Février
semaine o1

L'idée est venue un soir où on regardait une de ses émissions stupides à la télé - esprits criminels il me semble. Je dis ridicule mais c'est un moment que j'apprécie presque autant que le bain. Ezechkiel choisit un programme, ce n'est pas vraiment ce qui importe, il nous ai arrivé de regarder les rediffusions de microcosmos en boucle simplement parce que c'était ce qu'il y avait quand on a allumé la télé. Généralement il aime bien prendre un café en sortant de table. Une fois sur cinq je ne le lui fait pas, le café ça l'énerve. Il devient imbuvable. Ca se passe toujours de la même manière, je lui apporte son café, il soulève la couverture et je me blottis contre lui pour boire mon thé. Et on ne dit rien. Où alors, on commente ce qu'on regarde. Merlin sait que les gens sont cons quand ils sont filmé. Encore plus qu'en live. En général c'est moi qui ai les réactions les plus épidermiques. Je n'aime pas spécialement le genre humain. Je veux dire. Les gens sont... tellement sournois. Ils sont égoïstes, et je le suis aussi. Après tout je ne les aime pas ces gens. Et leurs comportements m'écœurent.

Je me rappelle parfaitement de cet épisode. Une mère maltraitante forcément. Je ne pouvais pas m'empêche de commenter. C'était exactement pour ce genre de chose que je ne voulais pas être mère. Lui ne voyait pas les choses comme ça. Je ne pensais pas qu'il puisse... me sortir ça un jour. On a chacun des exemples de famille tellement minables que ça me paraissait une évidence. Aucun de nous deux, chacun de son côté ou ensemble. Surtout pas moi en tout cas. Et sur le moment j'ai cru que je faisais une crise d'angoisse sur notre canapé. Qu'il veuille un enfant, sur le moment ça me précipitait vers mes pires cauchemars. Devenir mère. Devenir ma mère. Jusque là je ne voyais pas vraiment le différence. Il a fallu en discuter longtemps. De nous deux je suis peut-être la plus braquée sur certains points, quoiqu'il l'est sur d'autres. Je suppose que ça compense.
J'ai fini par convenir que je n'étais pas obligée de reproduire les erreurs de ma mère. Je ne suis pas elle après tout. Je crois l'avoir suffisamment prouvé quoique cela ne vous regarde pas. Si j'écris ce n'est pas pour vous. Vous n'êtes pas différent des autres. Et je n'aime pas les autres. Si je le fais c'est uniquement pour être sûre que ça se passe bien pour notre bébé. J'ai pas envie que ça se passe mal. J'ai lu quelque part, ou était-ce encore à la télé, que pour les femmes de mon gabarit il y avait plus de risques, et mon bassin est plutôt étroit.
Je ne sais pas encore si je suis vraiment enceinte, ça ne fait que deux semaines qu'on essaye. Et je sais que le stress réduit les chances. Enfin je m'en doute un peu, je suis en retard. J'attendrai d'être sûre pour le lui dire. Inutile de se réjouir pour rien.

semaine o2
Le teste est positif. Enfin je n'ai pas vraiment confiance en tout ces trucs qu'on trouve au super marché. J'ai été élevée autrement. Je ne vois pas vraiment de différence. Ezechkiel surveille du coin de l'oeil mais il fait mine de rien. J'ai juste envie de dormir tout le temps. Je me suis endormie devant esprits criminels c'est dire. Je me suis réveillée dans notre lit, le lendemain. Ca a quelque chose de flippant de se dire qu'on peut dormir autant. Mais ça va. Je suis moins sous tension que d'habitude. D'ailleurs je n'aime pas beaucoup. Est-ce que ça veut dire que je change de personnalité à cause de la grossesse? Je ferais mieux de ne pas me poser ce genre de questions... Ezechkiel trouve que j'ai une bonne mine. On dirait que ma peau est... moins grise. C'est possible ça?

