On se passera le blabla habituel sur ce qui se passe derrière la troisième porte à gauche de la rangée de cuvettes en porcelaine. Pas de bruits incongrus ni de mouvement frénétique, pas de pieds superflus, juste un silence de mort troublé seulement par le bruit d'une feuille de papier qu'on tourne périodiquement.

En fait, l'occupant lit. Ou l'occupante plutôt. Et ca semble diablement intéressant parce que ca fait 30 minute qu'elle est là sans avoir expulsé autre chose que de l'eau. Mais bon, comme toute bonne chose a une fin, un léger soupir, un bruit de chasse que l'on actionne et la voilà qui sort.

Qui? La prof de métamorphose voyons! Son livre sous le bras, elle va au lavabo, y dépose le livre sur la tablette avant de se laver les mains avec une méticulosité toute maniaque. Relevant les yeux, elle pousse un juron dans sa barbe. Toute à sa lecture, elle a oublié de renouveler le charme qui les colore selon sa fantaisie. Un rouge incandescent courroucé lui rend son regard. Avec ses deux cicatrices lui barrant le coté gauche du visage, si quelqu'un la voit, il va se sauver en hurlant.

Les traits sauvages de la femme s'adoucissent un brin à cette idée. Prenant sa baguette, elle corrige la situation, donnant à ses yeux la teinte d'acier qu'elle affectionne particulièrement. Mais la porte s'ouvre au même moment. Se redressant d'un geste, Elthiriel reprend son livre mine de rien, se demandant si la personne qui arrive a vu ses yeux par la glace. Si elle les a vu, ca va chauffer pour sa tronche....

-Je préfère le rouge en ce qui me concerne...

La voix était douce, quoique un peu nostalgique. Elijared était apparue derrière Elthiriel dans un soupir presque muet. Seul le bruissement de sa robe se faisait entendre, la précédant de quelques centièmes de secondes seulement. Comment avait elle fait pour appercevoir le regard si particulier de la jeune femme qui lui tournait encore plus ou moins le dos. L'éclat rouge des prunelles uniques l'avait heurté de plein fouet et elle n'avait rien fait pour retenir son commentaire.

Advienne que pourra. Elle ne s'attendait pas à se faire une amie. Après tout, depuis qu'elle avait mis le pied dans cette école, tout le monde la prennait soit pour folle, soit pour incompétente. Typiquement ce qu'elle voulait. Mais cela avait tendance à la lasser. Elle aurait aimé leur montrer qu'elle n'était pas n'importe quoi. En particulier à monsieur je sais tout alias Sylence. Il était horripilant, lui remémorant un membre de la confrérie. Il était le seul à lui donner envie de l'égorger sur place sans se poser plus de questions.

Elle soupira légèrement en s'avançant dans les toilettes. Arrivée près d'un lavabo, elle ouvrit l'eau froide et la laissa couler pour qu'elle soit glacée. Quelques secondes plus tard, elle s'aspergeait le visage, les yeux mi clos. Une fois redressée, elle ajouta.

Pourquoi avoir honte de ceci?

Ca c'était une interrogation carrément indiscrète. Elle secoua la tête en sortant un mouchoir blanc pour essuyer son visage et ses mains. Elle se mordilla la lèvre un court instant et ajouta.

Oubliez. Je suis impolie. Pardonnez moi, je vous prie.

Je préfère le rouge en ce qui me concerne...

Bon, ca y est... La prise se raffermit sur le bouquin qui fait un quart de tour, la phoenix se prépare discrètement à en sacrer tout une à la prof de DCFM.

De quoi je me mêle?

Clament ouvertement les prunelles grises tandis qu'elle pivote légèrement de facon à s'assurer une plus grande force d'impact. Elthiriel la laisse s'approcher et s'approprier le lavabo à côté du sien. Et, déformation professionnelle aidant, évalue le potentiel du gibier hypothétique. Et, n'étant pas idiote, elle reconnait la prof de DCFM, l'ayant entrevue dans la salle à manger en arrivant la veille. Et on l'a déjà copieusement gavée des potins de Poudlard...

Pas d'une taille qui l'oblige à se rompre le cou pour la regarder en face, la femelle a quelque chose de calme, de posé. Sans même y penser, Elthiriel lève le nez pour humer profondément l'air et les effluves exhalant de la personne. Framboise... Les yeux gris se plissent. Silencieuse, elle la fixe comme une bête sauvage curieuse. la laisse se laver le visage.

Pourquoi avoir honte de ceci?

Pourquoi j'aurais honte? Se répète t'elle mentalement.

