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Elladora KonstantineLYCAN DE TYPE C.F. propriété du ministère de la magie.
► MESSAGES : 456 Mar 30 Nov - 9:55 |
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| Nora, Johann & River De Lassithi.Il y eut un petit bruit quasiment imperceptible dans la nuit. Nora ouvrit un oeil. Johann avait un bras jeté en travers de son corps, elle sourit et se leva sans le réveiller pour aller voir dans la chambre de leur tout petit River. C’était un enfant calme, si calme. A la naissance il n’avait pas crié, il avait fallu que son grand-père le brusque un peu pour qu’on entende un petit couinement ridicule qui signifiait, oui mes poumons se sont bien déployés, je suis vivant. Au début, on avait regardé ce curieux petit garçon, tout frêle comme s’il n’en avait que pour quelques jours. Mais sa mère savait bien qu’il était juste calme. Tranquille comme le cours d’une rivière. Frêle parce qu’il était grand comme son père. Le reste viendrait après. C’était ce qu’avait dit Nora à toutes celles qui l’avaient critiquées. Elle avait d’abord cru que ça s’arrêterait avec sa grossesse, mais les louves l’avaient moquée parce que sa gestation leur semblait trop longue, malsaine presque. Ensuite, elle s’était dit qu’en voyant River grandir, elles seraient forcées de constater qu’il était bien le fils de Johann, digne du nom qui était le sien. Mais non. Dans le fond à la longue, Nora finissait par ne plus en faire cas. Elle poussa la porte sur laquelle des lettres RIVER étaient accrochées, peintes en différents tons de bleu. Le petit garçon attendait, debout dans son berceau, une sucette dans la bouche. Il sourit à sa mère et lui tendit les bras. Il n’avait jamais vraiment pleuré la nuit. Etait-ce l’instinct de sa mère qui faisait qu’elle se levait toujours au prélude des larmes, avant que cela ne devienne insupportable pour Johann, ou bien l’enfant qui, inconsciemment savait qu’il ne devait pas tenter le diable. Le fait était là quoiqu’il en soit. Elle le souleva dans ses bras et lui baisa le front. Il avait besoin d’être changer alors elle s’éclipsa dans la salle de bain avec lui. Nora le posa dans l’eau. C’était le moment qu’elle préférait avec lui. L’heure du bain, et parfois comme là, elle lui en donnait un dans la nuit, pour le recouchait parfaitement endormi, détendu par la chaleur. L’enfant éclaboussa sa mère et s'esclaffa, montrant ses petites dents de lait. Nora le sécha puis le remit au lit. Un baiser sur son front et il dormait. Il ressemblait beaucoup à Johann quand il avait cet air lisse des pierres, toujours tranquille. Elle retourna au lit, dormit jusqu’au lendemain matin à poings fermés. River lui, se réveilla au point du jour, en entendant son père se lever. Il eut un minuscule petit papa!, très enthousiaste pourtant. Puis il ne fit plus un bruit, assit sagement dans son petit lit à barrière, à jouer avec ses pieds en attendant que quelqu’un veuille bien venir le chercher. Et comme tous les matins où Johann s’était endormit calme et s’était réveillé tout aussi calme, il recula dans le couloir et entra dans la chambre, se dirigeant vers le petit lit. Il avisa son fils, un sourire un peu voyant sur les lèvres. River se leva tout de suite dans son lit, tout sourire. Le sourire, c’était celui de Nora. Et le grand loup se pencha, prenant dans ses bras la petite chose qui grandirait vite, comme lui l’avait fait. Il le prit dans les bras et sortit de la chambre, refermant la porte, puis partit tranquillement alla dans la cuisine pour le petit déjeuner. Il approcha de la chaise pour bébé qu’il avait fait, aussi bien que mal, et le posa à l’intérieur. Il releva le nez, voyant que la table était mise, mais pas de Nora à l’horizon. Il haussa finalement les épaules, attrapant le petit déjeuner préparé. Il se posa sur une chaise, et mit devant l’enfant un bol de plastique avec du lait froid, et des tartines juste à côté. River regardait son père avec de grands yeux étonnés puis il attrapa une tartine: “Machi papa.” Derrière eux il y eut un petit rire. Nora était réveillée, elle vint embrasser Johann puis lui servit son café, s’asseyant à côté de lui. Elle adorait les regarder tous les deux au matin, attendant que River ne menace de faire une catastrophe avec son bol de lait, parce que ça arrivait plus souvent qu’on n’aurait pu croire. Le plus souvent pour éviter le drame, le gamin se transformer et lapait son lait avec un petit air coupable. “ Bien dormi?” “ Comme toujours. ” Johann eut un fin sourire en reposant son café sur la table, le bol vide.” Et toi? ” “ Bien aussi. On a pris un bain nocturne entre deux et trois heures, et toi tu dormais comme un bébé.” C’était le plus souvent comme ça le matin. Ils discutaient un peu puis Nora allait s’occuper un peu du jardin. Elle emmenait toujours River dehors avec elle parce qu’elle n’aimait pas qu’il reste enfermer, sauf si c’était pour être avec son père. Le gamin courait un peu partout, cueillant des fleurs ou chassant un papillon. Puis Nora sortit son petit atelier de poterie, pour commencer à travailler. Le soleil était déjà bien chaud malgré qu’on fut à la fin de l’automne. Quelque fois elle arrivait à entraîner Johann dans son petit loisir, juste pour le plaisir de sentir leurs mains l’une contre l’autre dans l’argile. Mais ce matin là ce n’était pas le cas. Elle acheva quelques vases, et sans y prendre vraiment garde se dégagea le front du revers de la main laissant une trace rouge d’argile sur son front. Johann passa dans le jardin, un livre en main et s’arrêta. Il approcha lentement, passa sa main sur son front pour lui enlever l’argile sur son front. “ Tu en avais là. ” et il essuya sa main sur son propre vêtement, se souciant trop peu d’être sale. Un coffre sous la main, son regard glissa dans le petit jardin alors qu’il approchait calmement de River. Il posa sur le sol le coffre que les vieux avait fait pour lui, pour ce petit bonhomme que personne n’avait attendu, mais qui avait mis du baume aux Lassithi. Le premier garçon d’une nouvelle génération. Il posa sur le sol, alors que River approchait. Il ouvrit le coffre et posa une dizaine de cube de bois sur le sol, regardant l’enfant, ses réactions et ses envies, sans trop savoir quoi dire, comme toujours. Pourtant son fils était du genre très éveillé. Ces petits qui tiraient des sourires à leurs parents en faisant trois fois rien. Le premier mot de River de Lassithi avait été merci et le deuxième papa parce que c’était plus facile à dire que maman sans doute. Il savait écrire papa et nora de mémoire, comme sa mère le lui avait montré même s’il ne savait pas vraiment lire. Il se rappelait du dessin de ces mots et aussi de river. Alors quand son père lui sortait ses cubes il jouait avec, en faisait des pyramides où des mots incompréhensibles s’empilaient comme grzeba, gurk, ou encore mabatoubiki. Et il avait remarqué aussi que dans papa il y avait deux fois la lettre du nom de maman dans lequel il y avait la première lettre de son prénom à lui. De petites découvertes de rien du tout qui le ravissaient, et l’occupait des heures durant. Parfois on le voyait traverser toute la maison pour aller chercher son père, parce qu’il fallait absolument qu’il voit le nouveau mot qu’il avait inventer avec leur trois prénoms (parce qu’il est bien entendu que papa et maman s’appelaient, papa et maman mais que pour maman on écrivait nora, parce que c’était plus simple). Il écrivait: gnufr
mabatoubiki
river
papayagogo
ou encore:
noriverapap, paporaever.
Et il était relativement fier de lui. Surtout si ses parents arrivaient à se reconnaître là dedans. Parfois, comme ce matin, la pyramide s’écroulait et tout était à refaire, patiemment, longuement. “ Pfff. Ridicule!”, cingla une voix un peu pointue qui passait par hasard devant la maison de Johann et Nora. Et la réaction de Johann était directe, comme un petit saut d’humeur, comme si l’espace d’une seconde c’était le terrible Johann qui passait et prenait possession de son bras, qui prenait un cube pour le lançait vers la voix qui l’agacer, et comme la force du loup était d’autant plus remarquable qu’il n’en avait pas confiance, la voix pouvait crier à nouveau un fameux : “Aïeuh!!! Non mais t’es vraiment un grand malade Johann de Lassithi!!!” Heureusement pour la jeune fille, les paroles touchaient rarement le bon Johann et le laissait dans sa bulle de calme et de douceur. Alors il prit les cubes et fit une colonne sur cinq niveaux. Maman. Un nouveau mot. Un nouveau vocabulaire étrange pour l’enfant. Johann n’était peut-être pas le plus expressif des pères, mais il avait ce quelque chose dans l’oeil quand il s’occupait de son fils, cette façon d’être là et de le faire sentir, d’être protecteur à sa façon, sans jamais le montrer. Il était un père étrange, c’était sûr, mais au moins aimait-il l’enfant comme il était, c’est à dire le fruit d’un amour, de leur amour. Cet ange aux cheveux sombres et au sourire de Nora, c’était le leur. Leur enfant. Il se leva calmement, sortit du jardin pour ramasser le cube et retourna auprès de son fils, patient et calme comme toujours. Mais il y en avait une qui semblait n’avoir pas vraiment digérer cette vision quasi idyllique de la famille. La blonde assassina Nora du regard, puis passa son chemin, une idée en tête. River lui, posait sa tête contre la jambe de son père, pour faire un câlin, sans rien dire. Il prit d’autres de ses cubes, essayant de recopier ce que son père avait fait ce qui donna bien vite nanan puis maman. Juste le temps de faire la mise au point. Le M n’était donc pas juste un N mal dessiné. Plus tard dans la journée, le petit River accompagnait sa mère chez sa grand-mère, comme presque tous les jours. Nora jugeait que c’était bien qu’Héméra puisse le voir autant qu’elle le voulait et puis, elle avait quelque part peur qu’à trop rester uniquement avec eux à la maison, puisqu’il l’y avait pas de petit de son âge , il finisse par trop s’identifier à sa mère, humaine et peu appréciée parmi les louves tout du moins. “ Hum! Tu n’as rien de mieux à lui faire faire que de la poterie à ton chiard? Pas étonnant qu’il soit aussi maigrichon et faiblard.” “ Mon fils n’est pas maigrichon et faiblard.”, répondit Nora carrément sur la défensive, comme elle reconnaissait la blonde de ce matin-là. “ Il est complètement maigrichon et faiblard, ça se voit que c’est pas un loup.” La gifle partit toute seule. River fit un bond, peu habitué à voir sa mère violente. “ Va apporter le joli vase à mamie mon coeur, j’arrive.” “ Mais tu dis toujours, pas tout seul...”, c’était vrai, elle le disait souvent. Nora eut un sourire, ignorant du mieux qu’elle pouvait le commentaire méchant qui fleurissait l’arrière plan sonore. “ Mais cette fois maman dit que tu peux, regarde il n’y a que quelques mètres. Je te regarde. Montre comme tu es grand.” Et River tout fier sous l’oeil de sa mère, mais pas franchement rassuré de la laisser avec la méchante sorcière, s’en fut taper à la porte de sa grand mère. Il n’y avait vraiment pas plus de trois mètres de là à là mais même. Quand l’apporte s’ouvrit le petit garçon très poli expliqua: “ Pour toi!” en tendant à bout de bras le joli vase d’argile dans lequel Nora avait gravé des motifs. Héméra eut un petit rire, toujours radieuse quand elle voyait le petit River. Elle prit le vase dans les mains et entra dans la maison, mais s’arrêta bien vite, arquant un sourcil. “ Tu es tout seul? ” “ Mais non”, rit l’enfant en pointant sa mère du doigt, “ maman est avec la méchante sorcière.” A savoir que