semaine o3
Je n'ai pas l'intention de voir un médecin pour le moment. On en a parlé, on est d'accord. On y arrivera bien seuls. On se débrouille toujours. Alors pourquoi continuer à remplir ce stupide carnet? Je ne sais pas. Comme pour faire quelque chose en règle.
Ezechkiel n'arrête pas de me dire qu'il faut que je mange. Il s'inquiète et moi aussi. Est-ce que c'est normal? Est-ce que je ne devrais pas manger beaucoup plus maintenant que je suis enceinte? Pourtant la nourriture m'écœure presque autant que les gens. Les choses que j'aime manger d'habitude me donne la nausée, ça réduit considérablement la teneur de mes repas. En fait pour être honnête j'ai plus l'impression d'être malade qu'autre chose et pourtant en dehors des repas et du fait que je passe mon temps à dormir, je me sens bien. Particulièrement bien je dois dire. C'est pas normal. Ca n'a rien de normal. Je n'aime pas vraiment. Ezechkiel lui si. En dehors de ma perte d'appétit il trouve que la grossesse me va bien. Ca ne ce voit même pas mais bon, quand il rajoute que je ne suis pas devenue aussi chiante que la télé le promettait j'avoue que ça se comprend mieux. Sans oublié qu'il aurait vraiment eu du mal si j'avais eu des nausées matinales. Pour le moment pas encore. Si ça pouvait rester comme ça ça m'irait parfaitement bien. Et ça, c'est typiquement pas normal. Bref, autre chose. J'ai l'impression de passer mon temps à me plaindre. Du moins dans ce stupide carnet alors qu'en fait, il suffit que je le ferme et mes journées s'alignent les unes derrière les autres sans que j'ai rien à redire.

semaine o4
Je croyais que je ne ferais plus jamais de cauchemars de ma vie. Du moins pas quand je ne dors pas seule. Ca fait une semaine que je fais des cauchemars. Je n'ai pas envie de parler de mes cauchemars. Je n'ai rien dit à Ezechkiel. A part pour les bouffées de chaleur. Je ne veux pas qu'il s'inquiète ou qu'il doute. Je veux toujours être mère. Je veux toujours que ça se passe bien mais ces cauchemars. Du coup je ne dors pratiquement plus. Ca a ses bons côtés. Je passe plus de temps avec Ezechkiel. On discute, il m'oblige accessoirement à manger et je ne renâcle pas trop.
Je sais qu'il a raison même si je déteste me forcer à manger. Il faut que ça se passe bien. Je sais que ces cauchemars ne sont que des cauchemars. Ce n'était pas vraiment moi là dedans. C'est simplement le reflet de l'angoisse qui montre encore ça sale face.

Mars
semaine o5

Ca me fait mal. Il parait que c'est normal ce n'est pas pour autant que ça me rassure. Et pour ne rien enlever je change d'humeur comme de chemise. Pas vraiment avec Ezechkiel mais la télé me fait de drôles d'effets. J'ai pleuré devant une émission sur les insectes. Je me suis énervée après la fille qui présente la météo. Ca fait rire Ezechkiel mais c'est vraiment ridicule. La seule fois de ma vie où j'ai vraiment pleuré c'était à Noël dernier, et j'aimerai que ce détail ne change pas. Le mieux de tout c'est qu'il aime ça lui. Me voir bêtement sourire pour rien. Il me dit de le refaire alors forcément ça m'énerve et je souris malgré moi. Je râle encore mais en fait j'aime bien cette période.
On s'amuse plus qu'autre chose finalement et je ne fais plus de cauchemars. Par contre je ne dors toujours pas. Quelques heures par nuit tout au plus.

semaine o6

Je vais rester couchée cette semaine, je me sens trop bizarre. J'ai des vertiges. J'ai trop chaud quoique je fasse. Ca me rend grincheuse, d'autant que je ne dors toujours pas et Ezechkiel n'aime pas ça. Il ne supportera pas plus grincheux que lui, c'est pour ça aussi que je reste au lit. Et puis je n'ai pas vraiment confiance en ma capacité à me rattraper dans les escaliers si je défaille comme ce matin. C'est plus prudent. Et c'est qu'ils disent qu'il faut faire dans ce magazine stupide que j'ai acheté sur la grossesse. Je n'aurais pas du d'ailleurs parce que voir des dessins de ce qui se passe à l'intérieur de mon corps ça me refroidit plus que ça ne me rassure. Et ça me fait me poser trop de questions. J'ai toujours bonne mine cela dit, alors c'est sans doute que ça va. Curieusement quand je râle à la maison, je ne râle pas dans ce maudit carnet. Je devrais peut-être essayer de tester si c'est une loi qui se vérifie dans 100% des cas.

