Le monde possède plusieurs couleurs. De différentes couleurs que l'on pourrait qualifier d'unique à première vue. Pourtant, beaucoup de personnes savent qu'elles sont toutes plus ou moins liés. Le rouge vers le orange et le jaune, ou encore le vert vers le bleu et le violet... C'est ainsi que le monde est régit. Si il y a du rouge, il y a obligatoirement une autre couleur là dessous. Même à faible dose... Peu importe si on la voit ou pas... L'oeil humain n'est pas assez affuté pour s'en rendre compte. Cependant, prenez un prisme de cristal et tout vous sera ainsi dévoilé. C'était l'une des nombreuses questions, idées sans réponses que Mikah s'était posé peu de temps avant de partir pour le Royaume-Uni. Cette pensée n'était pas... Furtive, sans cohérence avec l'état actuel du pays où un mal sans nom semblait commencer à s'éveiller dans les profondeurs d'écosses. On lui avait demandé, comme à quatre ou cinq autres chamans, de venir voir ce qui s'y passait, ce qui s'y déroulerait. C'est ainsi qu'il avait prit la route... Et ne sachant quoi faire à son arrivé, sinon penser au bien, au mal, aux couleurs, et aux différentes teintes qu'elles pouvaient avoir en fonction de la lumière et des ténèbres, Mikah s'était retrouvé à Waterville, une petite ville irlandaise, sur sa côte ouest.

La première chose qui le frappa, ce fut de voir à quel point l'eau semblait être fortement présente ici. Une brume semblait être là depuis le début de la matinée, et un petit crachin se faisait de temps à autres ressentir, tandis que l'on entendait, les remous des vagues s'écrasant avec plus ou moins de violence sur le sable ou la falaise. C'était là, qu'il était apparu pour la première fois. C'était son première voyage en Irlande. Sa premières fois. Observant l'important menhir qui lui faisait de l'ombre, il posa délicatement sa main basanée sur la pierre grisâtre. Un curieux sentiment se fit sentir au creux de son ventre, tandis qu'il s'approchait de la pierre, rendant l'écart entre lui et la chose, intime. Il posa délicatement son oreille sur la pierre, et à sa plus grande suprise, la magie qu'il avait ressenti au bout de ses doigts, semblait vivante. Présente. Des milliers de voix se faisaient entendre. C'était incompréhensible. C'était comme si au sein de la pierre, un peuple invisible l'habitait. Captivé par la pierre, il finit, cependant, par s'écarter suffisamment loin de cette dernière pour la voir dans toute sa hauteur. Ce n'est que lorsqu'un passant passa par-là que son attention changea. L'homme s'était approché de lui, un étrange sourire sur ses lèvres. Ses cheveux étaient longs, blanc, presque argentés. Et ses yeux étaient d'un bleu profond. Machinalement, Mikah lui répondit par un sourire. Puis, l'homme, comme si ils étaient en pleine discussion, brisa la musique des vagues sur la falaise.

- Donc, vous vous intéressez à la magie druidique... Intéressant...

Mikah l'observa longuement, avant de reporter son attention vers le menhir, pour répondre.

- Oui. Le druidisme et le chamanisme semblent si lier... J'aimerais voir en quel point, ils en sont différents.
- Un chaman... Vous êtes le premier que je vois... Vous savez qu'il ne faut pas rester trop là... Ce soir, la mer sera très agitée, pour ne pas dire démonter. Une tempête s'annonce, Mikaere.
- Comment connaissez vous mon prénom ? s'écria Mikah, stupéfié.
- Allons... Un chaman qui n'écoute pas ce qui l'entoure ? Vous devriez savoir mon nom. Lui répondit-il, l'air taquin.
- Je débute. Fit Mikah, haussant les épaules, un air désolé sur son visage.
- Je vois ça. L'homme eut un petit rire, avant de reprendre. Descendez en ville. Trouvez l'auberge du pendu, et passez-y la nuit. Demain, nous nous retrouverons-ici. L'homme fit demi-tour avec son velo, puis il s'arrêta quelques instants pour dire : J'aime beaucoup l'accent néo-zélandais... A demain.

Mikah regarda l'homme partir, sur le cul, l'air totalement désorienté. Il fronça doucement les sourcils, avant de finalement, se mettre en marche vers la ville que l'homme d'un certain âge - du moins, semble-t-il - lui avait indiqué de la main, plongé dans ses pensées tout aussi obscur et nébuleuse que les nuages noirs qui s'avançaient vers la terre à l'ouest dans ce ciel si foncé pour un début de journée.



La ville était d'une beauté particulière... En pleine extension à tous les niveaux que ce soit, cette dernière semblait pourtant conservé son petit côté rustique du fin fond de l'Irlande. Situé dans le comté de Kerry, elle dégageait quelque chose de très médiéval, du moins, du point de vue de Mikah. Ce dernier marchait dans les rues, mains dans les poches, écoutant vaguement les gens autours de lui, ainsi que les bruits des différentes machines de métal qui roulaient sur le goudron. Les irlandais avaient une façon de parler totalement différente de celle qu'avait les anglophones américains, ou australien - et figurez vous, que c'était justement de ces deux-là que l'anglais de Mikah y trouvait ses bases - à certains moments, comme là, il préférait rester sur sa planète, levant les yeux sur les diverses enseignes tentant vainement de trouver la taverne du pendu. Ce n'est qu'au bout de deux heures qu'il finit, finalement, par la trouver.

Elle dégageait quelque chose de mystique, de magique. Mikah posa sa main sur la porte pour la pousser doucement. Un petit bruit signala sa présence, lorsqu'il entra. La porte se referma délicatement, laissant place à un silence pesant. Tous les regards étaient posés sur Mikah, comme si chacun le détaillé. Parmi les gens, il reconnut des sorciers à la mode américaine et australienne. Il eut un léger sourire, et enfin, tous les gens sourirent à leur tour. Et les discussions reprirent de plus belles, la musique se mit de nouveau en marche. Le barman fit signe à Mikah d'approcher, puis, lui parlant à moitié irlandais, et anglais, il lui servit un bon vin chaud.

- Bie'nue à Waterville, mec ! Tu veux u' chamb pour la nuit ?
- Oui, merci !

Le barman lui indiqua une jeune femme vers l'entrée. Puis il ajouta :

- Dès que tu t'seras mis à l'aise, va l'voir !
- Okay.

Le barman lui sourit, et machinalement, Mikah lui rendit son sourire avant de tremper ses lèvres dans son vin chaud. Quelques minutes après qu'il se soit enfin posé, une autre personne entra. Mais il n'y eut pas le même accueil que pour Mikah. Cette dernière s'assit juste à côté du Néo-zélandais.


bon, viens qui veut ! Mais mettez un maximum de description de votre personnage, surtout de son humeur actuel, histoire de pouvoir répondre quelque chose. Désolé pour celui qui se joindra à moi, également... Je dois dire qui faut avoir de sacré raison pour y venir ici.

nota bene : c'est une taverne sorcière.

Misha resta calme, distinguée... mais il n'arrivait toujours pas, et ça, ça avait le don de la mettre en rogne. Elle ferma les yeux, doucement, et si son visage était toujours impassible, son sang ne cessait de bouillir dans ses veines. Encore une fois, Dahana avait déserté la mission pour aller régler un petit « truc » à lui tout seul. La russe se demanda si ce fou – ce qui était tout de même un compliment dans la bouche de la Vanna Syl – savait avec qui il travaillait, et pour qui il travaillait. Comme si tout lui passait par dessus la tête, il faisait ce qu'il voulait, quand il le voulait, et à lui, on ne lui disait rien. Fierté masculine? Solidarité entre hommes virils? Pauvres types. Misha grogna intérieurement quand sur Londres, une pluie se mit à frapper le pavé sale. Décidément, ce n'était pas son jour. La russe sortit de sa poche la lettre de mission, la relut, et soupira. Elle règlerait donc cela – une fois encore – toute seule. Knox n'était pas vraiment le partenaire idéal, et le patron n'avait pas voulu la mettre en équipe avec son jumeau. Soit disant qu'ensemble, c'aurait été une catastrophe. Comme si ce n'en était pas une d'être avec Dahana. La jeune femme tourna les talons, habillée sobrement, et entra dans la cage d'escalier. Elle sursauta en entendant un crac sonore et se retourna aussitôt, baguette à la main, vers le nouvel arrivant. Le visage était tanné, des yeux noirs, chauds et graves à la fois. Caïn. Qu'est-ce que Caïn pouvait bien faire là? Elle baissa aussitôt la baguette alors que le mexicain regardait autour de lui.

