Dong... Dong... Dong...

Le carillon résonne dans la nuit l'air sinistre. Troublant la froide nuit brumeuse londonienne. Pour un peu on s'attendrait presque à entendre un cri déchirer la nuit suivit d'un rire macabre. Comme si l'esprit désincarné d'un certain Jack s'appesantissait encore sur la ville des siècles plus tard.

Dong... Dong... Dong...

Dans la Londres magique plus personne ou presque n'est dehors, le couvre-feu instauré et la crainte des représailles du nouveau gouvernement instille trop bien la peur dans le cœur de la population qui se terre dans les vieux bâtiments. Pas un bruit à part le pas des aurors en patrouille et celui plus discret des mangemorts en maraude.

Dong... Dong... Dong...

Dernier son de cloche, voici la minuit. Un silence de mort fait place, à peine troublée par l'agitation habituelle du District E qui s'élève comme un grand doigt tendu bien haut à la face d'Aidev et de ses sbires. Pour combien de temps encore ? Accoudée à la fenêtre, Kheeva laisse une cigarette se consumée toute seule au bout de sa main, au point de la laisser lui brûler les doigts avant qu'elle ne l'écrase, comme rappelée à l'ordre par l'odeur désagréable. La louve referma la fenêtre rapidement, sans prêter attention au phénomène de régénération qui effaçait presque instantanément la brulure. Son chaton s'enroula autour de ses chevilles prestement, quémandant des caresses en miaulant plaintivement jusqu'à ce qu'elle l'attrape et le prenne dans ses bras comme une peluche. Spartiate. C'était tout ce qu'on pouvait dire de l'appartement, pour tout meuble une table et deux chaises trônait non loin d'un vieux canapé défraichi que le chat avait fini par achever. Ouais c'était pas le Ritz mais c'était tranquille, c'est tout ce qui lui importait. Les voisins ? Trop engoncés dans leur propre méfiance et leurs problèmes pour s'intéresser aux autres, elle aurait aussi bien pu s'exercer au tir, la seule réaction qu'elle aurait obtenue aurait peut être été quelques coup de balais courroucés de la vieille chouette à l'étage en dessous. Calme et silenc... BLAM ! « Sale petite merdeuse ! Tu va voir si j't'reprends à toucher à ça ! T'as qu'à dormir sur le paillasson ! Mais quoi ? J'en ai rien à battre, barre toi sale morveuse ou je t'en remet une ! » Une arme en main, la louve guettait la scène par l’œillère, l'air neutre. Ça ce passait deux portes plus à loin à gauche. La petite dernière -ou y en avait-il encore d'autres ?- de la portée venait d’atterrir sur le pallier en essuyant stoïquement le sang qui coulait de son nez. Encore. C'était quoi ? LA troisième fois ou la quatrième de la semaine ? En temps normal la louve en restait là. C'était pas ses affaires à elle si les humains là n'avaient pas la décence d'élever leurs petits convenablement. Ça ne la regardait pas si la petite se prenait des raclées, qu'est ce qu'elle y pouvait elle ? Rien, alors il n'y avait rien à faire. Bordel. Elle y croyait pas. C'était vraiment elle qui venait de déposer son automatique pour rebrousser chemin jusqu'à la porte ? Ça te concerne pas ma fille, fais comme si de rien, ça te concerne pas...

« Tiens, met ça sur ton nez. » Elle s'était laissée glisser jusqu'au sol, à côté de la petite qui regardait le mouchoir qu'elle lui tendait d'un air hésitant. Mince, son vieux l'avait pas ratée. « Euh... merci. » Un petit épouvantail mal attifé, songea-t-elle en regardant la fillette débraillée qui épongeait son nez, les deux yeux au beurre-noir. « C'est quoi ton nom ? »« Millie. »« Millie, hein ? Moi c'est Kheeva. »« Kheeva ? C'est un drôle de nom... J'suis tombée dans les escaliers. » indiqua-t-elle avec méfiance en montrant son nez. « Et ton escalier, il t'as aussi foutue dehors hein. »« C'est pas tes oignons. » se rembrunit-elle. « P'têt. Mais tu peux pas rester là dehors à dormir sur le parquet. Y à un lit chez moi, t'as qu'à te reposer un moment, moi j'arrive pas à dormir alors il me sert à rien. Et demain j'irai secouer les cloches de ton vieux. » La fillette releva ses yeux d'un regard terne. « Merci. Pour le lit. Mais dit rien à mon père, il se vengera sur moi après... » Pour toute réponse un bref hochement de tête et elle est déjà debout à sa porte, un regard vers la petite l'air de lui demander "tu viens ?" et elle se décide enfin à la suivre. Pauvre gosse. Elle lui rappelle un peu trop de mauvais souvenirs à son gout... le lendemain, elle la flanquera à la porte et tournera la page. Pas vraiment envie de voir évoluer autour d'elle un reflet miniature de son propre passé. La fillette s'endort rapidement sur le vieux matelas, le chat dans les bras, elle, elle reste assise dans le canapé à regarder les étoiles mourir. Elle à du s'endormir un moment, le matin est déjà là, à côté d'elle un petit mot. La fillette est partie toute seule. Il faut vraiment qu'elle s'en débarrasse. En vitesse.

Les pièces trébuchèrent d'une main à l'autre et la petite sorcière revint sur ses pas. Ce chemin elle le faisait souvent mais d'ordinaire son cabas pesait bien plus lourd. Peut-être parce qu'elle s'était dit que sa voisine n'avait pas tellement besoin de whisky ou de bière. Elle avait pris une cartouche de cigarettes. De toute manière, l'épicier du coin ne faisait pas assez de chiffre pour regarder à son âge. Le gouvernement Blake n'épargnait personne dans le quartier.

Il y eut un cri déchirant mais personne ne broncha. C'était habituel. Les vitres avaient éclaté au premier matin du couvre-feu et maintenant, ce petit rituel infernal était devenu plus ou moins une habitude. Une descente des mangemorts. On ne savait jamais trop sur qui ça tombait. Parfois les choses se passaient bien, d'autres fois moins.

