Recherches vampyriques PV

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Depuis quelques jours, Isa abhorrait ce qui était, pourtant, sa couleur véritable : la blondeur des prés. Elle ocillait, surtout, entre le brun presque noir et le roux foncé, limite auburn ou acajou. Mais surtout pas blonde. Comme si elle craignait de recroiser la vampyr. D’une certaine façon, c’était un peu le cas. Elle avait demandé à modifier ses horaires, pour ne plus travailler de nuit, pendant quelques jours, au moins. Sait-on jamais… Cela faisait, de fait, cinq jours qu’elle avait fait sa mauvaise rencontre et, contrairement à ce que la vampyr lui avait dit, celle-ci ne lui avait pas indiqué comment se débarrasser des marques de morsure. Aussi, même si elle utilisait la métamorphie pour les cacher un minimum, elle portait toujours un petit foulard autour du cou pour être certaine qu’il n’y aurait pas d’accident et que personne ne verrait les marques. Car elles étaient encore là, même si elles s’étaient un peu estompées. Mais pas totalement. Chaque matin quand elle mettait le foulard, chaque soir quand elle l’enlevait, elle revoyait ce témoignage de son agression. Elle allait mieux depuis. Physiquement, du moins. Moralement, c’était autre chose. Entre ça et la mort de l’enfant, elle n’était pas dans une forme olympique. Pourtant, elle était décidée. Décidée à savoir ce que les vampyrs pouvaient vraiment faire.

Ainsi, Is’ n’étudiait plus seulement pour ses cours, mais aussi et surtout pour savoir comment se défendre s’il y avait une prochaine fois. Quels étaient les moyens de repousser les vampyrs, si ceux-ci pouvaient, ou non, provoquer des visions. A cette dernière question, la réponse était non, du moins, en théorie et pour la plupart des vampyrs. Mais en même temps, les informations à leur sujet étaient quelque peu contradictoires, même si plusieurs sources parlaient d’un livre de Kohar. La jeune femme commençait à désespérer de tomber sur une source sérieuse, sur quelque chose qui lui donne des informations véritables sur ce que pouvait, ou non, faire un vampyr, sur comment s’en protéger. Etait-ce seulement possible ? Avaient-ils seulement besoin d’une invitation pour entrer chez quelqu’un ? Ou bien leur suffisait-il d’ouvrir la porte, ou la fenêtre ? Cette simple idée la faisait frémir et pas qu’un peu. Elle s’imaginait déjà voir Rose surgir en pleine nuit dans son appartement. Pire, même, dans celui de Maëlan et de s’en prendre à Audran. L’idée de voir cette créature s’en prendre au fils de son ami lui faisait froid dans le dos, à tel point qu’elle s’absorba plus encore dans ses recherches, sans plus voir le temps qui passait.

La nuit était tombée depuis un moment maintenant lorsque la sorcière sortit le nez de ses bouquins et se rendit compte à quel point l’heure avait tourné. Et merde… Elle qui faisait particulièrement attention à l’heure ces derniers jours avait perdu toute notion du temps. Merde, merde, merde… se répéta-t-elle. Elle regarda autour d’elle, essayant de voir s’il y avait ou non encore quelqu’un dans la bibliothèque se disant que, peut-être, elle pourrait se faire raccompagner jusqu’aux cambuses, mais de là où elle était, elle n’aperçut personne. Chiotte Elle s’empressa de se relever, de ramasser les livres pour aller les reposer dans les rayonnages. Théoriquement, la vampyr ne pouvait pas savoir où la trouver, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? Is’ s’apprêtait à ranger les deux derniers livres, lorsqu’une voix désormais connue se fit entendre derrière elle, la faisant sursauter et lâcher les deux ouvrages qui tombèrent au sol.

Rose avait décidé de jouer les touristes du monde sorcier la nuit, tranquillement. Sa rencontre avec la blondinette l'avait incité à connaître mieux ces personnes qu'elle exécrait auparavant. Et puis leur histoire était tout de même passionnante. Oh, pas leur histoire d'antan que la vampyr ne connaissait pas vraiment mais leur histoire actuelle, le gouvernement mangecada... mangemort, la vie dure de certaines catégories de sorciers. Pauvre d'eux quand même.

Et puis la vampyr portait aujourd'hui un petit sac à dos, en plus d'un blue jeans, d'un débardeur minnie, et de buggy noir. Et oui, un vampyr peut s'habiller aussi grâce à divers astuces qu'il serait trop long à expliquer. La rousse s'était habituée à la mode de l'époque et appréciait même ces pantalons pour femme. A son époque, c'était plutôt prohibé ce genre de chose. Enfin bref, le jean lui permettait une grande liberté de mouvement. Et le sac à dos lui permettait d'enfermer un pot hermétiquement bien fermé d'une ongue cicatrisante, et magique.
Rose n'avait pas oublié sa promesse d'enlever les vilaines cicatrices du cou de la blonde. mais malgré ses visites touristiques, et quelques regards à travers des fenêtres pour voir si ce n'était pas elle, impossible de remettre la main dessus.

Alors depuis quelques jours, elle devait se balader avec deux jolies marques de crocs.
La vampyr, sautant de toit en toit, atterrit prestement sur l'herbe face à un bâtiment imposant, un château?

*Tiens je ne suis jamais allée ici. Comment est-ce que j'ai pu louper ça? C'est... immense!*

Rose regarda tout autour d'elle émerveillée et décida qu'aujourd'hui, elle visiterait ce truc immense, découvrir ce que c'était et s'amuser à marcher sans bruit, au milieu de toutes ces personnes endormis.

La jeune femme entra donc par une porte restée ouverte, silencieusement et enchaîna bond sur divers poutres, ouvrit une porte qui lui semblait suspecte et tomba sur ce qui ressemblait à une salle de classe.

*Géaaaaannnnnt!*

La rouquine sauta sur un bureau, prestament, sans bruit, et enchaîna les bonds pour finir au fond de la salle. Puis sautant à terre, Rose utilisa son hyper vitesse pour se retrouver presque immédiatement devant le tableau. Bizarrement, à ses souvenirs, il y avait des craies pour écrire dessus, mais ici rien. Et inutile de dégrader, Rose risquait d'avoir des problèmes par la suite si elle faisait des bêtises.
La jeune femme tourna la tête et tomba sur le bureau du professeur. Elle s'assit sur la chaise de ce dernier et mima silencieusement un enseignant belliqueux qui réprimandait ses élèves.

Commençant à s'ennuyer de ce jeu, Rose se leva, salua une foule invisible et sortit de la salle silencieusement. Elle s'amusait comme une petite folle dans ces lieux. Il n'y avait pas à dire, elle reviendrait jouer ici. 80 ans mais parfois tellement gamine.

Se promenant, enfin plutôt crapahutant, dans le couloir, le regard de Rose fut attirée par une porte différente des autres. Quelle pièce se trouvait derrière? La curiosité de Rose était plus forte que le danger de se faire repérer. Elle descendit prestement à terre et ouvrit doucement la porte, silencieusement.

Des étagères pleines de livres s'imposèrent à elle.

*Oh, je dois être surement tombé sur la bibliothèque. Alors, que lisent les sorciers? Abracadabra et sortilèges? Les sorts pour les nuls?*

Et Rose aurait commencer à mettre le nez dans les rayonnages si des mouvements ne l'avaient pas perturbé. Une présence! Il y avait quelqu'un. Aussitôt, la jeune femme sauta en haut des grandes bibliothèques et une vue d'ensemble s'imposa à elle. C'était parfait pour voir combien de personnes se trouvaient dans la pièce.

Une fois le diagnostic fait, la vampyr aurait rebroussé chemin pour explorer d'autres parties de la bâtisse, si la noctambule ne lui était pas si connu. Dans son excitation dû à l'exploration d'un si grand lieu, Rose décida de faire une "surprise" à la blon....

*Mais elle a changé de couleur de cheveux! C'est quoi ce bin's? Comment elle a fait ça?*

Soudain, elle eut un doute et s'approcha silencieusement. Non pas de doute, c'était l'ex-blonde. Rose s'approcha doucement tel un animal en chasse, se redressa derrière la fille et fit d'un murmure :

- J'avais oublié de te dire comment enlever les cicatrices. Tiens...

La vampyr, égal à elle-même, sortit l'ongue de son sac à dos, et le tendit à la sorcière en regardant les livres tomber au sol. Elle faisait si peur que ça la nuit? Continuant dans sa lancé, grand sourire comme une ptite fille contente de sa blague, elle lança :

- Très jolie couleur de cheveux. Tu fais ça comment?

Tout de même, Rose n'était pas méchante à ce point, et ramassa les deux ouvrages, retendit l'ongue et les deux bouquins à leur propriétaire.

- J'dois avoir une tête pas possible pour que tu réagisses comme ça? J'ai une tâche de dentifrice, c'est ça?

Evidemment, Rosde blaguait, le dentifrice, c'était au petit matin...

- J'avais oublié de te dire comment enlever les cicatrices. Tiens... Les deux ouvrages atterrirent au sol dasn un bruit mat. Isa aurait de la chance s’ils ne s’abîmaient pas. Beau coup de chance. Le cœur de la jeune femme se mit à battre à tout rompre. Qu’est-ce que la vampire faisait là ? Qu’est-ce qu’elle fait là ?« Que faites-vous ici ? » demanda-t-elle ayant conscience de poser tout haut la question qu’elle se posait tout bas, sans avoir voulu réellement la poser. Elle se retourna vers Rose, car mieux valait toujours faire face au danger, sans pour autant oser se baisser pour ramasser les deux livres, et déglutit péniblement. Elle se retrouvait très exactement face au moment qu’elle avait à tout prix voulu éviter.

- Très jolie couleur de cheveux. Tu fais ça comment? « Merci… » répondit-elle au compliment. C’en était un, n’est-ce pas ? Mais si la rouquine était capable de la retrouver quelle que soit sa couleur de cheveux, n’aurait-elle pas plutôt intérêt à changer carrément de visage ? Après tout, elle le pouvait, elle en était même parfaitement capable… Pour répondre, d’ailleurs, à l’interrogation de Rose, la jeune femme prit l’apparence de celle-ci. Nul besoin de sa baguette pour se faire. Après tout, elle était métamorphe. C’était inné, chez elle…. « C’est inné chez moi. Tout le monde ne peut pas faire ça. » répondit-elle en reprenant son visage et contenance en même temps. Pourquoi n’était-elle pas rentrée chez elle plus tôt ? Pourquoi n’avait-elle pas prêté attention à l’heure ? D’un autre côté, ici, il y avait peut-être encore du monde. Que si la vampire l’avait trouvée dans le parc…

Un frisson parcourut l’échine d’Isaïah tandis qu’elle envisageait cette possibilité : celle que la vampire lui soit tombée dessus sur le campus désert à cette heure-ci. Ici, au moins, elle pourrait toujours appeler à l’aide si jamais Rose se jetait sur elle. Comme dans un film, elle regarda Rose se baisser pour ramasser les deux livres et Is’ les prit avec le pot d’onguent. « Merci » dit-elle à nouveau. Comme si c’était une politesse extrême qui lui sauverait la vie si jamais la vampire voulait la bouffer. Isa posa l’onguent en équilibre sur les deux livres pour se libérer une main et dégagea sans brusquerie le crucifix qui pendait à son cou depuis le soir de la première morsure. D’après les quelques livres sérieux qu’elle avait trouvés, ce serait sans effets. Mais elle voulait, tout de même tenter. Des fois que ces livres auraient été écrits par des vampires souhaitant que leurs futures proies soient complètement sans défense face à eux… - J'dois avoir une tête pas possible pour que tu réagisses comme ça? J'ai une tâche de dentifrice, c'est ça? « Non, non. Juste que… Je ne m’attendais pas à vous revoir ici… Rassurez-moi. Si vous n’êtes pas invitée dans une habitation… Vous ne pouvez pas y entrer ? » Tout bas, elle se morigéna : « Idiote, même si elle le peut, elle ne te le dira pas, elle va te mentir… »

L'ex-blondinette semblait très surprise et même effrayé de la voir en ces lieux. D'ailleurs, c'était tellement surprenant qu'elle lui demanda ce qu'elle faisait ici. Rose répondit donc le plus naturellement du monde, comme si ça coulait de source :

- Ben, je me balade, je visite la ville quoi.

