M A D A M E - D E - B E L L E C O U R T Ϟ « Ah Monsieur de Saint-Ange enfin... rien ne pouvait me faire plus plaisir que de vous voir ici avec nous. »
N A T E Ϟ « Tout le plaisir est mien madame. », répondit le jeune homme en exécutant la révérence qu'on lui avait apprise lorsqu'il était entré à Beauxbâtons il y avait déjà sept ans de cela.

Clarence de Bellecourt était une femme d'une élégance remarquable. Le moindre geste chez elle était emprunt d'une noblesse certaine et son tempérament la plaçait parmi les personnalités les plus respectables du monde magique. Nathanaël lui devait beaucoup. Il avait été sa pupille jusqu'à sa majorité et avait toujours été dans ses bonnes grâces. Il n'y avait donc rien de surprenant à ce qu'il se trouve invité à lui rendre visite à Poudlard, lui qui était né de parents moldus, et ce malgré tous les décrets que le nouveau gouvernement britannique avait édité récemment. Il n'était pourtant pas venu sans crainte et à vrai dire, il avait surtout accepté ce caprice de vieille dame parce que cela lui permettait de voir dans quelle condition sa douce Indiana était tenue de vivre à Poudlard. Après une longue conversation, la Directrice de Beauxbâtons finit tout de même par lui donner congé non sans bien sûr avoir pris des nouvelles du jeune Duc Adler, qui avait lui aussi fréquenté Beauxbâtons et qu'elle savait très ami avec Nathanaël.

Lui qui comptait saisir sa bien aimée à la sortie des cours se voyait maintenant contraint d'aller frapper jusqu'à la porte de sa chambre, à une heure où il convenait de laisser une jeune femme à son boudoir et de ne la point déranger. Mais il doutait qu'il ait encore l'occasion de venir lui rendre visite avant les premières épreuves du Tournoi. On l'informa que la belle avait ses quartiers dans les chambrées aux Sangs Mêlés, quelques quatre cent vingt deux marches plus haut. Cela ne le découragea en rien mais une expression contrariée se peignit sur son visage comme il se demandait bien à quoi il pouvait rimer de séparer les gens en faisant fi du seul critère qui fallait encore quelque chose à ses yeux: l'excellence. Il arriva finalement devant une porte tout à fait quelconque, donna trois coups discret et attendit que l'on daigne lui ouvrir puisqu'il n'y avait pas de mot de passe.

G R E T C H E N - MC A L I S T E R Ϟ « Humpfr c'est pourquoi? Oh. Ca alors si je m'attendais. »
N A T E Ϟ «Indiana est-elle visible? », s'enquit-il en faisant un effort surmagique pour prononcer le prénom de l'être aimée sans l'écorcher de son accent français récalcitrant.

La blonde s'écarta pour le laisser passer, lui laissant découvrir, non sans stupeur, un vulgaire dortoir où les jeunes filles s'entasser dans le confort minimum. C'en était déjà trop pour lui mais il ne se découragea pas et s'aventura entre les allées de lit pour aller trouver celui qui recueillait le souffle tranquille de la jolie brunette qui lui avait ravi son coeur. Là, comme un prince qu'il était, il mit un genou à terre, écartant une mèche de cheveux de son doux visage pour la contempler un peu mieux, sans encore oser la tirer des bras de Morphée...

De toute manière ce n’était pas comme si elle avait ses frères avec elle. Comme si Nuallan était à ses côtés. Comme si Candice était dans ce dortoir. Comme si Nate était là. Elle avait quoi d’autre à faire dans ce dortoir (qu’elle ne trouvait pas si misérable ayant dormi toute sa vie avec ses frères dans un cagibi), que de dormir et attendre un autre lendemain plein de vide. Il fallait comprendre que jamais, JAMAIS, Indiana ne s’était retrouvée seule, et encore moins aussi longtemps. Alors elle ne le vivait pas bien. Elle avait perdue du poids, et son teint avait pâli au fur et à mesure que son niveau scolaire dégringolait (et oui, c’était possible de faire encore pire pour elle). Elle ne voulait qu’une chose, c’était que les professeurs arrêtent de lui mettre cette pression constante sur les épaules et de retourner dans les bras rassurants d’amour de Nate. C’était trop demander ?
Non elle ne voulait pas de réponse, elle voulait juste aller se coucher pour se préparer à affronter encore une nouvelle journée dans cet enfer qu’était devenu Poudlard. Elle qui s’était toujours beaucoup plu dans ces lieux, les prenant comme la liberté salutaire qu’ils étaient, c’était maintenant les pavés d’une prison en toc qui l’enfermait ici pour l’année entière…
Mieux valait dormir.
L’ancienne poufsouffle, nouvellement classée dans la catégorie des sang-mêlé (comme si cela avait une quelconque importance) dormait donc paisiblement quand son beau prince vint la voir en haut de la tour de son château. Elle ne se réveilla pas tout de suite, mais la caresse qu’elle sentait sur son visage lui donna un léger sourire, et ses grands yeux de biche s’entrouvrirent pour voir une image floue dans laquelle elle distinguait les traits de Nathanaël. Alors son sourire disparut et, la voix encore toute ensommeillée, la brunette lâcha dans un murmure.

