvé plus tôt, mon amour. » Il serre les poings pour refouler les larmes qui montent malgré lui à ses yeux couleur acier tandis que les mots font leur chemin dans son esprit. Ainsi, il était avec Chain dès le début, comme il l'avait pensé et Backdown lui avait menti à sa demande. Ainsi, il ne l'avait pas trahi et n'avait pas cessé de l'aimer. Malgré cette pointe de soulagement qui lui étreignit alors le coeur, paradoxalement, cela n'excusait en rien ce qu'il lui avait fait subir, bien au contraire, cela ne faisait que les empirer. On pouvait aisément comprendre que quelqu'un qui vous déteste puisse vous faire du mal mais comment quelqu'un qui prétendait vous aimer pouvait se montrer aussi cruel ? Il garde les yeux fixés sur le sol, sur cette bague qu'il a laissé tomber et qui avait un jour représenté tant de promesses.
« Tu m'as frappé, Matt... Tu... Tu as laissé Clash me... » Il remue lentement la tête, cherchant à chasser ce souvenir, sa main frottant nerveusement sa nuque comme, si d'une façon ou d'une autre cela avait pu suffire à effacer le numéro de matricule tatoué sur sa nuque.« Tu.. Tu avais dit que ce ne serait jamais que toi, mais tu n'as rien fait pour l'empêcher... » Sa voix a à peine le ton du reproche, elle semble surtout très fatiguée de tout ça. Son regard remonte lentement le long des jambes du jeune homme, s'attardant un peu plus haut sur son torse nu et sur les blessures qui le parcourent. Il soupire finalement, se détendant visiblement, se redressant doucement, ses iris gris faisant l'inventaire silencieux des plaies. Il avance la main vers lui mais son geste s'interrompt comme il n'arrive pas aller plus loin, comme toucher sa peau lui est totalement impossible quand avant il n'aurait fait que ça. Ses doigts retombent mollement le long de son corps. « Je t'avais pourtant dit de ne plus risquer ta vie pour moi, non ? Et t'as entraîné Chain là-dedans. Idiot. » Il a un petit sourire, un léger rire étouffé. Après tout, tout est bien qui finit bien non ? Si l'on occulte le fait que lui, bien entendu, il est cassé à l'intérieur, et qu'il est tellement différent du Luke que les gens ont connu. Si l'on occulte le fait qu'il se montre distant envers Matt malgré tout, comme si une barrière s'était élevée entre eux deux. Si l'on oublie qu'ils ont tous beaucoup trop souffert dans cette histoire.
Matt Aindreas Hemmington
AGENT DU MINISTERE. ► Président-Sorcier du Magenmagot.
► MESSAGES : 129 Ven 17 Fév - 18:03
Un géant brisé, ce n’est plus que ce qu’il est aujourd’hui. Un géant qui jadis était bien beau et bien fier, mais qui aujourd’hui a les yeux marqués par tout ce qu’il a vu, par des choses plus ignobles que nul homme ne peut imaginer sans être complètement dérangés. Il a vu des adolescents plus jeunes que Luke écartelés dans les cachots, sous couvert du sang. Oh, lui aussi il les a détesté ces sangs mêlés, mais quand il s’agit d’un camarade de classe, quand il s’agit d’un gamin que vous avez croisé quatre ans de votre scolarité, pouvez-vous seulement imaginer une seule seconde ce petit corps tordu, le visage figé dans une expression d’effroi et de douleur ? Plus que le viol, le sang, les coups, Matt a vu sur les visages les hommes devenir des ghoules, des monstres animaux, les yeux apeurés et vifs, cherchant une échappatoire comme un rat coincé dans un coin d’une pièce. Les gens se terraient, fatigués, épuisés, amaigris aussi. Il a vu tout ça, il a vu sans doute bien plus que Luke qui, confronté à sa cellule, n’a fait que subir ce système. Mais que peut-on dire du moral d’un homme qui a du appliqué à la règle les lois et les règlements de la Belle Prison ? Que dire d’un homme qui a tenu dans sa main droite les lanières recouvertes de clous et qui a du frappé le dos d’une jeune femme d’une vingtaine d’année jusqu’à qu’elle avoue publiquement avoir tué des gens qu’elle n’avait pas même tué ? Comment peut-on oublier quand tout est encrer, quand tout tourne en boucle, et que le visage même de votre aimé vous rappelle la crasse qui recouvre vos mains ? J’aimerais savoir, pense fort Matt, le visage dur mais fatigué.