semaine o7

Ca y est je me remets à dormir. J'ai l'impression de passer mon temps à ça. Dormir, boire, dormir. Je n'ai jamais autant rien fait de toute ma vie et j'avoue que c'est lassant. Mais impossible de faire semblant d'avoir les yeux ouverts. Mon ventre me tiraille toujours, je me demande si c'est vraiment normal vu qu'on en ait qu'au début. Je pensais que je n'aurais pas ce genre de symptômes avant que ça ne commence à se voir. Pour le moment tout ce qui se voit c'est que mon soutien-gorge commence à être petit mais c'est encore supportable et j'ai vraiment pas envie de sortir aujourd'hui. De toute façon demain il faut qu'on aille faire les courses. Je ne vais pas passer neuf mois enfermée non? Ce n'est même pas que l'idée me déplaise mais je me dis que pour le bébé ce serait mieux de sortir. Quoique... j'en sais rien. De toute façon il faut que je sorte avant que ça ne se voit et que toutes les bigotes du super marché ne me fâche un cinéma pour toucher mon ventre. Merlin, qu'elles ne me fassent jamais ça.

semaine o8

J'ai la peau toute sèche. Sinon je dors normalement et j'ai retrouvé l'appétit. Quoi d'autre? L'impression d'être une outre remplie d'eau pleine à craquer, sinon rien de plus.

Avril
semaine o9

Page 34. Votre corps se transforme, pensez donc à vous procurer des vêtements de grossesse. Curieusement on avait pensé à tout mais pas à ça. C'est vrai que ce n'est pas mes jeans qui me mèneront loin. Je sens qu'Ezechkiel va adorer la perspective de sortir prendre un bain de foule juste pour ça...

(...)

Je ne comprends pas l'enthousiasme des gens. Après tout ce n'est pas eux qui vont avoir un enfant et si mes estimations sont bonnes il n'y a aucune chance pour qu'aucun de ces gens ne voient mon fils ou ma fille avant... jamais. J'ai cru qu'Ezechkiel devenait fou et moi aussi mais on a ce qui faut. Ca ne sera plus à faire. De toute façon j'ai pas encore besoin de vêtements de grossesse. Cette sortie m'a fatiguée, je suis essoufflée comme si j'avais couru. Je me demande s'il ne faut pas que je vois un médecin. Je vais me coucher plus tôt on verra bien demain. D'autant que je n'ose rien prendre, c'est pas vraiment recommander de prendre une aspirine quand on est enceinte... enfin je suppose puisque ma mère s'en était fait une cure.

semaine 1o

Je ne me suis pas levée cette nuit. J'espère que ça va durer.

semaine 11

D'après mon magazine j'ai passé le stade où il y a le plus à s'inquiéter. Ca me rassure un peu, mais je serais plus tranquille dans encore quelques semaines. Histoire d'être vraiment sûre. Ezechkiel aussi est plus tranquille. Enfin peut-être que je projète sur lui ce que moi je ressens. Je me demande parfois. Bref. J'ai l'impression que ça commence à se voir. A peine.

semaine 12

Je n'aurais peut-être pas dû laisser Ezechkiel lire ces magazines sur la grossesse. Depuis qu'il est tombé sur la liste des aliments déconseillés, je ne peux plus faire la cuisine ou faire les courses sans qu'il n'est revu scrupuleusement toute la liste des ingrédients de la préparation. Avant ça m'aurait peut-être énervée, mais dans le fond c'est toujours avec un sourire que je lui dis ça ira, je fais attention. Entre ce qu'il ne veut pas manger et ce qu'il ne veut pas que je mange, il ne reste plus grand chose. Le côté positif c'est que lorsque je me suis sentie bizarrement fatiguée, il a tout de suite su me dire que c'était parce que j'étais anémiée. Je ne me serais même pas souvenue de ces trois lignes en bas de l'interminable "tableau de privation" de mon magazine.

J'ai essayer de le sentir bouger mais je crois qu'il est trop petit. Pourtant dix centimètres à moi ça me parait... immense.

Mai
semaine 13

Je me sens à nouveau parfaitement bien. Plus de nausées du tout, rien. J'ai même fait le ménage à fond aujourd'hui sans me fatiguer mais je doute qu'Ezechkiel me laisse recommencer. Pour la première fois de ma vie je me suis même trouvée jolie en passant dans la salle de bain ce matin.
Sans doute la robe que je portais, ou bien mon ventre qui commence à s'arrondir. Je pensais que ça me terroriserait, que je détesterai mais en fait non. C'est même le contraire. Pour la première fois de ma vie je suis calme. Je veux dire vraiment calme. Sereine.
Comme si après ça il ne pouvait qu'y avoir du bon.

