CLAC !

Théodore et Samuelle apparurent dans une bosquet... Un bosquet au centre duquel se trouvait une petite clairière dégagée. C'était ridiculement petit mais c'était l'endroit qu'il avait vu sur la photo du dossier. Il y avait donc transplané, tenant la damoiselle contre lui, ne se gênant pas pour peloter ses agréables courbes d'une main ferme alors qu'il la tenait contre lui dans le but de ne désartibuler personne. Heureusement, tout se passa merveilleusement bien et une fois sur place, il laissa glisser ses doigts sur la hanche de la métisse, coulant légèrement vers une fesse qu'il évita soigneusement, la relâchant avec un sourire vulpin avant de lui tourner le dos pour admirer l'endroit...

...C'était l'été. C'était vert, venteux, il ne faisait pas soleil parce que le soleil... Ben c'est l'Angleterre donc le soleil il chôme. Le ciel gris, les arbres se penchant au gré du vent, un ruisseau dégringolant sur des pierres près d'eux... Bref, un bel endroit pour un pique-nique. Autour du bosquet, que de la plaine. La plaine Anglaise et ses ruines, ses touffes de forêt... Au loin, on pouvait apercevoir une toute petite ville. Un Village même. Un regroupement de petites maisons... Probablement le truc avait-il attaqué cet endroit là. Associé au dossier de ce bosquet venaient quelques photos de fermes et de maisons délabrées par ce qui ressemblait à des puissantes rafales de vent...

- C'est le premier endroit qui a été touché.

Confirma Théodore en fouillant dans son sac en bandoulière pour en sortir le dossier... Cherchant à trouver quelques infos qui pourraient les aider à pister... pister quoi au juste ? Va savoir... Jetant un coup d'oeil à sa compagne, il attendit de voir si elle allait jouer le caneton suiveur ou s'il allait devoir courir après elle dans tous les sens... Il préfèrerait la seconde option tout de même. Ce s'rait de loin plus marrant.

- ARGL !!!Lâchez-moi immédiatement !!
- Oh ça va, j'ai pas la lèpre.

Répondit Devalier en roulant les yeux au moment où il la relâchait.

- Vous savez comment ça s’appelle ce que vous venez de faire ? Un ENLEVEMENT !!!
- T'es stagiaire, tu m'suis et tu la fermes.

Fit Théodore en s'avançant dans le bosquet alors qu'il constatait que c'était le premier endroit qui avait été attaqué et que c'était exactement ce qui se trouvait sur la photo du dossier...

- Où est-ce qu’on est ? C’est -ÇA- votre forêt ?
- C'est pas MA forêt déjà... Et c'est même pas une forêt...

Commenta t-il en s'avançant parmi les arbres après avoir traversé la toute petite clairière où il n'y avait pas grand chose d'autre que les traces de chaussures d'humains qui avaient commencé à ramasser les dégâts...

- On va au village ?

Arquant un sourcil, Théodore se retourna vers sa stagiaire...

- Je suis déjà venue par ici il y a 3 semaines…
- Ah bon ?
- Mon portoloin était tout près… Il y a là bas un pub vraiment pittoresque ! Les vendredis soir, il y a des gens qui viennent jouer de la musique !!

...Le regard de Théodore devint dur et sévère à la seule mention d'un pub. Toute façon lui, il avait pas besoin de pub, il trainait toujours sa flasque de rhum dans sa poche alors... Toute façon, chaque fois qu'il se retrouvait dans ce genre d'endroit et qu'il prenait quelques verres, il finissait toujours par casser la gueule de quelqu'un...

- Ouais, peut-être pas votre genre, hein ?

Il la regarda un moment... Ils devaient aller au village de toute façon... Par contre pas question de la laisser aller s'beurrer dans ce dit pub. Enfin, il la laisserait pas boire... Mais c'était dans ce genre d'endroit que trainaient habituellement les rumeurs...

- J'crois qu'on aura pas l'choix.

Répondit Devalier en enfouissant les mains dans les poches de son jeans.

- J'vois pas trop comment on pourrait trouver des infos a part ça.

Soupira t-il en se disant que ça le ferait une bonne trotte jusque là bas... Pouvaient pas transplanner dans un village moldu malheureusement...

