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 On pins and needles. (pv)

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PROFIL & INFORMATIONS









Lola Almadovar

Lola Almadovar
SORCIERE. ► jounaliste.

► MESSAGES : 85
On pins and needles. (pv) #Dim 1 Mai - 18:20


Il y avait dans Hyde Park un arbre qui dominait en taille et en âge tous les autres. Lorsque vous arriviez du chemin de travers par Speaker's Corner, vous marchiez une bonne vingtaine de minute droit vers le nord vous ne pouviez pas le manquer. Il se tenait là terrible et majestueux à la fois comme un autre chêne des Hindrés mais l'écorce noire et dure comme la pierre.
Certains soirs en semaine si vous étiez suffisamment assidu vous auriez pu croiser une jeune femme. Une étrangère à en juger par son joli teint de peau couleur de soleil. Une étrangère venue se recueillir aux pieds de ce géant pour lui offrir encore et encore, peut-être jusqu'à la fin des temps, la même magnifique rose blanche virginale. Pas le moindre défaut.
Le rituel était toujours le même. Elle apparaissait dès que le soleil commençait à décliner, laissant Londres à ses conflits, entre chien et loup, pour retrouver la quiétude d'un Valhalla inconnu des hommes. Pourtant, il semblait s'attarder encore un peu sur le grain de peau dorée de cette étrange visiteuse à la rose blanche. Elle n'avait pas l'air d'y prêter attention. Seul le chêne comptait à ses yeux. Le chêne et la rose. Généralement à ces heures-là, déserté par la population des promeneurs et des joggers moldus et sorciers, le parc se faisait le sanctuaire de Lola Almadovar. Il bruissait de murmures inaudibles quand elle s'asseyait un instant, dos contre l'écorce du grand arbre, pensive. Puis elle posait un baiser sur la rose et l'abandonnait là... jusqu'à sa prochaine visite.

Pourquoi la rose? Pourquoi blanche? Pourquoi cet arbre là et pas un autre?
Cet arbre là, parce qu'il avait été le témoin d'un premier baiser combattif. Un baiser qui à ce jour était la seule chose qui ait pu revêtir un caractère sacré aux yeux de Lola. Un baiser donné, volé et arraché à la fois, à force de colère et de passion. A force de face à face explosifs. A force d'un amour qui avait d'abord voulu revêtir le masque de la haine mais n'avait pas su se mentir bien longtemps. Son histoire avec Tyler n'avait jamais rien eu d'un conte de fées idéal. Il n'y avait pas eu de "et ils vécurent heureux". Ils s'était mariés, ça oui. Ils avaient eu deux enfants. Et puis... et puis.
Lola faisait tourner son alliance autour de son doigt, machinalement, presque comme à chaque fois qu'elle pensait à Tyler. Elle n'avait jamais quitter l'anneau d'or blanc dans lequel ils avaient scellés leur attachement l'un à l'autre. Du moins elle l'avait cru alors. Elle sentait encore la saveur de ce oui sur ses lèvres. Il avait le goût des baisers de Tyler Carlson, rehaussés d'une petite note sucrée que Lola n'aurait jamais su à quoi attribuer.
Plus jamais aucun oui ni aucun autre mot n'aurait une telle saveur. C'était en souvenir de ça qu'elle déposait une rose blanche, ici plutôt qu'ailleurs. Ici parce que ce lieu avait et aurait toujours une signification, quelque chose d'intime que seul Tyler avait partagé avec elle. Blanche la rose, en souvenir de l'insouciance avec laquelle cet amour improbable avait fleuri. Blanche en souvenir de cet instant, et pour ne pas penser à celui où il fana.

Elle porta la rose à ses lèvres, une violet carson blanchie par les années, et se leva prête à partir. Pourtant quelque chose l'arrêta à la première foulée. La rose toujours à la main, Lola fronça les sourcils détournant la tête pour regarder par dessus son épaule... une silhouette sombre dont on ne distinguer presque rien dans le noir.










Tyler J. Carlson

Tyler J. Carlson
AGENT DU MINISTERE. ► chercheur de sortilèges.

► MESSAGES : 64
On pins and needles. (pv) #Dim 1 Mai - 21:05


Qu'importe la jalousie, qu'importe la colère, qu'importent le doute et les sombres pensées d'un esprit trouble. Qu'importe, qu'importe, tant qu'on espère plus que retrouver l'être aimé. Certes, Tyler Carlson avait bien sa manière propre de chérir son âme soeur ; quelque part entre la souffrance, la torture, la passion et la tendresse éphémère. Relevant bien plus du mordant que du miel, il y avait en l'amour de cet homme pour son autre, quelque chose de destructeur à en mutiler l'âme et le coeur. Alors bien sûr qu'il se sentait furieux de savoir que sa dulcinée l'avait si vite oublié pour en aimer d'autres, mais au final n'était-ce donc pas pour qu'elle se forge une nouvelle vie qu'il lui avait intimé un divorce quelques années plus tôt ? Néanmoins égoïste, Tyler ne comprenait pas ce rapide retournement de la belle Lola ; n'aurait-elle pas pu attendre un peu plus, avant de se faire passer la bague au doigt à deux reprises ? Entre rage et désir de la retrouver, le sombre jeune homme était partagé, ainsi sa journée de travail ne fut guère productive car toutes ses pensées n'étaient tournées que vers son ancienne femme. Savait-elle qu'il était revenu depuis deux jours à peine ? Et leurs enfants, n'avaient-ils pas trouvé père de substitution à force des nombreuses conquêtes de Lola ? Dans un emportement fougueux, Tyler balaya la paperasse de son bureau d'une seule main, avant de quitter les lieux d'un pas vif sous l'impulsion d'un claquement de porte sonore. Mais qu'importe la colère quand le désir de retrouvailles se fait plus ardent : chaque pas de l'ancien mangemort dans les couloirs du Ministère adoucirent le venin son coeur de malade comme ils agitèrent ses pensées sinueuses. Ainsi arriva-t-il à un compromis lorsqu'il arriva à la sortie : il ne se rendrait guère chez eux, du moins chez Lola, car le risque de défenestrer son amant du moment était bien trop grand. Et non pas que sa conscience lui empêchait d'arracher des spasmes de douleur révulsée à ces stupides prétendants, mais Tyler n'ignorait pas que ce genre d'attitude ne l'aiderait pas à gagner le coeur de la belle. Pourtant, l'optique d'arracher d'un buste frémissant un palpitant juteux à pleines mains, avant de le lui tendre sur un plateau d'argent, avait quelque chose de jouissif. Réprimant un bref rire mauvais quant à cette idée, le jeune Carlson en revint à son compromis et transplana à Hyde Park.

Les ombres du passé planaient au-dessus des arbres noyés sous la torpeur obscure d'une nuit fraîche . Quelque part dans cette immensité de verdure, se dressait un chêne témoin de la genèse de leur idylle. Véritable, ineffable, pantelante et lancinante idylle ; envoûtante telle une sonata et dont les sanglots appelaient au crissement des violons. Et Tyler de se diriger vers l'arbre millénaire, porteur de promesses envolées dans un emportement inconscient : peut-être s'y tiendrait-elle, peut-être y oublierait-il ses doutes, peut-être, peut-être... Ce fut donc d'une envie subliminale qu'il se dirigea vers l'antre de leur jardin secret, dans l'espoir caché de la revoir sans en provoquer le destin. Le hasard l'aiderait possiblement dans cette voie, comme il l'avait toujours fait pour eux. Alors il marcha, d'une prestance princière et d'un regard pénétrant, sa silhouette se découpant dans les traits vifs de la nuit comme son maintien se faisait puissant. Ses rétines fauves se posèrent alors sur une ombre assise d'une courbe gracieuse auprès de cet arbre. De leur arbre. Immobile, l'homme la toisa d'une oeillade appliquée, observant la cambrure de son dos, le galbe de ses hanches hachées par l'obscurité, la finesse de ses jambes sveltes. Et ses cheveux, voiles de satin tremblant de mélancolie non sans danser une joute fougueuse contre la brise colérique. Un mince sourire se dessina sur les lèvres blêmes de Tyler comme la braise de ses pupilles la dévorait de ses flammes impétueuses : il la reconnut. Puis il observa la jeune femme se lever, avant d'emboiter son pas d'une avancée lente non sans lui brûler les omoplates de son regard fiévreux. Et la douce de se sentir observée avant de se retourner d'un air méfiant. La voix suave du jeune homme, vacillant entre l'amusement et l'émotion froide de retrouvailles désabusée, s'éleva dans un murmure : « La bourse ou la vie. » Tyler se stoppa, non peu fier de sa blague de mauvais goût quant à sa menace prononcée pourtant avec raillerie, puis scruta les traits de l'hispanique d'une amoureuse et fière langueur.









Lola Almadovar

Lola Almadovar
SORCIERE. ► jounaliste.

► MESSAGES : 85
On pins and needles. (pv) #Dim 1 Mai - 22:00


Elle n'aurait même pas eu besoin de se retourner pour le reconnaître. En sa présence, il y avait toujours eu quelque chose... était-ce le velours du silence qui cachait la patte du félin mangeur d'homme? Etait-ce la brûlure de son regard qui n'avait pas même besoin d'être capter pour ce faire sentir? Ou la réminiscence de leur feu, qu'ils se déchirent ou se dévorent, qui flottait dans l'air à l'en rendre irrespirable pour elle qui portait le deuil depuis le jour de leur divorce. Ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas être là, derrière elle. On ne revenait pas d'entre les morts, ou du moins, pas comme ça si... opportunément. Et pire encore, il valait mieux qu'il ne soit pas vraiment là derrière à la narguer de toute sa superbe... Tyler... comme le nom est suave et douloureux à la fois.

Alors elle détourne le regard, observe cette silhouette qu'elle connait par coeur et par corps. Même le noir de la nuit ne saurait l'abuser. Et avant qu'il ne parle il y a cette instant de calme terrible avant l'apocalypse. Cet instant où il lui apparaît à quel point le monde sans cet homme là paraît sans saveur, sans valeur. Sans rien. Un moment de faiblesse où elle aurait l'envie primaire de réduire à rien le mètre qui les sépare l'un de l'autre et de le serrer si fort ... si fort... au point d'éprouver jusqu'à la réalité de sa présence quitte à le broyer pour le rendre plus vrai. Quitte à lui donner ces larmes qu'elle n'a jamais versées. Pas par avarice mais parce qu'elles valent plus cher que celle de la Piéta. Lola, douloureuse Lola, tes larmes sont bien trop cher payées, c'est pour ça qu'en silence tu en a fait l'économie. Jusqu'ici. Tout d'un coup, elle vacille à l'intérieur, petit flamme laissée au grand vent de ses prunelles fauves. Voilà qu'il l'a tuée, encore, d'un seul regard. Mais elle relève fièrement le menton. L'instant s'est envolé. Elle sait, et c'est le plus cruel, qu'elle ne peut pas courir serrer cet homme, le sien, dans ses bras. Pas après tout ce qu'il lui a fait. Pas avec les enfants. Impossible... alors le silence se rompt, sujet de cette voix basse qui égraine toujours les mots avec autant de soin et de minutie:

« La bourse ou la vie. »

Elle approche, lentement. Se retrouve toute proche de lui, si proche. Comme avant dirait-on... Elle se hisse légèrement sur la pointe des pieds avisant cette bouche cruelle qui s'est faite passé pour morte, lui a servi les pires insultes, infligé les pires blessures, donné les edens les plus doux aussi... mais son regard est noir comme l'enfer, terrible et implacable. La caresse qui vient effleurer les lèvres de Tyler ce n'est pas un baiser, c'est un coup de fouet cinglant et impitoyable:

« La vie? Il y a des fleurs qu'on ne cueille pas deux fois de suite Tyler Carlson...»