Millie tourna au coin de la rue sans trop se douter que ce jour-là c'était chez elle que la descente se faisait. Elle grimpa les escaliers sans trop se presser. Si elle appréciait Kheeva, la drôle de voisine de palier, mais quand une fois qu'elle aurait livrer les courses il faudrait rentrer et retrouver son alcoolique de père et ce serait reparti pour une autre volée de claques ou pire... et ça ça ne l'enchantait guère.

Des éclats de voix la firent tiquer mine de rien. Son père gueulait déjà alors qu'elle n'était pas là? La gamine grimpa les escaliers à pas de loup comme si elle pressentait qu'il valait mieux faire profil bas.
Une voix menaçante se mit à gronder une série d'insultes dégradantes. Un bris de verre, elle aurait pu jurer que quelque chose s'était fracassé sur la table basse du salon. Quelque chose ou...
Elle risqua une oeillade en passant devant la porte de chez elle. Ses yeux accrochèrent ceux d'un mangemort et dans le flou, son père agenouillé devant les restes de la table, le visage affreusement entaillé et l'oeil... non elle ne voulait pas voir ça. Instinct de survie? Lâcheté? Sur le moment elle ne se posa pas la question. Elle ne s'arrêta même pas, feignant de ne pas habiter ici, de n'avoir rien vu.

Elle frappa à la porte de sa voisine. Trois coups tranquilles. Silence. Puis trois autres coups un peu plus nerveux. La gorge qui se serre parce qu'elle sait qu'elle a l'air suspecte et que ça la rend d'autant plus nerveuse. Enfin la porte s'ouvre. La gamine rentre en essayant de ne pas se précipiter mais elle est toute pâle...

A travers le mur, on entendant des cris. Des hurlements. Des coups. Longtemps. Puis plus rien.

A peine lue, aussitôt chiffonnée. La petite boule de papier disparait en cendres en un claquement de doigt. Il faut vraiment qu'elle se débarrasse de la gosse. Laisser la porte fermée quand elle reviendra, ou partir sur le champs ? Mh, tentant, un peu trop même. La gosse veut juste la remercier, elle va la laisser faire et elle la mettra à la porte ensuite. Elle ne veut plus s'attacher aux autres. Avoir des liens c'est s'exposer, se rendre vulnérable. Non elle ne laissera pas la gosse s'attacher à ses basques. Forte de sa résolution, Kheeva attrape le paquet de clopes qui traine sur la table et va tranquillement jusqu'à la fenêtre en griller une. Ouais fumer c'est mal, elle s'en fout elle, le cancer n'inquiète pas les lycans. Elle, si elle meurt un jour ce sera de mort violente. La rue en contrebas est presque déserte et ça c'est pas seulement du à l'horaire matinale. Les quelques courageux qui sortent rappellent un peu trop les crève-la-faim qui errent après une guerre. Tas de cons, ont les privent de leurs droits et de leurs libertés et ils acquiescent la queue entre les jambes. Aucune fierté. Comment diable ont-ils seulement pu porter Black au pouvoir ? C'est un truc qui la dépasse complètement, après tout c'est pourtant pas les exemples qui manque... mais non ! On répète encore et toujours la même connerie. Si Aidev avait été porté au pouvoir par un coup d'état davantage de gens se seraient élever contre lui. Comme si cette pseudo élection lui conférait une quelconque légitimité ! Foutaises.

La louve poussa un juron que n'aurait pas renié un charretier, avant de dégager sa cigarette en vitesse d'une pichenette. Le mégot n'avait pas atteint le trottoir en bas qu'elle était déjà rivée à sa porte, arme en main, à guetter par l’œillère. Mangemorts. Faich'... tout ses sens s'affolent rapidement comme ils se rapprochent de son appartement. Un étage... deux... trois... quatrième. Elle peut apercevoir les premiers en même temps qu'elle arme le chien de son pistolet. Deux points pour la louve, les sorciers méprisent les armes modernes, les mangemorts encore plus. Avec un peu de chance, elle pourra en abattre trois ou quatre avant même qu'ils ne réagissent... Plus que trois appart'... Les yeux clos, elle se fie à ses sens pour situer ses cibles et pointe son arme droit sur la porte... Hé ? Coup d’œil rapide à l’œillère, les sorciers se sont arrêtés juste devant la porte à côté. Du calme Khee, c'est pas tes affaires... du calme et t'en mêle pas. T'en mêle pas. Malgré les cris. Malgré les rires. Ferme tes oreilles aux appels à l'aide, tu ne leur doit rien, t'expose pas pour eux. Ne te trahie pas bêtement. Seulement à ce moment deux choses se produisent, un des mangemorts sort sur le pallier et Millie arrive par l'escalier. Oh... merde. La gamine file droit sur sa porte et frappe une première fois sans que la louve ne bouge. Faich'... La fillette frappe de manière plus désespérée. Elle peut quand même pas la laisser crever devant sa porte, si ? Nouveau juron, le temps de planquer son arme sous son teeshirt, elle ouvre la porte et tire la petite à l'intérieur rudement, referme la porte en la claquant derrière. Un coup d’œil à la gamine pour s'assurer qu'elle va "bien" compte tenue des circonstances et la voilà l’œil de nouveau rivé sur le couloir. Et m... p'têt bien qu'elle aurait du laisser la gamine sur son paillasson, les ennuis arrivent...

La porte s'ouvre et une main la happe à l'intérieur. C'est peut-être là que la manœuvre a eu l'air suspecte. Millie se sent toute drôle. La gorge noué et les jambes qui flageolent sans qu'elle puisse rien y faire. Là dans le couloir elle ne pensait pas que ça l'atteindrait à ce point.

Sa voisine lui adresse un regard mais elle n'a le temps de rien dire qu'un sortilège fait exploser la porte à la figure de Kheeva.