« Et voilà je rêve encore. Indiana Dashwood, tu es encore plus bête et niaise que t’en à l’air ! »

Elle n’aimait pas rêver de lui, cela ne faisait que lui rappeler encore et toujours qu’il était loin d’elle, qu’elle ne le reverrait pas avant une longue année, et cela lui nouait l’estomac. Et comme Indiana avait de légères tendances à la paranoïa (comment lui en vouloir vu ses frères ?), elle allait même jusqu’à pousser le vice en pensant qu’il allait l’oublier, elle, la belle aux bois dormant, en haut de sa tour de pierre au sang mêlé.
La jeune femme se retourna alors, tournant maintenant le dos à Nate, persuadée qu’elle rêvait. En faisant cela peut être qu’elle retournerait aux abysses bienfaitrices de l’inconscience. Elle ne voulait pas penser à ce qui la rongeait déjà durant le jour quand la lumière n’était pas là pour le révéler. La nuit était son moment de repis.

Il regardait naître sur ses lèvres un sourire - elle avait un si joli sourire d'ailleurs... doucement, sa dulcinée quittait les nimbes sucrées de ses rêves pour revenir auprès de lui. Il sourit sans même s'en rendre compte alors que c'était pourtant dans son éducation de maîtriser toute expression ou signe extérieur qui aurait pu trahir son état d'esprit ou le fond de sa pensée.

Il avançait justement la main vers sa joue comme elle ouvrait les yeux. Mais le sourire d'Indiana se fana comme fleur hors d'eau et son jumeau en mourut sur les lèvres du beau français. Qu'y avait-il donc? Un léger sillon se creusa entre les sourcils de Nathanaël comme il la voyait lui tourner ostensiblement le dos. Il tombait un peu des nues, il fallait bien se l'avouer, mais trop galant pour s'emporter ou pour lui reprocher quoique ce soit, il prit sur lui pour essayer de comprendre:

« Et voilà je rêve encore. Indiana Dashwood, tu es encore plus bête et niaise que t’en à l’air ! »
« Moi qui me croyais un peu plus de substance qu'un songe... », répondit-il d'un ton affable, « Devrais-je me fâcher avec toi comme je m'emporte contre les autres quand ils te jugent à tord? Ne sois pas si dure envers toi-même ma ravissante... »

Il attendit un peu, fort de l'idée que cette fois-ci, elle aurait bien compris qu'il était bel et bien là.

« Moi qui me croyais un peu plus de substance qu'un songe... »

Indie, toujours le dos tourné à Nate, resta encore à bouder son rêve éveillé persuadée qu’il n’était pas réel, mais juste une pensée issue de son inconscient, reflet de son manque d’amour. Après tout ca lui servirait à quoi de répondre à cette pâle copie de son chéri ? Ce n’était pas le vrai, ce n’était pas ses mots, pas son sourire, pas sa voix. Certes cela aurait pu être ses mots. Complexes et distingués, pas du genre à sortir de son cerveau à elle… Non mais attendez.

« Devrais-je me fâcher avec toi comme je m'emporte contre les autres quand ils te jugent à tord? Ne sois pas si dure envers toi-même ma ravissante... »

C’était pas du tout du genre à sortir de son cerveau à elle ! L’ancienne Poufsouffle se retourna soudainement vers le beau français. Son sourire était revenu orner son beau visage de poupée, en plus grand et encore plus heureux que quelques secondes auparavant. Maintenant assise dans son lit, la brunette sautait déjà au cou de Nate (non, elle, elle ne connaissait pas les convenances des hauts de ce monde).