Là aussi le sous entendu est lourd. Terriblement lourd. Elle s'écarte de cette bouche qu'elle méprise dans tout ce qu'elle a de moqueur et de prétentieuse. La vie, il la lui a prise, elle la lui a donnée sa vie, toute entière jusqu'à la fin s'il n'avait pas tout foutu en l'air. Mais il a pris et il a piétiné. Il n'y a plus rien à offrir et quand à la cueillir elle une seconde fois, visiblement il ne faut pas y compter. C'est peut-être maintenant que leur divorce prend acte, et de la manière la plus violente. Mais savent-ils faire les choses autrement que violemment?
Ce n'est pas la gifle de Lola qui abondera dans ce sens. Dans cette gifle il y a toute sa rage, toute sa souffrance. Cette nuit, au pied de leur arbre, elle va le tuer. Elle va l'enterrer, à quelque chose près de la même manière que lui la mise en terre en la quittant.









Tyler J. Carlson

Tyler J. Carlson
AGENT DU MINISTERE. ► chercheur de sortilèges.

► MESSAGES : 64
On pins and needles. (pv) #Lun 2 Mai - 11:43


Un sourire s'esquissa sur les lèvres vermeilles du jeune homme, peut-être trop arrogant, mais sans doute pas dénué d'une certaine tendresse figée entre l'appréhension glacée et l'envie retenue de la prendre dans ses bras. La tension pèse au-dessus de leurs têtes : il faut avouer que l'ancien amant ne s'est guère annoncé de manière conventionnelle ni prompte à la ménager. Il apparaît comme un fantôme dont la veste sombre lui découpe des airs de Faucheuse, se permet une boutade de mauvais goût qui la menace allégrement de perdre la vie, et attends seulement une réaction de la dulcinée qu'il pense ne plus être à lui. Alors il l'observe brièvement tandis qu'elle se retourne d'une torpeur sourde, descend son regard mordoré sur ses lèvres, son cou, ses hanches, ses jambes ; sculptant sa silhouette comme pour s'assurer que Lola était la même que dans ses souvenirs. Que ses rêves, ne l'avaient pas déformée. Elle s'approche d'une grâce féline mais irradie d'une fureur meurtrière, c'est aussi pour cela qu'aucun frisson de désir ne s'empare de l'homme comme elle approche ses lèvres des siennes. C'est le parfum des remontrances qui plane, de la colère et du dégoût. Et certes pas de l'amour nouveau, de la passion retrouvée ni de l'ardeur de retrouvailles heureuses. Ces dernières sont en vérité aussi violentes que leurs derniers adieux : mais ne faut-il pas faire couler un peu de sang pour que Tyler et Lola ne se retrouvent en leur idylle ? Le sang de leurs palpitants déchaînés. « La vie? Il y a des fleurs qu'on ne cueille pas deux fois de suite Tyler Carlson...» Le message a le mérite d'être clair ; les adieux ont été pourvus et aucune rédemption ni renouveau n'est possible. Il suffit de lire les flammes assassines dans le regard meurtrier de la jolie Lola. Mais soit, le jeune homme ne s'était guère fait d'idées : qu'espérer de plus qu'une haine viscérale et une colère tranchante ? Ce qui lui soulage l'âme surtout, à défaut d'avoir un coeur en parfait état de fonctionnement, c'est de la voir vivante malgré les temps qui courent. Car son ex femme est de ceux qui combattent et qui luttent, non de ceux qui se font mater. Et personne n'a de scrupule à écraser les indésirables... Un bref rire jaune s'échappe des lèvres de Tyler, léger comme un soupir, amer comme le coeur de Lola, et il ose une petite pointe taquine à la limite de l'indécence. « Deuxième étape du deuil seulement, la colère. » Un claquement sourd se fit entendre ; la gifle est partie violemment d'une impulsion soudaine. Le jeune homme se fige et son regard détourné ne se relève pas de suite sur Lola, quand sa main effleure sa joue râpeuse et endolorie. « Je pense l'avoir méritée. », souffle-t-il de sa voix suave et taquine, non sans arquer les sourcils, avant d'enfin reposer ses yeux ambrés sur l'ancienne mais si belle amante. Il s'était bien sûr attendu à pareille réaction, connaissant son tempérament de feu, aucune autre attitude n'aurait pu être envisagée. Du Lola tout craché, en somme.

Et alors que cette dernière se redresse, irradiant de rage sereine mais prompte à éclater encore, il la jauge sans oser la prendre dans ses bras. Ses pupilles interrogatives glissent alors jusqu'à l'annulaire de l'intéressée, à la recherche d'une bague qui ne se révèlera pas sous l'obscurité. Alors il soupire, et conçoit que l'heure des aveux s'est assez faite attendre. « Je ne voulais pas te mettre au courant de toute cette mascarade, tu m'aurais suivi. » Ou comment avouer en filigrane quelque volonté présente de la protéger. Redressant son regard plus dur sur son ancienne épouse, il poursuit d'une voix posée mais non moins ferme. « Je ne savais pas combien de temps je devais partir. Un an, trois, dix... Sans ta bague au doigt tu avais l'opportunité de te refaire une vie sans aucun remords. » Il lutte pour ne pas chercher de nouveau un anneau éventuellement dissimulé par l'obscurité d'une nuit sans lune, et finalement esquisse un sourire carnassier et mauvais, qui en vérité ne trahit qu'un peu trop de jalousie. « Il me semble d'ailleurs que tu as su en profiter comme il se doit. J'ai entendu dire que tu n'avais guère mis beaucoup de temps à m'oublier. » Un haussement de sourcils comme sa voix se profile d'une froide sérénité. Entre la jalousie et la résignation. Entre les retrouvailles et les adieux de nouveau. Et avant qu'elle ne s'emporte, Tyler la coupe dans son élan afin de pouvoir placer les quelques mots qu'il désire : « Je veux voir les enfants. »









Lola Almadovar

Lola Almadovar
SORCIERE. ► jounaliste.

► MESSAGES : 85
On pins and needles. (pv) #Lun 2 Mai - 17:15


La gifle part et claque dans le noir, presque en souvenir et pour en venger une autre qui, bien des années plus tôt avait été avortée avant même que la main de Lola n'ait pu toucher la joue de Tyler. Fallait-il toujours qu'elle en vienne là? A la gifle. La preuve faite qu'elle arrivait à bout d'autres ressources, qu'il l'avait épuisée mais aussi conquise. Car après tout, Lola était des enfants de Miguel celle qui était le plus à même de garder la tête froide et de ne pas se laisser dépasser par les évènements.

Il y eut un long silence durant lequel elle ne le lâcha pas du regard. Chaque seconde passée près de lui ramenait une foule de souvenirs qu'elle avait voulu enterrer avec lui. Pour se protéger, pour ne pas souffrir tant.

« Je pense l'avoir méritée. »

Là encore elle cille. Ce n'était pas à ce genre de réaction qu'elle s'était attendu. Autrefois il se serait emporté. Ils auraient lutté l'un contre l'autre, refusant avec la même fureur que l'autre ait pu ne serait-ce que croire qu'avec un tel geste il pouvait assoir une quelconque forme de domination. Avoir le mot de la fin. Dans le noir des yeux de Lola, une lueur fugace, son trouble. Mais voilà que l'instant de faiblesse s'échappe encore une fois.

« Tu mériterai bien pire. », répond-elle placidement. Pourtant, à l'intérieur d'elle quelque chose c'est calmé.

Est-ce que c'est parce que la réaction de Tyler l'a surprise? Sans doute. Son naturel curieux reprend le dessus. Il y a trop de questions auxquelles il n'a jamais répondu. Trop de choses qu'elle a besoin de savoir, ne serait-ce que pour continuer d'avancer. Pourquoi revenir maintenant? Pourquoi revenir vers elle surtout? Dans son coeur qui cogne à s'en faire mal, il y a l'étincelle mourante de leur amour. Celle-là même qui a tant et tant cherché une excuse à ce divorce, et même à cette mort qui n'en était pas une finalement. Une excuse pour l'amour de Tyler sans laquelle tout le reste devenait invivable. Infernal. Cette excuse c'était à lui de la donner.

« Je ne voulais pas te mettre au courant de toute cette mascarade, tu m'aurais suivi. » , elle l'écoute, attentive. Quelque chose dans son regard cherche la faille chez Tyler. La trace d'un quelconque mensonge, une preuve de sa mauvaise foi. Pourtant elle n'y voit rien et si elle continue de le dévisager de la sorte, c'est tout simplement parce que sa confiance en lui a trop été malmenée. Elle est comme un corps exsangue qui se débattrait dans le tumulte d'un fleuve sans pouvoir atteindre à aucune rive parce qu'il est à bout de force.« Je ne savais pas combien de temps je devais partir. Un an, trois, dix... Sans ta bague au doigt tu avais l'opportunité de te refaire une vie sans aucun remords. »

Elle a un de ces soupirs qui respire l'ironie. Un sourire qui n'en n'est pas un en fait. Refaire sa vie... on ne refait pas une vie. On fait des esquisse de vie, puis l'on finit par trouver celle que l'on veut vivre vraiment et une fois que les dés sont jetés... il n'y a plus rien à refaire. Non. On ne refait pas sa vie. Pas Lola en tout cas. Mais à quoi bon le lui dire ça? Elle n'aurait pas supporter une once de pitié venant de Tyler. Mieux vaut ne pas rallumer l'étincelle meurtrière en tendant au diable le bâton avec lequel il se plait tant à vous battre.

A nouveau un sourire qui n'en n'est pas un. De Tyler cette fois-ci. Lola le lit, comme autrefois elle pouvait lire sur ses lèvres comme elle aurait lu l'encre de son âme.

« Il me semble d'ailleurs que tu as su en profiter comme il se doit. J'ai entendu dire que tu n'avais guère mis beaucoup de temps à m'oublier. »

Lola passa nerveusement sa main dans ses cheveux, signe qu'elle se contenait pour ne pas exploser à nouveau. Son alliance, toujours bien présente à son annulaire, capta un brin de lumière avant de disparaître dans un éclair fugace comme s'il avait fallu qu'elle retourne absolument aux ténèbres. Elle ne l'avait jamais quittée depuis le jour où il la lui avait passée.