pour River à cet âge, tout ce qui était féminin et désagréable était une méchante sorcière, comme dans son livre de contes préférés, et si c’était masculin alors... il ne savait pas trop. Une méchante sorcière aussi peut-être. Il regardait sa grand mère l’air un peu chagrin. Il n’aimait pas trop qu’on embête sa maman et ça arrivait souvent, même si elle faisait toujours en sorte qu’il ne le remarque pas. Comme il était calme, il avait toujours tout le temps de réfléchir et d’observer un petit coin sombre sur le sourire de sa mère, ou de remarquer que ses cils étaient encore un peu mouillés. “ Sale garce! Tu oses me gifler? Tu sais au moins que si je le voulais je pourrais te briser en deux espèce de petite insolente.” “ Je ne suis pas insolente, je défends mon enfant, ce n’est pas de l’insolence c’est de l’instinct maternel! C’est naturel!” “ De l’instinct ahah! Bientôt elle va se prendre pour une louve la petite mortelle!” ajouta une brunette qui s’était arrêté, attirée par le scandale naissant comme une mouche par de la... bref. Héméra secoua la tête avec un air dépité. Ça ne se faisait pas. Ce n’était pas des manières. Les loups les plus purs des meutes ne regardaient pas le sang, il n’y avait vraiment que la vermine et les jeunes mordus pour le faire. Elle prit River dans les bras et alla dans le salon, passa la tête à travers la porte. Loki dormait, avachi dans le sofa, alors que Nabor écrivait quelque chose. “ Nabor, tu voudrais pas faire un tour dehors avant qu’il n’y ait un bain de sang? ” Le conseiller jeta un drôle de regard à Héméra mais ne répondit pas et se leva, se dirigeant vers la porte pour voir quelle était cette nouvelle attraction au sein du camp. Il passa la porte, la fermant sur Héméra qui gardait River loin de tout ça. Nabor avança vers le groupe juste avant que ça ne dégénère vraiment. La pauvre Nora se retrouvait au milieu des carnassiers, ou plutôt des charognards, qui se seraient bien fait un quatre heure d’elle s’il n’y avait pas eu un minimum de loi. L’une des filles aperçut Nabor du coin de l’oeil et donna un petit coup de coude à sa voisine. “ Oh Nora que ta robe est jolie tu l’as faite toi même?” “ Pardon? Je...” , Nora gardait cet air furieux sur le visage quoiqu’elle ne comprit pas très bien avant que qu’un géant ne lui cache le soleil dans le dos. “ Monsieur de Lassithi...” , tenta la blonde du début l’air franchement embarrassé, “ … nous étions justement en train de bavarder, j’espère que nous ne faisions pas trop de bruit. Vous faisiez la sieste peut-être?” Le regard de Nabor était terrible. En temps normal, il était franchement imbuvable le matin. Parce qu’il faisait pas mal de chose, et qu’on avait pas à le déranger pour rien. Et quand bien même on le dérangeait pour quelque chose de valable, ça le rendait toujours aussi incontrôlable. Il posa son regard sur celle qui semblait être la tête du groupe, un regard dépité et ennuyé à la fois. Il n’aimait pas vraiment l’attitude des louves du campement, mais elles étaient jeunes, et il fallait pardonner... Enfin, en théorie. Il posa son regard sur Nora. “ Laquelle ou lesquelles vous ennuient? ” Nora le regarda un petit instant, hésitante. Elle n’aimait pas l’idée de dénoncer ni celle de livrer ses bourreaux à un plus fort, même si une partie d’elle aurait rêvé de les voir se prendre une trempe une bonne fois pour toute. Mais son père ne l’avait pas élevée comme ça. Elle n’était pas lâche, juste moins forte que les autres. Pourtant ça ne l’empêchait pas de tenir tête, autant qu’il le fallait. Elle profita de ce que les autres filles perdaient leur moyen pour aller se ranger auprès de Nabor. “ Je crois bien qu’aucune d’elles n’a plus envie de m’ennuyer …” comme elle disait ça les autres zyeutaient de tous les côtés pour essayer de trouver une excuse pour partir. Mais... Nabor de Lassithi ne se déplaçait jamais pour rien. Il secoua doucement la tête, l’air dur. “ Toutes en rang. ” Et elles se rangèrent. Même si elles n’appartenaient pas à sa meute, le Conseiller avait ce droit de vie ou de mort sur chacune d’entre elles. Il était de leur ressort de décider qui méritait la vie, qui méritait la mort. Ils avaient été élevé dans ce but. Il dégaina son épée et on sentit la tension passait dans les rangs, mais il n’en fit rien. D’un coup sec il planta son épée dans le sol de terre, au grand soulagement de toutes. Il enleva le ruban rouge qui liait sa ceinture au fourreau, et détacha le fourreau de cuir rouge, regardant les jeunes filles une à une. “ Vous êtes louves, et tant que louves vous allez assumer vos actes. Je ne sais lesquelles m’ont réveillé, laquelle est cette sorcière qui a pu se montrer désagréable devant mon fils. Alors soit. Nous allons appliquer une loi toute lycane. Toi, toi et toi. A genoux, tête contre le sol. ” On ne dérangeait pas Nabor de Lassithi sans bonne raison. Il prit le fourreau et jugea les autres qui cherchaient déjà à détourner le regard. Il se fit plus froid encore. “ Nora, tu peux détourner le regard. Quant aux autres, chaque regard qui dévie sera punie d’un coup de fourreau. Vous êtes des louves, alors agissez en tant que telles. Vous ne valez pas mieux que quiconque ici. ” Il fit un pas et son pieds se posa sur la main de la première fille, de la blonde, qui sentait l’arrogance à plein nez. Comme si elle avait les moyens d’être arrogante. Le premier coup de fourreau sur son dos la fit se cambrer de douleur dans un gémissement plaintif. Il n’avait même pas frappé fort. Et il recommença, quatre fois de plus. De son temps, on frappait avec le plat de l’épée, ce qui infligeait bien souvent une double plaie dans les valons du dos. Mais on était plus de son époque. Il marcha lentement vers la seconde fille qui pleurait déjà, et recommença. Cinq coups. Et la dernière qui prit un coup plus violent que les autres peut-être, car elle eut du mal à se relever. Il les jugea à nouveau, remettant à sa ceinture le fourreau et l’arme précieuse à ses yeux. “ J’espère ne plus avoir à me répéter. ” Et elles détallèrent. Il tourna son regard sur Nora. La pauvre enfant était curieusement pâle, touchée par ce qui venait d’arriver en quelque sorte “par sa faute”. Il faut comprendre que Kveld et Kohar avaient élevé leur fille dans l’unique haine de la haine elle-même, et dans l’idée que la violence amenait pratiquement toujours un mal. Elle n’avait pas détourné le regard pendant que Nabor punissait ces filles, mais elle avait retenu un hoquet à chaque coup. Elle tremblait un peu, se sentait comme “responsable”. Mais elle était reconnaissante, hors la partie violente de l’intervention. “ Je suis désolée.”, s’excusa-t-elle, “ Je ne pensais pas que vous auriez entendu de si loin.”. Ça n’était pas “si loin” pour un loup mais à une oreille humaine, les fenêtres fermées, on aurait rien entendu. Il haussa les épaules. “ Tu n’as pas à être désolé. Je n’ai pas entendu pour tout dire, mais Héméra a vu, et pour qu’elle prenne River et m’appelle, c’est que ça ne devait pas être très agréable. Un tel comportement est intolérable en ces lieux. ” Son ton est dur, sec. Nabor, tout comme Vasco et Lapyx, étaient de la vieille école. Peut-être étaient-ils joyeux et de bons vivants, qui aimaient les bonnes choses sans trop s’y vautrer, mais ils étaient avant tout des guerriers, et un guerrier ne lève jamais la main sur plus faible que pour rendre la pareille. Ces louves, aussi jeunes soient-elles, méritaient les châtiments les plus primaires pour un comportement aussi primitif. C’était tout ce qu’il fallait voir dans le geste de Nabor, qui avait fait ça à son fils et à ses neveux, des siècles plus tôt, quand ces derniers avaient osé se battre dans le sanctuaire d’une tribus. Il y avait des règles, en guerre comme en dehors, et il fallait les respecter. “ Si tu te laisses faire, elles ne te lâcheront pas, et tu n’y arriveras pas seule. Ceux sont des louves, elles savent qu’à plusieurs et en encerclant une proie, elle se perds vite. Si tu n’appelles pas à l’aide pour toi, fais-le au moins pour ton fils Nora. Un jour, elles s’en prendront à ce que tu as de cher... Ceux sont des prédateurs. Elles ne te rateront pas. ” soupira t-il. Il lui montra la maison, où Héméra avait déjà installé le vase et parlait confiture avec River, confiture ou autre délice fruité qu’elle avait appris à faire, avec le temps, et l’entraînement. Dans le regard de Nora quelque chose avait changé, imperceptiblement. “ Vous avez raison... je devrais...”, mais la réflexion resta en suspend sur ses lèvres comme son fils lui faisait coucou, ravi de la voir entière visiblement. Et elle n’avait pas pleuré. La vérité c’était qu’à force, Nora pleurait peu souvent. Comme l’avait si justement souligné Nabor, c’était des prédateurs tenaces qu’elle avait sur le dos. Elle avait toujours le réflexe d’écarter River, de peur de ne pas pouvoir le protéger si ça en venait aux mains, mais pour elle même, elle n’avait que les mots. C’était aussi pour ça qu’elle ne laissait jamais River sans surveillance. Pas même pour traverser une rue. On lui disait ma pauvre fille tu es paranoïaque, tu en feras un trouillard de ton gamin mais elle n’était pas paranoïaque du tout. “... j’appellerai la prochaine fois. Avant que ça ne s’envenime d’avantage. Merci... d’être venu.” “ Maman t’as vu!” Nora sourit. “ Vous allez faire des confitures tous les deux?” Héméra eut un rire, un peu angoissée à vraie dire. “ Oh non... ” Nabor derrière bailla, des papiers plein lez mains. “ Elle a raté la confiture de lait. Ça donne un... truc immonde. ” Héméra fit la moue, gonflant ses joues pour ne pas hurler alors que Loki dormait. “ C’est pas i-mmon-de... C’est juste... mh... trop sucré. Nuance. ” reprit la blonde. Nora eut un petit rire doux. “ La confiture de lait ce n’est pas la plus facile non plus...” “ C’est quoi il monde mamie?” “ Immonde c’est quand c’est tellement mauvais que même les cochons en mangeraient pas. ” Et c’est Nabor qui prit un livre de recette dans la tête alors qu’il repartait, hilare, rédiger quelque chose dans le salon. Héméra roula des yeux, excédé par ces deux pitres qui remplissaient sa maison. “ De toute façon, je préfère les fraises et les mûres. ” annonça la blonde, comme si c’était une conclusion suffisante pour expliquer le fiasco de la veille. “ Moi je mangerai toutes tes confitures mamie, même les il-mondes.”, fit River pour consoler sa douce Héméra, quoiqu’il n’était pas trop sûr du goût que ça avait une confiture il-monde. Mais il avait lu dans son livre sur les animaux (enfin c’était maman qui avait lu mais ça ce n’était qu’un détail) que les cochons mangeaient de tout (un peu comme maman et grand père Kveld d’ailleurs) et que c’était des animaux très intelligents. Donc peut-être que la confiture il-monde c’était vraiment mais vraiment … il-monde quoi. Nora éclata de rire: “ C’est immonde mon chéri pas “il-monde”.” “ Iiiii-monde” “ Voilà.”, sa mère lui sourit puis s’adressant à Héméra “ il vous reste encore des mûres de la dernière fois?” La blonde eut un sourire : “ Oui oui. Je dois en avoir encore un bon kilo... enfin, si Loki n’est pas passé par là. ” elle eut un petit sourire, sortant d’un placard ce qui restait des cueillettes passées, aussi bien des mûres que des cerises qui, par un ingénieux système, restaient conservés pour une bonne semaine. Elle sortit une bassine de cuivre où il y avait, en effet, encore un bon paquet de mûres noires. La louve posa la gamelle sur la table, faisant bien attention de ne pas écraser les doigts du petit en passant. “ Voilà tout ce qu’il me reste. ” “ La