« Oh mon dieu Nate c’est vraiment toi !! »

Toujours collée à lui (elle se demandait déjà comment elle allait pouvoir le lâcher), la jeune femme appréciait tout simplement ce moment de retrouvaille qu’elle attendait depuis le moment même où ils s’étaient quitté sur le quai 9 ¾. Elle se recula légèrement, pour mieux le dévorer des yeux. Parce que clairement ca faisait trop longtemps qu’elle ne l’avait pas vu. Et quand elle ne câlinait pas, comme d’hab, Indie parlait. Beaucoup.

« Mais qu’est ce que tu fais là ? Comment tu as pu entrer à Poudlard ? Comment tu vas ? Comment va le chat ? »

Il se laissa surprendre comme toujours quand elle sauta à son cou. On ne l'avait pas élevé comme ça. Il était déjà énorme pour lui d'avoir poussé jusqu'à entrer dans un dortoir rempli de jeunes filles, pire encore pour faire étalage de ses sentiments pour la plus magnifique d'entre elle. Mais ce n'était encore rien de montrer qu'il l'aimait. Montrer qu'il était faible face à leur séparation, au point de n'avoir pas la patience d'attendre que l'hiver arrive et les vacances avec... Montrer qu'il craignait pour son bien être... ça c'était tout de même s'abaissait beaucoup plus que son éducation ne le lui permettait. Mais qu'importait. La voir sourire, la sentir contre lui c'était tout ce qui comptait.

« Oh mon dieu Nate c’est vraiment toi !! »
« Bien sûr que c'est moi. », répondit-il posément parce qu'il avait beaucoup plus de réserve que sa douce Indiana.
« Mais qu’est ce que tu fais là ? Comment tu as pu entrer à Poudlard ? Comment tu vas ? Comment va le chat ? »
« Le chat va bien. C'est pour toi que je m'inquiète. Je ne peux pas laisser qu'on te fasse vivre dans des conditions aussi infâmes. Regarde moi cet endroit, le grand cachot paraît plus reluisant dans mes souvenirs.»

Clairement la situation l'agaçait. Il en oubliait même ce qu'il avait à lui dire au début.

« As-tu mangé au moins? Tu es si pâle. Tu n'es pas malade au moins? »

L'affluence de questions traduisait bien suffisamment son inquiétude, et la manière dont il la détaillait et tenait son visage entre ses mains également.

« Le chat va bien. C'est pour toi que je m'inquiète. Je ne peux pas laisser qu'on te fasse vivre dans des conditions aussi infâmes. Regarde moi cet endroit, le grand cachot paraît plus reluisant dans mes souvenirs. As-tu mangé au moins? Tu es si pâle. Tu n'es pas malade au moins? »

La tête entre les mains de Nate, Indie l’avait rarement vu aussi inquiet. L’ancienne Poufsouffle ne comprenait pas vraiment pourquoi, après tout maintenant qu’elle l’avait à ses côtés, elle ne voyait pas pourquoi on pouvait s’inquiéter de quoique ce soit. Elle qui avait passé des mois à se morfondre, c’était un comble qu’elle pense ainsi maintenant… Et après tout, il devait avoir raison, c’est vrai qu’elle devait avoir une tête à faire peur, si seulement elle avait su qu’il venait, elle se serait mieux arrangée que ça… La brunette se sentit maintenant mal à l’aise. Elle aurait aimé qu’il la voit dans un autre cadre que ce dortoir. Quoi qu’elle n’avait pas à se plaindre, après tout elle était mieux lotie que les « sang de bourbe ». Oui, c’était ça elle n’avait pas à se plaindre.
Les mains sur les genoux, le regard bas, Indie se tortillait alors qu’elle disait à son grand amour d’une petite voix mal à l’aise que, vraiment, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter.

« Oh tu sais… c’est pas si mal que ça en fait. Enfin, je veux dire, ça aurait pu être pire. »

La vérité ? Elle ne voulait plus rester ici, dans cet endroit et loin de lui. Mais elle ne voulait pas qu’il le sache. En fait c’était un principe chez Indie que personne ne s’inquiète pour elle. Elle ne voulait pas être une source de soucis, car, bien évidemment, le seul bonheur qui comptait était celui des autres. Alors la jeune femme releva la tête pour regarder son chéri et lui offrir un grand sourire tandis qu’elle ne pouvait se retenir d’entourer son cou avec ses bras.