Ils en avaient de ces questions ces sorciers. Ils pensaient quoi? Que les vampyrs n'avaient pas d'autres loisirs que la chasse? Bon c'est vrai que la nuit, les activités sont un peu limités mais avec un peu d'imagination, on pouvait trouver de quoi s'amuser, la preuve dans la salle de classe. Ainsi, la sorcière avait appris autre chose des vampyrs, oui ils se baladaient parfois, et Rose apprit autre chose des sorciers, un don incroyable.Après avoir remercier du compliment de la créature de la nuit sur ses cheveux, blondie changea de tête, petite démonstration de ses capacités.

La rouquine recula d'un pas en étouffant un petit cri de surprise. Maintenant, c'était au tour de la magicienne en herbe d'effrayer à la vampyr. Rose s'était littéralement fait peur à elle-même.

- Mes aïeux... Tu es capable de beaucoup de choses! Je... je fais vraiment peur la nuit, j'avoue... Je ne pensais pas avoir des yeux pareils, et...

Mais blondie reprit son apparence naturelle, enfin si c'était réellement son apparence.

- C'est géant ce don! Alors tu peux te faire passer pour n'importe qui! En tout cas, pas besoin de teinture pour les cheveux, c'est pratique. Heureusement que tout le monde ne peut pas faire ça, je te dis pas les problèmes de reconnaissance qu'il y aurait, et les coiffeurs qui n'auraient plus du tout de boulot.
Et donc, si t'es un laideron tu peux t'embellir gratuitement. T'es comment au naturel en fait, sans ce don?

Rose n'envisageait pas un seul instant que blondie fut moche mais après tout, ne s'est-on jamais. De toute façon, ça ne changeait rien au fait que la vampyr appréciait sa compagnie et aimait bien l'embêter, surtout qu'elle avait du caractère la sorcière, ce qui rendait le jeu encore plus amusant.

Enfin la sorcière prit ses livres et le pot d'ongue et au passage, la rouquine lui indiqua les consignes à suivre pour le médicament :

- Sur l'étiquette qui était avec, il y avait marqué de s'en mettre une fois par jour pendant trois jours, mais j'ai perdu le bout de papier donc je te le dis. Les marques disparaîtront complètement. Tu verras, tu retrouveras ton joli cou d'antan.

Pendant que la sorcière posait le tout sur le bureau, Rose se retourna pour lire les tranches des livres dans l'immense étagère derrière son dos, tout en lui parlant. Elle se retourna quand elle eut fini de répondre à sa question et remarqua le crucifix pendu à son cou, détail qu'elle n'avait pas encore remarqué ou peut-être que blondie venait tout juste de le sortir. Toujours était-il que la vampyr éclata de rire, et essaya la larme qui commençait à poindre de son oeil droit.

- Excuse moi mais vraiment, si tu veux m'effrayer avec cette croix, hohohoho, tu es mal partie jeune fille. Tu regardes trop de films, vraiment. Ca n'a jamais fait peur à un vampyr, j'entre même dans les églises sans problème. On est pas dans un conte pour enfant. Il en faut plus pour effrayer un vampyr.

Les épaules de Rose tressautèrent encore un peu, comme si elle voulait contenir un nouveau fou rire et s'approcha doucement, comme pour prouver que ce qu'elle disait était vrai. La vampyr tendit le bras rapidement, et attrapa le crucifix de sa main gauche. Elle joua un peu avec et le fit retomber négligemment le long du cou de blondie.

- Très jolie croix en tout cas. Et pour répondre à ta question, j'ignore si on doit m'inviter ou non à entrer. Je ne suis jamais rentrée chez quelqu'un par effraction à par dans des magasins ou sur des lieux publics. Il faudrait que je teste mais comme toi, j'ai lu des contes sur les vampyrs et vu l'effet que ça leur faisait quand il n'était pas invité, j'ai pas envie d'essayer.

Rose pencha la tête et regarda les livres comme pour essayer de lire la tranche, que pouvaient bien étudier les sorciers, la nuit.

- C'est quoi tes bouquins? Des trucs de cours abracadabrants?

- Ben, je me balade, je visite la ville quoi. Elle se baladait ? Simplement ? Pour un peu, Isa en aurait eclaté de rire. Masi pas un rire naturel. Plutôt un rire cynique, paranoïaque. Elle te traque… Elle t’a goûtée, elle te traque songea la jeune femme alors qu’une coulée de sueur froide lui descendait dans le dos. L’idée que la vampire puisse la trouver n’importe où n’était pas pour la rassurer. Bien loin de là. Le calme qu’elle était parvenue à retrouver à la fin de leur entrevue était bien loin de son état d’esprit présent. Une coulée de sueur froide lui descendait dans le dos alors qu’elle se lançait dans une imitation physique de la vampire. - Mes aïeux... Tu es capable de beaucoup de choses! Je... je fais vraiment peur la nuit, j'avoue... Je ne pensais pas avoir des yeux pareils, et... Au moins, elle en était consciente, c’était déjà ça. Retrouvant un semblant d’applomb, Is’ répliqua : « Vous comprenez pourquoi vous revoir aussi près de moi dans mon univers familier a tendance à me mettre mal à l’aise ? Si vous pouviez vous écarter un peu, ce serait très aimable… » Elle esquissa un sourire colgate pour rendre ses propos chaleureux alors que Rose s’enthousiasmait pour ce pouvoir. - C'est géant ce don! Alors tu peux te faire passer pour n'importe qui! En tout cas, pas besoin de teinture pour les cheveux, c'est pratique. Heureusement que tout le monde ne peut pas faire ça, je te dis pas les problèmes de reconnaissance qu'il y aurait, et les coiffeurs qui n'auraient plus du tout de boulot. « Je pourrais, effectivement, me faire passer pour n’importe qui. Mais j’évite. »

- Et donc, si t'es un laideron tu peux t'embellir gratuitement. T'es comment au naturel en fait, sans ce don? « Au naturel, seule ma couleur de cheveux est différente. Je n’aime pas ne pas être ce que je suis. » répondit-elle. En même temps… Elle aurait très bien pu mentir sur son apparence réelle. Cela aurait pu mettre Rose sur une fausse piste si celle-ci la traquait réellement mais… Non. Les mensonges, ce n’était réellement pas pour elle. D’un autre côté, la rousse pouvait très bien croire qu’Is’ soit entrain de lui mentir pour se protéger. Dans un cas comme dans l’autre, cela pouvait servir à la protection de la jeune femme. note à moi-même : arrondir un peu mon visage et changer la couleur de mes yeux, la prochaine fois que je sors…

- Sur l'étiquette qui était avec, il y avait marqué de s'en mettre une fois par jour pendant trois jours, mais j'ai perdu le bout de papier donc je te le dis. Les marques disparaîtront complètement. Tu verras, tu retrouveras ton joli cou d'antan. « D’accord, c’est noté. » répondit la sorcière aux consignes données, tout en sachant qu’elle le ferait sans doute deux fois par jour histoire d’être sûre, lorsqu’elle aurait identifié chacune des composantes de l’onguent. Car la jeune femme, après tout, étudiait les potions et la botanique. Reconnaitre les ingrédients d’une potion faisait partie des choses qu’elle devait apprendre, et appréciait de faire. Ca la détendait. Et Dieu savait qu’elle en avait besoin, ces derniers temps. Dieu savait à quel point elle était stressée en permanence.

Ainsi, elle avait discrètement sorti sa croix, espérant vaguement que cela aurait un quelconque effet sur son interlocutrice. Elle ne s’attendait toutefois pas que cet effet soit un éclat de rire, aux larmes. Et merde… J’aime pas avoir l’air pathétique… songea-t-elle alors que Rose reprenait la parole. – Excuse-moi mais vraiment, si tu veux m'effrayer avec cette croix, hohohoho, tu es mal partie jeune fille. Tu regardes trop de films, vraiment. Ca n'a jamais fait peur à un vampyr, j'entre même dans les églises sans problème. On est pas dans un conte pour enfant. Il en faut plus pour effrayer un vampyr. Elle entre dans les églises ? Oublie aussi l’eau bénite… Elle se raidit quand Rose s’approcha d’elle pour jouer avec le crucifix. Is’ retint même sa respiration, ce dont elle ne se rendit compte que lorsque la vampire relâcha son nouveau jouet. - Très jolie croix en tout cas. Et pour répondre à ta question, j'ignore si on doit m'inviter ou non à entrer. Je ne suis jamais rentrée chez quelqu'un par effraction à par dans des magasins ou sur des lieux publics. Il faudrait que je teste mais comme toi, j'ai lu des contes sur les vampyrs et vu l'effet que ça leur faisait quand il n'était pas invité, j'ai pas envie d'essayer. Elle ne savait pas ? Voilà qui n’était pas pour rassurer la jeune humaine, mais le fait que Rose ne veuille pas essayer lui, la rassurait. Elle poussa un petit soupir de soulagement, discret et s’écarta avec les livres lorsque Rose se pencha par-dessus son épaule. - C'est quoi tes bouquins? Des trucs de cours abracadabrants? « Rien d’important » répondit-elle, sachant pertinemment que la couverture des deux livres n’apprendrait rien à Rose, l’un étant intitulé ‘’Ces créatures de nos légendes‘’ et l’autre ‘’Se protéger des forces du Mal‘’. Cela pouvait concerner n’importe quoi. « C’est pour ma culture personnelle. »

Alors comme ça, blondie n'appréciait pas les retrouvailles? Eh bien, Rose non plus tient. Elle avait pris conscience qu'elle pouvait faire peur mais ce n'était pas une raison pour en rajouter. Rose s'écarta donc, de mauvaise grâce. Malgré le sourire colgate, elle le prit mal, tout en sachant que c'était pour une bonne raison. La sorcière avait été réellement traumatisée de la morsure.

*Pffff une morsure de rien du tout. Non mais c'est fragile un humain, surtout mentalement... *

Bon par contre, la vampyr apprit une chose de plus sur ces créatures du jour aux pouvoirs, certains pouvaient changer d'apparences, mais blondie lui expliqua bien qu'elle évitait de changer complètement d'apparences, ne modifiant que ses cheveux, afin de rester ce qu'elle était réellement.

*Sage décision* Pensa Rose qui voyait la sorcière autrement maintenant qu'une petite sorcière parano.

Elle hocha la tête en signe de compréhension. La vampyr était tout de même consciente que sa présence était à peine toléré et qu'elle dérangeait, elle le sentait.
C'était tout aussi flagrant quand la créature de la nuit joua avec le crucifix. Elle sentit la respiration de blondie se bloquer. Les épaules de la jeune femme tressautèrent comme retenant un second fou rire et fit d'un air moqueur :

- Eh, détends toi, je ne vais pas te mordre.

