Deux petits coups francs sur une porte en bois. De l'autre côté, Nymphadora Slayers, momentanément devenue auditrice libre à plein temps, une pochette multicolore serrée contre elle. Elle sortait tout juste de son cours d'arts plastiques. Une trace de peinture orange sur sa joue en apportait d'ailleurs la preuve. Mais elle ne l'avait pas vue. La vérité c'était qu'elle s'était tellement précipitée en quittant le cours... mais elle voulait avoir une petite chance de ne pas manquer Dak' entre le moment où elle, sortait de cours et où lui quitter son appartement pour s'y rendre. La veille et l'avant-veille elle était tombée sur Santos qui avait tout de suite eu l'air de s'imaginer des trucs.

Le plus drôle dans tout ça c'était qu'avant cette histoire au ministère, il y aurait eu tout lieu de donner raison au cousin de Dakota Almadovar. Maintenant la donne était différente. Elle avait comme qui dirait grandi d'un seul coup. Pas que l'hispanique ne lui plaisait plus, loin de là. Et puis elle savait très bien qu'elle aurait toujours un faible pour le meilleur ami de son frère. Seulement maintenant elle pouvait lui parler en le regardant droit dans les yeux sans penser "oh mon dieu j'espère qu'il ne va pas voir que je suis rouge comme une tomate", tout simplement parce qu'elle ne rougissait plus comme une petite gamine timide. Elle pourrait écouter ce qu'il lui dirait d'un bout à l'autre, vraiment l'écouter, sans pour autant être mal à l'aise.

Elle attendait dans le couloir, regardant autour d'elle pour passer le temps.

N Y M P H ' Ϟ « Hey salut. J'ai pas eu l'occasion de te remercier correctement pour l'autre fois alors... j'suis venue. », simple comme bonjour.

Aujourd'hui, comme pour certains jours dans l'année, c'était un jour sans cours. Oui, il y avait des jours comme ça, durant l'année scolaire, où Dakota decretait qu'il n'avait pas besoin d'y aller, et qu'il fallait qu'il se repose un minimum. C'était une excuse pour pouvoir sécher les cours qui ne marchait avec personne, mais au moins, il en avait une. Avec son cousin, Santos, ils avaient mis au point cette journée afin de pouvoir faire autre chose que d'aller en cours pour voir les mêmes têtes de cas sociaux, et tutti cuanti. L'hispanique mettait un point d'honneur à célébrer cette journée les Lundi, ou les Vendredi afin de bénéficier d'un Week-end de trois jours. Comprendra qui peut comprendre, même sous ses airs et ses façons de faire mâture, Dakota restait tout de même un étudiant. Et comme tous les étudiants qui se respectent, il fallait bien sécher des cours de temps à autres.

Après avoir dormi jusqu'à 12h, il fut réveiller par Santos qui venait d'ouvrir les rideaux de sa chambre en grand, laissant le soleil l'éblouir dans son entier. La tête dans le cul, les yeux à moitié-ouvert, il s'était redressé quelques instants afin de regarder son cousin, puis le réveil, avant de se replonger dans ses coussins, tout en veillant bien à y cacher sa tête de cette lumière si handicapante pour toute tentative de se rendormir. Santos ouvrit la fenêtre, puis il se retourna et s'écria : « J'ai un problème, et j'ai besoin de toi. Donc, même si t'es fatigué, j'm'en fou, tu vas m'aider. » Dakota soupira. Santos l'insulta avant de tirer la couette. Dakota poussa ses coussins avant de se redresser comme si le poids du monde était sur ses épaules. « Quoi ? » Santos lui lança un regard blasé, tandis que Dakota secouait la tête avant de se lever pour attraper un tee-shirt qu'il enfila tout en sortant de la chambre. « Tu crois que je dois faire quoi pour un second rendez-vous ? » Dakota s'arrêta en plein milieu du couloir, Santos lui rentrant dedans. Il se retourna, regardant son cousin de bas en haut, de haut en bas, puis il lui demanda en nahualt, teinté de reproche. « Tu me réveils pour ça ? » Santos haussa les épaules. Dakota soupira encore une fois, avant de se diriger vers la cuisine où il se versa un bol de café qu'il ingurgita dans la foulée. Il s'assit à table, attrapant un morceau de pain sur la table, tandis que Santos lui passait la confiture à l'orange. « C'est que... Habituellement, je ne fais jamais de second rendez-vous. »