Non, elle n'a pas honte... Elle assume sa nature avec fierté, fierté et une pointe d'arrogance. Mais assumer ne veut pas dire ne pas être réaliste. Les humains ont peur de ce qu'ils ne connaissent pas, et la jeune femme est une énigme pour elle même.

Oubliez. Je suis impolie. Pardonnez moi, je vous prie.

De but en blanc, la prof de méta donne son impression de la ''folle''

Si j'ai honte, toi tu es folle... Je n'ai pas à me justifier devant une folle au délire trop lucide et cartésien.

Elkle ne bouge pas, prête à toute éventualité, l'acier planté dans les prunelles de l'autre femme. Amie ou ennemie? Méfiance est de mise...

La présence de l'autre la troublait bien plus qu'elle ne le laissait paraître. Oh, elle n'en avait pas une peur particulière, malgré le danger qui semblait soudre d'elle si on savait regarder. Non... c'était décidément autre chose qui la fit frémir alors qu'elle invoquait un léger souffle d'air pour sécher sa peau.

Si j'ai honte, toi tu es folle... Je n'ai pas à me justifier devant une folle au délire trop lucide et cartésien.

Un point pour l'autre. Elijared sourit tranquillement en remettant quelques mèches en place. Les rumeurs allaient vite à Poudlard, c'était amusant. Même l'élève qui lui tannait le plus les neurones était persuadé qu'elle était à moitié frapadingue et totalement incapable. Ah le bonheur des égocentriques... C'était tellement simple à manipuler. Et pourtant... La prof de métamorphose ne s'était pas laissée avoir aussi lamentablement que les autres. Elijared lui dédia un sourire, presque contrit et lâcha.

Je ne demande pas de justification. Je remarquais simplement.

Elle fit un pas vers la jeune femme et ajouta, à voix si basse qu'elle seule pu l'entendre.

Mais vous comme moi, nous ne pouvons nous montrer au monde comme nous sommes... Sinon, on nous chasserait comme des... sorcières.

En fait, Elthiriel s'est laissée guider par son instinct. Il lui semble invraisemblable qu'une folle ait une odeur aussi nette et franche. Et la prof de méta a tapé dans le mille. ca se voit juste à la réaction de son interlocutrice, comme si la phrase avait fait plaisir à Elijared.

Je ne demande pas de justification. Je remarquais simplement.

Elle fit un pas vers la jeune femme et ajouta, à voix si basse qu'elle seule pu l'entendre. Elthiriel ne cède pas un millimètre de terrain, fixant de ses prunelles d'acier l'autre femme...

Mais vous comme moi, nous ne pouvons nous montrer au monde comme nous sommes... Sinon, on nous chasserait comme des... sorcières.

Léger grondement qui monte des entrailles de La Phoenix. Elle répond d'un ton suave, venimeux.

C'est une menace dois je comprendre? Toi, tu a moins à perdre que moi...

Elle plisse les yeux, yeux qui, sous le coup de L'émotion, reprennent partiellement leur éclat rougeoyants. Ceux qui ont connus Halewyn Coeurd'Acier en verraient une réplique parfaite en féminin. Elijared ne voit qu'une femme sauvage... et il fait chaud dans la pièce!

Je n'ai rien demandé d'autre que de vivre en paix , femme... Tu compte me refuser cela?

La menace d'Elthiriel, elle, est explicite. Si Elijared se pose en ennemie, elle sera impitoyablement éliminée.

C'est une menace dois je comprendre? Toi, tu a moins à perdre que moi...

Du tout. Et j'ai beaucoup plus à perdre que tu ne le penses.

La voix était calme, terriblement posée. Elijared avait bien entendu compris la menace mais elle avait décidé de passer outre. La jeune femme n'était pas la première à la menacer et ne serait pas la dernière. Oh, elle était probablement dangereuse mais ceux qui la pourchassaient étaient tout aussi périlleux. Elle soutint le regard rougeoyant, sans changer d'attitude.

Je n'ai rien demandé d'autre que de vivre en paix , femme... Tu compte me refuser cela?

Elijared haussa les épaules sans un mot. Elle observe de haut en bas la prof de métamorphose.

Pas le moins du monde. Je compte moi aussi tenter de vivre en paix. La question est: ceux qui te cherchent et ceux qui me cherchent, nous laisseront ils le faire? Le crois tu?

Un sourire tandis qu'une élève vint chercher le repos. D'un mouvement de baguette assuré, Elijared la fit fuir en haletant de peur. La jeune femme revint à son occupation première et murmure.

Au lieu de prendre cela comme une menace, prends cela comme une de mes prophéties.

Un prêté pour un rendu. Elijared l'avait surprise avec son véritable regard... elle lui avouait ce qu'elle était. La jeune femme passa une main sur sa nuque et se recula de quelques pas. Un regard pour Elthiriel...