" Contrôle de routine. C'est à vous la môme?"

La voix du mangemort est morne mais autoritaire. Son unique oeil dévisage la gosse pour essayer de trouver une ressemblance physique avec le pourceau qu'il vient d'écorcher dans la piaule d'à côté. Ca ne paraît pas évident. La couleur des cheveux. Vaguement. Et encore...
Son oeil porcin se braque à nouveau sur Kheeva. Là non plus la ressemblance ne fait pas illusion à moins que la gamine ne ressemble au père.

Derrière Kheeva, Millie se fait toute petite. Elle a peur ça se sent. Elle se sent écrasée par ces géants menaçants qui ont les vêtements maculés du sang de son père. Ce n'est pas vraiment qu'elle le regrettera. Son père ne l'aimait pas et d'aussi loin qu'elle se rappelle, pour tous les coups de ceinture et les insultes qui lui a vomi dessus, elle ne l'a jamais trop aimé non plus. Mais voilà c'était son père. C'était aussi l'assurance d'un toit et de quelque chose à manger. Alors que là, elle va se retrouver seule ou alors elle va mourir de l'autre côté de la porte de sa voisine...

Juste le temps de se retourner pour ne pas avoir le visage criblé d'échardes. Bordel, on ne leur à jamais appris à frapper aux portes au lieu de les faire exploser ? Autant dire adieu à sa caution tout de suite... Quoique de toute manière vu comme les choses commencent à partir...

« Contrôle de routine. C'est à vous la môme ? » Kheeva prend un air légèrement effrayée et tremble même légèrement pour faire bonne mesure. Avec un peu de chance, elle arrivera à gagner du temps. Avec beaucoup de chance elle sera convaincante, suffisamment pour qu'il reparte dans l'autre sens. « Euh oui, oui ! C'est ma... ma fille. » Allez encore un petit coup, elle roule des yeux écarquillés en se tassant sur elle même, prête à lui sauter à la gorge en espérant que ça passe pour de la crainte à ses yeux. Elle sent d'ici la peur de la gamine suinter de tout ses pores, une odeur douceâtre, écœurante. Bien, qu'elle continue à claquer des dents pour le moment. Mais quand elle surprend le regard du borgne glisser sur la petite, la louve ne peut retenir l'éclat de colère qui pointe dans ses yeux. Elle ne supporte pas ces salopards qui se permettent de briser la vie des gens juste pour s'amuser, elle en à fait l'amère expérience à peu près à l'âge de la petite. Hors de question de la laisser tomber entre leurs mains quitte à ramper s'il le faut pour la protéger sauf que... Rien qu'à voir la tête du borgne elle sait qu'elle n'a pas été assez rapide à dissimuler sa colère. Et m...

« Euh oui, oui ! C'est ma... ma fille. »

Grand silence. Chacun campe sur ses positions et s'observe en chien de fusil. Est-ce qu'il sait que c'est du baratin? Millie a la sensation de se liquéfier sur place. Elle déglutit en voyant le borgne échanger un trop long regard avec Kheeva. Y a quelque chose qui ne passe pas. Ca se voit comme un nez au milieu de la figure.
Avec un ou deux ans de plus, elle aurait déjà tirer sa baguette. Seulement voilà à son âge on n'a pas encore de baguette.

" J'aime pas ta gueule toi.", crache le borgne en attrapant la figure de Kheeva entre ses gros doigts. " T'as un problème avec l'autorité on dirait..."
"Hey non! Lâchez-la!! Lâchez-là!"

La gamine panique et elle s'interpose entre les deux adultes toute insignifiante qu'elle est. Le borgne ne l'entendant pas de cette oreille. Ni une ni deux, il empoigne la tignasse de cheveux châtains de la gamine et la balance de l'autre côté de la pièce. Qui ignore encore que les agents du ministère sont tous sous solution de force depuis Blake.

Les autres autour réagissent vite. Ce n'est pas la gamine qui va leur donner du fil à retorde. Quand on se cogne la tempe sur le coin d'une table à cette âge, on est hors jeu pour un petit moment. Et puis les mangemorts n'entendent pas se laisser emmerder par une gamine non plus. Un bouquet de sortilèges fusent vers la soit disant "mère" dont l'un à bout portant, celui du borgne, un sectumsempra à en juger par les effets.

« Ça mon gars, t'aurai vraiment pas du... »

Le borgne ne s'était pas attendu à ça et il n'a même pas le temps de tomber que déjà la louve le charge sur son épaule comme un sac et voilà que le cadavre se fait le bouclier de son assasin.

Les autres mangemorts réagissent et autour d'eux tout pète. Sortilèges qui fusent oui mais voilà les balles sont plus efficaces. Pas parce qu'elles le sont en soi mais parce qu'ils ne sont pas préparés à ça. Dans la cohue il y a un départ de feu dans les rideaux et quand le dernier mangemort s'écroule, le plafond est déjà mangé de flammes. Inutile de dire qu'il ne fera pas bon traîner ici.

Pourtant Millie ne bouge pas, toujours assommée. Son instinct de survie la laissée là.


« Non pa- ! »

Millie se redresse d'un bond, terrorisée. Pourtant autour d'elle il n'y a rien. Pas de borgne. Pas de table en verre. Pas de cadavre de père alcoolique. Seulement le visage de sa voisine.

Alors, comme dans un élan de son coeur qui est affolé par la peur, elle se jette à son cou, la serre et pleure à chaude larmes. C'est peut-être un petit peu trop pour une gamine de sept ans après tout.

La gosse s’effondre complètement, pendue au cou d'une Kheeva pétrifiée par l'instant. Cette gamine en pleurs qui s'accroche à elle, l'effraye complètement, que faire ? Comment réagir ? La serviette qu'elle tenait dans sa main pour la décrasser tombe à côté du lit. Elle devrait peut être l'achever tout de suite, lui briser la nuque pour lui épargner toute cette souffrance et cette culpabilité qui vous prends jusqu'à votre raison, celle d'avoir survécu. Elle devrait lui épargner tout ça, ce serait plus miséricordieux que de la confier à un orphelinat. Un hoquet qui entrecoupe ses sanglots sur un cri de détresse.