« Il faudrait que je meurs pour t'oublier. Je t'ai souffert autant que je t'ai aimé... »... et que je t'aime toujours, « Ce n'est pas le genre de chose qui s'efface avec une signature sur un morceau de papier. » , grinça-t-elle, toujours amère même si intérieurement c'était plus la peine qui dominait. Inutile de dire qu'à ce moment là, elle ne chercha même pas l'allusion à un quelconque remplaçant. Elle ne l'avait jamais remplacé tout simplement parce que personne n'aurait jamais pu combler le vide que Tyler laissait derrière lui lorsqu'il partait. « Je n'ai rien à me reprocher en ce qui me concerne. »

Il n'était évident qu'il en aille de même pour lui. Mais il change de sujet.

« Je veux voir les enfants. »

Là le point de vue change. Ce n'est plus l'épouse trahie qui parle mais la mère responsable. La lionne qui veille sur ces deux petits garçons plus encore que sur sa propre vie. Et Dieu sait qu'elle les aime plus que la vie.

« Non. Non tu ne peux pas Tyler... Tu ne peux pas entrer et sortir de leur vie comme ça toutes les cinq minutes. Tu n'as pas idées de ce que ça peut bien leur faire. Si tu as un tant soit peu la tête froide tu sauras que j'ai raison. Que je ne le dis pas pour le plaisir de m'opposer à toi, et moins encore pour les couper de toi parce que jusqu'ici j'ai toujours fait en sorte que tu fasses partie de leur vie. Mais je ne peux pas te laisser les briser comme moi tu m'as brisée. Ils sont beaucoup trop petits, ils n'ont pas les épaules pour ça... »

Cette fois ce n'est pas la colère qui parle, c'est l'amour. C'est l'inquiétude. D'ailleurs elle ne crie pas, elle ne s'oppose pas. Elle essaye de dialoguer. Pour le bien de ses fils.

« Si c'est pour te voir repartir demain alors j'aime mieux pour eux que tu sois mort. Ne leur fait pas ça. »

Faut-il y voir une invitation à rester indéfiniment, peut-être pour toujours. Jusqu'à la mort tout du moins. Oui, c'en est une. Mais elle n'est pas encore décidée.














Tyler J. Carlson

Tyler J. Carlson
AGENT DU MINISTERE. ► chercheur de sortilèges.

► MESSAGES : 64
On pins and needles. (pv) #Lun 2 Mai - 18:26


    Sans doute est-ce le 'je t'ai aimé', aveu qui se murmure au passé et non plus au présent, qui enflamme ses pupilles d'une étincelle nouvelle. Lui qui avait pourtant donné sa parole auprès des siens pour demeurer calme lors de ces retrouvailles – et sans doute avait-il approuvé tacitement seulement sous l'euphorie de son retour, et certes pas dans un élan de conscience hypocrite – commençait à sentir ces braises violentes enflammer son corps et son âme. Et qu'importe la bague à son doigt, il n'a pas même le temps d'y attarder son regard pénétrant pour convenir qu'il s'agit bien du témoin de leur mariage ou d'une autre union que la belle hispanique s'est empressée de fêter dès son départ, qu'importe ses sentiments à demi-avoués, qu'importe son calme soudain, qu'importe. Puisque tout appartient au passé. Le sombre jeune homme peut bien faire fi des conventions puisqu'il ne peut pas la reconquérir de toutes évidences, alors pourquoi taire sa colère quand elle demande seulement à imploser ? Et plus la demoiselle parle, plus Tyler l'observe d'une pupille assassine voire affamée. Affamée de violence, envieuse de se repaître d'une hargne noire, désireuse de s'enflammer d'avantage. Son palpitant qui n'est pas insensible aux remontées sauvages, bat un tempo outragé quand il ressent cette colère fourmiller jusqu'à l'extrémité de ses doigts. 'Je t'ai aimé'. Il a presque l'envie de lui rire au nez. Un rire jaune, amer, acide, celui qui précède le geste violent et l'abattement emporté. Tuer pour venger, tuer par plaisir, tuer par nécessité, tuer pour exorciser ce sentiment d'injustice et cette envie de vociférer sa rage. Il prit alors une grande inspiration, lente, sûre, précédant la tempête de ses mots venimeux. Mais c'est Lola qui l'abat d'abord comme elle refuse sa requête, alors même qu'il était persuadé qu'elle ne refuserait pas. « Non. » Serrant la mâchoire avec virulence, il plissa ses yeux bruns dans le signe précurseur qu'il va s'emporter, se mettre dans une colère noire... Tyler redressa la tête d'un port princier, sentant son palpitant rompre sa cage thoracique de mille battements affûtés, et la toisant d'un regard assassin. « Répète moi ça ? » siffla-t-il d'une voix tranchante et mauvaise, voix qui annonçait les terribles foudres qui allaient s'abattre sur eux. Et plus la jeune femme parle, feintant un amour maternel qu'il voit comme hypocrite, plus il comprend. Plus il croit comprendre. Les phrases de Lola qu'elle conjugue au passé, cette distance physique qu'elle impose, ce dégoût dont elle irradie, sa réaction insensible face à son retour... Et les voix de ses oncles lui annonçant ses remariages qui résonnent en son esprit déjà trop sinueux, font que ses pensées se perdent, se croisent, se tissent, et se lient à lui en faire déduire quelque chose qui lui paraît à présent évident. Si évident, qu'il n'entend plus les belles paroles de Lola. Il n'entend plus sa requête de rester mais de ne plus jamais partir, il n'accueille que ses derniers mots. Le reste n'est que des échos venus d'outre-tombe. « ...alors j'aime mieux pour eux que tu sois mort. Ne leur fait pas ça. » Elle aime une autre personne, voilà pourquoi elle agit ainsi, cette distance, cette colère, cette absence. Un bref rire sardonique et mauvais s'échappa des lèvres de Tyler alors qu'il sent cette impulsivité battre ses tempes, et sa passion reprendre les rênes de son esprit. Il se moque de son hypocrisie comme il sent cette ironie se muer en rage. Avançant de quelques pas, Tyler finit par se retourner vivement, sentant la hargne assaillir son estomac. « Mais je ne suis pas un macchabée ! Et je vais vous prouver, à vous qui vous êtes réjoui de me savoir enseveli sous terre, que je suis bel et bien revenu ! Dans les larmes et dans le sang, jusqu'au plus profond de vos entrailles vous allez pleurer votre calvaire ! » Le coeur battant par la rage et cette furie d'apercevoir son ancienne femme comme celle se mettant en travers de son chemin, comme une autre ennemie à abattre sur le moment, Tyler se redressa mais n'en perdit pas moins cette étincelle funeste et sanguinaire luisant en ses pupilles fauves. « Je me fiche de savoir qui tu as épousé et quel homme tu caches dans ton lit, mais ce sont mes fils, ma chair et mon sang ! » Déglutissant alors, Tyler laissa sa voix baisser d'un ton malgré ses menaces ouvertes, et son timbre toujours aussi glacial et vénéneux. « Je reste et je compte bien les revoir. Je ne suis pas mort pour eux, et encore moins pour toi. Prépare-toi à souffrir encore, et encore, et encore... » Un léger sourire carnassier quand sa voix se faisait plus basse et plus lente, détachant dans la suavité de son timbre les menaces une à une. Persuadé que son ancienne femme demeurant au bras d'un nouveau mari désirait l'écarter de son rôle de père... aussi cruel pouvait-il être.









Lola Almadovar

Lola Almadovar
SORCIERE. ► jounaliste.

► MESSAGES : 85
On pins and needles. (pv) #Lun 2 Mai - 19:47


Quand elle le vit changer de ton, elle sut que c'était peine perdu. Quelque part, inconsciemment, ils se reconnaissaient l'un l'autre. Et elle savait pertinemment qu'à partir de là, il n'écoutait plus rien et déduisait ce qu'il voudrait. Elle n'avait plus vraiment la parole. Ils allaient se laisser emportés par leur propre fougue, leur propre colère. Et peut-être dans ce moment là, seraient-ils assez aveugles pour voir avec le coeur et non plus avec leurs yeux, à quel point dans leur fougue et leur colère ils n'étaient encore qu'un seul et même coeur qui bat, qui se cherche, tord, mord, déchire et se meurt. D'amour ou de haine qu'importe car dans le fond, vous pouviez bien lui donner n'importe quel nom ce serait toujours de ce même fort et implacable sentiment que l'on parlerait.

« Mais je ne suis pas un macchabée ! Et je vais vous prouver, à vous qui vous êtes réjoui de me savoir enseveli sous terre, que je suis bel et bien revenu ! Dans les larmes et dans le sang, jusqu'au plus profond de vos entrailles vous allez pleurer votre calvaire ! »
« Je ne me suis pas réjouie Tyler! J'ai... je... je t'ai pleuré! Oui je t'ai pleuré parce que quelque part j'espérai que tu arrêtes tes conneries et que tu rentres! Je t'ai espéré comme on attend après je ne sais quel Dieu, je t'ai espéré comme Lucas t'as espéré. A t'attendre des nuits entière planté devant la porte! A te maudire dans ses yeux noirs parce qu'il n'a jamais pu te pardonner d'être mort! Je t'ai maudit chaque fois qu'il me disait que tu ne nous aimais pas parce qu'il ne pouvait tout simplement pas comprendre, JE ne pouvais tout simplement pas comprendre qu'avec tout l'amour que je te portais ça ne suffisait pas à te retenir! », elle se calma une fraction de seconde, juste pour reprendre son souffle, ce qui laissait amplement le temps à Tyler de répondre.
« Je me fiche de savoir qui tu as épousé et quel homme tu caches dans ton lit, mais ce sont mes fils, ma chair et mon sang ! Je reste et je compte bien les revoir. Je ne suis pas mort pour eux, et encore moins pour toi. Prépare-toi à souffrir encore, et encore, et encore... »
« Qui je cache... », répéta-t-elle plus surprise qu'autre chose,« Alors c'est ça? Tes reproches sous-sous-jacents depuis tout à l'heure ... je ne me suis mariée que pour servir une cause que je pense être juste! Qu'au moins le mariage ait une utilité à défaut d'avoir quoique ce soit de sacré! Et je t'interdis de me menacer. Je ne te demande pas de jouer les époux aimants, je ne te demande pas non plus de continuer à faire le mort, loin de là. Ce que je te demande c'est d'être un père assidu!! », elle se détourna elle aussi pour ne pas lui sauter à la gorge dans un accès de colère.

Epuisée par leur échange virulent, elle se massait doucement les tempes, lui tournant le dos tant parce qu'elle n'avait pas peur de lui que parce qu'elle ne voulait pas qu'il puisse voir sur son visage une larme qui coulait. Elle ne voulait pas craquer devant lui, pas maintenant. Pas encore. Elle c'était contenue un peu plus de trois ans ce n'était pas pour tout lâcher maintenant. Pour ses fils elle ne devait pas.

