ft JONATHAN RHYS MEYERS - THE GODFATHER'S THEME

« Les hommes mentent quand ils assurent qu'ils ont horreur du sang. »

« Je crois en l'Angleterre. L'Angleterre a fait ma fortune. J'ai donné à mon fils une éducation anglaise. Je lui ai donné des libertés, mais je lui ai également appris à ne pas déshonorer sa famille. Il connaissait un jeune homme, qui lui n'était pas anglais. Il sortait avec lui, rentrait tard. Je n'ai jamais protesté. Le mois suivant, il s'est fait d'autres amis -anglais cette fois-ci. Je crois bien qu'aujourd'hui encore, il les voit toujours. Alastrann est un homme très occupé par son travail au Ministère -vous savez combien il tient à servir et représenter ses concitoyens, mais il a toujours le temps pour prendre un verre de whiskey en compagnie de ceux qui lui son chers, et de faire honneur à son sang. »

Abraxas Albertsworth, La Gazette du 13 Décembre 2009.

Le requin blanc était le patronus de son grand-père, pour lequel il éprouvait une fervente admiration. Il n'y a pas grand chose dont il a fondamentalement peur, si ce n'est de perdre la face. Il a recueilli son filleul suite au décès accidentel de ses parents, et depuis il s'est donné pour but de l'éduquer selon ses propres valeurs. Cependant il s'est rendu compte qu'élever un jeune homme n'est pas une mince affaire : Son épouvantard représente la pire des déceptions de sa part; son cher filleul épousant une moldue.
Si par dangereux vous sous-entendez une question en rapport aux possibles meurtres qu'il aurait pu commettre, oui, Alastrann a déjà tué, à plusieurs reprises d'ailleurs. Rassurez-vous il ne s'agissait que de personnes dont la vie n'avait pas de réelle valeur, telles que des moldus par exemple, ou pire, des partisans qui aspiraient à s'y mêler.
Ses qualités et défauts ? Eh bien Alastrann est un grand fumeur, peut-être trop à cheval sur les valeurs des siens. Il posséde deux visages : Il est (presque) sans scrupule, il pratique beaucoup d'activités douteuses dans le secret de ses affaires. En revanche c'est un sorcier très audacieux et fidèle, ainsi que sympathique et respectable aux yeux du monde magique auquel il doit tout (en même temps quand on passe son temps à entretenir son image...). Il connaît également le prix de toute chose, même de la vie d'un tiers.

→ « TES BUSES?; Histoire de la Magie. E Sortilège. O Métamorphose. E Botanique. T DCFM. O Potions. E Divination. T Astronomie. O Vol. O Tes options? - Sortilège - Duel.

→ « TES A.S.P.I.C.S?; Histoire de la Magie. E Sortilège. O Métamorphose. Botanique. A DCFM. O Potions. O SACM. Duel. O Arithmancie. A Divination. Astronomie. O Etude des Runes. E Etude des Moldus. Histoire des Mythes. E

Il tourna une nouvelle page de son journal, avant de s'apercevoir que depuis le début il n'y prêtait aucune attention. Il se força alors à lire le titre de l'article sur lequel il s'était arrêté, mais rien n'y fit. Pour la première fois les cancans de Rita Skeeter ne l'intéressaient pas. Alastrann détourna son regard des feuilles de papier pour fixer l'horloge. Les aiguilles tournaient si lentement que c'en devenait insupportable. Le tic tac de la pendule ralentit son rythme cardiaque et le plaça dans une torpeur qui le fit soudainement sursauter.

« Crac badabum ! » Et le silence se fit, enfin.

Il regarda d'un air satisfait sa vieille horloge brisée en deux avant de ranger sa baguette. Elle ne le dérangerait plus à présent, se dit-il. De toute manière elle avait appartenu à un oncle désagréable et sa présence au milieu de la bibliothèque ne faisait que ressasser son souvenir. Alastrann détestait hériter des effets personnels des sorciers qu'il n'appréciait pas. Cela lui donnait l'impression que ces derniers allaient, en bons fantômes, surgir comme des diables de leurs objets maudits et continuer à le hanter. Qu'était-ce que la mort, au fond ? Il n'en avait pas la moindre idée. Longtemps il l'avait donnée, et il la donnait encore, parfois. Mais tout ce qu'il savait d'elle c'était qu'il en ignorait tout. Comme chacun, il savait qu'une fois mort on disparaissait. Le défunt pouvait toujours revenir de temps à autres sous la forme d'un spectre, mais ce n'était plus pareil. Une fois mort, le monde s'est débarrassé de lui. En revanche il ne connaissait pas la douleur d'avoir perdu un être cher, ni même le remord d'en être la cause. Ses parents étaient toujours en vie et il s'agissait probablement des deux seuls êtres qu'il pourrait un jour regretter. Il en avait peur, au fond. Il ne voulait pas que la mort le touche de sa faux sale.