« Non pa- ! »

Pauvre môme. Qu'aurait fait Lheena à sa place ? La douce Lheena, la gentille et bienveillante louve ? Lheena l'aurait pris dans ses bras, elle l'aurait réconforter et l'aurait cajoler jusqu'à ce qu'elle se calme, elle lui aurait dit qu'elle n'avait plus rien à craindre, que tout était fini. Elle lui aurait mentit pour son bien. Mais Lheena est morte et elle n'est pas sa sœur. Si elle finit par prendre la petite dans ses bras et la serrer contre elle c'est pour étouffer ses pleurs, sa main qui la retient presque maladroitement à la recherche d'une prise et de resserrer infiniment sur son cou. Si facile, si tentant, si... rapide. Tellement simple que c'en était effrayant. Sa prise se transforma soudainement, se prenant à lui caresser les cheveux pour l'apaiser en fredonnant tout bas une vieille contine italienne, qu'elle n'avait plus entendue depuis... des siècles.

La pluie rince Londres, triste et monotone. Derrière les carreaux une gamine qui n'a pas pleuré tant que ça finalement. En fait, elle a séché ses larmes sur l'épaule de cette voisine qu'elle ne connait pas trop il faut le dire. Ses lèvres se collent l'une contre l'autre la nuit quand elle ne dort pas. Le jour parfois, elle parle. Elle parle beaucoup. Tout d'un coup. Puis elle se rend compte qu'elle parle trop alors elle arrête, un peu intimidée.

Elle mange toutes les deux, dans ce drôle d'appartement que Kheeva a trouvé en deux deux et où il n'y a rien. C'est rassurant quelque part qu'il n'y ait rien. C'est comme si tout ça ce n'était pas vraiment une vie. Pas réel. Après quelque temps elle finirait par se réveiller et se rendre compte que Kheeva n'était toujours que sa voisine. Pourtant, plus les jours passaient, plus les choses semblaient réelles, moins Millie avait envie qu'elles changent. Kheeva était de loin la meilleure personne qu'elle connaissait. Bien meilleure que son propre père en tout cas. Il n'y avait que quelques trucs qui faisaient tiquer la gamine mais pour le moment, elle ne posait aucune question.

Que faisait-elle comme job pour avoir autant d'armes? Pourquoi n'arrivait-elle jamais à cuire le steak correctement? Et pourquoi grimaçait-elle quand c'était Millie qui le faisait cuire? Elle avait sa petite idée mais elle n'osait pas poser la question. Trop tôt sans doute. Encore autre chose, ces trois nuits où sa protectrice s'en va et la laisse seule. Mais Millie ne demande toujours rien. Elle fouille pour voir si elle peut trouver une arme qu'elle pourra remettre en place l'air de rien avant le matin. Juste au cas où. Parce que mine de rien la peur est bien là.


Qu'est-ce que tu vas faire avec cette gamine?, demande Eros au petit matin, dans l'alcôve abritée qu'il s'est trouvé pour surveiller l'appartement improvisé de Kheeva.

Il l'a attendue là toute la nuit, sans broncher. Observateur sérieux et invisible.

Qu'est-ce que tu vas faire avec cette gamine?, cette question elle se l'est souvent posée au cours des derniers jours. Qu'est ce qu'elle va faire d'elle ?

J'en sais rien... j'ai juste... pas pu la laisser mourir. Et pas pu l'achever après non plus., le voilà son problème. C'est pas la première fois qu'elle croise des orphelins dont la vie est brisée, parfois même par sa faute. Alors pourquoi cette fois là, elle n'a pas pu se résoudre à poursuivre son chemin, fuir en avant sans regarder par dessus son épaule ? Si elle avait seulement un début de réponse à ça... Il faut que je m'en débarrasse. Regarde moi, tu me vois jouer les nounous ? C'est ridicule. Elle marmonne ses derniers mots, oubliant que le vampire devant elle à certainement du l'entendre. Oui c'est ridicule, une tueuse à gage qui trimballe une gosse dans ses pattes comme si c'était un pot de fleur ? Elle se sentait lasse. Lasse et épuisée. Elle s’affaiblissait. Et dans son métier ça ne pardonnait pas. Il fallait qu'elle se débarrasse de ce boulet et vite. Tu devrais partir... l'aurore arrive. M'en voudrait que tu prenne un coup de soleil. Elle lance la pique avec un mince sourire avant de passer devant lui finissant d'enfiler les vêtements qu'il lui à gardé au sec. Manquerait plus qu'elle rentre à poil...


Qu'est ce que tu fabrique ? La gamine sursaute malgré le ton neutre qu'elle à employer. Pas de colère, pas de reproche, ou du moins elle ne le lui laisse pas voir. Quelques pas et elle récupère l'automatique des mains de la fillette, comme elle aurait ramassée une chaussure ou un vêtement avant de l'escamoter sous son nez, si rapidement qu'on aurait pu croire à de la magie. Elle se tient plantée là devant la gamine prise en flag', mais rien... elle n'arrive pas à trouver le courage. Soupir. Elle va s'assoir à l'une des deux chaises, posant l'arme devant elle sur la petite table, la tête entre les mains, à fixer l'arme à feu. Les gosses...

J'en sais rien... j'ai juste... pas pu la laisser mourir. Et pas pu l'achever après non plus.

Eros la regarde. Pour lui ce qui se trame là relève de l'évidence. Quand on n'arrive pas à les tuer d'un seul coup, on est condamné à les élever mais ça, il ne le dira pas, du moins pas si directement. Parce qu'il sait pertinemment que ce n'est pas ce qu'elle a envie d'entendre.

Pas d'autre famille je suppose?