« Je suis vraiment contente que tu sois là, tu sais. »

« Oh tu sais… c’est pas si mal que ça en fait. Enfin, je veux dire, ça aurait pu être pire. »

Il n'était pas vraiment convaincu. Du peu qu'il avait vu, et autant dire qu'il n'avait rien vu, Poudlard était devenu un enfer. Un bagne de pauvres gens qui n'avaient absolument rien fait pour mériter leur sort. Il lui paraissait à lui inconcevable de laisser l'élue de son coeur croupir ici jusqu'aux prochaines vacances (il ne comptait pas que la Directrice de Poudlard avait également supprimé le concept de vacances scolaires d'ailleurs). Petit à petit, l'idée faisait son chemin dans sa tête, qu'il allait repartir avec elle et ne plus jamais la ramener dans cet endroit maudit. Même tout gentleman qu'il était, il était prêt à ne pas lui laisser le choix si elle continuait à se complaire dans des conditions de vie si misérables.

« Pire? Mais tu n'y penses pas mon amour; Pour que ce soit pire il faudrait qu'on vous batte, ce qui, j'ose espérer, n'est pas encore près d'arriver. »

On allait sans aucun doute le détromper bien vite sur ce point. Ici, depuis la rentrée, les punitions corporelles étaient de retour, avec leur lot de pleurs et de gémissements douloureux. Bleus et coquards faisaient le quotidien des élèves disgraciés à Poudlard.

« Je suis vraiment contente que tu sois là, tu sais. »
« Rien ne pourrait me rendre plus heureux que d'être ici auprès de toi et de te savoir heureuse. »

Menu détail qui faisait toute la différence puisqu'il doutait fortement, à en juger par la pauvre mine qu'avait son Indiana, qu'elle pût vraiment être heureuse dans un pareil endroit. Peut-être même qu'elle pleurait en songeant à des jours meilleurs...

« Pire? Mais tu n'y penses pas mon amour; Pour que ce soit pire il faudrait qu'on vous batte, ce qui, j'ose espérer, n'est pas encore près d'arriver. »

Gloups. Indie baissa la tête et laissa un rideau de cheveux cache son visage qu’elle savait trop expressif pour pouvoir cacher la vérité à Nate. Les châtiments corporels avaient été réintroduits à Poudlard cette année. Indie avec son attention plus que sporadique et ses notes plus que pitoyable avait l’habitude des nouvelles punitions maintenant. Si elle pouvait éviter que Nate soit au courant de ce petit détail, ce serait encore le mieux, il semblait être plutôt en pétard de voir dans quel milieu elle vivait. Et elle n’avait pas envie qu’il soit en pétard, ca non…

« Rien ne pourrait me rendre plus heureux que d'être ici auprès de toi et de te savoir heureuse. »
« Heureuse… Et bien tu sais… Si le dortoir me dérange pas… Mes frères me manquent. Et toi aussi. »

Toujours la tête basse, Indiana avait eu du mal à des ces quelques phrases. Et pour cause, les larmes avaient remplies ses yeux, et surtout ces mots étaient plus difficiles à prononcer à voix haute que dans sa tête. Le décor, les punitions, elle s’en foutait pas mal. Elle, elle voulait juste ne pas être seule. Les larmes coulaient maintenant le long de son nez, vu qu’elle avait encore le visage baissé, caché dans ses cheveux. Ce n’était pas la première fois qu’elle pleurait devant le lui. La dernière fois qu’ils s’étaient vus c’était déjà ca. Mais elle aurait voulu pouvoir les retenir maintenant qu’ils étaient ensemble. Sauf qu’elle venait enfin de comprendre que bientôt ce serait comme avant… Il allait la laisser là, seul.

Nathanaël de Saint-Ange n'était pas un le genre de garçon qui impressionnait par son physique. Il n'était pas non plus assez méchant pour faire peur. Il ne tirait jamais la gueule comme son cousin très éloigné Tanys de Saint-Ange. Il ne se transformait pas en créature des ténèbres comme sa cousine Ombeline, si gentille quand on la connaissait. Oui c'était vrai, avec son air de gentil prince charmant Nathanaël de Saint-Ange n'impressionnait guère. On s'émerveillait de ses bonnes manières ou on en riait. Il laissait dire mais mine de rien, si tout cela lui était égal, il avait le bras plus long qu'on aurait cru.

