Cela faisait maintenant un mois que Joleene errait dans les rues de Londres magique, dans les environs de l’orphelinat, dans des ruelles sombres et peu fréquentées. En ces quelques semaines où elle n’était pas beaucoup sortie de sa routine, uniquement quelques jours durant lesquels elle était allée au manoir Midnight histoire d’apprendre quelques sortilèges supplémentaires, la violence engendrée par sa grande frustration était devenue de plus en plus grande, ses nerfs étaient à fleur de peau, chose qui était auparavant presque impossible, elle qui avait toujours montré une nature si calme et innocente, en apparence bien entendu. Mais le problème de la jeune fille était justement qu’on avait percé à jour le fait que ce n’était qu’une apparence. Lorsque l’ex-Poufsouffle avait voulu s’inscrire à l’université pour suivre des études d’auror, on lui avait dit que c’était impossible car il était apparu publiquement, elle ne savait pas trop comment, qu’elle pratiquait la magie noire depuis un certain temps déjà. C’était son rêve depuis toujours, et voilà que la seule réponse qu’on lui donnait c’était « C’est impossible, mais essayez donc le département de botanique ». Ridicule. Une véritable insulte pour la jeune femme dont les capacités intellectuelles n’étaient plus à démontrer. Joleene était vraiment frustrée et accablée de voir que certaines pensaient encore « magie noire VS magie blanche » car finalement, ça n’avait vraiment aucune importance à ses yeux, le tout était que ce soit puissant non? La puissance, la supériorité était ce qu’elle avait toute sa vie recherché. Voir cette porte se fermer devant ses yeux pour ne plus jamais se rouvrir lui avait fait se poser nombre de questions qui étaient toujours revenue sur un même nom : Luke. Rien à voir avec une affaire sentimentale, non, non , tout cela lui était parfaitement inconnu. C’était plutôt une histoire de but commun. La voie que le vert et argent avait alors choisit était les Mangemorts. Après mûre réflexion, elle y entra à son tour. Un revirement à 180 degrés? Pas tellement que ça. Ce qu’elle voulait était une position sociale, de la puissance, une certaine supériorité et la chance de se mesurer à de grands mage noirs. Et elle était incapable d’obtenir tout cela par la voie légale désormais. Mais les Mangemorts lui offraient tout cela sur un plateau d’argent. Il ne lui en avait pas fallu beaucoup plus. Joleene porte désormais la marque sur le bras gauche, même si son idéal avait légèrement déchanté. Oui, elle venait de passé un mois où elle s’était sentit parfaitement inutile, même si elle avait gagné en expérience côté magie noire, c’était bien tout, elle s’ennuyait ferme et avait peur de ne rien pouvoir faire de sa vie, de rester bloquée à ce stade, ce qui franchement était loin de la réjouir, c’était même plutôt sa plus grande peur. Mais rien ne pouvait vraiment changer cela désormais.

C’est pourquoi, comme tous les matins, la jeune O’Sullivan s’était glissée en dehors de l’orphelinat furtivement, une cape noire jetée sur les épaules. Pourquoi tant de mystère sur sa sortie alors qu’elle était majeure? Et bien, la directrice de l’orphelinat ne cessait de la harceler comme elle avait appris qu’elle n’irait pas à l’université l’année suivante pour qu’elle trouve un job et un endroit où vivre. En gros, c’était une demande de déguerpissement de sa vue, formulé un peu plus gentiment. Mais ce n’était pas du tout ce que la jeune femme allait faire pour l’instant. Elle parcourut quelques ruelles, histoire de s’éloigner des ruelles les plus fréquentées et trouva un cul de sac dans lequel elle avait l’habitude de s’entrainer, même si franchement, on était bien loin de la clairière qu’elle s’était aménagée dans la forêt interdite au fil des années de sa scolarité. Elle travaillait sur quelques chose de plutôt compliqué ces temps derniers : les sortilèges sans baguette, chose que peu de sorcier maîtrisaient mais dont elle avait réussit à apprendre les bases les trois derniers mois de sa scolarité. Au départ, elle n’avait pas maîtrisé grand-chose : Accio, aquamenti et wingardium leviosa pour commencer. Mais pendant ces quelques temps d’entrainement, elle en réussissait désormais quatre de plus : lumos, reducto, amplificatum et finite. Joleene s’assit donc sur le sol, comme chaque matin depuis quatre semaine. Elle fit le vide dans son esprit, comme l’exigeait une telle pratique de la magie, qu’elle n’avait cependant pas encore testé de mettre à profit de la magie noire. Une fois qu’elle ne pensa plus à rien d’autre qu’à la magie, elle leva ses deux mains à hauteur de ses épaules, les mains tournées vers le ciel et les yeux fermés, comme pour une prière muette. Elle se concentra, uniquement sur le sort qu’elle voulait lancer. Après quelques instant, une boule lumineuse vint flotter au dessus de ses mains. Cette dernière augmenta progressivement en taille, dépassant de beaucoup la taille qu’un lumos normal était sensé avoir. Joleene ouvrit les yeux et étouffa un soupir. Elle ne réussissait toujours pas à faire conserver à la boule d’énergie une taille normale. La boule avait maintenant la taille d’une balle de tennis. Joleene la fixa, se concentrant sur ce qu’elle voulait faire, mais soudain, un craquement la fit sursauter et la boule de lumière échappa à son contrôle, rebondissant un peu partout. Mentalement , Joleene mit vite fin à son sort, cherchant ensuite des yeux la source du bruit pour voir si elle devait ou non se cacher …

