ENRIQUE, I. OLEIVERA.
Enrique se réveilla violemment à la suite d'un cauchemar. Se plaquant les mains sur son visage trempé de sueur, il les laisse tomber sur son drap pourpre, regardant Asphodèle qui dormait à poing fermé. Il se pencha doucement, lui embrassant l'épaule nue, avant de se lever doucement pour sortir de cet espèce de chalet perdu dans les montagnes aztèques. Attrapant un bermuda aux couleurs sablés, il saisit une espèce de tissus dans lequel il s'enroula avant d'ouvrir la porte pour sortir au dehors. La nuit était fraîche, la lune n'était qu'à son quart, et les bruits nocturnes l'accompagnaient comme à leur accoutumé. Il expira profondément, avant de se mettre à respirer doucement. Un léger frisson lui parcourut l'échine. Tenant le tissus qui lui couvrait le torse nue d'une main, il saisit son collier de clés avec son autre main avant de se lancer dans le petit bois qui entourait le chalet. Les pieds nus, il avançait relativement vite vers un endroit dont il connaissait visiblement le chemin par coeur. A l'ombre des arbres, la lumière lunaire peinait difficilement à en éclairer le sentier. Mais cela ne semblait pas déranger Enrique qui n'hésitait pas. Gravissant une colline, il finit par sortir du bosquet pour voir un chemin montant vers une grotte familière.
« Tonton... Tonton, je comprends rien... Qu'est ce qui se passe ? » La voix semblait lointaine. Très lointaine. Enrique s'arrêta quelques instants, tendant l'oreille.
« Les dessins que vous m'avez fait sur le bras... Il ne cesse de s'illuminer... » « Saul ? » « Tonton, j'ai besoin de comprendre... » La voix semblait s'éloigner un peu plus. Dans la grotte, une faible lueur apparut avant de disparaître à nouveau. Enrique se mit à courir tant bien que mal jusqu'à frôler le seuil de la grotte où il s'arrêta.
« Saul... Tu fais quoi ? » « Viens, Tonton... Viens... » La lueur se fit apercevoir à nouveau, puis elle disparut encore une fois. Enrique soupira, lâchant son collier de clés qui se mit à luire d'une douce lumière orangée... Crépusculaire. Elle se mit à léviter tout autours de lui, puis, une à une, les clés semblèrent se détacher du collier de cuir qui les reliait. L'hispanique tendit la main vers le collier qui lui tomba dans les mains tandis que les clés se mettaient à tournoyer rapidement autours de lui avant de se lancer à la poursuite de la lueur de Saul. Dur, dur de maintenir une discussion avec un chaman en devenir. Enrique se remit en marche, tripotant le cuir qu'il tenait dans la main comme pour ordonner à ses clés. Ces dernières lui éclairaient le chemin lui permettant de se déplacer comme en plein jour.
« Là... Là... » Enrique déboucha sur une salle vieille comme le monde. Des dessins décoraient les murs, ainsi que quatre tombeaux. Des inscriptions étaient à peine visible.
Alba, Ilhuitl , Anochecer et
Yahualli . Aussitôt ses clés se mirent à luire d'une douce lumière blanche et bleu clair, avant de se rejoindre au centre de la pièce. Elles se mirent aussitôt à tournoyer. D'abords doucement, puis de plus en plus rapidement. Enrique leva sa main tenant le collier de cuir, leur imposant le calme. Ces derniers s'immobilisèrent, alors qu'Enrique venait de comprendre. Tout doucement, il se mit à incanter. Enfin, si l'on comprenait l'Aztèque, on pouvait savoir qu'il incantait, car en ne le comprenant pas, on avait plutôt cette agréable impression qu'il chantait. Doucement, les clés se rapprochèrent jusqu'à former une sphère luminescente. Enrique s'approcha doucement, tendant sa main au dessus de la sphère, comme si il utilisait une pierre de vision.
« Tu es entrain de dormir Saul ? » « Oui... Enfin, je crois. Mais j'ai les membres lourds... Mon bras me fait mal. Je ne comprends pas. » « Cesse d'y penser. C'est normal... Tu es l'un des nôtres visiblement. Les esprits sont entrain de t'investir du pouvoir que nous avons tous. » « Que représentent les dessins, Tonton ? » Enrique eut un léger sourire.
« Cela fait bien quelques années que je voulais te le dire. Mais on m'a imposé le silence. » Il haussa les épaules comme si il trouvait ça totalement stupide.
« Ton père voulait te voir finir tes études. J'ai toujours pensé que cela était futile... Mais on ne remet jamais en doute la parole d'un père. » Saul semblait se calmer. Le lien qui les unissait devint plus facile à tenir malgré la distance, et Enrique put retirer son tissu qui lui couvrait le torse. Aussitôt une faible lueur sablé, voir doré se mit à luire sur son torse bronzé.
« Tu les as aussi ? » « Oui... Comme chacun de nous quatre. Nous sommes ravi de te rencontre enfin Yahualli . » Saul ne put retenir un sourire.
« Alors tu viens de me reconnaître ? » « Ton tombeau... » Enrique esquissa un léger sourire.
« Oui, Alba. C'est bien moi. J'ai mis un peu plus de temps à renaître. Vous m'en voyez désolé. » Enrique inclina de la tête tandis que Saul reprenait :
« Où sont nos frères ? » « Ils sont ailleurs. Visiblement, ils ne devaient pas assister à ton retour. » Un silence s'installa.
« Comment comptes-tu t'y prendre pour initier Saul, Enrique ? » « De la même façon qu'Alba m'y a initié avec l'aide de notre grand-mère à tous. » « Alors Marguerita est encore en vie ? » « Oui... Elle se plaît à défier la nature. Disons qu'elle sait être utile. » « Elle a toujours été la chouchoute, hein ? » Enrique et Saul éclatèrent de rire ensemble.
(à noter qu'ils s'expriment en nahualt.)