Avec une patience qu'il ne se connaissait pas, Théodore la laissa jouer les chevrettes excitées autour de lui, la laissant faire le cabri sur le chemin, sautiller, tourner autour de lui comme une enfant et lui raconter n'importe quoi parce qu'il n'en avait rien à battre...Il l'écoutait d'une oreille distraite... Non en fait il l'écoutait même pas. Trottant sur le chemin d'un pas sec, il acquiesçait de temps en temps, comme s'il faisait gaffe à ce qu'elle disait, atténuant la migraine qu'elle commençait à faire apparaître en se concentrant sur le vent, sa force ou sa lenteur, les odeurs, l'herbe verte sur laquelle glissait la brise, le paysage... Puis il sursauta presque lorsqu'elle s'arrêta près d'un petit établissement à l'architecture purement anglaise, comportant une affiche qui se balançait au gré du vent en silence...

- Tient, voilà le pub! C’est Susan la propriétaire… Je vais te la présenter!!! Tu vas voir, tu vas l’adorer!

...Il en doutait. Il aimait pas grand monde déjà, du coup, très peu de chances que celle là lui plaise... Encore moins si la porte ne s'ouvrait pas. Avec un sourire en coin, Théodore leva les yeux vers elle, amusé.

- Oooooh…

...Son sourire s'élargit.

- C’est vrai! Suis-je bête! Nous ne sommes pas dans une grande ville... Les pubs sont fermés l’après-midi…Pas de chance!
- Quel dommage.
- On rentre?!?
- Maintenant que tu m'as bien gavé de tes conneries et que t'as bien essayé d'me souler avec ta fausse bêtise, tu voudras peut-être m'aider à chercher quelqu'un qui aurait des trucs à nous dire sur les évènements qui se sont passés ici ?

Fit-il sur un ton mielleux avec un sourire velouté avant de se durcir.

- Crétine.

Ajouta t-il en lui tournant le dos, cherchant un endroit public ouvert de jour... Un magasin général ou quelqu'un dans un champ qui bosserait...

- Susan habite au deuxième…
- Ah vraiment ?
- Elle a un divan confortable…
- Ah bah j'comprends pourquoi tu la trouves si sympathique.

Fit Devalier en s'engageant dans l'escalier sans autre forme de cérémonie... Puis un bruit strident le fit sursauter et il se retourna sèchement, le regard noir...

- Elle dort encore à cette heure… Il y a un petit casse-croûte au fond de la quincaillerie… Ce sera plus opportun… Nous pourrons ensuite aller déranger Susan…
- Oui ben j'ai pas toute la journée moi.

Fit Théodore en reprenant son ascension jusqu'a l'appartement au dessus du dit pub... Il verrait bien que genre de connerie elle lui avait raconté...

- ARGL! Devalier! Ne faites pas ça! Les gens ne sont pas coopératif quand on les tires du lit!!
- Rien a foutre.

Répondit-il en grimpant le reste des marches, se défaisant de la poigne de Samuelle... Elle y tenait à son mensonge pour ne pas simplement lui dire "Non arrêtez j'ai menti, je connais pas cette personne !". Elle avait aucune gêne celle-là... Théodore frappa donc et les minutes qui filèrent le temps qu'on vienne leur ouvrir le firent grimacer... Quelque part, l'idée de possiblement réveiller quelqu'un le mettait un tout petit peu de travers... Mais il ne laisserait pas voir à sa stagiaire. Il se contenta de rester face à la porte avec son air grave et sévère. Puis finalement une dame dans la cinquantaine vint répondre à la porte...

- Oui ?!?

...Pas de doute, elle venait d'être réveillée...

- Coucou Susan! Désolée de vous déranger…

...Ton trop doux pour être réellement sincère. Il ne croyait étrangement pas à ce petit ton qu'elle employait. Comme si ça ne lui ressemblait pas... Mais comment pouvait-il savoir ce qui lui ressemblait ? Il ne la connaissait pas...

- Monsieur Devalier, mon patron, n’a pas voulu me croire quand je lui ai dit que vous dormiez à cette heure !

...Il croyait même pas que cette femme existait en fait... Alors la croire qu'elle dormait...

- Oh, c’n’est rien de grave mon lapin !

