AEmesya … Andreas ne la connaissait pas vraiment. Enfin si, c’était une noble sorcière allemande d’une lignée des plus pure, il la connaissait forcément diplomatiquement parlant .. Ils s’étaient déjà rencontrés plus d’une fois. Mais il ne la connaissait pas réellement en temps que personne … jusqu’à il y a quelques semaines quand il l’avait retrouvé sur le sol anglais. Une figure familière dans ce pays aux mœurs détestables n’était pas de trop. De fil en aiguille, et malgré le fait qu’elle ait toujours fermement refusé d’essayer sa bague, ils étaient devenus … intimes. Trop quand l’un des deux est fiancé et l’autre maudit, c’est certain … mais qui en avait quelque chose à faire des convenances. Aux vues de leurs positions sociales, c’est eux qui dictaient les règles, ce qui était tout de même bien pratique. De plus, le jeune prince danois avait besoin de la jeune fille, comme une pause dans les évènements récents qui lui tombaient tous dessus les uns après les autres, le plus récent étant l’arrivée d’Harper dans sa vie … relation qui restait encore grandement à éclaircir … encore un tour de cette foutue bague qui finirait par l’avoir à l’usure. Mais après tout, peut-être que c’était justement le but de la fée quand elle l’avait maudit, va savoir, elle avait vraiment un grain celle-là.

Enfin bref, le jeune Nielsen voulait profiter de la jeune femme temps qu’il ne devait pas encore se rendre à Poudlard pour le Tournoi des Trois Sorcier puisque à partir de ce moment-là, il ne pourrait plus en sortir ou presque, que ce soit pour elle ou pour Harper. Il lui avait donc fait envoyer Un Edelweiss, fleur bien de chez eux, symbole ironique, bien entendu, avec un mot lui demandant de la rejoindre dans la forêt du campus de l’université. Bon ok, il n’avait pas officiellement l’autorisation d’y aller, mais bon il était Prince après tout, qu’Est-ce qu’on pourrait bien lui dire. De toute façon, il ne tenait pas particulièrement à un rendez-vous dans un lieu publique avec la jeune femme, de une parce que ce n’était pas tellement bon patriotiquement parlant pour son image, oui le prince maudit qui traine avec une jeune femme fiancée plutôt que de chercher à se débarrasser de sa malédiction, ça ne fait pas vraiment très bien, de deux, il ne tenait justement pas particulièrement à tomber sur le fiancé de Aemeysa. Non pas qu’il ait peur de lui ou même qu’il ait besoin de son approbation, mais ça aurait légèrement fait retombé l’ambiance. Un peu d’intimité n’était pas de trop.

Andreas avait donc transplané jusqu’au bordures de l’enceinte du campus avant de se rendre à pied vers la forêt. Il espérait tout de même arriver avant elle histoire d’installer un peu avant, ce qui, par chance, était le cas. Le jeune homme sortit sa baguette et de quelques gestes habiles accompagnés des formules adéquates, il fit apparaître une couverture sur le sol légèrement humide, des bougies flottant dans les airs et une bouteille de vin français ainsi que des verres en cristal. Le jeune aristocrate n’était pas ce qu’on pouvait appeler un romantique. Ce n’est d’ailleurs pas en ces termes qu’il pensait à la jeune femme. Mais quand il faisait les choses, ce n’était jamais à moitié. Faire bonne impression. En imposer dès le premier regard. Voilà ce qui le caractérisait principalement. Andreas contempla quelques instants son travail puis, satisfait de lui-même, comme toujours, il s’assit sur le sol et passant une main sur sa tête pour réarranger ses cheveux.

Ealdwic. Université magique. Première année. J'avais quitté le confort de Poudlard pour passer au niveau supérieur. J'étais passée d'élève au collège à étudiante. J'étais passée de seine d'esprit à débutante en folie.. de célibataire à fiancée. Je m'étais habituée à tout ça, et j'avais fait de nouvelles rencontres, dont celle d'un certain Andreas Nielsen, Prince danois, maudit. Tombeur de ses dames ? Plutôt essayeur de bague. Elle était belle sa bague, d'ailleurs, mais je n'avais jamais accepté de l'essayer, considérant cela comme une trahison envers Théodore. Comment ça, mon raisonnement était illogique ? Non.. Si ? Bon ok, pas très sympa de s'amuser avec un autre non plus. Je songerai aux faits plus tard, pour l'instant je devais rejoindre ledit Prince dans la forêt située à la bordure du campus, comme je ne transplanais pas, cela me serait certainement plus long.

