Mmmmh faut que j'aille en cours …
Encore deux minutes …
Tu vas être en retard en méta !
Je ferais des petits yeux en disant qu'un Serpentard me cherchait des noises et le professeur Emerald ne dira rien !
Toi alors …
Et je te revois pas avant le dîner en plus !
Chut, embrasse-moi !

Alors qu'il allait protester, la Gryffondor attrapa le Serdaigle par le col et posa ses lèvres sur les siennes, l'attirant un peu plus à lui. Enchanté, il répondit à son baiser, là, au milieu du couloir, lui caressant tendrement les cheveux, quand des pas se firent entendre. Aussitôt, la jeune fille se dégagea de leur étreinte, même si elle n'en avait aucune envie, et regarda dans la direction des pas, craignant bien que ce soit … « Le prof de potions … Lala, faut vraiment que j'y aille ! ». « Encore un bisou ... ». Riant, elle le lui donna de bon coeur, avant de s'esquiver, lui filant entre les doigts, et s'arrêtant à la porte de la salle de classe pour lui en envoyer un du bout des doigts, qu'il fit semblant d'attraper au vol, de poser sur son coeur, avant de détaler vers son cours où il allait vraiment, vraiment être en retard. Se retenant de pouffer, la jeune fille se détourna, il fallait qu'elle rejoigne une place au plus tôt avant que le professeur n'arrive. Se frayant un chemin entre les bureaux, déjà encombrés de chaudrons et d'ingrédients divers, elle se rendit compte qu'elle devait avoir les cheveux sans nulle doute bien ébouriffés, les joues et les lèvres légèrement rosies par les baisers de Laël, et les yeux qui brillaient. Et, de toute façon, elle pétillait de façon quasi continue depuis maintenant cinq mois. Cinq mois depuis qu'ils s'étaient rencontrés, rentré dedans dans ce couloir, que leurs regards s'étaient croisés, et qu'elle avait littéralement fondu alors qu'elle s'apprêtait à l'envoyer chier comme elle faisait à chaque fois qu'on lui faisait ça juste après une bonne séance de magie noire qui l'avait mise d'humeur particulièrement sombre. Et au lieu de ça … Vous venez d'en voir le résultat. Et vous n'étiez d'ailleurs pas les seuls, au vu des regards que lui lançaient certains élèves. Mais elle s'en fichait, en fait, non, ça lui faisait plutôt plaisir, alors qu'elle les entendait murmurer à propos de Laël et d'elle, quand elle regagnait sa place. Ils étaient jaloux, c'était tout.

Un sourire qui ne se ternissait jamais aux lèvres, elle sortit ses affaires de son sac, se plaçant face à son chaudron. Elle était très rarement de mauvaise humeur, et passait tout le temps libre qu'elle pouvait en compagnie de l'aigle. Ces moments étaient extrêmement précieux à ses yeux, et elle attendait toujours le suivant avec la même impatience que le premier jour. Il était doux, attentionné, il agissait comme si elle était la seule fille sur terre … Qui n'en voudrait pas, d'un mec comme ça ? Le paradis, ça devait à peu près ressembler à ça. Elle aurait quasiment siffloté si le professeur n'était pas entré à ce moment là, réclamant l'attention générale. La sienne, il l'avait, son esprit ne se perdait pas à vagabonder en cours. Elle aurait tout le temps de rêver plus tard. Et, mieux que tout, elle ne rêvait pas, c'était réel, elle le savait. Quand elle franchirait cette porte, après son heure de cours, même si elle sortait dans les premiers, elle savait pertinemment que Lala serait là, même s'ils avaient cours quasiment aux deux extrémités du château, à l'attendre. Elle passa un doigt songeur sur ses lèvres. Elle était … heureuse. Pour la première fois depuis des années, elle se sentait complètement et irrémédiablement heureuse, comme si rien ne pouvait lui arriver. Elle ne ressentait aucun manque, aucune envie de vengeance, elle voulait juste profiter du jour présent sans penser à demain. Et pourquoi penser à demain d'ailleurs ? Il y avait une constante dans sa vie maintenant, sous les traits d'un jeune homme de Serdaigle, alors il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Elle avait totalement confiance en lui, ce qui n'était pas le cas pour de nombreuses personnes. Ses amis ? Ils étaient heureux pour elle, elle en était persuadée. Karly, surtout, lui disait que c'était vraiment le mieux qui pouvait lui arriver. Elle passait moins de temps avec eux, bien sûr, mais elle était persuadée qu'ils comprenaient. Elle était devenue un peu égoïste, c'était vrai, mais ça allait tellement bien qu'elle n'avait envie de se disputer avec personne. Du clair, du neuf dans sa vie, du beau, du pur pour une fois. Qui trouverait quelque chose à redire à ça ? Personne. Ça changeait. Beaucoup.

