Feat Arya Winchester

20h03 Rien n’as changé. Pourtant il y a bien longtemps que je n’ai pas remis les pieds ici. Voilà ce qui passait par la tête de la jeune femme qui s’avançait à grand pas dans la rue. Les souvenirs lui revenaient en masse tandis qu’elle se dirigeait vers la maison qui avait été autrefois la sienne, il y a bien longtemps. Elle avait passé une bonne partie de son adolescence ici, à vivre avec son frère, et encore un certain temps après avoir terminé ses études. Quitter Londres, ou plutôt le quitter lui, avait été un déchirement, une blessure incapable de guérir réellement. Mais à cette époque, elle n’était plus une gamine, et les aléas de la vie doivent parfois pousser à des séparations, si douloureuses qu’elles doivent être. Elle avait retrouvé son pays natal, et y vivait depuis lors.
Les murs devaient encore se souvenir des nombreuses crises qui avaient traversée leur cohabitation, d’aucun qui auraient vécu ici autrefois auraient pris peur en la voyant revenir, s’attendant à voir à nouveau exploser les murs, les portes et tout autre choses, bien qu’une remplaçant ait continué le travail après son départ.

La nuit était douce, une légère brise balayait ses cheveux, faisant onduler le bas de sa robe noire. Dans son ombre, on pouvait toutefois distinguer un changement. Sa robe avait beau être assez large, elle ne camouflait pas totalement un ventre légèrement rebondi. Enfin, elle était arrivée devant la porte. Il n’y avait aucun doute sur le fait qu’elle avait été remplacée de nombreuses fois. Ainsi Erika avait gardé cette habitude qui lui était chère. Elle eu un sourire à la vue d’un vieil « ami » couvert d’épine de bois alors qu’elle lui avait explosé au visage. Arya Winchester était de retour, et cela n’annonçait pas forcément quelque chose de bon. Elle était la plus pour prendre des nouvelles qu’autre chose, mais elle aurait pu écrire. Non, elle avait préféré se rendre sur place, et voir par elle-même. Rien ne lui était venu aux oreilles, pourtant le lien qui l’avait toujours lié à lui ne pouvait pas la tromper. Elle le ressentait au plus profond d’elle-même, et tenait à le vérifier de ses propres yeux, car quelque chose n’allait pas.

20h06 Les coups retentirent contre la porte. Elle aurait pu tout aussi bien rentrer sans prendre la peine de se donner ce mal, mais la politesse n’avaient jamais tué personne, et cet endroit n’était plus sa maison. Elle entendit distinctement les pas qui se dirigeaient vers la porte, et ce n’était pas les siens.

- Quelle surprise ? Il n’est pas encore rentré, mais il ne tardera pas. Entre donc.

Arya entra dans la lumière de l’appartement, et adressa un sourire à sa belle sœur. Elle avait mit du temps à l’accepter en temps que telle, mais il n’y avait jamais eu aucun doute sur le fait que personne d’autre qu’elle ne pouvait lui être destinée. Erika l’observa un instant et écarquillât les yeux.

- En effet quelle surprise, j’avais presque oublié ça. Assied toi. Si tu avais prévenu, il aurait été là.
- Si j’avais prévenu, au contraire, il aurait certainement déserté pour plusieurs jours. Car je ressens des choses, et lui aussi doit le sentir. Je suis sûre qu’il sait déjà que je suis là.
- Et je peu savoir quelles sont les choses qui t’amènent ?
- Non pas vraiment, cela reste encore confidentiel.

Devant l’air courroucé d’Erika qui n’appréciait guère qu’on lui parle sur ce ton, elle sourit.

- Ne prend pas cet air avec moi, ça n’as jamais marché. Tu sais comment je suis, j’ai quelque chose à régler avec lui, et si ce que je fais ne mène a rien, alors je n’hésiterais pas une seconde à te mettre sur la piste.
- Hmmm ! Veux-tu boire quelque chose ?
- Un simple verre d’eau merci. Et si ça ne te dérange pas, je vais l’attendre ici, même s’il doit mettre un mois tout entier à revenir.
- Je ne doute pas qu’il rentrera très vite dès qu’il aura sentit ta présence. Maintenant excuse moi, mais j’allais m’absenter.

Arya acquiesça d’un signe de tête. Erika n’avait certes pas prévu de sortir ce soir, mais toute puissant et féroce qu’elle était, elle préférait ne pas se trouver au milieu quand cela débuterais, par politesse plus que par crainte. Elle se jetterait dans la bataille à son tour bien assez tôt pour la ravir pleinement. Installé dans le canapé, elle patienta tranquillement. Il valait mieux qu’il ne tarde pas trop, car en ce moment, elle avait les nerfs en pelote et il se pouvait qu’une attente trop longue la fasse exploser avant même que cela ne débute.

