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| Vert le feuillage, rouge est le sang. | |
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Izaak A. SolokoffCRIMINEL. ► meurtrier. membre du staff.
► MESSAGES : 93 Lun 26 Juil - 13:52 |
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La petite a aujourd'hui neuf ans. Elle a grandi, et lui, il ne l'a pas revu. Sans doute que Elladora a t-elle été soulagé de voir que ce monstre s'est enfin dégagé de la petite brune aux yeux d'or et de noisette. Mais le monstre est de retour. Faible et fatigué, aussi. Il a affronté là un grand ennemi, et si ce fut drôle et amusant, ce fut aussi douloureux. Il marche lentement, se remémore la forêt et le corps de son frère, si facile à crever. Les autres sont morts eux aussi. Il ne reste plus du clan Solokoff que le petit Noah, au sourire fin. Izaak aussi, est encore debout. Caesar, lui, a disparu dans les vagues du temps, mort. Alors le loup est maintenant bien seul, il n'a plus rien à perdre, et quand on est seul, on repense toujours à ce qu'on a perdu dans le passé, n'est-ce pas? Lui il repense à sa famille, au premier regard de son père sur lui, qui fut également le dernier. Il se traîne sur le sol, et de sa bouche des relans de sang éclaboussent le sol. Il n'a pas peur. Il ne va pas mourir. Ça ne sera jamais son heure. Ce n'est qu'une passade. Un arbre là, il se penche un instant et vacille, s'écrasant lamentablement sur le sol. Sa cage thoracique va exploser. Il sourit pourtant, et se met sur le dos. Bien. Il est bien là. Il imagine un peu la tête que tirerait sa soeur, Evie, ou encore Rachel. Dalila est morte, fauchée par la vie. Ici, il ne reste que Noah... Oui, le petit Noah, beau comme un ange, qui rit sans cesse. Il est le plus normal des Solokoff, mais il risque de mourir, s'il n'est pas déjà mort lui aussi. Il inspire et sert les dents, comme un filet de sang s'écoule de ses lèvres. De toute sa vie, il n'avait jamais été blessé aussi gravement, mais encore une fois, il a résisté, il est sortit gagnant. Il vient de vaincre là un des vampyrs les plus anciens, une saleté qui s'était réveillée d'un profond sommeil, et il l'a bien amoché. Il déteste les brumes. Mais il a réussi. Il lui a arraché la tête du corps, il l'a eut, et le vampyr est mort, retourné à l'état de poudre, de cendre. Quel était le nom de ce vampyr déjà? Quelque chose d'égyptien... D'arabe peut être. Un vampyr à la peau noire et aux yeux verts de vipère. Le loup eut un petit rire, alors que lentement son organisme reprenait, ses côtes ressortiraient de ses poumons, le faisant respirer difficilement. Il ne devrait pas être ici, contre cet arbre. Il n'aurait jamais du venir, mais il ne se sentait pas de se relever... Non. Et puis, il n'y avait aucune chance qu'elle se rappelle de lui, pas vrai? Aucune chance, pour sûr.
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Elladora KonstantineLYCAN DE TYPE C.F. propriété du ministère de la magie.
► MESSAGES : 456 Lun 26 Juil - 14:35 |
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| feat. Sasha Orlov, 9 ans.Les rires d'enfants voletaient sur la plage comme toujours. Il y avait aussi Leandre qui surveillait d'un oeil. Il y avait toujours adulte avec eux désormais. Pourtant, tous l'avaient remarqué, la petite Sasha, toujours aussi solitaire n'avait plus mis un pied dans la forêt depuis un an. Sasha tu viens?, il lui avait semblé entendre ça les premiers jours mais ça lui était passé là. Elle avait sans doute souri et s'était assise en face de la forêt, devant leur maison, exactement là où elle l'avait vu la dernière fois. Puis on lui avait dit d'aller à la plage parce que c'était là qu'étaient les autres. Alors elle y était allée. Mais elle s'était assise toujours dos à la mer, regardant vers la forêt, son petit sac de toile autour du cou. Quand la période de la chasse d'été avait passé, elle avait langui plus fort mais il n'était pas revenu. Alors elle avait attendu et quand le temps des chasses d'hiver était arrivé, il était trop tard pour compter les fleurs du jardin qui étaient toutes mortes sous le manteau glacé de la neige. Il n'y avait que les cheveux de Sindri pour mettre un peu de couleurs sur le paysage. Elle avait aider son père a décorer la porte en bois qu'il avait fabriqué. Elle avait appris à cuisiner des bonbons. Toujours en comptant les jours puisqu'elle n'avait pas pu compter les fleurs, ni les cailloux. Puis les retours de chasse se firent et il ne revenait toujours pas. Elle commença à se sentir vraiment triste à l'intérieur. Elle serrait son secret dans la paume de sa main et rien n'arrivait jamais. Bien sûr elle continuait à faire ce qu'elle faisait avant, mais elle emportait partout avec elle un petit nuage noir qui parfois lui laissait une ombre sur le visage. Le soir elle posait sa tête sur les genoux de son père et c'était tout. Ça la consolait un peu. Mais pas vraiment. Mais elle croyait toujours qu'il reviendrait. Parce que c'était son ami. Alors elle attendait, comme une petite fille sage. Un jour qu'ils étaient tous à la plage, et qu'elle s'amusait à compter les vagues, tournant le dos à la forêt, elle sentit quelque chose dans le vent. Comme si elle ne pouvait pas oublier les arbres et leur frondaison un tout petit instant. Elle se retourna et se mit à courir droit vers la forêt. Discrètement comme elle savait faire pour qu'on ne la vit pas. Pas tout de suite du moins. Elle sentait son odeur à lui, et l'odeur du sang. Beaucoup de sang. Elle court vers cet arbre qui a toujours tout vu, tout entendu, qui s'était imprégné d'eux en quelque sorte. Et c'est bien là qu'elle le trouve. Elle stoppe net en le voyant et se crispe. Elle ne l'a jamais vu comme ça, pas même imaginé dans ses pires cauchemars et Seth sait qu'elle n'en fait presque jamais. « Izaak! »Sa petite voix s'est échappée dans un ton un peu plus aigu que d'ordinaire, elle se précipite vers lui, le coeur vrillé de peur. Elle n'a jamais vu autant de sang de sa vie. Elle en a déjà sur les mains comme elle prend son visage et sa voix tremble: « Tu ne reviens pas pour mourir hein? Tu ne reviens pas pour mourir ou je te le pardonnerai jamais Izaak... »Elle fronçait les sourcils pour ne pas pleurer. Sasha n'était pas une enfant comme les autres. Elle avait de ses réactions bizarres qu'aucun gamin n'aurait du avoir. Comme par exemple prendre l'un des trois précieux katanas du chasseur, le sien, celui qui portait la marque invisible des doigts d'Izaak, et trancher dans son petit poignet d'enfant avec une grimace. Ca faisait mal à cause de l'argent qui brûlait, lui tira quelques larmes qu'elle n'aurait pas voulu mais ça se refermait déjà, beaucoup trop vite alors elle réitéra le geste lui collant le poignet sur la bouche avant de poser sa petite tête châtaigne sur son épaule. Blottie contre lui comme pour lui tenir chaud. Un peu de sang neuf, elle avait déjà vu des loups adultes le faire. Si Mishka l'avait vu faire il aurait ri, et aurait dit qu'elle n'y connaissait rien. Et c'était vrai. Mais s'il mourrait elle ne lui pardonnerait jamais, jamais. | |
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Izaak A. SolokoffCRIMINEL. ► meurtrier. membre du staff.
