L'eau quasi-brûlante qui ruisselait le long de son corps faisait un bien fou à la jeune femme qui se sentait soudainement revivre. La tête rejetée en arrière, elle gardait les yeux fermés, immergée dans son monde d'obscurité et de chaleur douillette qui la réconfortait, sentiment accentué par le délicieux contact de ses doigts démêlant ses longs cheveux d'un brun cuivré luisant. À côté d'elle, sa soeur se tenait enveloppée dans sa serviette, brossant sa propre crinière en fredonnant une vieille mélodie dont les paroles lui échappaient. Qu'importe ! Se sentant enfin remise après cette déprime angoissante, elle n'allait pas se laisser perturber par quelque chose d'aussi trivial. Coupant l'arrivée d'eau, Kheeva essora ses cheveux avant de sortir de la douche pour faire face au sourire de sa soeur qui la regardait un grand sourire moqueur sur les lèvres, lui tendant une serviette. Non qu'elle fut gênée par la nudité de celle-ci après tout, elles avaient le même corps, dormaient dans le même lit et plus que tout, elles partageaient le même amour pour le même loup. Loup dont elles devaient se soucier rapidement, il fallait qu'elles sachent ce qu'il était advenu de lui pour lui venir en aide au plus tôt. C'était tout à fait puéril et parfaitement indigne de leur part d'avoir réagi ainsi, elles le savaient, plutôt que de chercher une solution, elles avaient préférées s'appitoyer sur leur propre sort. S'il lui était arrivé malheur elles l'auraient sentit, non, elles devaient savoir ce qu'il était advenu de lui et ce que les sorciers pourraient bien faire de lui maintenant qu'Azkaban n'était plus. A propos de sentir quelque chose, elles avaient un autre soucis à régler. Et ça tombait bien la personne qui saurait les renseigner se trouvait être la même.



Les cachots... triste endroit, comment pouvait-on supporter la froideur nocturne d'une pierre insalubre alors que la lune et les étoiles étaient si magnifiques ? Ça dépassait l'imagination des jeunes femmes qui, à peine habillées, s'était élancer à la recherche de la seule personne présente qui pourrait répondre à leurs attentes. Abaddon Van Hellsing. Lheena retira sa main de la porte après y avoir frappée quelques fois. Sans trop savoir où commencer à le chercher, les jumelles s'étaient dit que, mieux valait commencer par voir dans son bureau s'il y était. Ça ne coûtait rien comme on disait. Avec son habituelle voix douce la lycanne refrappa une nouvelle fois contre la porte, interrogeant cette fois son éventuel occupant.

Professeur Van Hellsing ?

Le petit Solomon était endormi dans le grand siège de l'alchimiste. Abaddon était assis sur le bureau et regardait cet enfant, né d'un amour trop libre et trop fragile. Il l'aimait à en mourir. Si demain il devait choisir entre lui et sa vie, sans doute aurait il aimé mourir cent fois. Solomon était beau, mais il était de la famille des Nod. Ses cheveux noirs de corbeau et ses grands yeux bleus translucides ne ressemblaient pas à ceux des Hellsing, et Abaddon s'y était habitué. Ce n'était pas qu'il était déçu, mais quand il voyait ce petit garçon qui grandissait sans sa mère, ça lui faisait un peu mal, et ça lui rappelait qu'il n'avait pas aimé cette femme comme il se le fallait depuis quatre ans. C'était long, et dans son coeur, il y avait cette blessure, cette toute petite blessure qui faisait plus mal que les plaies profondes. Il eut un sourire amusé et prit l'enfant de son siège, le posant sur un petit sofa qui était posé contre un mur, un sofa de velours pourpre, où il posa l'enfant alchimiste, et le recouvrit de son large manteau de feutre noir, de quoi lui tenir chaud, même ici, dans les cachots, où tout est gris et humide, puis finalement il se posa sur son siège et croisa les jambes sous son bureau, sortant de son tiroir son livre d'alchimie. Avec une plume d'oie, il traça quelques cercles sur le parchemin vierge, qui aussitôt s'imprégnaient et marquaient le papier de leur dessin noir. L'heure passa. Rapidement. Il traçait, encore et encore, si bien qu'après deux heures de travail, il avait déjà monté un nouveau projet pour les sous sols. Deux heures qui marquèrent son visage de cernes noires. Il n'entendit pas les coups donnés à sa porte, mais Solomon émergea de son sommeil et regarda son père, puis la porte, gémissant alors, gémissement qui ressemblait davantage à un râle d'ailleurs :

