[list]Pour sa part Gaëlle était venue seule, enfin si on pouvait considérer l'énorme félin sur lequel elle était juchée comme quantité négligeable. Noreen semblait vouloir atteindre sa taille adulte à toute vitesse, ce qui ne saurait plus guère tarder quand on songeait qu'elle atteignait presque celle d'un petit poney. Elle abordait les cours de cette année avec un sentiment mitigé, comme si une fois à l'intérieur des murs de l'université vous tombiez dans une autre dimension totalement éloignée des problèmes et conflits qui agitaient le pays. Comment pouvait-on faire comme si de rien n'était et aller tranquillement en cours en connaissance de cause ? Gaëlle commençait déjà à regretter cette promesse faite à Aelys de poursuivre ses études malgré tout. Ouais c'était un alibi utile et tout ce qu'elle pouvait apprendre ici ne serait pas inutile... mais d'un autre côté elle avait l'impression de se retrouver pieds et poings liés loin de l'action. C'était frustrant. Elle se sentait seule et isolée, fragile et elle détestait ça. Quoi d'étonnant si elle s'était inconsciemment rapprochée de Zack' ? Même si elle n'avait jamais discuté avec lui, elle le connaissait suffisamment de vue pour trouver un semblant de réconfort à sa présence. Les instructions farfelues du professeurs lui arrachèrent un demi-sourire, puis la longue litanie des présentations qui débute. Argh, pourquoi faut-il que ce soit Scylence qui commence ? La voix hésitante de l'ancien Serdaigle la fit frémir, mince, entre lui et son frère c'était la jour et le nuit. Comme il se présentait elle se demanda un instant s'il avait lui aussi postulé pour les équipes de Quidditch de l'université et si ce coup-ci ils porteraient les mêmes couleurs. Zack' était un bon joueur et elle pas rancunière pour un sou se rappelait plutôt bien du match qui avait enterré l'équipe de Serpentard. Tiens, lui aussi voulait devenir Auror ? Elle le jaugea d'un œil critique se demandant s'ils partageaient des idéaux communs et comment amener ça sur le tapis... Hein, quoi c'était à elle ? Erf... elle détestait s'adresser à un groupe comme ça. En général elle ne récoltait que des airs apitoyés voir des rires. L'horreur. Comme elle se levait de mauvaise grâce sa baguette en main, elle se lança rapidement un petit sortilège avant de se mettre à signer pour le groupe d'élève et leur étrange prof.

«Bien, moi c'est Gaëlle Llelwellyn, 18 ans, et comme vous pouvez le voir, je suis muette.» Elle marqua une courte pause le temps de s'assurer que son sort fonctionnait bien et traduisait au fur et à mesure ses signes avant de poursuivre. «Je suis irlandaise et à moitié celte par ma mère.» Une information qu'elle lançait comme un défi sachant que ça la classait dans les créatures magiques selon les nouvelles lois, avec toutes les implications que cela avait. «Je suis aussi une joueuse de Quidditch et je travaille à l'Amstramgram comme barmaid. Pour ceux qui ne m'y ont pas encore croisée, ma spécialité c'est les coktails. J'aime la botanique et les potions même si je suis trop remuante pour rester coincée derrière un chaudron ou dans une serre. En ce qui concerne les sortilèges n'allez surtout pas vous imaginez que je suis incapable de quoique ce soit parce que je n'ai pas de voix, je maitrise les Informulés à la perfection. J'aime la nature, mais j'aime aussi faire la fête, pas la peine de retourner la bibliothèque si vous me cherchez c'est le dernier endroit où vous seriez susceptible de me trouver. Ah oui, je suis en première année de DCFM et je voudrais devenir Auror moi aussi.»

Sa conclusion avait des airs de naïveté, il n'y avait aucune chance qu'elle devienne quoique ce soit un jour. En tout cas pas sous la domination des mangemorts. Elle retourna se rassoir entre les pattes de Noreen, près de Zack' en lui adressant un clin d’œil et un petit salut de la main au passage.

Quand on habite à plus de 13 000 kilomètres de l'université qu'on fréquente, il n'y a pas vraiment de vacances. Du moins il y en avait mais Huyana ne rentrait pas chez elle. Ce n'était pas qu'elle n'aurait pas pu transplaner, quoi que la cité des eaux australes était plus que bien protégée de ce genre de subterfuges. Ni que sa famille ne languissait pas son retour. Ce n'était rien de tout ça. Mais elle avait pris l'habitude de rester, et puis Zenshou restait aussi, et puis il y avait l'hydre qu'elle avait trouvée dans le lac. Non, décidément, Huyana pouvait difficilement quitter Ealdwic. Ou du moins elle n'en ressentait pas l'envie.

En ce jour de rentrée, la chef dompteuse n'avait pas manqué à ses devoirs. Les lices avaient été passées en revue la veille. Consciencieusement. Puis, elle avait passé la journée au lac, les pieds dans l'eau avec Ahkiyyini, l'hydre géante. Le monstre aux mille fouets urticants n'était pour elle que douceur et jeu. Ils étaient faits d'une matière si proche après tout... Le soir venu, c'est donc une Huyana encore toute en habit de dressage qui vint se joindre à la petite assemblée. Le professeur Freeman avait coutume de célébrer la rentrée scolaire autour d'un joyeux pique-nique. Le genre d'évènements que Zenshou aurait détester. Parler de soi, rire, passer un bon moment en somme.