prochaine fois alors nous vous amènerons les petites baies dorées qui poussent près de la maison. Si monsieur de mange pas tout en chemin. Hey! On demande la permission River...” “ Je peux mamie?” “ Oui, oui. Va y. Si ce n’est pas toi, ça sera ton grand père. ” Juste au même moment la porte s’ouvrit et c’est une grande perche aux cheveux bruns qui passa tranquillement le seuil, refermant la porte après lui. Le visage lisse et calme de Johann affichait un petit air content bien malgré lui, et Héméra vint embrasser la joue de son fils, toujours heureuse de le voir régulièrement. Il n’était pas le seul à venir, mais Oskar et Loà avaient leur vie, et ce n’était pas pareil. Peut-être parce que Johann avait toujours été le petit dont il fallait plus s’occuper que les autres, ou quelque chose comme ça. Peut-être aussi pour River. Johann et Sindri étaient les seuls qu’elle voyait tous les jours. Sindri à l’aube, parce qu’il passait toujours pour lui montrer ses nouvelles pièces, travaillant tard dans la nuit et pourtant toujours debout à l’aube. Et Johann, qui passait soit au matin après le petit-déjeuner, soit l’après-midi après la sieste de Loki qui, finalement, dormait tout le temps. Johann s’approcha de Nora, lui embrassa le front comme il faisait dès qu’il la voyait, et ébouriffa les cheveux du petit qui piochait dans la gamelle. Il fit de même, gobant une mûre. Mais à lui, personne ne ferait la remarquer, ou presque. Nora pouvait bien se vanter de parfois le remettre dans le droit chemin pour ses petits écarts de conduite. Il posa sur la table le hachoir qu’il avait emprunté deux jours plus tôt. C’était à Héméra qu’il l’avait pris, pour faire du, euh, comment on appelait ça déjà... pâté? Du pâté, oui. Sa mère eut un sourire et ramassa l’engin qui ressemblait plus à un instrument de torture que de cuisine. Johann se posa sur une chaise, regardant par la fenêtre, et son fils ne tarda pas à venir poser sa tête contre sa cuisse, sans plus bouger. River aimait beaucoup son père, même si comme lui, il ne disait souvent rien, s’exprimant en petits gestes ou en sourire. Sans jamais faire trop de bruit. Nora les regardait attendrie, puis l’après midi passa, elle et Héméra discutant cuisine et planifiant un petit repas de famille rien de bien méchant (au moins dix personnes en somme) tandis que River jouait à rien au pied de son père, un peu rêveur, un peu inventeur... à sa façon. “ Mamie? Pourquoi papi il dort tout le temps?”, finit par demander River, “ C’est parce que tu lui fais pas de bisous?” La blonde Héméra eut un sourire lupin alors qu’elle haussait un sourcil pour ce qui lui servait de mari depuis quelques siècles maintenant. “ Non, il dort parce que Mamie lui fait trop de bisous. ” Johann eut un sourire plus fin. “ Ah bon?” insista l’enfant qui n’était pas vraiment en âge de comprendre le second degré de cette phrase, d’autant que ses parents ne l’envoyaient jamais se coucher plus tôt et ne cherchaient jamais à s’éclipser de manière bizarre. Si River avait été le fils d’un Masael et d’une Leah, il aurait rigolé déjà à deux ans et aurait compris sans vraiment comprendre. Mais en la matière, ses parents étaient l’extrême opposé des Lusitanie, puisqu’ils semblaient être voués à l’abstinence. Bien sûr, le petit garçon ne se posait pas ce genre de question aussi, “ mais maman ça veut dire que la belle aux bois dormant elle a eu droit qu’à un bisous dans TOUTE sa vie!!! C’est triste...” Nora éclata de rire, caressant les cheveux de son fils. “ Mais non elle n’a pas eu qu’un seul bisous.” “ En tout cas mamie elle est encore plus belle que la belle au bois dormant.”, dit-il avec un sourire large. Et dans ces cas là, une grand-mère ne peut pas résister. Héméra rougit un peu, amusée et charmée à la fois par ce petit bout de chou qui ressemblait autant à son fils qu’à sa “fille”. Elle se pencha et prit l’enfant dans ses bras, le serrant un instant contre elle, puis finalement se releva, refermant les petits pots de confiture de mûre et mit un ruban rouge tout autour, parce que Héméra raffolait de ces détails que personne ne remarque, mais qui fait qu’une oeuvre d’art en est une. Loki se leva à ce moment, baillant, dévoilant une mâchoire impressionnante. Il cligna des yeux, remarquant qu’il y avait tout le monde dans la cuisine. Il s’étira, voyant également que Nabor avait déguerpi depuis longtemps, l’infâme. Il salua Nora, et tapota la tête de River, comme son père avait eut l’habitude de faire avant lui. A croire que c’était le “salut affectif” chez les loups. “ Oh tiens, de la confiture... ” “ T’y touches, et tu vas souffrir, Loki. ” Le pauvre mari jeta un regard désespéré, mais dans cette maison, c’était Héméra qui commandait. Il abandonna bien vite et se posa autour de la table, affamé par l’odeur. Après tout, ça ne se mangeait pas chaud une confiture - encore que, pour lui, c’était pareil. Le petit garçon suivit son grand père des yeux et lui fit: “ Tiens papi. On pa’tage?” Parce que pour être gourmand, River n’était pas un petit glouton. Il avait encore cinq mûres dans sa main et il les donnait de bon coeur. Loki eut un rire, amusé, alors qu’il tendait la main pour recevoir les mûres. Héméra fit la moue, prête à lui dire “tu devrais avoir honte d’accepter”, mais elle ne dit rien, parce que cela faisait plaisir au petit, et que Loki n’était pas le genre d’homme à refuser un cadeau, des mûres au dessin qui ne ressemblait à rien que Sindri avait eut l’habitude, petit, de leur offrir régulièrement, et qu’il avait toujours pris soin de féliciter son fils de ses prouesses avec Sasha. Parce qu’on avance pas avec des paroles trop sèches, ou tout du moins que ça n’allait pas aider cet enfant là en particulier. Il prit River sur son genoux et goba les mûres, sous le regard amusé d’Héméra. Johann tournait les pages du livre de recette, sans bien saisir ce que pouvait être le curry. Puis comme ça l’heure tourna encore un peu plus et ce n’est que quand la nuit fut tombé qu’on se rendit compte que la journée avait passé. “ Maman c’est tout noir dehors.” “ Oui tu as raison, on devrait peut-être rentrer non?” “ On va rentrer. ” Johann se leva, et Loki fit de même, reposant sur le sol le petit garçon, une main large sur sa tête. Johann avait les mêmes réflexes, les mêmes façons d’être avec River. Il n’était qu’une copie de son père, plus calme et plus attentif peut-être. Il fallait dire que pour l’instant, ils n’avaient qu’un enfant, et ce n’était pas un Jonas ou une Loà. C’était mieux : une bénédiction. Johann laissa Nora prendre le petit alors qu’il prit les deux pots de confiture qui leur été réservé, et ouvrit la porte. River et Nora embrassèrent Héméra et Loki, puis la petite famille sortit, marchant main dans la main dans la rue ou quelques autres loups discutaient et les regardaient passer sans faire la moindre remarque, sans même qu’un regard torve ne vienne gâcher ce moment. Les loups étaient beaucoup moins problématique que les louves. Et la petite histoire de ce matin avait déjà fait dix fois le tour. La maison de Johann et Nora se trouvait un peu excentrée du reste, plus proche de la maison de Kveld, pour que celui-ci puisse se rassurer en gardant un oeil sur sa fille et peut-être aussi parce que quand ils avaient commencé à vivre ensemble, Nora n’avait pas encore vraiment quitté le nid familial. Depuis elle avait grandi, mais elle aimait pouvoir parler à son père d’un jardin à l’autre. Ils prirent donc le petit chemin qui s’écartait du groupement de maison, et pour un court instant, il faisait noir. Mais l’air était bon et l’on continuait à discuter. C’était surtout Nora qui parlait en fait, River posait quelques questions par moment mais sans plus. Il ne se passa rien de bien remarquable jusqu’à ce qu’ils arrivent à portée de vue de la maison. Rien ne pouvait vraiment expliquer ce drôle de réflexe que Nora avait eu - le fameux instinct maternel peut-être - de se pencher, protégeant d’une main la tête de River qui ne comprit même pas ce qui se passait. Un projectile fusa. Un caillou vraisemblablement. Nora le prit sur le front mais son mouvement de réflexe permit qu’elle ne le prit pas de plein fouet. Elle saigna un peu mais ce n’était presque rien comparé à ce que ça aurait pu ou dû être. River prit l’air inquiet à voir sa mère serrer les dents. On entendit détaller, mais l’attention du petit était sur Nora. “ Mamaan...” “ C’est rien chéri, on va vite rentrer.”, assura-t-elle en se releva, les dents serrées pour ne pas pleurer de douleur. Elle avait surtout eu peur. Mais ça, c’était trop. Johann tourna le dos. Pas vraiment changé, toujours calme, mais un calme qui prépare la tempête. Johann était orage. Changeant et violent à la fois. Il fit un pas, et retomba sur le sol sous sa forme lupine, repartant par là où il avait entendu le bruit. Sur ses quatre pattes, il ne mettrait pas longtemps à retrouver ceux qui avaient osé s’en prendre à Nora et River. Ils n’avaient qu’à bien se tenir. “ Johann non!!” Elle ne criait pas pour l’empêcher de les venger mais parce que s’il n’était plus près d’eux, comme Nabor l’avait souligné, elle et le petit étaient sans défense, elle courut jusqu’à la porte de son père, où il y avait toujours quelqu’un quand elle en avait besoin. Elle ne voulait pas que Johann tue, elle ne savait pas ce qu’il allait faire, et elle ne laisserait jamais son fils seul alors elle frappa à la porte, avec plus de vigueur que d’ordinaire. Kveld ouvrit presque aussitôt, intrigué. Il pencha la tête en voyant Nora et le petit, et son flair le renseigna aussitôt. Il sentit un frisson lui remontait l’échine, son visage se transformant aussitôt. “ Il a osé...?! ” “ Non papa. Il ne … je t’en prie j’ai besoin que tu gardes River pour ce soir. Johann... il va s’attirer des ennuis. Il ne cherche qu’à nous défendre.”, elle avait le visage marqué par l’urgence et l’inquiétude. Kveld prit l’enfant dans ses bras, sans trop comprendre, et tourna le visage vers Kohar, sans bien saisir. Il ne se tenait pas assez avec les autres loups pour comprendre ce qui se passaient. Les rares fois où il passait au coeur du campement, c’était pour voir ses frères, et toujours de nuit. Quelle drôle de chose tout de même. Il resta un instant bête sur le seuil, tiraillait entre son instinct qui lui dictait de sortir et de la suivre, et son autre petite voix qui lui ordonnait de rester dans cette baraque. Il fronça les sourcils, refermant la porte et regarda River, passant ses mains chaudes sur son visage. “ Qu’est-il arrivé? Il est où ton Papa? ” Kohar s’était volatilisée derrière lui, le temps d’arrêter leur fille, de lui demander si elle voulait qu’on l’accompagne mais la réponse fut nette: surtout pas. Si Johann se sentait attaqué, ou s’il sentait qu’on était contre lui, il deviendrait hors de tout contrôle. Vraiment. “ Y a une sorcière qui a jeté un caillou à ma maman...”, racontait River entre ses larmes. Lui aussi avait peur, parce qu’il savait que sa maman était plus fragile que les autres, et parfois son papa faisait des bêtises. Il se rappèlerait toujours avoir cassé une petite danseuse en cristal dans une boîte à musique et s’être demandé à quel point sa maman était fragile. Quand elle se piquait le doigt en faisant la couture, est-ce qu’elle pouvait perdre tout son sang et mourir? Et si oui, un caillou qu’est-ce que ça pouvait bien faire? Les larmes ruisselaient sur les mains de Kveld, grosses comme des perles. Dehors Nora courait après un Johann invisible. Il n’y avait que les branches un peu cassées pour lui suggérer un chemin plutôt qu’un