Ironie mal placée sans doute mais c'était aussi la vérité. Elle ne la mordrait plus.
Pour ce qui était des bouquins, Rose n'obtint qu'une réponse évasive qui n'indiqua en rien l'objet de ses études. Bon eh bien tant pis. De toute façon la vampyr reviendrait lire dux ou trois choses dans cette bibliothèque, histoire de passer des soirées moins ennuyeuse quand elle ne rencontrait personne.
Et blondie se méfiait trop d'elle pour être finalement la compagnie idéale. D'ailleurs, Rose lui fit remarquer :

- T'es vraiment ultra méfiante. En fait, t'es chiante. Ouais voilà, t'es chiante à être terroriser comme ça. Si j'te dis que je ne te mords plus, c'est que c'est vrai. J'suis pas un être fourbe quand même. Pfff, t'es vraiment pas drôle. J'en ai marre, j'me casse. J'te laisse tranquille, t'as gagné.

Rose en avait ras la cacahuète d'être gentille, avenante. Bon d'accord, elle s'était moquée de blondie, mais franchement, croire qu'un truc en croix pouvait effrayer les créatures de la nuit... Enfin voilà, la vampyr voulait être gentille, elle lui avait apporté un pot d'ongue et l'autre, elle lui répondait même pas clairement pour l'objet de ses recherches. Juste un truc ultra évasif du genre "tu peux pas comprendre".

La jeune femme tourna les talons assez sèchement, fit un geste de la main du genre "bye" et s'arrêta net. Quelqu'un venait de l'autre côté de la porte de la bibliothèque. La personne était même très proche de la porte, trop pr...

L'un des battants s'ouvrit sur un vieil homme affublé d'une lanterne un peu crasseuse, et il était mal rasé, l'air pas très propre sur soi.

- Dites donc vous deux, il est un peu tard pour causer et étudier. Vous savez l'heure qu'il est? En plus, par les temps qui court, c'est pas bon de se balader la nuit. Venez avec moi je vais vous raccompagner dans votre dortoir. Vous créchez où les filles?

Le vieil homme s'approcha des deux noctambules et regarda d'un oeil suspicieux les deux bouquins de blondie.

- C'pas une lecture pour une jolie demoiselle comme vous.

Le surveillant lui fit un clin d'oeil, mimique assez étrange venant de la part d'un homme qui devait avoir 50 ans de plus que blondinette. Rose regarda dans le coin de l'oeil son interlocutrice. Connaissait-elle ce vieil homme? Et comment répondre à sa question? La vampyr ne dormait dans aucun dortoir de cet établissement.

La rouquine eut un air paniqué et tortilla ses doigts, préférant laisser blondie répondre à sa place. Elle savait où elle était, Rose non.

Le vieil homme s'avança vers la porte de la bibliothèque en invitant les deux filles à le suivre, sa lanterne se balançant au rythme de ses pas claupi claupant.

- Allez, venez jeune fille, il est quatre heures du matin, il faut que vous alliez dormir.

Ah ça non, on ne pouvait pas dire qu’Isaïah accueillait Rose à bras ouverts. En même temps, le pourquoi du comment était parfaitement compréhensible pour tout le monde, sauf pour la concernée, semblait-il à en voir comment elle s’écartait. Il n’en fut pas moins que, dès lors que Rose eut repris une distance convenable, Is’ se sentit déjà nettement mieux. - Eh, détends toi, je ne vais pas te mordre. A cette réponse, la jeune femme se rembrunit. Comment expliquer que ce n’était pas uniquement la question du mode de nourriture de la vampire, mais aussi une question de principe pour l’hétéro qu’elle était ? Venant de Jo’, cela ne l’avait jamais choquée, même en sachant que la canadienne était amoureuse de Kaprice. Si l’ancienne Poufsouffle l’avait été d’Isa, il aurait même été fort probable que la réaction de la métamorphe n’aurait pas été aussi rigide que de voir une parfaite inconnue se frotter contre elle. Mais ne risquait-elle pas de la vexer plus encore en lui disant pourquoi elle était gênée ? Oh et puis merde… Je vais pas faire dans la sensiblerie, non plus… J’ai ma baguette avec moi, de toute façon. Et même si c’est pas une femme, un coup dans l’entrejambe, ça ne peut pas lui faire de bien… « J’suis pas lesbienne, mais hétéro convaincue. » répliqua-t-elle assez vertement avant d’ajouter : « Si ç’avait été un vampire mâle, mignon, j’aurais peut-être pas aussi mal réagi qu’avec vous. »

Là. C’était dit et, mine de rien, ça faisait un bien fou. Cela n’empêcha pourtant pas Rose de poursuivre sur sa lancée, comme si elle n’avait pas entendu les propos d’Isaïah : - T'es vraiment ultra méfiante. En fait, t'es chiante. Ouais voilà, t'es chiante à être terroriser comme ça. Si j'te dis que je ne te mords plus, c'est que c'est vrai. J'suis pas un être fourbe quand même. Pfff, t'es vraiment pas drôle. J'en ai marre, j'me casse. J'te laisse tranquille, t'as gagné. « Il paraît que la méfiance aide à survivre… » répliqua-t-elle toujours aussi abruptement. Là, déjà, Isaïah se reconnaissait davantage. La jeune femme détestait par-dessus tout se sentir souris, à la merci du premier fauve qui passerait par là. Le fait même qu’elle soit née moldue la transformait en gibier pour tous les Mangemorts qui passaient. Alors l’être aussi en dehors, merci mais non merci, comme on dit…

En tout cas, elle n’allait pas se plaindre du fait que Rose décide de partir. Ca, certainement pas. Ca lui ferait des vacances. C’est ça. Et ne reviens pas, surtout.. songea-t-elle assez férocement. Sauf que. Rose se stoppa. Avait-elle entendu ses pensées et décidé de lui clouer le bec une bonne fois pour toute ? Non, visiblement. - Dites donc vous deux, il est un peu tard pour causer et étudier. Vous savez l'heure qu'il est? En plus, par les temps qui court, c'est pas bon de se balader la nuit. Venez avec moi je vais vous raccompagner dans votre dortoir. Vous créchez où les filles? Aye… Se faire raccompagner ? Cela voulait dire montrer à la vampire où elle vivait. Et ça, c’était hors de question. Littéralement. « Ca va aller, nous allons transplaner, Monsieur. » répondit-elle à l’homme avec un sourire chaleureux et sincère. Oui, ça, elle, elle allait transplaner. Mais pas sans s’être assurée que Rose ait quitté le campus. Car il était hors de question que Vampirella la suive jusque chez elle. Hors de question de prendre le risque de mettre qui que ce soit en danger.

L’homme choisit cet instant pour regarder le titre des deux ouvrages qu’elle étudiait. A nouveau, Is’ fronça les sourcils. - C'pas une lecture pour une jolie demoiselle comme vous. « Vous savez… Les Magister actuels se moquent un peu de notre âge… Ce qui compte, c’est le programme. » répondit-elle en lui faisant à son tour un clin d’oeil. Elle le connaissait, de réputation, surtout. Comme elle, il était un né-moldu et la cible des Mangemorts s’il quittait le campus. Et, surtout, il n’avait officiellement pas le droit de travailler là de jour. Responsable de l’entretien. Lui, un ancien professeur ici. Celui qu’elle aurait dû avoir, si les Mangemorts n’étaient pas arrivés à la tête du ministère. Un homme très compétent, malgré ses origines. Quel gâchis… songea-t-elle. Elle aurait adoré l’avoir comme professeur. Il était le Magister de botanique. Elle le croisait souvent dans les serres, ou dans l’herboristerie qui regardait avec regret vers son ancienne vie et avec envie et rage celui qui avait pris sa place. La jeune femme doutait que quiconque l’ait vu en dehors d’elle, mais, pour cela, elle se sentait particulièrement proche de cet homme. Ils étaient si semblables, au fond elle et lui… Elle le regarda s’éloigner, avec une lueur triste dans le regard. - Allez, venez jeune fille, il est quatre heures du matin, il faut que vous alliez dormir. Faites que je ne finisse pas comme lui… pria-t-elle en portant machinalement la main à son crucifix. « Il faut que je range ces ouvrages, d’abord. » répondit-elle, surprise d’apprendre qu’elle avait à ce point perdu la notion du temps. Puis, discrètement, à regret, elle se saisit de sa baguette et lança un sort d’oubli à l’ancien professeur, pour qu’il oublie qu’il avait vu deux jeunes femmes dans la bibliothèque à cette heure indue. Une larme discrète roula sur la joue d’Isaïah alors qu’hébété, l’homme quittait la bibliothèque comme s’il n’y avait vu personne.

Rose haussa un sourcil. Non pas qu'elle était stupide, loin de là. Mais le mot lesbienne lui était totalement étrangé. A son époque, ce terme et sa signification n'existait pas encore, et en ne côtoyant pas grand monde depuis sa vampirisation, la jeune femme n'avait pas forcément mis à jour son vocabulaire.
Heureusement, blondie expliqua qu'elle aurait préféré que Rose soit un homme. C'était donc ça, elle pensait que mordre au cou de quelqu'un pour manger, c'était du genre... impudique? Comme un viol.

La vampyr se gratta la tête tout en réfléchissant et répondit :

-Je ne sais pas ce que les... lesbo... lesba... lesbienne veut dire encore moins hoto.. hata.. hétéro, mais je suppose que ton cou n'est réservé qu'aux jeunes mâles de ton espèce. Ne te méprends pas, je ne te suçais le cou que dans le but de me nourrir. Donc tu te sens violée par une femme... Certes, ça doit être en sentiment bien étrange. Mais rassure toi, je ne t'ai pas choisi pour ta beauté, ni parce que j'éprouvais quelconque autre sentiment que la faim. Si ça peut te rassurer, je te vois comme un bout de viande comestible. C'est bon? Tu te sens moins violée?

Rose manquait vraiment de tact, mais blondie l'avait dit elle-même, elle resterait méfiante toujours, même si la vampyr lui montrait par A+B qu'elle n'était pas réellement dangereuse.

Puis le vieil homme arriva donc et proposa de les raccompagner mais la sorcière lui indiqua qu'elle préférait trans.... peu importe, surement un moyen de locomotion abracadabrant. Il y eu un dialogue entre les deux et des clins d'oeil échangés, visiblement ils se connaissaient déjà.
Blondie alla ranger ses livres et le suivrait certainement après. Rose leur emboîterait le pas ne connaissant pas du tout les lieux et le bonhomme croyait qu'elle était élève ici.

Mais ça se passa autrement, la sorcière incanta quelque chose et l'homme sortit tout seul sans demander son reste. Rose resta interdite puis tourna un regard menaçant sur elle.

- Qu'est-ce que tu as fait? Tu lui as pulvérisé son cerveau? Qu'est-ce qu'il s'est passé? Tu contrôles son mental c'est ça?

La vampyr recula face à la sorcière, qui avait sorti son morceau de bois à incantation, fléchit légèrement ls genoux, signe qu'elle se méfiait désormais de l'angélique blondie.

-Si tu tentes quoique ce soit, je te tues. On est clair?

Rose était très rapide pour esquiver incantations et sortilèges multicolore.