*Bon, t'en as encore des menaces à me dire?*

Une voyante, une putain de voyante... malgré son costume on ne peut plus aprfait, sa ''peau d'humaine'' comme elle dit, Elthiriel n'a jamais su duper les fuckings voyants.

Mais il y a une question qui demeure. Qui pourrait bien la poursuivre? Ayant vécu les premières années de sa vie en vase relativement clos, protégée et surprotégée par ses parents et leurs cliques respectives. Oui, elle est une assassin de talent, mais il ne faut pas oublier que quelque soit son essence, elle n'a que 21 ans.

Et là, maintenant, elle est en train de jauger la prophétesse, encore en train de se demander si elle doit la tuer... mais avant, lui soutirer des informations. Ca peut toujours être utile. Elles sont face à face, uniquement dérangées par un élève qui entre et comme Elijared fait fuir l'importune, Elthiriel métamorphose la poignée en truc bordant et venimeux. Elles ont la paix.

Personne ne me poursuit que je sache.
Ca ne va pas tarder, crois moi.

Oh ben chouette.... Elle a toujours su que cette lacune envers les voyants et médiums ca allait faire chier sa vie un moment ou l'autre.... Bon, d'accord, comment maintenant tirer profit de la situation. Ce n'est qu'un résumé de toutes les pensées qui lui traverse l'esprit. Elle carbure à fond intérieurement Le probleme avec les voyants c'est qu'ils ne peuvent pas s'empêcher de foutre leur nez partout, Elthiriel enchaîne.

Quelle garanti ai je de ta sincérité?

Et le mur de folie parfaite de la DCFM se fissure enfin, laissant poindre un léger agacement.

Tu veux quoi? Un album photo et une signature du ministre? Je te le dis, t'en fais ce que tu veux. Que tu me crois ou pas, j'suis pas Cassandre, je n'irai pas pleurer.

Léger sourire de la prof de Méta... La réponse lui plait. Elijared ne s'en laisse pas imposer. C'est bien. Du respect teinte les prunelles rougeoyantes. La température de la pièce devient tropicale... Ce sont des petites toilettes et Elthiriel a parfois du mal à gérer son termomètre interne. Ses prunelles qui ont reprises leur couleur d'origine le prouve assez.

Je veux que tu me dise ce que tu es... je te dirai ce que je suis même si tu en a une idée.... Je crois que tu a a m'apporter autant que j'ai à t'apporter.

Je suis une création, une erreur d'incantation d'un groupe qui voulait un prophète. Je suis un Prophète mais pas comme ils le voulaient. Voilà ce que je suis.

Curieuse, Elthiriel a néammoins la délicatesse de ne pas creuser plus avant... Du moins pour le moment.

et tu crois que je suis quoi au juste, l'erreur de la nature?

Une émotion brille dans les prunelles d'Elijared. Un ton sec.

Merci du surnom, t'as pas mieux? Une tueuse? Une... invocation?

Un grand sourire éclaire le visage féroce d'Elthiriel, esquivant brillamment la question de l'invocation. Non elle n'en est pas une, du moins , elle ne crois pas. Elle sait ce qu'elle est, même si elle a besoin de faire quelques recherches.

La tueuse me plait assez

La tueuse... Voilà une réponse qui fit sourire Elijared qui se contenta d'approcher rapidement la prof de métamorphose pour lui coller un baiser léger comme une plume sur le front. Pour le coup, elle se brûla les lèvres mais tant pis. Et dans un rire, elle esquiva la probable réaction plus ou moins outrée, plus ou moins coléreuse. C'était amusant comme situation. Pire, la "folle" s'inclina devant la tueuse... Une sorte de trève venait d'être signée à quelque part. Elijared se recula puis ajouta, mutine.

-Erreur de la nature m'ira... Quand on sera seule... Elijared sera correct devant les autres.

C'était une sorte de comprimis qu'elle venait de proposer. De toute manière, elles n'avaient pas le choix. Désormais, il y avait bien trop de secrets à moitié dévoilés pour que l'une ou l'autre s'en sorte vivante. La Prophète finit par se décider à sortir dans un mouvement de tissus fluide. Pourtant, elle marqua un temps d'arrêt quand elle passa le pas de la porte. Une vision venait de l'étreindre et lorsqu'elle tourna une dernière fois son visage vers Elthiriel, ses prunelles étaient entièrement noires et elle murmura d'une voix d'outre tombe.

-Bientôt viendra le temps de la guerre... Il n'y a plus d'échappatoire à la révélation...

L'instant d'après, Elijared oscilla sur ses jambes et secoua une seconde la tête avant de s'éloigner d'un pas vif.