Quand même elle abuse Indie. Trop c'est trop pour le petit esprit de Jude, chauffé, surchauffé quand ça touche à sa chère sœur. On croirait que toutes les forces du monde se conjuguent pour que Jude ne puisse jamais plus se retrouver seul à seul avec elle. D'abord une histoire de chocogrenouilles avariées, des allergies multiples à tout ce que préparait les elfes de maison, puis un subit intérêt pour rendre ses devoirs à l'heure, ou encore des entraînements de quidditch un peu trop fréquents, ont sans cesse permit à Indie d'échapper à Jude. Oh il ne le prend pas mal, il ne comprend même pas que sa sœur cherche à l'éviter, mais Jude il irait bien dire deux mots à Sasnauskas si elle compte encore lui voler sa sœur, au risque de revenir avec un œil en moins.
Ce coup-ci il y est presque, malgré la pluie, le vent, ou le regard toujours aussi démoniaque de Mascha, Jude rejoint le stade de Quidditch où a lieu l'entraînement, peu importe s'il se fait tremper de la tête au pied, il aura sa Indie pour lui tout seul. Seulement ce n'est pas sa volonté à elle, mais il ne comprend toujours pas. Indie quitte le terrain, et Jude l'air hébété ne comprend pas qu'elle ne lui adresse pas même un regard. Peut-être ne m'a t'elle pas vu? Se dit-il. Il va la suivre donc. Mais son pas ne parvient jamais à rattraper le sien toujours accélérant.
« Indiiiie! » l'appelle-t'il alors qu'elle passe les portes du château. Rentrant lui aussi dans le bâtiment, il se rend compte que la pluie et la boue ne l'a pas non plus épargné, mais s'il s'arrête une seconde pour s'essuyer, Indie va sortir de son champ de vision. Tant pis pour les elfes de maison qui font le ménage, Jude viendra les aider à faire le repas ce soir pour se faire pardonner.
Jude suit donc Indie à l'aveugle, comme un chien suivrait une piste, à l'odeur ou en suivant les traces. Il se retient de se jeter par terre et de renifler comme un chiot à la recherche de l'odeur de son os en plastique. Il ne laissera pas Indie s'échapper, se perdre, mon dieu que pourrait il lui arriver! Il ne faut pas laisser Indie toute seule, la pauvre. Surtout pas sans Jude. Indie c'est surement la seule de la fratrie avec qui il se sent de passer des heures sans voir pleuvoir sur lui un flot de reproches ou de coups. Il n'a rien contre les autres, il les adore, mais avec Indie il peut parler de gentillesse, au moins. Alors la voir s'éloigner comme ça, sentir son esprit se rendre compte que peut-être elle l'évite, c'est trop pour les petits yeux de l'innocent Jude, prêt à se remplir de larmes plus violentes que la pluie battante qui sévit dehors.
Les larmes brouillent sa vue et il perd la piste de Indie. Il se rend compte qu'il est au beau milieu du couloir du troisième étage, et que il vient de mettre de la boue partout aussi. Mais limite il s'en fout, tout ce qui compte c'est Indie! Mais devant lui se dresse des problèmes, en la personne de quelques sixièmes années, qui ont du le prendre pour un pauvre petit troisième année - avouons-le il est difficile de croire qu'il a dix-sept ce petit poney -, qui pensent que ce petit enfant n'a pas sa place ici. « Hé Dashwood, dégage de là, c'est pas un endroit pour les mioches ici! » Jude ne répond pas parce qu'il ne comprend pas - attention si Jude comprend quelque chose appelez le 15 d'urgence! C'est peut-être signe d'une dégénérescence neuronale – alors il reste planté là devant ces grosses brutes sans cervelle qui se rapprochent. Il étaient surement en train de mettre au point un trafic douteux dans ce couloir désert. « T'es sourd, mec? » Je crois qu'on peut le dire. Ni une ni deux, Jude est projeté dans la première salle à coté, son corps ne sachant pas résister à des muscles faisant le double de la taille des siens.
Pas de chance cette salle c'est la salle des trophées, et qui dit projection rapide, dit atterrissage dans les vitrines, et qui dit super force de superman presque, dit défonçage des vitrines des trophées, et bientôt plusieurs heures de colles. Bah merde alors, c'est pas drôle les retenues. Mais alors qu'il reprend ses esprits, que vois-je, qui vient-là! Ne serait-ce pas Indie la demoiselle qu'il cherche éperdument. Peu importe le sang qui coule des blessures que les verre brisé lui a fait, ses vêtements tout mouillés ou n'importe quoi d'autre, son visage s'illumine et il se jette vers son Indie-chérie. Manque de chance il glisse sur un bout de verre et s'éclate sur ses jambes avant d'avoir pu l'attendre. « Désolé Indie! » fait-il en essayant de se relever, mais tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, en voulant prendre appui sur une autre vitrine celle-ci se brise également – on croirait presque que Jude a de la force, wow! -. « Oups... » Ouais ben, t'es pas malin Jude, et tu le fait exprès on dirait.