Le regard de Santos criait au secours. Dakota eut un petit sourire tandis qu'il badigeonnait sa tartine d'une épaisse couche de confiture à l'orange, et il lui répondit : « Faut que tu la fasses au feeling, Santos. Y a pas de secret là dessus. Si tu prévois tout dans une relation qui débute, ça va finir à l'eau, cette histoire. » Santos n'était visiblement pas rassasié par cette réponse tout simplement bateau. Pourtant, Dakota avait raison. Si bien sûr, on avait son point de vue. « En faites, j'aurais pas du te réveiller. » Pour toute réaction, Dakota lui balança sa tartine à moitié manger dans la gueule.

[...]

La journée à rien faire. C'était vivifiant. Dakota avait cependant prit ses cours qu'il lisait sur le large fauteuil. Il y a deux jours, il avait dit au revoir à Ana-Lucia, et il y a trois jours, il s'était disputé violemment avec son meilleur ami, William après avoir sauvé sa soeur de la noyade. Il posa son cours devant lui, tandis qu'il s'installait correctement dans l'angle, posant ses bras sur le coude du fauteuil et sur le dossier de ce dernier. Il eut un sourire tandis qu'il observait l'alliance qu'il portait toujours, avant de finalement, la retirer. Il se redressa, sortant du canapé pour se diriger vers une commode. Ouvrant le tiroir, il la posa dedans, avant de refermer. Soupirant, et attendant quelques secondes, il finit par s'en éloigner. Au moment où il s'assit, il entendit quelqu'un taper à la porte. Dakota se redressa, se demandant bien qui ça pouvait être.

« Hey salut. J'ai pas eu l'occasion de te remercier correctement pour l'autre fois alors... j'suis venue. » Dakota ouvrit la porte en grand, tandis qu'il appuyait un bras sur l'encadrement de la porte, un sourire aux lèvres. Il s'écarta, l'invitant à entrer. « Vas-y, rentre. » Dakota referma la porte derrière eux. L'hispanique la laissa se rendre dans le salon, la suivant de près, tandis qu'il lui disait : « C'est vrai qu'avec ce qui c'est passé après... » Il eut un petit sourire plein d'excuse. Nymphadora pouvait noter qu'il n'y avait plus aucune tristesse dans son regard. Comme si il était enfin en paix avec lui même.

D A K ' Ϟ « Vas-y, rentre. »

Elle eut un petit sourire mais ne se fit pas prier plus que ça. Il y avait une frontière entre être bien élevée et friser le ridicule. Malgré tout elle demanda:

N Y M P H ' Ϟ « Je dérange pas hein? »

Le nez en l'air, un petit sourire sur les lèvres, elle regardait tout autour d'elle. Presque comme si elle c'était la première fois qu'elle venait. Puis après deux secondes, elle se retourna vers Dak.

N Y M P H' Ϟ « J'ai pas eu l'occasion de te remercier correctement pour l'autre fois alors... j'suis venue. »
D A K ' Ϟ « C'est vrai qu'avec ce qui c'est passé après... »

Elle passa la main dans ses cheveux, un peu gênée. Elle se rappelait parfaitement bien ce qui c'était passé la dernière fois. Et d'ailleurs à la maison, l'affaire n'était pas digérée. Ca ne risquait pas quand on voyait le tempérament de William et celui de son meilleur ami. Mais ce n'était pas pour autant que Nymph' avait l'intention de se mettre au milieu.

N Y M P H' Ϟ « Oui hum... c'est le genre de truc qui arrive mais dont on se passerait bien. Enfin avec Will on se dispute assez souvent ces derniers temps. Même si... ça à rien avoir avec... 'fin t'as compris. », le fait était qu'elle ne voulait justement pas revenir sur le sujet de la dispute. Par égard pour lui disons... « Ça va toi? », finit-elle par poursuivre.

Il avait l'air particulièrement détendu. Très différent de ce qu'elle avait pu voir ces derniers mois.
Elle eut un petit rire amusé comme une idée stupide lui passait par la tête.