► MESSAGES : 93 Lun 26 Juil - 22:55 |
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Il est tard dans l'après midi. Il se réveille, la chaleur sur la peau qui le dérange. Il n'a jamais aimé le soleil. D'ailleurs, il ne s'est même pas rendu compte qu'il s'était endormit. Ça aurait pu être dangereux. Il respire, mais le sang éclabousse à nouveau ses lèvres et coule sur son buste. Il a l'air de rien, vu comme ça. Peut être même qu'il va mourir ici, tout seul. Peut être qu'il s'est surestimé. Il ferme les yeux, un instant. Il a besoin de fermer les yeux, mais il lutte également pour ne pas s'endormir à nouveau. Il ne lui faut pas grand chose pour se réveiller à nouveau. Elle est là, juste devant ses yeux. Ou peut être plus loin. Il ne voit rien avec le soleil qui frappe sa tête. Il essaye de respirer, mais il sent bien qu'à l'intérieur, ça ne s'est pas encore bien remis. Il relève doucement le nez, ses cheveux sont sales, trempées de sang. Il est pâle comme la mort, mais il ira bien. Il a un sourire amusé. Il sait déjà qu'il va l'inquiéter, la pauvre petite.
« Izaak! »
L'éclat de voix, oui. Il le savait d'avance. Il essaye de tenir la tête haute, mais ça ne va pas, elle retombe automatiquement, mollement. Il se sent si faible... Il aurait pu rentrer au camp, mais il ne l'a pas fait. Il a préféré venir se perdre ici, dans cette forêt, et l'attendre elle. C'est fou. Il n'a pas le droit, il le sait. Il est le pire de tous les exilés. Il est l'héritier des premiers exilés de la meute. Il est un Thébaïde, et son coeur est mort ; pourtant, quand il la voit qui vient, il ne peut pas s'empêcher de sourire tendrement, amusé. Elle est proche de lui, juste à côté, alors qu'elle prends son visage dans ses mains. Allons, allons petite... Il ouvre un oeil, le droit, et voit comme elle n'a pas changé. Elle est belle comme une feuille en automne, avec ses couleurs chaudes et auburn.
« Tu ne reviens pas pour mourir hein? Tu ne reviens pas pour mourir ou je te le pardonnerai jamais Izaak... »
Il a un petit rire, et le rire devient toux, et la toux le fait saigner. Un filet épais de sang noir coule de sa lèvre à son torse, mais visiblement, il rit. Il n'a pas peur. Il la regarde, alors qu'elle se coupe la main avec son épée. Oh, non. Il lève sa main, attrape le poignet blanc et le repousse doucement, avec un sourire amusé. Elle a bien grandi, oui, mais elle a toujours été la plus mature de tous les autres. Il repousse le poignet et la plaie se referme. Heureusement pour elle, elle a prit l'épée de sa mère. Son épée à lui est en argent, et pour sûr qu'elle aurait pleuré si elle s'était tranchée la peau avec. Il lève la main ensuite et tapote sa tête, secouant doucement la tête, un filet de sang coulant lentement sur sa tempe.
« Ne t'aie-je pas déjà dit que je ne mourrais jamais? » Il a un regard qui ne ment pas. « Laisse moi juste un peu de temps pour reprendre... Et range cette épée avant de te blesser. »
Il regarda autour de lui, par instinct, mais il n'y a rien et personne. Il eut un petit rire, moqueur pour lui même, et finalement releva un peu la tête. Ses poumons se dégageaient peu à peu. Il fronça un peu les sourcils finalement :
« Personne ne te garde? »
A l'oreille, c'était un reproche. Ça en avait tout l'air. Il toussa, recrachant un peu de sang, mais plus clair cette fois-ci, ce qui était mieux. Il se reprit, finalement :
« Je t'ai tellement manqué...? »
Sourire tendre.
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Elladora KonstantineLYCAN DE TYPE C.F. propriété du ministère de la magie.
► MESSAGES : 456 Mar 27 Juil - 13:25 |
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| Il rit mais elle eut tellement plus l'impression qu'il se noyait dans son sang qu'autre chose que son petit coeur frappa douloureusement. Il ne voulut pourtant pas de son sang. La petite bouche de Sasha s'ouvrit pour dire quelque chose, elle savait que ça ne servait pas à rien, mais il repoussait doucement son poignet qui se refermait déjà ne laissa aucune trace visible.
« Ne t'aie-je pas déjà dit que je ne mourrais jamais? » Sasha s'accrochait à se regard comme on s'accroche à une vérité absolue « Laisse moi juste un peu de temps pour reprendre... Et range cette épée avant de te blesser. »
C'était vrai qu'elle était démesurément longue pour une petite créature comme Sasha. Elle obéit. Elle savait bien qu'il ne donnait jamais de règles idiotes, que quand il disait quelque chose, il fallait l'écouter. L'épée retourna donc au fourreau dans un feulement de métal. Elle le vit observer autour d'eux mais elle ne regardait que lui, comme guettant le moindre signe alarmant. Pour elle le voir simplement allongé, incapable de se relever était déjà un signe plus qu'alarmant.
« Personne ne te garde? » « Si Leandre nous garde. J'ai attendu qu'elle tourne la tête mais elle a vu que j'étais partie, elle nous regarde contre le vent. Mais elle ne viendra pas avec nous. »
Sasha n'aurait pas voulu qu'elle vienne et puis, elle savait que la grande louve rousse se tiendrait à distance, gardant un oeil à la fois sur eux et sur la plage tant que rien ne déraperait. C'était une guerrière, discrète mais efficace d'après les adultes. Tranquille, Sasha s'allongea dans l'herbe tout à côté d'Izaak comme elle avait décidé qu'elle ne bougerait plus tant qu'il ne serait pas guéri. Elle tourna juste la tête vers lui pour le voir et parfois ses petites mains venaient essuyer un peu de sang, plus clair, les pointes de ses cheveux châtains furent bientôt teintées de rouge mais il lui importait peu.
« Je t'ai tellement manqué...? »
Elle eut un petit sourire difficile à arquer, à cause de l'envie de pleurer. Mais elle était contente dans le fond même si elle n'en profitait pas pleinement parce qu'il y avait trop de sang à son goût.
« Je savais que tu partais pour longtemps. », elle serra son petit sac de toile dans sa main machinalement,« Les autres pensaient que tu ne reviendrais pas, je le sais, même si ils n'ont jamais rien dit quand j'étais là. Moi je t'ai attendu c'est tout. Sauf aujourd'hui, parce que j'ai cru que tu reviendrai jamais finalement. Pardon. »
Elle n'aimait pas douter d'un ami. Surtout pas de celui là. Ce n'était pas seulement parce qu'il était à peu près son seul ami véritablement doué de parole, c'était parce qu'elle tenait à lui. Et douter c'était un peu trahir. Mais pas tout à fait.