Il faisait encore noir lorsque la jeune demoiselle se leva. Voilà maintenant plusieurs jour qu'elle n'avait pas mis les pieds au ministère tant elle avait été occupée à recruter des membres pour l'ordre. Mais même si Mellian, le directeur actuel des Aurors était au courant et veillait à la couvrir, elle ne voulait pas éveiller les soupçons des autres. Elle s'habilla rapidement d'un top sans manche à rayure et d'un jean, fila quelques instant dans la salle de bain, sauta dans ses chaussure à talon pour rattraper sa maigre taille, embrassa son chat et quitta son chez elle pour rejoindre le ministère. Arrivée sur les lieux, elle monta à l'etage 2, et retrouva le bureau de son supérieur. Avant de toquer, elle soupira. Qu'allait-il encore lui demander de faire? Des photocopies? Lui apporter un café? Trier des dossiers? Elle avait tellement mieux à faire... Mais son travail était très important pour permettre de la couvrir en tant que directrice de l'Ordre et il avait été décidé qu'elle devrait le garder. Ce fut donc un peu contrainte et forcée qu'elle toqua, et entra après avoir été autorisé à entrée.

KAYA – Bonjour John, comment allez vous? En quoi puis-je vous être utile aujourd'hui?
JOHN – Oh bonjour Kaya! Euh et bien... Vous pourriez peut être aller patrouiller au chemin de travers? Plus précisément vers l'allée des embrumes. Un client à appelé pour nous dire qu'il avait repéré un voleur... Bon bien sur, il doit surement être loin à présent, mais si tu pouvais aller y jeter un coup d'œil...

Patrouiller. Ou comment vous dire « je ne sais pas quoi vous faire faire aller débrouillez-vous ». C'était un travail encore plus inutile que les photocopies. L'avantage, c'est qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait de sa journée à peu de chose près. Mais heureusement qu'elle avait arrêtée de compter sur les Aurors pour espérer se rendre utile. Elle sortie donc du bureau après avoir acceptée et transplanta., espérant qu'il se passerait quelque chose d'intéressant là où elle devait se rendre. Arrivée sur les lieux, elle avança tranquillement en regardant autour d'elle. Tout semblait normal. Des sorciers faisaient leur courses, et quelques jeunes élevés de Poudlard particulièrement studieux avaient même commencés à faire leur courses pour la rentrée. Elle était d'humeur massacrante. Pour l'Ordre elle avait des tonnes de choses très importantes à faire et perdre son temps ainsi à « patrouiller » … Regarder des gens faire le courses, espérer croiser un minable voleur amateur, alors que les mangemorts étaient en train de comploter! Elle arriva d'un pas énervée non loin de l'allée des embrumes et s'engouffra dans une ruelle sombre et étroite, persuadée qu'elle ne trouverait rien d'autre que des sorciers de premiers cycle voulant braver les interdits et des mangemorts contre lesquels elle ne pourrait rien faire faute de preuves et de moyens. Un véritable cauchemars pour quelqu'un tel que Kaya, plein de soif de vengeance.

Alors qu'elle avançait rapidement sans même savoir où elle allait, elle aperçut une lumière au croisement d'une ruelle. Elle sautait au yeux : déjà que le soleil commençait à peine a nous immerger de ses rayons, les rues étaient tout sauf lumineuses. Instinctivement, elle s'y précipita, espérant que peut être quelque chose d'important était en train de se passer. Mais lorsqu'elle se trouva dans l'impasse, la lumière s'envola de partout avant de disparaître. Au milieu de cela, une jeune demoiselle qui devait être encore qu'une étudiante. Elle semblait totalement inoffensive et Kaya doutait fortement qu'il se passe ici quelque chose d'intéressant. Elle soupira.

KAYA – Que fait-tu la demoiselle?

Sa voix ne pouvait cacher sa lassitude et son énervement. Elle n'avait pas étudier autant pour se retrouver à s'occuper d'ado cherchant à faire ses preuves.