« Moi je m'appelle Huyana. Je viens de ce que vous appelez l'antarctique. Pour ceux qui se le demanderaient je suis bien une fille... », on lui faisait toujours le coup avec ses cheveux courts et son physique filiforme, « Je suis en 4e année de SACM donc si quelqu'un a besoin de quelque chose, je me ferais une joie de vous donner un coup de main, et si y en a que ça intéressent d'être dresseur ben je suis là pour ça aussi. C'est moi la chef de l'équipe, vous pouvez venir me voir dans les lices tous les matins et tous les soirs. »

Les autres années, Huyana avait aussi dit qu'elle était djinn de l'eau mais il ne faisait pas bon s'en vanter ces dernier temps. Un petit regard glissé à Gaelle, et un sourire en prime avant d'annoncer.

« Bon, je ne sais pas si ça aura beaucoup plus de succès que les années précédentes mais j'ai amené des spécialités de chez moi! »

L'enthousiasme d'Huyana tintait comme le cliquetis de l'eau. On ne renie pas ce qu'on est après tout. Ses grands yeux d'eau offrirent un sourire à chacun puis elle écouta les autres se présenter, se demandant si les autres seraient aussi drôles que Fedorus et sa cousine.

Le regard clair de Caym glissa sur le parterre. En retrait derrière une montagne, il cherchait un élève qu’il connaissait déjà, ne serais-ce que de vue, mais Mercutio et Joleene semblaient avoir fui le cours à deux. Les infâmes. Le roumain marchait calmement finalement, pas vraiment inquiété. L’œil fatigué, puisque petit à petit approchait l’heure de sa dialyse – dans trois jours – et c’est tout naturellement qu’il était plus calme qu’à l’accoutumer, ce cousin du professeur de Sortilèges de Poudlard. L’air désinvolte, un poil hautain comparé à son parent, Caym avait l’œil acéré et jugé toutes les personnes par ordre d’importance. Il n’était pas franchement là pour apprendre, mais surtout pour comprendre les sociétés. Cette année était pour lui une année sabbatique, le coupant des cours épuisants que lui offrait la grande citée d’Armarii en Moldavie. Il se posa sur le sol, son sac à côté de lui, et ses yeux vert sombre sur le professeur. Un à un les personnes ici se présentait. Caym, en temps normal, n’en aurait rien fait, surtout qu’il y avait si peu à dire sur lui que c’en était dérangeant. Il leva les yeux, regarda les deux animagus et fit claquer sa langue sur son palet. Soit. Autant dire qu’il n’était pas question de dévoiler qu’il était une moitié d’arts obscurs à lui tout seul. Un peu à l’écart, sa voix chaude résonna, et elle caressait comme un souffle glacial, dans un ton pourtant monocorde, ne sonnant que par l’accent typique de son pays. Il avait cet aura sombre qu’ont les nécromanciens, sans en avoir l’air derrière ce visage blafard.

« Caym Van Hellsing, je suis de … Roumanie. Je suis ici en tant que premier année de sortilèges, bien que je suive un double-cursus potion en parallèle. Pour ceux qui se posent la question et qui viennent de Poudlard, non, je ne suis pas le frère mais le cousin d’Abaddon Van Hellsing. En dehors de ça… » il eut un court instant de réflexion, et reprit, avec un sourire en coin « Je suis quelqu’un de plutôt sympathique et léger, passionné par ce qu’il fait. J’aime davantage les potions que les sortilèges, mais c’est mon côté scientifique fou je pense. Si vous me cherchez, vous avez une chance sur deux de me trouver dans un laboratoire en train de tester un nouveau mélange de mon ressort, ou alors dans les toilettes, au choix. »

Sourire en coin. Aucun sous-entendu, ou presque. Caym regarda le garçon à côté de lui, qui prenait justement la parole.

Derrière son air dur, Zenshou guettait du coin de l’œil Huyana qui avançait. Accompagné par Shima, son panda roux, inséparable de lui en temps normal et qui ne cessait de lui faire la comédie depuis quelques temps pour l’accompagner absolument partout, comme si elle avait peur. Zenshou n’y faisait pas attention. Elle était encore jeune, surtout pour une nymphe. D’âge mental, elle devait culminer aux environs des … huit ans ? Zenshou ne faisait pas non plus grand-chose pour la rendre plus mature et autonome. Il avait aimé s’attacher à cette petite créature, et maintenant qu’elle était à lui et avec lui, ça lui convenait largement. La chose étant qu’il n’avait jamais réfléchi à ce que ça serait si jamais, un jour, un triste jour, il trouvait quelqu’un avec qui partager son lit lui qui dormait avec une lampade. Zenshou se posa juste à côté de Huyana mais ne prit pas la parole quand elle eut fini. Il regarda les deux oiseaux se chamaillaient. Ce n’était pas drôle. Du temps perdu. Il détestait ça, perdre son temps. Droit et implacable, les épaules larges, son regard noir de cendre balaya l’assemblée, et il prit la suite du jeune garçon qui venait de parler.

« Je suis Zenshou Suru, je suis en 4ème année de sortilèges, et je suis également le chef de l’équipe de duel depuis un an. »

Fini. La voix grave et rocailleuse de Zenshou jurait avec un accent d’un autre pays, qui avait quelques relans japonais lui qui avait une figure quasi caucasienne. Shima se glissa sur ses cheveux, panda roux ronronnant, et Zenshou passa sa main dessus. Si il ne l’avait pas présenté, c’est parce qu’il n’y avait aucun intérêt à ça. Le regard fixe, il observait Fawn en silence… S’il y avait ses neveux dans les troupes, ça n’allait pas plaire à Zenshou. Lui qui aimait que les choses privées soient séparés de la vie de travail, il se retrouvait dans l’exemple flagrant que ce monde était franchement pourri.