« Ecoutes... », finit-elle par dire d'un ton beaucoup plus posé, « sincèrement Tyler je ne demande rien pour moi. Comme je te l'ai dit je t'ai espéré longtemps, je t'ai pleuré même et je n'ai pas honte de le dire. Soit. Ce qui est fait est fait. Tu dis que tu vas rester... oui mais combien de temps? Est-ce que tu sais ce que c'est que de les voir se battre sans cesse à cause de toi? De voir Jack qui est toujours si calme hurler contre son frère parce que lui n'a jamais connu son père et qu'il ne peut pas comprendre les colères de Lucas quand il tempête après tout ce qui passe pour un oui ou un non? Est-ce que tu te l'imagines seulement ce petit garçon qui se rêve un père comme on rêve le père noël la nuit du 24? Et Dios mio, il y croit encore lui au père noël. Est-ce que tu sais ce que c'est que de voir Lucas passer son temps à saper tous les espoirs de son petit frère parce que lui il sait que le père noël ça n'existe pas, et que si ça existe alors ce n'est qu'un , je cite "sale vantard hypocrite"? », elle ne se retourne toujours pas. Elle a trop mal pour le faire,
« Bien sûr que ce n'est qu'un sale menteur ce père noël à qui il réclame tous les ans la même chose depuis qu'il a trois ans et qui croit le leurrer en lui apportant de vulgaires jouets qu'il ne regarde même pas. Il est tellement... blessé déjà, et il n'a que cinq ans mi amor, cinq ans. Ce n'est rien du tout cinq ans... », conclut-elle d'une voix pensive, plus pour elle que pour lui.

Quelque part c'est presque comme si elle parlait encore à ce souvenir de Tyler qu'elle chérit et qu'elle peut encore appeler mi amor sans se hérisser de colère. Elle ne s'en est même pas rendue compte.
Enfin elle se retourne.

« Je pourrais faire tout ce que je veux, je pourrais me saigner aux quatre veines, et c'est déjà ce que je fais... jamais je ne pourrais être une mère et un père à la fois. Ils ont besoin de leur père, mais moi j'ai besoin d'être sûre... avant de prendre le risque. Montre moi que je peux te faire confiance au moins là dessus au lieu de me promettre le pire... »









Tyler J. Carlson

Tyler J. Carlson
AGENT DU MINISTERE. ► chercheur de sortilèges.

► MESSAGES : 64
On pins and needles. (pv) #Lun 2 Mai - 21:34


La colère irradiant de la ténébreuse aura de Tyler demeurait certes impressionnante par les menaces fourbes qu'elle desservait, mais bien moins que la haine, elle trahissait au contraire beaucoup d'amour. Certes, écorché vif, passionné, sauvage, violent... Mais les anciens amants n'avaient su s'unir que par la puissance de leurs sentiments, les laissant s'exprimer avec impulsion, les faisant gonfler d'une hargne virulente avant de les adoucir d'une tendresse soudaine et véritable. La morsure avant la caresse, l'ouverture d'une plaie avant de la panser. Je souffre donc je te le fais payer, je t'aime donc j'exorcise. Parce que la fougue et la glace de Tyler se heurtaient sans cesse à la passion et au feu de la belle hispanique, parce qu'ils se complétaient dans leurs différences, et parce qu'ils avaient besoin d'affrontements pour que ces mêmes heurts ne soient face à face. Les non-dits n'avaient pas leur place, et bien souvent l'impulsivité de Tyler précédait la colère légitime de Lola. Il scandait sa douleur, elle la pansait par la raison... Et diable qu'il fallait la lui hurler, cette foutue raison, pour que Carlson ne l'écoute. Ce soir le jeune homme s'était persuadé que son ancienne femme l'avait trop rapidement oublié : et s'il pouvait passer outre cette hideuse idée, il ne pouvait pas concevoir que ses propres enfants ne voient dans les prétendants de Lola un père de substitution. Ce n'était qu'aujourd'hui, dans son retour concret, qu'il reprenait contact avec la réalité et comprenait que ses faits et gestes n'étaient pas restés sans conséquences. Même pour lui, surtout pour lui en vérité. Car égoïste jusqu'au bout, ce ne fut que lorsqu'il se sentit touché, ébranlé, heurté, que Tyler concevait qu'ils avaient probablement souffert. Et le jeune homme s'adoucit quelque peu, comme il comprit son erreur de jugement quand Lola expliqua brièvement le pourquoi de ses remariages. Cette dernière resta par ailleurs stoïque face aux intimidations fulminantes de son ancien époux, aussi cruel pouvait-il être : car elle savait lorsqu'il demeurait un véritable danger pour elle, et lorsqu'il se contentait de menacer d'autres personnes en vérité. Si les anciens époux n'ignoraient pas qu'ils devaient parfois combattre sur un champ de bataille, ils savaient dissocier leurs idéaux de leur vie privée. C'était donc dans une harmonie et un équilibre certes bancals mais bien présents qu'ils parvenaient à vivre, s'aimer, fonder une famille. Et ce malgré l'impulsivité sanguine de Tyler : jamais il n'avait levé la main sur sa femme. Jamais du moins, lorsqu'il s'agissait de leur vie de couple. Pour le reste, c'était une autre affaire : ils se souvenaient encore du jour où Carlson était parti à la recherche de sa Lola pour mieux l'abattre. Mais c'étaient là les règles de leur idylle. Beaucoup de complicité, et un zeste de rivalité resserrant finalement les liens et gommant la routine.

Tyler l'écouta donc parler, sa colère retombée sous le poids des mots sincères de la jeune Almadovar. Ses rétines ambrées se posèrent sur le dos de Lola qui refusait de le toiser dans les yeux, et il sentit la froideur y régnant alors, s'éteindre au profit d'un bref éclat de culpabilité. Minuscule, penaude, mais bien présente. Quelque part entre la fierté et la mauvaise foi... Lola l'avait pleuré. Bien sûr, pour quiconque cela aurait été douloureusement normal. Mais pour la première fois, Tyler comprit que sa belle Lola l'avait véritablement souffert, qu'elle en avait eu mal, qu'elle avait espéré son retour. Son égoïsme et son manque d'empathie flagrants l'avaient empêché de penser de façon humaine : il n'avait pas songé un seul instant aux larmes de Lola. Pour le jeune homme, ce n'était qu'un fait, un chapitre dans son histoire, puis elle pourrait refaire sa vie. Cela n'avait rien d'un pseudo-mélodrame qui se jouait dans son esprit, mais d'un automatisme, un fait, des rouages bien huilés. Une mécanique humaine sans sentiments. Et à présent qu'il était face à ceux-ci, incapable de les fuir, voilà que Tyler comprenait : ils l'avaient pleuré. Détournant le regard, ainsi déconcerté, il l'écoutait parler encore dans le plus grand intérêt. Il s'imaginait déjà ses fils se demander pourquoi il leur manquait un père, il se demandait à qui pouvait ressembler Jack, il espérait aussi que Lucas ne soit pas aussi blessé que Lola ne l'avançait. Parce qu'il ne désirait pas que son propre fils ne supporte les mêmes dédales de l'esprit traversés par Tyler bien des années auparavant. Et ces histoires d'enfants, de jouets sous le sapin, de père absent, de cris stridents provoqués par la douleur... Il ne pouvait que trop bien s'imaginer. Redressant son regard coupable sur Lola, Tyler la laissa finir non sans sentir son estomac se resserrer sous l'impulsion fautive. « Je pourrais faire tout ce que je veux, je pourrais me saigner aux quatre veines, et c'est déjà ce que je fais... jamais je ne pourrais être une mère et un père à la fois. Ils ont besoin de leur père, mais moi j'ai besoin d'être sûre... avant de prendre le risque. » Figeant ses yeux sombres dans les siens, moins par défi que par attention à ses dires, Tyler attendit la suite dans un silence trahissant sa compréhension. Il comprenait la colère de Lola comme il comprenait à présent ses peurs : ses enfants le pensaient défunt. Parvient-on à concevoir la mort à leur âge, et peut-on leur faire croire qu'on puisse revenir ainsi de la gueule de Cerbère en toute impunité ? « Montre moi que je peux te faire confiance au moins là dessus au lieu de me promettre le pire... » Tyler cilla alors, détournant de nouveau son regard, pensif. Et le silence se fit ; long, pesant, oppressant. Comme si le jeune homme n'avait rien à offrir ; ni preuve de confiance ni amour. En vérité, ce n'était pas tant l'hésitation ou la déconvenue qui l'habitait, mais l'embarras. Les affaires de sentiments n'avaient jamais été son terrain, et ce soir il lui fallait prouver qu'il avait bien un coeur, au-delà de ses ambitions. Alors dans un soupir, il finit par se redresser, plongea sa main dans la poche intérieure de sa veste, et en sortit une photo de petite taille, usée et écornée. La tendant à Lola, cette dernière put y voir alors un cliché d'elle-même, tenant le jeune Lucas de deux ans dans ses bras. Presque embarrassé par tant d'aveux sentimentaux bien que symboliques, Tyler se crut obligé de redresser la tête avec fierté voire quelque peu de froideur. « Je ne suis pas parti pour vous fuir. Je suis parti parce que j'ai des convictions, et que je les tiendrais jusqu'au bout. » Fixant Lola avec insistance comme une demande tacite de ne pas lui poser plus de questions à ce sujet, il continua alors : « J'avais bien pris soin de prendre cette photo avec moi, le soir où j'ai décidé de mourir. Je ne voulais pas oublier les fossettes qui se creusent dans tes joues quand tu souris, et la manie de Lucas de plisser les yeux quand il est frustré. » Aucun sourire pourtant, sur les lèvres sincères de Tyler. Juste un regard, qui ne demande ni attendrissement ni remarque émue. Juste cette résignation qu'il ne lâchera pas. « Je ne suis sans doute pas un modèle de prévenance, mais je ne demande qu'à être un père assidu. Je ne pourrais rien prouver si tu ne me donnes pas ma chance. » souffla-t-il dans un timbre affirmé, et dans une dernière requête tacite de les voir ce soir.









Lola Almadovar

Lola Almadovar
SORCIERE. ► jounaliste.

► MESSAGES : 85
On pins and needles. (pv) #Lun 2 Mai - 22:36


Il détourna le regard et peut-être pour la première fois depuis qu'il était réapparu, elle osait le regarder vraiment. Pas le dévisager, pas l'envisager non plus. Simplement le regarder comme elle avait pu y trouver tant de plaisir par le passé. Regarder une émotion hésiter à poindre sur le visage de Tyler puis suivre le carré de sa mâchoire pour la voir fuir en des lieux plus secrets, à l'abri des regards. Parce que c'était là, loin de tout soupçon que Tyler se permettait de ressentir et rares étaient les occasions où il s'autorisait à trahir cette règle d'or. Une fois ou deux peut-être... elle se rappelait encore le jour où il l'avait demandé en mariage. Un bref sourire un peu triste vint poindre sur les lèvres de Lola comme elle revoyait en songe le serveur de ce grand restaurant les mettre à la porte devant les regards scandalisés de vieux bigots qui depuis avaient du vingt fois s'étouffer dans leur argent. Ils avaient bien ri ce soir là. Mais il était loin ce tango endiablé, un peu trop collé serré au goût des gens de bonne famille... il y avait bien longtemps que Lola n'avait pas sourit ni ne s'était amusée vraiment.