« J'étais triste aujourd'hui. »
Elle n'avait pas perdu cette habitude curieuse qu'elle avait d'énoncer les choses comme elles étaient sans commentaire. La vérité toute crue c'était tout ce qu'elle savait. Elle attrapa son petit doigt comme elle ne l'avait plus fait depuis un an mais elle eut un sourire simple parce que ce petit doigt n'avait pas changé. Il était un peu froid peut-être. La tristesse s'était enfui au galop. Chez Sasha les émotions ne se croisaient pas, elles ne s'attardaient pas. Elles étaient simplement unes et entières. Simples. Sasha ne serait certainement pas le genre de fille à reprocher les mots de vieilles disputes plus tard, si encore elle se disputait. Quand une chose était passée, elle était passé. Elle ne disait pas tu m'as manqué parce que c'était évident. Parce qu'il y avait des choses qu'on ne disait pas. Personne ne venait vous taper sur l'épaule pour vous faire remarquer que le ciel était bleu. Ou pour vous dire que vous aviez les cheveux de telle couleur, les yeux clairs ou foncés. Parce que ça faisait partie de l'allant de soi. Doucement elle lâche la dent d'Izaak pour tendre la main vers une grande et large feuille. Elle gratte un peu la terre, y plante la tige épaisse qui pleure toute sa sève, et voilà que la large palme verte écarte ce rayon de soleil qui venait frapper directement sur la tête d'Izaak l'instant d'avant.
« Maman dit qu'il ne faut pas rester en plein soleil. », explique-t-elle.
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Izaak A. SolokoffCRIMINEL. ► meurtrier. membre du staff.
► MESSAGES : 93 Jeu 2 Sep - 11:42 |
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Il était calme, malgré la douleur et le sang qui coulait des plaies sur son abdomen. Il était comme une de ses bêtes qui savent rester tranquille, pour mieux se redresser, fort et puissant. Il sait également que cette fois-ci, seul, il n'y arrivera pas. Il prendra trop de temps, et pendant ce temps, il laisse le terrain libre aux chasseurs, aux bandits et aux pirates, de mieux ravager ce à quoi il tient le plus au monde : la meute. De loin, bien sûr, car tous ces hommes le craignent et se moquent. Quand on veut défier le diable, ne dit-on pas, en lycan, qu'il faut cracher trois fois le nom de Solokoff? Izaak n'est pas dupe, cette meute le déteste, mais il sait également qu'il est indispensable à leur survie. La Sorcière d'En Dor n'a pas dit son dernier mot. Elle a été sincère : il ne mourrait jamais, qu'à la fin de l'existence de tous les autres loup de son clan. Bien sûr, l'épidémie a commencé. Mais rien de grave. Vraiment rien de grave. Hugolain... Puis ça a été David. Le prochain sur la liste? Qui sait. Izaak regarde cette gamine, et il a un sourire tendre. C'est pour ça qu'il se bat. C'est pour conserver sur les visages juvéniles le sourire des jours heureux, cet éclair doux et affectueux, ses yeux lumineux. Izaak leur offre l'avenir, et au plus profond de lui, ça le réconforte.
« Si Leandre nous garde. J'ai attendu qu'elle tourne la tête mais elle a vu que j'étais partie, elle nous regarde contre le vent. Mais elle ne viendra pas avec nous. »
Ainsi donc, les Lycie sont au campement. Quelle drôle de chose. Il ne doit pas avoir croiser un seul d'entre eux en deux siècles, et il faut que ce soit la fille de Leto qui garde les enfants? Un instant, il aimerait rire, car pour lui, c'est drôle, c'est une blague, mais il n'y a rien qui vient d'autre qu'un rictus simple et tordu sur ses lèvres déchirées et à vif. Elles se refermeront, mais à vue d'œil, ça ne donne rien. C'est infime, qu'une couche de peau de zéro, zéro, zéro virgules trois millimètres. Un décimal parmi tant d'autres. Le poison qui court dans ses veines ne le tuera pas, il l'épuisera, encore, et encore, et il épuisera également son corps dans une régénération difficile. Ce poison, c'est le sang de Israël, le vampyr oublié. Il est arrivé plus vite que les autres, mais il a prit cher aussi. Il savait bien que c'était une mauvaise idée, mais le goût du risque vaut bien celui de la mort. La Sorcière d'En Dor avait raison : du moment qu'il n'avait pas peur, il ne mourait pas. Il n'avait jamais peur. Sauf cette fois, où Hugolain l'avait prise pour lui, pour la briser, pour la faire disparaître. Ce jour là, la peur était devenue colère, et il avait tué, ici ou ailleurs, son frère de sang, pour sauver une enfant qui n'avait rien de plus que les autres, si ce n'est même moins. Cette enfant était là, elle le guettait, et il savait qu'elle avait pour lui des sentiments forts, ces liens que seul l'amitié vous donne. Izaak connaissait la différence entre l'amitié et l'amour. Ce n'était pas une question de sexe, pas une question de corps non plus. L'amour, c'est passionnel. On peut être amoureux d'une personne qui vous ait totalement inconnue, qui est totalement l'opposé de vous. Mais on est ami qu'avec les gens que l'on veut, et l'amitié dur bien souvent plus que l'amour. Surtout chez les loups, trop fidèles, trop sociaux. Des loups qui se lient trop, peut être.
« Je t'ai tellement manqué...? » « Je savais que tu partais pour longtemps. Les autres pensaient que tu ne reviendrais pas, je le sais, même si ils n'ont jamais rien dit quand j'étais là. Moi je t'ai attendu c'est tout. Sauf aujourd'hui, parce que j'ai cru que tu reviendrai jamais finalement. Pardon. » Il la regarde, et a un petit rire, étouffé aussitôt dans le clapotis de sang qui coule de son palais percé. Il a un sourire en coin, à peine visible derrière le sang coagulé. « Alors c'était le bon moment pour revenir. »
Il ne lui en voulait pas. On doute tous, un jour ou l'autre. Izaak était le seul être à n'avoir jamais douter du bien fonder de sa mission, qu'il considérait encore comme divine, ou quelque chose comme ça. Il n'était pas le messager de Seth, ni même son gardien. Il était autre chose. Il était chasseur de chasseur. Il refroidissait les nuisances, et les faisait disparaître. Il était à lui seul le K.G.B. lycan. Un monstre parmi tant d'autres pourtant.
« J'étais triste aujourd'hui. » « Il ne faut pas l'être. Je suis toujours avec toi. »
Il avait cet air doux sur le visage, comme il profitait de ces rares moments qu'ils partageaient ensemble, et ce avec tout le bonheur du monde. En dehors de Noah, Izaak n'avait personne avec lui. Rachel, Dalila et Evie s'étaient réfugiées et vivaient ensemble, pour mieux se protéger. Après la mort de Hugolain, Evie avait très mal pris le fait que ce soit leur propre frère qui l'est tué. Izaak n'avait jamais cru qu'il pouvait être exilé du propre clan qu'il avait fondé. C'était bête ; il aurait du y penser. Zachée et son frère, eux, attendaient. Ils attendaient dans un coin de forêt, d'où plus personne ne ressortiraient pour quelques siècles. Lui était seul, avec Noah, le père de Jude. Le faux père de Jude. Il n'avait fait que sauter une moldue, et reprendre l'enfant quand ce dernier eut dévoré les boyaux de sa mère durant la naissance. Quelle blague, non? Jude, si petit, si fragile, naît ainsi... Personne ne le savait, mais la plus part des loups naissaient ainsi. Vitaly Orlov avait de la chance, quelque part. Izaak releva le nez, chercha quelque chose. Oui. Vitaly Orlov... Mais devant lui, une feuille se dresse, et le protège. Le regard du vieux loup glisse sur la gamine, et il a un sourire amusé.