20h10. Arya scrutait cet appartement, celui qui avait été sien et qui ne l’était plus à présent. Il n’y avait pas grand-chose de différent, mais l’atmosphère avait changé. La chambre de Yon au fond à gauche, la sienne, qui était devenue celle de sa nièce juste sur la droite. Tout paraissait si semblable, et pourtant il y avait de nombreuse trace de magie. Nul doute que les explosions de colère avaient marqué les murs, et qu’aujourd’hui, cette place n’existerait plus sans un grand recours à la magie.
L’attente ne fut pas longue. Avant même qu’il n’apparaisse, elle le sentit venir, et ses yeux se posèrent à l’endroit même ou il allait apparaître. Un grand tourbillon de noir, semblant formé de plumes, et la seconde d’après, il été là, précisément ou elle l’attendait. Le silence perdura quelques secondes, où elle prit le temps de l’observer alors qu’il faisait de même. Il était identique à la dernière fois, et pourtant si différent. Certains l’aurait vu, plus grand, plus beau encore qu’auparavant, mais pas pour elle, c’était son frère après tout, et seul ceux qui le craignaient le voyait ainsi. Elle distinguait cependant ce petit changement, mais il n’était pas encore temps d’en parler. C’était après tout des retrouvailles, et bien que l’issue lui fût inconnue, Arya savait qu’il valait mieux commencer par des réjouissances. Elle remarqua son haussement de sourcil, percevant au loin une pointe de sévérité, mais ce n’était là qu’un simple geste d’étonnement, d’un grand frère à sa petite sœur.

- Allons nous nous brûler vifs tout de suite? J'aurais aimé avoir l'occasion de prendre des nouvelles de ma Vipère autour d'un verre. Tu te fais trop rare Arya...
- Certains diraient en effet que je me fais trop rare, mais d’autre osant prononcer ces mots diraient que tu l’es tout autant.

Elle avait un regard sévère, bien différent de celui qu’elle lui lançait lorsqu’elle n’était qu’une adolescente. Il n’y avait aucun doute sur le fait que la Vipère était devenue une femme, et non plus une jeune fille capricieuse. Cependant, elle se détendit et lui adressa un sourire.

- Du bûcher, nous n’en verront même pas la fumée je l’espère, mais cela ne dépend plus de moi. Quand au verre, j’en ai un entre les mains, il ne tiens qu’à toi de te joindre à moi pour avoir ton lot de nouvelles, même si comme tu le remarque, il y en a une que je n’ai pas besoin d’annoncer.

Elle se leva et s’avança vers lui. Il y avait une chose tout de même que la petite fille de ses souvenirs demandait, et elle ne pouvait se le refuser à moins que lui-même ne la repousse. C’était un besoin plus qu’une envie, ils avaient été séparés bien trop longtemps.

- Tu es si semblable, et si différents de la dernières fois. Mais toute ta puissance, ni même le fait que tu sois l’homme le plus craint du monde ne m’empêcheront de faire ce qui va suivre. Nous avons été séparés bien trop longtemps, et c’est une chose que de se retrouver face à face entouré d’une armée de tes fidèles serviteurs, et d’être en tête à tête, aussi tu n’y couperas pas.

Sur ceux, elle l’enlaça de ses bras. La petite fille revint de l’ombre, profitant quelques secondes de l’espace de ses bras, et ses yeux se posèrent sur son cou. Voilà une chose dont il fallait discuter, car elle savait ce que cela signifiait.

- Tu m’as manqué mon frère. Maintenant, je ne veux pas te commander, mais assied toi, et donne moi de tes nouvelles. Prenons un petit moment pour discuter en toute tranquillité, comme au bon vieux temps, comme si rien n’avait changé.

Pour un instant seulement, elle oublia la raison de sa venue. Jeune fille blottie au creux des bras de son protecteur. Combien de fois cela lui avait manqué, mais elle avait grandit, et avait su apprendre à se passer des bonnes choses. Un baiser sur son front, elle aurait presque pu croire que le temps avait reculé de plusieurs années, et qu’elle allait s’apprêter à rejoindre les rangs de Poudlard. Comme elle aurais aimé y être a cet instant, appliquant de la meilleure façon possible le pouvoir de son frère.

- L'homme le plus craint du monde... asseyons-nous.