N Y M P H' Ϟ « Ne me dis pas que c'est le bon air de la vieille Europe qui te fait cet effet là? »

Elle n'avait toujours pas remarqué la trace de peinture orange qu'elle avait sur la joue.

« Oui hum... c'est le genre de truc qui arrive mais dont on se passerait bien. Enfin avec Will on se dispute assez souvent ces derniers temps. Même si... ça à rien avoir avec... 'fin t'as compris. » Dakota eut un petit sourire gêné, mais il ne s'étalerait pas sur ce sujet-là avec la soeur de l'intéressé, même si il la tenait en respect. Il y avait des choses dont il ne fallait pas discuter avec tout le monde, surtout sur ce genre de dispute étant donné que, parfois, cela pouvait faire plus de dégâts qu'autre chose étant donné les circonstances, et surtout la subjectivité de tous les facteurs qui avaient été pris en compte. Santos était carrément passé au dessus. Il savait que Dakota finissait toujours par vouloir accorder le pardon à la personne avec qui il avait des différents. Dakota l'homme avec une conscience à la con. Une conscience qui lui pourrissait la vie. Et quand l'hispanique lui avait fait la remarque que ça s'appliquait également à lui, Santos comprit à quel point il n'avait jamais réellement fait attention à ses propres sentiments. « Ça va toi ? » Dakota hocha la tête. « Ouais, j'ai... Oui, en faites, ça va bien. » Il eut une moue amusée, visiblement surpris de se sentir bien après avoir passé quelques mois le cœur lourd et plein de reproche à son égard.

Elle rentra comme il l'invita à le faire, allant dans le salon derrière elle. « Ne me dis pas que c'est le bon air de la vieille Europe qui te fait cet effet là ? » Dakota s'assit, ou plutôt s'avachit dans le canapé où il était assis, entreprenant à ranger ses affaires scolaires. « Disons que... Que j'ai chassé mes vieux démons. Alors tout va bien. » Il releva le regard vers elle, s'apercevant d'une trainée de peinture orange. Il sourit, lui signalant : « T'as de la peinture, là. » Il fit apparaitre un mouchoir humide via sa baguette et il s'approcha d'elle pour le lui retirer avec une certaine douceur. « Voilà... » L'ambiance sembla devenir bien plus intime en l'espace de quelques secondes. La température augmenta sensiblement, et le don / malédiction de Dakota sembla jouer de cette intimité pour accentuer son charme qui n'en avait pas vraiment besoin de par son sang.

« Disons que... Que j'ai chassé mes vieux démons. Alors tout va bien. »

Elle sourit comprenant sans vraiment avoir le détail de ce qu'il voulait dire précisément. Mais elle ne demanderait pas, encore une fois par égard. Il y avait des situations où il ne valait mieux pas fouiner de trop et comme elle n'était pas son frère, elle s'abstint sans mal.

Elle le vit qui observait quelque chose sur sa figure, fronça un peu les sourcils, l'air de se demander si quelque chose clochait.

« T'as de la peinture, là. »
« Ah euh... c'est rien, mon cours d'art plastique. Pendant une seconde j'ai cru que j'avais une chauve-furie en plein milieu de la figure. » , elle eut un petit rire mélodieux et le regarda faire comme il approchait avec un petit mouchoir.

Elle tendit la main mais ce n'était pas ce qu'il avait en tête, et comme il était déjà en train de lui essuyer la joue, elle le laissa faire, un brin mal à l'aise quand même. Elle ne rougit pas, ce qui était sacrément étonnant mais ses yeux glissèrent vers le plafond.

« Voilà... »
« Ahem... merci. » , elle eut un petit sourire en coin malicieux et s'éclaircit à nouveau la voix, « ... ton thermostat vélane est un brin trop haut pour moi là. » , elle recula d'un pas et eut un petit sourire amusé, « Ça doit pas être toujours évident non? » , demanda-t-elle.

Évidemment elle l'imaginait devoir trouver toutes les manières de capter l'attention des gens quand il parlait pour pouvoir être sûr qu'on l'écoutait plus qu'on ne bavait. Et si ça marchait chez elle, ça devait marcher sur des filles plus superficielles alors ce n'était pas bien difficile de faire le calcul.

