La nouvelle de l'envoie de Luke Midnight en prison l'avait quelque peu secoué. Tout le monde savait pourquoi, mais personne ne savait avec qui. Son ami, bien plus jeune que lui, avait été rejeté comme un chien parmi les chiens en étant envoyé là-bas pour une connerie pur et simple : Le fait d'avoir une relation avec un Homme. Qui ? Nul ne le savait, si ce n'est lui, et son ami. Malgré ça, Sven était resté quelqu'un de relativement ouvert puisqu'il en avait été chagriné. Luke avait été un bon pote, mais surtout, il s'annonçait comme un très bon mage noire en devenir. Obéissant, etc, Luke allait sûrement devenir l'un des mangemorts les plus craints d'Angleterre malgré sa façon d'être. Mais rien de tout cela ne devrait arriver maintenant. Car Luke avait été envoyé à Azkaban... Sven se devait d'aller le voir. Depuis quelque temps, il semblait prendre un malin plaisir à défaire les règles établis. Son père allait sûrement venir lui en toucher deux mots. Il le savait, et il redoutait ce moment. Mais en même temps, il aurait sûrement cette discussion qu'il espérait depuis presque un mois, voir deux, maintenant.

Habillé comme à son accoutumé, c'est à dire, à faire pâlir un modèle sur un catwalk, tellement Sven pouvait représenté la classe incarnée, le jeune Mustang s'était arrêté en boulangerie française afin de prendre des croissants bien chauds. Il devait être aux alentours des huit du matin. Le boulanger lui en offrit un, Sven le remercia, et il s'en alla avec son pas déterminé, son air de propriétaire. Lorsqu'il marchait, c'était comme si tout lui appartenait. Un regard vers les cieux grisonnants, une pensée pour Luke, une autre pour Azkaban, la détermination qu'il faut, et le voilà entrain de s'éclipser en moins de temps qu'il ne me faut pour l'écrire. Un grand ZBLAM se fait entendre sur le chemin de traverse alors que Sven disparaissait dans un tourbillon de cape et de tissus noirs.

L'air humide d'Azkaban le surprit, comme à chaque fois. Il y était venu deux fois. A chaque fois pour y voir son père. Des entrevues qui durèrent, peut-être, que cinq à dix minutes, mais qui lui avait permit de voir la dangerosité des lieux. L'odeur de la peur emplissait les lieux. Des cris d'hommes fous se faisaient, également, entendre de temps à autres, sans qu'il ne sache réellement d'où ils venaient. Le jeune Mustang s'approcha de l'entrée de la Prison où un surveillant l'interpella. « Hey ?! » « Oui ? » Fit Sven, en se retournant, paquet de croissants dans la main. « Qu'est ce que vous faites ici, là ? » « J'viens faire les courses. » Le gardien s'approcha l'air énervé, avant de remarquer le visage du fils Mustang. A ce moment-là, il s'inclina, s'excusant. « Faites vous pardonner en m'amenant devant la cellule de Luke Midnight, s'il vous plaît. » La politesse dont il usa n'était qu'éphémère puisque son ton de voix le lui imposait. Néanmoins, l'on ne pouvait pas dire que Sven était une personne très peu courtoise. La bonne éducation, c'était lui. Son synonyme, c'était bel et bien Sven Mustang.

Le chemin fut long, et les cellules étaient tout aussi pourris les unes que les autres. Sven eut de temps à autre un haut le cœur qu'il manifesta en toussant. Murmurant parfois un : « Putain, quel odeur ! » Le gardien finit par l'arrêter devant une cellule sur laquelle il tapa comme un bourrin. « Midnight ?!!? ! T'as de la visite, debout ! » Le gardien pesta, prêt à s'en aller, lorsqu'il sentit la main de Mustang sur son épaule. « Vous pouvez m'ouvrir ? Que j'entre ? » « Ah... Et bien, d'abords, il me faudra vous fouiller pour éviter tout risque d'évasion. » Sven lui lança un regard blasé, tandis qu'il levait les bras. Le gardien commença son inspection, touchant son dos, ses fesses, ses jambes, puis ses poches avant. « C'est votre baguette ? » « Vous voulez voir ? » Avec un sourire entendu. « Non, mais... » « Ma baguette est à portée de main. Vous la voulez ? » « S'il vous plaît, oui. » Fit-il en se relevant. Sven la lui donna, tandis que le Gardien ajoutait : « Je ne serais pas loin, Mr. Mustang. » Sven le remercia, tandis que le gardien ouvrit la porte.

C'était sombre à l'intérieur. Sven s'approcha, murmurant : « Luke ? » Derrière lui, la porte se refermait, à double tour.