autre, et dans le noir elle appelait. Qu’il revienne... qu’il revienne maintenant avant qu’il ne soit trop tard. Au contraire devant Johann, un gros loup au pelage filasse fuyait la queue entre les pattes. C’était un mâle. Et il n’avait pas apprécié d’apprendre que sa soeur avait reçu une correction par la faute de cette ridicule petite mortelle qui faisaient enrager les louves célibataires. Cette malheureuse petite humaine qui s’époumonait dans la forêt, à la merci de tous les autres prédateurs. Et que ce mâle s’en prenne à sa femme ou à son fils, ça ne passait pas. C’est un mâle tout aussi gros qui poursuivait un autre. Le pelage de Johann était court, d’un noir abyssale, mais ses pattes et son buste était blanc comme neige. Un magnifique pelage de Lassithi, un noir balzan blanc. Et comme n’importe quel autre Lassithi, Johann avait la rage. Parce que toutes ses branches qui avaient atterri contre sa gueule l’avait mis en rogne, parce que courir après quelqu’un, il détestait ça. Il aurait pu abandonner, mais il n’abandonnerait pas. D’une parce qu’il était en colère, et de deux parce qu’il avait raison. Parce que s’il le pouvait, il le crèverait. Il le clouerait au sol et lui arracherait la nuque. Le loup balzan prit de l’allure, plus qu’il n’en aurait fallu et sa gueule se referma sur la queue du mâle devant lui, le tirant d’un coup sec, sa gueule s’ouvrant à nouveau mais cette fois-ci pour attraper la gorge du mâle, le clouant aussitôt au sol. Le loup en dessous Johann donnait des coups de patte furieux et inquiets, mais c’était trop tard maintenant que le loup de Lassithi avait une prise. Entendant les grognements rageurs qu’elle reconnaissait pour être ceux de Johann, Nora accéléra encore un peu plus. L’air dans ses yeux lui tirait des larmes, mais elle avait surtout peur d’arriver trop tard. Elle déboula dans la clairière de petits arbustes brisés, tombant nez à nez avec deux colosses dont l’un était déjà soumis. “ JOHANN!!”, elle se précipita vers lui, minuscule et vulnérable, le regard suppliant. Ce regard là disait, fais lui ce que tu veux mais ne le tue pas je t’en prie. Parce qu’elle avait beau ne pas être louve, elle connaissait la loi des loups. Le loup balzan la fixa, l’observa, et reporta son attention sur le loup qui pignait sous lui, la queue entre les pattes, poussant des couinements de douleur. L’hésitation était là. Mordre plus profond encore et tirait d’un coup sec pour le tuer, ou alors cesser, et prendre le risque que tout recommence. Subir la peine de l’exil ou avoir confiance en ces chiens. Le prince de Lassithi resta un instant immobile, puis sa gueule se défit lentement de la chaire, et de ses dents un filet de bave rougeâtre coula, alors que le loup soumis se dégageait lentement, les oreilles basses et la queue toujours ramassée, rampant sur le sol plus loin. Puis il dégagea, juste, profitant de la bonté du loup. Johann se pourlécha les babines, pour enlever ce goût atroce, et se tourna vers Nora, le regard fixe. La reconnaissait-il? Peut-être. Peut-être pas. C’était un mystère de la nature. On racontait que des loups dévoraient leur femme. Peut-être était-ce vrai. Il se rapprocha d’elle, amas de muscle et de poil, et sa langue passa sur son visage, léchant son front, avant qu’il ne glisse sa large gueule sous son bras, grognant encore un peu. Elle posa sa tête un instant sur ces larges épaules puis souffla: “ Rentrons... J’ai laissé River chez mes parents il doit déjà dormir...” Sa main glissa tendrement sur le pelage de Johann puis elle fit les premiers pas en direction de leur maison. Il grognait derrière elle, irascible, mais elle le comprenait. Elle ne dit rien. Elle passa en coup de vent chez ses parents pour les rassurer, aussi pour voir si tout allait bien. River dormait profondément alors elle ne voulut pas le réveiller et rejoignit Johann chez eux. Le loup passa la porte avec un peu de mal, comme on avait pas l’habitude de rentrer sous sa forme lycane chez soit, mais il passa. Il disparu bien vite dans la salle de bain, pour rinça sa bouche et prendre une douche, pour exploser également une énième fois le miroir par la colère. Le terrible Johann était là, toujours au rendez-vous, le regard fixe et la pupille rétractée au maximum. Il alla dans la chambre et glissa dans le lit quand Nora passa à la porte de la maison. Lui regardait le plafond, passant dans son esprit cent scénarios où la fin était la même : ce pauvre mec mourrait, tantôt les boyaux à l’air, tantôt égorgé, tantôt saigné. Tant de rêves à prévoir. Nora elle aussi était sombre. C’était à son fils qu’on s’en était pris, plus qu’à elle. Elle alla se rincer la figure et retrouva Johann dans leur chambre. “ Il dormait à poings fermés...”. Elle se glissa dans le lit, tout contre lui, plus encore qu’à l’habitude. Cherchant sa chaleur réconfortante. Une caresse posée sur son visage comme toujours quand il était de si noire humeur. Elle avait l’air pensive Nora, mais toujours douce pourtant. Lui n’était pas doux. Il ne l’était jamais vraiment. Parfois trop froid, si peu expressif, parfois trop dur et trop terrible, mais Johann était extrême, il ne connaissait pas les sentiments moyens. Il appuya son front contre le sien, le corps se crispant comme à chaque fois qu’il était fâché et qu’elle était là, si proche, si belle. Pourquoi l’avait-il aimé elle plutôt que les autres? Il y avait certainement plus beau que Nora. Il y avait le bijou brillant qu’était Ella, et aussi l’éclat de feu qu’était la jolie Milly. Il y avait toutes ses femmes, belles et aguicheuses, mais aucune n’avait, dans l’oeil du loup, la beauté de Nora. Ses cheveux de blé, son visage toujours doux, et son caractère. La seule qui pouvait dictait au loup fou ce qu’il devait faire ou ne pas faire. La seule qu’il aimait à ce point. Ses mains passèrent sur ses hanches, et il tiqua. Il s’immobilisa dans le lit. La blesser, ou fuir, encore une fois, une centième fois en deux ans. Il la fixa, cherchant quelque chose dans ses yeux. Peut-être une approbation. Après tout, elle pouvait ne pas avoir envie après toute cette histoire... Et il n’avait pas à refaire deux fois la même erreur. Mais c’était plus compliqué que cela à la vérité. En deux ans, presque trois, Nora en avait souvent eu envie. Pas au tout début bien sûr mais, petit à petit, l’envie était revenue, puis elle avait été trop enceinte, puis après l’accouchement c’était son corps qui n’en n’aurait pas voulu. Puis elle avait été trop “mère”, peut-être gênée à l’idée que son enfant dormait dans la pièce juste à côté. Leur regard se croisèrent, puis elle posa ses lèvres contre les siennes, de cette manière là qu’elle n’avait plus tant osé depuis... enfin. De cette manière là. Deux ans c’était long pour quelqu’un qui n’avait pas l’éternité, mais surtout pour quelqu’un qui aimait aussi sincèrement que Nora. Qui pouvait presque tout pardonner. Une main posée sur le coeur de Johann, l’autre sur son visage, elle la donnait son approbation. Et sans mal. Il ferma les yeux un instant, son pieds droit bougeant régulièrement, comme il cherchait à repousser cette envie passionnée de tout détruire pour mieux posséder. Puis il rouvrit les yeux, bleus sombres sur cette femme qui l’aimait, qui l’aimait assez, non, qui l’aimait tellement qu’elle lui avait tout donné. Même un enfant. Il dévora sa bouche comme seul un loup peut le faire, la chaleur naturelle de sa peau ajoutant au toucher de sa main sur sa joue quelque chose de plus que les humains n’avaient pas. Il se rapprocha dans le lit, d’elle, plus encore, passant une jambe sur la sienne sans bouger davantage, profitant de ses lèvres comme il avait rarement le plaisir de le faire. Ce n’était pas tant qu’il n’aimait pas l’embrasser, mais son autre personnalité était trop sage, trop parfaite et trop calme pour ce genre de folie. Il ne le ferait jamais, tout ce que lui avait envie, la prendre par la taille et la violer du regard devant tout le monde. Ces folies dont on ne fait que rêver. Soulever sa jupe en public, juste par envie. Ce genre de bêtise d’adolescent, que les hommes taisent derrière un sourire moqueur et amusé. Il la fixait pendant leur baiser, il voulait voir chaque expression, s’en imprégnait, pour en avoir un souvenir. Il voulait sentir chaque frisson sur son corps, chaque tremblement, entendre chaque soupire, pourvu qu’il y en est. Johann passa sa main gauche - comme il était couché sur le côté droit - sur la gorge de la jeune fille, et descendit lentement le long de son épaule, puis de ses hanches, la rapprochant encore plus de lui. Et elle ne cillait pas, si différente de l’enfant terrorisée qu’elle avait été lors de leur première nuit. Elle suivait la caresse d’un oeil de velours, et la lui rendait avant de s’asseoir dans le lit, comme il s’arrêtait sur sa hanche. Elle le regarda longuement, puis retira d’elle même sa chemise de nuit, un brin pudique mais plus tant qu’avant. Puis elle revint se lover contre lui, avide de ses lèvres et de ses caresses pourtant elle ne devenait pas ce genre de femmes qui ne visitent les hommes que dans leur fantasme. Elle restait Nora, Sainte Nora, qui se donnait à lui, son Johann. Enfin. Fallait-il qu’elle soit si belle qu’il serait mort pour elle? Johann la regarda, et il aurait pu se jeter sur elle s’il n’avait pas su que cela n’aurait en rien aidé, n’aurait fait que la brusquer. Il resta allongé, à la fixer en retour, et quand elle découvrait son corps de femme, il y eut quelque chose qui s’alluma, plus violent en lui. Le désir. Cette chose qu’il ne comprenait pas quand il était calme, cette chose qu’il ne contrôlait et ne pouvait dompter lorsqu’il était énervé. Il était fasciné, par ses formes, par sa façon de revenir à lui sans trembler, d’entièrement s’abandonner, sans crainte, sans peur. Et sa main tremblait comme elle la touchait. Il caressa sa nuque, y posa sa main large, possessive, comme Nora n’appartenait qu’à lui et lui appartiendrait éternellement, qu’elle le veuille ou non. Il embrassait sa bouche, fiévreux, alors que son corps entier flambait, restreint au contrôle que la raison lui imposée. C’était une torture, plus douloureuse encore que lorsqu’il avait épargné le loup. A un moment pourtant sa raison faiblit peut-être comme sa main se posa sur sa cuisse de la jeune fille, la glissant doucement sur sa jambe, rapprochant davantage encore leur deux bassins. Impatient, il l’était. Mais c’est parce qu’il n’était qu’orage, et qu’un orage ne demande qu’à frapper violemment. Sa bouche quitta finalement sa bouche, embrassant son menton puis sa gorge, léchant sans honte l’arrête de son visage, remontant lentement jusqu’à son oreille qu’il lécha également, haletant presque à son oreille. Elle eut un de ces petits rires lumineux comme parfois elle pouvait être chatouilleuse, et surtout parce que c’était la première fois qu’ils s’adonnaient à ce genre de jeu tous les deux. Leur étreinte était voluptueuse, un moment de légèreté pour Nora. Un moment véritablement heureux. Elle l’enlaçait dans ses bras et sourit à le voir se contenir, par égard pour elle. Ça la toucha et elle lui murmura: “ Sois-toi mon amour, ne te retiens pas comme ça...” Elle lui caressa la joue de l’index, souriante et amoureuse. Ses yeux verts étaient doux et rieurs à la fois, c’était un ravissement de pouvoir simplement la regarder. Un rayon de soleil dans l’obscurité. Elle avait guéri du traumatisme, et elle avait grandi, tellement grandi, depuis. | |
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Wolfgang S. OrlovDANGER POTENTIEL ► roi des lycanthropes.