« Un problème Caïn? » Elle arqua un sourcil, curieuse de savoir ce qui le mettait dans cet état.
« Non, non... je regardais juste. » Il reprit de la substance et toussa, un sourire aux lèvres pour la petite russe. « Luce veut te voir tout de suite. Elle dit que c'est très important et que de toute façon, Dahana est déjà passé au dernier étage. »
« Q-quoi?! » Misha grinça. Il ne l'avait pas attendu! Comment avait il... osé... Elle reporta son attention sur Caïn, agacée. « Luce? »
« Ouais. » Il haussa les épaules. « Elle a tiré les cartes y a pas dix minutes, et elle a hurlé qu'il fallait que je t'appelle... »
« Grave? »
« J'imagine... »

Elle lui tendit la main. Décidément, pas sa journée... Il la prit et ils transplanèrent aussitôt. Le crac sonore fut couvert par les tintements de la cloche de Big Ben. Ils réapparurent devant une petite maison champêtre, perdue quelque part en Ecosse. Lucellina avait toujours adoré – avec une ferveur sans pareille – l'Ecosse et ses vertes contrées. Pourquoi me diriez-vous? Tout simplement car la verdure n'y ait sans pareille. Si le pays de Galle a de magnifique forêt habitée de druide, l'Ecosse, elle, connaît des étendues de bruyère sans égal où on voit passer des centaines de créatures, qu'elles soient dangereuses ou non. Ainsi, quand Misha posa le pieds sur le sol, elle aperçut un peu plus loin un sombral. L'équidé croisa son regard et partit en courant. Voir un sombral... elle avait vu tellement de fois la mort de prêt qu'un sombral aussi décharné que celui là ne lui faisait pas même hausser un sourcil. Elle entendit le grincement d'une porte et releva le regard. Caïn l'attendait sur le seuil, le visage accueillant et chaud des hispaniques, si différent de son pays natal. Elle s'en approcha et entra dans la maison. Luce était sur la table et elle semblait paniquée. Des dizaines de carte se trouvaient sur la petite table de frêne. Misha s'approcha et Luce fit volte face, se trouvant face à elle. Elle se jeta sur elle. Elles s'étaient presque toujours connues. D'aussi loin que ses souvenirs s'en rappellent, Luce avait toujours été une prodigieuse amie, fidèle et sincère. Une de ses fillettes qui,en grandissant, ne changent jamais. Misha tapota le dos de la gitane qui, s'écartant, montra la table du bout du doigt. Cinq cartes étaient isolées alors qu'autour, des dizaines et des dizaines de carte s'empilaient, sans aucun sens. Luce grimaça.

« C'est fou! J'ai beau jeter les cartes, elles retombent toujours de la même façon. Ça fait déjà deux semaines que je n'ai pas de vision, mais ça... » Son regard se fit terne et elle murmura : « ...ça, crois-moi, c'est pas bon du tout. »
« Pas bon du tout? »
« Regarde. »

Luce attrapa les cartes. Il y en avait une centaine entre ses doigts, tant qu'elle avait du mal à les tenir. Elle les jeta en l'air et tous retombèrent sur la table. Techniquement, les cartes auraient du toutes s'empilaient, mais à ce moment là, non. Il y en avait alors à nouveau cinq – les même – qui ressortaient sur reste des cartes. Luce, poursuivant sa démonstration, prit une carte au hasard et la posa sur une carte isolée. La carte fut ausitôt rejetée, s'envola alors pour mieux retomber sur un tas empilé. Luce gronda.

« Tu vois? Ça, ce n'est pas bon du tout. » Elle montra la première carte. « Une coupe d'eau, un calice et une couronne. Ça indique un lieu. C'est à gauche du jeu, je dirais donc vers l'ouest. Ensuite, nous avons... » Elle montra la deuxième carte. « ...un totem. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Peut être un chaman américain? J'ai déjà croisé un chaman, il y a quelques jours. Il disait que d'autres viendraient, car ils sont appelés à Londres. Quelque chose va se passer, Misha. » Elle montra la troisième et la quatrième carte. « Une tête de mort et une plume. Un nouveau sort? Quelque chose qui apportera la mort. La plume? Je ne sais pas... peut être un oiseau de malheur... une malédiction? Je ne sais pas. » Elle plaça son doigt sur la cinquième carte, qui montrait une cabane de bois. « Une maison, un abris. Il faut trouver ce que cette maison cache. Cette maison peut cacher le totem ou le crâne. »
« Et tu veux que j'aille chercher une cabane à l'ouest du monde pour trouver une plume, un totem? » Misha arqua un sourcil, perplexe.
« Non, bien sûr que non. » Luce poussa toutes les cartes et claqua des doigts, une carte tombant sur la table. « La couronne peut se réferrencer à The Kingdom. »
« Le comté de Kerry? »
« En Irlande, donc à l'ouest. De plus, le calice signifie donc un lieu précis. »
« Il n'y a que ça, de l'eau, en Irlande... » souffla Caïn, derrière Misha.
« Justement! Le calice ne peut donc pas être un lac ou une rivière, puisqu'il n'y a que ça! À mon humble avis, tu devrais chercher autour de Waterville. »
«  ...ça me semble logique pour l'instant. Mais je recherche quoi? »
« Rien. Tu vas à Waterville, et tu y trouveras quelque chose. »
«  Quelque chose, c'est vague. » Fit Misha.
« Non, non. Tu trouveras, j'en suis sûr. Il est appelé à venir ici, je suis sûr que tu le reconnaîtras. »
«  Un druide ou un chaman, donc? »

Luce acquiesça. Misha se gratta la tempe. Non, vraiment pas son jour. Elle se retourna et écrivit un mot, rapidement, pour que son frère ne l'attende pas ce soir, et pour qu'il donne une bonne claque à Knox de ne pas l'avoir attendu pour s'amuser. Elle n'était pas lente pour le Dahana, mais ce dernier avait la fâcheuse tendance à l'écarter de lui. La russe n'était pas chiante, n'allez pas croire cela. Ce n'était pas un vulgaire poux, un morpion, mais d'avantage une gamine – par rapport à Knox – qui ouvrait de trop sa gueule. Sans doute. Misha prit la carte, les cinq cartes et les rangea dans sa poche. Elle avait sa baguette, de l'argent, une carte. Rien ne pouvait l'arrêter, non? Elle sortit de la maison, et transplana dans un crac sonore. À la fenêtre Luce la regarda et grimaça... pas bon du tout...


La russe se retrouva finalement un peu perdue dans tout ce merdier. Elle aimait l'Irlande. Elle avait l'habitude du crachin et des fraîcheurs en bonne russe, mais elle détestait plus que tout chercher quelque chose dont elle ne savait rien. Elle marcha jusqu'à Waterville, cachée derrière un lourd manteau épais, feutré. Pas de chapeau pour cacher son visage, ni ses cheveux. Ici, Misha n'était personne pour personne, et c'était aussi bien. Elle marchait comme un automate, errant dans les rues à la recherche de quelque chose dont elle n'avait aucune description, aucune idée, agacée par Knox, ruminant encore et toujours le fait qu'il ne l'attende jamais. Pourquoi être en équipe si c'était pour agir seule...? Elle poussa la porte d'une auberge, sans savoir pourquoi, et entra. Il fallait se laisser guider, répéter sans cesse Luce, mais la gitane s'était parfois trompée, et ça lui avait valut – à la russe – plus d'une cicatrice pour peu de chose. Une carte avec un félin? Et la jeune auror se retrouvait dans un arbre pour récupérer le chaton d'une voisine. Des histoires comme ça, elle en avait un paquet. Elle regarda autour d'elle, les joues et le bout du nez rouge. L'ambiance était ici assez légère, et la bonne odeur remontait le moral de la jeune fille comme jamais. Elle s'approcha du barman, calme, et commanda un café, et l'Irlande en savait long sur le café. On lui servait donc une tasse, magnifique. La crème était décorée d'un trèfle, harmonieux. Elle eut un sourire et le barman lui montra une table de libre, pas très loin de celle du nouvel arrivant qui lui aussi buvait quelque chose. La jeune femme se rapprocha de la table libre quand elle s'arrêta. L'odeur du vin chaud. Elle n'était pas vraiment très vin, mais elle sortit de sa poche les cartes. Le calice. Le calice, bien connu pour avoir récolter le sang du christ sur la croix, sang du christ qui était alors représenter par le vin. Elle eut un sourire de vainqueur. Bingo. Elle marcha jusqu'à lui, sereinement, et se posa à ses côtés, sans le lui avoir demander. Du large manteau, on ne voyait sur ses mains, le col rabattu cachant sa mâchoire et ses cheveux cachant son regard. Ses mains, longs doigts fins et blancs, tenaient alors la tasse de café chaude. Misha décolla pourtant ses phalanges de la tasse chaude pour enlever son manteau, laissant apparaître un tout petit gabarit, fin et élancé, habillé d'un simple jeans noir et d'une chemise blanche. Une chaîne d'argent ornait son cou, mais il n'y avait aucun pendentif. Elle pencha doucement la tête, et avec un sourire malicieux, siffla doucement :