Vêtue d'un jean et d'un haut bleu pastel, je n'avais pas très chaud, ainsi m'activais-je pour passer les endroits sujets aux courants d'air pour arriver au plus vite à destination. Rapidement, la forêt s'est dessinée devant mes yeux, sa vue m'arrachant un délicat sourire d'admiration.. ce lieu était particulièrement beau à regarder, respecté et entretenu. Avançant dans le coin indiqué par l'invitation, je me suis demandée ce qui valait tant de précautions.. Théodore aurait-il découvert mes petites escapades ? Serait-il allé trouver Andreas ? Ou ce dernier avait des projets qui nécessitaient de l'intimité ? Je ne me suis pas attardée sur ces questions, m'approchant doucement de la silhouette masculine. J'ai constaté qu'il avait agencé le décor d'une façon étrangement romantique, avec la couverture sur le sol, les bougies flottantes.. j'ai haussé un sourcil. Etait-ce un rendez-vous de discussions ? Je n'avais décidément pas l'habitude des tête-à-tête de la sorte.

Replaçant une mèche de mes longs cheveux blonds derrière mon oreille, j'ai signalé ma présence par la première chose qui m'est passée par la tête. « Hm.. charmant. » Silence. Je n'ai pas précisé si je parlais de lui ou de ce qu'il avait pris le temps d'installer. A lui de le déduire, ou de ne pas y prêter attention. Je crois qu'un peu narcissique comme il l'était, il aurait tendance à sélectionner la première option. J'ai croisé les bras, esquissant un sourire en coin à son attention : « Serait-ce un rendez-vous maudit ? » Comment ça, j'avais oublié de lui préciser qu'il n'était pas le seul dans ce cas ? Je n'avais pas jugé utile de préciser ce détail à une aventure que je ne comptais pas régulière.. pourtant nous étions devenus plus intimes que je l'avais prévu, au point de nous retrouver ici.

Il était assis, je lui faisais face, debout, attendant une réaction. En vrai gentleman qu'il était, il n'allait sans doute pas tarder à répondre quelque chose, et peut-être aurais-je enfin une explication au sujet de tout ceci.. je n'aimais pas me retrouver en terres inconnues, et surtout, n'ayant jamais confronté le jeune homme à mes excès de folie, je craignais une proximité qui mènerait à papotage et non à simple bon temps sans réflexion. « Décor royal. » ai-je commenté, finalement, en lui faisant un clin d'oeil.

Enfin, Andreas vit arriver la jeune femme. Elle était vraiment jolie, il ne pouvait que le reconnaître. Elle s’avança vers lui mais eu cependant un instant d’hésitation qu’il perçut très bien mais dont il profita pour se relever et l’accueillir. Il se doutait qu’il en avait fait un peu trop, mais c’était comme ça qu’il était. Le jeune Nielsen se doutait bien que du point de vue de Aemesya, cela devait lui paraître comme un rendez-vous spécial blabla cucul la praline ce qui était loin d’être le cas. Il avait pensé qu’elle le connaissait suffisamment pour écarter cette idée. Quoi qu’il en soit, elle ne fit aucun autre commentaire que :

« Hm.. charmant. »

Parlait elle de lui ? Du cadre ? Était-ce ironique? Andreas se posa bien entendu toute ces questions, mais dans sa grande humilité, il en conclut que c’était pour lui en non ironique. Autant prendre les complimentes tant qu’ils passaient, non ?

« Serait-ce un rendez-vous maudit ? »

Andreas feint un sourire même s’il ne trouvait pas ça tellement drôle. Sa malédiction n’était pas un sujet sur lequel il aimait plaisanter. Cela lui bouffait littéralement l’existence. Cela faisait deux mois qu’il parcourait ce pays de fond en comble avec sa bague et l’espoir de se débarrasser de son fardeau avant le Tournoi des Trois Sorciers pour pouvoir y participer. Il en avait marre, avait la tête pleins de doigts. Non, cela ne le faisait pas tellement rire. Bien sur, le jeune prince ne pouvait pas soupçonner que la jeune allemande ne parlait pas que de lui. Preuve supplémentaire de son égoïsme. Mais c’était ainsi qu’il était fait après tout. Il lui répondit donc simplement :

« Comme toujours … »Il y eut un grand blanc sonore avant qu’elle continue.
« Décor royal. »Il s’approcha d’elle et répéta dans un sourire :
« Comme toujours … »

Il attrapa ensuite sa main gauche avant d’y déposer délicatement ses lèvres. Il regarda ensuite la peau blanche sur laquelle resplendissait une alliance de taille conséquente. Une marque de l’autre comme si elle lui appartenait. Si seulement il savait … en fait, il savait très certainement et ça expliquait son comportement envers lui. La vue du bijou suffit à la révulser. Andreas retira son alliance du doigt de la jeune femme avant de retirer son anneau d’or qui à côté faisait figure de babiole. Il les jeta dans l’herbe avant de murmurer à son oreille :