« Papa, on toque... »

Abaddon releva la tête de son livre alors que derrière la porte, on toquait à nouveau. Il arqua un sourcil. Si tard?

« Professeur Van Hellsing ? »

Il soupira imperceptiblement. Il aurait du s'y attendre... Phyllis ne traînassait jamais, et Lilith était à cran depuis que Lester était à nouveau libre. Il posa sa main à plat sur son bureau et la porte s'ouvrit d'elle même, comme si l'alchimie était passée du bureau au sol, et du sol à la porte. Elle se referma derrière les deux lycanes, alors que les chaises s'écartaient, comme pour dire aux jumelles « asseyez vous, on vous attends ». Finalement Solomon se tourna, dos aux trois adultes, et se rendormit, épuisé. Abaddon ne détourna cependant pas son regard des jumelles et pencha doucement la tête, perplexe.

« Un problème, mesdemoiselles Straniera? »

Sa voix était monocorde. Une vieille habitude.
Son esprit ne gambadé pas... pas encore.

Lheena commençait à se demander si c'était une bonne idée d'aller trouver Van Hellsing. Depuis l'histoire d'Azkaban, elles avaient pris le plus grand soin de ne pas se retrouver en sa présence. Présence qui les mettaient mal à l'aise. Si elles avaient rit en l'entendant se définir comme un alchimiste, avoir vu son étrange magie à l'œuvre leur avait coupées toute envie d'en rire. Sans parler de cette étrange sensation d'une présence tapie, là dans l'ombre, à la limite de leur champ de perception, comme si... comme si qu'elle les effleuraient, les analysaient. Une sensation angoissante et terrifiante. Elles allaient repartir quand elles perçurent a travers le panneau de bois un faible murmure étouffé.

Solomon - Papa, on toque...

Abaddon était finalement là. Lheena n'aurait su dire si c'était ou non une bonne nouvelle pour elles, trop tard pour se détourner, la porte s'ouvrant sur leurs passage comme une invitation à pénétrer dans les lieux. Saluant d'un sourire le petit garçon qui semblait comme toujours effacer, elles prirent place sur les chaises que leur hôte semblait leur avoir attribuées. Visiblement mal à l'aise, les jumelles semblaient éviter de croiser le regard du professeur qui inclina la tête, l'air perdu.

Abaddon - Un problème, mesdemoiselles Straniera ?
Kheeva - Oui. Non ! Enfin c'est à dire que...
Lheena - Nous sommes navrées de vous déranger professeur Van Hellsing...
Kheeva - Oui nous sommes désolées de venir vous trouvez si tard, mais nous n'arrivions plus a trouver le sommeil...
Lheena - Or nous pensons que vous seul pourrez nous aider à apaiser nos esprits.

Si elles avaient relever les yeux, elles semblaient toujours plonger dans une sorte de gêne et d'embarras qui leur était peu coutumier, et paraissait comme guetter l'autorisation d'Abaddon pour poursuivre.

« Un problème, mesdemoiselles Straniera ? » Question claire, nette. Précise, ou presque.
« Oui. Non ! Enfin c'est à dire que... »
« Nous sommes navrées de vous déranger professeur Van Hellsing... »
« Oui nous sommes désolées de venir vous trouvez si tard, mais nous n'arrivions plus a trouver le sommeil... »
« Or nous pensons que vous seul pourrez nous aider à apaiser nos esprits. »
« Certes, ce n'est pas une heure pour déranger les gens. » Van Hellsing marque une pause. Il n'a pas l'air en colère, pourtant. « Mais puisque vous pensez que je suis le seul à pouvoir vous aidez et que je ne dors pas... poursuivez. »