► MESSAGES : 585 Mar 30 Nov - 10:24 |
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Il la regarda, du coin de l’oeil, comme s’il ne comprenait pas sur le moment. Croyait-elle qu’avec ses bras elle pouvait le contenir, ne pas avoir mal peut-être? Peut-être. Il eut un moment de réflexion, puis finalement il bougea dans le lit, glissant sur elle pour finalement se dresser, agenouiller devant elle. Il la regardait. Leur deux corps formaient une équerre parfaite. Elle était là, allongée sur le dos, le regardant, magnifique en tenue d’Eve, ou presque. Un tissu lui barrait la route. Il haussa un sourcil, ses mains passant sur ses cuisses pour finalement se poser sur l’élastique du sous-vêtement, le laissant glisser le long des gambettes de la blonde, la jetant sur le sol. Nue maintenant. Nue et belle pourtant. Tellement plus belle que ces louves fades qui traînaient dehors, qui le regardaient, avides. Si pourries à l’intérieur, quand sa Nora était pure et magnifique. Il eut un sourire, un peu malsain c’est vrai, alors que ses mains baissaient son caleçon, sans honte et sans pudeur. La nudité n’était pas un problème, elle n’était pas une fatalité. Qu’une chose naturelle. Comme faire l’amour, ou manger. Le loup se pencha au dessus de l’humaine, les bras tendus posés de chaque côté de sa tête alors qu’il embrassait sa bouche, fièvreux et un peu brusque, mais surtout passioné. Ses lèvres embrassèrent sa gorge, toujours sa gorge, avec cette satané envie d’y mordre sans qu’il ne le fasse. Ses hanches se rapprochèrent des siennes, pas vraiment patientes, et c’est dans un grognement qu’il se rapproche pour s’unir, pour ne plus faire qu’un. Il ne viole pas ses chairs, pas cette fois, mais il les découvre, il connaît la chaleur dans les mains de la jeune fille, il voit le désir dans ses yeux et ça lui fait quelque chose de bizarre à l’intérieur. Il rougit sans le savoir, les yeux un peu plus clair qu’à l’habituel peut-être. Cette fois ce n’est pas des pleurs et des cris qui s’envolent du bord des lèvres de Nora, c’est plutôt un petit soupir de plaisir intense et de surprise mêlée. Elle n’avait jamais vraiment su ce que ça faisait avant ça. Ses doigts cherchèrent à faire des entrelacs avec ceux de Johann, et quand elle le vit rougir, elle sentit son corps s’emballer. Elle se sentait si légère dans ses bras cette nuit, et dans sa légèreté elle était accueillante, la beau doucement brûlante le corps parfaitement détendu. Elle aussi découvrait, pas à pas, avec lui. Son corps. Le sien. Elle découvrait ce que c’était que de soupirer de plaisir, et de pouvoir regarder le visage de Johann, comme une mer dont les vagues auraient exprimées une multitude de choses, mais toujours à leur façon. Bien à elle. Doucement ses doigts suivent les mille chemins invisibles qui courent la peau de Johann, et ses dessins saillants. Ses mains dévalent ce corps qu’elle connait pourtant bien sans se l’être jamais à ce point approprié, puis elles en refont l’ascension encore et encore, comme pour en imprimer la chaleur et le tracé dans les paumes de ses mains. Johann se l’approprie entièrement, ses mouvements sont lascifs parce qu’il a besoin de sentir sa peau, de la voir rougir et de l’aimer à ce moment. Ce n’est pas qu’il est égoïste, parce qu’il la regarde toujours, parce que ses doigts caressent sa peau pour lui faire sentir qu’il l’aime, qu’il l’aime comme on aime qu’une fois dit-on chez les siens. Il aime son corps, doux et chaud, tendre de chaire humaine. Elle est douce comme la neige, sa Nora, douce comme un peu de rosée sur les fleurs du jardin, et sa voix chante une petite symphonie, rien que pour lui. Il n’y aura que lui qui l’entendra, et l’idée lui plaît. Il est égoïste : il ne gardera ce petit moineau que pour lui. Alors il l’accroche un peu plus, son souffle se fait plus court quand il la sert contre lui, assis dans ce lit, avec cette humaine, si fragile, brûlante pourtant. Il embrasse sa poitrine, s’en délecte autant qu’il aime son corps, qu’il aime ses mouvements et ses soupirs. Il l’aime, c’est plus profond que physique. C’est autre chose, et il n’en ait pas encore conscient. Et elle, suave entre ses mains, en amazone rougissante sur son prince, tremble de tout son corps. Pas de froid. Pas de peur. Mais de cette chose si curieuse qu’est l’amour quand il est spirituel et physique à la fois. Il y a ce sentiment terrible de plénitude qui les tient attaché l’un à l’autre comme, pour un moment, un seul et même corps. Elle rougit dans ces bras-là Nora, parce qu’elle aime et parce qu’elle ne regarde poser sa bouche sur ses seins. Parce qu’elle le voit brûler et dévorer de tout son amour, voilà pourquoi elle rougit. Doucement, comme elle apprend à prendre et à donner ce plaisir là, elle se cambre et son ventre vient se coller contre celui de Johann, leur coeur échangeant des mots d’amour en morse. Une longue cascade dorée choit lentement dans le dos de Nora et comme le plaisir augmente un peu plus à chaque ressac de leur corps étreints, elle revient humblement poser son front sur l’épaule de son amant, lovée, presque réfugiée contre son corps alors que ses bras l’étreignent et que ses mains se tiennent à ses épaules si larges, si fortes. Si sûres. Il se sent tremblé contre elle, sa bouche entrouverte soufflant, soupirant à chaque mouvement plus lascif, plus lent que le précédent, et il sait qu’il ne pourra plus jamais s’en détacher, pas après ça, pas pour rien. Si ce n’est la mort qui les sépare, alors ils seront uns éternellement. Un instant même il oublie où ils sont, ce qu’ils sont. Il l’aime et c’est tout ce qui compte. Il la garde contre lui, ses mains dans son dos, qui cherche, qui apprenne et découvre le moindre vallon de ses reins, et les minutes étaient secondes dans son esprit, car il ne se lassait pas de son corps, de ses mouvements, de ses cheveux qu’il respirait. Un frisson plus fort remonta sa colonne vertébrale, en sentant le désir plus grand peut-être, et sans s’en rendre compte son corps se fit plus brute, plus passioné aussi, et il halète plus fort, ses râles se font plus longs, moins controlés, et c’est tout proche de son oreille qu’il soupire longuement, ses mains se faisant plus pressante sur ses hanches, dictant le mouvement et le rythme, alors que c’est son coeur qui s’affole dans sa poitrine. Son estomac se noue, il ferme les yeux, fièvreux au point d’en mourir. Nora le serre entre ses bras de plus en plus fort, tout autant qu’elle serre ses cuisses autour de son bassin parce que le plaisir devient trop grand. Elle buvait les soupirs de Johann , cueillis sur ses lèvres même et l’abreuvait en retour des siens. Plus marqués, plus articulés qu’au tout début. Par moment on y discernait un johann, ou un je t’aime. A cet instant dans un monde des idées et des mots, il n’existait que ceux-là, mais ils étaient délicieux aux lèvres et à l’ouïe. Elle avait fermé les yeux, parfaitement abandonné à lui et maintenant, elle sentait en elle comme une petite furie prête à raser tout l’univers dans un prochain et ultime soupir. Cette chanson, il l’entendait. Ca faisait un drôle de bruit dans son crâne, ça se répercutait. Il serra les dents, fronçant doucement les sourcils comme son corps ne lui appartenait plus, comme il ne contrôlait plus rien, pas même ce corps. Il était lâch, ce corps, il l’abandonnait quand il avait le plus besoin de lui. C’est un râle, plus fort que les autres, plus long aussi, qui ponctua la pointe ultime du désir, un pic enfoncé bien profond dans le coeur quand ce dernier accélère d’un coup et ralentit aussitôt. Ca fait un peu mal sur le coup, mais la douleur est si bonne quand Johann se laisse retomber mollement sur le dos, sa petite Nora sur le torse, et qu’il l’entoure de ses bras, caresse ses cheveux en regardant le plafond. Comme il est beau ce plafond, sans trop savoir pourquoi il s’y dessine une aurore boréale, ou quelque chose du même genre. Un arc-en-ciel de rouge et de bleu mêlé. Il a un sourire fin sur la bouche, bien prononcé, alors que ses yeux brillent un peu. Pas qu’il a pleurer, mais bordel, qu’est-ce qu’il se sent bien là, comme ça. Les yeux clos, Nora écoute le coeur de Johann, et elle sourit elle aussi. Il lui faut le temps de retrouver le souffle qu’il lui a volé, non, qu’elle lui a donné de bon coeur. Ses doigts font des dessins en arabesque sur le torse de Johann et cet instant est tout simplement... est-ce ça l’Eden? Oui c’est ça. C’est ce moment extrême, intense et innocent à la fois qu’ils ont partagé et qu’ils partagent encore. Doucement, après quelques baisers échangés, elle va s’endormir comme ça, sur lui. Et ils se tiendront chaud l’un l’autre jusqu’au matin, quand leur moment ce sera envolé, mais pas perdu. Au réveil elle a un sourire tendre mais quelque chose de sérieux dans l’oeil. Elle ne se lève pas tout de suite, elle attend qu’il ouvre un yeux et le regarde longuement, sans pouvoir s’empêcher de refaire une millième fois le carré de son visage d’une main douce. En se réveillant sa première pensée a été pour le fils, qui devait encore dormir. Alors il n’y avait rien d’étonnant à ce que, plus grave, elle finisse par dire:
“ Johann... j’ai décidé...”
Décidé quoi direz vous. Mais Johann lui saurait très bien quoi. Il la fixe, droit dans les yeux. C’est un matin paisible. Vraiment paisible. Peut-être même le premier matin où ils se réveillent ensemble, en choeur, et encore uns. Il regarde la fenêtre, un instant, se reconnecte à ce monde étrange, mais c’est un prétexte. Il cherche à s’échapper, pourvu que ça marche, et non. Ça ne marche pas. Il repose son regard sur elle, passe sa main dans ses cheveux, doux.
“ Tu le veux vraiment? Tu n’as pas à te forcer. ”
Elle le regarde, presque sereine. Elle sait ce qu’elle risque, ce qu’elle gagne, ce qu’elle perd. Elle sert doucement ses doigts et les porte à ses lèvres.
“ C’est ce que je veux. Je... je veux pouvoir défendre notre fils quand il le faut, je veux... être là tout simplement, le voir grandir, avec toi. Ne pas avoir peur qu’un pauvre hiver, une grippe ou que sais-je, ne nous sépare. Et surtout... ne jamais te quitter. Jamais.”
Il embrasse ses doigts, un sourire léger sur les lèvres comme il embrasse son front. Il sait ce qu’il peut perdre dans cette histoire, mais aujourd’hui ou dans dix ans et cette peur ne disparaîtra pas. Au mieux, on se moquera de cette vieille femme de trente ans qui a épousé un loup qui est plus jeune physiquement d’une dizaine d’année. Il ferme les yeux, et les rouvre. La pleine lune est dans treize jours. Alors il lui restera treize jour pour se décider réellment, si elle veut ou non devenir une lycane. Il a un sourire, alors qu’il l’embrasse, une dernière fois aussi tendrement. Si ça ne passe pas, alors il aura véritablement foiré sa vie, sa vie et tout le reste.
“ Où veux-tu que je te morde? ” Parce qu’il n’y aura que la morsure du loup qui deviendra une cicatrice, éternelle sur le corps du mordu. Parce que c’est comme une bague de fiancaille : on devrait avoir à la choisir, de la forme à l’emplacement. Mais Nora aux yeux de mortelle ne voit pas tout cela. Elle l’attire contre elle, aimante:
“ Où tu voudras bien...”