Très distingué comme arrivée, Jude, très délicat. De quoi faire bonne impression, vraiment. Tout casser dans la salle des trophées, là où sont entreposées toutes les fiertés de l'école, n'est définitivement pas une bonne idée. Mais je suis juste maladroit, c'est pas ma faute, se dit Jude. Oui mais ça c'est pas le genre de truc qui fera une excuse auprès du concierge.
Enfin, Jude ne se rend pas encore compte de l'ampleur du désastre, tout ce qui compte c'est qu'il a retrouvé Indie. Et Indiana Jones ne peut pas s'échapper même si c'est la plus forte, même si elle a un fouet et un chapeau. Non Jude c'est le grand méchant de l'histoire qui ne laissera plus partir son Indie-chérie. Protecteur ou tyran? Jude préfèrerait la première proposition, sauf s'il se rendait compte que Indie, bien qu'elle soit sa sœur, n'a pas tant envie que ça de se retrouver coincée une fois de plus avec son petit frère dans une pièce close. Mais Jude, se rendre compte de ça, du malaise d'Indie? Tss, trop dur pour lui. Faut pas trop abuser avec un esprit de bisounours quand même!
Indie non plus ne semble pas se souvenir de la rancœur qu'elle a envers cet innocent garçon. Qui peut détester Jude, après tout? Même les grands méchants ont souvent fini par baisser les bras voyant que les pires tortures ne faisaient qu'arracher un grand sourire au petit poney. Le pouvoir de la gentillesse, et de la naïveté. Non c'est surtout qu'avec un Maëlan et un Adonis dans la famille Dashwood, on apprend à faire abstraction des petits - ou des gros – bobos. « Ca va !?! Qu’est ce qui s’est passé ? Pourquoi tu t’es jeté sur les vitrines !?! Tu es dingue ?! » Jude lance son sourire innocent et gêné, une spécialité de la maison faut croire. Même s'il est un peu coupé par quelques éclats de verre, on peut dire qu'il a toujours de l'impact, car Indie accoure vers lui, alors qu'il se passe la main derrière la tête, sentant enfin un peu de douleur ankylosant son corps.
Il ne répond même pas, comme si sa langue avait été coupée par un des éclats de verre ou une coupe de quidditch. Pourtant il aimerait bien expliquer à Indie qu'il s'est fait jeter là par des brutes épaisses, non, par des gens qui avait besoin d'entrainer leurs muscles, ils ne sont pas méchants, hein? Peu importe donc. Ce n'est pas sa faute, mais ce n'est pas grave. Il est gentil, tout le monde il est gentil. Alors Jude ne répond qu'avec des sourires. C'est le langage Jude, et ça veut toujours dire ''gentil''.
Un gros calin, ça fait toujours du bien. Mais ça fait un peu mal aux éclats de verre. On s'en fout si ça fait mal, c'est Indie, et Indie est gentille. Indie c'est la sœur, c'est tout, tout ce qui compte pour Jude. Elle pourrait lui planter un pieu dans le cœur qu'il ne lui ferait qu'un grand sourire et un petit coucou avant de mourir. La mort? Beuh. Autant qu'elle serve à quelqu'un, même à un serial killer qu'il se dit.
Mais quand même, faudrait pas que dans ce gros calin, Indie se fasse elle aussi transpercée par un éclat de verre. Jude à un petit sursaut en se reculant, alors que Indie veut voir l'ampleur du désastre. « Fais-moi voir ca… » Jude ne répond toujours rien, mais retire un peu ses vêtements, pour que Indie puisse voir là où il saigne et le soigner comme il faut. Elle fait apparaître tout le nécessaire d'une maman-infirmière, et applique un peu de lotion qui pique sur les blessures. Jude essaie de ne pas trop frissonner sous les picotements. Non c'est pas une chochotte. « Un bisou, ça m'aurait suffit tu sais! » C'est toujours aussi simple dans le monde de Jude. On a dû mal à croire qu'il est dix-sept ans ce petit gamin. C'est pour ça qu'on l'appelle éternellement le petit frère, alors qu'il est de la même portée que les autres.
Mais si ça plait à Indie de jouer à la maman, on va pas l'en empêcher. Jude reste calme et silencieux, ne pensant à rien du tout, non pas même à des images très suggestives de sa sœur, comme le ferait les autres frères, lui il est pur, même s'il les a déjà vu en vrai ces images... Oh c'était juste pour être gentil, il ne lui veut pas de mal à Indie la jolie. « On va se faire tuer… » « C'est pas grave! » Jude passe sa main dans les cheveux d'Indie. « C'était rigolo, au moins! » Toujours voir le monde en arc-en-ciel, ça te perdra petit Jude. Enfin lui c'est pas grave si il meurt, mais Indie ce serait grave.