« Heureuse… Et bien tu sais… Si le dortoir me dérange pas… Mes frères me manquent. Et toi aussi. »

Il n'avait pas besoin qu'elle le lui dise. Ô étonnante grâce de cette femme qui pleurait devant lui, touchante et pudique à la fois. Comme si le français pouvait ne pas céder devant tant de sincérité. Il lui prit doucement les mains et se leva, adressant un sourire aux autres. Déjà il ne voulait pas qu'on la vît pleurer mais surtout, il avait décider de ne pas la laisser là et il ne voulait pas disparaître devant tout le monde.

La main d'Indiana serrée doucement dans la sienne, il l'entraîna dans le couloir avant de poser ses lèvres sur son front.

« N'aies pas peur... je ne te laisse pas une seconde de plus ici. », un sourire et la jeune fille disparaissait à la vue de tous. C'était une extension de son don d'evanesmagus dont il ne parlait pas souvent, « Gardes bien ma main dans la tienne, personne ne peut te voir. », fit-il en prenant la direction des appartements de Madame de Bellecourt.

Indiana avait juste sentit la main de Nate la guider tendrement vers le couloir. Elle l’avait suivi en grosses chaussettes (pauvres chaussons lapin qui étaient morts avec l’inquisition de l’Abominable Grey). Elle avait toujours la tête basse, mais la brunette devait avouer que la curiosité séchait peu à peu ses larmes. De toute manière elle pleurait tellement souvent qu’elle n’avait presque plus de larmes à donner. Une fois dans le couloir, elle ne savait plus si c’était la curiosité ou la peur de comprendre ce qu’était sur le point de faire Nate qui séchait ses larmes.

« N'aies pas peur... je ne te laisse pas une seconde de plus ici. »
« Hein ? Mais Nate… »

Elle avait bien deviné pour une fois. Indie, bien que l’idée de s’enfuir avec Nate lui fasse plus que plaisir, ne pouvait pourtant pas empêcher la boule de pure brute dans son estomac de grossir. Et pour cause, elle ne pensait qu’à une seule chose : ce qu’on leur ferait si on les attrapait. L’ancienne poufsouffle ne voulait même pas l’imaginer… Et pourtant son imagination échappa à son contrôle. La main toujours dans celle de Nate, elle se mit à trembler légèrement à cette idée. Elle n’était pas courageuse elle, c’était une vraie froussarde même, et elle avait peur.

« Gardes bien ma main dans la tienne, personne ne peut te voir. »

Une fois qu’il eut dit cela, non seulement Indie lui serra la main plus fort mais en plus sa main libre vint se poser sur celle du jeune homme en plus de celle qu’il tenait déjà. On était jamais trop sur… Ils commencèrent à avancer, et Indie, collée à Nate pour cause de peur inconsidérée, ne put s’empêcher de dire dans un murmure presque imperceptible.

« Nate… On ne devrait pas. Si jamais ils nous attrapait, on… »

Et ils faisaient quoi aux déserteurs ? Si ils venaient carrément la trouver une fois qu’elle était dehors ? Et si ils la tuaient. Il étaient capables de tout, non ?

« On ne devrait pas. »

« Nate… On ne devrait pas. Si jamais ils nous attrapait, on… »

Dans ce genre de moment il regrettait de ne s'être jamais intéressé plus que ça à la legilimancie. Faire remarquer à Indiana qu'en parlant elle aggravait leurs chances de se faire remarquer aurait cruellement manquer d'élégance. Il se contenta donc de ne pas répondre dans l'immédiat.

Au moins la pression sur sa main lui indiquait qu'elle ne prenait pas la décision de faire machine arrière. Il répondit en serrant doucement sa main pour la rassurer. C'était à lui d'endosser ce genre de responsabilité, du moins c'était ainsi qu'on l'avait élevé. Il n'était pas question pour lui de laisser sa chère et tendre aux mains de ses tortionnaires. Lui aussi savait parfaitement bien à quoi il s'exposait si on les prenait et, bien qu'il ait eu la protection de la Directrice de Beauxbâtons (ce qui n'était pas rien), il sentait son coeur battre à tout rompre à chaque fois qu'ils prenaient un tournant.