Elle lui rendit son sourire. C’était certes là une flatterie, mais ce n’étais pas pour autant un mensonge. Car dans le monde de la sorcellerie, beaucoup vénéraient ce nom, et encore plus nombreux étaient ceux qui le craignaient. Car son pouvoir ne s’étendait pas seulement sur l’Angleterre, mais bien au-delà des frontières. Il avait réussit ce qu’aucun avant lui n’avait pu faire. Il avait rallié la force des sangs purs sous son étendard, et son simple nom faisait trembler.
Alla saisit sa main, et la serra dans la sienne, comme au bon vieux temps, et s’installa à ses côté, callant sa tête au creux de son épaule alors qu’il l’attirait à lui. S’il n’y avait pas eu plus urgent, elle l’aurait écouté parler de tout et n’importe quoi sans rien dire, mais ils allaient aborder bien trop vite des sujet désagréables.

- J'ai appris beaucoup de choses ces derniers mois, je vois les choses... différemment disons. J'ai donné aux sangs purs l'opportunité de prendre le pouvoir et c'est ce qu'ils ont fait mais cela ne suffit pas. Il me semble parfois que le but est inaccessible. Les finissions m'échappent encore disons...

SI seulement il s’en était tenu à ça, tout aurait été plus simple. Mais elle le connaissait assez bien pour savoir qu’il considérait que ce n’était pas fini. Il voulait faire plus, mais Arya sentait qu’il ne pourrait tenir beaucoup plus longtemps, et si elle ne le stoppait pas, il finirait par se tuer lui-même.

- Tu as fais ce qu’aucun homme à ce jour n’avait jamais réussi à accomplir. Je t’admire pour ça, grâce à toi, nous dominons, et je pense au contraire que le but ultime n’es pas inaccessible. Du moins il ne l’es pas pour nous tous, mais il l’es certainement pour toi. Tu en as déjà fait beaucoup, et il est encore très loin d’être acquis. Tu ne le ressens pas, mais moi oui, et c’est pour ça que je suis venu.

Elle se redressât légèrement, et posa ses yeux sur son cou. De sa main libre, elle écarta légèrement le col de son haut, et suivit du doigt les veinures noires de son épaule jusqu’à son cou.

- Elle n’était pas comme ça avant, et je ne pense pas me tromper en pensant qu’elle s’étend lentement de jour en jour.

Elle lui saisit les deux mains et lui fit face. L’acier dans l’acier, mais son regard n’était pas dur.

- Comme je l’ai dit, tu as fait bien plus que quiconque avant. Ne peu tu pas déléguer ? Non pas laisser ta place, mais laisser à d’autre ses taches qui t’épuisent ? Car tu ne laisse rien paraitre, mais je le sens, tu ne peu pas me mentir.

Elle lui adressât un sourire bienveillant. Autant commencer en douceur, même si elle le savait, il ne se laisserait pas convaincre.

Avant même qu’il ne réponde, elle connaissait déjà sa pensée. Elle ne voulait pas s’avouer vaincu, elle se battrait jusqu’au bout quitte à utiliser sa dernière arme, même si elle devait se fracasser contre sa propre volonté.

- C'est un sacrifice que quelqu'un doit faire Arya...
- Mais pourquoi toi ?
- Tu l'as dit toi même. Jusqu'ici personne n'était allé aussi loin...

Il était perdu, déjà bien trop engagé pour se retirer, mais sa fierté y était peut être pour quelque chose. Dans son regard, elle pouvait déjà le voir s’éloigner, il s’en allait, et était en train de lui faire ses adieux. Elle sentit monter en elle une rage qu’elle n’avait jamais connue, pourtant elle restait impassible. Elle aurait cependant du mal à la contenir bien longtemps, devant ce qui lui semblait être une absurdité. Elle pouvait lire dans ses silence, voir ce qu’il avait en tête, mais rien ne pouvait la consoler en ce moment.

- ...aujourd'hui c'est déjà l'après que je prépare. C'est tout ce que je déléguerai Arya. Ma propre relève.

Elle ferma les yeux un instant, les mots faisant leurs chemin jusqu’à son cerveau. Elle sentit une protestation qui ne venait pas d’elle. Sa fille elle-même sentait sa détresse, et se débattait furieusement. Elle poussât un soupir, posant une main sur son ventre comme pour calmer la rage qu’elle lui avait transmise. Ce qu’il y a de bien ou de mauvais avec une grossesse, ce son les sautes d’humeur, et sans prévenir, elle se redressa, se mettant soudain à parler avec plus de force, se laissant emporter par sa rage, car elle savait que rien n’y ferais, il avait pris sa décision.