Ceci impose donc une mission sauvetage de Princesse Indie en détresse! Jude le chevalier servant sort donc sa baguette magique, et cherche la formule adéquate au sauvetage de sa promise désespérée. « Evanesco! » Quelques débris de verre s'agitent dans tous les sens, d'autres disparaissent, mais avec eux aussi des coupes et médailles, toute la fierté de mille ans d'école. Malin, Jude. Là c'est le pilori qui t'attend, pauvre chevalier déchu. Jude envoie un sourire de détresse à sa soeur. On est pas dans la merde hein.

Toujours aussi malin le Jude. Il faut avouer que c'est pas la qualité qu'on lui accorde spontanément dans la famille. Non les malins, ceux qui savent monter des plans contre les autres c'est plutôt Adonis et Maëlan, les deux hommes de la famille quoi. Non du coté des gentils, on est pas spécialement malins. On se fait un peu avoir même, enfin surtout Jude, le petit garçon qui est tombé dans la marmite de gentillesse quand il était petit. On a même essayé de lui faire mal avec sa gentillesse, de la faire se retourner contre lui, mais même ça, ça n'a pas pu la tuer. Non, Jude est gentil, terriblement gentil, et on dirait bien que ça ne changera jamais.
Franchement, personne ne sait comment la gentillesse est tombée sur la tête de Jude Dashwood. Il n'a pas spécialement été couvé par les autres - ils ont tous été couvés par maman Indie au final -, ils ont tous reçus le même traitement, lui aussi il en a reçu de l'indifférence du père, et des coups des frères. Mais on a décidé qu'il serait le petit frère, et il a décidé déjà, quand il était tout petit, qu'il serait le gentil frère. Celui qui ne contredit jamais rien, et qui s'amuse de tout, même de se faire mal. C'est vrai il ne faut pas inquiéter maman, il ne faut pas pleurer quand on a mal. « Jude… Tu t’es balancé sur des vitrines, ce n’est pas ce que j’appelle rigolo. Ne recommence plus jamais ca. Ca me fait peur. » Mais si on commence à l'inquiéter, là ce n'est pas bien. Et puis il fallait bien l'arrêter, il aurait bien fini par se tuer à force de vouloir être trop gentil et trop heureux. Alors comme un bon petit chien, Jude reprend son visage de gentil garçon et acquiesce ce que dit maman qui ne veut pas que son petit frère se fasse mal. C'est qu'elle tient à lui, comme lui tient à elle. Oh, que serait Jude si Indiana venait à disparaître... Il ne préfère pas imaginer. Oui revenons au présent, c'est beaucoup mieux.
Ouais enfin, C'est mieux jusqu'à ce que l'on casse tout, ou jusqu'à ce que l'on fasse tout s'évanouir dans l'air, comme ça, dans un Evanesco et dans un « Naaaaaaaaaaaaan, Jude!! » en parfaite synchronisation de l'orchestre Dashwood, comme si tout ça n'était qu'un joli spectacle de marionnettes pour enfant. Oh ça pourrait être drôle. Ah mais Jude a décidé maintenant qu'il arrêterait de se jeter sur les vitrines pour rire, donc faire disparaître tous les trophées cassés, ça ne doit pas faire partie des choses autorisées maintenant.
« Nan ! Je ne veux pas voir ca ! JUDE ! Dis moi que tu as pas fait ce que je pense que tu as fait ! Je ne veux pas voir ca ! Han ! » Elle pourrait ouvrir les yeux, Indie. Regarder enfin la réalité en face que son petit frère et une véritable catastrophe ambulante. Mais elle ne le sait que trop bien, elle a dû déjà réparer ses bêtises, elle l'a déjà vu à l'œuvre. Lui ne fait pas des désastres planifiés, comme les deux autres, non lui il fait ça au feeling, à l'imprévisible. Et c'est surement ce qui est pire. Surtout qu'il n'y a pas de solution après. « Euh... pardon. » Des excuses et un sourire gêné, c'est aps ce qui va faire avancer le schmilblick.
Allez, Jude, soit responsable. Essaie de faire le papa bien habillé dans un grand costume de cette famille, qui sait résoudre tous les problèmes. « On peut essayer de la jouer honnête? Et aller tout dire au concierge? » Ouais enfin, ça va être cent cinquante heures de retenues à donner à manger aux goules du grenier. C'est peut-être pas une bonne idée. Quoique Jude il s'en fout un peu, mais Indiana elle, elle aimerait pas.
« Sinon, est-ce que tu sais où vont toutes les choses qu'on Evanescotte? » Il y a peut-être un monde merveilleux derrière le Evanesco où se cachent maintenant les coupes et les médailles dorées, et tant de royaume oubliés, effacés en un instant. C'est là qu'on retrouve le Jude égal à lui-même qui se passionne pour les histoires chevaleresques, pour les mondes de conte de fées. Décidément on ne pourra jamais changer ce Jude.