Elle avait l'air gentille, c'était ça de pris. Mais Devalier ne troqua pas son air des mauvais jours pour autant. Il se méfiait comme de la peste de cette fille avec qui il avait été jumelé pour une raison qu'il ignorait...

- Il aimerait vous interroger sur un événement d’il y a deux semaines… Au sujet du petit boisé…
- Oh ben ça ! On en a parlé pendant toute la semaine… Entrez, j’peux vous offrir un thé ? Vous êtes quoi, Monsieur, un journaliste ?

Un thé ? S'il avait été de la gent canine, il aurait dressé les oreilles et agité la queue. Devalier ne résistait jamais à ce nectar aromatique qui lui faisait orgasmer les papilles...

- Un écrivain ! Il se cherche des histoires rocambolesques comme source d’inspiration…

Reprenant le contrôle de sa conscience malgré son attirance pour un bon thé, Théodore se retourna vers la damoiselle, se renfrognant alors qu'elle avait répondu à sa place mais se décida finalement à changer de gueule afin d'amadouer la dame...

- Absolument.

Fit-il sur un ton doucereux qu'elle non plus ne lui avait jamais entendu.

- Ravi de faire votre connaissance Madame. Excusez mes manières. Il est tôt et vous êtes tenancière d'un établissement ouvert la nuit... Ma jeune compagne m'a fait comprendre que vous teniez le pub situé juste en bas et comme les pubs sont les endroits où l'on récolte le plus de rumeurs eh bien j'ai cru que m'entretenir avec vous serait la meilleure chose à faire.

Expliqua t-il tranquillement avec un rarissime sourire alors qu'ils entraient dans l'appartement, se faisant offrir des places ainsi qu'un bon thé... Le contenant, il n'en avait rien à fichtre... Et contrairement à Samuelle, il ne satura pas le liquide de sucre mais se contenta de prendre la tasse tranquillement sans rien ajouter... Il attendit donc que leur hôtesse s'installe et la regarda avec un sourire aussi charmant qu'il lui était possible de faire...

- Que s'est-il passé exactement avant et lors des évènements ?

Demanda t-il avec délicatesse, contrastant parfaitement avec la mauvaise humeur que Samuelle lui avait vu jusqu'à maintenant.

- Oh oui… J’en entends de toutes les sortes… Mais vous savez, j’aurais pu tout vous raconter ce soir… Après l’ouverture…
- Oui je sais, j'en suis désolé, mais d'autres villages ont subi des évènements semblables à celui qui s'est passé ici et je les visite en ordre pour raconter mon histoire dans le bon sens, vous voyez ?

Fit Théodore avec toute la crédibilité qu'un auteur de bouquins de science fiction ou de fantaisie pourrait avoir... Prenant sa tasse, il écouta attentivement chaque détail... Incluant le fait, fort surprenant, que Samuelle ne lui avait pas menti... Elle était bel et bien venue là. Elle la connaissait ! À moins d'utiliser un Imperium, il ne voyait pas comment il était possible de mentir à ce point... Et la dame avait tout sauf l'air d'être sous un sortilège. Devalier abandonna donc un peu ses défenses et jeta un coup d'oeil à la métisse, qu'elle lui jetait au même moment. Très bref, l'espace d'une seconde...

Une tempête, du vent... beaucoup de vent. Ça ne l'étonnait pas vu l'état de la forêt juste après l'attaque. Les journaux avaient du en parler et le Ministère était venu jeter un coup d'oeil... Des histoires de folklore, de gamins saouls, de forêt et de cris sauvages et mystérieux... Devalier sirota son thé en silence, écoutant les paroles de la dame en acquiesçant doucement...

- Alors, ça vous inspire ce que je vous raconte? Vous allez nous faire un nouveau Blair Witch Project ?
- Absolument ! Ça me donne une introduction à une histoire absolument passionnante !

S'exclama Théodore avec énergie... Le pouvoir du thé sur lui était parfaitement magique. Ça donnait presque l'impression qu'il avait réellement l'intention d'écrire un roman...

- Madame, vous venez probablement de faire faire un bond vertigineux à la littérature !

Lança t-il joyeusement comme s'il était vraiment inspiré.

