La plupart des élèves, la plupart des adolescents rêvent des vacances, prient les vacances, n'attendent que ça, mais Andromaque ne faisait pas partie de ces personnes. Elle n'attendait qu'une chose : la rentrée. Rester chez elle, à ne rien faire, à avoir sa douce et tendre grand-mère sur le dos à longueur de journée .. Ce n'était pas vraiment ce qu'elle appréciait le plus. Alors depuis le début des vacances, elle essayait d'échapper aux griffes de cette vieille femme aigrie, et ce qu'elle fit ce jour là. La sorcière décida d'aller sur le chemin de traverse trouver de nouveaux ouvrages; ses meilleurs amis.
Dans le froid, dans la foule et sous la neige, elle traversait la rue principale, puis bifurquait dans les ruelles adjacentes. Depuis quelques jours, le soleil avait trôné sans interruption mais ce matin-là quand elle se réveilla, il n'apparaissait pas, caché par une couche épaisse de nuage blanc. C'est donc sans surprise qu'elle vit les premiers flocons tomber délicatement du ciel. C'était toujours aussi beau, certes, mais les londoniens lassés de ce paysage, boudait la neige, boudait le froid et tout ce qu'il apportait. Après tout ils attendaient aussi de la chaleur, le bleu au dessus d'eux et les rayons de l'astre solaire s'abattant sur leurs épaules, qu'ils puissent déguster des sorbets aux fruits et rejoindre la mer.

Les rues se vidèrent doucement tandis que la neige s'intensifiait, les sorciers et sorcières rejoignirent des magasins, des bars, le chaudron baveur, et ne flânèrent pas plus sans but le long de l'allée. Andromaque fit de même, Abaogord sur son épaule, elle pénétra chez Fleury & Bott, un endroit qu'elle ne côtoyait pas souvent mais où elle espérait bien renflouer sa bibliothèque. Sombre bibliothèque. Elle se promena le long des rayons, sa main dégantée glissant de livre en livre, caressant les couvertures. S'imprégnant de leur douceur comme l'on s’imprégnerait de la chaleur d'une peau humaine. Elle s'approcha alors du coin qui l’intéressait, là où les livres n’intéressaient que ceux aux sombres pensées. Fredonnant une comptine étrange d'un air absent, ce qui lui donnait un air effrayant, et son mystérieux corbeau posé sur son épaule, elle continuait de laisser glisser sa main, quand le titre d'un livre l’interpella, elle précipita sa main dessus mais contre toute attente en heurta une autre. Elle sortie alors de ses songes et tourna son visage de poupée de porcelaine vers l'inconnu propriétaire de la main. Elle tomba alors sur une des élèves de Poudlard, enfin ancienne élève, plus précisément si ses souvenirs étaient bons. Elle regarda alors à la suite la sorcière face à elle et le livre en question sans vraiment comprendre. Elle savait très bien que cette sorcière faisait du vaudou ce qui la laissa perplexe. « Mana, c'est ça ? Tu .. Tu n'es pas sensée faire du vaudou, toi ? » elle fronça les sourcils, avec regard interrogateur « Alors qu'est ce que tu fais dans cette partie .. Et pourquoi tu t’intéresses à ce livre ? » Elle ne la connaissait absolument pas mais perdu ses habituelles inhibitions et sa froideur habituelle, entrevoyant l'espoir d'avoir en face d'elle une autre démoniste, ou du moins, quelqu'un qui pourrait assurément la comprendre.

La sorcière qu'elle avait en face d'elle, Andromaque ne la connaissait pas vraiment. Tout ce qu'elle savait d'elle, c'est qu'elle avait un an de plus, qu'elle s'appelait Mana, et qu'elle pratiquait le vaudou. Hormis cela, la démoniste ne savait strictement rien de son interlocutrice. Mais même si elle ne la connaissait pas, Andromaque se sentait plus liée à elle qu'avec un nombre incalculable de ses proches. Qui mieux que Mana pouvait la comprendre ? Elles étaient toutes deux à part, toutes deux hors du commun sans qu'elles ne l'aient choisit. Elles s'étaient certainement toutes deux éprises de la même passion pour un art jugé sombre et mauvais. Le vaudou et la démonologie n'avait rien en commun, hormis leur sombre réputation.

« Le titre parle de lui même. Le vaudou n'est pas vraiment une magie que l'on admire. Au mieux elle fait peur. Ca peut se comprendre. Mais toi, en quoi t'intéresse-t-il ce livre ? »

Elle aurait voulu lui dire, lui dire qu'elle la comprenait entièrement. Les mots "Oui, c'est un peu comme la démonologie." brûlèrent ses lèvres mais elle n'en dit rien. Parce qu'elle était habituée à garder son secret. Il y avait deux solutions; soit ces personnes étaient ses amis et elle leur avait avoué son secret, soit ces personnes l'avaient découvert et étaient devenus ses amis. Les autres soupçonnaient. Ils étaient beaucoup dans ce cas là. L'on disait des Clapton qu'ils étaient une famille de démoniste, personne n'en avait la preuve formelle mais c'était assez flagrant tout de même. Le visage de la sorcière resta aussi impassible qu'à son habitude. Elle continua de fixer son interlocutrice sans ciller, pas d'une manière méchante mais le visage aussi neutre que celui d'une véritable poupée de porcelaine. Mais quand Mana finit sa phrase, c'est un sourire énigmatique qui étira ses douces lèvres. Pourquoi ce livre l’intéressait-il ? « Oh, simple curiosité. »
Est-ce que cela passerait ? Est ce que Mana la croirait. A vrai dire cela lui importait peu, elle était certaine, sans arriver à comprendre pourquoi que Mana pouvait savoir. Qu'elle ne se montrerait pas comme les autres, qu'elle, elle comprendrait. Qu'elle la comprendrait mieux que personne.

Il y avait une ou deux questions qu'elle voulait poser à la sorcière vaudou. Elle n'avait jamais eu l'occasion, ou le temps de le faire quand elles étaient à Poudlard et Mana n'y serait plus l'année prochaine, elle vit, ce jour-là, l'occasion idéale. Andromaque amena sa main au niveau de son épaule et son compagnon y posa ses serres. Elle tourna ensuite son regard vers Mana, plantant son regard azuré dans le sien. « Est-ce que tu le vois ? » c'était une question qui la tourmentait depuis quelques temps. Vu la puissance du vaudou et sa particularité, la sorcière voyait-elle l'étrange corbeau accompagnant Andromaque ? « Pourquoi est-ce que tout le monde sait que tu es une sorcière vaudou ? » Une autre question. Elles n'étaient pas les dernières, mais la sorcière attendait que Mana daigne répondre.