- Je ne sais pas ce que les... lesbo... lesba... lesbienne veut dire encore moins hoto.. hata.. hétéro, Etait-elle idiote ou le faisait-elle exprès ?Au XXIe siècle, ne pas savoir ce que lesbienne et hétérosexuel voulaient dire ? Même quand on sortait du début du XXe siècle, c’était impossible de ne pas le savoir. Même en débarquant d’une cambrousse profonde. Mais je suppose que ton cou n'est réservé qu'aux jeunes mâles de ton espèce. « Mon cou n’appartient à personne d’autre qu’à moi. Il est sur MES épaules et sous MA tête » s’insurgea-t-elle après le presque fou-rire qu’elle avait avec peine retenu un peu plus tôt. Ne te méprends pas, je ne te suçais le cou que dans le but de me nourrir. Donc tu te sens violée par une femme... Certes, ça doit être en sentiment bien étrange. Mais rassure toi, je ne t'ai pas choisi pour ta beauté, ni parce que j'éprouvais quelconque autre sentiment que la faim. Si ça peut te rassurer, je te vois comme un bout de viande comestible. C'est bon? Tu te sens moins violée? Un morceau de viande ? C’était donc tout ce qu’elle était ? « On ne vous a jamais appris qu’il ne fallait pas jouer avec la nourriture, dans ce cas ? » répliqua Isaïah d’une voix pleine de colère. La jeune femme était tellement énervée qu’une veine battait sa tempe droite au rythme des battements de son cœur. Elle n’avait en cet instant qu’une seule envie, faire disparaître cette vampire de sa vue. Le feu devait bien marcher contre eux, n’est-ce pas ? Après tout, ils ne pouvaient affronter la lumière du jour…

Un sourire mauvais se dessina sur son visage alors que la carnassière lui tournait le dos. Là, comme ça, ce serait tellement facile de la faire disparaître… D’oublier le viol et l’humiliation qu’elle lui avait fait subir. Tellement jouissif, tellement… Une revanche. Voilà ce que ce serait. Reprendre sa vie en main. Ne plus trembler en permanence dès que le soleil se couchait.

Mais elle n’en eut pas le temps. Le moment, trop court où elle aurait pu faire quelque chose était déjà passé. Un homme était entré. Un homme qu’elle connaissait, un peu, et qu’elle ne voulait pas mettre en danger, comme elle ne voulait pas mettre ceux de son bâtiment en danger. Alors elle lui avait lancé un petit sort d’oubliette. Plus simple. Plus sécurisant. Mais la chose ne le prit pas comme ça, elle. - Qu'est-ce que tu as fait? Tu lui as pulvérisé son cerveau? Qu'est-ce qu'il s'est passé? Tu contrôles son mental c'est ça? Isaïah lui jeta un regard assassin alors que Rose se mettait dans une position défensive. Pour un peu, la pauvre humaine qu’elle était en aurait éclaté de rire. Elle faisait peur à la grande méchante vampire ? « Je ne ferais de mal à personne, moi » commença-t-elle en insistant bien sur le dernier mot. « Je ne cherche à contrôler personne, moi » continua-t-elle. « Juste à sauver des vies. La sienne, la mienne, celle de ma colocataire, celles de mes amis. Je ne vais certainement pas te donner une idée de l’endroit où je vis pour te permettre de t’attaquer aux gens auxquels je tiens parce que tu as juré de ne plus t’attaquer à moi, mais de me défendre si je t’appelais. Ce qui vaut pour moi ne vaut pas pour eux. » Sous le coup de la colère, Isaïah avait cessé de vouvoyer Rose, la plaçant sur un pied d’égalité avec elle. Visiblement, la situation de force s’était inversée. La jeune femme reprit d’un ton plus posé que précédemment : « Je lui ai simplement fait oublier qu’il avait vu quelqu’un dans la bibliothèque. » Un sourire amer se dessina sur le visage de la sorcière. Autant dire que si Rose l’attaquait, personne ne viendrait à son secours…

- Si tu tentes quoique ce soit, je te tues. On est clair? « Je ne tenterai rien. Ce n’est pas moi le fauve qui me jette sur mes proies et les endors pour sucer leur sang. Je ne traite pas les êtres vivants ou non morts comme des morceaux de viande, moi » Prends-toi ça dans les dents ? Ouais, c’était à peu près ça, en fait. Pour autant, si elle ne fit aucun geste pour menacer la vampire, elle n’en fit pas plus pour ranger sa baguette. « Par contre, tant que tu restes prête à m’attaquer, je garde de quoi me défendre dans les mains. Histoire qu’on soit à égalité… »

L'homme était parti. Petit temps mort, un moment de calme avant la tempête. Le surveillant rebroussant chemin, Rose put répliquer avec un petit sourire en coin de lèvre, à la définition du propriétaire du cou de la sorcière :

- Sans rire? C'est dingue, je croyais que c'était open neck chez toi! J'ai du me tromper d'adresse!

Peut-être s'était-elle en effet tromper de personne, ou alors Rose aurait vraiment du la laisser se vider de son sang. Cette sorcière avait un fichu caractère. Tiens, d'ailleurs, elle pourrait se mettre un nez crochu, ça irait très bien avec son caractère! En tout cas pour ce qui était de jouer avec la nourriture, la vampyr sourit de manière carnassier :

- Pour de la nourriture, je te trouve un peu trop bavarde. Normalement, le steack, il ferme son clapet.

Oooh il y avait longtemps que ma rouquine ne s'était pas autant défoulée verbalement, mais cette petite avait du répondant et elle ne se laisserait pas parler de la sorte. Ca lui apprendrait à vouloir être gentille avec la mangeaille, non mais. Enfin, de la mangeaille magique, parce que malgré tout, Rose se méfiait de blondie. Elle avait vu ce qu'elle était capable de faire avec son bâton. Elle avait incanté un truc et l'homme était parti.

Qu'est-ce qu'elle pouvait faire d'autres? Serait-elle capable de tuer la vampyr? Pourtant Blondie lui disait le contraire. Oooh Blondie était si angélique, si mignonne, elle protégeait ses amis. Rose mit ses deux mains à plat près de son visage et mima la position de la Vierge Marie.

- Ooooh comme c'est chou. C'est beau une telle naïveté en ce bas monde, tu illumines la bibliothèque. Et tu es seule face à la méchante, et cruelle vampypyr toute vilaine. Oh mais dis, je verserais presque une larme. Mais ce que tu ne sais pas...

Les sourcils se froncèrent, Rose montra les canines et continua d'une voix froide et sans âme :

- C'est que j'en ai rien à faire de tes amis. De toute façon, tu ne seras pas toujours derrière eux pour leur sauver la mise. C'est beau comme projet, mais c'est un peu bête non? Et puis eux, tu crois qu'ils en feraient de même? J'suis pas sure honnêtement.

Rose remarqua le tutoiement soudain, alors ça y était, elle se considérait sur un pied d'égalité avec la vampyr? Non mais faut pas rêver! Elle n'appréciait pas ce virement de situation. Jusque là, elle avait été crainte par toutes les personnes qu'elle avait cotoyé, humain comme sorcier. Ce sentir égal à cette morveuse ne lui plaisait pas beaucoup. De même qu'elle serait peut-être en mesure de se battre avec elle. Elle pouvait effacer la mémoire d'un homme, que pouvait-elle faire d'autre.

La vampyr n'eut pas le temps de se poser d'autres questions que les paroles qui suivirent la fit monter sur ses gonds :

- Et encore je les endors, je peux très bien ne pas les endormir et leur arracher la carotide. Oh mais j'oubliais que j'étais la méchante dans l'histoire. Donc eh bien, mon petit steack, j'ai tenté de parler avec la nourriture et regarde où ça nous mène. T'as déjà essayer de parler avec ton repas, ben là c'est pareil. Désolée, mais vous êtes sur ma chaine alimentaire, je ne vais pas faire autrement pour le bon plaisir de madame.

Rose fit une révérence en grimaçant, signe d'un foutage de gueule apparent et se tourna vers la porte tout en faisant un signe de la main, négligemment :

- Alors sur ceux petite morveuse, bon vent!

- Sans rire? C'est dingue, je croyais que c'était open neck chez toi! J'ai du me tromper d'adresse! Zen Is’… Zen… Pour de la nourriture, je te trouve un peu trop bavarde. Normalement, le steack, il ferme son clapet. Même si c’était tout sauf facile, même si elle n’avait qu’une envie, c’était gifler celle qui lui faisait face, voire même lui lancer un sort impardonnable, il fallait qu’elle se contienne. Jamais elle n’avait été aussi proche, depuis la rencontre avec les Mangemorts, d’utiliser la magie noire. Elle en crevait d’envie. Elle en mourait d’envie, mais Isa faisait tout pour se contenir. Pour l’instant. Mais pour combien de temps ? Ooooh comme c'est chou. C'est beau une telle naïveté en ce bas monde, tu illumines la bibliothèque. Et tu es seule face à la méchante, et cruelle vampypyr toute vilaine. Oh mais dis, je verserais presque une larme. Mais ce que tu ne sais pas... C'est que j'en ai rien à faire de tes amis. De toute façon, tu ne seras pas toujours derrière eux pour leur sauver la mise. C'est beau comme projet, mais c'est un peu bête non? Et puis eux, tu crois qu'ils en feraient de même? J'suis pas sure honnêtement. La main de la jeune femme se crispa sur sa baguette tandis qu’elle crachait ces quelques mots : « Vas te faire foutre, Poufiasse ! Et oui, ne t’en déplaise, mes amis seraient là pour moi. Car moi, je ne suis pas un rebus de l’humanité. Ni de l’inhumanité, d’ailleurs… » La jeune sorcière devenait venimeuse. Les insultes lui venaient toutes seules. En même temps, c’était ça ou se jeter mains nues sur la chose qui lui faisait face. Le choix était tout fait. Même hors de ses gonds comme elle l’était, elle n’en restait pas moins prudente. Elle avait appris, depuis sa rencontre avec l’agent O’Connell… « Je serai peut-être pas toujours là, mais rien ne dit que tu y seras, toi, derrière eux pour les attaquer. Et je ferai tout ce que je peux pour empêcher que tu sois derrière eux. Si tu étais capable d’éprouver quelque chose d’autre que la faim, pauvre créature qui ne peut même pas mourir tranquille, ni vivre normalement, tu saurais de quoi je parle. Mais la seule chose qui t’habite, c’est la faim. Une faim qui ne sera jamais comblée. Tu me fais pitié… » poursuivit la demoiselle. Peut-être qu’elle abusait. Sûrement, même. Mais elle était lâchée, et il n’était plus question pour elle de se retenir. Elle ne voulait pas se retenir. C’était hors de question. Pour l’instant, du moins…