Et vous voulez une preuve de ce changement ? La personne qui était assise juste de l'autre côté de la rangée, à un mètre d'elle à peine, elle ne l'avait pas vu, pas remarqué, trop prise dans sa rêverie. Une chose qui, quelques mois auparavant, ne se serait pas passé. La scène se serait déroulé totalement autrement: elle aurait repéré directement en rentrant la chevelure blonde, les traits fins et froids du jeune homme, elle aurait fait semblant de l'ignorer, de ne pas le voir, de choisir une place ailleurs, jusqu'à ce que soit leurs regards se croisent, qu'elle hoche la tête genre « ah, tiens, tu es là » et qu'elle vienne s'asseoir là du coup, ou alors que par le plus grand des hasards elle ne semble voir que cette place là de libre, qu'elle s'y installe et « ah, tiens, je ne t'avais pas vu ». Ce genre de choses. Mais pas cette fois. Là, elle ne l'avait pas vu, tout simplement. Elle avait pris une plume, un parchemin, son livre, et attendait les instructions du professeur.

« Ha non ! Tu triches, c'est pas possible !
- Ca s'appelle juste savoir jouer ma belle !
- Non je suis sûre que tu triches, c'est pas possible ! Tu gagnes sans arrêts !
- Je t'assures que j'suis juste un bon joueur, demande à heath ! Hé ! Lind' tu fais quoi ? »

Le jeune homme en question releva la tête de son sac qu'il tenait d'une main, un bouquin dans l'autre. Derrière les quelques mèches de ses cheveux un peu trop longs, qu'il avait prévu de couper dans la semaine, il posa son regard clair sur le jeune homme brun et la jeune fille. Légèrement penché en avant, la chemise en dehors du pantalon, il aurait eu l'air déglingué si il n'avait pas cet apparence classe - sans lui jeter des fleurs /SBAF/ -. Demi-sourire aux lèvres, le grand blond garda le silence alors que la jolie fille le fixait comme elle le faisait tout le temps depuis qu'il l'avait embrassé à une soirée, un petit peu arrosée. Apparemment, elle n'avait pas compris qu'il n'y aurait rien d'autre, ce qui la poussait carrément à traîner avec un de ses amis. Ah les filles, parfois, je vous jure.

« Malheureusement, je dois confesser qu'il joue très bien. Et pour info, j'ai un cours dans vingt minutes, je me prépare donc pour éviter de me taper encore un discours sur les retards et les absences et tout le pataquès.
- Ouha .. Le choc ... Lind' en bon élève.. Je vais jamais m'en remettre !
- C'est ça, marre toi, en attendant c'est pas moi qui risque de redoubler ma dernière année. »

Pour toute réponse, le garçon jeta le paquet de cartes vides au visage d'Heath qui l'esquiva de justesse avec un sourire entendu. Enfournant son livre dans son sac, il le referma et enfila son écharpe habituelle à cause de la fraîcheur des cachots quand il quittait la salle commune.
Bandoulière sur l'épaule, il quitta donc la pièce où les deux élèves se chamaillaient encore, pour rejoindre les escaliers qui lui permettraient de rejoindre sa salle, sauf qu'il fut couper dans son élan par une main sur son bras. Se raidissant, puisqu'il n'aimait pas vraiment qu'on le surprenne, il inspira à fond et serra les dents pour faire face à .. La jeune fille de Serpentard. Petite, des couettes sur le sommet du crâne, elle ressemblait à une gamine sans une once d'intelligence et ses grands yeux noisettes en ajoutaient à cet air enfantin. Aucune chance qu'elle le séduise un jour, trop gamine à son goût.