Elle suivit des yeux la main de Tyler qui disparaissait dans la poche intérieure de sa veste avant de lui tendre un petit carré de papier glacé qui avait vécu. Elle l'interrogea du regard, n'osant pas trop y croire, mais finit par prendre la photo. Une photo de famille où Tyler ne figurait pas pour la bonne et simple raison que c'était lui qui tenait l'objectif. Elle entendait encore son petit bout de deux ans ronchonner elle ne savait plus pourquoi, mais ce souvenir lui fit chaud au coeur, et comme elle en caressait l'image sur papier glacé, elle se rappelait une époque où cette sensation de chaleur et de soleil ne quittait jamais son coeur. Sans doute trop émue pour relever déjà les yeux sur Tyler, elle le laissa parler:

« Je ne suis pas parti pour vous fuir. Je suis parti parce que j'ai des convictions, et que je les tiendrais jusqu'au bout. » , c'était une opinion qu'ils avaient toujours eu en commun quoique depuis toujours ils s'étaient divisés et déchirés sur la forme. Respectant par habitude cet accord lointain qu'ils avaient passé de ne plus parler politique, elle ne posa pas plus de question. Le monde qui les entourait répondait par ailleurs assez bien de lui même. Un monde où l'excellence était triée comme la crème du lait et le reste jeté à la guillotine. « J'avais bien pris soin de prendre cette photo avec moi, le soir où j'ai décidé de mourir. Je ne voulais pas oublier les fossettes qui se creusent dans tes joues quand tu souris, et la manie de Lucas de plisser les yeux quand il est frustré. »

Elle relève les yeux sur lui et ses prunelles posent mille questions qui se taisent car elles n'ont plus lieu d'être. Quand elle voudrait gravé jusque dans sa chair cet aveu doux de son amour, son coeur se serre, il est frileux, il ne sait plus, il a oublié comment on aime de cet amour qui ne fleurit qu'une fois pour ne jamais s'éteindre. Comment on peut faire confiance aveuglément. Il faudra le réapprendre.
Son annulaire joue nerveusement contre son majeur, faisant tourner l'alliance à son doigt, toujours dans le noir.

« Je ne suis sans doute pas un modèle de prévenance, mais je ne demande qu'à être un père assidu. Je ne pourrais rien prouver si tu ne me donnes pas ma chance. »

Elle le défie encore du regard, cherche la faille mais il faut se rendre à l'évidence. Elle le connait assez pour savoir qu'il est sincère. Que même fourbe, il ne se complairait pas à jouer la carte des sentiments parce que ce n'est pas une chose qu'il maîtrise. Pas une chose avec laquelle il est à l'aise.

« Si tu me le fais regretter Tyler je te le ferais payer au centuple, il n'y aura pas un endroit sur terre où tu pourras dormir tranquille. »

Elle est sombre Lola quand elle fait cette promesse. Sombre et terriblement sérieuse. Elle dépose la rose blanche qu'elle a encore à la main au pied de leur arbre et se serre un peu plus dans son manteau et se dirige vers speakers' corner. Elle n'ira pas en transplanant, d'une parce qu'elle a encore besoin de se laisser le temps de la réflexion sur le chemin qui la sépare de chez elle, de deux parce que prendre la main de Tyler maintenant ce serait trop difficile. Et pourtant, si ses doigts jouent encore nerveusement c'est qu'ils meurent d'envie de sentir cette main les serrer à nouveau. Mais elle n'en fait rien. Elle marche à ses côtés et c'est déjà bien. Sans se presser, sans trop traîner non plus. Elle se demande encore pourquoi elle lui fait confiance... Bientôt ils arrivent aux pieds d'un immeuble. Un tour de clé pas trop brusque pour ne pas réveiller les enfants, un signe de tête à Tyler. Il ne faut pas qu'on le voit ici.

« Ils sont couchés? »
« Ils tombaient de sommeil Lola. Bon je file, Güiza m'attend. A plus. »

Un crac sonore, et voilà que Talia Almadovar disparaît sans se douter de rien. Lola se retourne vers Tyler mais elle entre la première, comme pour... parer à toutes éventualités. Elle est sur ses gardes, alerte et inquiète à la fois. Autour d'eux, un petit appartement londonien très sobre. Il y a sur la table basse une photo de famille où Tyler a sa place. Quelques jouets éparpillés ça et là dans la mesure du raisonnable. Pas la moindre trace d'un autre homme ou peut-être... si en fait. Il y a cette veste que Diego a dû oublier quand il est venu aider Lola a emménager...
Elle ne la remarque même pas. C'est vers le couloir qu'elle se dirige. Il y a une porte close, celle de sa chambre, et une porte entrebâillée derrière laquelle deux petits garçons dorment paisiblement, l'un serrant un nounours suspendu par dessus le bord du lit, un bras jeté en travers de l'oreiller, l'autre glisser sous les couvertures comme si avait voulu ne pas les défaire... Alors elle s'écarte un peu pour laisser passer Tyler, gardant un oeil sur tout ça sans savoir si c'est vraiment le bon choix qu'elle a fait.











Tyler J. Carlson

Tyler J. Carlson
AGENT DU MINISTERE. ► chercheur de sortilèges.

► MESSAGES : 64
On pins and needles. (pv) #Mar 3 Mai - 11:26


« Si tu me le fais regretter Tyler je te le ferais payer au centuple, il n'y aura pas un endroit sur terre où tu pourras dormir tranquille. »
«Quelle doucereuse menace, j'en frémirais presque. »

Un sourire amusé et sombre se dessina au coin de ses lèvres sanguines : quelle autre réaction aurait-il pu attendre de la mère louve. A la fois ravi de la retrouver dans tout son feu hispanique, et dans sa témérité à menacer ainsi le Jack l'éventreur dont les tabloïds ont pu faire les éloges macabres de ses boucheries. Tyler arqua alors les sourcils dans un signe entendu, l'invitant à quitter les lieux tout en savourant sa minime victoire qui soulageait son âme tortueuse. Calant une cigarette aux coins de ses lèvres, il suivit ainsi Lola dans un nuage de fumée grisâtre, et sous le joug d'un silence qu'il ne trouvait pas pourtant oppressant. Ils auraient eu sans doute beaucoup de choses à se dire, beaucoup de gestes à s'offrir, beaucoup de sourires, de regards, de mots tendres... Mais ce fut au silence qu'ils s'offrirent, sans en trouver quelconque injustice ni embarras. De toute évidence, Tyler s'est déjà mis en tête que tout était fini ; ce qu'il désire surtout c'est revoir sa progéniture. Le reste, ce n'est qu'un désir volontaire et plus ou moins conscient de savoir Lola heureuse avec ou sans lui. Au vu des retrouvailles glaciales, ce sera sans lui. Soit, il n'ignore pas que les morts tout juste revenus dans le monde des vivants ont besoin d'accoutumance avant de donner leurs ressentis, et il n'est pas non plus un homme de romance qui espère une histoire alors qu'elle s'est bel et bien achevée sur le papier. La suivant donc taciturne jusqu'aux portes d'un appartement lui étant inconnu, sa cigarette consumée depuis de longues minutes silencieuses déjà, il comprit pourquoi Lola le somma de ne pas se montrer dans l'instant : lorsque la voix de Talia résonna derrière la porte, Tyler ne put s'empêcher de lever son regard brun au plafond non sans pousser un soupir de mépris. La voix de son ancienne belle-soeur vint suffir à lui arracher des frissons de dédain dont il ne pouvait se détacher. Enfin autorisé à pénétrer les lieux, le jeune homme osa quelques oeillades observatrices et pointues, détaillant les environs avec habilité et logique. La veste d'homme posée sur le canapé lui arracha un soupir venimeux comme il en déduisit ce que tout homme pouvait en déduire, les quelques jouets renversés et en désordre laissaient présager un départ fracassant – sans doute un Lucas très agité – quand de son regard ambré il finit sa course observatrice sur l'anneau de Lola tournoyant sur son doigt, et qui n'était que le signe d'une anxiété légitime. Elle redoutait la confrontation.