« Je vous ai enfin trouvé... cela fait déjà trois heures que je vous cherchai, monsieur. »

Sa voix est clair, cristalline. Elle a un sourire moqueur. Elle sait aussi qu'il ignore qui elle est, qu'elle ignore tout de lui. En somme, qu'ils sont étrangers.

Ce n'était pas la première fois qu'il buvait un vin chaud, mais il fallait dire que celui-là était particulièrement bon. Il avait quelque chose de sucré... Comme si des baies y avaient été introduite dans la composition de ce dernier. Un petit quelque chose qui l'introduisait bien dans ce pays au paysage vert, boisé et montagneux. Quelque chose de rustique, mais de mystérieux. Comme si... Dans ce vin, qui dans la religion catholique était le sang du christ, était le sang de la terre d'Irlande. Il y avait trempé ses lèvres, y avalant deux, trois rasades avant de poser doucement sa coupe sur la table, pour en observer le contenu avec de grands yeux remplis d'une curiosité nouvelle. Le liquide avait une très jolie robe pourpre... Elle semblait se rapprocher de la couleur du sang, pourtant, l'on percevait parfaitement cette petite teinte violacée qui en faisait toute une différence... Quand tout à coup, le liquide se mit à tournoyer dans la coupe, comme lorsque l'on retire une bonde d'une baignoire remplie d'eau. En son sein, des images commencèrent à se former. Tout d'abords, il pouvait percevoir les décors et les paysages de l'Irlande... Puis un cercle de ménhir se fit apercevoir où au centre, une douzaine de druide étaient assis autours d'un feu imposant, avec un treizième qui semblait officier. Bizarrement, le treizième lui rappela quelqu'un... Mais lorsqu'il se pencha un peu plus, s'y concentrant, une personne vint s'asseoir près de lui, l'arrachant de ses pensées et de sa vision.

- Je vous ai enfin trouvé... cela fait déjà trois heures que je vous cherchai, monsieur.

Elle semblait du nord. C'est la première pensée qu'il eut en la voyant. La deuxième se fut de se dire que c'était sa journée des phénomènes étranges. Ce qui n'était pas peu dire, lorsque l'on connaissait l'intégral de sa vie. Car pour pouvoir qualifier quelque chose d'étranges, il fallait en vouloir étant donner ses atouts magiques et tout ce qui s'en suivait. Puis, il la détailla rapidement du regard. C'était d'une façon agréable - et peut être flatté - que Misha pouvait le prendre, car Mikah n'était pas du tout du genre dragueur... Elle était jolie. Ses cheveux bruns avaient quelques choses de doux, et son visage semblait interpréter la vierge que l'on trouve dans à peu près toutes les légendes de toutes les ethnies. Elle avait quelque chose d'agréable à regarder... Peut être ses yeux qui donnaient une impression de se plonger dans un océan de mystère. Finalement, il lui répondit. Misha pouvait, sans réfléchir, savoir qu'il n'était pas du tout d'ici. Et qu'il était vraisemblablement.

- Il semblerait que ma venue ne soit pas si secrète que cela... Il sourit. Vous aussi vous êtes druide ? Hasarda-t-il en rigolant doucement.

Il se redressa quelque peu, retirant sa longue cape sombre de ses épaules pour la laisser tomber sur le dossier de sa chaise. Mikah était vêtu tout aussi sobrement que la demoiselle qui venait de l'aborder. D'ailleurs, il ne lui était même pas venu à l'idée que cette dernière pouvait, d'une manière originale, il fallait le noter si il avait pensé cela, de le draguer. Non, vêtu d'un haut blanc à manche longue - il fait trop froid là-bas, avait dit Ameena - et d'un pantalon beige, il gardait un air tout aussi imposant avec sa musculature qu'ont ses hommes des tribus maori. Il finit par ajouter :

- Non... Parce que j'ai eu droit à une autre rencontre étrange... Il sourit. Pourquoi me cherchiez-vous... Il tendit l'oreille, machinalement, comme pour tenter de deviner le prénom de la demoiselle comme le druide lui avait fait, mais sans succès, alors il finit sur un : ... Mademoiselle ?

Il leva doucement son vin chaud pour en avaler une rasade avant de reposer délicatement sa coupe sur la table de bois.

Il n'est pas d'ici, elle le sait bien. Il a une peau qui sent les pays chauds, où le soleil règne. Elle le devine, et elle ne serait pas étonnée de l'entendre parler avec un drôle d'accent. Son regard est sombre, aussi, sombre mais chaud. Il n'est pas froid, pas agressif. Il n'est rien qu'une pupille profonde et ténébreuse. Comme celle de Luce, nota t-elle mentalement, avant de s'asseoir à ses côtés. Misha était froide comme la neige, mais tout aussi belle. Ses cheveux bruns juraient avec une peau pâle. Londres même n'avait jamais réussi à la faire dorer. Elle avait toujours été ainsi, et le resterait. Ses yeux clairs et opaques s'accordaient avec son épiderme, tout comme celle du jeune homme s'accordait avec la sienne. Ils étaient là, leurs regards se croisèrent. Dans son crâne, la russe nota qu'il était sans doute son opposé le plus diamétral... comme Knox. La rancœur, chez Misha, mettait plus de temps à disparaître qu'à naître.

« Je vous ai enfin trouvé... cela fait déjà trois heures que je vous cherchai, monsieur. »

Son accent ne mentait pas, et si Misha avait fait durant des années – surtout à Poudlard – des efforts pour le perdre, il n'en restait pas moins qu'il était là, et qu'elle avait renoncé à le faire disparaître. De plus, ça lui donnait un petit côté « bourru » que personne d'autre n'aurait eut. En tant qu'auror, son rôle n'était pas de faire peur, mais en vu des personnes avec qui elle traitait, faire « peur » était peut être aussi bien. Le regard du jeune homme sur elle ne fit pas même ciller, et elle ne l'interpréta pas d'une mauvaise façon. D'une car elle était la première à détailler une personne pour mieux la connaître, et de deux car elle n'était pas de ce genre de femelle homo sapiens qui se complaisait dans une vanité toute particulière, celle que l'on nommait beauté. Si Misha était plutôt jolie, elle se définissait comme étant constituer de chair, d'os et de sang, en somme, sur un plan anthropologique, comme étant « normal ». Elle n'eut qu'un simple sourire de politesse, car elle ne se complaisait également pas dans toutes les hypocrisies du monde. Elle ne savait pas encore à ce moment si il était de son côté ou d'un autre.