- Et encore je les endors, je peux très bien ne pas les endormir et leur arracher la carotide. Oh mais j'oubliais que j'étais la méchante dans l'histoire. Donc eh bien, mon petit steack, j'ai tenté de parler avec la nourriture et regarde où ça nous mène. T'as déjà essayer de parler avec ton repas, ben là c'est pareil. Désolée, mais vous êtes sur ma chaine alimentaire, je ne vais pas faire autrement pour le bon plaisir de madame. « T’as qu’à faire comme les gens normaux : acheter ta barbaque morte. Oh ! J’oubliais… Le sang des morts est un poison pour toi… Oups… My mistake… Allez, casse-toi, connasse ! » Qu’elle se barre, oui, qu’elle se barre. Isaïah n’attendait que ça pour relâcher l’adrénaline et la tension qui s’étaient emparées de son corps tout entier. Elle était aussi tendue qu’un arc, prête à décocher une flèche mortelle. Elle n’attendait que l’occasion pour cela. Occasion qui se présenta alors que Rose avait le dos tourné avec sa dernière réplique. - Alors sur ceux petite morveuse, bon vent! « PETRIFICUS TOTALLUS ! » Le sort jaillit avant meme qu’elle n’ait le temps de penser à ce qu’elle faisait. Rose fut percutée dans le dos par le rayon blanc sorti de la baguette et se retrouva au sol, à plat ventre. Le cœur battant à tout rompre, ivre de rage et de colère, Isaïah s’approcha d’elle et la repoussa du pied pour la retourner. Seuls les yeux de la vampire pouvaient remuer. « Ca fait quoi, alors, d’être en position d’infériorité ? Ca fait quoi, de ne pas pouvoir réagir ? D’être à la merci de plus fort que soi ? Je pourrais te découper en rondelles. Te faire brûler vive, sans même que tu ne puisses réagir. Je pourrais te laisser là, de façon à ce que les premiers rayons de soleil ne te touchent et ne t’embrasent. Et, là encore, tu ne pourrais que subir. Je sais que tu es consciente. Que tu es maîtresse de ton esprit. Mais que tout ce que tu peux contrôler, ce sont tes yeux et tes pensées. Ca fait quoi, alors, sale chienne ? Hein ? Ca fait quoi ? Je ne suis PAS un morceau de viande. Je ne me laisse pas attaquer sans me défendre. Je ne tends PAS l’autre joue lorsqu’on me gifle d’un côté. Non. Moi, je me défends. Et je défends ceux qui me sont chers. Maintenant… »

D’un habile petit coup de baguette, elle libéra simplement le visage de la vampire du sortilège, juste pour lui permettre de parler et commença à se diriger vers la sortie de la bibliothèque après avoir récupéré ses affaires sur la table, dans l’intention de partir en la laissant là, figée. Il ne tenait qu’à la non-morte de supplier pour avoir la vie sauve. De supplier et de promettre de ne plus jamais l’attaquer ou de menacer un(e) de ses proches. Isaïah ferait-elle confiance à cette promesse ? Rien n’était moins sûr. Mais le bénéfice du doute était toujours permis…

Rose était désormais affalée par terre, son corps ne répondant plus à rien. Un court instant, plus rien ne répondait, elle entendait, elle voyait mais, était comme pétrifiée. Oui c'était bien le terme. D'abord il y eut la surprise et puis la haine, la honte de s'être fait avoir, et puis de nouveau la haine, la hargne, l'envie de lui arracher les yeux à cette petite conne.

« Ca fait quoi, alors, d’être en position d’infériorité ? Ca fait quoi, de ne pas pouvoir réagir ? D’être à la merci de plus fort que soi ? Je pourrais te découper en rondelles. Te faire brûler vive, sans même que tu ne puisses réagir. Je pourrais te laisser là, de façon à ce que les premiers rayons de soleil ne te touchent et ne t’embrasent. Et, là encore, tu ne pourrais que subir. Je sais que tu es consciente. Que tu es maîtresse de ton esprit. Mais que tout ce que tu peux contrôler, ce sont tes yeux et tes pensées. Ca fait quoi, alors, sale chienne ? Hein ? Ca fait quoi ? Je ne suis PAS un morceau de viande. Je ne me laisse pas attaquer sans me défendre. Je ne tends PAS l’autre joue lorsqu’on me gifle d’un côté. Non. Moi, je me défends. Et je défends ceux qui me sont chers. Maintenant… »

Alors elle lui libéra la tête, mais Rose n'était pas dupe. Elle voulait que la vampyr s'excuse, elle voulait qu'elle se rabaisse peut-être. La garce l'avait bien eu, maintenant c'était elle qui était en position d'infériorité. Alors qu'elles auraient pu se quitter sur un froid évident, non, Blondie avait voulu réchauffer l'atmosphère qui était déjà bien orageuse.

Rose tenta de bouger mais rien à faire, sa tête lui obéissait, ses yeux aussi, mais rien d'autre. Un sentiment d'effroi la parcourut, elle voulait bouger, ne comprenant pas pourquoi plus rien ne marchait. Malgré ses "oumpf" et autres onomatopées d'effort, rien n'y faisait.
La rage s'en suivit, elle voulait bouger, ne supportant pas d'être à la merci d'une grognasse pareille. La vampyr enrageait et serra la mâchoire pour ne pas hurler. Ses yeux devinrent extrêmement clairs.

Alors à défaut de lui arracher la carotide comme elle le souhaitait si ardemment, Rose se débattit toujours et entre deux gestes de survie animal, demanda brusquement, une pointe d'inquiétude tout de même qui était visible :

-QU'ATTENDS-TU DE MOI? TU VEUX QUE JE TE DISES QUE TU ES LA PLUS FORTE? LA PLUS GRANDE? QUE JE TOUCHERAIS PAS A TES MERDEUX D'AMIS? MAIS J'EN AI RIEN A CARRER D'EUX! JE M'EN CONTRE FICHE ROYALEMENT! Oumpf, umpf... Alors ça y est, tu ressens ce sentiment de toute puissance? T'AIMES ÇA HEIN?

Rose la regarda, une lueur folle dans ses deux billes brillantes.

-Ca y est, t'es contente? T'as gagné! C'est ce que tu voulais non? Voilà ce que tu es quand tu libères ta colère?

La rouquine avait bien retenu les insultes et les paroles mais ne l'évoquait pas pour le moment. Elle attendait son moment...
Il n'empêche que si la sorcière la laissait ainsi, elle flamberait au petit matin, un joli feu de joie dans une bibliothèque. Elle était à la merci de cette garce, et ça, Rose ne pouvait le tolérer, sa haine l'étouffait. Elle avait envie de lui hurler des insanités, mais elle se retint. C'est la sorcière qui avait la main, elle avait sa vie entre ses doigts. Ce sentiment était vraiment effrayant et comme tout être effrayé, la jeune femme voulait éliminer la personne qui contrôlait actuellement sa vie, cette étrangère qui pouvait décider de sa mort ou non.

Rose continuait à se débattre, sa tête bougea à une vitesse telle que l'image se brouilla un instant pour les yeux de Blondie. La vampyr tentait d'utiliser son hyper vitesse, mais rien à faire.
Au bout de trois essais, la jeune femme s'arrêta, et souffla. Ces efforts pour rien l'épuisaient.

-Que vas-tu faire de moi à présent? Ca y est, les rôles sont inversés, tu as la revanche que tu désirais. Alors vas-y, dis moi, que je sache au moins si ma dernière heure est venue.

Rose serrait toujours la mâchoire de frustration et de terreur. Elle n'appréciait pas ce sentiment d'infériorité, ooooh non. On ne l'y reprendrait plus jamais. Elle avait eu tort de côtoyer de trop près un race d'être humain qu'elle exécrait au début. Rose l'avait peut-être aussi un peu provoqué mais ça n'était pas une raison pour utiliser la magie, cette chose abominable.

- QU'ATTENDS-TU DE MOI? TU VEUX QUE JE TE DISES QUE TU ES LA PLUS FORTE? LA PLUS GRANDE? QUE JE TOUCHERAIS PAS A TES MERDEUX D'AMIS? MAIS J'EN AI RIEN A CARRER D'EUX! JE M'EN CONTRE FICHE ROYALEMENT! Oumpf, umpf... Alors ça y est, tu ressens ce sentiment de toute puissance? T'AIMES ÇA HEIN? ce qu’elle attendait de la vampire ? A dire vrai, Isa n’en avait pas la moindre idée. Pourtant, elle continua d’avancer jusqu’à être à la porte de la bibliothèque, complètement hors de vue de Rose. Pour le reste, non, elle n’aimait pas ça. Sur le coup, oui, elle avait apprécié. Mais après ? Ce n’était pas sa façon d’agir, non. Et non, elle n’aimait pas ça. Qui était-elle, après tout, pour disposer de la vie d’autrui ? - Ca y est, t'es contente? T'as gagné! C'est ce que tu voulais non? Voilà ce que tu es quand tu libères ta colère? Vampirella ne pouvait pas comprendre. Malgré toutes ses belles promesses, malgré toutes ses belles paroles, elle ne pouvait pas comprendre ce qu’Isaïah ressentait en cet instant. Une espère ce culpabilité que de tenir ainsi la prédatrice paralysée. Une poussée d’adrénaline aussi, certes, de se savoir toute puissante en cet instant mais aussi et surtout une intense onde de peur. C’était ça qui dominait. La peur de ce que lui ferait Rose lorsqu’elle la libèrerait. Qu’ai-je fait… songea-t-elle alors qu’une coulée de sueur froide lui descendait le long de l’échine. Elle aurait préféré que la vampire éclate, là, maintenant, en étant pétrifiée, de colère. Parce que celle-ci aurait eu le temps de retomber d’ici à ce que la sorcière la libère de ce sortilège. Mais la vampire se retenait et Isaïah ne pouvait qu’imaginer la rage qui devait monter en elle. Et c’en était terrifiant. La voir lutter au sol, sans rien dire était affolant. - Que vas-tu faire de moi à présent? Ca y est, les rôles sont inversés, tu as la revanche que tu désirais. Alors vas-y, dis moi, que je sache au moins si ma dernière heure est venue. Ce qu’elle allait faire ? Rien. La jeune femme était comme changée en statue de marbre, incapable de bouger. Incapable de partir, incapable de revenir vers Rose. Incapable du moindre geste, du moindre sortilège pour la libérer. Elle était paralysée par la peur et pas ce qui suivrait ce qu’elle pourrait faire.

D’un côté, la laisser figée, comme ça, espérant que quelqu’un la trouverait avant le lever du jour pour la libérer de ce sortilège. Ou la laisser figée, comme ça, jusqu’à ce que le jour ne se lève et ne la consume. Mais c’était une mort horrible. De l’autre, la libérer et prendre le risque qu’elle ne se jette sur elle parce que la métamorphe savait qu’elle n’aurait pas le temps de bouger. Pas même de transplaner ailleurs. La réaction de Draculitta risquait d’être très rapide. Il suffisait de voir la vitesse à laquelle elle pouvait remuer sa tête même en étant statufiée. Ou bien la libérer en espérant que Rose ne lui ferait pas de mal. En espérant que la vampire tablerait – et à juste titre – sur la peur qu’elle lui inspirait déjà. « Contrairement à ce que vous pouvez penser, non, je n’aime pas ça. Non, je ne me sens pas toute puissante. Pas plus que je ne me sens davantage en sécurité face à vous. Même ainsi, vous me terrorisez toujours autant. Depuis que vous m’avez mordue, je n’arrive plus à bien dormir. J’ai peur que même dans mes rêves – cauchemars – vous ne puissiez m’atteindre et me tuer malgré ce que vous m’avez dit l’autre jour » commença-t-elle d’une voix lasse avant de reprendre, empêchant toute réaction de la part de Rose : « Et non, je n’attends pas votre pitié. » La colère passée, la jeune femme était automatiquement revenue au vouvoiement. Replaçant Rose, malgré la position d’infériorité physique dans laquelle elle se trouvait dans la position de supériorité morale qui était la sienne. « Dès que l’obscurité se fait plus forte, je crains de tomber sur vous au détour d’une rue. Pas à cause de votre apparence physique, mais à cause de votre nature. »

Sans prévenir, d’un geste invisible pour la vampire et d’un sortilège informulé, elle avait libéré la prédatrice, espérant vainement, sans doute, que Rose ne se jetterait pas sur elle pour se venger. Pour autant, elle ferma les yeux, refusant de regarder en face celle qui risquait de provoquer sa mort. Je ne veux pas mourir… fut sa dernière pensée avant la réaction de la vampire.