- Et c'est tout ce qui s'est passé ?

Ajouta t-il.

- Ils n'ont pas été blessés ?

Demanda t-il en se rassoyant, se renfrognant légèrement...

- Le seul qui était vraiment amoché, c’est Simon… Il a probablement du foncer dans un arbre en courant…
- Je l’imagine en effet très bien embrasser un arbre en se sauvant !

Théodore tourna les yeux vers Samuelle un moment... Elle le connaissait lui aussi alors ?

- Eh bien merci Susan ! On va continuer notre petite collecte d’histoire, n’est-ce pas Théodore ? Parce qu’on a encore plein d’endroit à visiter !
- Effectivement.

Répondit Devalier en se levant tranquillement.

- Et bien ça m’a fait plaisir mon cher Monsieur! Pensez à moi lorsque vous serez devenu populaire !
- Promis !

Répondit-il en souriant puis en serrant poliment la main de Susan alors qu'elle les raccompagnait à la porte.

- Encore une fois, merci.

Fit-il avant de sortir, laissant passer devant la métisse qui descendit jusqu'en bas rapidement pour se rendre jusqu'à la seule et unique rue assez large pour contenir plus de deux personnes côte à côte du village... Puis elle stoppa près de la dernière maison.

- Alors ?
- Alors quoi ?

Répondit Devalier sèchement, le naturel revenant au galop.

- Tu l'connais le Simon ?

Demanda t-il, faisant semblant de rien... La regardant d'un oeil suspicieux... Elle lui avait pas menti... Et c'est ce qui le troublait le plus. Elle avait joué à la conne et là tout d'un coup, elle était honnête... C'était à n'y rien comprendre.

- Il a p't'êt' vu quelque chose de plus clair puisqu'il était là.

Fit-il en se plantant près d'elle, les mains sur les hanches.

- Bien sûr que non! Pourquoi je connaîtrais un pareil imbécile ?

Théodore haussa un sourcil, parfaitement confus. Quoi ? Mais... Elle venait de dire que... Devalier battit des paupières un moment avec une grimace sur les traits. Elle lui mentait en pleine face, elle inventait sa vie au fur et à mesure et le décor embarquait dans son jeu...? Qui était-elle au juste...? Samuelle était douteuse... Et elle n'était sûrement pas une simple stagiaire. Il ignorait ce qui l'emmenait exactement à croire ça, mais c'était très suspect cette façon de jouer la comédie, de lui mentir sans vergogne et de faire comme si elle n'avait rien fait de bizarre après...

- Vu quelque chose? Il a certainement vu 36 chandelles, c’est certain. Allons, il était ivre mort, il faisait nuit, et il n’admettra jamais de son plein gré avoir bêtement trébuché dans un terrier de lièvre et s’être assommé contre un tronc! Son témoignage ne vaudra rien…

...C'était pas complètement faux. Mais qu'est-ce qui lui disait qu'elle ne racontait pas n'importe quoi encore ?

- Humm.

Il la dévisagea un long, très long moment. Elle finirait par le faire chier... Vraiment. Il le sentait. C'était à la limite de plus être marrant là. Reprenant le dossier pour le remettre dans son sac, sachant très bien où ils se dirigeraient ensuite puisque sans vouloir le dire, fallait admettre que Samuelle avait raison par rapport à ce gars ivre qui raconterait n'importe quoi... Et puis, y avait Susan pour appuyer ce qui pourrait peut-être être la vérité. Il lui accorderait le bénéfice du doute...

- Quoi ? Je regardais quel était notre prochaine destination…
- Bah j'ai rien dit.

Fit Théodore.

- Oh pour Simon? Si ça vous amuse, allons le voir… Je suis impatiente de faire sa rencontre !

...Ce s'rait pas nécessaire. Ce s'rait probablement une pure perte de temps.

- Vous voulez que je vous transplanne ?

...Encore moins.

- Non. Pas nécessaire. On passe au suivant.

Et sur ces mots, il attrapa la métisse par la main, croisant ses doigts dans les siens pour une meilleure prise et ils transplannèrent dans un puissant claquement de fouet...