« Maître, Maître ! » L'elfe, qui avait transplané dans la pièce sans crier gare le fit sursauter.
« Qu… Qu'y a-t-il, Keab ? »
« Ils… Arrivés ! »
« Et qu'attends-tu alors ? Vas leur ouvrir ! »
« Keab va ouvrir, Maître ! »

Et il disparut en un claquement de doigts, lui laissant juste assez de temps pour allumer un cigare et faire disparaître la pendule cassée.

« Destructum ! »

Il alluma sans plus attendre ses précieuses feuilles de tabac et prit plusieurs bouffées, laissant de la fumée s'échapper de sa bouche et de ses narines pour se perdre dans l'air en un nuage noir. Le mage releva la tête quand il entendit la porte grincer. La tension était à son comble… On entra.
Il s'agissait d'une femme et d'un garçonnet, âgé de neuf ans tout au plus, qui le fixait de ses grands yeux bleus. Son visage encore poupin semblait bien triste… Mais Alastrann n'y prêta pas spécialement attention. Il étendit la commissure de ses lèvres en un sourire radieux, laissant penser que l'arrivée de la sorcière en sa demeure avait illuminé son visage.

« Théodora, quel plaisir ! » Il se pencha légèrement pour procéder à un baise-main chaleureux, prenant soin de ne pas la quitter des yeux durant les quelques secondes que dura l'acte. Il jura avoir vu ses joues rougir derrière ses petites lunettes rondes.
« Le plaisir est partagé, Monsieur Albertsworth. Permettez-moi de vous présenter votre filleul, Noah. »

Il passa une main rapide dans les boucles éparses du jeune garçon, mimant un geste d'affection en ébouriffant sa chevelure. C'était soit cela, soit l'accolade, se dit-il, mais ce jour-là il n'avait pas le coeur aux contacts physiques.

« Très heureux de faire enfin ta connaissance, Noah. » Mais Noah ne répondit pas.
« Il ne parle plus depuis l'incident. Vous savez ce que c'est... Il a subi un choc et... »
« Je comprends parfaitement. » la coupa-t-il en accompagnant ses mots d'un sourire encore plus resplendissant. « De toute manière, Noah n'aura pas à parler... S'il ne le souhaite pas. » Il marqua une pause avant de s'abaisser vers l'enfant et d'éclater d'un rire bienveillant. « Après tout je ne vais pas te forcer, n'est-ce pas ? » Il prit un air plus grave, peu certain de sa plaisanterie trop légère. « J'ai bien connu tes parents, Noah... Leur disparition est un grand malheur pour chacun de nous. » Théodora hocha la tête pour montrer son approbation.
« Comme je te l'ai dit, tu as beaucoup de chance d'avoir un parrain tel qu'Alastrann Albertsworth. Nombres de jeunes sorciers auraient aimé être à ta place. » À Alastrann : « Le ministère ne sera jamais assez reconnaissant envers vous. Tout ce que vous avez fait pour notre nation, et à présent recueillir cet enfant... »
« Allons, allons, Théodora. Cessez de me lancer des fleurs, vous saviez bien que Léonard était pour moi comme un frère, et puis la présence de cet enfant égayera un peu ce manoir. Maintenant, si vous voulez bien nous laisser, je pense que Noah et moi avons besoin de nous retrouver... Seuls. »

S’il y avait une chose qu’il ne supportait pas et qu’il ne supporterait certainement jamais, c’était d’être dérangé au cours d’un important rendez-vous. Un important rendez-vous tel que celui qu’il avait eu avec le Premier Ministre anglais ce Jeudi 9 Octobre. Un étrange hiboux était venu perturber leur conversation des plus sérieuses en cognant son crâne contre une vitre de la House of Parliament. Difficile de ne pas remarquer le rouge qui lui monta au visage quand il se permit de la lire et qu’il découvrit la terrible lettre qu’il contenait. Il eut bien du mal à y croire, et relut plusieurs fois chaque mot qui la composait. Il s’agissait de Noah. Cela faisait à présent quatre ans qu’il vivait au manoir, à Glasgow avec lui. Il ne le connaissait pas tant que cela pour autant. À vrai dire il n’avait pas envie de connaître grand chose de lui. Entre eux s’était développé une sorte de complicité silencieuse. Souvent, quand il était au manoir, il prenait place dans le fauteuil opposé au sien et se contentait de l’observer qui fumait son cigare et lisait la Gazette du jour, un sourire à peine perceptible au coin des lèvres. De temps à autres Alastrann pensa à briser la barrière qui les séparait, mais il n’y parvint pas. Une fois encore, l’envie lui manquait. Il se répétait que toute discussion serait vaine et au fond, c’était peut-être mieux ainsi. Chacun pouvait garder sa part de mystère, bien rangée au fond de sa gorge. Il aurait du se méfier.
Comment avait-il pu faire pareille sottise à l’heure où il touchait du doigt le terme de sa scolarité à Poudlard. Le mage se trouva trop gêné pour rétorquer quoi que ce soit à la lettre du directeur de l’époque et se contenta de répondre :