« On ne devrait pas. »

Nate hâta le pas et s'engouffra par la première porte qu'ils rencontrèrent sans se douter que c'était la fameuse salle sur demande. Enfin il s'en rendit vite compte lorsqu'ils se retrouvèrent face à un entassement de choses. Il avait eu besoin d'un endroit où personne ne viendrait les chercher, c'était gagné. Du moins apparemment. Là, il lâcha la main d'Indiana et posa son front contre le sien.

« N'aies pas peur Indiana, tu dois me faire confiance. Je... j'y ai longuement réfléchi. Nous pourrons quitter le pays d'ici quelques jours tout au plus, tu ne manqueras jamais de rien. Tu seras en sécurité je t'en fais la promesse. Tous les jours que Dieu fera je les emploierai à faire ton bonheur, à te chérir, à te garder de tous les maux. Je t'en conjure aies confiance en moi Indiana...»

Elle aurait pu mourir d’une crise cardiaque tellement la peur lui faisait s’emballer le cœur. Indiana aurait pu se rendre compte toute seule que parler n’était pas une bonne idée, n’importe qui s’en serait rendu compte. Mais déjà qu’elle n’était pas rapide au naturel, cette peur ne l’aidait en rien à se mettre les idées en place.
La brunette ne savait pas vraiment où ils étaient, elle n’avait pas fait attention à la direction qu’ils avaient emprunté, trop occupée à vérifier qu’ils étaient seuls dans ses couloirs qui n’avaient jamais auparavant eu l’air si inquisiteur. Elle suivit Nate dans une pièce, et ne comprit pas qu’ils étaient dans la salle sur demande. Elle était presque dans un état second à cet instant-là. Ce n’est que le contact du front du français sur le sien qui la fit revenir à la réalité, et elle l’écouta, sentant la panique monter en elle au fur et à mesure qu’il lui parlait.

« N'aies pas peur Indiana, tu dois me faire confiance. Je... j'y ai longuement réfléchi. Nous pourrons quitter le pays d'ici quelques jours tout au plus, tu ne manqueras jamais de rien. Tu seras en sécurité je t'en fais la promesse. Tous les jours que Dieu fera je les emploierai à faire ton bonheur, à te chérir, à te garder de tous les maux. Je t'en conjure aies confiance en moi Indiana...»

Tout cela n’avait aucun sens. Absolument aucun sens. Indiana n’aimait pas se sentir encore plus perdue qu’à son habitude. Elle avait l’impression que des choses importantes faisaient leur route dans son dos sans prendre la peine de lui expliquer. Elle ne comprenait rien. L’ancienne poufsouffle fronça les sourcils, et elle se recula légèrement. Ce qu’il venait de lui dire la perturbait de toute évidence.

« Je comprends pas… Tu veux… quitter l’Angleterre ? Mais… Pour aller où ? Et… et tes études ? »

C’était fou. Nate ne pouvait pas tout abandonner comme ça. Lui qui travaillait tellement. Elle ne savait pas si il venait de décider ça juste parce qu’il avait décidé de la sortir d’ici, mais Indie mesura soudainement toute la folie de ce qu’ils faisaient maintenant. Il ne pouvait pas tout laisser tomber pour elle, ni risquait sa vie pour elle. Elle n’en méritait pas tant.

« Nate je te fais confiance, plus quand n’importe qui, même plus qu’en mes frères mais… Mais ça me fait flipper. Nate, c’est trop dangereux. Je devrais rester là. Si ils te tombent dessus… »

Elle avait bien tenté de se retenir de pleurer, mais c’était trop pour elle. Et si il se faisait tuer à cause d’elle. Elle lui faisait entièrement confiance, oui, mais c’était de la pure folie…

« Je comprends pas… Tu veux… quitter l’Angleterre ? Mais… Pour aller où ? Et… et tes études ? »
« L'Angleterre n'est pas une fin en soi Indie je te jure. J'ai... je n'ai pas besoin d'Ealdwic pour faire mes études. »

Et c'était vrai, même déshérité il restait quelqu'un d'assez important pour que ça lui ouvre des portes et pas n'importe lesquelles. Il savait aussi bien travailler dur pour obtenir ce qu'il voulait. Ca ne lui faisait pas soucis. Il ne fallait pas qu'elle freine des deux pieds quand lui était prêt à tout...