Ils se pointèrent donc dans une forêt dans un claquement toujours aussi sonore qui rapelerait à n'importe qui passant par là une branche qui se brise dans un arbre pour une raison quelconque. Mais qui passerait par là de toute façon vu la profondeur de la forêt ? En pleine cambrousse. Une vraie de vraie cette fois. Plus vaste. Plus haute. L'après-midi commençait et le vent soufflait toujours... Le ciel était encore gris... L'Angleterre, c'était chiant pour ça quand même.

- Prend garde à toi…

Théodore tourna les yeux vers la métisse... Se raidissant légèrement...

- En me tenant étroitement par la main de cette manière, je pourrais te frapper avec tes propres jointures !

Son bras se fit dur et elle ne réussit qu'à très légèrement lui frôler la mâchoire... Évitant ainsi de se claquer la gueule tout seul et d'être blessé dans son orgueil...

- Oups.
- Si tu tenais à tes doigts, tu ferais pas c'genre de chose.

Fit-il sèchement en relâchant la main collante et en s'essuyant sur son jeans... C'était pas bien efficace mais ça ferait le boulot jusqu'à ce qu'il se trouve de l'eau pour se débarrasser de cette horrible sensation désagréablement collante...

- Alors c’est ça, Swinley Park ? C’est étrange, ce n’est pas le bois que je connais… Tout est tellement propre en Angleterre… On dirait qu’ils les cultivent leur forêts…
- Bah c'est une île hein. Chaque recoin en a été visité, et presque tout est habité. Du coup, les touffes de forêt qui restent sont entretenues comme des jardins.

Fit Théodore en jetant un oeil à son dossier... La victime n'habitait pas bien loin. Ils pourraient la visiter. Il n'était plus si tôt que ça cette fois, et il ne s'agissait pas d'un gamin ivre mais d'un homme en santé qui s'était retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Il pourrait peut-être leur dire quelque chose à propos de ce qui était arrivé... Ils firent le tour des lieux... Mais il n'y avait pas grand chose de plus qu'à Aston... Ils décidèrent donc d'un commun accord de se rendre au village... Enfin, commun accord... Théodore avait décidé et Samuelle le suivait... Transplannant jusqu'à l'entrée du village, ils firent le reste plus discrètement. Soit à pied... Se renseignant sur l'endroit où ils pourraient trouver le dit homme, on leur indiqua le plus simplement du monde la résidence et ils allèrent y frapper...

- J'te préviens, on prends un truc plus sérieux qu'un écrivain qui cherche un sujet cette fois...

L'avertit-il dans un grognement, préparant dans sa poche la fausse plaque de policier de Scotland Yard qu'il gardait toujours... Au cas ou. Ça finissait toujours par être utile... Dans ce cas-ci par exemple.

...Faire de l'air ? À part lâcher une caisse de temps en temps, Théodore ne savait pas faire de l'air. Se renfrognant sévèrement, il sortit finalement de sa poche sa fausse plaque... Si bien faite d'ailleurs que même un oeil averti n'aurait pas su voir la différence. La métisse à ses côtés pouffa et il lui jeta un regard noir... très très noir avant de relever une main pour frapper.

- Très bien, vieux renard…

Retournant les yeux vers elle, il arqua un sourcil...

- Allez-y, épatez-moi !

...Cette fois elle ne s'en mêlerait pas. C'était tant mieux d'ailleurs. Il frappa donc à nouveau... Plus fort.

- Scottland Yard Monsieur, nous faisons enquête. Ouvrez.

Fit-il sèchement, d'une voix forte, tenant sa plaque dans une main... Réitérant le geste jusqu'à ce qu'on lui réponde... Ou jusqu'à perdre patience... Ce qui pourrait être moins joli...

- Scotland yard ?

C'est ça. Scotland yard. On ouvre sagement maintenant... Très bien... Théodore offrit un semblant de sourire rassurant... Enfin, aussi rassurant qu'il arrivait à réaliser avec sa gueule des mauvais jours... Sa gueule de tous les jours quoi. Un jeune homme ouvrit... Probablement l'un de ses fils. Selon le dossier, il en avait deux avec la même tête... Samuelle avait prit cette expression de simple petite stagiaire, bien parée à ne rien faire que de ne pas boire le thé qu'on lui offrirait certainement. Devalier sut donc qu'il prendrait les rennes cette fois.