« Il semblerait que ma venue ne soit pas si secrète que cela... Vous aussi vous êtes druide ? » Son regard s'illumina.
«  Druide donc... druide. » Intérieurement, elle remercia Luce d'être ce qu'elle était. «  Non, je ne suis rien. Pas même une sorcière. Une cracmol tout au plus. »

Une cracmol? Misha aimait à se faire passer pour une incapable. Cela endormait généralement l'ennemi, et étant d'une prudence extrême, la petite sorcière ne s'empêchait jamais de mentir quant à ses capacités magiques. C'était une insulte à sa race et à son sang, mais dans la vie, on n'avait pas toujours ce que l'on voulait, et ça, la petite russe l'avait bien compris. Il enleva sa cape et elle le détailla – sans excès – lui et sa musculature. Au corps à corps, cet homme était un animal. Elle détourna finalement le regard, portant la tasse à ses lèvres, calme et sereine. Misha ne s'énervait jamais, n'était jamais trop excitée. Elle était d'un parfait indifférent, imperturbable et froide. C'était le seul héritage de ses aïeux. Le seul avec sa puissance, sans doute. Elle bu une gorgée chaude, qui lui réchauffa agréablement la trachée, et posa son regard – sans tourner la tête – sur Mikah.

« Non... Parce que j'ai eu droit à une autre rencontre étrange... Pourquoi me cherchiez-vous... Mademoiselle ? » Elle reposa doucement la tasse, un sourire léger, et glissa sa main dans son manteau, en sortant cinq cartes. Elle n'en prit pourtant que trois et les posa sur la table, puis reposa son regard sur lui.
«  Misha. On m'a prévenu de votre arrivée. Une amie proche vous a trouvé. » Elle posa son doigt sur la carte au totem, un sourire plus amusé sur les lèvres. «  Nous allons avoir des affaires ensemble, monsieur. »

Toujours mystérieuse? Pas vraiment. Mais il fallait dire ce qu'il fallait en temps et en heure, sans quoi on se trompait aisément. Elle retourna les cartes, les laissant pourtant sur la table. Elles disparaitront toutes dans quelques heures, de toute façon. Elle toussota et se frotta une tempe, regardant autour d'eux et murmura doucement :

«  Vous ne savez pas réellement pourquoi vous êtes là, n'est-ce pas? » Elle garda sa main sur les cartes, posant son regard sur le barman qui parlait avec un client ivre. «  Vous n'êtes pas le premier qui ait posé le pieds ici. Avant vous, j'ai rencontré un druide, un américain... » Elle reposa son regard sur le jeune maori. «  Il est mort depuis. Les gens meurent ici, et on ne sait pas pourquoi. Quelque chose va se passer, et nous ne savons pas quoi, ni quand, ni comment. » Elle parlait pour que seul lui puisse l'entendre. «  Vous ne savez rien, n'est-ce pas? ...c'est dommage. Ça nous aurait été utile. »

Elle bu une nouvelle gorgée de son café, toujours aussi imperturbable, réfléchissant en même temps. Une plume et un crâne... quelle drôle d'idée.

Mikah était insouciant, mais pas dupe. Il sut très bien, à l'instant même où la jeune femme lui avoua être cracmol que c'était une connerie, un mensonge. Il y avait tant de puissance qui émanait de cette dernière que cela ne pouvait être vrai. Ou alors... Quel charisme ! Se dit-il. Mikah la regarda de façon amusé, un sourire levant délicatement le coin de ses lèvres, tandis qu'il la laissait continuer sans même relever. Il préférait voir ce qui allait venir, que de s'attarder sur les petites choses futiles de la sorte. Si cela se trouvait, elle allait devoir le lui montrer ses réelles capacités dans peu de temps ou même dans dix ans. Car quelque chose le lui avait annoncé, il l'avait pressentit. C'était juste le début d'une relation. Quel type ? Seul les esprits le savent encore, pour le moment. Il l'observa, tentant d'en apprendre un peu plus sur elle par sa façon de faire, de se tenir. Finalement, elle répondit à sa question, avec un sourire amusé, une fois qu'elle eut posée cinq cartes devant lui. Des cartes qu'il observa et qui ne lui empêchèrent pas de sourire.

- Misha. On m'a prévenu de votre arrivée. Une amie proche vous a trouvé. Elle posa son doigt sur la carte au totem, un sourire plus amusé sur les lèvres. Nous allons avoir des affaires ensemble, monsieur.

Son sourire s'agrandit doucement. Il ne dit rien. Il la laisse venir. Les évènements se présentant presque sur un plateau d'argent pour lui expliquer sa venue. Déjà quelques brides de réponses... Mais encore plus de questions. Quoiqu'il en soit, cela ne décourageait pas Mikah, qui, au contraire, en tant que grand curieux, aimait trouver réponses à ses questions. Même les plus intimes. Il posa son avant-bras sur la table, s'appuyant dessus, avançant délicatement son torse. Il leva de son autre main sa coupe de vin chaud pour en humer l'odeur quelques instants avant d'y tremper ses lèvres. Elle reprit, alors qu'ils observaient les cartes avec un intérêt et un amusement particulier.

- Vous ne savez pas réellement pourquoi vous êtes là, n'est-ce pas ? Vous n'êtes pas le premier qui ait posé le pieds ici. Avant vous, j'ai rencontré un druide, un américain... Il est mort depuis. Les gens meurent ici, et on ne sait pas pourquoi. Quelque chose va se passer, et nous ne savons pas quoi, ni quand, ni comment. Elle baissa le ton de sa voix pour que seul lui puisse l'entendre. Vous ne savez rien, n'est-ce pas ? ...c'est dommage. Ça nous aurait été utile.

Il posa doucement sa coupe, avant de croiser ses bras sur la table, regardant Misha avec un léger sourire. Si il ne savait rien... ? Peut être... Peut être pas. Quoiqu'il en soit, il en savait suffisamment pour avoir dans l'idée de mener sa " quête " à bien, et cela n'allait sûrement pas le décourager.

- C'est regrettable pour cet américain... Il retira ses coudes de la table, pour s'avachir sur sa chaise, ne laissant que sa main gauche sur le bois de la table, jouant avec le coin d'une des cinq cartes - la plume -. L'autre était posé sur sa jambe, et son regard était dans celui de Misha. Quant au faites, que je ne vous sois pas utile... Il eut un petit rire. Je n'ai, certes, pas la prétention et l'arrogance du feu, mais je dois vous annoncer, que je suis quelqu'un d'utile. Toute chose est utile sur cette planète. Même le mal que nous combattons. Il lança un regard vers l'homme ivre, qui semblait amusé. Nos choix nous rendent tous utile. Pour un intérêt ou un autre... Juger quelqu'un parce que l'on ne sait rien de lui... C'est une grande erreur, Misha. Mais je vous en fais grâce, et ne vous en tiendrais rigueur. Il sourit. Ce que je sais... ? Je sais qu'un mal sans nom se lève ici, au Royaume-Uni, et ce que ce mal nous menace tous. Que nous sommes tous obliger de nous mobiliser sur toutes les échelles possibles, pour le contrecarrer à tous les niveaux. Certes, je vous semble inutile... Mais... Vous êtes vous renseigner sur moi avant de venir à ma rencontre ? Un court silence s'imposa. Non... Bien sûr que non.

Il leva sa coupe, et il l'en vida de son contenu en une seule rasade.

C'était dans ces moments là qu'elle regrettait de n'avoir jamais voulu travailler la legilimancie. Ça aurait pu être utile. Plus que d'avoir un animagus renard en tout cas. Elle le fixa, sans sourire, mais lui souriait. Il ne semblait pas présenter une grande menace, mais pour la russe, la prudence était une mère de sûreté on ne peut plus raisonnable. Misha avait toujours donné très difficilement sa confiance. Encore aujourd'hui, rares étaient les personnes qui, outre son frère jumeau et son père, auraient pu avoir sa vie entre ses mains sans qu'elle ne tremble. Elle le fixa, calme et sereine.

« C'est regrettable pour cet américain... »
« C'est la vie. »

Elle haussa les épaules, totalement détachée. La mort n'était qu'une passade. Comme tous les Vanna Syl, Misha avait été préparé au fait qu'un jour, un jour proche peut être, elle repartirait et elle mourrait, comme tout le monde, car tout le monde savait – avec une certaine douleur – combien on était, ô combien, éphémère. Il joua avec le coin d'une carte et elle appuya un peu plus sur ces dernières, comme pour lui défendre d'y toucher.