On en parlait l'autre soir devant la télé, j'ai l'impression qu'être enceinte me rend... un peu comme ces filles tête-en-l'air qui ont toujours l'air de flotter sur un petit nuage. Il suffit qu'il me regarde ou qu'il se moque et au lieu de me rebeller je souris. C'est énervant et plaisant à la fois. Ca l'amuse. Et moi... enfin bon.


semaine 14

Rien de particulier. Ou si: j'ai tout le temps soif.


semaine 15

Si j'ai bien calculé cette semaine je suis censé aller voir un médecin, histoire de voir que tout se passe bien. Mais Ezechkiel pense qu'on a pas besoin de ça, et puis ça risque de me stresser plus qu'autre chose. On sait comment ça se passe quand je stresse, je suis pas persuadée que ce soit très bon pour le bébé. En fait je serrais stressée de toute manière. Qu'on y aille pas et j'aurais toujours ce doute. Est-ce qu'on fait le bon choix? Comment être sûr que tout se passe bien. Qu'on y aille et le simple fait qu'un inconnu essaye de me toucher me rendrait folle. Et je ne parle pas d'Ezechkiel. Je ne peux pas me mettre à sa place, savoir ce qu'il ressent. Est-ce qu'il ressent quelque chose? Je sais que non. Je pense que oui. Si déjà sur des choses aussi élémentaires je peux douter, comment savoir que mon bébé va bien, qu'il se développe comme il faut? Et on ne peut pas dire que dans ma famille on ait la fibre familiale de toute façon.

Ezechkiel dit que tout se passe bien. Il n'en sait rien. Mais je veux bien le croire. C'est mieux comme ça.

semaine 16

Je peux pas m'empêcher de me demander si on fait tout ce qu'il faut. Si on sera de bons parents. Ezechkiel dit que c'est de la connerie tout ça. Que ce n'est qu'une histoire de subconscient. Peut-être un peu de ma nature anxieuse aussi. Ce soir on a mangé devant la cheminée et je peux jurer que cramer mes magazines de grossesse pour allumer le feu ça m'a pas mal tranquillisée. Je parie que c'est pas vraiment le genre de méthode qu'aurait recommandé un médecin. Je crois que je vais arrêter de lire tous ces magazines. J'ai l'impression que mon état de stress est simplement fonction de mon humeur. L'inconscient y joue peut-être aussi je ne sais pas.
Mais pour le moment Ezechkiel semble arriver à m'en détourner assez facilement. Que ce soit en brûlant des magazines, ou en pestant contre le programme télé. Le bébé semble percevoir les changements lui aussi. Il a commencé à bouger l'autre soir quand je riais. Ca me fait bizarre. Je prends plus conscience qu'il y a quelque chose en moi. Un corps... [la suite est raturée au point d'être illisible; la page n'est pas loin d'être déchirée par endroit.]

Juin
semaine 17
Je me sentirai l'énergie d'abattre un magyar à pointes mais dès que je commence à faire quelque chose je m'essouffle. Je n'ai aucune patience. Extrêmement du mal à me calmer les rares fois où je m'énerve. J'ai l'impression que c'est long. Très long. Et d'autre fois, j'ai l'impression que c'est bien. Que c'est génial. Complètement irrationnel. C'est ridicule.
Le bébé bouge, surtout la nuit. Ca me réveille. Je n'arrive pas à m'y habituer. Ca me surprend toujours.

J'ai fait un rêve cette nuit. Un rêve...

semaine 18

Je me suis fait une frayeur aujourd'hui. Mon ventre est bien arrondi et je perds facilement l'équilibre mais ça va. Tout baigne. J'ai envie de sortir. Ezechkiel ne veut pas. Moi même je ne pense pas que ce soit très raisonnable alors je reste. Je regarde la ville par la fenêtre. Bientôt il faudra tout de même sortir. Je dois être à nouveau jugée et ça m'angoisse. Qu'est-ce qui m'a pris de prendre le risque? Si le jugement est faussé je suis bonne pour Azkaban et dans ce cas, je n'aurais plus qu'à ranger ce stupide carnet de grossesse. Je ne dis rien. Ezechkiel dit que ça ira. Moi je ne sais pas. Ca m'angoisse. Le bébé n'a pas bougé depuis quelques jours. Ca aussi ça m'angoisse. Est-ce qu'il est mort? L'idée qu'il puisse l'être me rend folle. Je fais ce cauchemar encore et encore. Je gratte et mes ongles rougissent. Encore et encore. Ca fait mal. C'est affreux. Et puis je l'arrache à moi. Il était mort. Depuis le début. Je regarde sa tête difforme, surdimensionnée. Pendu au cordon, il se balance. Il me regarde. Il se moque de moi. Alors je le fracasse contre le mur. Je me débarrasse de cette saloperie. C'est toujours à ce moment-là qu'il me réveille. Involontairement. Il va dormir dans le salon. Alors j'attends qu'il soit en bas pour ouvrir les yeux. Si il savait...