« Maman dit qu'il ne faut pas rester en plein soleil. » « Merci Sasha.... ça me fait plaisir... »
Il fatiguait à vue d'oeil. Il n'avait pas dormi depuis le combat, il avait marché jusqu'ici, longtemps, douloureusement, mais il ne s'était pas arrêté. Pour la voir, elle. Il savait que la saison n'était finie, qu'il devrait s'en remettre pour mieux reprendre, mais tout ça, il ne le pouvait pas. Pas avant de l'avoir vu, elle. Il la voyait maintenant, et il sentait au loin un mouvement dans la foule. Enfin... Il en avait mis, du temps. Izaak serra les dents en sentant une côte bougeait en lui, pour se remettre en place, laissant alors un trou dans son poumon, pissant le sang à l'intérieur de lui. Ça n'était pas bon. Il ferma un œil en grimaçant. Devant Sasha et Izaak, l'armoire à glace qu'était Vitaly se dressait, terrible et large. Vitaly était un géant au corps de vieux russe, sans la barbe. Il regarda Sasha, puis Izaak. Izaak releva douloureusement le nez, et dans un petit rire, souffla :
« Ce n'est pas aussi grave que ça en a l'air... » Vitaly, terrible jusqu'alors, eut un petit sourire en coin, amusé. « Tu as toujours mentit très mal, Izaak. » « ...est-ce mal? »
Vitaly secoua doucement la tête, avec un petit sourire, puis posa son regard sur Sasha. Déjà son regard avait changé. Il n'était pas paniqué, non, mais une pointe inquiet. Son rôle dans la meute était imminent, même s'il était le plus exilé des exilés.
« Rentre maintenant, et lave toi les mains avec de l'eau claire. Ne lèches pas le sang surtout. Il peut y avoir encore quelques résidus. »
Vitaly tapota la tête de Sasha. Des enfants, elle était peut être sa préférée avec Nora. Ce n'était pas vraiment dur, quand on savait que ces deux enfants aimaient la nature autant que lui. Il y a bien aussi Sindri, ou encore Rafael, qui étaient calmes et silencieux, et intéressés. Mais de tous, le plus avancé était sans doute Celio, car ils partageaient la même vision des choses. Izaak se redressa mais Vitaly le repoussa lentement, décrochant de ses épaules la large veste.
« Ici, ça ne sera pas possible. Je vais devoir te prendre dans ma tente. » Izaak eut un petit rire, gêné d'être si faible pendant un instant. « Me prendre dans ta tente? ... coquin... »
Izaak hoqueta du sang, dans un rire ridicule. Vitaly le regarda, et rigola aussi, un instant seulement. Il l'attrapa comme on attrape une princesse, le soulevant facilement. Izaak était maigre, et c'était clairement un point faible chez lui. Son loup lui même était squelettique, et ça se voyait. Quand il revenait de chasse, il était chétif, il avait cet air fragile. Mais il ne l'était pas. Izaak regarda Vitaly, mais plus Sasha. Il ne voulait pas la voir alors qu'il n'était même plus capable de marcher par lui même, tout simplement car sous son jeans, il avait une double fracture ouverte. Il le sentait, mais n'en disait rien. Tant qu'il y avait des ligaments pour le retenir, c'était tout ce qui lui fallait. Il souffla difficilement. Vitaly tourna aussitôt le dos à Sasha.
« Rejoins le reste du groupe Sasha. Le dehors n'est plus si sûr... »
Il n'ajouta rien de plus. Izaak se rembrunit. Il le savait plus que tous les autres. Vitaly avança aussitôt. Il contourna le campement, évitant de croiser les autres – il ne croisa que Chain de Catterick – et disparu finalement dans sa tante. Là Celio regardait avec fascination la télé moldue, que Vitaly avait eut du mal à installer ici sans éveiller la curiosité des autres. Celio n'était pas un loup comme les autres. Vitaly essayait de lui donner une éducation « au mieux », mais il se montrait surtout étouffant. Il le savait. Et il s'en foutait bien du regard des autres sur son fils cadet. Il était le dernier cadeau que Ava lui avait donné. Il l'élèverait comme elle aurait aimé qu'il l'élève, et pour ça, il aurait fait n'importe quoi. Vitaly passa dans le salon, puis disparu dans une tente qui servait de laboratoire. Une grande table, froide et blanche. . Vitaly pose lentement Izaak sur la table. Izaak se souvient d'un endroit similaire, mais en bois, des années auparavant. À cette époque, il était tout petit, très petit. Il n'avait que deux siècles, mais c'était comme ça. Il avait commencé dès la naissance. Il avait tenu une arme quand il n'avait même pas l'âge de marcher, et avait mangé sa première chaire humaine quand il avait ouvert les yeux, sous sa forme lupine. La première fois, dans les bras d'une autre mère que Rivka. Un secret bien gardé pourtant. Izaak regarda le plafond, où le ciel était clair, mais où la lumière ne perçait jamais vraiment. Entouré de fleurs apaisantes, il se sentait bien, malgré la douleur qui se déplaçait le long de son corps. Vitaly disparu un instant, puis réapparu, avec une petite trousse de médecin. Il y avait plusieurs seringues remplies de fleurs, et plusieurs scalpels bien propres. Izaak regarda Vitaly. Ça allait faire mal.
« Tu veux boire avant? » L'alcool. Le plus vieux miracle du monde. Izaak souffla, entre deux respirations : « Non. J'ai connu pire. » Izaak ferma les yeux. « Va y. »
Vitaly le regarda, puis sortit les scalpels.
…
De dehors, on ne voyait rien. La porte de la tenture était fermée. Celio était sur les marches de la baraque. Il était le plus grand de la meute, pour les plus petits. Il avait déjà 16 ans, et ses cheveux, un peu trop long, lui tombait sur les épaules. Il attendait, calmement, un livre en main. Il ne parlait pas aux autres. Par parce qu'il ne les aimait pas, mais parce qu'il était trop vieux pour jouer avec eux. Il lisait tranquillement, un ouvrage sur la poésie et la préciosité... Un cri, court et vif, frappa la maison toute entière. Puis à nouveau le silence... Celio ne cilla pas. Il attendait, tout simplement.
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Elladora KonstantineLYCAN DE TYPE C.F. propriété du ministère de la magie.