« Quant au faites, que je ne vous sois pas utile... » Il rit, elle arqua un sourcil. « Je n'ai, certes, pas la prétention et l'arrogance du feu, mais je dois vous annoncer, que je suis quelqu'un d'utile. Toute chose est utile sur cette planète. Même le mal que nous combattons. » Le mal n'avait d'utilité que d'être exterminer. La russe ne releva pas, restant calme. « Nos choix nous rendent tous utile. Pour un intérêt ou un autre... Juger quelqu'un parce que l'on ne sait rien de lui... C'est une grande erreur, Misha. Mais je vous en fais grâce, et ne vous en tiendrais rigueur. » Elle arqua un sourcil avec un sourire que trop amusé. Lui en tenir rigueur? Pauvre petit être. « Ce que je sais... ? Je sais qu'un mal sans nom se lève ici, au Royaume-Uni, et ce que ce mal nous menace tous. Que nous sommes tous obliger de nous mobiliser sur toutes les échelles possibles, pour le contrecarrer à tous les niveaux. Certes, je vous semble inutile... Mais... Vous êtes vous renseigner sur moi avant de venir à ma rencontre ? » Absolument pas. Mais ce n'était pas non plus le plus terrible. Elle était perspicace, elle avait tout pour elle. « Non... Bien sûr que non. »
« Mais vous n'en savez pas plus à mon égard que je n'en sais au vôtre, non? »

Elle posa son doigt sur sa tasse et en fit le tour. Son ongle était blanc comme neige, alors que le bout de ses doigts étaient rougies. Elle tapota du bout des doigts la table. Bien. Et après Luce? On fait quoi? Elle regarda l'homme ivre qui venait de tomber de sa chaise et fit la moue. Les sorciers... ce n'était plus vraiment ce que c'était. Elle reporta son attention sur l'homme – vraisemblablement néo-zélandais – et posa son menton dans la paume de sa main, s'ennuyant visiblement.

« Vous semblez un peu perdu, ceci dit, alors que moi, je connais la Grande Bretagne. Néo-zélandais? Ça m'aurait pas étonné... avec un peu de chance, maori? Et on joue pas sur les noms des tribus, sinon je vous coupe les doigts. » Elle soupira doucement et le regarda, un peu plus fixement. « Le danger est présent mais il est invisible. C'est pour ça qu'il est dangereux... Vous savez où aller cette nuit? » Elle bu une gorgée de son café, brûlant, mais tellement bon. « Je ne vous connais pas, certes, mais votre aura n'est pas agressive, et mon amie n'a rien vu sur vous... et je lui fais confiance. Je peux vous proposer mon canapé pour cette nuit. Et puis, ça vous rapprocherez de Londres et du danger. » Elle reposa son regard sur les cartes et les rangea. « Bien sûr, je dis ça, je dis rien. C'est une proposition. Je ne suis jamais chez moi de toute façon... »

Misha invitait quelqu'un? Ce n'était pas la première fois. Pas vraiment la première fois. Son appartement était à Londres, quartier plutôt sombre même, et personne n'y mettait souvent les pieds. Il y avait bien Illiana qui n'avait rien trouvé de mieux que d'importuner sa grande soeur, mais la blonde n'était pas un problème. Quant à Misha, elle dormait souvent au bureau, donc ce n'était pas elle non plus qui allait déranger l'appartement. Elle le regarda, attendant une réponse. Mais qu'elle soit négative ou positive, elle n'aurait pas été plus enthousiaste ou heureuse. Ça lui était égal. Ce qui l'embêtait, c'était les invitations aux enterrements...

Mikah semblait penseur, malgré son petit sourire sur ses fines lèvres. Il y avait quelque chose de particulier en Misha qui l'intéressait. Un destin particulier... Beaucoup d'esprits ne cessaient d'aller et venir dans cette taverne depuis sa rentrée. Comme si il la surveillait, ou avait quelque chose à lui dire, à faire. Il y en avait des mauvais, des gens qui semblaient lui vouloir du mal. Mais il y en avait d'autres, bien plus protecteur et plus apaisant... La force des deux pôles semblait réuni dans cette personne malgré son air détaché et arrogante qu'on souvent ces jeunes femmes adultes qui pensent pouvoir tout réussir dans la vie avec une bonne dose de volonté. Mikah ne dit rien, la laissant parler sans pour autant la couper ou émettre une seule expression de visage malgré un regard lointain et vide. Pour lui, la conversation ne mènerait nulle part. Il n'avait pas réellement envie de la suivre, étant donné les conseils du druide, de tout à l'heure. Il y réfléchit, longuement pour tout dire. Le dos avachis sur son dossier de chaise, un de ses bras se balançant doucement vers le sol, tandis que l'autre, avec sa main, il s'amusait à faire mouvoir - sans les toucher - les gouttes de vin au fin fond de sa calice avec désinvolture.

Soudain, un puissant coup de tonnerre retentit au dehors. L'éclair fut éblouissant, tant est si bien, que lorsqu'il péta, les lumières à l'extérieur cessèrent. L'obscurité se fit beaucoup plus présente tout à coup, et les vents des quatre points cardinaux soufflèrent de toutes leurs forces sur la ville de Waterville, donnant naissance à des petits cyclones de part et d'autres de la cité. Un homme entra en trombe dans la taverne, son paravent dégoulinant de pluie, l'air terrorisé. Il referma tant bien que mal la porte, face au vent soufflant qui éteignis toutes les bougies, installant un silence de mort au sein de la pièce. Lorsqu'il parvint à refermer la porte derrière lui, il se plaqua dessus, regardant tout le monde de son regard apeuré.

- La mer est totalement démontée !!! Tout le monde est sur le qui-vive ! Tout le monde tente de fuir !! La pluie tape si fort ! Les vents sont si violent... Et les vagues s'écrasent fortement sur les plus proches habitations de la ville ! Elles font presque toutes dix mètres de hauteur !!! C'est une catastrophe !

Mikah se redressa doucement sur son siège, regardant l'homme avec un sérieux particulier. Tout à coup, l'on pouvait l'apercevoir différent. Une vrai force de la nature. Il parla.

- As-tu senti quelque chose d'anormal ? Quelque chose de puissamment magique ? Ou même des énergies mauvaises ?

L'homme le regarda, comme si ce dernier semblait totalement à l'ouest, mais le regard curieux. Après quelques secondes de réflexion, il s'écria :

- Je... J'ai pas vraiment fait gaffe... Mais, c'est vrai que c'était particulièrement agressif.
- Humm...

Au dehors, l'on entendit comme un bâtiment s'effondrait. Mikah se leva de sa chaise, posant quelques noises pour payer son vin chaud, avant de prendre la direction de la porte où l'homme s'écarta, se recroquevillant dans un coin, devant la silhouette massive de Mikaere. Il ouvrit la porte et d'un coup, le vent se remit à pénétrer avec force. Ses vêtements se collèrent contre lui, tandis que le reste virevoltait derrière lui. Il fronça légèrement ses yeux, puis, il s'avança dans la rue, la pluie lui battant le visage avec force.

Il ne répondit pas, et Misha tourna le regard quand la porte claqua, se refermant sur un homme étrangement affolé. Elle resta imperturbable, et scruta l'expression de son visage. Étrangement affolé. Pourquoi Luce ne voyait pas plus loin que quelques cartes? ...les mauvaises ondes...

- La mer est totalement démontée !!! Tout le monde est sur le qui-vive ! Tout le monde tente de fuir !! La pluie tape si fort ! Les vents sont si violent... Et les vagues s'écrasent fortement sur les plus proches habitations de la ville ! Elles font presque toutes dix mètres de hauteur !!! C'est une catastrophe !

Misha fronça doucement les sourcils et serra, dans sa poche, les cartes. La menace ne quittait donc jamais les chamans? À croire qu'ils s'attiraient tous le mauvais oeil. Misha regarda Mikaere se redressait et reporta au final son attention sur l'homme. Il avait l'air tellement paniqué... avait-il croisé un fantôme? ...un … démon? Ou tout simplement une violente tempête? La voix forte de Mikah ramena pourtant l'homme sur terre, comme secoué par une nouvelle force, une force de la nature.

- As-tu senti quelque chose d'anormal ? Quelque chose de puissamment magique ? Ou même des énergies mauvaises ?
- Je... J'ai pas vraiment fait gaffe... Mais, c'est vrai que c'était particulièrement agressif.
- Humm...