« Cher Monsieur,
J’ai bien reçu votre lettre,
vous m'en voyez profondément navré.
Soyez assuré que Noah recevra également de ma part une correction à la hauteur de sa bêtise.
A.A.A. »

Dans le ciel, des palominos ailés traversaient les nuages à vive allure, surplombant l’école de magie et s’éloignant peu à peu plus au nord de l’Ecosse. Alastrann était finalement venu le chercher –impossible pour lui d’oser l’attendre en public, devant tout King’s Cross. Dans leur carrosse, il cherchait ses mots et eut du mal à se résoudre à parler. Il y parvint quand même. Il le fallait.

« Comment te sens-tu ? »

Pas de réponse, si ce n'est un regard coupable et fuyant. Malgré sa grande non-chalence et ses airs de je-m'en-foutiste, Noah avait parfaitement conscience d'avoir déçu son parrain et ce dernier pouvait lire dans le fond de ses yeux un malaise. Jusqu'ici il n'avait encore jamais vu Alastrann en colère, aussi devait-il redouter cet instant... Mais cela n'arriva pas. L'expression neutre d'Alastrann demeura presque immuable tout le long du chemin qui les conduisit jusqu'à chez eux.

« Cesse un peu ce regard d’orphelin suppliant. Je ne suis pas fier de toi et ton visage ne fait qu’augmenter mon taux d’exaspération. » Il avait levé son menton du bout des doigts pour que la discussion soit directe et franche. Bien sûr, il avait remarqué le léger hoquet qui avait pris son jeune filleul au moment même où le mot fier avait quitté ses lèvres. Cela ne l’empêcha pas de poursuivre. « Je veux bien que tu ais été las de cette demoiselle, mais, par la barbe de Merlin… Pourquoi n’as-tu pas agi discrètement ? » Le jeune homme arqua un sourcil, comme surpris de ce qu’il venait de dire. « Ton nom a fait la une de la Gazette, et par conséquent le mien aussi. Je peux tolérer beaucoup de choses, Noah, mais à partir du moment où tu m’inclus dans tes affaires devant toute l’Angleterre, non, je ne peux laisser passer ça. » Il avait lâché sa tête et regardait à présent par la fenêtre, comme pour vérifier qu'on ne les suivait pas. « Je suis une personnalité publique, Noah. Comprends-tu ce que cela signifie ? Nous ne pouvons nous permettre de laver notre linge en public. Les langues se délient au Ministère et je risque ma place. Nous risquons notre toit et la notoriété de toute notre famille. »

Il cessa de parler un long moment et prit une grande inspiration. Finalement, il se décida à prendre un cigare dissimulé dans une des poches intérieures de sa veste en tweed. Il avait besoin de fumer pour garder le calme qui, il le sentait, le quittait peu à peu.

« Peut-être n'ais-je pas été assez présent pour toi. Je m'en excuse. J'ai naïvement pensé que tu n'aurais pas véritablement besoin de moi pour t'enseigner ce que tu es censé apprendre à Poudlard. Mais au vu de la gravité de la situation, je pense être contraint d'agir. » L'air interloqué de Noah le fit sourire -et sûrement aussi ses nerfs piqués à vif. « j'ai décidé que l'an prochain tu t'inscrirais en Introduction à la Magie Noire, et que d'ici là je me chargerai personnellement de ton apprentissage. Nous avons de nombreuses années à rattraper mais je serai intransigeant de ce côté. Quand je n'aurais pas le temps de procéder à ton enseignement, tu rencontreras plusieurs de mes amis qui t'expliqueront les choses pour moi. J'espère bien qu'ainsi tu apprendras à garder secret ce qui doit rester de l'ordre du privé. Me suis-je bien fait comprendre, Noah ? Les choses vont sensiblement changer pour toi. Il est hors de question qu'on se souvienne de toi comme le sorcier qui persuada une atteinte de déficience mentale de commettre le suicide. »

Je participerai aux intrigues avec plaisir.