- Ta relève ! Je ne peu pas croire que tu abandonne. Tu te dirige vers ta propre mort, je te vois déjà l’accueillir à bras ouvert, et tu t’en fiche. Tu abandonne, tu n’es qu’un lâche en fin de compte. Tu pense à ceux que tu va laisser ? Ta femme, ta fille… Moi !!!

Une lueur verte apparut au fond de ses yeux, mais elle passa comme un mauvais rêve. Elle sentit son corps se détendre. Elle se rendait compte qu’elle était déjà en train de faire son deuil en passant par la première phase de colère. Ses bras restaient ballants le long de son corps, la bataille était perdue d’avance. Lorsqu’elle reprit la parole, son ton fut plus doux.

- Je ne peu pas… Je n’accepterais pas cela sans broncher. Je sais bien ce que tu pense, mais n’importe qui d’autre accepterais l’honneur d’accomplir cela pour toi. Même s’ils devaient être cinquante, ils y parviendraient. Ne prend pas mal ce que je dis, car je sacrifierais n’importe qui pour peu que tu reste auprès de moi. Je le ferais moi-même si tu me le demandais.

Oui elle était prête à le faire. Si par sa vie, elle pouvait sauver la sienne, alors elle le ferait. Deux mois, ce n’était rien, il n’avait qu’à attendre deux petits mois. Car elle n’était certes pas aussi puissante que lui, mais le même sang coulait dans ses veines, et elle savait qu’elle y parviendrait.

Il était si paisible. Elle avait l’impression qu’elle aurait pu dire n’importe quoi, cela aurait glissé sur lui comme de l’eau fraiche. Beaucoup aurait eu peur face à l’image de leur propre mort. L’auraient ils caché, que l’anxiété se sentirais sur chacun de leur trait. C’était à croire qu’il était un être exceptionnel. Car il semblait accepter la mort non pas comme un cadeau, mais une suite logique à tout ses actes, et même une étape à passer pour apporter une nouvelle pierre à l’édifice. Et il avait raison, qui serait-il pour se dérober à cet instant, tenant trop à sa propre vie pour atteindre son but. Pour cet acte, il serait vénéré au delà de toute espérance. Non ce n’était pas un lâche, mais c’était la tristesse qui avait parlé. Elle aurait pu regretter ses mots, mais en sortant, ils l’avaient soulagé d’un poids, et elle finirait bientôt par accepter la vérité. Il allait partir, disparaître de ce monde, et elle resterait ici, seule, sans lui… Mais elle accepterait…

Elle alla se blottir contre son torse alors qu’il l’entourait de ses bras. Elle aurait aimé repartir en arrière. Se retrouver au même endroit, lui la serrant, elle se lovant contre lui, et ils se seraient alors tout simplement endormis comme bien des fois auparavant. Elle stoppa net ce petit rêve, préférant ne pas raviver de choses qui la rendraient encore plus triste. Elle garda cependant les yeux fermés, s’imprégnant de son odeur, de peur de l’oublier trop vite.

- Allons Arya, ma vipère, ne me demande pas de faire le sacrifice que toi tu ne peux pas faire...
- Tu comprends au moins ce que je ressens, imagine ce que ce sera pour nous. Vivre en sachant que tu n’es plus là… Je ne suis pas certaine d’arriver à le faire. Comment pourrais-je jamais être heureuse ?

On sentait la lassitude dans sa voie. Elle aurait toujours un bon argument à avancer, mais aucun n’avait le poids nécessaire. Il devait déjà sentir qu’elle capitulait. Elle se serra plus fort contre lui, laissant couler une larme silencieuse sur sa joue. Non, pas de crise, pas de pleur. Elle s’inspirait du calme qu’il dégageait. Sa seule espérance, c’était qu’elle pourrait lui dire au revoir, bien que cela ne rende la chose plus dure encore.

-Mais tu as raison. Tu ne peu pas abandonner maintenant, même si ça me fait mal de l’avouer. Ce serait égoïste de ma part de vouloir te garder pour moi, alors que tu peu aider tant de personnes… Et Erika, elle en dit quoi de tout ça ?

Elle savait déjà qu’elle n’était pas au courant, mais elle voulait connaître le point de vue de son frère. Choisir entre la laisser dans l’ignorance, et dans ce cas, sa colère serait encore plus terrible, ou bien le lui dire, et dans tous les cas devoir affronter la tempête. Elle poserait certainement beaucoup plus de problème que la petite vipère.