Etre attachée de la sorte par des liens invisibles lui était de plus en plus insupportable mais ses dons ne marchaient pas avec ce genre de sortilège. A ce moment, Rose exécra la magie au plus profond d’elle, et cette petite morveuse qui pouvait faire ce qu’elle voulait d’elle, une vampyre vivant à l’état sauvage. C’était comme attacher un tigre. La colère montait toujours plus et ses mâchoires étaient toujours autant serrées. Mais la panique montait aussi. Blondie n’était plus visible, comme partie…

La vampyre respira bruyamment du nez, et tenta de rouler sur elle-même mais rien, et ce n’était pas avec les muscles de son cou qu’elle ferait quelque chose. Et Blondie qui était partie. Si elle se libérait, ça allait chauffer… Une voix lui indiqua que non, elle n’était pas partie. Rose arrêta de se débattre, la voix l’avait légèrement rassuré. Elle ne l’abandonnerait pas comme un vulgaire tapis et son ex victime semblait redevenir elle-même, une gentille fille qui ne fait de mal à personne.

Rose tenta de jouer la limace, mais impossible. Décidément, elle n’appréciait pas ça, comme un animal attaché contre sa volonté. Elle ne cesserait de se débattre.
La jeune femme commençait à paniquer sévère, surtout que n’importe qui pouvait arriver et si la sorcière s’enfuyait, c’était foutu. Elle préfèrerait mourir par les rayons du soleil, mais pas dans ces circonstances et surtout pas à cause d’une morveuse.
Rose soupira discrètement, elle était toujours paralysée. Elle voulait qu'on la libère.

Finalement, son vœu fut exaucé. Rose sentit immédiatement qu’elle avait repris le contrôle de son corps. Mais en même temps que les liens invisibles la lâchaient, sa colère explosa.

La vampyre ne fut plus qu’une image floue, utilisant son hyper vitesse et se jeta sur Blondie, la plaquant violemment contre le mur et lui serrant fortement le poigné, elle l’obligea à lâcher sa baguette.

La jeune femme donna un coup de pied dans le bout de bois qui glissa sur le sol de la bibliothèque pour être finalement arrêté par un pied de chaise, plusieurs mètres au loin.

Rose plaqua les deux bras de la sorcière contre le mur, ses yeux devinrent d’une clarté irréelle et elle révéla ses crocs. D’une voix glaciale comme la mort, le visage très proche de celui de l’humaine, elle l’avertit :

-Tu recommences ça, je te tues. J’arracherai ta carotide d’un coup d’ongle, tu vois ici.

Rose réunit les deux poignés de la jeune fille dans une de ses mains, laissant son autre main libre pour démontrer qu’elle savait exactement où se trouvait la fameuse carotide, objet de tout fantasme vampirique.

-C’est l’endroit le plus juteux, tu peux me croire. Dit-elle d’un sourire carnassier tout en effleurant l’endroit du bout de son ongle pointu. Puis, la jeune femme lui enserra doucement le cou, une pression à peine forte. La rouquine ne voulait pas non plus que sa victime ne puisse plus respirer. Et elle continua, d’une voix toujours aussi froide. Eh bien, tu ne dis plus pouffiasse ? Tiens c’est bizarre ça, tu es soudain beaucoup… docile.

La vampyr souriait, sa colère se déchainait, les doigts autour du cou de la jeune fille tremblaient légèrement, non plus une faiblesse mais juste l’envie de l’étrangler, de resserrer sa prise pour sentir ce sang palpiter.

-Et là, tes amis, ils vont venir t’aider tu crois ? Et pourtant, ils dorment tranquillement, personne ne se soucie que tu ne sois pas dans ton lit à cette heure là… Personne. Tu es seule. Et si tu cries, je sers ma main qui se trouve sur ton joli cou… Alors, maintenant, qui de nous deux fait pitié ? Petite guenon écervelée.

Rose serrait des mâchoires à chaque fin de phrase et Blondie pouvait voir ses muscles faciaux se contracter tellement la créature de la nuit était proche d’elle.

-J’peux pas t’atteindre dans tes rêves, je le répète et le répèterais jusqu’à ce que ça entre dans ta tête. Mais crois moi, si j'en avais la possibilité, je le ferais volontiers. Te faire vivre les cauchemars les plus horribles, comme par exemple, ce souvenir que tu détestes apparemment.

La rouquine mima le geste qu’elle aurait fait si elle l’avait mordu, mais elle s’arrêta juste au dernier moment, d’un parce qu’il y avait le pouce de la vampyre sur la trajectoire et de deux parce qu’elle ne mordrait plus jamais Blondie, au vu de la peur que ça entrainait chez elle. Finalement, la vampyre relâcha violemment la sorcière ne prenant pas garde de la retenir si ses jambes étaient faibles, et recula très rapidement, vers la baguette.

Se penchant, Rose ramassa l’objet et l’observa. Puis un petit rire secoua ses épaules et d’un air sadique, la jeune femme observa :

-Tu ne peux rien faire sans, n’est-ce pas ? Et si je la casse, ça fait quoi ?

Mais la vampyre n’était pas méchante à ce point et haussa les épaules en soupirant. Une sorcière sans baguette, c’est un vampyre sans sang. Et puis, Rose avait de nouveau le dessus et ne tournerait plus jamais le dos à Blondie. Elle fit donc glisser la baguette au sol jusqu’à sa propriétaire.

-Tiens, je ne l’ai pas abimé, enfin je ne crois pas.

Isaïah avait fini par libérer Rose alors même qu’elle terminait de parler. La vampire avait-elle écouté un traitre mot de ce qu’avait pu lui dire la sorcière ? Les yeux fermés, celle-ci refusait d’affronter ce qui l’attendait. Tout juste pouvait-elle prier pour conserver la vie sauve. Aussi fut-ce un choc plus violent qu’en réalité lorsque la prédatrice se jeta sur elle, la plaquant violemment au mur et lui meurtrissant le poignet pour la forcer à lâcher sa baguette. Malgré tout son courage, la métamorphe ne put retenir un gémissement de douleur alors que ses doigts se crispaient sur la baguette avant de la lâcher. De toute façon, se retrouver morte avec un poignet broyé ou morte avec un poignet intact – hormis les bleus qui ne tarderaient pas à apparaître – cela ne faisait pas une grosse différence à ce niveau là. Une larme roula sur la joue blême de la jeune humaine alors qu’elle lâchait le seul objet lui permettant d’avoir une petite chance d’égaliser les forces face à son agresseuse. Pourquoi ai-je fait partir l’ancien professeur… songea-t-elle avec regret. Personne ne savait qu’elle était là. Personne ne la trouverait avant le lever du jour si Rose la laissait là et avant plus longtemps encore si la vampire emportait son corps.

Ouvrant des yeux brillant de larmes contenues, elle porta sa main pour l’instant libre à celle qui enserrait son cou, comme pour essayer de relâcher un peu la pression. Mais elle ne pouvait pas lutter. Elle le savait. Le visage de ses cauchemars s’approcha plus encore de son visage. Comment la mort-vivante voulait qu’Is’ n’ai pas aussi peur d’elle en agissant ainsi ? Un très bref rire sinistre passa les lèvres de la jeune femme alors que Vampirella prenait la parole, soufflant son haleine fétide au visage de la sorcière. - Tu recommences ça, je te tues. J’arracherai ta carotide d’un coup d’ongle, tu vois ici. Puis, trop rapidement pour qu’Isaïah ne puisse réagir, elle lâcha brièvement son cou pour monter les bras de la mortelle au dessus de sa tête et les emprisonner d’une poigne ferme dans une seule de ses mains, revenant poser l’autre sur son cou et la poser sur sa jugulaire. On ne pouvait pas dire que la façon dont Rose lui avait levé les bras avait été agréable et, pour le coup, Isa n’aurait pas été surprise d’avoir une épaule déboîté, tant son bras gauche l’élançait de l’omoplate jusqu’au bout des doigts. Mais cela, bien sûr, son cauchemar mort-vivant s’en foutait royalement. - C’est l’endroit le plus juteux, tu peux me croire. Et elle continua, d’une voix toujours aussi froide. Eh bien, tu ne dis plus pouffiasse ? Tiens c’est bizarre ça, tu es soudain beaucoup… docile. Entre les doigts de la vampire, elle se sentait comme une marionnette désarticulée. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était trembler, c’était prier que la délivrance vienne rapidement. Que la vampire l’achève vite. Ou que quelqu’un arrive et vite. A nouveau, Rose avait resserré son étreinte sur son cou et Isaïah se tortillait de douleur. Après ses poignets, ce serait son cou qui aurait des bleus. En même temps… Morsure d’abord, bleus ensuite… Et l’autre se disait gentille avec elle ? De nouveau, le même rire sinistre s’échappa des lèvres de la jolie mortelle alors qu’une coulée glacée glissait le long de son échine.

Elle préféra fermer les yeux, refusant d’affronter le triomphe dans ceux de l’être de la nuit. - Et là, tes amis, ils vont venir t’aider tu crois ? Et pourtant, ils dorment tranquillement, personne ne se soucie que tu ne sois pas dans ton lit à cette heure là… Personne. Tu es seule. Et si tu cries, je sers ma main qui se trouve sur ton joli cou… Alors, maintenant, qui de nous deux fait pitié ? Petite guenon écervelée. Rien. Isa ne répondait rien aux allégations de la rousse aux dents si longues. Personne n’allait venir et celle qui la menaçait le savait très bien. Elle avait coupé Isa de tous ses moyens de communication. Même son sac avait glissé au bas de son épaule dans le mouvement qui l’avait plaqué au sol. Et, quand bien même elle l’aurait encore eu sur elle, il lui aurait fallu une main libre pour pouvoir attraper son téléphone à l’intérieur. Hormis le rire sinistre qui lui avait échappé deux fois un peu plus tôt, Isa n’avait pas essayé de hurler. Telle qu’était placée la main de Rose, elle savait qu’elle ne le pourrait pas, celle-ci appuyant sur ses cordes vocales en plus de sa carotide. Il aurait suffi qu’elle appuie un peu plus pour couper sa circulation sanguine et empêcher ainsi le sang de monter à son cerveau, stoppant ainsi l’oxygénation de celui-ci et la transformant, au mieux, en légume. La carnassière le savait-elle seulement, ce détail ? Ce n’était, en tout cas, pas Isaïah qui allait le lui dire, malgré les insultes qu’elle subissait. Les seules paroles qu’elle prononça furent, sans doute, de trop. Car malgré tout, elle conservait sa fierté, la belle humaine : « Au moins, si je suis une guenon, je sais que je vaux mieux que vous. Car n’importe quel animal vaut mieux qu’un vampire. Car les animaux ne tuent pas pour s’amuser, hormis les félins… Vous, vous vous amusez avec moi… » Elle rouvrit les yeux pour voir l’effet de ses paroles sur l’autre. Au mauvais moment, vraisemblablement… - J’peux pas t’atteindre dans tes rêves, je le répète et le répèterais jusqu’à ce que ça entre dans ta tête. Mais crois moi, si j'en avais la possibilité, je le ferais volontiers. Te faire vivre les cauchemars les plus horribles, comme par exemple, ce souvenir que tu détestes apparemment. Aussi bien aux paroles qu’au mime de Rose, la métamorphe tressaillit très visiblement lorsque la vampires évoqua la morsure. Elle se ratatina entre la main qui enserrait son cou et blêmit plus encore si cela était possible. Vite… Je n’en peux plus… songea-t-elle souhaitant que la délivrance arrive, et vite.