Redressant légèrement la tête lorsqu'ils se trouvèrent devant la porte des enfants, Tyler figea son regard sur cette dernière, obstacle de bois qui le séparait de quelques mètres à peine de sa progéniture. Un étrange sentiment fourmilla jusqu'au bout de ses doigts, lui accaparant son coeur éraillé, glissant jusqu'à ses tripes.... Nostalgie, envie, remords ? Non, pas de remords. Il n'en sait rien. De la fierté peut-être, ou de l'appréhension sereine ? C'est un sentiment qui ne le reconnaît pas et qui l'habite pourtant, qui accélère son palpitant comme il pénètre dans la chambre obscure sans même un regard pour Lola. Car ses yeux mordorés sont figés sur les silhouettes de ses enfants, perçant l'obscurité de ses pupilles de père avide de les voir, de les sentir, de les entendre. Un mince sourire se dessine sur son visage comme il reconnaît le petit Jack endormi, glissé avec soin dans ses couvertures qui ne conservent pas un pli, ni un froissement. S'approchant du lit, Tyler reste ainsi debout à l'observer d'une oeillade de loup, protecteur et fier. Il toise sa progéniture avec vanité et avec ravissement, comme un souffle serein s'empare de son coeur paternel. Et le jeune homme de se rendre compte que c'est la première fois qu'il voit Jack, de maudire pour une fois cette obscurité qui l'empêche de l'envelopper de son regard bienveillant, de pester contre le sommeil qui les emmène loin de lui. Il commence à se pencher dans un souffle court, quand une petite voix vient rompre le silence alangui. « Pabby ? » C'est l'appel du petit Lucas qui s'est redressé dans son lit, frottant ses yeux fatigués, et le toisant comme on voit un mirage. Le père sent bien que dans le regard de son fils, luisent des espoirs rêvés, qu'il n'y croit pas vraiment, que tout cela n'est qu'un rêve. Souriant alors à son fils dont les traits n'ont pas tant changé, Tyler s'avance vers lui dans un sourire, et s'accroupit près du lit. Le petit garçon craque et se jette dans les bras de ce dernier, fourrant sa tête brune contre son épaule en sanglotant. « Ne réveille pas ton frère. » souffla alors Tyler de sa voix suave et ferme avant de reculer légèrement et d'observer son fils avec fierté et tendresse. Il a grandi bien sûr, mais Tyler s'abstient pour le moment de lui faire la remarque : maintenant qu'il est ici, il préfère encore feinter de ne jamais avoir été absent. Passant une main dans les cheveux sombres de Lucas, il voit ce dernier froncer les sourcils avec colère. « T'étais où ? » « Au travail, j'ai du partir pour longtemps. » Ni franchement un mensonge, ni vraiment un aveu. Le garçon est trop petit pour recevoir d'autres explications. Le jeune Lucas raidit la mâchoire sous cette réponse qui ne le satisfait pas, et pourtant finit par s'adoucir aussitôt lorsqu'il entend de son père des mots qui le rendent fier. « Tu as pris soin de maman pendant que j'étais parti, je suis fier de toi. » Et le petit garçon de gonfler le torse dans un sourire et de hocher la tête. Retrouvant déjà une complicité qu'ils n'avaient pas franchement perdu, Tyler reprit dans un sourire taquin, sa main toujours glissée dans les cheveux en bataille de son aîné. « Frændi Dean sagði mér frá gullfiskur hans. » Un rire enfantin et amusé s'échappa des lèvres du petit garçon qui se laissa tomber dans une hilarité retenue, sur son oreiller. « Það var fyndið ! » Un bref rire s'échappe également des lèvres du père, comme il sent la main du petit Lucas serrer la sienne. « Gott starf. » Et le jeune garçon d'oser une oeillade amusée vers la silhouette de sa mère postée sur le seuil, avant de chuchoter à son père retrouvé, d'un enthousiaste complice : « Ef mamma með, það vildi vera mjög, mjög reiður*. » Tyler arqua alors brièvement les sourcils dans un sourire, provoquant un nouveau rire de l'enfant qui avait bien compris que l'échange promulgué en islandais était justement pour duper gentiment sa mère et ne pas en recevoir les foudres. Puis soudain, son rire cessa pour laisser place à un regard plus appréhensif. « Tu vas partir? » « Non Lucas, je ne partirais pas. Je viendrais vous voir demain soir. Et tous les jours encore. » « Tu ne restes pas vivre avec nous. » fit alors le petit garçon d'un air revêche et accusateur, arrachant alors un soupir à son père. Tyler se retourna alors discrètement vers Lola, comme désireux de ne pas la voir témoin de ce spectacle qu'il aurait aimé conserver pour lui : il porta ses mains derrière son cou, ôta la chaîne en argent qu'il ne quittait jamais, et la laissa pendre entre ses deux doigts au-dessus de son jeune fils allongé dans son lit douillet. Lucas darda avec admiration la clé qui se balançait sous ses yeux noirs, avant d'oser un regard vers son père comme pour demander la permission de la toucher. « J'y tiens beaucoup, Lucas. » Plus même que sa propre vie, aurait-il ajouté s'il s'était agi d'un adulte. Mais jamais, Tyler ne l'aurait confié à quiconque : ni l'aveu, ni le bijou. C'était pourtant à son fils qu'il confiait ce qu'il n'aurait jamais confié à personne. Pas même à son propre frère. Amorçant un geste pour orner le cou enfantin du collier, il rajouta alors dans un murmure sérieux : « Tu en prends soin, jusque demain. » Comme une promesse tacite de revenir coûte que coûte, il toisa Lucas lui sourire avec fierté, embrassa son front avant de se lever, et de quitter la chambre d'enfant non sans un dernier regard.

Refermant la porte derrière lui, Tyler invita Lola à le suivre jusqu'au salon, se retournant vers cette dernière d'un air stoïque. « Bien, je suppose qu'il faudra penser à jouer aux couples divorcés normaux, et traiter de la question de la garde des enfants. » fit-il d'une traite sans même s'avancer sur le moment de complicité qui venait de se dérouler sous ses yeux de mère aimante. « Je n'ai qu'une chambre d'hôtel pour le moment, mais je suis en passe d'acheter un grand appartement dans le quartier de Chelsea. » plongeant une main dans sa poche, irradiant d'une prestance sûre, Tyler attendit avec assurance que Lola ne daigne dire un mot. Mais de toute évidence, le choix de son ancien époux était fait : il reverrait ses enfants, quoiqu'elle dise.

__________________________
* {islandais}
« Oncle Dean m'a parlé de ses poissons rouges. »
« C'était drôle ! »
« Beau travail. »
« Si maman comprenait, elle se mettrait très, très en colère. »









Lola Almadovar

Lola Almadovar
SORCIERE. ► jounaliste.

► MESSAGES : 85
On pins and needles. (pv) #Mar 3 Mai - 17:43


Fatalement le petit garçon posait cette question, LA question à laquelle sa mère s'attendait. C'était peut-être aussi un peu pour ça qu'elle aurait préféré avoir un peu plus de temps pour les préparer. Elle aurait voulu être au clair avec elle même avant pour savoir que répondre à ce genre de question. Avisant le regard de Tyler, et certainement plus compréhensive parce qu'un peu plus rassurée sur ses intentions immédiates, elle s'effaça pour aller boire un café, laissant Tyler avec leurs enfants. Entendre à nouveau la voix de Tyler se mêler à celle de Lukas dans cette langue mystérieuse qu'était la langue maternelle de Tyler lui rappelait une foule de chose. Son coeur se serra et l'espace d'un instant, elle redevenait elle aussi l'enfant qui espère tant que son vœu le plus secret soit entendu et réalisé. Mais elle avait sans doute passer l'âge d'y croire.

« Bien, je suppose qu'il faudra penser à jouer aux couples divorcés normaux, et traiter de la question de la garde des enfants. »

La neutralité de la voix de Tyler acheva de mettre fin à cet instant fugace qui tenait de la douceur d'une madeleine de Proust. Lola ferma les yeux, visiblement fatiguée. La seule évocation de la "garde" de leurs enfants la rendait nerveuse. Elle n'envisageait pas, elle qui avait toujours tenu en haute estime le modèle de famille dans lequel elle avait grandi, être séparée de ses enfants. En aucune manière. Perdre son époux avait déjà été un revers assez cruel. Elle n'en méritait sans doute pas un pire encore...

« Je n'ai qu'une chambre d'hôtel pour le moment... »
« ...tu peux... »
« ...mais je suis en passe d'acheter un grand appartement dans le quartier de Chelsea. »
« Ok. » , se contenta-t-elle de répondre, gardant pour elle ce qu'elle avait failli proposer. Elle détourna un instant le regard...« On en reparlera demain, après manger... » , conclut-elle.

Elle attendit qu'il commence à prendre la direction de la porte de lui même et une fois qu'il fut partit elle sentit à nouveau tout le vide qu'il laissait derrière lui et la pression qu'elle s'était imposée pendant cette brève entrevue. Alors les larmes montèrent et se mirent à ruisseler à torrent sur son beau visage. La tête entre les mains, disparaissant derrière une cascade de cheveux châtains or, elle en pleurait de douleur.

...

Au quatrième étage de l'immeuble qui faisait l'angle entre le chemin de traverse et les quartiers chics, on entendait cirer depuis une fenêtre ouverte. Des éclats de voix d'enfants qui se jetaient des mots à la tête depuis le petit matin, et de temps à autre une autre voix, ferme et sûre d'elle qui mettait le haut-là.

« T'AS QU'A LE PRENDRE TOUT POUR TOI 'FAÇON!! J'EN VEUX PAS! »
« Jack! Jack non re... »

Lola soupira. Le petit garçon était allé se réfugier dans sa chambre et comme sa mère lui emboîter le pas pour essayer de régler le conflit on frappa à la porte. Elle posa la longue cuillère pleine de mole poblano qu'elle avait à la main pour aller ouvrir, tandis que derrière les deux garçons reprenaient à grands éclats de voix. Elle eut un sourire las comme elle aurait très bien pu avoir du temps où ils étaient encore mari et femme et qu'ils avaient suffisamment de complicité pour qu'elle puisse exprimer un léger ras le bol dans un sourire. La journée avait été... éreintante.

« Entre j'ten prie. On t'attend comme le messie ici. »

Et au même moment, il y eu un grand silence. Lucas arriva au pas de course vers son père alors que la petite tête de Jack dépassait à peine du mur, un air contrarié lui barrant le front. Il y avait dans son regard une teinte de jalousie rehaussée d'un brin de réserve. Ca avait commencé au saut du lit, quand Lola avait entendu les premiers cris et s'était précipitée dans leur chambre pour voir ce qui c'était passé. Mais ça n'avait été qu'une petit Jack perdu de jalousie qu'elle avait trouvé en crise derrière son lit. Pourquoi diable son père ne l'avait pas réveillé? Pourquoi être parti comme un voleur dans la nuit? Oh non rectification, ce n'était pas son père! c'était celui de Lucas.

Lola jeta un regard par dessus son épaule, connaissant bien les deux fortes têtes qui lui servaient de fils. Elle tiqua:

« Viens dire bonjour cariño... » Le petit traina les pieds sur un mètre mais finalement ne s'approcha pas plus que ça, trop timide en fait et toujours persuadé de n'être que le deuxième fils quand Lucas était le préféré. Lucas qui ressemblait énormément à Tyler quand lui, Jack représentait le meilleur compromis entre ses deux parents.« Et pour la trente-sixième fois de la journée enlève moi cette veste. Je pense qu'oncle Diego n'aimerait pas savoir que tu la traînes par terre depuis ce matin. »
« Mais c'est ma cape magique 'man... et puis tu l'as dit que quatre fois. » , marmonna l'enfant sans même lever les yeux pour regarder sa mère.

Tyle reconnaîtrait peut-être la fameuse veste de la veille au soir. Lola lui adressa un regard en fermant la porte. Elle ne semblait pas aussi hostile que la veille. Peut-être parce qu'elle tenait à ce que tout se passe bien pour les enfants. Elle approcha du petit Jack et lui prit doucement la veste pour aller la mettre au sale, ce qui lui donnait une excuse pour laisser les garçons seuls avec leur père.

Le minuscule Jack finit par lever les yeux vers son père et par le toiser sans rien dire, sans rien cacher non plus de sa contrariété.











Tyler J. Carlson

Tyler J. Carlson
AGENT DU MINISTERE. ► chercheur de sortilèges.