« Ahem... merci. » Elle eut un petit sourire en coin malicieux et s'éclaircit à nouveau la voix. « ... ton thermostat vélane est un brin trop haut pour moi là. » Elle recula d'un pas et eut un petit sourire amusé, « Ça doit pas être toujours évident non ? » demanda-t-elle. Dakota soupira, se concentrant sur la boîte à image, comme pour penser à autre chose. Doucement, tout doucement, son don / malédiction diminua, tandis qu'il se levait pour ouvrir la fenêtre afin de refroidir la pièce, afin d'éviter toute bêtise. Tuer le mal dans l'oeuf, c'était ce qu'il fallait faire dans ce genre de cas-là. Il se retourna, observant Nymphadora avec un sourire amusé. « Désolé. » Il revint s'asseoir à côté de la soeur de son meilleur ami, tandis qu'il reprenait : « En faites, les seuls moments où c'est réellement chiant, c'est lorsque j'essaie de discuter réellement et que certains éléments pourraient porter un quiproquo. Généralement, ça fait des choses pas nettes chez les gens... Automatiquement, même si j'essaie de l'atténuer afin d'avoir des discussions normales avec les gens, il y a toujours des moments où je n'y fais pas attention, et... C'est le drame. » Il eut un petit rire.

Il se leva, allant dans la cuisine pour aller chercher de quoi boire. « Tu veux boire quelque chose ? » Lui demanda-t-il, avant de revenir vers le salon avec les boissons. Il posa la boisson de Nymphadora devant elle, sur la table basse, tandis qu'il débouchait son soda de jus de citrouille à l'aide de son tee-shirt. Avalant une bonne rasade, il s'assit sur le canapé, toujours à côté d'elle, lui demandant : « Comment va-t-on frère ? » Son visage semblait fermé, comme si il était toujours en colère. Mais l'hispanique ne savait pas si il était en colère ou juste blessé. Au vue de sa transparence, Nymphadora pourrait facilement le deviner.

« Désolé. »
« Euh non mais t'as pas à t'excuser. C'est un peu comme si... », elle plissa les lèvres d'une façon un peu amusante comme elle réfléchissait à un exemple comparable, « ... comme si j'te disais "oh excuse moi ma couleur préféré c'est le bleu" ou "je suis une vraie brune, vraiment désolée". »

Il valait mieux en rire qu'en pleurer non? Et puis elle était sincère, il n'avait pas à s'excuser d'être ce qu'il était. Elle se surprenait à être aussi décontractée après tout. Nymph' pencha la tête sur le côté pour le regarder, histoire de le mettre à l'aise. Il était clair que sa mésaventure avec le professeur Maestriani l'avait métamorphosée. Et le joli papillon qu'elle était devenue ne se laissait démonter par rien apparemment.

Il lui parla un peu, confirmant ce qu'elle imaginait...

« Je me doute bien... les gens s'imaginent toujours que ce genre de dons c'est "super cool"... », en fait il y avait toujours un revers à la médaille dorée. C'était ce que les bouquin omettait toujours de préciser.
« Tu veux boire quelque chose ? »
« J'prendrais bien un jus de citrouille si t'as. »

Elle le suivit du regard puis lui adressa un petit sourire en coin comme il s'asseyait à côté d'elle.

« Comment va-t-on frère ? »
« Ohw... », répondit-elle, « Question piège? », elle but une gorgée de jus de citrouille puis, « Ecoutes Dak'... vous avez toujours été super proches tous les deux et je pense pas que ça change ni aujourd'hui ni dans trente six mille ans d'ailleurs. Après oui, vous pouvez vous prendre la tête de temps en temps comme n'importe quel vieux couple et tu sais franchement, je pense que le mieux, ce serait encore que tu lui poses la question à lui quand vous aurez digéré tous les deux. »

Elle sourit reportant son regard sur ses mains croisées sur la bouteille. Elle n'allait pas prendre part, ni pour l'un ni pour l'autre. Et quelque part elle avait raison même si elle avait un peu peur qu'il ne le prenne pas aussi bien que ça. Mais bon ça, ça ne lui appartenait pas. Ça serait con qu'il lui fasse la gueule à elle aussi pour ça. Enfin elle était prête à prendre le risque. Parce qu'elle pensait que c'était tout ce qu'il y avait à répondre à Dak'.