Une journée de travail de plus venait de s'écouler. Une journée banale, où Taylor avait du s'échiner à trouver un sujet sur lequel écrire, sans succès. La période de terreur instaurée sur le monde faisait fuir les gens qui d'habitude auraient pris plaisir à se faire interviewer. Désormais de nombreux journalistes utilisaient des sortilèges afin de soutirer des informations, mais la jeune femme n'arrivait pas à s'y résigner, stupide sens de l'éthique! Elle finit par rentrer chez elle le pas lourd, attristée par ces temps sombres qui régnaient sur Londres. Elle gravit les trois étages d'escaliers qui la séparait de son appartement sans trembler, sur la pointe de ses talons. En poussant la porte, elle aperçut dès le premier regard une chouette grise derrière la fenêtre de la cuisine, et la reconnut aussitôt. C'était la chouette de Maël, un ami d'enfance. Avec précaution, pour ne pas se faire mordre un doigt, elle décrocha le petit bout de parchemin attaché à la patte de l'oiseau.

Citation :

« Bonjour ma belle Aphrodite, j’ai un cœur tumultueux qui demande des conseils. Peux-tu me rejoindre et étudier son cas au refuge ?
Ton serviteur dévoué. »

Malgré elle, la jeune femme éclata de rire. Maël était la personne qu'elle connaissait depuis son enfance, un peu comme sa seule famille. Il avait grandi à côté de sa maison, dans une campagne tranquille. Taylor était fille unique, et petite, elle enviait toujours la maison d'à côté, où il y avait toujours du bruit, du mouvement. Quant à elle, même si elle adorait ses parents et réciproquement, ils travaillaient beaucoup et n'étaient pas souvent là pour leur fille. Pour s'occuper, elle passait la journée à sautiller dans le jardin, courant dans tout les sens, conversant avec les escargots, et tentant de voler avec les papillons de toute les couleurs. Et puis voilà, un jour elle aperçoit de plus en plus souvent ce petit garçon de l'autre côté de la haie. Il doit avoir deux ou trois ans de moins qu'elle mais pourtant, Taylor est si petite de taille, qu'on ne pourrait pas distinguer de différence réelle entre eux deux. Rapidement, ils deviennent amis, même si ils ne le savent pas. Elle joue toujours dans le jardin, mais elle joue un peu aussi pour le garçon qui reste assis à l'observer, comme pour compenser sa timidité qu'il l'empêche de l'inviter dans son beau jardin aux papillons. Comme pour compenser son impuissance face à ce père qui semble si méchant envers Maël, oui c'est ainsi qu'il s'appelle, le petit voisin.

En se remémorant tout ces beaux souvenirs qui forgèrent son enfance, Taylor se change rapidement. Elle doit partir bientôt, pour retrouver son beau Maël, qu'elle n'a pas vu depuis longtemps. Et aussi pour éviter de croiser Charly, qui comprendrait sans doute mal la relation qu'elle entretient avec ce tout jeune homme qu'on pourrait croire sorti d'un shooting de mannequins. Elle troque sa jupe contre un jean, et s'élance dans les escaliers, réalisant une minute trop tard que si elle devait courir, elle allait devoir le faire avec des talons de 10 centimètres, pas marrant. Finalement, elle arrive rapidement dans ce bar qu'elle a l'habitude de fréquenter, ses jours de congés ou de vacances. L'intérieur est confortable, des couleurs chaudes, comme exotiques, des grosses banquettes vintage autour des tables, et des rideaux légers un peu de partout. Soudain elle l'aperçoit au fond de la pièce, et elle sourit, parce qu'il a grandi, et qu'il est devenu encore plus beau qu'avant, plus musclé. Elle réalise qu'il est devenu un homme et elle sourit un peu en pensant à toute les têtes qu'il doit faire tourner à la fac. Lorsqu'elle arrive à sa hauteur, elle doit se hisser sur la pointe des pieds, malgré ses talons, pour pouvoir atteindre sa joue. Elle est tellement heureuse de le retrouver qu'elle s'en fiche, qu'il soit devenu si grand, ça lui fait même plaisir. « Comment tu vas, ma jolie Taylor ? C’est tellement agréable de te revoir. ».

La jeune femme s'assit en souriant encore, mais un petit sourire, parce qu'elle ne veut pas faire trop cruche, encore. Une fois assise, elle le détaille encore une fois. " Eh bah dis donc, mon Maël, tu dois en faire chavirer, des coeurs, à Ealdwic! ". Elle appelle le serveur d'un geste de la main assortit d'un beau sourire, et se retourne vers son ami. " Comment vas-tu alors, petit prince? "