Évidemment.

Il faut que je m'en débarrasse. Regarde moi, tu me vois jouer les nounous ? C'est ridicule.
Trop mignon..., se moque-t-il avec son sourire de chat.

Mieux vaut dédramatiser que de l'enfoncer non?

Relâche un peu la pression, tu finiras bien par trouver une solution qui te conviendra.

Conseil d'ami si l'on peut dire. Inutile d'aller faire des erreurs parce qu'elle aurait la tête ailleurs. Dans son métier ça ne pardonne pas et quelque part, ça ferait chier le vampire qu'elle s'abîme pour des conneries.

Tu devrais partir... l'aurore arrive. M'en voudrait que tu prenne un coup de soleil.
Je vais finir par croire que tu t'intéresses à mon sort., il roule des yeux et disparait parce qu'effectivement il n'a que trop traîner après l'heure fatidique.


Qu'est ce que tu fabrique ?

Millie bondit mais elle n'a le temps de rien dire ni de rien faire qu'on lui a déjà repris son arme. Elle suit Kheeva du regard et se retrouve une fois de plus devant une évidence dérangeante.

Tu veux que je parte mh ?

Tu veux que je parte mh ?

La louve la regarde d'un air pénétrant en la dévisageant curieusement avant de lui désigner la chaise libre d'un regard éloquent sans rien dire, ignorant délibérément la question. Depuis quand est elle si transparente ? Merde, elle avait réellement perdue la main. Elle la laisse s'installer avant de faire glisser l'arme jusqu'à elle et d'exploser.

Je peux savoir ce que tu compte faire avec ça ?

Rien qu'une simple question, posée sur un ton aussi neutre que possible. A quoi jouait la fillette ? Voilà pourquoi elle ne pouvait pas garder un enfant avec elle, à ce rythme là, elle allait finir par la tuer ou la faire tuer et p'têt bien elle même aussi par la même occasion. Il n'y avait pas de place pour les gosses dans sa vie point final, sa décision prise, elle sembla se détendre un peu avant d'allumer une cigarette et de poser prudemment sa question.

Ecoute ma petite... tu peux pas..., soupir. Elle tire une latte ou deux avant de reprendre plus directement. Il te reste de la famille quelque part ?

Elle ne dit pas non. Bien sûr, à quoi s'attendait-elle? Millie ne dit rien pourtant. Elle ne semble ni déçue, ni fâchée. Comme si elle s'était habituée à ce genre de trucs. En fait c'était même de l'ordre du banal pour une gamine comme elle. Son père non plus ne voulait pas d'elle dans ses pattes. Quelque part, faire cavalier seul c'était sans doute comme ça que les choses devaient se dérouler normalement. Le tout était de savoir combien de temps on allait survivre là dehors et si on avait les épaules pour.

Je peux savoir ce que tu compte faire avec ça ?
Ca a plusieurs fonction ce truc?, répond la gamine de but en blanc.

Elle a beau ne pas être de ce monde, elle n'est pas assez idiote pour n'avoir pas bien compris à quoi ça sert. Elle ne cille pas.
Elle la regarde allumer sa cigarette, comme s'il y avait une réponse à tirer de cette scène puis ses yeux se reposent sur l'arme. Est-ce qu'elle a le droit de la prendre?

Ecoute ma petite... tu peux pas...
J'ai compris ça...
Il te reste de la famille quelque part ?

La question tombe comme un pavé dans la marre. De la famille? Est-ce qu'on peut appeler ça comme ça? Il y a bien la vieille tante Eli mais plutôt revenir quelques jours en arrière et finir avec du plomb entre les deux yeux. Les yeux de la gamine partent un instant sur le côté comme elle cherche ce qu'elle pourrait bien inventer.

J'ai pas de famille., ment Millie. Pur instinct de survie.

Je peux savoir ce que tu compte faire avec ça ?
Ça a plusieurs fonction ce truc ?, Kheeva fronce des sourcils en attrapant des allumettes.
Ce n'est pas un jouet. croit-elle bon de rajouter. Bien sur, comme si elle ne le savait pas déjà... S'enchaîne un dialogue inutile qui ne fait que creuser le malaise qui s'installe entre elles. La louve suit le regard de la gamine qui fixe l'arme d'un air de se demander si elle va ou non s'en saisir sans que Kheeva ne fasse ni ne dise rien. Elle préfère se cacher derrière un écran de fumée.

J'ai pas de famille., pour toute réponse la louve lui oppose un nouveau nuage de fumée. Pas d'amis ? Personne ? Elle sent de la tromperie dans ses mots mais passe dessus sans rien en dire. Elle repose les yeux sur l'arme.

Tu ne sais pas ce que tu demande. Tu ne sais pas qui je suis.

Ce n'est pas un jouet.
Je saurais pas quoi faire avec un jouet de toute façon.

Silence.

Évidemment, la conversation prend un tournant désagréable et Millie se referme ostensiblement. Si elle n'a pas l'habitude d'être accueillie à bras ouverts, elle n'a pas non plus envie de s'entendre dire "hey gamine! y a pas de place pour toi ici...". C'est con à dire mais cette conversation doit tourner court.

Pas d'amis ? Personne ?

Le regard de Millie a l'air de se défendre à coup de tu es qui toi pour me juger?. Mais la gamine ne dit rien. Son mensonge était déjà limite. Elle a la sensation que développer ce ne serait que s'engager sur un terrain plus glissant encore.

Tu ne sais pas ce que tu demande. Tu ne sais pas qui je suis.
Je demande rien. J'peux me débrouiller. J'ai pas besoin de toi.

Cruelles paroles d'enfant qui se sent acculé. Son regard est dur quelque part parce qu'elle sait très bien qu'elle peut se débrouiller mieux que les autres mais que par les temps qui courent, foutre un gamin dehors c'est déjà le jeter au charnier. Qu'importe, elle elle fera mieux que les autres.