« On fait une petite fête dans la salle commune demain pour mon anniversaire, tu viendras ?
- Pas franchement le choix vu que je suis dans la même maison que toi mais très franchement, si je peux l'éviter je le ferais. Merci d'avoir pensé à moi mais non merci. »

Rien de plus, rien de moins. Ce qui devait être dit venait d'être dit et, se débarrassant de l'étreinte, il reprit sa route sans plus de mot, sans plus de regards.
Mains dans les poches, chemise toujours pas arrangée, il continuait d'avance, non sans tout de même prêter attention aux commentaires qui lui parvenaient à l'oreille. Des rumeurs sur untel, des insultes sur truc et, le meilleur, les dernières aventures d'un couple qui ne cessait d'animer les conversations, surtout parce qu'il était surprenant d'absurdité. Du moins pour Heath. Mais allez savoir, il ignora ces-derniers commentaires qui couraient le couloir et rejoignit la salle.
Il n'était pas en avance mais fut surprit de voir qu'il manquait quelqu'un, ce quelqu'un qui généralement arrivé avant lui. Ne pas y prêter attention, elle avait sans doute mieux à faire, siffla une voix perfide dans son crâne. Quel animosité tout à coup !
Il serra les dents et s'installa à sa place et leva la tête en la voyant arriver un peu avant le prof qui déjà fermer la porte sur un "tant pis pour les retardataires". Autant dire qu'Heath fut un peu secoué de voir que l'élève en question ne l'avait même pas remarqué. Il en aurait presque eu la bouche grande ouverte d'hébétude mais préféra rester droit sur sa chaise et croiser les mains sur ses affaires soigneusement étalées sur son bureau.
Un coup d'oeil en coin et l'esprit en balade l'empêchèrent de se concentrer sur ce que racontait le professeur, jusqu'à ce qu'Heath réalise que les élèves se levaient pour se mettre par deux. Pas de chance, ils devaient être en duo. Moins de chance encore, il ne restait plus que Kaprice et une autre mais cette-dernière se leva d'un pas vif pour rejoindre un autre élève seul que le serpentard n'avait pas remarqué.
Ne restait donc plus que Miss harlington et lui, et malgré sa surprenante et inexpliquée colère envers elle, il se redressa avant que le professeur ne fasse de réflexion et s'approcha de la gryffondor.

« J'espère que l'idée de m'avoir en binome ne te dérange pas, parce qu'apparemment y a plus le choix. » Un ton un peu glacial, mais il n'arrivait pas à être plus agréable que ça avec elle depuis qu'elle roucoulait bêtement avec ce serdaigle.