Finalement, elle la lâcha et Is’ s’effondra au sol, incapable de tenir sur ses jambes flageolantes. Elle se recroquevilla sur elle-même, tâchant de se faire la plus petite possible, rentrant sa tête entre ses épaules, grimaçant de douleur à cause du mouvement de son épaule gauche. Cette fois, les larmes coulaient bel et bien sans même qu’elle ne puisse les retenir. Et, de toute façon, elle n’aurait même pas essayé. Elle se sentait comme un petit oiseau pris au piège dans une cage. Comme une petite souris dans une souricière. Et elle avait horreur de ça. Mais bouger, là maintenant tout de suite, elle en était incapable. - Tu ne peux rien faire sans, n’est-ce pas ? Et si je la casse, ça fait quoi ? Elle ne releva même pas la tête lorsque Rose parla de détruire sa baguette. De toute façon, au point où elle en était… Pas plus qu’elle ne réagit lorsque la baguette glissa jusqu’à heurter ses pieds. -Tiens, je ne l’ai pas abimé, enfin je ne crois pas. « Je vous déteste… » murmura-t-elle simplement, incapable de dire autre chose, la tête toujours dans ses bras, refusant de faire le moindre mouvement, comme si elle cherchait à faire oublier sa présence physique.

Rose pencha la tête consternée. Y avait-elle été trop fort avec la petite impertinente? Qui ne disait plus grand chose à l'heure actuelle. S'était-elle trop "amusée" comme lui avait reproché la sorcière. Maintenant, elle était recroquevillée sur elle-même murmurant qu'elle détestait la vampyre.

Surtout que quelque chose avait choqué la rouquine. Blondie pleurait, pouvait-on considérer que la leçon avait été apprise? Quelle leçon d'ailleurs, il n'y avait pas grand chose à apprendre à part de respecter Rose. Mais elle doutait sérieusement sur sa capacité à se contenir. Elle avait aperçu les quelques grimaces de douleur avant que la sorcière se renferme sur elle-même. C'était donc à ce point?

*Oh zut alors, ces fragiles ces choses, et puis voilà qu'elle me déteste...*

Rose, regardant sa victime se balançant d'un pied sur l'autre, tout en réfléchissant. Que fallait-il faire pour qu'elle arrête de pleurer de la sorte? Une blague, non trop de mauvais goût. Surtout que quelque minute avant, la vampyre l'avait plaqué violemment contre le mur. Non, ça ne pouvait pas se faire ce genre de choses. Mais bon, elles étaient toutes les deux fautives pour ce froid.... Ou alors Rose avait vraiment abusé... peut-être oui, mais la rage entrainait la bestialité qui entrainait la violence.
Et puis, c'était elle qui avait commencé à attaquer...

*T'es pas un peu trop grande pour penser ce genre de choses? C'est elle qu'a commencé, non mais t'as quel âge ma vieille?*

80 ans et des brouettes, oui à 80 ans, c'était elle qui était censé être sage, réfléchis et ne pas s'emporter. Facile à dire avec le caractère de la sorcière. Bon, allez, tentons de calmer ses pleurs.

-Ok cool, tu me détestes. Mais ne te mets pas dans cet état voyons. Je ne me suis pas contrôlée. J'suis désolée, pleure pas va...

Rose n'avait pas de mouchoir en papier mais peut-être qu'il existait un sortilège pour se moucher le nez.
La vampyre ne s'approcha pas de la sorcière, sa baguette était désormais près d'elle, elle garderait ses distances. Reculant le regard toujours fixé sur la sorcière, elle alla chercher le pot d'ongue et le posa près de Blondie, à distance respectable, comme si elle nourrissait un animal sauvage et apeuré.

- Tiens, prends. Je ne voulais pas te faire mal tu sais. L'ongue marche aussi pour les douleurs et les bleus. Je ne contrôle pas ma force quand je suis en colère. Ce n'était pas une bonne idée de jouer avec toi, tu es fragile.

Rose prenait conscience qu'elle se devait de maîtriser sa force envers les êtres humains, malgré les insultes et la haine. Elle ne voulait au final pas de mal à Blondie, pour elle ça n'avait été qu'un règlement de compte comme deux lionceaux se battant ensemble. Sauf que la sorcière n'était pas un lionceau, elle avait du caractère mais pas la force physique.
La vampyre n'avait pas oublié toutes les méchancetés que lui avait dite la fille et elle savait que sa victime préférerait la voir morte, brûlée par le soleil qui c'est. Mais elle s'approcha doucement, ses sens aiguisés, au moindre geste violent, elle esquiverait.
Elle s'arrêta néanmoins à bonne distance et s'accroupit penchant la tête sur le côté.

- T'as si mal que ça au point de pleurer? T'as quelque chose de cassé?

Qu’elle se taise. C’était bien là la seule chose qu’Isaïah attendait de la suceuse de sang. Non, de fait, il y avait autre chose, encore : qu’elle disparaisse de sa vie. Qu’elle disparaisse et qu’elle ne revienne plus jamais. Elle avait déjà suffisamment terrorisé la jeune femme pour que celle-ci en supporte beaucoup plus. - Ok cool, tu me détestes. Mais ne te mets pas dans cet état voyons. Je ne me suis pas contrôlée. J'suis désolée, pleure pas va... Simplement entendre sa voix était trop pour Isa. Elle frémit un peu plus, se recroquevillant sur elle-même, se maudissant du même coup de sa lâcheté. Elle avait sa baguette à nouveau sous la main. Elle aurait pu lancer n’importe quel sortilège pour faire fuir la vampire. Un feu magique, par exemple, qui lui aurait fait peur sans pour autant lui faire le moindre mal. Ou un Lumos Maxima, qui aurait imité la lumière du jour sans pour autant être dangereux. Mais non. Elle craignait par trop la réaction de la chose, à l’heure actuelle. Et elle s’en voulait terriblement d’avoir aussi peur. Les larmes qui roulaient sur ses joues, en silence, étaient autant des larmes de peur, que de chagrin, que de rage et de désespoir. Cette incapacité à réagir l’horripilait plus que tout au monde.

- Tiens, prends. Je ne voulais pas te faire mal tu sais. L'ongue marche aussi pour les douleurs et les bleus. Je ne contrôle pas ma force quand je suis en colère. Ce n'était pas une bonne idée de jouer avec toi, tu es fragile. Elle ne voulait pas lui faire de mal ? C’était raté. Un rire amer s’échappa malgré elle des lèvres de la sorcière. Elle était fragile ? Non… Sans blague… Certes, ses os n’étaient pas du verre, mais comparée à un vampire, elle était bien frêle, c’était un fait. Pourtant, elle ne répondit pas. Elle n’en avait rien à faire, des excuses que pouvaient lui prodiguer la sangsue. Elle ne supportait même plus d’entendre le son de sa voix. Autant, après leur rencontre précédente, elle aurait éventuellement pu, en cas de grand danger faire appel à elle, autant maintenant, c’était mort. Fini. Foutu. Même si c’était le seul moyen de sauver sa vie, elle n’appellerait pas Rose.

- T'as si mal que ça au point de pleurer? T'as quelque chose de cassé? Ferme-là… songea-t-elle en plaquant ses mains sur ses oreilles. Non, elle n’avait rien de cassé, mais pas loin. Son épaule lui faisait un mal de chien. Ses poignets et son cou devaient arborer une magnifique teinte violet foncé, à l’heure actuelle et elle ne pouvait rien faire, sous peine de déclencher un raz de marée. C’était clair. Elle ne pouvait qu’attendre que Monstruella décide de partir d’elle-même avant de pouvoir se soigner. Avant de pouvoir transplaner. Car dans l’état psychique dans lequel elle se trouvait, ce n’était même pas la peine qu’elle essaye de marcher. Ses jambes ne pourraient pas la porter.

Moralement, elle était dans un état encore pire qu’à l’issue de sa première rencontre avec Rose. La première fois, la prédatrice de la nuit s’était contentée de s’en prendre à son corps, la vidant de cette substance si importante à la vie de tout être humain : son sang, acheminateur d’oxygène dans son corps. Cette fois, elle s’en était non seulement prise à son physique, sans pour autant lui suçoter les veines, mais aussi et surtout à ce qui faisait d’elle un être humain : sa capacité à penser, à réfléchir. Elle s’en était prise à son psychique. Et ça, Isaïah ne pourrait jamais le lui pardonner. La jeune femme prit une inspiration et essuya ses yeux et ses joues avant de relever vers son interlocutrice un visage à l’expression glaciale : « Honnêtement, vos excuses me font une belle jambe… Ce ne sont pas elles qui vont me faire oublier ce que vous m’avez fait subir. Nous ne sommes que des jouets entre vos mains. Des jouets fragiles qui n’en éprouvent pas moins des sentiments. » Mais ça, elle l’avait déjà dit. Et pour l’effet que cela avait eu… Elle aurait pu s’abstenir. Elle secoua la tête, dépitée. Il ne servait à rien d’essayer d’avoir un discours rationnel avec celle qui lui faisait face. A rien du tout…

Eh bien voilà maintenant que la sorcière s'en contrefichait de ses excuses. Ah ça, pour ne pas être compréhensive... Mais bon Rose avait commis une faute aussi. Quelle idée de se jeter sur Blondie. Ah oui c'est vrai, ne pas se laisser insulter de la sorte et lui montrer qui est la plus forte. Est-ce que c'était bien nécessaire? Oh que oui, elle avait dépassé les bornes et attaquer un vampyre et les créatures de la nuit ont le sang chaud, si on peut dire ainsi, ils s'emportent vite mais à raison.

Les deux avaient commis l'erreur de se chercher mais la faute était d'autant plus grave pour Rose qu'elle était capable de casser le cou de Blondie juste en serrant le poing. Est-ce que ça faisait d'elle la plus responsable des deux? Rose n'en savait rien elle-même, juste que la fille était traumatisée et qu'il était désormais hors de question de la revoir avant longtemps, pour la santé mentale de la petite Blondie.
Rose poussa un profond soupir et se gratta la tête. Elle qui n'était pas très diplomate ne savait que répondre. Oui elle jouait, ils n'étaient que des jouets entre ses mains mais était-ce vraiment de sa faute? Comment expliquer à la petite traumatisée que tout ceci n'était peut-être qu'au final un jeu, tout simplement. Elle le prendrait surement très mal, en lui répliquant surement que la vie des autres n'était pas un jeu, ni des jouets.

Rose ouvrit la bouche... la referma, se gratta la tête et finalement dit :

-Je vois que tu as des sentiments, tu pleures. Vous n'êtes pas que des jouets entre mes mains.... Je suis comme un chat tu vois. Le chat joue parfois, pas méchamment mais il ne contrôle pas sa force et parfois ça tourne mal. Et voilà...

La vampyre se dirigea lentement vers la sortie, la sorcière toujours dans son champ de vision.