► MESSAGES : 456 Dim 5 Sep - 21:18 |
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| « Alors c'était le bon moment pour revenir. »Elle eut un petit sourire difficile à faire naître. Oh Izaak, sais-tu seulement à quel point tu es aimé? Je pense que tu le sais. Dans ce pauvre petit sourire il y a tout l'amour du monde, l'unique sentiment de plénitude que l'on connait pour avoir attendu indéfiniment quelque chose de trop cher pour être oublié une seconde. Il y a l'inquiétude aussi, déguisée mais bien présente. Au yeux de la petite louve Izaak Solokoff n'était pas un monstre de cauchemar, c'était un paria mais un paria qu'elle aimait plus fort que tout du haut de ces minuscules neuf ans. Sasha aimait son père, elle aimait sa mère. Tendrement. Sincèrement. Aurait-elle pu aimé différemment d'ailleurs? Elle aimait ses frères et soeurs et elle aimait donner des cailloux à ce petit garçon aux cheveux bleus qui s'appelait Sindri. Mais elle aimait Izaak différemment de tous les autres. Peut-être parce que lui même était différent. Peut-être parce qu'elle avait pratiquement onze mois sur douze pour s'ennuyer de lui. Ou parce qu'il comprenait ce qu'elle ressentait face aux règles et aux traditions qui lui paraissaient presque toujours étrangères. Ils avaient refait le monde, du moins elle l'avait refait, elle l'avait questionné jusqu'au dernier grain de sable. Elle avait couru derrière lui pour perdre à chaque fois, juste pour le plaisir de voir ses jambes de petite fille ou ses pattes de louveteau avaler les mètres à lui en faire perdre l'équilibre, et la notion de l'espace. L'ivresse du jeu. La confiance absolue. Même quand lui lui disait de se méfier. C'était tout ça qui l'attachait à Izaak Solokoff. Et ça n'avait rien de comparable au monde. Et ça ne s'éroderait probablement jamais. Pour qui aimerait Sasha Orlov, il y aurait toujours une raison d'envier ou de jalouser Izaak Solokoff. Alors bien sûr, elle qui avait déjà commencé d'arrêter de grandir, parce que "je serais exactement de la même taille que toi Izaak", sentait une pointe douloureuse à son coeur en voyant tout ce sang, et en le devinant incapable de se relever. Ses petites mains se tâchèrent vite de carmin comme elle voulait lui nettoyer la figure. Elle savait être douce, ça n'avait jamais été une enfant turbulente, maladroite parfois mais seulement dans une maison. A l'extérieur elle était toujours parfaitement dans son élément. Et comme il promettait d'être toujours avec elle, elle le croyait, et elle promettait aussi. Ce n'était pas des paroles en l'air. Pas des mots qu'elle oublierait. A l'ombre de la feuille qu'elle a étendu pour protéger Izaak du soleil quie st trop chaud à cette heure, une autre ombre prévaut. C'est celle bienveillante et connue de son oncle Vitaly. L'enfant retourne vers lui des yeux vairons criants de franchise. Elle a peur pour Izaak. Mais elle sait que son oncle fait un meilleur médecin qu'elle, meilleur que tous les autres. Sasha a confiance en lui, et si le bref échange qu'Izaak a avec Vitaly lui tord le miocarde, elle a confiance. Parce que Vitaly aime savoir et qu'il sait déjà beaucoup. Et parce qu'Izaak ne peut pas mourir. Il a promis. Et on ne défait pas une promesse de ce genre. « Rentre maintenant, et lave toi les mains avec de l'eau claire. Ne lèches pas le sang surtout. Il peut y avoir encore quelques résidus. »Sasha hoche la tête mais ses lèvres restent scellées. Peut-être que son père aurait eu quelque chose à redire là dessus. Qu'il fallait répondre quand on lui parlait, quoique c'était plutôt à son frère Lev qu'on la faisait. Elle voudrait bien regarder Izaak, mais quand Vitaly se penche elle détourne le regard. Parce qu'elle sait bien qu'il ne voudrait pas qu'elle le voit comme ça. Les larmes montent mais elle les retient, et comme elle ne retourne pas la tête, il ne les verra pas non plus. Pourtant elle s'est attardée plus qu'elle n'aurait voulu, plus qu'elle n'aurait du. Et son oncle la rappelle à l'ordre. « Rejoins le reste du groupe Sasha. Le dehors n'est plus si sûr... »Là encore elle ne répond pas. Mais ses yeux parlent pour elle. Si Sasha ne demande jamais rien pour les fêtes, ni pour ses anniversaires, aujourd'hui elle demande quelque chose. Elle supplie du regard. Puis elle s'enfuit. ... « Sasha... »Les yeux de Lev sont clairs et terribles comme l'orage. C'est peut-être pour ça qu'il ne parle presque pas. Ses yeux le font à sa place. Du moins c'est ce que pense Sasha. L'enfant pose sa tête sur l'épaule de son frère déjà beaucoup plus grand qu'elle. Il ne dit rien. Elle non plus. Elle attend. Et lui attend qu'elle ait fini d'attendre. | |
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Izaak A. SolokoffCRIMINEL. ► meurtrier. membre du staff.
► MESSAGES : 93 Lun 6 Sep - 20:45 |
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Celio ne cille pas. Il y a des cris, de temps en temps, mais le silence l'emporte toujours sur le bruit, alors il continue sa lecture, sans un mot. Il est beau Celio, beau avec ses yeux d'italien, qui donnent l'impression de toujours aimer. Il relève le nez, remarque un point, pas si loin de chez lui. C'est Sasha qui attends. Mais elle, elle attends qu'il sorte, quand Celio n'attends qu'une chose : rentrer. Il aimerait profiter de la chaleur de son foyer, du grand canapé et de la télé, mais il ne peut pas. C'est ce qu'a dit son père : tu attendras, je finirais dans la soirée. La soirée, oui... Il n'est pourtant que 16 heures, mais Celio s'ennuie déjà des couffins et des fleurs de son père. La porte s'ouvre finalement. C'est son père, les mains en sang, qui le regarde. Il regarde autour de la baraque, mais il n'y a personne. Les enfants jouent, sous la protection de Leandre. Sasha attends. Lev aussi. Personne ne s'en ait encore rendu compte. Alors Vitaly rentre à nouveau dans la maison, et referme la porte sur Celio, qui est condamné à attendre. Longtemps. Très longtemps.
…
Jonas, les cheveux en bataille, regarde l'horizon. Leandre regarde ailleurs, elle fixe Ella, qui parle fort avec Oskar. Ils jouent à se courir après. Jonas, lui, s'en moque. Il regarde l'autre bord de la rivière, et il a cette lueur dans l'oeil, ce regard espiègle qui ne désire qu'une chose : une grande aventure. Sasha n'est pas là. Alors Sindri est tout seul, comme il trie les cailloux. Il se moque un peu qu'elle soit avec Izaak, même si au plus profond de lui, il se sent tout seul à ramasser ses galets, et il trouverait presque ça ennuyeux. Sindri ne porte aucune attention au reste du groupe. Landres, Lazarus et Lucian jouent avec Kira. Rafael, lui, dort sous un gros arbre. À côté de lui, Johann fixe un point imaginaire, le visage long. Il ne voit pas. Johann est un garçon qui ne peut pas voir, c'est sûr. Sur la rive, loin de l'eau, c'est Milly et Mahel qui font un château de sable. Linda débarque, c'est confus, ça crie d'un peu partout. Jonas détourne le regard, et finalement descends de son rocher. Il court jusqu'au gros arbre, se plante devant Johann, et souffle :
« On s'fait un match? »
De nouveau, Johann se connecte au monde. Il détourne le regard du vague, regarde Jonas, et il a un fin sourire.