La chaise racle le plancher. Millie regarde Kheeva une dernière fois et au fond d'elle c'est vrai, elle est en colère. Elle a envie de partir sans dire merci, sans un regard. Et dans le fond ça serait presque cathartique de le faire. Mais elle a plus de fierté que ça. Pas question de lui montrer qu'elle y a cru une seconde.

A... plus. Merci.

Et la gamine de prendre la porte sans regarder par dessus son épaule. Partir c'est vite fait, surtout quand on a pas d'affaire. En moins de deux, elle est en bas de l'immeuble à se demander si elle va à droite ou à gauche.
A droite c'est là où vont tous les gens bien. A gauche... il y a le reste. Alors elle prend à gauche, bien décidée...

Mais parfois il ne suffit pas d'être décidée. Bien loin de se douter que dans le vieil immeuble où elle avait vécu avec son père jusqu'à cette nuit tragique, on menait une enquête, Millie se contenta de peu les premiers jours. Avec une pièce qu'elle avait au fond de sa poche, elle put s'acheter une brioche et pour les deux repas suivant la ruse lui servit de gagne-pain. Ce que Millie n'avait pas prévu c'était que les services de l'enfance lui tombent dessus et qu'au final elle se retrouve chez l'affreuse tante Eli, qui n'était même pas supposer exister.

Comprenez bien. La tante Eli aux yeux de Millie c'était l'incarnation d'une solution finale pour enfant, particulièrement douloureuse. Son père à elle n'avait jamais été un cadeau. Mais au moins il avait toujours eu le mérite de savoir quand s'arrêter de frapper ce qui n'était pas le cas de la tante Eli. 112kg de beignets à la citrouille, pétris dans quelques litrons d'alcool eurent tôt fait d'avoir raison de la gamine. Une petite souris devant une montagne. En fait si Millie survécut aux 14 jours passés chez sa tante, c'est uniquement parce qu'en se prenant une dernière raclée elle avait eu le malheur de passer à travers la fenêtre du troisième... forcément ça attire l'attention ce genre de choses.


Un médicomage sortit de la chambre 412, un air abattu sur le nez. A Sainte Mangouste depuis que le gouvernement Blake était passé on ne prêtait pas indéfiniment des lits à des inconnus, qu'ils aient 7 ou 77 ans. En plus les inconnus dans le coma ne rapportaient guère à l'hosto. Encore une qui allait finir dans le vide-ordure ou quelque chose dans le genre. Quelque chose de pas très joli en tout cas.

Un miracle que cette gosse n'est pas déjà rendu l'âme de toute façon..., soupira-t-il d'une voix morne qui ne s'adressait qu'à lui même.

Elle l'avait laissée partir, parce qu'elle n'aurait pas su la retenir et puis parce qu'elle se sentait soulagée par son départ. Même si elle aurait préférée que cela ce passe plus... sereinement. Oui elle avait été soulagée par le départ de la petite. Juste avant d'être rattrapée par sa culpabilité. Les premiers jours elle l'avait surveillée discrètement histoire de s'assurer que la gamine ne tombait pas sur des ennuis plus gros qu'elle. Elle avait vu la fillette se faire ramasser par les services sociaux et atterrir chez sa tante et puis elle avait repris le cours de sa propre vie avec la ferme intention de l'oublier.


Salut. On viens chercher la gamine de la 412.

La voix provenait d'un tout petit bot de femme qui lui brandissait sous le nez un badge et des papiers officiels, l'air revêche, flanquée par un homme au teint si pâle que c'en était alarmant aux yeux de l'homme en blouse blanche. Apparemment le duo semblait avoir surpris le médicomage dans ses pensées pour l'avoir ainsi pris par surprise. Tant mieux, ça facilitait les choses, elle n'avait pas vraiment pris le temps de falsifier correctement les papiers, un examen un peu trop attentif et tout pouvait déraper. C'est fou ce qu'on peut faire avec de la volonté, une bonne dose de culot et quelques faux papiers. Comme ouvrir des portes qui sinon resteraient closes ou sortir en douce un patient d'un hôpital.

Je veux ses affaires et son dossier médical complet dans deux minutes. Habillez là., l'homme la regarde avec un air imbécile, l'air complètement paumé. Bougez vous l'cul où je m'arrange pour vous faire muter dans le plus sordide placard à balais de ce mouroir !

Cette fois-ci le médecin se précipite hors du couloir l'air d'avoir tout les chiens de l’enfer aux trousses. Depuis Blake, personne ne veut attirer l'attention des autorités sur sa personne, question de survie. Sans un regard en arrière la louve pénètre dans la chambre et reste figée sur place pendant deux battements de cœur, avant qu'elle ne parvienne à se resaisir. Pendant un instant c'est sa sœur qu'elle à cru reconnaitre allongée dans le lit, reliée à toutes ces machines par des tubes. Ce n'est pas le moment de flancher. Si elle flanche on va lui poser des questions et les questions laisseront la place à d'autres problèmes bien plus graves. Pour le moment il faut faire vite.

Tu peux la sortir du coma ? Ça faciliterait la chose.

Il ne lui avait pas fallu longtemps à lui pour savoir que la louve ne pourrait pas laissé partir la gamine. Mais il avait l'habitude de dire qu'on ne prenait bien que ce qui venait de soi et qu'au final ça ne servait à rien de vouloir forcer une idée dans la tête de quelqu'un. Encore moins en sachant à quel point cela pouvait être un problème.

Quelques balles dans le torse ne l'avait pas laissé plus mort qu'il ne l'était déjà. Après ça ils avaient discuté. Longuement. Du moins elle avait parlé et lui avait écouté, en majeure partie. Voilà comment ils se retrouvaient l'un l'autre dans un hôpital à jouer au plus malin avec un médecin. Lui ne se faisait pas tant de soucis que Kheeva, sachant pertinemment que le médecin n'avait pas d'autre choix que de les croire. Eros aurait pu lui tendre un prospectus de manucure qu'il aurait fait comme si ça avait été les papiers les plus en règle du monde. Le vampirisme avait ça de bien dans ce genre de situation.