Misha observa Mikah se levait, payait, et s'en allait, ouvrant la porte et disparaissant derrière elle. La bourrasque ressemblait vaguement aux tempêtes sibériennes, ou encore celle qui, dans le désert du Sahara, recouvre les corps et les engloutit. Mais cette tempête était de pluie, et non pas de glace ou de sable. Il disparu finalement derrière la porte et la petite brune se leva à son tour. Si un autre chaman mourait, Luce lui en voudrait atrocement. Elle déposa ce qu'elle avait dans les poches – et c'était plus que suffisant pour payer un simple café – et se dirigea vers la porte alors que l'homme, recroquevillé dans son coin, se mit à se secouer, comme pris d'une démence étrange, particulière, et il gueulait comme un cochon que l'on égorgeait, d'un cri strident et singulier.

- Il ne faut pas y aller! Noooon! Ses yeux étaient effrayants, mais Misha ne cilla pas. N'y allez pas, ou... ou vous mourrez vous aussi!

Elle aurait pu répondre « la mort est mon élément », mais elle ne dit rien et sortit, refermant la porte derrière elle, sortant alors sa baguette. Le vent soufflait fort, très fort, et son chemisier blanc ne tarderait pas à devenir transparent, pas ce n'était pas un problème. Elle attacha sa cape afin qu'elle ne s'envole pas et rabattit le capuchon sur sa tête, se dirigeant vers Mikaere qui, s'il était partit le premier, Misha savait exactement où le trouver. L'instant du chasseur, sans doute. Ce n'était pas rien d'être une Vanna Syl, ça demandait du flair, du travail, et un certain sens de la magie. Elle du s'arrêté une fois sur le pavé, quand le vent frappa si fort qu'elle faillit reculer d'un pas mais elle reprit aussi vite que le vent eut cessé de la frapper avec cette violence, apercevant finalement la carrure du chaman. Elle s'en approcha, sans un bruit, non pas pour lui faire peur, mais car il était sans doute en train de faire quelque chose, et Misha était la mieux placée pour savoir que l'on ne dérangeait pas quelqu'un qui était en train de faire quelque chose.

Le monde avait changé, et il devenait particulièrement agressif. Mikah ne pouvait que le comprendre. En effet, ce dernier donnait tout à l'homme. Même trop. Et voilà que ce dernier se fichait de cette terre si bonne pour tout corrompre, pour tenter de prendre les rennes du pouvoir sur les autres en utilisant des énergies négatives, faisant ressortir des monstruosité que les dieux des diverses peuplades avaient enfoui dans les profondeurs du monde. Devant Mikah, il y avait une mer totalement démontée. Derrière lui, la ville était toute s'en dessus dessous. Il retira doucement ses chaussures qui, tout trempé, ne lui servaient plus à rien sous un mètre d'eau. Ressortissant une de ses jambes, il posa un de ses pieds sur la surface de l'eau, puis, il fit de même avec le deuxième. Dominant l'eau de toute sa superbe, le chaman marcha en direction de l'océan, l'air déterminé mais une inquiétude toute particulière sur son visage. Chaque pas à la surface de l'eau semblait calmer cette dernière. On avait l'impression que ses pas provoquaient comme des petits ricochets à la surface. Il y avait quelque chose de profondément magique et intime entre lui et l'eau. Quelque chose d'étranges.

Face à lui, la puissance de l'océan. Un port ravagé, des bateaux de pèche totalement disloqués, des vagues énormes qui emportés tout sur son passage, sauf ce dernier sous une pluie battante. Le ciel était totalement noir, et l'horizon était encore plus menaçant que ce qui se déroulait actuellement. Comme une fin de monde. Les habitants de Waterville tentaient de s'enfuir. Certains réussissaient... D'autres, non. Un parfum de mort et de violence s'abattaient sur cette pauvre ville qui n'avait rien demandé. L'espace de quelques instants, Mikah s'était même demandé si ce n'était pas lui qui avait attiré cette merde, ici. Cette chose contre lequel, lui et ses frères chamans du monde entier, osaient se dresser pour rendre à leur planète toute la beauté qu'elle avait, et qu'elle possède encore. S'arrêtant à quelques mètres après avoir dépasser le port, alors que tout autours de lui, l'océan démontait tenter de le faire perdre pieds, il s'agenouilla comme de rien n'était, trempant deux doigts dans l'eau. Il les ressortit, se passant l'eau sur le visage. Puis, il se laissa couler dans l'eau, gardant un air déterminé, comme de quelqu'un qui savait éperdument ce qu'il faisait.

L'on ne sait pas exactement combien de temps il resta sous l'eau. Peut être, une bonne dizaine de minutes. Durant tout ce temps, l'on put voir à la surface de l'eau de nombreuses lumières éclaircir les bas-fonds, tandis que peu à peu les éléments semblaient se calmer sur la ville pour ne plus que se concentrer au sein même de la mer. Puis, une explosion lumineuse. Au début, ce fut noir, profondément sombre, jusqu'à ce qu'une lumière intense hésitante entre le blanc pur et le bleu pâle se fit ressentir pour exploser cette dernière en une miriade de petites gouttes d'eau. Ces dernières tombèrent tels un crachin sur Waterville tandis qu'un léger rayon de soleil traversa le ciel pour éclairer le port de la ville où un corps était allongé. L'on pouvait, de là où était Misha, facilement deviné de qui il s'agissait.

désolé. Je ne savais pas quoi faire, ni comment décrire ce que j'avais en tête. Du coup, j'm'en tire avec un lapin sortit du chapeau. Mais j'en avais marre. Tout ce que je peux te dire, c'est que Mikah est profondément fatigué, et qu'il aurait besoin de soin... Des soins d'une voyante par exemple.

Elle l'avait perdu de vue l'espace d'un instant. Il n'y avait eu plus rien. Juste le temps de fermer les yeux, de les ouvrir, et... plus rien. Luce la tuerait à coup sûr. Encore un de moins. La russe grogna, et se rapprocha de la jetée. Les vagues s'étaient calmées. La lumière éclairait alors la ville, dans un crachin chaud et lumineux. Elle grogna. Pourquoi tous les chamans étaient ils suicidaires? Elle siffla entre ses lèvres et ferma les yeux. « Cave vulpae. » De derrière elle, une forme vaporeuse noirâtre se transforma en un renard à la gueule effrayante. C'était dans ces cas là qu'il fallait user de ce qu'elle avait sous la main. Elle se retourna, croisa le regard de l'animal.

« Cherche, trouve moi le chaman mais ne le tue pas. »

Le renard siffla et s'élança, rapide comme une ombre. Elle le suivit en courrant. Si elle ne le retrouvait pas, elle aurait droit encore à ses reproches... ce qu'elle n'était pas prête d'avoir aujourd'hui, pas alors que Dahana lui faisait de plus en plus de misère au travail. À cran? Juste un peu. Elle descendit l'embarcadère, le renard l'attendait, à quelques pas du chaman. La force de la nature s'opposant au néant. Magnifique comme image. Misha leva la main, la passa dans le pelage froid de l'animal qui disparu aussitôt. Elle se rapprocha du néo-zélandais, se pencha au dessus de lui, et l'observa en silence. Elle glissa son index et son majeur au niveau de sa jugulaire, cherchant un pouls. Elle eut un petit sourire en le calculant. Rythme stable. Le coeur n'avait rien. Tout cela n'était que fatigue... du corps. Elle se releva et regarda aux alentours. Les villageois la chercheraient, elle et le chaman, et ce n'était pas une bonne pub que de trouver une jeune fille à côté d'un homme à moitié mort – juste à moitié mais presque mort tout de même. Elle lui attrapa une main, ferma les yeux, se concentra, et transplana dans un crac sonore.

…

Luce habitait en Bohème. Parfois à Londres, mais souvent en Bohème. Elle visitait tout particulièrement la troupe de sa mère et de son père, qui voyageaient le plus souvent entre l'Ukraine, la Roumanie, la Moldavie, et la Bohème. Ils ne se perdaient pas. Pas qu'ils étaient bruyants, bien au contraire, ils étaient bien plus que discrets, mais une fois que l'on visiter le camp, on y retournait toujours. C'était sans doute l'effet Della Messa. Le crac sonore fit apparaître la russe et le néo-zélandais au milieu du camp. Ici et là, quelques roulottes se mirent à vrombir, et ils en sortirent aussitôt une dizaine de personnage, curieuses de savoir qui les visiter alors. Misha eut une grimace en voyant toute cette foule autour d'eux et fixa Caïn qui se démarquait par son teint plus clair du reste. Il s'approcha aussitôt et attrapa l'autre épaule de l'étranger, le soulevant avec facilité, aidant Misha à le rapprocher de la roulotte de Conceptiõn. Ils le traînèrent à l'intérieur, refermant la porte derrière eux, et laissèrent tomber Mikaere sur une banquette. Caïn regarda Misha, la russe lui rendit son regard.