► MESSAGES : 64
On pins and needles. (pv) #Mar 3 Mai - 19:35


Le dernier silence laissé derrière lui après son départ, laissait place à présent à des cris agités s'échappant de la fenêtre ouverte. Les prunelles sombres de Tyler se posèrent sur la fenêtre ouverte du quatrième étage, comme il laissa un bref sourire se dessiner au coin des lèvres. Ce fut néanmoins une Lola moins amusée par les cris de leurs enfants en pleine forme, et dont les cernes ainsi creusées lui offraient une mine fatiguée, qui vint lui ouvrir non sans un bref sourire las. Pénétrant dans l'appartement, Tyler ne lui accorda qu'un bref regard, non par dédain mais parce qu'il sentait ses rétines fauves imperceptiblement attirées par ce désir d'attraper au vol les silhouettes enfantines. « Entre j'ten prie. On t'attend comme le messie ici. » S'abstenant de faire un commentaire probablement de mauvais goût, Tyler laissa s'échapper un bref rire comme il se tournait vers la pauvre Lola exténuée alors qu'il continuait son avancée au sein du salon. Ce fut à ce moment là que le silence s'imposa, par la présence du père réapparu non plus seulement dans leur vie mais sur le seuil, et que Lucas se précipita dans ses bras. Attrapant ce dernier avec vigueur et le calant contre son buste assuré, ils purent partager de nouveau un instant de complicité lorsque l'enfant orna le cou de son père d'une chaîne en argent suspendant cette fameuse clé. « J'en ai pris soin. » Tyler approuva avec fierté avant de poser son regard brun sur le petit dernier dont la candeur se faisait ressentir : presque intimidé par cet homme qu'il ne connaissait pas mais dont son grand frère semblait si proche, Jack n'osa pas amorcer un pas. « Viens dire bonjour cariño... » Quelques pas timides mais rien de très probant : Tyler en profita pour poser l'aîné à terre non sans détourner son regard du jeune dernier timoré. Pouvant observer à la dérobée ce fils qu'il n'avait pas connu mais qui semblait déjà très mutin par sa façon de répondre à sa mère, il ne tiqua qu'au nom de Diego et à la vue de cette veste qu'il reconnut alors. Se redressant dans une prestance princière, Tyler vint se perdre dans ses pensées lorsqu'il posa ses pupilles incandescentes sur Lola quittant la pièce d'un pas gracieux et sur. Ce ne fut que lorsqu'il sentit le regard insistant et presque inquisiteur du petit dernier, que le père posa de nouveau son regard sur l'enfant. Et si ce dernier semblait sceptique, Tyler s'assurerait de crever l'abcès par quelques tours de passe-passe verbaux. « Je n'ai jamais réussi à dormir aussi profondément que toi. Tu as un secret ? » Un murmure suave et soufflé avec complicité mais non sans une distance bien étudiée pour ne pas bousculer l'enfant, un haussement de sourcils pour lui offrir un intérêt singulier, une oreille qui se tend dans le partage d'un secret. Le petit Jack eut un moment d'hésitation avant de répondre dans toute la simplicité du monde, heureux de confier néanmoins ses conseils : « 'man fait bouillir du lait. » Approuvant dans une moue qui se voulait admirative, et laissant briller en ses yeux habituellement polaires cette étincelle joueuse comme s'il se demandait pourquoi il n'avait pas pensé avant à ce fabuleux secret, il parvint à arracher un sourire plus assuré au plus jeune fils. « Tu connaissais pas ? » Tyler hocha négativement la tête avant de répondre un complice « Je prends note. » qui regonfla Jack d'un renouveau de confiance. Lucas quant à lui, scrutait le spectacle avec jalousie, le regard noir fusillant son cadet et les bras croisés sur son buste en des airs de petit homme.

Sans un mot de plus, Tyler les avisa tous deux dans un sourire énigmatique qui arracha des regards envieux à ses enfants, et se dirigea vers le canapé dans lequel il prit place. Et comme Lucas ne tarda pas à venir lui sauter sur les genoux, Jack quant à lui n'osa que quelques pas timides avant de recevoir une oeillade tant attendue du père. « J'ai un cadeau pour toi aussi. » Et sous les gazouillis enthousiastes, Jack vint s'approprier la deuxième jambe non sans se sentir poussé par un Lucas peu partageur. Un regard noir de Tyler suffit à le remettre à sa place, et attendant que l'agitation retombe, ce dernier plongea sa main dans la poche de sa veste. Ouvrant sa paume sous le regard impatient de ses deux fils, il leur révéla deux petits miroirs à double-sens, dotés d'une jolie robe ébène et chacun pourvu de l'initiale d'un des enfants d'une couleur finement dorée. Lucas leva ses yeux mordorés sur Tyler, dans l'attente de la sainte parole. « Ce sont des miroirs jumeaux. Il n'y a que vous qui pouvez l'utiliser, et vous ne pouvez vous en servir que pour communiquer ensemble, et avec personne d'autre. » Un léger pli vint orner le front de Lucas qui ne semblait pas apprécier la dernière option, quand Jack semblait au contraire subjugué par les objets à la manufacture soignée. « Si l'un des deux est cassé, vous ne pourrez plus vous en servir. Et vous n'en n'aurez pas d'autres. » finit alors Tyler d'une voix certes suave mais ferme, comme rappelant à l'ordre les deux frères de prendre soin de leurs affaires. Ces derniers s'emparèrent chacun de leur miroir tout en y posant un regard intéressé voire intrigué, et ce fut à ce moment-ci que la présence de la jolie Lola se fit sentir. « 'Man. Regarde ! » Sous les gazouillis intrigués de Jack, Tyler releva à son tour son regard sur son ancienne amante, se demandant presque à quoi rimait cette mascarade. Le tableau de famille parfait... vu de l'extérieur.









Lola Almadovar

Lola Almadovar
SORCIERE. ► jounaliste.

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On pins and needles. (pv) #Mar 3 Mai - 19:59


« 'Man. Regarde ! »
« J'espère que vous avez dit merci... », anticipa la jolie mexicaine comme elle connaissait les deux garnements. Dans le temps où deux merci s'envolaient à l'adresse de Tyler, Lola posa ses prunelles contre celle de son ex-mari qui la toisait depuis le canapé. Se demandait-il lui aussi où est-ce qu'ils allaient comme ça? Droit dans le mur? Elle en avait peur...« Prenez-en soin, si l'un des deux est cassé ça ne marchera plus... »

Les deux petits garçons se regardèrent avec un de ces sourires complices. Lola, ne se doutant pas que ses mots se faisaient l'écho parfait de ceux de Tyler, eut une curieuse moue intriguée.
Elle se tenait là devant ce portait de la famille idéale qu'ils n'étaient plus, partagée entre crier tout de suite à l'imposture ou tenir encore les ficelles de toutes ses forces pour que l'image tienne debout, encore un peu. Douloureux exercice que celui-ci.

« Je pense qu'on peut passer à table si vous êtes d'accord... »

Deux grands ouais! très enthousiaste se firent entendre. Lola sourit. Elle les adorait ses petits démons et comme ils passaient de part d'autre d'elle, presqu'à la bousculer pour être le premier à table, elle accorda un regard à Tyler qui, s'il était le père idéal le temps d'un instant, n'était que froideur pour elle. Elle ne pouvait pas s'attendre à autre chose puisqu'après tout c'était elle qui s'était protégée de lui la veille.
Pouvait-on vraiment lui en vouloir? Non. Elle ne pouvait pas effacer tout ce qui c'était passé, et là tout de suite, l'ombre terrible de la question qui était restée en suspens la veille planait au dessus de sa tête. Implacable.

« Tu sais c'est quoi la fleur préférée de maman? », demanda Jack visiblement en toute innocemment mais en vérité, cela faisait partie de son "test". Celui qu'il faisait passer à ce dont il voulait potentiellement comme père.

Comprenez, il ne pouvait pas accepter n'importe qui.

« Moi je sais. », anticipa Lucas qui connaissait la combine mais ne doutait pas que son père ait réponse à tout.
« Et sa couleur? Et son deuxième prénom?! », demandait le petit garçon au fur et à mesure que son père répondait.
« N'embête pas ton père Jack... », objecta Lola d'une voix pleine de tendresse comme elle commençait à servir tout le monde. Quelque part c'était sans doute aussi gênant pour elle que pour Tyler.

Mais Jack ne se laissa pas démonter. Il fallait qu'il sache. Diego lui n'avait échoué qu'à une question, une seule.

« Je l'embête pas maman, je lui demande des trucs. »











Tyler J. Carlson

Tyler J. Carlson
AGENT DU MINISTERE. ► chercheur de sortilèges.

► MESSAGES : 64
On pins and needles. (pv) #Mar 3 Mai - 20:48


La pseudo famille unie passa à table ; Tyler se leva d'une arrogance princière, offrant une moue qui se voulait sereine comme doit le faire un bon père de famille. Il frémissait néanmoins d'une répulsion qu'il dissimulait pour ses enfants : combien de temps devaient-ils jouer le jeu, quand pourraient-ils dire aux deux bambins que ces soirées en famille ne seraient pas régulières, comment leur avouer que leurs parents ne vivraient plus ensemble et qu'ils devaient à présent les voir séparément ? Dardant brièvement Lola d'une oeillade distanciée, le sombre jeune homme vint prendre place autour de la table, dans une sorte de pantomime grotesque et de comédie pathétique. Les parents conservaient pourtant ce masque de tranquillité impassible, jouant au tableau parfait d'une famille recomposée et d'un bonheur étrenné sous l'arrivée du nouveau père. Un père qui, de toute évidence, n'était pas reconnu par tous : car derrière ses airs innocents, Tyler décela une épreuve anticipée imposée par son propre fils. Sans doute de manière trop froide et aiguisée, il darda alors ce petit être qui pensait devoir prendre les rênes, tout en dissimulant ses questions derrière de faux airs candides. Un bref sourire carnassier, pour la première fois et sans véritablement le vouloir, se dessina sur les lèvres sanguines de Tyler, tandis qu'il écoutait son propre fils le mettre tranquillement à l'épreuve. « Tu sais c'est quoi la fleur préférée de maman? » Le sombre jeune homme tiqua, retenant quelques remarques incisives car luttant pour se rappeler qu'il ne s'agissait qu'un enfant, le sien de surcroit. Ce n'était pourtant pas l'envie de lui faire comprendre qu'il matait les petits arrogants, qui se faisait absente sur le bout de ses lèvres vénéneuses. Mais conscient que ce n'était pas ainsi qu'il gagnerait la reconnaissance du petit dernier, Tyler se tut malgré ce masque à la fois sombrement amusé et posément fielleux. « Et sa couleur? Et son deuxième prénom?! » Il releva la tête d'un regard mutin, de ceux qui vous promettent un triomphe sans précédent à vous en faire mordre les doigts, et attendit que la conversation ne retombe avant de poser ses yeux bruns sur Lola, non sans s'adosser contre la chaise avec aisance. « Voyons... » souffla-t-il d'une voix suave qui se faisait faussement pensive, alors qu'il la dévisageait. « Il me semble avoir entendu le prêtre mentionner un Lola Thelina Almadovar lors de notre mariage. Tu m'as confié un jour avoir une préférence pour les oeillets la première fois que je t'ai offert des lys, et... » Tyler plissa le nez avant de s'interrompre, toisant doucement autour de lui à la recherche d'une couleur éventuellement prédominante,et se tournant de nouveau vers son ancienne épouse. « Je ne sais pas. Bleu, vert, rouge ? Tu as raison, trop commun pour toi. » Quelques mots aussitôt placés avec défi, sous le regard de Lola qui s'intensifia de quelques braises chaudes rappelant les terres sableuses du Mexique. « Ou l'incandescence impétueuse de tes yeux flamboyant comme le feu. » Un sourire au coin des lèvres, des paroles provocantes et tentatrices, et enfin un regard affamé comme avant... quand rien pourtant ne les rappelait vraiment au passé. Sous le silence naïf de Jack, Tyler se tourna alors vers lui, soufflant alors à son propre enfant un murmure teinté d'un cynisme soutenu. « Et toi, connais-tu mon deuxième prénom ? » Un hochement éberlué de tête de la part de l'enfant, et le jeune homme continua avec fierté : « Jack. » Le silence se fit après cet aveu soufflé dans une fierté mordante, moins pesant mais néanmoins bien présent, bientôt rompu par les assauts d'un Lucas jaloux de ne pas recueillir autant d'attentions. « Et ta couleur préférée c'est quoi ? »