La gamine était allongée, toute pâle dans son lit. Pas de respirateur, c'était déjà ça. Mais une liasse de fils ici et là. Eros tiqua. Il n'aimait pas voir un gamin de cet âge dans cet état. C'était moche même pour un type de son âge.

Tu peux la sortir du coma ? Ça faciliterait la chose.
J'aime bien la façon que tu as de me prendre pour Dieu parfois, c'est hyper valorisant.

Toujours taquin même là, alors qu'il se penche sur l'enfant d'un air grave et la soulève dans ses bras. Mécaniquement le petit visage de Millie vient se blottir contre son torse, aussi pâle que celui d'Eros ils en auraient presque un air de famille.

Par la fenêtre si tu veux mon avis ce sera moins suspect que de sortir sans les brancards...

J'aime bien la façon que tu as de me prendre pour Dieu parfois, c'est hyper valorisant., Kheeva foudroie l'insolent d'un regard polaire. Tu crois vraiment que le moment est bien choisi pour faire de l'humour ?

Toujours à se la ramener et à faire de l'humour quand il faut pas celui-là. Le temps d'arracher le dossier médical de la petite des mains du doc' avant de le foutre à la porte en le soulevant par le col (ce qui est plutôt comique quand on songe que la louve n'arrive qu'à son épaule). Pauvre gosse, elle va avoir du mal à se faire pardonner auprès d'elle. Mh, d'abord on s'occupe de sortir, ensuite on s'occupe des amours propres de chacun.

Par la fenêtre si tu veux mon avis ce sera moins suspect que de sortir sans les brancards..., elle glousse.

C'est sur que deux personnes qui saute par une fenêtre du quatrième avec une gamine inconsciente dans les bras... ce n'à absolument rien de... comment tu as dit déjà ? Suspect ? Allez pousse toi de là, ça commence à me plaire., juste le temps d'attraper la chaise par un pied avant de l'envoyer voler à travers la fenêtre.

Je t'en prie après toi..., lance-t-elle en arborant un grand sourire joyeux.

Tu crois vraiment que le moment est bien choisi pour faire de l'humour ?
T'as raison. Je rigolerai quand je serais mort.

Oh mince je le suis déjà? Non il n'allait pas pousser jusque là mais c'était son naturel de profiter de chaque instant même dans le pire. Et mieux valait qu'il apporte de sa légèreté plutôt qu'il enfonce la louve et l'enfant avec.

C'est sur que deux personnes qui saute par une fenêtre du quatrième avec une gamine inconsciente dans les bras... ce n'à absolument rien de... comment tu as dit déjà ? Suspect ?
- Tu me sous-estime maintenant...
Allez pousse toi de là, ça commence à me plaire.
- Bravo Miss discrétion.

Ca n'était qu'un peu de travail en plus pour lui mais rien d'extraordinaire. D'ailleurs dans la rue, malgré l'air de rien d'Eros, personne n'avait levé la tête ni ne semblait rien avoir remarqué. Bizarre...

Je t'en prie après toi...
Tu vas me donner des leçons de galanterie maintenant?

Il sourit à nouveau, la regarde et avance un pied dans le vide comme il ferait n'importe quel pas en avant. D'ailleurs son pied se pose au sol sans grand à-coup , comme s'il venait de descendre un trottoir et non un immeuble.
Comme prévu il se dirige vers l'appartement de Kheeva et une fois là, il allonge la gamine dans le lit de la louve après lui avoir demandé la permission du regard. Il est d'une telle douceur cet homme... est-ce seulement réel?

Tu vas me donner des leçons de galanterie maintenant?

Kheeva saute à son tour avant d'atterrir en souplesse juste après lui bien qu'un peu moins élégamment. Personne ne semble avoir remarqué quoique ce soit ou du moins personne ne tiens à se faire prendre à parti par deux énergumènes sautant du 4ème. Une fois arrivé à l'appartement, elle laisse le vampire prendre les choses en mains et sans rien dire, chose plutôt rare venant de sa part. Il n'y à qu'à voir sa tête pour voir son malaise, sa tête ou la bouteille qu'elle tiens dans sa main et qui descend à vue d’œil. Adossée au cadre de la porte elle le regarde bordée la gosse dans le lit. Pour être si doux avec elle, elle parierait qu'il à déjà eu des enfants, mais lui posée la question directement elle n'oserait pas, il est des douleurs qui sont trop profonde et trop personnelle pour qu'on se permette d'y pointer son grand nez curieux.

Merci. Pour la gosse., la louve s'accroche à sa bouteille comme à une bouée de sauvetage avant de battre en retraite dans le salon. Pas la peine de se retourner pour sentir sa présence la rejoindre quelques instant après. Silence qui dure, jusqu'à ce qu'elle ne craque. Bon... me voilà de retour à la case départ j'imagine... Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire d'elle maintenant ? Tu me vois jouer les mamans moi ?, le temps de finir de vider la bouteille d'un seul coup avant de reprendre. Regarde moi, je sais tuer un homme de toutes les manières possibles et imaginables, mais du diable si je sais comment m'occuper d'une gosse. C'est ridicule.

Quand elle quitte la pièce il pose un long baiser sur le front de l'enfant. Un baiser qui n'est que pour elle et que personne n'a vu. Pas Kheeva en tout cas. Finalement il se redresse et suit la louve.

Millie n'est pas celle qui l'inquiète le plus ici finalement. Ses yeux verts se posent sur la bouteille. Que c'est vilain une femme qui boit même si elle ne sera jamais saoule. Mais il ne dit rien gardant à l'esprit qu'il est de toute façon d'un autre temps et donc mal placé pour juger.

Merci. Pour la gosse.
Pas de quoi.
Bon... me voilà de retour à la case départ j'imagine... Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire d'elle maintenant ? Tu me vois jouer les mamans moi ?
C'est pas à moi qu'il faut le demander.