« Tu m'as frappé, Matt... Tu... Tu as laissé Clash me... » Il le fixe, découvre sa douleur, sa fragilité. Il sait que quelque part, cette épreuve laissera des séquelles. Il faudra réapprendre, à gagner sa confiance, à pouvoir le toucher sans qu’il ne tremble. Il imagine très bien la douleur qu’il y a en lui, il l’imagine au point même qu’il en souffre pour lui, de ne pas pouvoir l’aider quelque part. Cependant, il ne baisse pas les yeux, parce qu’il n’a pas honte. Tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour lui, et s’il n’arrive pas à comprendre qu’il a dû garder un masque pour ne pas finir à la guillotine, alors c’est dommage. Ça aurait pu être plus simple comme histoire, mais Matt n’est pas un gryffondor. Il est serdaigle d’âme, et sa fierté se fout bien des honneurs qu’on pourrait lui offrir en apprenant ce geste héroïque et romantique à mourir. Il ne clamera jamais, il ne se défendra pas pour ça. Il a eu tort, il le sait. Mais il lui dirait, s’il avait tout ça à refaire, il le referait. En mieux peut-être, sans laisser le temps à Clash de mettre ses sales pattes sur son ange.
« Tu... Tu avais dit que ce ne serait jamais que toi, mais tu n'as rien fait pour l'empêcher... » Il le fixe, un petit soupire s’échappe, comme s’il était las. Peut-être était-il fatigué, fatigué d’avoir couru pendant des mois pour en arriver là finalement, avec deux êtres charcutés. « J’aurais aimé, Luke… J’aurais vraiment aimé. » Son ton est dramatique, mais ce n’est pas l’effet cherché. Il aurait vraiment aimé, mais qu’est-ce qu’il y peut ? Sans doute pas grand-chose, comme il n’a rien pu pour le reste. Il l’observe, et comme sa main s’avance, les yeux de Matt brillent. Ça n’a de sexuel pourtant, pas pour l’instant tout du moins, ça n’est que le réveil d’un petit quelque chose, d’un manque à l’intérieur. Deux mois seulement se sont écoulés. Soixante journée environ, à le vouloir, à le désirer, à renifler à s’en faire mal aux poumons pour n’avoir ne serais-ce que l’odeur de son parfum dans ses rêves… Et il est là.
« Je t'avais pourtant dit de ne plus risquer ta vie pour moi, non ? Et t'as entraîné Chain là-dedans. Idiot. » « Il m’a suivi… jusqu’à un certain point, disons. » Il a un petit sourire d’excuse, comme il se rapproche. Ses doigts attrapent sans ménagement la main de Luke, comme il sait qu’il ne se laissera pas toucher sans ça. Il la sert, sans douceur, le fixant. « Je t’ai juré que jamais je ne te laisserais, que jamais tu ne seras tout seul, Luke. Même derrière des barreaux, même là j’ai tenu la garde. Je ne t’ai jamais abandonné… » Il a un petit sourire, doux alors qu’il relâche ses doigts qu’il sent fébrile. Il se retourne, se penche, et il ramasse la bague qu’il a eut tant de difficulté à rattraper dans le tiroir de Edward Clash. Il la pose à côté d’un petit coffret. Il pose ses yeux sur Luke. Matt est comme un chien qui ramènerait un os à son maître. Plus fou peut-être, mais toujours aussi fidèle. Il ouvre doucement, du bout du pouce, le coffret. Une petite mélodie sonne, comme dans les boîtes à musique. C’est très doux comme air. Et là, au milieu, dans son étui de velours pourpre, le cœur noir et séché attend, s’expose, ses beaux pétales d’artères et de veines s’étalant autour. Les yeux anthracite percent finalement l’enfant blond. « Il ne te fera plus jamais de mal comme ça. »
Luke Midnight
MAGISTER. ►ès Métamorphoses.
► MESSAGES : 573 Sam 18 Fév - 22:57
« J’aurais aimé, Luke… J’aurais vraiment aimé. » S'il le comprend, s'il imagine vaguement ce que Matt a pu endurer de le voir derrière des barreaux, de le faire souffrir aussi parfois, il n'arrive pas lui pardonner, lui sauter dans les bras comme il aurait du le faire. Le remercier, même. Il voudrait oublier tout ça, repartir à zéro et ne plus jamais y penser pour ne plus avoir à souffrir et à ressentir de la douleur de le voir, là, devant lui, quand avant il n'y avait que de l'amour, du désir et de la passion, mais il n'y arrive pas. Pas encore. Cela prendra du temps, beaucoup de temps, et il craint de ne pas avoir cette patience, de craquer avant, et de détruire le peu qui reste encore entre eux. Si ce n'est pas déjà fait. Alors, il cherche à demi-mots à lui faire comprendre, effleurer en surface ce qui se passe dans les tourments de son esprit, qu'il lui en veut mais qu'il saisit, qu'il pourra pardonner un jour. Peut-être. Et puis il y a cette hésitation, ces doigts qui se tendent vers la peau meurtrie et bleuie de Matt, par habitude plus que par désir, et il finit par s'en vouloir à lui-même parce qu'en dépit des apparences, en dépit de tout, si c'est toujours sa vie à lui qu'on sauve, c'est toujours Hemmington qui finit par payer à sa place. Alors ses phalanges retombent mollement le long de son corps, plus parce qu'il ne veut pas lui donner d'espoirs vains que parce que cela le dégoûte. Une idée folle germe dans son esprit, une idée que tout autre que lui trouverait idiote mais que lui trouve légitime ; et s'il quittait Matt ? Certes, il souffrirait mentalement mais au moins, il ne serait plus blessé par sa faute, il ne risquerait plus sa peau pour sauver la sienne. Avec un peu de chance même, il le haïrait mais alors sa vie lui appartiendrait à nouveau. « Je t'avais pourtant dit de ne plus risquer ta vie pour moi, non ? Et t'as entraîné Chain là-dedans. Idiot. » « Il m’a suivi… jusqu’à un certain point, disons. » Il esquisse un léger sourire mais détourne le regard ; il s'en était douté, enfin jusqu'à ce que Chain lui jure le contraire, mais ce plan là était tellement plus logique. Quand bien même il était d'une loyauté sans faille, Backdown n'aurait jamais eu l'idée de courir un tel risque ; il n'y avait qu'un homme amoureux pour se lancer dans une telle entreprise, ou alors un fou. Sans doute que Hemmington était un peu des deux.