Il ne sait pas bien où on peut mordre une femme. A la nuque, et ça serait comme être un de ces mâles dominants sans coeur et sans pitié. La mordre à la cuisse, et ça serait intime comme endroit. Ailleurs? Etrange chose. Il ne sait pas, il hésite. La gorge, et c’est le sang qui noierait leur lit, et puis, c’est trop voyant à la gorge. A l’épaule? Il se redresse un peu dans le lit, la laissant tomber à côté de lui alors qu’il se voûte, sa bouche épouse sa hanche. Ici ou ailleurs, ça serait pareil. Mais ici, il n’y aura que lui qui le verra. Il la regarde, du coin de l’oeil, puis ourle ses lèvres et plante ses dents dans la chaire. Elle étouffe un petit spasme, un petit cri plaintif. C’est plus douloureux qu’il n’y paraît, il le sait, c’est pour ça qu’il tient fortement sa hanche, pour qu’elle ne bouge pas. Il fronce un peu les sourcils en sentant le sang envahir sa bouche. C’est horriblement bon. Un frisson glisse sur son échine alors qu’il se tends. Nora serre sa main si fort. Elle a mal c’est sûr mais elle est courageuse. Elle sait que c’est nécessaire. Il lui semble même que ça dure une éternité. Une larme lui échappe mais rien de plus, sinon ses doigts qui serrèrent et serrèrent ceux de Johann. Il relâcha la pression sur la morsure, baisse les yeux et passa la langue sur la plaie, pour la cicatriser, pour qu’elle ne s’infecte pas, et peut-être pour récupérer les dernières gouttes de sang qui perlent sur sa peau. Il se redressa dans le lit et passa sa main sur sa joue, chassant du doigt la larme qui y était. Cette journée serait longue. Très longue.
“ Je vais chercher River. Je veux que tu restes au lit. Je vais t’amenais le petit-déjeuner, et ensuite j’irais voir Celio, pour cette nuit. ”
“ Mais...”
Il embrassa son front.
“ Je suis content que tu te sois décidée. ”
Elle lui sourit et le regarda faire.
“ Johann je me sens bien, je t’assure...”
Elle ne voulait bien sûr pas le contredire, mais rester au lit pour une fille aussi travailleuse que Nora c’était une aberration. Elle n’avait jamais gardé le lit, même pas quand elle avait été malade petite. Il fallait toujours qu’elle se lève et qu’elle fasse quelque chose, fut-ce la plus petite chose. Il n’y avait que la fièvre pour peser sur ses épaules et l’obliger à s’assoir, à ne pas aller ouvrir toutes les fenêtres de la maison comme chaque matin, à oublier le jardin, le ménage, le reste. Nora avait grandi parmi les loups, pour la plupart ayant hérité de sang leur lycanthropie. Elle n’avait jamais regardé la télé, elle savait simplement que la morsure était douloureuse, et parfois mortelle. Elle savait que sa fièvre augmenterait mais pour le moment elle se sentait tout simplement la même Nora que cinq minutes plus tôt. Et l’idée de rester au lit alors qu’elle avait son petit garçon qui devait trépigner d’impatience et d’inquiétude derrière la porte de chez ses parents et qu’elle ne pouvait pas aller le chercher, lui expliquer, le rassurer, ne l’enchantait guère. Il aurait fallu aussi qu’elle parle à ses parents, qu’elle leur dise qu’elle avait demandé à Johann de la mordre. Tant de choses à faire qui lui interdisaient en somme de rester au lit. Elle le regardait dans les yeux sachant d’avance qu’il ne changerait pas d’avis...
Johann sortit de la maison, parce que récupérer son fils était la première chose qu’il devait faire, et qu’il ferait. Il avança calmement, et toqua à la porte de Kveld. Un petit cri de surprise et de joie derrière indiquait dores et déjà que River était réveillé et qu’il avait attendu ce moment. La porte s’ouvrit sur le visage de Kveld, et River avança vers son père, des étoiles dans les yeux, et serra sa jambe doucement, sans le brusquer comme savait le faire sa mère. Johann passa sa main dans les cheveux de son fils. Kveld jaugea du regard le Lassithi, et souffla finalement :
“ Ma fille... ”
“ Elle va bien. ”
Kveld le regarda, et su qu’il ne mentait pas. Il hocha la tête et referma la porte. Johann prit l’enfant dans ses bras alors qu’il repartait vers sa maison, calme comme à l’habituel. Le petit garçon le regardait avec de grands yeux, mais Johann n’était pas sa mère, et il ne savait pas vraiment communiquer avec ce fils qu’il aimait. Il le regardait, et il espérait quelque part que River savait y lire, parce qu’il n’y avait qu’avec ses prunelles bleus qu’il savait dire je t’aime. River se serra contre lui, et Johann passa la porte de sa petite maison, ce nid douillet qu’il avait fait avec ses frères et ses pères. Masael avait aidé, et les autres loups également, parce que c’était comme ça, une vie de famille. Il alla calmement dans la chambre et posa River sur le lit. Il n’avait pas besoin de lui dire d’être calme ou d’être sage, parce qu’il l’était tout le temps, et ça aurait été dire un non-sens. Il repartit en bas, prépara le café et un plateau, puis repartit dans leur chambre où il posa le plateau. Il se pencha, embrassa le front de Nora une seconde fois, et repartit. Il ouvrit la porte, la referma, et traversa le campement. Il s’arrêta devant une tenture sombre et se pencha. Il n’était pas là. Johann souffla.
“ Tu cherches quelque chose? ”
Johann releva le nez, voyant le visage pâle et lisse de Celio. Lui n’était pas malade ; il était juste indifférent comme son grand-père. Mais Celio eut un sourire, les mains pleines de terre et un truc bougeant entre elles. Celio pesta :
“ Fais pas gaffe, c’est déjà mort. Tu veux...? ”
“ Un truc pour aider un mordu. ” Celio haussa un sourcil. “ Pour Nora. ”
La chose tomba d’entre les mains du loup qui resta con. Il avait mal entendu. Un, deux, un, deux. Celio resta un instant troublé. Avait-il fait ça sous l’effet de la colère ou par envie, ou alors une autre raison qui lui sortait de l’esprit ou qui ne le traversait pas? Johann resta humble pourtant, toujours très lisse, calme.
“ Elle m’a demandé, alors je l’ai fait, mais je ne veux pas qu’elle meurt, alors si tu pouvais lui donner un truc, tu sais, pour éviter que... ”
“ Tu sais que ça ne marche pas à tous les coups, Johann, n’est-ce pas? ”
“ Je sais. ”
Celio se gratta le menton, réfléchissant, puis finalement lâcha :
“ Ecoute, je dois avoir ça quelque part, laisse moi cinq secondes et je te donne ça. Plus vite c’est pris, mieux c’est. Ca la soulagera pour la nuit. ” Celio eut une grimace. “ J’espère. ”
Johann hocha la tête alors que Celio disparaissait au même moment sous sa tente, essuyant ses mains sur son pantalon alors qu’il se baissait, tirant frénétiquement sur des tiroirs, plusieurs tiroirs. Il n’y avait donc que ça, des tiroirs? Johann resta à l’entrée, sans un mot, et au bout de quelques minutes frénétiques, Celio ressortit avec un petit coffret en acajou, brun rougi. Johann le fixa, et Celio hocha la tête. Le Lassithi tourna les talons et se dirigea vers la maison, le petit nid chaud où attendait la belle. Le Orlov suivait sans un mot. Il était une tombe, et il aurait fallu lui briser tous les os pour en tirer quelque chose - et encore.
La porte s’ouvrit, et Celio suivit de près Johann dans la maison, le coffret toujours sous le bras. La porte de la chambre était là, devant eux. Johann toqua et la poussa, Celio entra à sa suite, le coffret toujours sous le bras, tenu fermement. Ce n’était pas donné, ce genre de médecine. Ce n’était même pas vraiment connu d’ailleurs. Le Orlov posa son regard sur Nora, un sourire aux lèvres. Elle était cette fille étrange, qui n’avait de mère que la nuit. Elle était jolie Nora, comme un oeil-de-tigre avait dit Sindri. Johann regarda River et le prit dans ses bras, l’amenant dehors en lui expliquant que Celio devait dire des choses à sa maman. Et Celio avança, s’asseyant sur le lit, le coffret sur les genoux. Nora n’avait pas l’air paniqué ou attristé, alors sans doute que c’était vrai. Peut-être qu’elle lui avait demandé. Et ca se comprenait : tout parent aimerait voir vieillir son enfant, l’accompagnait dans sa vie, et voir les petits enfants des siens. Mais encore humaine, que pourrait-elle?
“ Bien, alors je vais te faire un petit calendrier de ce qui va se passer. Tu as été mordu ce matin, et tu vas commencer à ressentir la fatigue en début d’après-midi. Après la fatigue, quand la nuit commencera à tomber, ça sera la fièvre, la grande fièvre. Tu auras l’impression que ton corps se consumera, mais ne t’inquiètes pas, c’est normal. C’est le gêne lycan qui supprime les données de base du corps humain. Il faut bien faire attention à la température de ton corps surtout : si tu es à moins de 40 degrés demain matin, tu m’appelles. Ça c’est pour cette nuit. Après ça, tu n’auras plus de fièvre, mais tu auras des envies jusqu’à ta première pleine lune : tu mangeras beaucoup de viande cru, tu auras envie de sang, tu auras tout le temps faim et tu seras pleine d’énergie. Ne t’inquiètes pas si tu as des vertiges au cours de cette semaine, ou si tu entends les sons avec plus de précisions, ou si tu louches aussi : tes sens doivent s’accorder avec les nouveaux sens que tu auras. Pareil, en fin de semaine, tu commenceras à voir de nuit, c’est normal. Mh... Que dire... Ah, oui, tu auras des sautes d’humeur également, des colères à la dépression, c’est normal. Ça sera parfois très violent, mais ce n’est rien. Ton corps va changer sans que tu t’en aperçoives, tu deviendras plus belle que tu ne l’es, et tu attireras forcément les regards. Ça sera étrange les premières fois, mais tu t’y habitueras. Le plus fâcheux ça sera la douleur que tu auras au niveau du ventre jusqu’à la pleine lune. Tu peux ou non lutter, ça te fera tellement mal que tu en seras sans souffle. Je te donnerais quelque chose à boire pour calmer la douleur, mais tu auras toujours l’impression d’un intrus violent en toi. C’est cette seconde part de toi qui va décider si oui ou non tu survivras. Et enfin, si tout se passe bien, tu arriveras à la pleine lune, et tu vivras ta première transformation avec nous et les autres mordus. ” Celio eut un sourire calme. “ Des questions? ”
Elle fit signe que non. Finalement pour Nora la question ce n’était pas de savoir si elle allait être plus belle, si elle verrait mieux dans le noir. Elle était parfaitement satisfaite de ce qu’elle était à présent, humaine, à ceci prêt qu’elle n’avait pas les armes pour défendre son enfant ou pour se défendre elle contre ses agresseurs. Le regard des autres lui importait peu c’était pour ça qu’elle avait pu vivre vingt-quatre ans humaine parmi les loups. Parce qu’elle était tolérante. Elle ne prit pas mal les mots de Célio, elle savait que l’intention était juste de l’informer et non de la blesser.
“ Oh si... je ne me sens pas fatiguée pour l’instant, et j’aimerai au moins m’occuper de mon fils. Il n’y a aucun risque pour lui n’est-ce pas?”, elle espérait bien que non.
“ Un risque pour River? ” Celio arqua un sourcil, sans vraiment comprendre la chose.