« Quatre contre quatre? »
Rafael ouvre un oeil, dérangé par le bruit. Il pousse le livre qui est sur son nez, regarde autour de lui.
« Tu veux jouer, Raffy? » Rafael regarde Jonas, un air dépité sur le visage. « On se fait un match. Ça te tente...? » « Rien que pour te botter le cul, ouais. » « Okay. Donc, ça nous fait... Jo' et Jonas contre Raffy. » « Trouve toi une équipe, j'fais la mienne. »
Rafael se redressa, et s'étira. Il ne fallut pas longtemps pour que chacun est une équipe. Jonas serait l'équipe des bleus, avec Sindri, Milly et Johann. Rafael serait l'équipe des noirs, avec Céleste, Jude et Mahel. Oui, Rafael n'avait que des filles. Et alors? Ils commencèrent à jouer, et bien vite, l'équipe de Rafael maîtrisait sans soucis l'attaque et la défense. Mahel était au goal. Rafael en attaque. Céleste et Jude défendaient. Mais personne sur le terrain n'arrêtait Rafael, et quand il frappait dans le ballon, Sindri ne pouvait pas arrêter la balle. Silence. Johann frappa dans la balle qui partit vraiment haut dans le ciel, et retomba de l'autre côté de la colline. Milly et Mahel restèrent bêtes pour le coup. Derrière eux, Sindri était déjà ailleurs, remarquant un caillou couleur d'or. Rafael regarda Johann, et ils partirent ensemble. La soeur de Linda, qui avait remarqué la balle, était partie avant tout le monde. Céleste, voyant que son frère partait, le suivit, un peu ailleurs. Finalement, les enfants courraient sur la colline, cherchant leur ballon. Mahel regarda Leandre, qui guettait, et souffla qu'ils allaient chercher le ballon et revenaient ensuite.
Ça aurait du être ça. Quand Rafael arriva, en premier, la soeur de Linda était plaquée sur le sol par un grand homme qu'aucun d'entre eux n'avaient jamais vu. Tout d'abord, le Nicée cru que c'était de sa famille, que c'était un Solokoff, mais non. Il avait les yeux blonds et les yeux clairs. Ça ne pouvait pas être un Solokoff. Rafael grogna. Johann derrière observait d'un oeil absent la scène. Il n'était pas là. Jonas avança, et gueula un ordre incompréhensible pour Rafael, dit en une langue étrange peut être. Devant eux, les hommes rigolaient. Ils s'étaient multipliés. De un homme, ils étaient passés à cinq. Trois étaiet porteurs d'arme à feu, à balles d'argent. Rafael n'était peut être qu'un petit prince bâtard, mais il avait le sang Solokoff dans les veines, bien plus que celui des Nicées, aussi il reconnaissait des chasseurs à vue d'oeil. Il pinça les lèvres, se mettant sensiblement devant Céleste. La brune ne comprenait rien.
« Regarde sur quoi on est tombé, mon salaud! Des chiots! » « Méfies toi Allan, paraît que c'est les petites dents qui font le plus mal. »
Il y eut un clic métallique. Le bruit qui précède une détonation. Ce bruit sensible, unique. La balle perça l'air. Rafael poussa Jonas, et la balle lui traversa la main, de part en part. Il couina et se retourna vers Céleste, lui criant de courir. Céleste le regarda, mais... non. Elle était tétanisée. Rafael la gifla, et le sang éclaboussa sa joue. Une nouvelle balle fut tirée, mais cette dernière traversa la jambe de Rafael. Il était le seul qui bougeait. Jonas était trop surpris. Johann était ailleurs. Il n'entendait pas les hurlements. Tout allait très vite. Trop vite. Céleste se mit à courir. Cinq minutes. Il ne fallait que cinq minutes. Rafael se retourna, au moment même où six balles traversaient le corps de la soeur de Linda. Solana tomba sur le sol, prise de convulsion, et hurla. Elle hurla un instant seulement, car son corps reprenait déjà sa forme lupine, indiquant qu'elle était morte. Le corps inerte fut pris des derniers spasmes, et finalement, devint inerte. Les balles pleuvaient, mais personne ne bougeait.
« JONAS! BOUGE! »
Rafael avait beau eut hurler. Il s'était jeté en avant, pour le pousser, mais c'était déjà trop tard. Johann, toujours absent, regardait ailleurs.
« JONAAAAAS! »
Mais Jonas ne comprit pas. Il tourna la tête vers Rafael. Il pleurait de peur. Peut être même qu'il s'était fait dessus. Ce n'était pas digne d'adultes que de tuer des enfants. Mais la balle, elle, ne dévia pas de sa trajectoire. Elle perça la tempe droite et ressortit de l'autre côté. La balle arrêta sa course dans un arbre. De la cervelle et du sang avaient été propulsé à l'extérieur, alors que le corps lourd retombait sur le sol, affichant un magnifique pelage violet mûre. Il y eut un grondement, et Rafael releva le regard du cadavre à Johann. Dernier survivant. Leandre arrivait, il l'entendait, mais c'était déjà trop tard. Johann hurlait. Ils avaient réveillé le monstre. Johann tombait sur le sol, deux balles dans le corps, mais il s'élançait, brutal, sur les agresseurs. Si il était encore très jeune, son loup était gros et magnifique. D'un coup sec de dent, il arracha un bras et le jeta, les crocs venant aussitôt déchirer la gorge du chasseur. Rafael s'élança à son tour, voyant que les chasseurs visaient alors Johann. Une balle d'argent liquide frappa sa jambe et il tomba sur le sol, avant même d'avoir pu entamer sa transformation. Il ferma les yeux, et tourna de l'œil tellement la douleur était grande.
Il y eut du bruit. Beaucoup, énormément de bruit. Puis le silence... Un grand silence.
…
Sindri fut le premier à voir le cortège revenir. Les adultes avaient pris des civières, et ils portaient les deux cadavres. Deux louveteaux en moins. C'était la moyenne. Mais la moyenne ne donnait pas les princes et les enfants de sang pur comme les cibles potentiels. Ça grinçait des dents dans la foule. On criait à la trahison, que tout ça, c'était de la faute de ce satané Izaak Solokoff, qu'il les avait mené jusqu'à eux. On disait qu'on aurait préféré que ce soit ce bon Rafael qui y reste, plutôt que le si gentil Jonas. Sindri regarda le corps de son frère, en sang sur la civière blanche, devenue rouge. Il laissa tomber sur le sol son petit caillou doré, et ses yeux pleurèrent sans qu'il ne le sache, sans qu'il ne s'en rende compte. Il avait tellement... mal, à l'intérieur. Tout au fond de lui, il avait mal. Les parents avançaient. Masael prit ses deux filles, et siffla ses fils, qu'ils rentrent immédiatement. La mère de Linda, Analah, arriva en crisant. Elle hurlait très fort. Il n'y avait pas de père dans cette famille. Deux ans en arrière, il était mort puis avait été dépecé. Maintenant, c'était l'une de ses deux filles. Linda hurla aussi, et pleura beaucoup. Mais le plus grand cri... ce fut Héméra. Héméra qui arriva en courant et qui tomba à genoux, regardant son fils dans cette civière. À travers ses cheveux blonds, on voyait ses grosses larmes. Elladora, elle, attrapa Ella et Kira, puis ses fils. Kirill resta dans le silence. Wolfgang apparu au milieu du troupeau, et l'on se poussa sur son chemin. Il avait ce visage dur, ce visage des mauvais jours. Pourtant, il était humain ce géant. Sa main survola le pelage ensanglanté, puis s'y plongea. Cela faisait des siècles déjà que les chasseurs n'avaient pas découvert leur camp. Aujourd'hui, il fallait changer. Wolfgang releva la tête, et s'adressa en lycan aux conseillers présents. Il y avait Nabor, Lapyx, Vasco et Goliat. Isatis restait en retrait, mais il entendait aussi. Le regard de Wolfgang se posa sur Leandre, puis sur Leto qui était arrivée, et il dit des choses qu'il ne comprenait pas. Reagan arriva, paniqué, et se jeta sur le sol, attrapant son unique fils et le serra contre lui, frottant son dos, embrassant son visage. Vasco posa son regard sur le petit Rafael, à peine réveillé, et détourna plus tard le regard.