Joleene regarda sa perturbatrice. Une jeune femme, pas très très loin de son âge, même si la date de naissance de la jeune O’Sullivan était toujours resté un grand secret à son plus grand regret. Devait elle se méfier? La jeune femme ne le pensait pas. Celle qui venait de la déranger n’avait pas l’air de savoir à quoi la lumière précédente était due, comme le prouvait sa question:

«  Que fais-tu la demoiselle? »

Sa voix semblait lasse et étrangement énervé, comme si poser cette question l’ennuyait au plus haut point, comme si elle avait totalement autre chose à faire. Cela intrigua ‘Leene : elle n’avait pas demandé à la jeune femme de s’arrêter pour lui faire ce qui semblait être la morale. Toujours assis en tailleurs sur le sol, ses mains reposant à l’envers sur ses genoux, comme si elle pratiquait du spiritisme, ses yeux vert d’eau se firent inquisiteur, mais elle répondit tout de même d’un air qui se voulait vague :

« Je m’entraine ! »

Elle haussa les épaules dans un geste qui voulait clairement dire : ce ne sont vraiment pas des oignons ma vieille. Mais en même temps, un je ne sais quoi lui faisait quand même douter que ce n’était pas les oignons de la jeune femme, dans son attitude par exemple : pourquoi se mêler des affaires des autres quand on a visiblement autre chose à faire ? Mystère. Mais la réponse sauta bien vite aux yeux de l’ex-Poufousffle sous la forme d’un insigne sur la poitrine de l’étrangère. Département des aurors. Et zut! Joleene ne bougea pas pour autant, esquissant uniquement un geste vers sa manche, posant sa main pâle à l’endroit au reposait la Marque sur son avant-bras gauche à travers le fin tissus de sa cape. Tout allait bien, mais si elle avait été bien entrainée, la jeune femme en face d’elle ne pouvait qu’avoir remarqué son réflexe qui faisait d’elle une débutante. Elle se maudit elle-même pour cela. Elle comprenait maintenant pourquoi Yon ne lui avait pas encore vraiment donné de vrai mission, elle faisait encore trop d’erreurs compromettantes : les Mangemorts comptaient assez de criminels en fuite à cacher sans qu’elle se rajoute à la liste. Mais le sentiments de sa propre incompétence lui revint quand elle essaya de deviner approximativement l’âge de la jeune femme. Elle faisait partie des aurore, elle. Joleene était frustrée de ne pas être en ce moment-même en train d’apprendre pour à son tour un jour en faire partie. Et pourquoi? Parce que ces gens de l’administration avaient l’esprit trop obtus, trop buté pour remarquer que la magie noire pouvait leur être profitable. La notion de noir et de blanc était complètement incompréhensible pour la jeune O’Sullivan. Seul comptait la puissance non ? Cela faisait un peu « raciste » à ces yeux de dresser de la sorte des catégories. Et voilà maintenant qu’elle était fichée, incapable de réaliser son premier rêve que le miroir du Rised avait révélé, voilà pourquoi elle était ici dans cette allée sombre à ce moment précis, en train de mettre toutes les chances de son côté pour réaliser le second : devenir la plus grande mage noire de son époque. Il y avait encore du boulot, autant dire. Et cette petite prétentieuse de jeune auror venait en plus la narguer alors qu’elle tentait vainement de se calmer après son accrochage avec l’administration de l’université. Autant dire que s’en était trop pour la jeune femme. Ce mois passé à errer dans les rues avait mis ses nerfs à fleur de peau, une violence qui lui était jusque là inconnue coulait dans ses veines comme un poison mortel. Durant tout le moment de cette prise de conscience, elle avait baissé les yeux vers le sol. ‘Leene les releva d’un seul coup, les braquant comme deux vifs projecteurs sur celle que ses yeux dans lesquelles une petite lueur de folie commençait à briller venaient de désigner comme sa prochaine cible. De sa voix innocente qu’elle avait utilisé maintes fois durant sa scolarité, alibi parfait pour ses activités illicites, elle proféra ce qui était plus ou moins une menace :

« Et je vois pas en quoi ça te concerne alors dégage avant que ce soit sur toi que je m’entraine! »

Sa voix avait beau être comparable à celle d’une petite-fille toute pure, chaste et innocente, sa phrase ne manquait pas de menace. Et si ses yeux avaient pu prendre la couleur du charbon, ils l’auraient fait sans aucun doutes. Une part d’elle-même ne put que se demandait ce qu’elle fichait à provoquer comme ça un employé du ministère, elle étai sensée ne pas chercher les ennuis, elle ne serait d’aucune utilité à Yon si elle se faisait envoyer derrière les barreaux. Elle avait encore sa confiance à gagner, et ce ne serait pas en s’accrochant avec un auror qu’elle le ferait. Mais elle se dit que pour l’instant, elle avait l’avantage si jamais un duel se déclarait sur l’instant : l’effet de surprise. Joleene n’avait pas sa baguette en main et le fait qu’elle ait tout juste eu ses ASPICS jouaient en sa faveur. Son adversaire allait sans aucun doute la sous-estimer et la prendre pour une ado qui pique sa crise, et elle n’allait rien faire pour la détromper. Personne ne la comprenait vraiment, c’est du moins ce qu’elle avait trouvé comme unique raison à ce qui lui était arrivé ces derniers temps, elle était juste trop complexe, trop dure à cerner, ses aspirations n’étaient pas communes, bien qu’elles soient relativement basique : oui, quoi de plus cliché pour une orpheline que de désirer se faire sa place dans le monde, avoir une place haut placé, être supérieur, sortir de l’anonymat , en fait devenir quelqu’un, se forger une identité, puisqu’ils en avaient tous été privés à la naissance, eux, les orphelins.