Il le voit se rapprocher et il se force à rester là, immobile, quand bien même il se sent tremblant à l'idée qu'il le touche et cela lui est confirmé quand l'Irlandais attrape sa main de la sienne, la serrant. Il n'y a rien de tendre dans ce geste, rien d'amoureux, ce n'est qu'une étreinte à demi, juste pour faire comprendre qu'il est là, qu'il l'a toujours été, même si Luke n'avait pas su le voir. « Je t’ai juré que jamais je ne te laisserais, que jamais tu ne seras tout seul, Luke. Même derrière des barreaux, même là j’ai tenu la garde. Je ne t’ai jamais abandonné… » Les prunelles gris clair du jeune homme ne quittent cependant pas du regard leurs doigts liés et il ramène sa main contre lui lorsque Hemmington le relâche. Ce dernier se retourne et l'espace d'un instant, le cœur de Luke se serre comme il se demande s'il va s'en aller. Il le détaille longuement, ce corps qu'il a tant chéri et qui aujourd'hui ne lui inspire rien d'autre que... que quoi ? Il ne sait pas au juste quel est ce sentiment, il ne parvient pas à mettre un nom là-dessus et ça le rend encore plus malade. Mais ce n'est pas cela. Il ne l'abandonne pas, comme il l'a promis, non, il se contente de ramasser la bague et le petit coffret de bois que le blondinet a trouvé sur la table en se levant, ce matin. La boîte l'intéresse moins que l'anneau, il faut le reconnaître, mais c'est sans aucun doute parce qu'il ignore ce qui se trouve à l'intérieur. Pas pour longtemps toutefois, comme le géant brun soulève le couvercle, laissant naître une musique aux notes légères, comme dans les boîtes à bijoux que sa mère possédaient. Il imagine une danseuse étoile tournant sur elle-même dans un mouvement figé par le mécanisme mais il est loin de la vérité. Il a du mal à reconnaître le contenu de prime abord mais lorsqu'il comprend enfin il ne peut retenir un mouvement de recul horrifié, ses yeux s'écarquillant sous l'effet de la surprise. « Il ne te fera plus jamais de mal comme ça. » Presque hypnotisé par ce cœur arraché dont il sait désormais qu'il a appartenu à Clash, il ne peut toutefois le supporter très longtemps et referme le coffret du bout des doigts, répugné. « Je... Ce n'est pas ce que je voulais, Matt. Ça... n'efface pas ce qu'il a fait. » Malheureusement. Son index se pose alors sur l'anneau, sur cette bague qu'on lui a pris à son entrée à Azkaban et qui était le symbole de leur appartenance mutuelle. Ça symbolisait toujours autant à ses yeux pourtant ; étrange chose que l'amour, pas vrai ? « Tu sais... Je suis désolé que tu aies eu à faire face à tout ça à cause de moi, vraiment. Je suis désolé que tu aies tout le temps à risquer ta vie pour sauver la mienne, à souffrir par ma faute et je suis désolé de... de... ne pas être à la hauteur de ta noblesse d'âme, Matt. » Il se détourne légèrement, ses doigts se refermant sur l'anneau sans qu'il ne l'enfile, les yeux rivés sur le sol. « Est-ce que tu pourrais mettre un t-shirt... s'il te plaît ? » Il se sent idiot, si l'on peut l'être plus encore, alors il se laisse tomber assis sur la chaise la plus proche, la tête entre les mains, ses mâchoires se serrant pour ne pas avoir à pleurer encore, pour ne pas se montrer encore plus faible qu'il ne l'est. « Tu devrais me faire oublier, Matt. Ça ne sera plus jamais comme avant sans ça. Tu pourrais le faire... » Il suffirait d'un sort, d'une simple formule, pour que tous ces souvenirs douloureux disparaissent et qu'il vive dans un agréable mensonge où rien de tout cela ne serait arrivé. Il ne lui propose pas de le quitter car ce serait une insulte à toutes les choses qu'il a faites pour lui, à toutes les preuves d'amour qu'il a posé devant ses yeux. Une injure, oui. Alors il reste la solution la plus facile, la plus lâche. Après tout, il n'a jamais prétendu être courageux.