« J'appelle Luce. »

La russe acquiesça alors que le mexicain sortait. Quelques secondes plus tard, la porte se referma derrière l'italienne, aux yeux verts et à la peau claire, et personne d'autre. Misha haussa un sourcil, surprise.

« Caïn n'est pas là? »
« Il est partit garder Nora. » Elle soupira. « Elle apprends le métier... » Elle posa son regard sur le néo-zélandais. « Je t'avais dit d'aller le voir, pas de le tuer Misha. »
« Ce n'est pas de ma faute s'il se prends pour le messie... » grogna Misha.
« Le messie? »
« Il y a eut une tempête à Waterville. »
« Le calice! » Elle eut un sourire large et se pencha au dessus de lui. « Une idée pour le totem? »
« C'est un chaman. »
« Je vois. Il a calmé la tempête? »
« ...c'est toi la voyante. »

Luce eut un petit rire et passa sa main sur le front du chaman. Rien. Juste une aura chaude et sereine. Cet homme était en paix avec lui même. Aucune animosité, aucune colère dans son coeur. C'est sans doute pour ça qu'il avait réussi à entrer dans le camp des gitans. Elle glissa une main sous son vêtement, la posa prêt de son coeur et ferma les yeux. Une faible lueur naquit dans la main de la voyante qui se releva, se tournant vers Misha.

« Il a sur lui l'emprunte du mal... »
« Je... » Elle toussa, détournant le regard. « J'ai du l'appelé pour l'appeler. Je l'ai trouvé sur la jetée. Il n'y avait pas toucher. »
« Il a essayé de s'en emparer. Tu sais que c'est dangereux de t'en servir, Misha. »
« Je sais. Mais je le contrôle, Luce. Alors... »
« Alors je ne te dirais rien. »

La voyante eut un sourire calme alors que le néo-zélandais renaissait, peu à peu, s'extirpant des cauchemars qu'avaient du inspiré la présence du démon à côté de lui. Qu'importe puisque dans son songe, la lumière avait du lui apparaître, chaleureuse et consistante. Luce recula de quelques pas, le laissant émerger, avant de lui tendre sa fine main, pour qu'il se redresse de sur la banquette.

« Bienvenue parmi le monde des vivants, Mikaere Bishop. Je vous attendais. »

Elle a un sourire étrangement doux. Dans son aura, rien. Juste une lueur chaude, accueillante, qui dessine comme deux ailes sur un fond gris pâle. À côté d'elle, l'aura de Misha est plus contrasté, mais tout aussi sereine.

Fatigué... Il se sentait las... Il tenta vainement d'ouvrir les yeux, mais rien ne changea. Il tenta de lever ses mains à la hauteur de son visage, mais il n'y arrivait pas. Ses bras étaient trop lourd, trop... Il était épuisé, cela ne faisait aucun doute. Il n'arrivait pas à faire le moindre geste. Il tenta de réouvrir les yeux, avant de se rendre compte que, ils étaient déjà ouvert, et que, tout autours de lui, c'était l'obscurité la plus totale. Rapidement, un sentiment de peur se fit ressentir en son sein. Son cœur se mit à battre à tout rompre avant de finalement, voir une toute petite lueur blanche. Machinalement, il tenta de la rejoindre. Et peut être pour la première fois, il y parvint. Cependant, plus il s'en avançait, plus il avait froid, comme si toute vie tout autours de lui semblait se retirer devant cette lumière blanche et pure. Puis, alors qu'il s'enlaçait de ses bras comme pour conserver le peu de chaleur que son corps émanait. Un renard à l'aspect profondément démoniaque apparut devant lui, se dressant sur ses pattes, retroussant ses babines comme si il allait l'attaquer. Il s'arrêta devant lui, reculant de quelques pas, avant de finalement, lui lancer un regard noir. Un démon... L'une des choses venant du monde d'en dessous... Juste l'une de ses nombreuses choses qu'il souhait éviter voir venir sur ce monde... Mikah sentait une violente colère venir en lui.

Quand tout à coup, une lumière délicate apparut sur le côté. Une lumière calme, apaisante, sécurisante... De la chaleur semblait émaner de son sein gauche, quand soudain, il se sentit aspirer dans cette fabuleuse lumière venue de nulle part. Il n'aurait su dire avec exactitude ce qu'il en ressentit. Peut-être un étrange sentiment de bien être ? Quoiqu'il en soit, lorsqu'il put re-ouvrir les yeux, ce fut comme si on le sortait de l'eau. Il se mit à respirer violemment, avant d'avoir les idées clairs, et surtout, une vision précise de ce qui l'entourer. En particulier de la demoiselle qui était penché au dessus de lui.

- Bienvenue parmi le monde des vivants, Mikaere Bishop. Je vous attendais.

Machinalement, un sentiment de panique lui prit le coeur, et il tenta de reculer en arrière, avant de finalement, taper la tête contre le mur, l'allongeant sur la baquette. Il resta quelques instants, là, immobile. Avant de finalement lever sa main vers sa tête, où il se massa l'endroit où il s'était cogné.

- ça fait mal, putain.

Il tenta de se relever, mais finalement, ses forces le lâchèrent. Il était encore trop faible. Néanmoins, il reposa son regard sur la demoiselle avant de murmurer.

- D'où vous connaissez mon prénom ?

Il luttait presque pour maintenir ses yeux ouverts tellement la fatigue était grande.

Il a l'air paniqué, et c'est normal. L'italienne recula, un sourire amusé, disparaissant en une moue inquiète quand il se cogna mais finalement un autre sourire fendit son visage. Derrière elle, Misha resta stoïque, pratiquement froide. Les deux jeunes femmes semblaient radicalement opposés, de par la prestance – Misha semblait imposante, à l'inverse de Luce – mais pourtant, elles étaient semblables car elles défendaient un seul et même idéal : le bien. Elles avaient vécues toute leur vie dans l'optique d'un grand destin, et il est bon de souligner que les grands esprits se rencontrent toujours. Luce eut un petit rire en le voyant masser son crâne, un rire enfantin alors que sévère, Misha posait son regard sur cet homme.

- ça fait mal, putain.
- Je ne pense pas que le but soit de faire du bien.

Luce eut un large sourire amusé. C'était bête comme réponse, pratiquement évident, mais on ne pouvait pas lui en vouloir. La bohémienne avait toujours été ainsi, depuis qu'elle était petite. Le cocon familiale l'avait pourvu d'un coeur d'or mais surtout d'une vision globale, du passé comme de l'avenir. Elle était la voyante de la troupe, du camp, et elle tenait son rôle. Elle l'avait tenu depuis qu'elle avait treize ans, pour le bien de tout le monde. Même des inconnus comme Mikaere.

- D'où vous connaissez mon prénom ?
- Sccht. Toutes choses en son temps. Vous ne voudriez tout de même pas que je vous dévoile tout? Elle eut un petit rire, mais sembla quelques instants plus tard étrangement sérieuse. Mikaere Moana Bishop. Mikaere car votre père s'appelait Michael, et qu'il voulait que vous portiez son prénom dans la langue de votre mère. Le mariage de l'écosse et des maori. Moana... étrange prénom, n'est-ce pas? Vous seriez étonné de savoir tout ce que je sais sur vous. Elle sursauta, se frappant doucement le front de sa main. J'en oublierais même qui je suis! Je me présente : Luce della Messa de Riviera, bohémienne, et voyante. Vous le sauriez si vous écoutiez un peu plus ce qui vous entoure... Vous sauriez aussi que je voyage beaucoup... ici et là. Vous êtes ici chez moi. Dans ma roulotte. Ne vous remuez pas trop. Vous êtes bien loin de l'Angleterre... vous devriez vous allonger un peu, vous reposer avant.