« Tout le monde rentre chez soit... »
Il continua en lycan encore, et les quatre conseillers de derrière s'éclipsèrent. Masael envoya les deux filles dans les bras de Léah, et ordonna à ses fils de la suivre. Lui resta en place. Il approcha lentement de Loki. Héméra avait été emporté par deux autres femmes. Reagan avait demandé à Goliat de rentrer et de garder Céleste pour la nuit. Au milieu de la cours, bientôt, il ne resta plus grand monde. Johann avait été emmené par Sindri, en pleurs, en sang. Les balles... Les balles d'argent, une plaie. Rafael, lui, ne bougeait pas. Il était encore allongé dans une civière, et il regardait, un peu absent le cortège funèbre se montait. Oh, bien sur, ils n'étaient que trois devant le cadavre de Jonas. Loki, qui retenait des larmes avec un visage dur. Reagan et Masael, qui l'entouraient sans le toucher. Ce n'était pas la première fois que l'un d'eux avaient mal à en pleurer. Jadis, Masael avait pleuré devant eux, quand ils étaient tout petits, du mal quand son père lui avait hurlé que plus jamais sa mère ne serait là, que plus jamais son frère ne viendrait. Plus tard, ce fut Reagan qui se sentit mal, quand sa mère et sa sœur partirent, puis plus tard encore, quand elles décédèrent. Masael regarda Reagan, puis ensemble ils prirent Loki dans les bras, et ce dernier éclata en pleurs. Il n'y avait personne sur la place, que Analah, Rafael, et eux trois. Analah bientôt s'en alla aussi, emportant le cadavre de sa fille jusqu'à sa tente. Ça remuait dans tout le camp. Wolfgang, qui avait disparu, réapparu finalement. Loki essuyait des larmes de rage, de colère, mais surtout des larmes hystériques, de ses larmes qui coulent sans le vouloir. Masael et Reagan avaient la mine basse.
« Vitaly ne tardera pas à arriver, Reagan. Vous devriez tous rentrer. »
Rafael regarda le roi des loups, et il sentit dans ses veines la trace de l'argent qui courrait encore. S'il n'était pas mort, c'était grâce à son sang, au sang Solokoff, à son métabolisme plus résistant que les autres. Il ferma les yeux, et repensa à la journée qu'il venait de vivre. Il aurait aimé que lorsqu'il se réveillât, Jonas se moquerait de lui, en disant qu'il avait toujours une faiblesse au genou gauche, et qu'il ne tirerait jamais droit avec ce pieds. Mais ce jour là n'était qu'un rêve. Jonas était mort. Solana aussi. Il grinça des dents, puis rouvrit les yeux. Les torches commençaient à s'allumer, les corps avaient été ramasser, et serait bientôt préparer. Rafael resta sur le sol, lui. Vitaly était devant lui, et plongeait une seringue dans ses veines, envoyant dans le liquide vitale un mélange corrosif. Rafael serra les dents, et cru pleurer, mais les larmes ne coulèrent pas. Rapidement il sentit son corps lourd, mais pu bouger ses pieds. Il eut un sourire pour Vitaly, un sourire reconnaissant, avant que le géant ne se redresse.
« Va te préparer, Rafael. »
Le Orlov tapota doucement la tête du jeune Nicée puis partit calmement vers sa baraque, où Celio attendait encore, sur le pallier. Il était habillé tout en noir, et au bras droit, il avait un fouloir rouge noué. Rafael n'avait donc pas rêvé... Ils étaient morts. Il se leva, et vit que son père arrivait au même moment. Il était habillé solennellement, avec son habit de guerre. Rafael se rappelait de l'avoir vu qu'une fois, et cette fois-ci, ce fut la fois où... Non. Il se redressa lentement, et Reagan lui tendit la main. Il avait les galons humains sur les épaules. Il avait cet air sérieux, le jeune Reagan, qui lui donnait l'air important et effrayant. Rafael se redressa lentement, et prit la main que son père lui tendit. Reagan et Rafael prirent la route vers chez eux.
« Tu as mal quelque part? » Reagan ne le regardait pas. Rafael avait l'impression d'être dans un film. Il regarda ses pieds en secouant la tête. « Tu as faim? » Il secoua à nouveau la tête. « … Loà... Elle avait ce regard, sur le visage, Rafael... Tu ne te mettras pas à côté d'elle, Rafael. Elle croit que c'est de votre faute, à Céleste, Johann et toi. » L'air de Reagan était attristé. Il avait mal. Rafael le fixait, si petit à côté de son père. « Ce n'est pas de ta faute, Rafael... Tu n'es responsable de rien. »
La lourde main de Reagan prit l'épaule de son fils et l'approcha de lui. Rafael a un sourire triste. Il ne pleur pas. Il ne peut pas. Mais il sait que tout le monde a mal. Alors il rentre chez lui et va s'habiller.
…
Vitaly entra. Il avait à la ceinture une épée, gravée, et un habit traditionnel. Ceinturé à la taille, il était propre et présenté bien. Il approcha de la table, où Izaak dormait. Ses traits étaient tirés. Il ne dormait pas assez. Vitaly tira sur lui une couverture épaisse. Les yeux du loup s'ouvrirent aussitôt. Le médecin eut un sourire, remit en place une mèche de cheveux d'Izaak, qui le fixa un instant, puis s'endormit à nouveau.
…
Le village entier était en feu. Les torches brûlaient. Il y avait de nombreuses charrettes dans les allées, remplies de souvenirs et des habits, de tout de toute le monde. Une grande charrette avançait, et devant, quatre magnifiques chevaux alezan piaffaient. C'était la charrette des Orlov. Kirill descendit, lui aussi en habit traditionnel, avec une lourde épée à la ceinture. À son bras droit, un foulard rouge noué signifiait qu'il était en deuil, comme tout le camp. Les deux bûchers s'étaient élevés, et sur eux, les deux corps reposaient, bien habillés. Leur affaire était posé tout autour d'eux. La guitare de Jonas. Les robes de Solana. Tout le monde se regroupait autour, jetant un mot dans une feuille pliée, et reprenait sa place dans la foule. Wolfgang restait en arrière de la troupe. Il prenait son temps, pour respirer l'air, alors que Loki parlait de son fils. Johann, blessé par trois fois, se tenait les côtes mais ne pleurait pas. Tout le monde se taisait. Les enfants pleuraient dans les jupons de leur mère, ou s'accrochaient aux pantalons de leur père. Quand les discours furent fini, on jeta des bouteilles en feu sur les bûchers. Loà hurla de peur et de rage, se jetant à genoux sur le sol. Loki l'attrapa et la serra fortement contre elle. Elle hurlait des choses, des « ne me l'enlevait pas! Laissait moi le! », saccadait de pleurs. Johann quitta le cortège et alla dans la charrette de ses parents. Les corps brûlèrent, pendant quelques secondes, puis les mères prirent leur enfant et les mirent dans les charrettes. Les six Orlov rejoignirent les enfants Loki. Johann fut le seul à sortir et à rejoindre les enfants de Reagan qui étaient avec les enfants de Masael. Une fois que tout le monde fut dans les charrettes, les conseillers mirent le feu aux baraquements, et les charrettes se mirent en route.