Un pincement au cœur au fur et à mesure que les secondes passèrent, en attendant une potentielle réponse de son ami, Sven sentit son ventre se serrer. L'ambiance était glauque, violente, et machiavélique. L'air était dégueulasse. Entre la transpiration, l'odeur glacée de la terreur, et cette puanteur de mort qui planait dans l'air, le tout agrémenter de l'écume des vagues que l'on entendait au loin, Sven peinait à imaginer l'état de son ami, alors qu'il avait toujours été très propre, très classe, dégageant ce petit côté bad ass, que chaque personne ayant fait un tour au sein de la plus noble maison de Poudlard se devait d'avoir, qui en avait fait craqué plus d'une. Plus d'un, aussi... Mais ça, ce n'était pas ses oignions. La sexualité devrait être libre, même si l'éducation de Sven faisait qu'elle devait conserver un certain tabou de sortes à ne jamais froisser la réputation de son nom.

« Tu es venu pour me consoler ou pour profiter du spectacle, mh ? » Il n'avait pas parlé depuis fort longtemps semblait-il. Sven sentit son coeur se serrer un peu plus, tandis qu'il ouvrait délicatement le sachet de viennoiseries, répandant l'odeur de croissants et de chocolats que la petite boulangerie française faisait sur la quatrième avenue, près de Westminster. Un endroit moldu, qui avait, une fois, attirée Sven de par la présence, et la puissance de l'architecture anglicane, prouvant que les moldus pouvaient également se repaître d'une certaine forme de noblesse. Un souvenir de sa vie tourmenté de ces derniers jours, bien entendu. « Tu te méprends, mon ami. De l'eau a coulé sous les ponts. » Sa voix sentait la chaleur, et Sven la voulait réconfortante. Il se força à sourire, s'approchant de Luke vers qui il s'agenouilla, lui tendant les viennoiseries. « Mon père est absent. J'en profite pour venir te revoir, et arranger ta condition. » Il soupira. Luke pouvait voir la sincérité du geste, mais aussi, les tourments qui rongés Sven par delà ses yeux sombres, dégageant cette même expression qu'un roi tourmenté par la révolte de son peuple.

« J'ai également une question à te poser... Mais avant ça, mange. » Un sourire sur ses lèvres, il s’assoit à son tour contre le mur, près de son ami. « Dehors, ça gronde. Mais la tempête semblerait changer de camps. » Il respira, soupirant doucement. « Tu as raté une prise d'otage, à Ealdwic. » Un fin sourire, il apportait de nouvelles fraîches, sans oublier un peu de réconfort qu'un ami peut vous procurer lorsque vous n'allez pas bien.

« Une prise d'otages ? Raconte. Et pose ta question, par la même occasion, tant que je suis dans de bonnes dispositions pour y répondre. » Sven eut un léger sourire. Il laissa son ami, ou peut-être même son meilleur ami - plus sûr de rien, mais vu où il se trouvait, et le fait que Sven se soit déplacé pour lui, lui faisait avant tout penser qu'il devait compter pour lui. Il ne savait plus en qui avoir confiance dehors, si ce n'est à Tempérance. Pourtant, il avait fallu que son père s'absente quelques instants pour lui laisser le champs libre, afin qu'il puisse aller voir la personne qui avait été envoyé à Azkaban pour des raisons obscures... Lui, Luke Midnight, cet homme qui aurait pu devenir un mage noire illustre, et de grand renom. « T'es sûr que t'avais le droit de m'amener ça ? En tous cas... merci. » « Non, je ne pense pas. Sûrement que cela reviendra sûrement aux oreilles de mon chère et tendre géniteur. Mais là... J'en ai rien à foutre. » Un sourire qui en dit long, et cette putain de lueur sincère dans ces yeux noirs, Sven croisa le regard de Luke avec cette arrogance qu'on lui connaissait bien. Ce qu'il risquait ? Rien d'officiel. Mais à la maison, ou en retrait, il risquait de prendre la raclée de sa vie. Par chance, Luke n'aurait aucune retombé. On ne se contredit pas en publique. Si Sven avait fait joué son nom, c'était uniquement pour cela. Heinrish faisait bien trop attention à son image et à son nom pour montre une quelconque dissidence parmi le clan Mustang.