Misha resta en arrière, muette. Luce avait toujours été trop gentille de toute façon.

Il a mal aux yeux, son regard est sombre, perdu. Des marques sur son visage apparaissent montrant qu'il fronce légèrement les yeux, à plusieurs reprises, comme si la lumière de la pièce était beaucoup trop intense pour ses pupilles. Il se passe une main sur le visage, puis se frotte les yeux, avant de finalement reposer son regard sur Luce, qui se présentait tout en lui parlant de bons nombres de choses que cette dernière savait sur lui. Surtout concernant son prénom et l'histoire de ce dernier. Son sourcil se fronce de curiosité, tandis qu'il tente vainement de se redresser pour faire face à tout le monde. Et surtout pour avoir l'air moins faible. Une chose qui avait le don de l'énerver au plus au point. Mikah eut un léger sourire, comme pour s'excuser de bouger, tandis que sa tête tourna violemment. Il manqua de rouler de l'oeil, en posant machinalement sa main droite sur la tête du lit comme pour s'appuyer. Il reposa de nouveau son regard sur Luce, fronçant à nouveau les yeux.

- Vous brillez trop... Voyante, hein ? J'aurais plus dit une espèce de Djinn de la lumière... Ange, je crois que c'est. Il eut un sourire avant de regarder Misha. Et moi qui t'avais dit que je comptais rester sur l'Irlande car j'avais à y faire...

Il fit mine de vouloir se lever, mais il abdiqua assez rapidement. Surtout lorsqu'il lui fallut contracter ses abdos pour cela. Il soupira sous la douleur. Il était crevé. Il le savait, mais il tentait... Espérait. Il n'aimait pas se sentir ainsi.

- Allons bon... Peut-être pourriez-vous m'expliquer quel est ce mal qui sévit sur la planète en ce moment même... J'avoue que ma venu en Angleterre y avait un lien étant donné que nous soupçonnons cet endroit plus fragile qu'un autre... Mais... Nous ne savons pas réellement ce à quoi cela se tient... Vous avez une idée ?

Il parle, il parle. Il se met à tousser doucement, avant de finalement dire avec un sourire plein d'excuses informulés.

- Je sais que cela ne se fait pas mais... J'ai énormément soif et...

Un sourire plein d'excuses qui se termine en quelque chose de timide.

« Et moi qui t'avais dit que je comptais rester sur l'Irlande car j'avais à y faire... »
« J'aurais du peut être vous laisser mourir alors. »
« Misha! »

La bohémienne venait de croiser le regard de la russe qui avait arqué un sourcil. Pour elle, c'était normal. Ce n'était pas comme proférer des menaces, c'était un jeu. Elle déteignait étrangement sur Knox. Luce avait toujours connu Misha plutôt corrosive, quasiment acide, mais parfois, et surtout quand on ne la connaissait pas, on la trouvait froide et difficile à cerner. C'était tout un personnage. À la fois sombre et pourtant du côté du bien. Luce quitta Misha des yeux en le sentant soupirer. La douleur vrillait son aura, et la jeune voyante en était bien consciente. Elle se rapprocha d'un pas mais cessa. Les hommes étaient souvent si... si... « hommes » qu'ils ne voulait pas d'aide. Tout comme Caïn et sa fameuse fierté masculine. Je vous jure, ces hommes...

« Misha, s'il te plaît... »

La russe haussa un sourcil et tourna les talons, disparaissant dans le fond de la charriote. Luce posa son regard sur Mikaere, se posant calmement contre le lavabo. Il n'allait pas bien. Il allait devoir rester ici. Elle le savait, mais elle ne dirait rien. Elle savait de même ce qu'il allait dire à ce moment, mais elle n'anticiperait pas. Anticiper le futur, c'était le changer, et ça, c'était une règle à ne jamais, jamais, jamais dépasser. Changer quelque chose, dans le temps, n'était pas interdit par le Ministère pour rien.

« Allons bon... Peut-être pourriez-vous m'expliquer quel est ce mal qui sévit sur la planète en ce moment même... J'avoue que ma venu en Angleterre y avait un lien étant donné que nous soupçonnons cet endroit plus fragile qu'un autre... Mais... Nous ne savons pas réellement ce à quoi cela se tient... Vous avez une idée ? » Elle eut un sourire bref. Un bruit de porte se fit entendre. « Je sais que cela ne se fait pas mais... J'ai énormément soif et... » Au même moment, Misha réapparut, deux grands verres d'eau clair dans les mains, et les tendit à Knox.
« Le mal ne date pas d'aujourd'hui sur Londres, mais ces derniers temps, la menace est plus forte. De plus en plus de cauchemars... je ne sais pas exactement. C'est loin. C'est pourquoi je ne vois pas clairement... Mais ce mal... » Luce se rembrunit, chose rare. Misha resta en retrait, toujours silencieuse. « Le monde va mal. Cela fait des années que dans les entrailles de notre terre, quelque chose se terre, puissant. Nous avons perdu toute trace. Ce que nous savons, pourtant, c'est qu'un jour ou l'autre, ça ressortira. » Elle toussota, soudainement mal à l'aise. « Il y a des rassemblements à Londres, de mages dit noirs. Ils œuvrent dans l'ombre, mais tôt ou tard, ils passeront à la pratique. Pour quoi? Aucune idée. Ce que nous savons, c'est que les assassinats montrent qu'ils sont organisés, et nombreux. » Luce prit un air presque triste, baissant le regard. « Nous allons entrer dans une période de trouble, dans une période noire, et... et je n'ai vu aucune lumière dans l'obscurité. »

Misha resta impassible. Luce, quant à elle, doutait. Se pouvait-il que l'avenir était si moche? Elle l'ignorait. Elle ne voulait pratiquement ne pas y penser. Mais ces rêves, les cartes, les runes, tout ramenait à une seule et même vision : le noir sur Londres. Un noir obsidien, et des cris.

Il eut un sourire lorsque Misha répondit. Cette dernière semblait ressembler énormément à Petelo. Il eut un sourire. Misha ne semblait pas si glaciale... Ou alors, elle était faites d'un froid dévorant et brûlant. Il eut un sourire en pensant à cela, fière de sa comparaison. Il reporta son regard vers Luce qui semblait être une personne haut placée au sein de sa tribu, ou whatever you want. Elle était respectée, et Mikah n'avait pas besoin de savoir pourquoi... Il le comprenait et le remarquait. Mikah se mit à parler, il fallait bien briser le silence avant que ce dernier ne s'installe.

Misha revint avec deux verres d'eau tandis que Luce commençait à lui répondre, se lançant dans une longue tirade. Mikah remercia Misha d'un signe de tête, avant d'en boire un d'un trait. Ce fut sensible, mais l'on vit déjà Mikah se sentir bien mieux, son regard reprenant réellement de vrai couleur, et surtout de vrais émotions. Elles n'étaient plus ternes, et la fatigue commençait à ne plus se faire trop ressentir. Il écoutait Luce comme un élève écoute son professeur - si cet élève est éduqué et qui ne fait pas l'singe, bien sûr -.

- Nous allons entrer dans une période de trouble, dans une période noire, et... et je n'ai vu aucune lumière dans l'obscurité.

Il eut un sourire, avant de dire :

- Ce n'est pas ce que dit Enrique... Il nous a tous mandé, ce n'est pas pour rien. Et un chaman ne se bat jamais pour perdre. Il avala une rasade du second verre avant de poser le premier verre sur le rebord du lit, en équilibre - un équilibre parfait, soit dit en passant -. Quelque chose me dit que vous le connaissez... Et que ça fait très longtemps que vous ne vous êtes pas revu, tous les deux. Il eut un sourire, avant d'avaler le reste de son verre.

- Vous savez... Je pense également que nous allons traverser une période de trouble... De noir, et que l'on ne verra aucune lumière à proprement parler. Mais le fait que l'on se batte pour préserver cette lumière, même si elle nous semble inexistante, c'est prouver qu'elle existe, qu'elle est toujours là, près de nous. Y croire, pour ne jamais qu'elle s'éteigne. La noirceur ne peut éternellement vaincre. Elle est immobile. Et ne change quasiment jamais.

Il posa le second verre.