- Vous nous avez dit qu’il n’y avait pas matière à enquête lorsque j’ai appelé il y a 3 jours pour savoir ce que vous comptiez faire ?
- Les autorités supérieures ont changé d'avis en se rendant compte du nombre d'évènements du même genre dans la région. Et disons que j'ai poussé au cul pour que ça se règle... Pour des raisons personnelles.

Fit-il en sous entendant quelque chose d'inexistant et d'assez réussi pour que le jeune homme leur ouvre et les laisse entrer, visiblement moins méfiant maintenant.

- On a eu plein de gêneur depuis l’accident… Et papa ne se sent pas bien...
- Je m'doute oui.

...Évidemment. Rares sont les moldus qui se sentaient bien après avoir été attaqués par une créature qui, tout en étant parfaitement de leur monde... Ne l'était pas tout à fait. Enfin bon, dans le cas de celle-ci, il ignorait sa nature, du coup il ignorait également si elle était réellement de leur monde... Y avait toujours la place pour un doute. Pour une théorie, aussi farfelue soit-elle lorsque le diagnostic d'un évènement n'a pas encore été officiellement apposé et prouvé.

- Je vous offre un thé ? Parlez bas, papa fait la sieste…

Devalier se contenta d'hocher la tête. C'est ce qui était bien avec les enquêtes... Ça lui permettait d'être invité partout à prendre un p'tit thé... Et comme il adorait ça et aurait probablement été jusqu'à se couper un membre pour quelques feuilles en cas de besoin extrême, c'était un pur bonheur que de s'en voir donner un à chaque maison... Et de se marrer du fait que visiblement, Samuelle n'appréciait par beaucoup elle... Le temps de passer la pièce ou dormait quelqu'un, le père du jeune homme, Théodore eut l'occasion de voir un peu l'état de Monsieur Stenton... Il était couvert de bleus sur la tête et son teint n'avait rien à voir avec quelqu'un en pleine santé... Il l'observa du coin de l'oeil et entra dans la cuisine... La vache, ça avait frappé fort ce truc en tout cas. Ce devait être terrible pour la famille de ne pas y trouver d'explication... Il se vit donc offrir une tasse, remerciant le jeune homme d'un signe de tête tandis que ce dernier leur expliqua un peu ce qui s'était passé... Le peu qu'il en savait.

Comme beaucoup de gens qui se retrouvent en conflit avec des animaux ou autres créatures magiques, il s'agit d'habitués des lieux qui soudainement, se perdent, se font attaquer, se font mordre ou griffer... La tempête... Tous les endroits avaient été ravagés par des vents violents... C'était une caractéristique commune de tous les lieux jusqu'à maintenant. Gardant cette expression du gendarme compréhensif et empathique mais qui au fond aimerait bien comprendre quel genre de folie touche cette famille, Devalier hochait doucement la tête... Des histoires de famille quoi. Du blabla... Qui fut interrompu par les envies de sucre de Samuelle. Du sucre dans du thé. Quelle idée...

- Les vieux du village parle d’un Co-Walker… Comme si ça existait vraiment ces choses là...

Théodore retint un commentaire concernant de venir lui en reparler quand il aurait vu quel genre de créatures se terraient parfois la nuit dans les bois de la Grande Bretagne... C'était encore étonnant que Monsieur Stenton n'ait pas encore été attaqué alors qu'il s'y promenait depuis si longtemps... Y devait pas y avoir que ce truc dans ces bois... Enfin bon. C'était spécial cette fois. Plus ils avançaient dans leurs recherches, plus il y avait de gravité dans les évènements... Un Co-Walker oui, pourquoi pas... Peut-être suivait-il cet homme depuis longtemps et avait-il finalement tenté d'atteindre le but d'à peu près tous les Co-Walkers, prendre sa place ? Mais ce vent... Ces machins là n'emmenaient pas de tempêtes avec eux...

- Et pourtant, dans ces bois qui lui sont tellement familiers, il ressentait un malaise. Comme une odeur… une odeur qu’il reconnaissait… peut-être le parfum de ma mère... Mais avec une épouvantable odeur de charogne… Et il a cru entendre ma mère l’appeler…

...Sa mère ? Théodore se renfrogna légèrement... Non. Rien à voir avec un Co-walker... Enfin, peut-être pas un co-walker standard. Une pause...