La vérité est qu'il ne dort jamais, ou presque jamais. C'est une couleuvre. Son seule sommeil est la journée. La nuit, à l'air frais, il prépare ses devoirs, ses copies, ses cours, s'occupe comme il le peut. Son regard vert se pose sur les deux demoiselles, les détaille. Il restreint son esprit, mais ce dernier déjà gambade, sans pour autant les attaquer elle en particulier. Il se concentre sur Solomon, et son rêve où il découvre la formule de la pierre philosophale. Très élémentaire comme rêve, pour un alchimiste. Il a un sourire léger, calme. Abaddon est serein.

Certes, ce n'est pas une heure pour déranger les gens. Mais puisque vous pensez que je suis le seul à pouvoir vous aidez et que je ne dors pas... poursuivez.

Les jumelles marquèrent un petit temps d'hésitation, cherchant comment tournez leurs questions de la meilleure façon. Après tout ce n'était pas évident à formuler, et la curiosité qu'elles manifesteraient alors pourrait paraître incongrue sinon suspecte au vu des récents évènements.

Eh bien,... nous connaissons très mal le système juridique anglais... il n'est pas facile pour nous d'appréhender un système changeant si rapidement, une action peut être perçue de différente façon selon l'époque... En général, vous expédiez vos prisonniers sur une île-prison, mais qu'adviendrait-il d'une personne qui devrait y être exilée quand cette prison n'est plus comme c'est actuellement le cas ?

Quelque part Lheena retint son souffle, une question aussi directe aurait-elle une réponse ? Sentir sur elle le regard pénétrant de l'alchimiste la mettait mal à l'aise, comme si, soudainement, elle se retrouvait disséquée, étudiée, répertoriée, classée. Les lycanes frissonèrent imperceptiblement, comme si tout a coup, quelque chose guettait, tapis dans l'ombre. C'était perturbant et angoissant... tout en étant intriguant et excitant. Comme une piste à peine flairée qu'on prenait plaisir à remonter.

Abaddon était plus calme qu'à l'habitude. Aucune raison pourtant. Mais son esprit restait bien enfermer dans son corps, quitte à perdre parfois le fil de la conversation. Il le devait. Pour les mettre en confiance. Et car il était fatigué de devoir suivre la conversation et d'assimiler les souvenirs en même temps. Juste fatigué.

« Eh bien,... nous connaissons très mal le système juridique anglais... il n'est pas facile pour nous d'appréhender un système changeant si rapidement, une action peut être perçue de différente façon selon l'époque... En général, vous expédiez vos prisonniers sur une île-prison, mais qu'adviendrait-il d'une personne qui devrait y être exilée quand cette prison n'est plus comme c'est actuellement le cas ? » Abaddon eut un sourire et haussa un sourcil.
« Vous pouvez comprendre que cette question mériterait quasiment un : pourquoi cette question? » Il a un sourire amusé qui tire ses lèvres et avec un geste du poignet, il ajoute : « En partant du principe que vous avez lu les journaux et que vous vous inquiétez, je dirais qu'ils sont transférés vers d'autres prisons. Azkaban est une prison britannique, mais il en existe une bonne dizaine à travers le monde. Il y a celle du Pays de Galle, mais j'ai entendu dire qu'elle était pleine. Il y a celle d'Oslo, de Montréal, de San Juan, et quelques autres éparpillés en Europe. » Il haussa les épaules, réfléchissant en même temps qu'il parlait. « Je pense que dans le cas de l'attaque d'Azkaban, les mangemorts jugeaient sans renvoyer dans des prisons proches de leur pays d'origine ou tout simplement celle qui veut. » Son esprit vagabonda, captura une image, sans le vouloir. Il ne se demanda pas si cette image lui appartenait ou non, mais il l'avait vu quelque part, cette image d'un masque vénitien à terre, tiré dehors par ses propres moyens. « Si vous désirez, vous pouvez assister en tant que juré au prochain jugement. Je crois qu'il s'agit d'un certain Jake Orlov. S'il ne prends pas la peine capitale, il sera sans doute transporté à Oslo ou en Sibérie... »

Il pose ses mains sur son bureau, les fixe, une, puis l'autre.