semaine 19

Je rêve que je coule. Je m'enfonce dans le matelas comme si j'avais une ancre à la ceinture. Ce ne sont que des rêves tout ça. La journée c'est différent. J'ai chaud, pourtant ce matin il a neigé. J'aurais toutes les raisons de me plaindre mais pourtant ça va.
Le bébé s'est remis à gigoter. On dirait qu'il attend que je dorme pour se réveiller, ou parfois, qu'il s'agite pour que son père continue de parler. Je crois qu'il aime bien la voix d'Ezechkiel, ou bien est-ce moi qui l'aime et qui produit tout ça, par simple - je ne sais pas - joie de vivre? Quelle drôle d'idée. Mais ça se tient.


semaine 20

Je n'arrête pas de saigner du nez mais je me sens bien à part l'envie de dormir. Ezechkiel est sans cesse sur les nerfs (il ne supporte pas les microbes, alors le sang...). J'essaye au mieux d'éviter de le croiser quand je saigne du nez mais au rythme où ça va c'est pratiquement mission impossible alors il est toujours après moi à me dire d'aller saigner dans l'évier et de nettoyer ensuite. De surtout pas mettre la tête en arrière sous peine de former un caillot de sang et SURTOUT de ne pas en foutre sur le parquet de bois. Si ça ne faisait pas six ans que je passais tout mon temps avec lui, je crois que je le tuerai. Mais en fin de compte je trouve ça plutôt drôle. Je crois que c'est ce qui l'énerve d'ailleurs.

Juillet
semaine 21
Je me fatigue vite. Le bébé n'arrête pas de bouger. Il paraît que c'est normal. Je ne m'y suis pas encore habituée. Ca va venir. J'imagine... En général c'est quand on va se coucher. Quand je me lève aussi. Ezechkiel se tourne dans le lit, ça règle le problème pour lui mais pour moi, pas vraiment.
La grossesse est assez avancée pour qu'on puisse savoir si c'est une fille ou un garçon, mais on a rien trouver pour faire ça chez soi. C'est con.

semaine 22
Je m'ennuie. Je cherche à m'occuper. La télé m'ennuie. J'ai déjà fait trois fois la liste de ce dont on aura besoin. Je commence à me faire aux coups de pieds et j'ai trouvé quelques trucs efficaces. La voix de son père, quand il est d'humeur à participer. Ou alors monter et descendre les escaliers... nettement moins constructif mais bon.

semaine 23
J'ai l'impression de peser une tonne cinq. Je n'arrive plus à trouver une position confortable dans le lit mais je ne fais plus de cauchemars: je ne dors pas 80% du temps. Pourtant je suis fatiguée. Nerveuse. J'ai des genre de contractions. Je n'arrive pas à savoir si c'est normal ou pas. Si c'est le bébé qui arrive trop tôt, ou si c'est mon corps qui déconne tout simplement. Je sais que je devrais avoir vu un médecin. Je doute. J'angoisse. Je m'inquiète tout simplement.

semaine 24
De plus en plus de contractions. Ezechkiel... je ne sais pas. Enfin si je sais. Mais c'est peut-être la première fois que je peux dire que moi je ressens quelque chose. Je flippe. Ce n'est pas comme une crise d'angoisse, c'est de l'inquiétude. C'est ridicule. S'inquiéter pour quelque chose qu'on ne connait pas encore. C'est peut-être ce qui fait de moi un bon parent par anticipation.
Je sais que ce sera toujours différent pour Ezechkiel, mais c'est la première fois qu'il devient... je ne sais pas. Un autre que moi. Et ça c'est effrayant, peut-être autant que ces stupides contractions. J'ai peur de le perdre. C'est beaucoup trop tôt.

Août
semaine 25
Rien de particulier.

semaine 26
Chaud. Fatiguée. L'impression d'être sous gonflus permanent. Paraît que c'est normal.
Plus de contractions.

semaine 27
En théorie ça devrait être la cinquième fois que je vais chez le médecin. Enfin on n'y va pas de toute façon. C'était juste à titre d'indication.
Plus ça va, plus mon ventre est énorme. Je commence à me dire que je ne vais pas rire à l'accouchement. Je le sens bien comme ça.

semaine 28
"Vous pouvez prendre des congès"... la blague.