«  On aura pas besoin de ça ce soir … »

«  On aura pas besoin de ça ce soir … » a-t-il dit, en me retirant l'anneau que je portais, symbole de mon union future avec le fils, l'héritier Bobritschew. J'ai froncé les sourcils, me sentant légèrement coupable de faire cela dans son dos, d'approcher les bras d'un Prince maudit alors qu'il tentait, ce fiancé, de calmer cette malédiction qui planait sur ma lignée. Etait-ce de l'ingratitude ? Pincement de lèvres, nos deux bagues ont rencontré l'herbe, s'unissant dans cette séparation d'avec leur propriétaire. « J'aurais aimé que deux malédictions qui se croisent puisse s'annuler, Andreas.. » petit sourire. Oui, j'aurais aimé qu'il soit capable d'annuler la folie qui me gagnait, cela m'aurait donné une excuse pour justifier cette étrange aventure. Depuis quand avais-je des états d'âme en ces conditions ? Je me suis approchée du beau brun, supprimant la mince distance qu'il restait entre nous. « Hélas ce n'est pas le cas, nous devrions en profiter d'autant plus, ne croyez-vous pas ? »

Cela avait un arrière goût de fin, de rendez-vous ultime, comme si je craignais que par la suite, toute aille trop vite pour pouvoir profiter de cette si royale présence. Mon regard a croisé le sien tandis qu'une de mes mains s'approchait de son visage.. là, de l'index, j'ai dessiné le contour de ses lèvres, si proche que mon souffle venait se mêler à cette caresse. « Que me vaut l'honneur de tant de soins, Prince Nielsen ? » Petit sourire en coin, regard malicieux. J'ai rompu le contact entre sa peau et la mienne, l'observant avec attention. Il était plutôt pas mal, beau même, avec son corps joliment travaillé, avec son charisme, sa prestance.. cette aura qu'il dégageait. Je l'ai contourné, gracieusement, avant d'aller me poser contre un arbre pour admirer le décor qu'il avait installé, absolument pas modeste, dans toute la grandeur du garçon que je gardais à l'oeil, jouant la distraite, la pensive. J'attendais simplement qu'il se décide à faire quelque chose de significatif qui marquerait la direction de cette soirée.. la femme se laisse entraîner, et dans toute son élégance et sa bonté, l'homme dirige, c'est bien connu. Pourquoi devrais-je me compromettre dans certaines choses alors que je pouvais le laisser les demander ? Moi, l'âme d'une reine trop gâtée ? Pas du tout.

« J'aurais aimé que deux malédictions qui se croisent puisse s'annuler, Andreas..Hélas ce n'est pas le cas, nous devrions en profiter d'autant plus, ne croyez-vous pas ? »

Andeas ne comprit pas vraiment ce que la jeune femme voulait dire par là. Vivait-elle sérieusement ses fiançailles comme une malédiction? Il ne disait pas que s’il avait été à sa place il ne l’aurait pas ressenti ainsi .. Enfin si, parce que s’il avait été fiancé aujourd’hui, ça aurait été à une jeune femme qu’il aurait lui-même choisie, une jeune femme qui avait épousé son meilleur ami, songea-t-il avec une certaine amertume. Il regarda néanmoins la jeune femme approcher, il tenta de rester stoïque quand elle passa ses doigts fins sur ses lèvres. C’était bien un dernier rendez-vous qu’il voulait, mais se dire qu’un baiser pourrait bien être le dernier l’agaçait prodigieusement. Le jeune homme n’avait pas pour habitude d’être fidèle, mais il savait qu’avec Harper, il fallait qu’il fasse les choses bien et se rapprocher d’elle alors qu’il batifolait avec Aemesya n’était pas vraiment quelque chose qui pouvait plaire à la jeune femme. Et il devait pourtant gagner son cœur s’il voulait espérer être débarrassé de sa malédiction. C’est pourquoi quand la jeune femme lui posa des questions sur cette soirée, il répondit, presque nostalgiquement :

« Que me vaut l'honneur de tant de soins, Prince Nielsen ? »
« Je veux une dernière soirée parfaite … »

Andreas s’approcha d’elle, la regardant droit dans les yeux. Non, il n’allait pas mentionner le fait qu’il avait enfin trouvé la jeune femme à qui irait la bague. Ce n’était pas la peine de gâcher ce moment en bavardages. Néanmoins, il savait que tôt ou tard, la jeune femme lui demanderait des explications et il préférait que ce soit tard. C’est pourquoi il posa ses lèvres sur les siennes, empêchant ainsi toute autre question.