C'était déconcertant à souhait, la voir là, assise comme sur un nuage à rêvasser la tête dans la lune. C'était injuste et presque horrible à regarder, pourtant il n'avait pas pu s'empêcher de l'observer et de la détailler du regard. Parce que ça l'intriguait de la voir ainsi; heureuse. Il cherchait à comprendre, à saisir si elle faisait semblant juste histoire de l'agacer parce qu'elle savait combien il trouvait ça niais les gens heureux ensembles. Mais non. Elle respirait juste la joie de vivre, et semblait se satisfaire de sa nouvelle condition de fille prise, de fille qui avait un « petit ami ». Et pour en ajouter un peu plus au ridicule de la situation, il la trouvait irrésistible. Simple réaction logique. Une chose inaccessible devenait vite irrésistible, et il lui fallait trouver un moyen de la ramener sur terre, de lui faire comprendre que peut importait si ce bonheur existait maintenant parce qu'il finirait par disparaître. Que voulez vous, Heath n'aurait pas été Heath si il n'avait pas pensé qu'à lui. Et le fait qu'elle l'avait complètement ignoré venait de le perturber au plus haut point, si bien qu'il en venait à ressentir de la colère envers elle. Et irrémédiablement, vint le besoin de lui faire mal, aussi mal qu'elle venait de le blesser à son ego sur-dimensionné.
Elle ne l'avait même pas entendu approcher ! Quel affront !
Autant dire qu'elle venait de le faire déraper de son piédestal, bien qu'il y était encore accroché pour ne pas s'écraser sur le sol. Mais autant avouer qu'il était terriblement perturbé qu'elle ne fasse pas plus attention à lui. Voilà pourquoi il s'était adressé à elle de ce ton sec et arrogant, frisant la froideur, pour la sortir de sa torpeur. D'un geste de main, il avait dégagé sa frange un peu trop longue qui lui tombait devant les yeux, et avait posé son regard sur elle. Un regard noir, qu'elle pourrait prendre pour de la simple mauvaise humeur, ou pour une vengeance de bas étage.
Si en tant qu'ami il aurait du se réjouir de son bonheur, il lui semblait malsain qu'elle jouisse de son nouveau statut devant lui, en le snobant presque. Très bien, il devait montrer un peu de joie, mais était elle obligée de pavaner la tête haute, avec des coeurs dans les yeux, au lieu de prêter un peu attention à lui ?! Elle était belle l'amitié !
Il la regarda pousser ses affaires pour lui laisser la place de s'installer et il attrapa une chaise, après avoir laisser tomber violemment ses livres sur la table, dont il installa le dossier contre le bois, s'asseyant en accolant son torse contre le dossier. Les bras enroulés dessus il tourna la tête vers elle, les mâchoires serrées alors qu'elle lui répondait sur ce ton qu'habituellement il aimait lui entendre, mais qui, ce coup-ci, ne fit qu'accentuer sa rage. Néanmoins, il réussit – par miracle – à contenir sa colère et se contenta de taper son coeur, lorsqu'elle accentua le mot amis, de sa paume de main et de lâcher un « Ouch .. » qu'il lui laissait décrypter comme bon lui semblait.
L'espace de quelques minutes, il capta son regard et le soutint pour lui faire comprendre qu'il avait saisi et qu'il lui tiendrait tête lui aussi. Et même si généralement Heath n'était pas du genre à se mêler des histoires de couples, il s'était surprit à engendrer des rumeurs sur Kaprice et Laël. Rumeurs dont il était à l'origine mais qu'il n'avait pas propagé lui-même, laissant ce plaisir à d'autres qui n'appréciait pas l'un des deux, ou les deux tout simplement. Futile, mais très relaxant. Sauf que ça n'avait pas fonctionné et qu'ils continuaient à se balader dans les couloirs en roucoulant bêtement, sans sembler avoir honte. C'était le serpentard qui avait honte en les voyant ainsi.
Encore heureux que l'autre niais n'était pas dans leur cours, il aurait eu à supporter les deux pendant près de deux heures et ce n'était pas sûr qu'il ait eu les nerfs assez solides pour supporter tout ça.
Dans un soupir, il rompit le contact et ouvrit son grimoire pour chercher la recette, songeant très sérieusement à l'utiliser sur Kaprice histoire de ne plus avoir à regarder cet air illuminé et joyeux qu'elle abhorrait.

« Pour ce qui est de l'utile je te contredirais pas.. Pour l'agréable en revanche, c'est à voir. Si travailler avec quelqu'un qui à la tête tellement dans les nuages qu'il serait capable de confondre une plume de hiboux avec une plume d'hyppogriffes c'est agréable alors va falloir que je revois mes définitions. »

Oui, c'était un emmerdeur royal briseur de bonne humeur et il le vivait très bien. Elle l'avait un peu cherché, aussi, à le rendre maussade. Il quitta sa chaise, abandonnant la gryffy à ses réflexions, pour aller chercher tout ce dont ils avaient besoin et surtout pour se donner une bonne excuse et s'éloigner d'elle. Il avait presque peur que sa joie soit communicative et comme il se complaisait dans l'humeur massacrante.. Jetant un coup d'oeil en biais à Kaprice, il haussa les épaules d'un air résigné avant de se retrouver nez à nez avec une jeune fille qui lui rappelait vaguement quelque chose. Et à en croire son regard, elle devait lui en vouloir. Peut être ne l'avait il pas traité comme il se devait. En même temps, il avait une si mauvaise mémoire quand il ne se concentrait pas, qu'il passa sur ça et retourna auprès de sa binome.