« D'accord. Avec qui as-tu couché pour être envoyé ici sans que l'on ne sache avec qui ? On a bien sûr pensé à Greg Kelso [Sven n'avait pas vu Kelso], mais aucun lien ne vous relie. » Sven avait ce regard d'un ami en quête de réponses. Il ne comprenait pas pourquoi cette histoire avait été si... Étrange, si... Silencieuse, disons. « J'ai parfois des idées extrêmes... Mais envoyer un sorcier de ta trempe à Azkaban pour une vulgaire relation sexuelle, c'est un peu trop troublant pour que je ne m'en intéresse pas. Surtout lorsque cela concerne une personne que j'apprécie. Mais vu les murs de silence auxquels je me confronte à chaque fois que j'ai le malheur de poser cette question, j'ai fini par me dire que c'était avec une personne de forte influence parmi le gouvernement Blake, n'est-ce pas ? » Sven pouvait être intelligent, rusé, mais surtout empli d'une curiosité presque maladive. D'autant plus lorsqu'il se posait autant de questions sur lui même, sur les motivations des gens qui l'entouraient. Regardant son ami droit dans les yeux, Sven se passa une main au niveau de la tempe, se forçant à fermer son esprit, à cause de cette impression bizarre qu'il avait depuis quelques jours... Cette impression qu'on tentait de lui percer le mystère de ces pensées, comme pour mieux l'avoir.

Du fond de leur cellule crasseuse et puante, Kelso écoute d'une oreille attentive. Il n'a pas bougé d'un cil c'est sans doute ce qui explique que Sven Mustang ne le remarque pas jusqu'à ce que la conversation s'achève et qu'il reparte d'où il était venu. Si la nourriture lui fait envie, le fauve est bien trop méfiant pour sortir de l'ombre et combien de fois cette combine lui a sauvé la mise depuis qu'il est ici? Il ne les compte plus. Il n'est pas rare de voir un prisonnier s'endormir comme si de rien n'était après avoir mangé et tout le monde ici sait que les geôliers ne sont pas si cons que ça. Généralement c'est comme ça qu'on se retrouve chez Revenge.

Kelso a eu de la chance, jusqu'ici Revenge n'a été pour lui qu'un conte d'horreur qu'il a su scrupuleusement éviter. Comment? En ne pleurant pas par exemple quand il a senti sa clavicule céder sous le poids de Knut le Barbare de la Fosse. Depuis il garde une gêne mais son ignorance crasse ne forme pas un tapis assez épais et gluant pour lui ralentir le cerveau au point de l'empêcher d'y réfléchir à deux fois. Mieux vaut prendre un peu plus de coups dans la Fosse qu'aller expérimenter les médications de Revenge, c'est une certitude.
Il se console parfois en se disant qu'au moins lui n'a pas à subir l'affront de voir son amant lui servir de chien de garde. Infâme trahison que Luke ne digérera sans doute jamais. Lui en serait sans doute devenu fou. Il se serait organisé un petit suicide dans la fosse ou pire, pourvu qu'il ne voit jamais le visage d'Aaron Vanna Syl dans un costume de tortionnaire.

« Sylar Blake? », finit par gronder une voix d'outre-tombe.

Ce n'est même pas une critique mais l'étonnement se trouve travesti par un râle au fond de la gorge de Kelso. Ca doit bien faire une semaine qu'il traîne ça.

« Attrape. »

D'un geste un peu crispé, le taulard fait jouer ses réflexes. L'odeur des viennoiseries lui font un drôle d'effet. Elle réveille la faim et en même temps l'odeur du gras et du sucre l’écœure. Il n'a plus l'habitude en fait. Kelso prend un croissant et renvoie le sachet à Luke.

« Ouais. Sylar Blake. Entre autres. Mais c'est à cause de lui que j'suis là. Enfin, je crois. Pourquoi ? Tu trouves ça intéressant ?»
« Absolument pas. Si encore on pouvait s'en servir pour sortir de ce trou à rat... »

Mais c'est mort hein? Kelso n'a jamais été très intelligent. Malin parfois, mais jamais intelligent. S'il pose la question c'est uniquement parce qu'ici il n'y a absolument aucune intimité, que rien ne servirait de faire comme si il n'avait rien entendu. Et puis, ici, il n'y a rien à faire. Alors parler? C'est encore le seul luxe qu'il leur reste non.

« Dis, Greg ? T'as jamais eu envie de... juste laisser tomber et de te laisser mourir ? J'commence à me dire que ça vaudrait mieux. »
« ... ça servirait à quoi? Pour se réveiller chez Revenge à moitié mort mais pas tout à fait vivant? », répond Kelso, « C'est pas une vie ici et c'est vrai que mourir sans que personne ne s'en aperçoive c'est à peu près tout ce qu'on a à espérer j'ai l'impression. Mais rien que pour le peu de chance que j'ai qu'on le remarque, je tenterai pas le coup. Et toi non plus Luke. Ca serait pire. Bien pire. »