- C'est ça qui l'a rendu fou.

Devalier hocha la tête, mimant bien la compréhension et la compassion d'une personne qui en réalité, n'a rien pigé mais cherche surtout à être gentil...

- Et êtes vous retourné sur les lieux par la suite ? Enfin, que vous quoi, sans votre père. Vous avez vu des traces de quelque chose ? Autre que la tempête...

Demanda Théodore en sortant un calepin pour y noter... À la plume... Parce qu'il aimait les plumes... Et qu'il n'avait que ça sous la main... Ça faisait plus sérieux de noter les informations...

- Parce qu'il existe toujours une possibilité que votre père ait fait une petite psychose aussi...

Supposa le sorcier avec autant de délicatesse que possible... Une délicatesse toute actée pour sucer des informations et que le jeune homme insiste sur la nature étrange des évènements... Peut-être révèlerait-il ainsi des détails qu'il aurait lui-même vu, prouvant ainsi que son père n'avait pas tout imaginé...

À sa dernière supposition, le jeune homme ne sembla pas le prendre avec un grain de sel... Il l'attrapa par le collet, surprenant Devalier, le faisant légèrement sursauter et hausser les sourcils alors que Samuelle subissait le même sort. Il obtempéra sans aucune résistance et se dirigea vers la porte, grandement aidé d'une poussée pour sortir. Ben dis donc... Théodore n'avait pas été spécialement maladroit... Il avait simplement usé d'une technique qu'il employait souvent... Seulement... Seulement cette fois elle n'avait pas fonctionné. Le gars avait l'air plutôt orgueilleux dans son genre.

- Alors… Je suppose que vous aviez terminé et que c’était votre façon à vous de prendre congé, c’est bien ça ?
- Absolument.

Répondit tout aussi orgueilleusement Devalier en réarrangeant son manteau sur ses épaules d'un geste qui trahissait un certain malaise.

- On sait que ça a pas grand chose à voir avec un Co-walker, c'est déjà ça.

Fit-il en sortant une flasque d'une poche intérieure et en avalant une rasade.

- Tu sais c'que c'est qu'un Co-Walker ?

Demanda t-il, histoire qu'elle ne ramène pas sur le tapis la situation précédente... Il s'éloigna de la maison sans se retourner. Pas question de tenter d'en savoir plus, il semblait déjà lui avoir dit pas mal tout ce qu'il savait. C'était pas nécessaire d'insister. L'après-midi en était à son milieu, près de 14h... Bientôt le soir allait arriver et ils pourraient aller se poster dans un bois près d'un village... peut-être seraient-ils chanceux. En attendant il existait d'autres victimes. Sortant de son sac le dossier, Théodore s'avança vers la rue distraitement, attendant une réponse de sa stagiaire...

- Pas du tout !

Et pour une raison qu'il ignorait, il ne la croyait pas...

- On s'demande bien c'que tu fous là si tu connais pas tes bases...

Fit Théodore en haussant un sourcil...

- Pourquoi ce ne peux pas être un co-walker ?
- Parce que les co-walkers agissent pas comme ça... Ils imitent, ils suivent leur victime et répètent exactement les mêmes mouvements, comme une ombre... Rien à voir avec ce truc qui a attiré Monsieur Stenton dans un piège...

Expliqua Devalier en fouillant le dossier, sans s'arrêter de marcher, se dirigeant vers un coin plus calme, plus désert. De là, ils pourraient transplaner vers leur prochaine destination.

- Enfin, j'dis ça, j'dis rien. C'est une hypothèse... Mais c'est à ça que ça ressemble. Comme si on avait cherché à l'attirer vers la noirceur pour le rouer de coups... Mais pourquoi faire ? Et pis quel genre de créature, si c'en est vraiment une, irait attirer quelqu'un dans un piège et serait suivi de tempêtes ? Juste pour faire du mal...?

Fit-il avant de tourner les yeux vers sa compagne...

- Ça va aller ?

Lui demanda t-il en la regardant... Elle avait quelque chose d'inquiet. D'un peu préoccupé dans son ton de voix...