« Tu te sens capable de couper des trucs sans te couper un doigt ou tu préfère touiller au fur et à mesure ? J'aurais pas envie qu'on finisse à l'infirmerie parce que tu nous auras fait péter la mixture à la gueule. »

Il avait sa main sur son coeur avec cette moue faussement hypocrite sur le visage, jouant les grands blessés par quelques mots employés par la jolie brune. Ce qu'il jouait bien la comédie de bel anglais ! Ce qu'il avait mal aussi, dans son amour propre et ailleurs, à l'entente de ce simple petit mot mais qui sonnait durement à ses tympans alors qu'elle appuyait dessus. Comme sur le manche de la lame qu'il s'était imaginé qu'elle lui enfonçait dans le dos. Non, vraiment, il jouait bien la comédie. Dommage.
Sourire pincé aux lèvres, il rit jaune et se détourna d'elle pour vaquer à ses occupations. Au fond, il savait sur qui rejeter la faute, pour tout ça. C'était à cause de Sunny, parce qu'il n'avait pas encore trouvé le courage d'admettre que c'était grâce à elle. C'était sa faute, à cause de ses grands yeux clairs chaleureux, de ses sourires tendres et de ses caresses réconfortantes .. C'était à cause de tout ce qui faisait la blondinette qu'Heath avait retrouvé un semblant de sentiments. Elle avait ouvert une porte qu'il s'était entêté à verrouiller depuis des lustres pour ne plus avoir mal, et en quelques sourires et mots tendres elle avait réussi à crocheter la serrure. Alors il avait ouvert les yeux sur le monde qui l'entourait, découvert des couleurs qu'il avait oublié.. Et puis il avait observé les gens de son entourage d'une autre manière. Il avait compris qu'entre lui et Sunny il y avait quelque chose de solide et de sincère, mais qu'il serait insultant de le nommer réellement alors il laissait flotter dans l'air quand elle était dans les parages. Tout comme il avait osé porter un autre regard, un autre jugement, sur cette brune qu'il avait un jour secoué parce qu'elle pleurait. Il avait découvert combien elle était devenue séduisante, et il avait en quelque sorte compris son attachement pour sa personne, même si il n'avait jamais su avec certitude si il s'agissait de beaucoup plus ou de beaucoup moins. Leur dispute, cet entêtement face à lui, et cette capacité à lui monter le bourichon pour un rien avait commencé à faire partie de son quotidien, et c'était devenu un quotidien qui lui plaisait bien. Il s'y était attaché, pas seulement à elle, mais à tout ce qui faisait ce qu'elle était, ce qu'ils étaient. A eux. A leur espèce d'amitié-couple gouverné par les constantes engueulades et les réflexions pour fermer le caquet de l'autre.
Et il avait perdu tout ça en un claquement de doigt. Oui, c'était la faute de Sunny et de sa douceur, si un matin il s'était réveillé avec la désagréable sensation d'avoir été trahi et trompé, face à ce couple qui papillonnait.. Heureux. Le bonheur était quelque chose de bien trop fragile pour qu'il s'y attache trop, et sa joie lui avait été retiré par un pauvre niais doué en cuisine et aux yeux de bambis ! Quelle injustice. Alors oui, Heath jouait très bien la comédie.

