Il était neuve heure. Neuve heure quand la sorcière ouvrit les yeux. Elle s'étira longuement, souleva le drap qui recouvrait son corps et se leva. Il faisait bon, vraiment bon dans la chambre et pourtant, en tirant le rideau qui empêchait le soleil de pénétrer dans la pièce, Andromaque remarqua que le temps ne s'était que peu amélioré. Les fleurs du jardin recouvertes d'une épaisse couche de neige, ne vivaient toujours que dans ses souvenirs. Elle finit par se lasser de ce décor morose pour un mois de juillet et cela même si le soleil avait refait son apparition depuis quelques jours. Après avoir enfilé une chemise de chambre, elle descendit au salon pour prendre son petit-déjeuner. Assise seule au bout de la longue et fine table, elle fut sortie de ses songes par l'une des domestiques. « Mlle, votre grand-mère vous demande à l'étage. Elle demande à ce que vous vous prépariez, vous êtes invitée par Mme Dangelo à rendre visite à son fils aujourd'hui. » Andromaque acquiesça d'un signe de tête. Ce n'est pas que cela n'importait peu pour elle, mais elle ne saurait dire la nature du sentiment que cette nouvelle fit naître en elle. Elle entretenait une relation des plus étranges avec celui qui était prédisposé à vivre avec elle. Elle n'était ni heureuse, ni énervée ni blasée. Et l'incompréhension liée à la nature de leur relation annulait tout sentiment.

Quand elle eut fini de déjeuner, elle prit sa douche, fit sa toilette, s'habilla et monta à l'étage rejoindre la mère de son père dans son boudoir. A peine arrivée, elle se retrouva face au ton acerbe de sa douce, tendre et merveilleuse grand-mère. « Par Merlin, la prochaine fois je te préviendrai la veille. Ne serait-ce que pour ne pas moisir durant des heures avant de tomber en cendre à force d'attendre. » Cette réplique arracha un soupire à la jeune apprentie démoniste. Il ne manquait plus que ça. Vivement la rentrée. Vivement le retour au château, plus qu'un mois et quelque à tenir. « Et puis, tu fais attendre ta belle-famille. » Cette fois-ci, les deux femmes présentent eurent le même petit sourire moqueur. Les Dangelo, était certainement l'un des seuls sujets sur lequel elles partageaient le même avis. Quelle idée de fiancer une démoniste au fils d'une famille de croyants purs et durs qui louaient le seigneur et sa grandeur. Autant fiancer le loup et l'agneau, le lion et l'antilope. (Le loup et la chèvre de Mr Seguin, Jafar et Abu, Raspoutine et Anastasia, Scar et Nala, Hansel et et la maison en pain d'épice. *sbaff*) La vieille femme tendit alors une petite coupe en pierre gravée remplie de cendre. Andromaque en prit une bonne poignet, s'approcha de la cheminée et posa son regard sur sa grand-mère, elle vit alors que cette dernière ne s'était pas préparée. « Vous ne venez pas ? » « Non, tu es invitée par Mme Dangelo. Elle est absente durant quelques temps, alors elle te propose d'en profiter pour rendre visite à Andrew. » C'est donc pour cela qu'elle n'était pas prête. Andromaque se rendrait seule chez son fiancé, pour passer du temps avec lui sur l'initiative de sa pseudo belle-mère. Quelle idée fantastique. Les deux familles pensaient que les enfants s'entendaient bien, allant même peut-être à penser qu'ils s'aimaient. Ce n'était pourtant pas le cas. Le volatile qui l'accompagnait toujours se posa alors sur son épaule dans un couinement, et la sorcière caressa son plumage soyeux.

« Manoir d'Angelo ! » La sorcière dit cela d'une voix claire et distincte et disparue ensuite dans une fumée verte. Il n'y avait rien de plus simple. Après un bref voyage elle se retrouva dans un autre salon, tout aussi impressionnant, mais bien loin de là ou elle habitait. Elle sortit de la cheminée et fut accueillie par une domestique, qu'elle n'avait jamais encore vu. « Bonjour Mademoiselle, nous vous attendions. Madame est absente et Andrew n'est pas encore levé, je vais vous accompagner jusqu'à sa chambre. Suivez-moi. » Elle la débarrassa de sa veste, dévoilant une robe couleur camel. Elle suivit la domestique jusqu'à la chambre d'Andrew devant laquelle elle la laissa. Andromaque pénétra alors dans la pièce plongée dans la pénombre. Apparemment, le jeune homme dormait toujours. La sorcière s'approcha du lit et, quand ses yeux furent habitués à l'obscurité, dévisagea longuement le bel apollon endormit. Cela ne lui ressemblait pas vraiment, d'être ainsi à contempler le visage d'un être humain, fait de chaire. Tendrement, quand elle fut assise au bord du lit, elle posa sa main sur la peau nu du sorcier, la laissant glisser délicatement et remonta jusqu'à son visage. Là, elle caressa sa joue de manière inconsciente espérant secrètement qu'il ne se réveillerait jamais. Elle ne l'aimait pas. Il était trop doux, trop gentil et n'avait aucune autorité, il n'était pas l'homme le plus intelligent de la planète et était trop touché par des choses que la sorcière jugeait d'insignifiantes. Comme l'amour, comme les femmes, comme ce genre de choses dont les adolescents faisaient leurs priorités. Ils se chamaillaient souvent. Ils pouvaient s'aimer un jour et se détester le lendemain, partager des éclats de rire le matin et des pics sanglants l'après-midi. Mais la sorcière ne comprenait toujours pas pourquoi est-ce qu'elle ne l'ignorait pas, tout simplement. Après tout ils vivaient dans un système social ou l'amour dans un mariage était superflu. Mais c'était plus fort qu'elle, elle ré acceptait toujours quand il revenait après un froid de quelques jours, après de cinglantes répliques. Mais cela toujours sans parler d'amour.