“ Il n’a que deux ans, si je deviens dangereuse pour lui je ne veux pas qu’il m’approche.”, cela semblait couler de source pour une mère, mais elle se rappelait toujours dans un coin de sa tête que lui, n’avait pas eu de mère. Celio eut un moment de réflexion. Il n’était pas son père, et il n’avait pas la science infuse. Comment aurait-il pu le savoir? Il ne savait même pas vraiment si tout ce qu’il avait dit aurait lieu. Lui n’était que théorie. Il n’avait eut que trente ans pour mettre en pratique une partie de ses connaissances, alors c’était un peu difficile pour lui de prévoir ce genre de chose. Il eut une légère réflexion, puis souffla finalement :
“ Les sauts d’humeur peuvent atteindre n’importe qui. Un danger en soit pour River, je ne pense pas, mais tu pourrais accidentellement lui hurler dessus s’il fait la moindre bêtise... Le mieux étant quand même d’éviter d’être entourée de trop de monde, pour les nerfs. Ça serait dommage de se fâcher avec les gens à cause de ta morsure. Puis si la douleur intérieure se fait trop intense, tu tomberas à genoux. A mon humble avis, tu devrais rester au lit, en fin de semaine tu vois, lorsque tu arriveras vers la pleine lune. Quand on commencera à voir à voir le quatrième quart, évites juste de t’exposer à des situations frustrantes. Mais te connaissant, ça devrait aller. Ça ne fait qu’accentuer les traits de caractère. ”
Nora eut un petit rire doux mais le remercia. Il était sans doute difficile pour un homme, un loup ou un sorcier comme l’étaient certains au camps de se figurer ce que pouvait être une journée dans la peau de Nora. Des situations frustrantes, oui, pleins, mais comment les éviter? Pour elle, rester au lit était la plus frustrante de toutes les choses qu’elle pouvait s’imposer à elle même. Mais il semblait qu’elle n’ait pas vraiment le choix. Dans son petit coeur de maman, elle voyait déjà son tout petit n’osant pas poser de questions à son père, et pourtant elle savait qu’il se sentait déjà la mort dans l’âme à ne rien savoir de comment elle allait. Une mère sentait ces choses là, louve ou pas qu’importe. De l’autre côté du mur, dans sa petite chambre à lui, River restait assis sur le lit, exactement là où son papa l’avait posé, à se demander pourquoi sa mère ne venait pas le voir. Pourquoi ils n’allaient pas jouer dehors. Pourquoi elle n’était pas venu le chercher ce matin. Ce n’était pas qu’il n’était pas content que ça ait été son père, bien au contraire, mais quelque chose clochait et lui donnait envie de pleurer dans son coin, en silence, jusqu’à ce qu’elle vienne.
Celio ouvrit le petit coffret bordeau et il y avait à l’intérieur une multitude de petits fioles, très jolies, aux couleurs ambrés, remplis de trèfle à quatre feuilles dorés, de perle rouge à l’intérieur. Une chose unique que celle-la, un mélange que Vitaly avait mis au point, et que Celio avait du mémorisé, encore et encore. Ca avait été la première chose qu’il avait appris. Il sortit la seringue qui allait avec, et sortit une fiole du coffret rouge. Il planta la seringue à l’intérieur, et la ressortir quand son intérieur était rempli de ce qui pourrait sauver la vie à la jeune fille. Celio tendit la main, attendit que Nora lui donne son bras, et c’est dans les veines fines du poignet qu’il injecta le produit. C’était un peu chaud à l’intérieur des veines, mais rien de plus. Pas de douleur inutile. Il retira la seringue, passa son doigt sur sa langue puis sur la seringue unique en son genre, et la rangea. Il déplia l’intérieur du coffret, qui se divisait alors en quatre parties dépliantes, et compta les jours dans son crâne. Il sortit alors treize fioles miniatures, remplis d’un épais coulis rouge, qui ressemblait vaguement à de la compote de fraise si seulement ça avait existé. Il les posa sur le lit, juste devant Nora.
“ Quand la douleur dans ton ventre sera inssuportable, tu en ouvres une et tu la bois. Une seule par jour, même si tu as très mal. Et tu t’allonges quand tu en as bu une, d’accord? … ” Il eut une légère réflexion en refermant le coffret, se leva du lit, et lui jeta un regard étrange, comme s’il ne savait pas quoi penser pour la première fois de sa vie. Ses pensées n’étaient pas claires. “ Cette nuit est la seule qui puisse te tuer Nora. Si tu survis à cette nuit, alors tu seras sauvée. Le reste des autres jours, tu auras mal sans doute, mais tu n’auras pas de risque de mourir. Mh... C’est tout ce que j’ai à dire... A demain, donc. ”
Il avait un sourire au coin des lèvres. Nora ne pouvait pas mourir. Si elle mourrait, ce monde était pourri.
“ A demain Celio, merci...”
Cette nuit donc. C’était là qu’elle devrait concentrer ses efforts. Aux yeux des gens qui l’entouraient, Nora était une petite chose fragile. Sauf peut-être aux yeux de sa mère qui savait pour avoir vu dans quoi elle avait survécu les premiers mois de son existence, qu’elle était d’une trempe de fer. Si elle avait vécu parmi les siens, Nora se serait sans doute employée à quelques tâches harassantes et pénibles, un travail dans les champs, ou peut-être dans un hôpital à donner sa santé pour les autres. Elle ne se plaignait jamais, et si elle semblait si vulnérable, elle était toujours dévouée. Elle eut peur un bref instant, mais elle chassa ses angoisses, se confortant dans l’idée que rien arriver sans rien, et que si elle voulait s’accrocher, elle pourrait. Ca ne dépendrait que d’elle. Elle releva le nez, forte de cette conviction et se leva, juste pour aller ouvrir la fenêtre. De l’autre côté du mur, River posa ses grands yeux d’eau sur son père, l’interrogeant du regard sans encore rien dire.
Johann regarda son fils, et il cherchait ce qu’il pourrait dire. Si seulement il y avait quelque chose à dire en réalité. Ecoute River, Papa a mordu maman, et elle va peut-être mourir? Il baissa un peu les yeux. On peut pas ire à un enfant de deux ans que sa maman va peut-être mourir. Il leva lentement les yeux, posa sa main sur le visage de son fils. Quel sourire.
“ Maman ne va pouvoir trop jouer avec toi aujourd’hui River. Elle est juste un peu fatiguée tu sais. Alors aujourd’hui, c’est Papa qui va faire à manger, et on va faire le ménage ensemble. On va s’occuper de la maison, puis, mh... ” Johann avait la mine basse, et c’était rare pour lui, malgré son visage lisse. “ Tu peux rester avec Maman si tu veux. Je vais mettre le coffre à jouet dans la chambre, si tu veux. ”
River regardait son père droit dans les yeux, avec cette petite mine des enfants qui ont encore l’âge de dévisager sans paraître mal poli. Le visage de son père, River le connaissait par coeur, il était toujours calme et rassurant à sa manière. Parfois il le voyait tourner le dos, et là il savait que ce visage impassible avait changé, mais généralement ça n’arrivait pas devant lui.
“ C’est la faute de la méchante sorcière qui a fait mal à maman si tu es triste papa?”, demanda-t-il dans son langage d’enfant.
Quelque part, loin loin dans son petit coeur, il pensait à la mort sans trop savoir ce que c’était. En tout cas il ne l’aimait pas et il espérait qu’elle ne viendrait pas ici. Mais si elle venait: il avait un plan!
“ Non, non. Papa n’est pas triste. ” Johann eut un sourire fin sur les lèvres, remettant en place les mèches de River sur son front. “ Il ne faut pas être triste, parce que ce n’est rien. ”
Être fort pour les autres, c’est ce que lui avait appris Loki et Nabor. Combien de fois avaient-ils retenus leurs colères, leurs larmes pour ne pas blesser l’enfant instable? River n’était pas instable, mais il était si petit, tellement petit. Si Nora mourrait, sans doute ne s’en remettrait-il jamais ce père invincible et lisse. Peut-être que l’on verrait une larme roulait sur sa joue. Peut-être se tuerait-il? Non. Pas ça. Parce qu’on ne se tue pas quand on a des enfants. Nabor avait survécu. Johann se leva, prenant son fils dans les bras alors qu’il sortait. Celio était déjà à la porte, un sourire pour eux, et le Lassithi entra dans la chambre de sa femme avec son fils. Il regarda Nora, un sourire léger sur les lèvres, et posa le petit garçon dans le lit. L’enfant et sa mère eurent ce même sourire rayonnant, et comme Nora n’était pas vraiment fatiguée pour l’instant, elle l’accueillit avec enthousiasme quand il vint se blottir dans ses bras plein d’amour. Les yeux verts de Nora se posèrent sur Johann par dessus la petite tête de cheveux bleu sombre leur fils. Ils disaient, ne t’inquiète pas, tout ira bien. Concrêtement elle n’en savait rien, mais ça ne servait à rien de s’imaginer le pire non? Ça ne servait à rien d’inquiéter leur fils. Pourtant, à l’intérieur elle se demandait ce qui se passerait si...
“ Je suis content.”, annonça River tout simplement, en regardant son père comme pour lui dire viens papa. Alors Johann avança, se posant sur le bord du lit, se penchant, serrant dans ses bras cette petite famille qui était, finalement, tout pour lui. Chacun blotti dans les bras de l’autre, si tout avait dû s’arrêter là, ç’aurait été un tel gâchi... Vers le milieu de l’après midi, Nora demanda à River d’aller jouer dehors, et quand celui-ci lui opposa qu’elle ne voulait jamais qu’il sorte tout seul, elle lui dit que son père le surveillerait. La vérité c’était qu’elle commençait à être fatiguée. Elle le regarda descendre avec ses cubes tout tranquillement et s’enfonça dans le lit, lovée contre l’oreiller de Johann. Elle avait un peu froid, et pas très faim... De là où elle était elle ne pouvait pas voir son fils jouer, et il était beaucoup trop calme pour qu’elle puisse l’entendre. Elle finit par s’endormir, sans même s’en rendre compte. Elle ne se réveilla qu’en sentant la petite main de son fils qui la secouait.
“ Maman, mamaaan!! Réveille-toi!”
Elle ouvrit les yeux. C’était le ton de la voix de son fils qui l’avait tiré du sommeil. Des petits cris aigus, un peu paniqué. Elle vit qu’il pleurait et sortit de sa torpeur.
“ Qu’est-ce qu’il y a mon chéri? Qu’est-ce qui t’arrive?”
“ J’ai eu peur...j’ai cru que t’étais partie...”
“ Partie? Viens-là. Je ne vais nulle part tu sais.”
“ Mais t’as froid. Tu sais comme blanche-neige...”
Elle avait mal aux cervicales et effectivement sa peau était glacée, ses muscles engourdis. Elle se redressa un peu, comme elle put parce qu’il lui semblait que son corps pesait un cheval mort.
“ C’est rien chéri, c’est rien du tout... je vais me mettre sous la couette, tu vois, bien au chaud.”
Mais le petit garçon n’en était pas rassuré pour autant. Nora chercha Johann du regard. Johann qui remonta juste à ce moment avec un verre d’eau. Il poussa la porte, regarda River qui ne semblait pas rassuré. Ses yeux se levèrent sur Nora, qu’il approcha avec un sourire léger, posant le verre sur la table de chevêt. Il passa sa main sur son front.
“ Tu te sens bien? ”
“ Ca ira”, répondit-elle pour ne pas les affoler.
Ca irait. C’était ce qu’elle se répéter. Pour le moment sa peau glacée ne corroborait en rien cette version de l’histoire, mais si personne n’y croyait alors ça ne risquait pas de marcher. Son petit accroché à sa chemise de nuit, qui pleurait en cherchant au mieux à retenir ses larmes, elle sourit difficilement à Johann.
“ Regarde moi mon petit prince”, dit-elle en prenant le minuscule visage de River, le petit prince c’était son histoire préférée, “ c’est largement l’heure d’aller au lit hum?”
“ Non! Je veux pas.”, il ne faisait jamais de caprice d’ordinaire. Nora lui posa une bisous sur le front.
“ Mais si tu ne vas pas au lit demain tu seras trop fatigué pour jouer avec moi”
Mais l’enfant la repoussa, pour la première fois, et il alla se réfugier en pleurant dans les bras de son père.