-De toute façon, les vampyres et les sorciers sont peut-être pas fait pour s'entendre... Dis tu vas vraiment restée comme ça là, dans la biblio? T'arrives pas à te lever?

Est-ce qu’elle n’était pas un peu dure avec la rousse ? Sans doute un peu. Sans doute était-elle-même un peu injuste avec elle. Mais honnêtement, c’était trop en demander pour l’heure à Isaïah que de pardonner, ne serait-ce que l’étranglement. Si Rose s’en était arrêtée à la morsure quelques jours plus tôt sans l’agresser cette nuit, peut-êre Isaïah aurait-elle pu lui pardonner. Mais là, c’en était trop. Et ce que la jeune femme ne savait pas encore, c’était que ce serait bientôt pire encore, pour elle. C’était que tous les fondements de sa jeune vie allaient tomber en morceaux. Mais elle n’en était pas là, pas encore. Pour l’heure, elle se trouvait face à un monstre sanguinaire. Une créature assoiffée de sang qui s’était excusée de la frayeur qu’elle lui avait causée. Et, malgré ça, Isa avait du mal à croire en ses paroles. - Je vois que tu as des sentiments, tu pleures. Vous n'êtes pas que des jouets entre mes mains.... Je suis comme un chat tu vois. Le chat joue parfois, pas méchamment mais il ne contrôle pas sa force et parfois ça tourne mal. Et voilà... Non, Rose n’était pas comme un chat. Parce que les chats, Is’ les aimait. La créature qui lui faisait face, elle ne l’aimait pas. Elle en avait peur. Elle la détestait parce qu’elle en avait peur. Parce qu’elle ne pouvait pas affronter sa peur. Elle ne prit même pas la peine de répondre à la vampire. Après tout, cela ne servirait à rien. Elle n’avait pas envie de polémiquer. Dans le fond, elle avait presque préféré leur première rencontre. Au moins, elle était à l’air libre. Au moins, elle pouvait respirer l’air pur de la nuit. Au moins, elle n’avait pas de murs pour la retenir prisonnière.

Là, elle était entre guillemets enfermée. Elle était acculée à un mur qui, certes, la retenait. Elle était encerclée par quatre murs et la seule sortie était à présent bouchée par la messagère de la mort. L’air qui l’entourait était chargée de l’odeur des livres – une odeur qu’elle adorait, en temps normal – mais aussi par l’odeur de poussière, omniprésente. Odeur dont elle faisait abstraction en temps normal. Mais là, la jeune femme faisait attention à tout, guettant le moindre signe que la vampire allait fondre sur elle et l’attaquer pour l’égorger, finalement. - De toute façon, les vampyres et les sorciers sont peut-être pas fait pour s'entendre... Dis tu vas vraiment restée comme ça là, dans la biblio? T'arrives pas à te lever? « Je pense qu’à la base, ils n’ont pas forcément une dent contre les vampires, à condition que ceux-ci n’essayent pas de les bouffer au départ ou de les transformer en poupées désarticulées. » répondit la jeune femme d’une voix sans timbre. Pour le reste, le comment elle allait se démerder pour rentrer… « Je suppose que je ferai comme la dernière fois dans la rue, mais en arrivant directement dans ma chambre pour ne pas affoler ma colocataire…»

Oui, les vampyres et les sorciers pouvaient s'entendre si les créatures aux crocs renonçaient à ponctionner chez les créatures magiques. Plus facile à dire qu'à faire, Rose s'était installée au pays des magiciens, alors forcément elle n'avait que ça à manger.
Pour tout réponse aux morsures et hypnoses, la jeune femme haussa les épaules. C'était un débat stérile, les deux ne se comprendraient jamais sur cette question. Blondie l'angélique croyait qu'elle pouvait s'abstenir voir même demander poliment avant de ponctionner, Rose ne pouvait pas non plus renoncer à manger et connaissait d'or et déjà la réponse des futurs victimes. Un non catégorique était tout à fait justifiable.

Alors la vampyre cala son dos contre une des étagères de la bibliothèque, croisa les bras, face à la petite sorcière. Cette dernière partirait comme la dernière fois, mais cette fameuse dernière fois, Rose n'avait vu que le retour à pied.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé dans la rue? Je comprend rien à ce que tu dis...

La jeune femme était bien décidé à attendre que Blondie disparaisse la première, histoire de ne pas avoir le droit à un coup bas. Non parce que la fin des hostilités ne sonnait pas la fin de la guerre et la sorcière avait de nouveau sa baguette près d'elle, et elle se débrouillerait pour la récupérer elle-même. La créature de la nuit ne voulait absolument plus toucher à ça... ce truc qui projète de la lumière après une incantation du sorcier et qui te paralyse dans la seconde.

*Truc de vicieux ça...*

Les sorciers étaient des vicieux au final... Ils jouaient avec des bout de bois qui lançaient des trucs malsains.
Rose avait reculé en s'adossant à l'étagère laissant ainsi un grand espace pour que Blondie puisse s'échapper sans être trop près de l'être qu'elle exécrait.
D'ailleurs la vampyre lui fit remarquer :

-Je suis assez éloigné, là?

Est-ce qu’elle ne pouvait donc pas partir ? Non. Il fallait qu’elle reste là, et la surveille. Comme si Isa allait tenter de s’enfuir. Comme si la sorcière allait à nouveau attaquer l’objet de ses cauchemars… Mais non. Elle ne voulait même pas approcher de la vampire. Elle ne voulait même plus attraper sa baguette en face d’elle. - Qu'est-ce qu'il s'est passé dans la rue? Je comprend rien à ce que tu dis... Isa Poussa un profond soupir. Elle allait donc être obligée, à ce point là, d’entretenir la conversation ? D’expliquer tous ses faits et gestes à l’autre ? Non. Elle refusait. Elle répondit cependant d’un ton aussi sec qu’elle en était capable dans l’état de nerfs dans lequel elle l’était : « De la magie. Mais vu comment vous risquez de vous jeter sur moi si je prends ma baguette, je préfère rester là tant que vous y êtes. » Et surtout, je refuse de te tourner le dos, connasse… ajouta-t-elle en pensées, bien contente que la créature ne puisse les percer. Une chose était claire, en tout cas, l’une comme l’autre se méfiait de celle qui lui faisait face. Ce n’était pas comme ça que les choses allaient pouvoir s’arranger.

D’ailleurs, plutôt que de partir, Roussette restait là, appuyée à une étagère et, bien qu’à une certaine distance d’Isaïah, elle était encore trop proche à son goût, car dans la même pièce, dans la même université, dans la même ville, dans le même pays, dans le même hémisphère, sur la même planète, dans la même galaxie, dans le même univers. Même si elle avait été à l’autre bout du monde, en cet instant, elle aurait été encore trop proche d’Isaïah. - Je suis assez éloigné, là? Visiblement, Rose était complètement bouchée et Isaïah lui adressa un regard consterné. Visiblement, la jeune femme n’allait pas avoir d’autre choix que de se lever. Je te hais… Je te hais de toutes mes forces, de toute mon âme… songea-t-elle alors que son regard consterné devenait aussi glacial que les terres enneigées de l’Antarctique. Mieux vaudrait pour Rose qu’elle ne recroise pas immédiatement la route de la sorcière car, si cette fois, la jeune femme avait laissé ses remords et sa peur prendre le dessus, la prochaine fois, il n’en serait pas de même. « Je ramasse mes affaires et je me casse » répondit-elle d’un ton cassant. « Ne vous avisez pas de faire un geste quand je vais ramasser ma baguette. »

Tout en ramassant le pot d’onguent – qu’elle aurait volontiers abandonné à la créature de la nuit – qu’elle rangea dans son sac et sa baguette qu’elle garda en main, elle ne détourna pas une seule fois son regard de Rose. Les prunelles de la jeune femme brillaient d’un feu mêlé de peur, de rage et de haine. Un cocktail explosif, à n’en pas douter. Mais elle savait être raisonnable. Lentement, elle se releva, les jambes flageolantes. Celles-ci n’avaient pourtant pas d’autre choix que de la soutenir. Elle refusait de rester plus longtemps en présence de ce monstre. Lentement, gardant l’épaule droite en appui sur le mur, elle recula jusqu’à la porte, gardant le bras gauche dans l’alignement de son corps, la main serrée sur sa baguette pointée vers le sol. Enfin, elle parvint à la porte qu’elle ouvrit maladroitement dans son dos et elle sortit, refermant la porte derrière elle, maudissant plus que jamais la vampire. Celle-ci put d’ailleurs apercevoir sous la porte un rai de lumière, indiquant que la magie avait agi. Isaïah n’était plus là…

Visiblement, Blondie n’avait pas compris au début que Rose resterait sur place tant que la sorcière n’était pas partie. Après le coup du sortilège de paralysie, ou d’elle ne savait trop quoi, inutile de préciser que tourner le dos pour partir n’était pas une solution envisageable. Le sentiment de n’être pas mettre de son corps était encore trop présente en elle et l’effrayait au plus au point. Cependant, dans ses paroles indiquant qu’elle ne partirait pas avant que la vampyre s’en aille, cette dernière recueillit une petite info.

*Donc, la dernière fois, elle a fait de la magie pour s’en aller. Vraiment ces sorciers, ils semblent bien fénéants pour ne pas se déplacer sans leur pouvoir.*

Rose s’était donc appuyée contre l’armoire attendant que la sorcière dédaigne sortir de la bibliothèque, et elle avait fini par comprendre que c’était elle qui devrait sortir la première. D’ailleurs, blondie indiqua qu’elle partait et menaça la jeune femme. Oh non, elle ne ferait pas un geste, sinon elles y étaient encore pour une bonne heure si la sorcière faisait des trucs abracadabrants par peur. Les épaules de la créature de la nuit tressautèrent, signe qu’elle se moquait de sa menace. Et si elle faisait un geste, qu’adviendrait-il d’elle ? La sorcière lancerait une attaque qu’elle pourrait éviter, mais après tout, l’heure n’était plus aux chamailleries et elle préféra demeurer calme pour ne pas provoquer Blondie.

Cette dernière s’en alla bientôt, emportant avec elle le pot d’ongue. Elle n’avait pas quitté des yeux la vampyre et ses jambes flageolantes indiquaient la peur, la colère peut-être, les deux à la fois surement. De toute façon, ça se lisait clairement sur le visage de la sorcière tous les sentiments négatifs qu’elle éprouvait. Rose se contenta d’attendre, les bras croisés, un sourire moqueur au coin des lèvres.

*Petite moins que rien…*

Une fois la porte fermée, Rose remarqua le rai de lumière, et haussa un sourcil. Elle se précipita pour ouvrir la porte, curieuse de ce qui se passait derrière mais tout était déjà fini et Blondie avait comme disparu… Ainsi donc la lumière indiquait peut-être une espèce de téléportation. Mais elle n’en savait pas plus que ça et franchement, ce n’était pas la soirée pour se casser la tête avec de telle histoire.

La vampyre referma la porte derrière elle, et respira l’air frais de la nuit. C’était si bon ce sentiment de liberté, ça chassait toutes les rancoeurs et la haine. Elle bondit souplement sur le toit de la bibliothèque et regarda l’ensemble de ce qui était surement une espèce d’école.

*Comme ils disent dans certains films, Hasta la vista, Blondie.*

Rose s’en alla d’un bond extraordinaire vers d’autres contrées, pour se changer les idées et oublier cette soirée forte en émotion.

FIN

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