***

Le repas s'était ainsi passé, entre les interrogatoires des enfants agités, leurs prétentions, leurs rêves, leurs bonnes notes à l'école, le copain du coin qu'ils ne supportaient pas, la couleur de leur peau hâlée, celle plus pâle de leur père, les comptines qu'ils aimaient écouter, les chansons qu'ils savaient chanter... Et malgré cette mascarade, quelque chose lui allégea le coeur bien que Tyler demeurait conscient que tout cela n'était que pure hypocrisie. Aussi, lorsque le dessert fut achevé, il les somma d'un murmure complice d'aller jouer dans leur chambre. Ainsi pouvait-il rester en tête à tête avec Lola, et le jeune homme ne passa pas par quatre chemins ni même ménagea la conversation. « Ce manège est stupide. Tôt ou tard il faudra leur dire que leurs parents ne vivent plus ensemble. » La voix de Tyler demeurait neutre mais tranchante, se protégeant de la mort de leur idylle tout comme Lola revêtait une armure solide. « Au vu de ma condition... » Une voix qui se faisait murmure frémissant, à peine audible et pourtant imposante par l'aura qu'elle portait, et il continua non sans lancer une très brève oeillade par-dessus son épaule, au cas où. « … il est évident que je ne pourrais pas les garder à longueur de semaine. Mais quelques weeks-end, ici et là. » Fallait-il en demander plus ? C'était déjà bien assez, aussi bien pour lui-même qui endossait comme il le pouvait son rôle de père sans vouloir bousculer les choses, que pour Lola qui n'avait jamais vécu qu'avec les enfants.









Lola Almadovar

Lola Almadovar
SORCIERE. ► jounaliste.

► MESSAGES : 85
On pins and needles. (pv) #Mar 3 Mai - 21:33


Le repas se déroula à peu de choses près comme elle s'y était attendue. Les questions de Jack, les regards de Lucas... les réponses de Tyler, toujours aussi insidieux mais classieux à la fois. C'était peut-être le plus difficile pour elle. Le regarder et sourire alors qu'à l'intérieur tout se vrillait de douleur. Il fallait s'oublier soit même pour parvenir à suivre le scénario imposé. Elle s'oublia oui, un bref instant quand il évoqua le feu de son regard et ce dernier, comme répondant à une invocation divine, s'embrasa dans les prunelles de Lola. L'étincelle était-elle dans les mots, ou dans le regard de Tyler? Elle y était en tout cas, incandescente chez Lola. Le désir, l'amour bien loin d'être éteint s'étaient trahis d'eux même à l'appel de ce qui les avaient toujours tenus alertes, là, devant cette cène étrange, dernier moment où les sourires s'affichent, conviviaux, pour mieux retenir les larmes.

Le petit Jack satisfait des réponses de son père, émerveillé même par son éloquence et sa superbe, le tient en respect. Il va garder ses autres questions pour un peu plus tard. Surtout, pour un moment qu'il aura seul avec son père car si sa mère le surprenait à poser de telles questions, elle le gronderait sans doute. Quelque part l'enfant est déjà conquis, plus facile que la mère évidemment, mais il a peur de prendre trop confiance et de voir son père fondre entre ses bras comme neige au soleil. Alors il l'observe, il le questionne, comme pour être sûr que tout fonctionne et qu'il va pouvoir faire l'affaire. Il ne veut pas d'un père à la petite semaine, ce qu'il veut c'est un père qu'il pourra admirer et prendre comme modèle. Un père qui serait fort et intelligent car dans cette famille c'est une qualité qu'on apprécie. Fort, parce qu'il doit être plus fort que sa mère pour pouvoir la porter quand elle doute, la faire sourire quand elle pleure en silence en se croyant seule. Il pense à tout ça le petit Jack et il sait que si son frère désapprouve qu'on remette en question le nom de leur père, il approuve dans le fond tout le reste. Ils ne cèderont pas la place à un ersatz de père, eux les deux petits bouts d'hommes qui se sont toujours cru si forts parce qu'ils étaient en quelque sorte les seuls hommes dans la vie de leur mère.
Sagement pourtant, ils consentent à aller jouer dans leur chambre et laisse les grands faire ces choses de grands pour lesquels ils sont si doués.

« Ce manège est stupide. Tôt ou tard il faudra leur dire que leurs parents ne vivent plus ensemble. »

Elle mord sa lèvre inférieur et soupire.

« Je sais Tyler. Ca n'est pas gérable, je suis bien d'accord là dessus. »
« Au vu de ma condition... il est évident que je ne pourrais pas les garder à longueur de semaine. Mais quelques weeks-end, ici et là.»

Ses bras serrés autour d'elle faisait comme un noeud. Le même qu'elle avait à la gorge et au coeur. Cette conversation ce n'était qu'une image d'eux même s'étranglant l'un l'autre dans un je t'aime moi non plus affreusement cruel. Cruel parce que oui, elle l'aimait et parce que oui, elle doutait que ce fut encore réciproque. Cruel parce qu'elle voyait peu à peu s'émietter entre ses mains tout ce qu'elle chérissait, tout ce qui la construisait et la faisait solide comme un roc. Indestructible.

« Ok pour les weekends...» , elle s'éclaircit la voix comme son joli timbre s'étranglait un peu dans sa gorge, « ... ça me parait juste. Si tu peux t'organiser un minimum, juste pour qu'ils sachent quand t'attendre... ce serait bien. Ils seront intenables si ils se mettent à douter. »

Elle serrait les dents. Voilà. Le fameux mur qu'elle sentait venir depuis tout à l'heure. Elle ne pouvait pas se bercer éternellement d'illusions non plus.











Tyler J. Carlson

Tyler J. Carlson
AGENT DU MINISTERE. ► chercheur de sortilèges.

► MESSAGES : 64
On pins and needles. (pv) #Mer 4 Mai - 11:56


Il avait fallu en arriver là : à force de fierté et de non-dits, les anciens amants menaient une guerre froide parce qu'ils n'avaient pas envisagé la trêve. Parce que l'une avait besoin de temps, et le second d'assumer une domination de ses sentiments. Pathétique mascarade : ils se faisaient du mal et allaient jusqu'au bout de leur entreprise morbide pour gagner cette bataille stérile sur l'autre. Tyler ne parvenait guère à montrer ses sentiments, bien moins qu'à l'accoutumée ; et il n'ignorait pas que sa froideur se répercutait en retour sur la forte et noble Lola. Mais sans doute aurait-il agi autrement si la belle hispanique n'aurait pas irradié de dégoût à son encontre cette nuit où il était réapparu, peut-être oui, que si elle l'avait pris dans ses bras... Elle, et seulement elle. Cette manie de toujours s'assurer avoir raison et reporter la faute sur les autres. Lola n'avait pourtant pas fauté, elle s'était érigé une carapace légitime face à ce fantôme venant les hanter pour peut-être disparaître à nouveau. Néanmoins à force de coeur trop bien gardé, ils n'avaient pas réussi à briser la glace et menaient leur idylle au tombeau dans une marche funèbre à laquelle ils feintaient de sourire. Alors il n'en put plus, agacé par cette comédie burlesque qu'il trouvait pathétique : Tyler alla droit au but, sans ménagement, sans détour, sans compassion. La franchise avait toujours été leur point de chute, une qualité à double-tranchant. Ses yeux bruns implacables ne daignèrent pas se dérober de la silhouette de Lola, et si quelques minutes auparavant ils avaient brûlés d'un appétit virulent l'espace de quelques secondes, à l'instant ses rétines fauves n'étaient habitées que d'un feu glacé et distant. Deux inconnus... Fallait-il qu'ils s'en résument à cela ? Qu'importe, la dramaturgie n'est pas du goût de Tyler, ce qui est fait est fait. Et en ce même instant, ils poussent même le vice à en défaire leurs liens. Comme si les amants oubliaient ces moments qui les avaient unis, ces regards, ces sourires, ces fautes et ces rires aussi. Ces incartades dans un bar, cette peur de la perdre dans les couloirs de Sainte-Mangouste, ce tango, l'annonce de ce fils qu'il n'avait d'abord pas désiré, ce premier voyage en Islande, ces instants de doute, l'infidélité, puis le départ de Tyler au Mexique pour la récupérer. Le 'je t'aime' si souvent avorté et enfin murmuré après de si longues années. Puis plus rien ; juste un peu de diplomatie forcée, une résignation feinte, une garde partagée. « Ok pour les weekends... ça me parait juste. Si tu peux t'organiser un minimum, juste pour qu'ils sachent quand t'attendre... ce serait bien. Ils seront intenables si ils se mettent à douter. » Un imperceptible hochement de tête de la part de Tyler qui demeura taciturne ; c'était sa façon d'approuver ses dires sans avoir à se justifier. Dans un bruissement d'étoffes portant son parfum épicé, il finit par se lever avec assurance, tourna les talons et enfin se retourna vers Lola, daignant pour la première fois depuis leurs entrevues, mettre des ressentis sur ses paroles. « Je ne suis pas revenu pour t'arracher le fruit de tes entrailles. Ce n'est pas ainsi, que je mets à mort. Du moins, je ne le fais jamais au sens figuré. » Et elle le savait ; Tyler, s'il gardait la subtilité vicieuse pour faire souffrir ses victimes, ne le faisait jamais de façon conventionnelle. Et quoi de plus pathétiquement normal qu'un couple qui se déchire et se bat pour garder ses enfants. « En vérité, je n'avais pas prévu que nos retrouvailles tournent ainsi. J'avais anticipé d'autres voies, mais jamais aussi fatales. Je pensais pourtant que l'erreur était humaine. » Une pause, un sourire en coin, de ceux qui en disent long et qui arrachant quelques frémissement à l'échine, pour achever d'une voix suave. « Seulement humaine. » Ou comment s'avouer qu'il ne faisait plus vraiment parti de ces humains, avec un coeur et une conscience. Lui qui se rapprochait bien plus du monstre ou du démon. Tyler la toisa une dernière fois de son regard de braise, avant de rejoindre les enfants. La soirée continuerait dans cette mascarade hypocrite, jusqu'à ce qu'il ne quitte l'appartement, une nouvelle fois.

[RP Terminé]










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