“ Non! Demain tu seras pas là!! Tu seras comme aujourd’hui! Je veux pas aller me coucher! Je veux pas que maman dorme! Je veux pas!!!”, jurait-il caché dans la chemise de son père. Nora adressa un regard tellement triste à Johann. C’était à briser le coeur ce petit garçon qui commençait déjà sans vraiment le dire à penser à la mort. Elle lui avait expliqué ce que c’était que la mort, depuis tout petit. Parce qu’elle restait une éventualité. Et maintenant qu’elle ne lui en parlait pas, lui, la sentait venir, il se l’imaginait et il voulait rester près de sa mère comme un petit soldat, pour l’empêcher de dormir, pour l’empêcher d’avoir froid, comme cette stupide blanche-neige qui s’était écroulé à cause d’une malheureuse pomme empoisonnée. Sa mère n’était pas blanche-neige. Sa mère était plus forte. Elle était plus belle. Elle n’avait pas le droit de dormir. Johann prit son garçon, dans les bras et sortit de la chambre. Même s’il avait été plus grand, il n’aurait pas eut la force de lutter, et... Et dans la vie on a pas toujours ce qu’on veut. Hélas. Il posa l’enfant dans son lit, le déshabillant calmement :
“ Demain Maman sera là. Parce que... il faut avoir confiance, River, tu entends? Confiance. Je peux pas te le promettre, River, mais si tu... je sais pas. On décide pas. La vie c’est comme ça. Y a des choses qu’on décide pas. Et on va pas choisir de baisser les bras et de pleurer, quand même. Si Maman fait ça, c’est pour nous River, alors faut pas l’inquiéter. Faut pas que tu te mettes en colère, ou que t’inquiètes. ”
Johann couvrit l’enfant et le fixa. Il n’était pas triste ou paniqué. Il était juste... ennuyé. Son fils le regardait, le bord de la couverture serré entre ses poings et il faisait cette petite bouille d’enfant en plein caprice, mais ça n’en était pas un. Il se concentrait juste pour faire comme disait papa, ne pas pleurer. Et c’était difficile. Entre ses petites dents de lait serrées il renifla et répondit:
“ Bonuit... papa...”. Johann se pencha et embrassa le front de River.
“ C’est bien. Je suis fier de toi. ”
Il se leva et laissa la porte outrouverte et se dirigea vers la chambre de Nora. Il ouvrit la porte et la referma, se dirigeant vers le lit. Il leva une bassine d’eau froide et l’amena lentement sur la table de chevêt, juste à côté de Nora :
“ Comment tu te sens, vraiment? ”
“ J’ai horriblement froid. Ce n’est pas ce qui devait se passer, Célio disait que j’aurais de la fièvre... viens contre moi...”
Le loup se pencha, posant son front contre le sien. Elle avait froid. Ce n’était pas bon du tout. Pas du tout du tout. Il fronça les sourcils.
“ C’est mauvais signe, Nora. Si tu ne gagnes pas en température... ça veut dire que tes anti-corps s’autodétruisent. ”
Johann écarta la couverture, se glissant à l’intérieur, se collant entièrement à Nora, la serrant contre lui sans vraiment savoir quoi faire. Chercher Celio, mais pour qu’il fasse quoi? Johann la couvrait entièrement, plus grand qu’elle, juste assez pour la surplomber. Nora se blottissait contre lui, sans rien dire. Qu’aurait-elle pu dire encore? Qu’elle se sentait faible? Qu’elle avait envie de dormir? Non elle ne le dirait pas. Parce qu’elle ne voulait pas baisser les bras maintenant, si près du but. Elle avait une famille, elle ne pouvait pas s’endormir comme ça. Une heure passa sans qu’elle ne se réchauffe vraiment, sans qu’elle ne dise un mot non plus. Elle ne fermait pas les yeux, et ils avaient d’ailleurs laissé la lumière allumée. Puis lentement, sans qu’elle se rende compte de rien, elle cessa de greloter. Elle n’avait plus froid, mais elle avait vraiment du mal à garder les yeux ouverts, elle se sentait prête de perdre connaissance alors elle se mit à faire la conversation. Parler pour ne pas sombrer. De tout et de rien. Surtout de rien en fait, pour ne pas parler de ça. Elle lui disait qu’au printemps elle essayerait encore de faire pousser les corbeilles d’argent par dessus la barrière, et qu’il faudrait couper un peu les capucines pour qu’elles n’envahissent pas tout. Elle lui disait qu’à la vitesse où il grandissait, River aurait bientôt besoin d’un autre lit. Elle lui disait... mais sa voix s’éteignait, sans qu’elle soit même assez éveillée pour s’en rendre compte. Alors en rêve elle lui disait. Encore un peu. Johann la serra contre lui, plus fort. Ses mains passaient sur son visage, le sien se faisant plus inquiet. Il était marqué, vraiment marqué. Pour la première fois de sa vie, il exprimait quelque chose. Il souleva ses paupières, et elle n’était pas là. Elle n’était pas là. Il fronça les sourcils, parlant à voix basse :
“ Nora, réveille toi. Il ne faut pas dormir tu sais. ”
Mais elle ne répondit pas. Elle ne perçut même pas sa voix du fond de ses rêves qui s’éteignaient eux aussi peu à peu. Il semblait qu’il fallait qu’elle s’enfonce de plus en plus profond, vers quelque chose qui ressemblait à Johann, doux, paisible, chaud, violent. Tout cela à la fois. Ca n’avait aucun sens. Mais le sens n’importait déjà plus. Tout comme le temps. Le sable tiède s’était égrainé et il ne restait plus rien du temps. Elle n’entendit même pas ces petits prémices aux pleurs que River avait parfois la nuit quand il dormait ou qu’il voulait qu’elle vienne. Il passa comme ça un long moment. Le temps qu’il fallait à ce petit quelque chose en elle pour allumer un minuscule brasier. Une étincelle. Au début ça ne se voyait pas, son corps reposait mollement, froidement entre les bras de Johann. Puis sa peau glacée se réchauffa imperceptiblement au contact de celle du loup. Tout doucement. Tout doucement. Comme la rose ou le papillon prennent leur temps. Johann resta immobile. Elle avait froid, mais elle respirait. Elle respirait, c’était l’espoir. Infime, mais espoir. Intérieurement, il priait Seth, pourvu qu’il puisse l’entendre. Il passa la couverture jusqu’au nez de Nora, et resta ainsi. On aurait cru entendre le silence craquer de ses vieux os perclus de rhumatismes. Puis, le corps de la jeune femme se réchauffa plus sensiblement. Elle était les saisons d’une année à son seul joli corps aux formes arrondies. Mais elle égrainait les mois à l’envers. D’abord décembre et maintenant octobre, l’indécis, mi-chaud mi-froid aux milles tisanes dorées et rouge sang. Les joues de Nora ne reprenaient pourtant pas de couleur mais elle souffla quelque chose, une brise de septembre, entre ses lèvres:
“ je ne dors pas... Johann...”.
Un iris vert entouré de petites veinures rougies le regardait, un peu trouble, mais bien présent. Elle luttait pour ne pas tourner de l’oeil à nouveau et si son corps lui échappait totalement, son esprit lui, était une petite tenace flamme laissée au grand vent.
“ C’est bien Nora, continue. ”
Il se tendit, se redressant dans le lit alors qu’à sa place, c’était un magnifique loup noir balzan blanc qui prenait place, immense dans le lit, près à le briser. Il se posa à nouveau près d’elle, le pelage chaud, bien plus chaud qu’une simple couverture ou qu’une peau humaine. Il passa sa langue râpeuse sur sa tête, dans un petit couinement, alors qu’il la faisait disparaître dans son pelage. Bientôt elle s’imprégnait de sa chaleur et rouvrait les yeux, fatiguée, les traits tirés et pourtant il ne s’était encore rien passé. Elle fut à un moment assez réveillée pour caresser ce grand loup qui veillait sur elle. Elle sourit et lui dit qu’elle l’aimait, pas comme on le dirait pour la dernière fois, mais plutôt comme on le dirait par simple plaisir. Puis elle eut chaud, bien chaud, trop chaud. Ses joues rougies le trahissait. La température augmentait significativement alors elle eut un petit rire, minuscule, mais plein de bonheur. Comme toujours ses yeux riaient avec elle, et elle se baignait entièrement dans le bleu de ceux de son Johann qui veillait toujours. Il posait parfois sa truffe froide et mouillé sur son visage, passait sa langue sur sa peau. Il ne pouvait pas vraiment bouger sans faire craquer les lattes du lit sous le poids du mastodonte. Qui aurait cru qu’un loup de plus de deux mètres de long pouvait entrer dans un si petit lit? Il était beau ce loup, et cette scène l’était sans doute. Pour tout romantique, ça aurait été merveilleux, une consécration. Il était un monstre dans ce lit, la gueule aux dents immenses, et pourtant il gardait une princesse sous son lourd pelage. Quelle princesse que celle de son coeur? Il continuait à frotter son pelage contre elle, bougeant parfois, remuant sa gueule contre la sienne, la brusquant parfois. Ce n’était pas tant pour l’agacer mais pour la garder vivante cette petite chose. Une fois la lune morte, la mort partirait, mais en attendant les premiers rayons du soleil, il fallait vivre avec cette peur, peur qu’elle ne rouvre plus jamais les yeux. Quand sa fièvre eut passé toute limite raisonnable, elle ne put plus tenir. Les larmes coulaient sur son visage et s’évaporaient presque au contact brûlant de sa peau. Il lui semblait qu’on lui enfonçait un clou dans le crâne et, recroquevillée , le nez dans les genoux, contre Johann, elle serrait sa tête entre ses mains comme si elle avait espéré la voir éclater. La lune dehors était au plus haut, impitoyable juge qui déciderait ou non de tirer le rideau au dernier acte. Elle perdit connaissance, ne supportant plus la torture, cette affreuse impression qu’il y avait un loup en elle qui lui labourait les viscères de ses griffes. Son visage resté crispé dans une grimace douloureuse et ses dents serrées au point que l’air bataillait pour entrer et sortir. Elle était si tendue que sa gorge se rétrécissait au point qu’elle commença à manquer d’air et se mit à convulser, comme si elle s’était battu contre un démon invisible. Il se posa sur elle, le couchant sur elle pour qu’elle ne se fasse pas du mal en convulsant, pour qu’elle reste immobile sur le lit, pour qu’elle le sert si elle avait mal, tellement mal qu’elle voudrait en mourir. Il grognait contre elle, un long ronronnement, un vibrato sourd et grave à la fois, frottant sa gueule contre sa tête. Ca la calmait, et le poids de son corps sur le sien, l’obligeait à se déplier, à respirer juste ce qu’il fallait. Elle le serra fort, si fort. Puis tout retomba. Elle était paisible, morbidement immobile mais son coeur battait. Lentement. Très lentement. Comme s’il avait voulu reprendre son souffle. Elle ne se réveilla plus jusqu’au lendemain, tard dans la matinée. Sa bouche était sèche. Elle chercha Johann du regard...
Johann n’était pas dans la chambre. La chambre était d’ailleurs propre, et la couverture remise sur le lit, bien tendu. River était déjà réveillé, il avait marché toute la matinée en rond dans le salon, après avoir pris sa douche. Elle était sauvée, et c’était pourquoi Johann l’avait laissé dans la chambre, seule, pour récupérer. Alors quand le Lassithi approcha avec le plateau et de quoi manger, River le fixa avec des yeux plein d’étoile, attendant la suprême autorisation. Johann eut un sourire léger, poussa la porte et River y entra aussitôt, comme un ressort bondirait. Il grimpa sur le lit pour aller serrer sa maman dans ses bras:
“ Voilà un petit bonhomme en pleine forme pour jouer dehors ”, fit-elle en embrassant son tout petit nez.
River rit. Nora rit aussi. La nuit terrible était passé et avait emporté avec elle ses affreuses réminéscences de contes de fée pour ne laisser que le tout est bien qui fini bien.
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