« Nate je te fais confiance, plus quand n’importe qui, même plus qu’en mes frères mais… Mais ça me fait flipper. Nate, c’est trop dangereux. Je devrais rester là. Si ils te tombent dessus… »
« Mais sois rationnelle… », gronda-t-il le plus bas possible, Rester ici? Mais il n'y a rien pour toi ici. Ils te maltraitent et moi je ne peux pas le supporter Indiana. Alors même si tu refusais de me suivre moi je ne te laisserai pas ici. Ne me rend pas les choses plus compliquées, elles le sont déjà bien assez. Ne te mets pas contre moi. Plus on perd de temps ici plus on a de chance de se faire tomber dessus. Alors partons vite, s'il te plait.

Il ne plaisantait pas le moins du monde. Si elle refusait...

« L'Angleterre n'est pas une fin en soi Indie je te jure. J'ai... je n'ai pas besoin d'Ealdwic pour faire mes études. »
« Mais… »

Des fois elle aurait aimé pouvoir aller chercher directement dans la tête des autres les réponses à ses questions… Parce qu’elle savait que lorsqu’elle était perdue comme ça, elle était encore plus ente que d’habitude et malheureusement des jours comme celui-ci, elle ne pouvait pas s’offrir le luxe d’attendre que la lumière se fasse dans sa tête. Et Nate, bien qu’il soit l’homme le plus patient du monde, ne semblait pas pouvoir lui donner de réponse maintenant. Elle aurait juste voulu comprendre…

« Mais sois rationnelle… Rester ici? Mais il n'y a rien pour toi ici. Ils te maltraitent et moi je ne peux pas le supporter Indiana. Alors même si tu refusais de me suivre moi je ne te laisserai pas ici. Ne me rend pas les choses plus compliquées, elles le sont déjà bien assez. Ne te mets pas contre moi. Plus on perd de temps ici plus on a de chance de se faire tomber dessus. Alors partons vite, s'il te plait. »

Indie baissa doucement la tête et regardait maintenant ses pieds. Elle prit quelques instants pour passer outre sa peur. Plus que de craindre ce qu’il pouvait lui arriver, si Nate se faisait attraper il ne s’en sortirait pas. Sa raison, contrairement à la raison de Nate, lui disait tout simplement que c’était trop dangereux, qu’il risquait beaucoup trop lui et cela juste pour elle. Et surtout ce qu’il lui avait dit lui avait retourné le cerveau. Ces histoires de partir à l’étranger et tout le reste… Ca la déboussolait. Mais l’ancienne poufsouffle faisait aveuglement confiance à Nate, et s’en voulait de leur avoir fait perdre du temps avec ses histoires de lenteur. Alors elle prit de nouveau sa main et dit à mi-voix.

« D’accord, Nate, on y va... »

La jeune femme se rapprocha du français et lui emboita le pas en silence dans les couloirs sombres et humides de Poudlard.

Il n'aimait pas avoir à se montrer ferme, surtout pas avec elle. Avec sa petite mine mi-contrite mi-désolée, Indiana avait une beauté quasi... virginale. Une icône biblique irradiant de candeur. Comment ne pouvait-il pas s'en vouloir de la brusquer ainsi? Son côté chevaleresque mis à mal, il posa ses lèvre sur la joue d'Indiana avec une grande tendresse mais surtout beaucoup de retenue avant de lui prendre la main et de l'entraîner à sa suite dans les couloirs qu'il semblait tout d'un coup connaître comme sa poche.

Une porte s'ouvrit devant eux. Ca aurait pu être n'importe qui. Le pire aurait pu se passer. Pourtant Nahanaël ne semblait pas se laisser démonter. Il s'y engouffra entrainant Indiana avec lui.

La porte se referma les laissant seuls dans une pièce luxueuse et bien chauffée avec pour seul vis à vis une femme à l'air sévère et guindé. Pourtant, son visage se transforma tout de suite après qu'elle a poussé un long soupir de soulagement.

-J'ai cru que vous n'y arriveriez jamais Nathanaël. C'est donc mademoiselle?

Il acquiesça presque timidement serrant un peu plus la main d'Indiana dans la sienne. L'instant d'après, ils franchissaient la cheminée avec la bénédiction de la directrice de Beauxbâton. Voilà. C'était fait.