« Satisfaite? »

La réponse est donnée, après, suffit-elle aux deux curieuses …

Vous pouvez comprendre que cette question mériterait quasiment un : pourquoi cette question ?
Appelons ça de la simple curiosité face à une situation qui ne manquera pas de nous rendre la vie d'autant plus difficile. Les humains se défient de nous, avec ce qui c'est passé récemment, comprenez qu'être loup-garou en Angleterre n'est pas une situation des plus enviables... Nous voulons juste savoir ce qui risque de nous attendre.

Elles eurent un imperceptible battement de cils en l'entendant parler. Les avaient-il dors et déjà percées à jour ? Ou bien exposait-il un simple fait ? Pas vraiment rassurées par la tournure que prenait la discussion, elles l'écoutèrent sans plus mot dire.

En partant du principe que vous avez lu les journaux et que vous vous inquiétez, je dirais qu'ils sont transférés vers d'autres prisons. Azkaban est une prison britannique, mais il en existe une bonne dizaine à travers le monde. Il y a celle du Pays de Galle, mais j'ai entendu dire qu'elle était pleine. Il y a celle d'Oslo, de Montréal, de San Juan, et quelques autres éparpillés en Europe. Je pense que dans le cas de l'attaque d'Azkaban, les mangemorts jugés sont renvoyés dans des prisons proches de leur pays d'origine ou tout simplement dans celle qui veut.

Un infime effleurement à la lisière de leur conscience les fit légèrement tressaillir. Quoique ce fut, elles en avaient la chair de poule. Peut être se faisaient-elles des idées tout simplement ? Après tout il pouvait s'agir d'un simple courant d'air et vu qu'elles étaient bras nus...

Si vous désirez, vous pouvez assister en tant que juré au prochain jugement. Je crois qu'il s'agit d'un certain Jake Orlov. S'il ne prends pas la peine capitale, il sera sans doute transporté à Oslo ou en Sibérie...

A entendre ce nom dans sa bouche, elles en ratent un battement de coeur, fermant les yeux doucement. Il est vivant, Seth merci ! Mais pour combien de temps encore ? Entendre Van Hellsing parler de peine capitale les fait frémir intérieurement, bien qu'extérieurement elles s'évertuent à afficher un masque de calme serein. Alors qu'il pose ses mains sur son bureau en les fixant, tour à tour. Lheena s'essaye à un pauvre sourire de dérision.

Nous n'avons pas la nationalité britannique vous savez... Et puis qui plus est quel tribunal se soucierait de l'avis d'une lycanthrope ? Mais merci de la proposition...

Il leur fallait un plan pour le sortir de là au plus vite... Elles ne pouvaient pas le savoir mais au loin, dans la nuit, une réponse à leur cri de désespoir volait à tire d'aile pour les en dissuader. Pour l'heure, elles n'avaient plus qu'une envie partir au plus vite sans éveiller les soupçons de l'alchimiste.

Satisfaite ?
Satisfaite si ce n'est rassurée. Professeur, qu'arrivera-t-il si jamais l'on découvre ce que nous sommes ? Pardon mais, vous nous détenez déjà d'une certaine manière, si l'on vient réclamez nos têtes par simple délit de faciès, que feriez vous Mr. Scylence et vous ? Être techniquement immortelle n'empêche pas de craindre pour sa vie et si mon flair ne m'abuse pas c'est une guerre qui se profile.
Autant que faire ce peut nous aimerions pouvoir nous en tenir aussi éloignées que possible. Pour l'heure c'est un refuge sûr ici, mais pour nous, combien de temps encore le restera-t-il ?

Ce n'était pas pour ça qu'elles étaient venues à la base, mais tant qu'elles y étaient, autant jouer les louveteaux effarouchées, elle se força à garder son air inquiet en tordant nerveusement ses doigts sur la table. Bien qu'en réalité, elles n'avaient pas à se forcer beaucoup pour ça...