On aurait pu croire que Ken appréciait les cours de divination... si on y avait jamais assisté, si on ne l'avait jamais entendu critiquer ouvertement les prédictions foireuses de la prof. Au contraire, après quelques minutes en sa compagnie lorsque le sujet était abordé, ou, mieux, après quelques minutes de ce cours, on pouvait sans peine deviner le peu d'estime qu'il avait pour la prof. Pas qu'il fût particulièrement vindicatif, juste qu'il passait son temps à rire et à médire sur le dos de celle-ci. Et à perdre des points pour sa maison, aussi, souvent. Et ce jour-là n'avait pas fait exception.

Evidemment, elle l'avait remis à sa place, lui avait suggéré fermement de se calmer s'il ne voulait pas faire perdre des points supplémentaires à sa maison, et lui avait ajouté un devoir supplémentaire, pour la peine. Il avait simplement haussé les épaules. Le devoir supplémentaire, il s'en fichait. Avoir fait perdre des points à sa maison, moins. Mais ceux qui riaient avec lui ne semblaient pas vraiment lui en vouloir.

Evidemment, il y avait aussi les pimbêches, qui n'avaient pas attendu plus d'une demi-seconde après la fin du cours pour lui faire remarquer que leur maison descendait dans la course à cause de lui. Et pour qui se prenait-il, aussi, à tout savoir mieux que la prof ? Certes, son don n'était pas forcément complètement caché, mais tout le monde n'était pas forcément au courant non plus, et il ne cherchait pas à le crier sur les toits non plus. Ceux qui le connaissaient un peu, qui avaient été témoin de certains de ses rêves, savaient qu'il était doté du don de voyance, mais les autres l'ignoraient et il ne faisait rien pour les détromper. Et tant pis s'il passait pour un cancre médisant. Lui, il savait ce qu'il valait, c'était tout ce qui comptait.

Dommage qu'il n'y ait pas que ça. Parce que comme d'habitude, se trouver parmi une classe entière réveillait son hyperacousie, et s'il faisait son possible pour n'en rien montrer, un mal de crâne monumental se préparait. Il le savait, il en avait l'habitude, reconnaissait les prémices d'une migraine carabinée. Et aujourd'hui comme tant d'autres jours, c'en était une belle qui se préparait. Rangeant lentement ses affaires, il s'arrêtait régulièrement pour se masser les tempes, comme si ça avait pu y changer quelque chose. C'était inutile, mais rester à ne rien faire, ça n'était pas possible non plus. Et tandis qu'il roulait un parchemin pour le ranger dans sa sacoche, il pria pour qu'à l'infirmerie, ils aient encore quelque potion pour le soulager.