Lui dirait que oui. Et il a ses raisons.

Regarde moi, je sais tuer un homme de toutes les manières possibles et imaginables, mais du diable si je sais comment m'occuper d'une gosse. C'est ridicule.
Ca n'est pas ridicule c'est instinctif. Tu es allée la chercher non? Ce n'est pas qu'une question d'amour propre Kheeva. C'est instinctif et puis... tu n'es pas seule. Si besoin. Loin de moi l'idée de m’immiscer dans tes affaires je ne suis très certainement pas le meilleur choix pour ce genre de choses...

Un vampire? Vous m'en direz tant.

C'est pas à moi qu'il faut le demander.

Kheeva émet un petit reniflement de dérision. Ben tiens, voilà qu'il va nous jouer les Pilate et s'en laver les mains. Bah prudence est mère de sureté et il sait déjà que lorsqu'elle est proche du point de rupture, elle ne réponds plus de rien. D'ailleurs elle ne dit rien, plantée au milieu du salon, elle reste debout à inspirer profondément comme pour s'éclaircir les idées et chasser ses inquiétudes. Et des inquiétudes elle en à des tas.

Regarde moi, je sais tuer un homme de toutes les manières possibles et imaginables, mais du diable si je sais comment m'occuper d'une gosse. C'est ridicule., oui c'est ridicule hein. Et potentiellement dangereux. Pour elle comme pour la gamine. Quel tueur à gage peut espérer un jour avoir une famille ? Dans ce métier là, y à pas de happy end, tous finisse pareillement, dans une tombe anonyme. Si elle n'y à pas encore atterrit c'est juste parce qu'elle est ce qu'elle est, mais même un lycan peut se faire tuer. Ou faire tuer ses proches. Elle considère la bouteille dans sa main pendant un instant avant de l'envoyer bouler dans la poubelle d'un geste écœuré. Depuis quand à-t-elle besoin de ça pour se remettre d'aplomb ? Elle peste intérieurement, se serait-elle affaiblie au point d'avoir besoin d'une béquille pour continuer à avancer ? Lheena... Ça n'est pas ridicule c'est instinctif. Tu es allée la chercher non? Ce n'est pas qu'une question d'amour propre Kheeva. C'est instinctif et puis..., elle le regarde incertaine sur ce qu'il essaye de lui dire, qu'est-ce qu'elle est censée comprendre là ? Tu n'es pas seule. Si besoin. Loin de moi l'idée de m’immiscer dans tes affaires je ne suis très certainement pas le meilleur choix pour ce genre de choses...

Cette fois-ci elle à un sourire, certes encore un peu timide et flageolant, un fantôme de sourire, mais un sourire quand même. Un vampire ? Elle se rapproche de lui, jusqu'à pouvoir poser sa main sur son bras. Es-tu en train de me proposer de jouer la nounou, Eros ?, se faisant elle arrive presque à lui faire un sourire convaincant. Désolée... Merci... Ah. Je veux dire merci. Pour ta proposition. Et désolée de euh... t'avoir tiré... dessus..., la suite se perds en marmonnement comme elle baisse la tête, un peu à la manière d'une gamine prise en faute mais pas vraiment repentante. Ouais bon, elle est de mauvais poil en ce moment, à sa décharge elle venait de passer les deux dernières semaines à poursuivre un contrat à travers les highlands. Elle s'en voulait de ne pas avoir liquider ce "travail" suffisamment rapidement, si elle était rentrée plus tôt la gamine serait jamais passée par la fenêtre. Rien que d'y penser, un frisson lui parcourt le dos. M...

Es-tu en train de me proposer de jouer la nounou, Eros ?
J'aurais plutôt dit assistant maternel mais soit. Je peux aussi bien faire la nounou à l'occasion., répond le vampire avec un sourire en coin.

Après tout s'il le lui a proposé ce n'est pas pour se défiler à la première occasion. On ne lui a pas appris à ne pas tenir une parole.

Désolée... Merci... Ah. Je veux dire merci. Pour ta proposition. Et désolée de euh... t'avoir tiré... dessus...

Il a un rire clair.

Off ça m'arrive tout le temps. Mais en général c'est parce que je drague, pas parce que je joue les amis dévoués. J'avoue que c'est assez original comme truc.

Plaisanter, toujours. C'était sans doute la manière qu'Eros avait de gérer 50 à 70% des situations. On ne pouvait guère le lui reprocher dans la mesure où cette méthode là avait toujours été gagnante pour lui.

Es-tu en train de me proposer de jouer la nounou, Eros ?
J'aurais plutôt dit assistant maternel mais soit. Je peux aussi bien faire la nounou à l'occasion., maternel. Pourquoi ce pincement au cœur quand elle entends ce mot là ? Maternelle... Maman... Elle ne tromperait personne, il n'y avait qu'à regarder autour d'elle pour s'en rendre compte. Elle se sent découragée. Déconnectée. Elle s'excuse, de quoi ? Elle ne sait même plus, les mots sont sortis tout seuls sans qu'elle ne les entendent. Il se met à rire.

Off ça m'arrive tout le temps. Mais en général c'est parce que je drague, pas parce que je joue les amis dévoués. J'avoue que c'est assez original comme truc. Elle se met à renifler, comme si ça pouvait évacuer son trop plein émotionnel qui la submerge et la pousse de plus en plus loin. Elle en à marre, marre de tout porter sur son dos, la mort de Lheena, Jake et les autres, la gamine... elle se retient depuis trop longtemps. Mais ce soir, la coupe est pleine et déborde, bien trop pleine. P'têt aussi parce qu'elle sait que lui au moins ne la jugera pas, qu'elle n'a pas besoins de faire la dur avec lui... Elle hoquète avant de plonger la tête contre son torse, ses épaules se secouées lentement par les larmes silencieuses qu'elle n'en peut plus de retenir envers et contre tout.