Sauf que ça commençait à prendre des formes de tragédie tout ça, surtout quand elle soutint son regard. Depuis quand soutenait elle son regard avec autant de force ? Généralement elle finissait par perdre, ou plutôt par le laisser gagner. Mais là, il semblait qu'il s'agissait d'une lutte de pouvoir, ou simplement une lutte pour lui rappeler que même sans lui elle continuait à vivre. Bêcheuse, voulut il lui gueuler. Mais il resta digne et il la laisse gagner cette manche, pas la partie non, ce serait trop facile. Il avait relevé le défi, bien qu'aucun des deux ne savaient vraiment ce qu'il gagnerait en sortant vainqueur. Bizarrement, la table où ils étaient assis, devait être le seul endroit de la salle de classe où l'atmosphère était chargé en électricité et glaciale. Eux d'habitude assez complice pendant ce cours, voilà qu'ils se déclaraient la guerre. Si il y avait des dommages collatéraux ce ne serait pas grave, ce serait au contraire bien plus amusant.
Et ça y était, Kaprice lança la première balle et Heath la dévisagea dans une expression de fierté. Oui, il était fier de la répartie de sa binôme et finalement, il sentait que ce cours allait lui plaire et lui en apportait beaucoup plus. Posant les coudes sur la table, il prit son visage entre ses poings et sourit, un sourire amusé et le regard pétillant. Il n'y avait pas plus agréable à regarder que Kaprice Harlington en train de vous renvoyer votre propre cynisme au visage. Divertissant.

« Hum.. On y croise plus des bêtes à cornes, un peu comme celle que tu tentes désespérément de planquer sous ta tignasse. » Puis se penchant légèrement. « Je préfère mon gouffre à ton nuage, au moins en cas de chute j'irais pas plus bas.. »

Ce fut sur ces belles paroles qu'il allait chercher les ingrédients. Il prit son temps, flânant un peu au détour de quelques tables, histoire de voir l'avancé du travail des autres avant de retourner à son duo.. En traînant les pieds. Posant le tout, il reprit sa place habituelle, et dégagea sa mèche trop longue de devant ses yeux .. Non, ça devenait critique, il allait falloir qu'il la raccourcisse.
En revanche, sa réflexion fit mouche puisqu'elle se leva d'un bond, s'armant du couteau et des racines, arrachant un sourire énigmatique à Heath qui du relever la tête pour la regarder, bien que la vu de sa hanche ne le gênait pas. D'ailleurs, il se mit à penser comme un adolescent de son âge et s'inquiéta soudain .. Pensiez vous que Kaprice et son amoureux transi avaient .. Enfin .. Style euh .. Oh mon dieu non. Une grimace de dégoût se dessina sur le visage du serpentard qui se reprit en se redressant à son tour pour regarder sa voisine d'un air faussement choqué.

« Voyons Harlington ! J'oserais jamais, j'ai tout d'un crétin mais rien d'un meurtrier. » Pardon ? Pourquoi une petite voix cria au mensonge au fin fond de son crâne ? Il chassa vite les injures qu'avaient déclenché sa réflexion et observa les cheveux noirs de la jeune fille qui lui tournait le dos. Hum.. Mine boudeuse, il tapota des doigts de la main gauche sur la table puis se pencha légèrement pour poser son menton sur l'épaule et Kaprice. « Tu me rappelles Anna-Beth la fois où elle était tellement vexée qu'on la croit pas bonne cuisinière qu'elle avait décidé de faire un ragoût .. » Ou comment tous les gamins de l'orphelinat avaient chopé une indigestion.

Retirant sa tête, il s'arma du bouquin et chercha les autres ingrédients pour continuer de son côté. Oui, Heath avait ses moments parfois, ces petits moments où il se montrait sympa ou carrément drôle - comme avec Avril - même si c'était souvent des moments rares qui filaient à une vitesse éclair pour qu'on retrouve le Heath habituel.. Ronchon et Méchant. Et pour une fois, il admettait - bien qu'en silence - qu'il avait bel et bien dépassé les bornes avec sa camarade. Elle voulait être heureuse ? Tant mieux, tant qu'elle ne l'était pas trop près de lui. Il pouvait pas faire mieux.