…
Tard dans la nuit, vers l'aube, alors que les charrettes roulaient encore dans les sentiers traçaient des années auparavant, quand le premier d'entre eux définit l'emplacement du campement, Izaak sortit de ses pensées. Il était tout derrière, dans la charrette de Vitaly Orlov. Derrière, Celio dormait paisiblement. Izaak était devant, il regardait Vitaly, qui tenait alors les rennes de deux magnifiques chevaux de traits noirs. Tous les deux ne disaient mots. Izaak guettait. Son bras droit tenait son torse. Il était guérit, mais à l'intérieur, ça faisait encore un peu mal. Kirill était loin devant. Aucune charrettes ne s'arrêteraient avant au moins neuf heures de route de plus. Izaak s'éloignait de la forêt de Bosnie-Herzégovine. Ils allaient ailleurs, tous. Redéfinir un campement. Même la meute de Leto suivait, mais ils se sépareraient, bientôt. Izaak releva le nez, croyant voir quelque chose, quand ce n'était en faite rien.
« Tu regardes comme si tu l'attendais. » Izaak fixa Vitaly.« Kirill n'est pas un mauvais bougre. Il a confiance en toi. Mais Elladora doute encore de toi, pour ses parents... Un jour, tu devras le lui dire. » « Si elle ne me demande pas » souffla Izaak « je ne le lui dirais pas. » « Je sais. » Le ciel commençait à s'éclaircir, mais la plus part des enfants dormiraient encore. Ou commenceraient à s'éveiller. « Cela faisait longtemps maintenant qu'on avait pas changé de campement. » « Deux siècles. » Izaak serra les dents. « C'est de ma faute. » « Ce n'est pas de ta faute. »
Vitaly regarda Izaak, qui était debout, alors qu'il avait été des plus amochés. Il le savait. Demain, il repartirait. Il allait éliminer ceux qui avaient survécu. Tiens... ? Quelque chose était descendu de la charrette de Kirill. Izaak eut un sourire amusé, qu'il cacha dans son manteau raccommodé une énième fois.
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Elladora KonstantineLYCAN DE TYPE C.F. propriété du ministère de la magie.
► MESSAGES : 456 Lun 6 Sep - 22:56 |
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| | Les petits Orlov s'amusaient avec les autres tout en restant entre eux comme bien souvent. Lev était rentré dès que Sasha avait disparu dans les bois. Lev n'était pas sociable pour un sous, malgré les efforts de ses parents. Il n'était pas misanthrope mais il ne maîtrisait que trop mal l'art de la conversation et de l'échange qui par ailleurs ne l'intéressait guère. Il pensait quelque part que l'évolution la plus naturelle et la plus subtile du langage |
c'était le silence. S'il était si proche de la petite Sasha c'était qu'elle était sans doute la seule au monde à l'accepter exactement tel qu'il était. Leandre regardait les enfants d'un oeil bienveillant. La guerrière n'avait pas d'enfant elle même, et sans doute qu'elle n'en aurait jamais, mais les enfants l'appréciaient, et elle le leur rendait bien. Leandre n'était pas souvent là mais quand elle y était, elle avait toujours des choses à leur montrer. Elle regardait sa filleule du coin de l'oeil, un vrai petit lukk, elle aussi. Un garçon manqué peut-être mais en tout cas une petite fille pleine de vie. Quand elle avait vu la bande de joyeux lurons s'éloigner à toute berzingue, elle eut un petit grondement sourd mais Mahel anticipa la réaction de sa tante Leandre. La grande rouquine leva les yeux au ciel mais après tout, quelle raison aurait-elle eu de se méfier plus encore que de raison. Elle était vigilante. Mais pas assez encore, c'était ce qu'elle se dirait plus tard ce soir là, devant les corps au bûcher des deux enfants qui allaient perdre la vie. Il y eut bruit strident, qui déchira la quiétude du soir. Un coup de feu. Avec l'étonnante facilité des Lukks, Leandre se transforma et son grognement, dévoilant une armée de dents aiguisées et longues, intima immédiatement aux enfants qui restaient, de fuir vers leur maison respective. Plus ils se rapprocheraient des foyers plus ils seraient en sécurité. Elle n'attendit pas une seconde de plus, une flamme qui fendait la lumière grise du soir. C'était entre chiens et loups. Entre loups et chasseurs. Derrière elle, la petite Ella, perspicace était morte de peur. Elle n'avait pas trop de toute la petite troupe pour la protéger mais ça avait ça de bon qu'au moins tous restaient ensemble sur le chemin de la maison. Leandre était rapide. Ses muscles puissants la propulsaient dans la direction des coups de feu et c'est une louve enragée par l'adrénaline qui bondit entre Johann et un chasseur. Son corps de feu faisait un rempart, protégeant Rafael qui était à terre mais également Johann qui avait bien sûr perdu le contrôle. Sur l'instant les chasseurs se laissèrent surprendre et ce moment d'hésitation fut fatal à l'un d'entre eux. Les mâchoires de Leandre le décapitèrent en un seul claquement et le corps ridiculement mutilé vola au dessus des petits. Les fusils se braquèrent sur elle mais elle ne pouvait pas s'y consacrer entièrement en sachant que Johann risquait d'attaquer. Le petit loup paraissait bien plus grand que son âge mais il n'en restait pas moins un enfant. Leandre, violente dans le feu de l'action, se retourna un bref instant vers le fils de Loki de Lassithi, imposant son autorité. Il fallait le dissuader d'attaquer encore, de trop s'exposer. Trois balles fusèrent, l'une transperçant l'oreille de la louve, l'autre disparaissant dans la belle fourrure couleur de feu de la lycienne. Folle furieuse, la guerrière bondit, une balle d'argent lui perça le cuir pour aller se loger tout contre son coeur. La brûlure était immonde mais les Lukk de Lycie étaient connus pour être des bêtes fauves, des monstres, des brutes. Et là encore Leandre ne dérogeait pas à la règle. Elle avait l'oeil d'or de son père. Cet iris mauvais qui ne promet rien de mieux qu'une mort rapide. L'un finit par tomber, les genoux dans ses propres viscères, et le dernier sentit sa tête éclater sous la pression que lui imposait les mâchoires de la louve. Leandre, la rage au fond de son oeil éteinte, reprit forme humaine se couvrant de l'un des manteaux des chasseurs. Ces manteaux longs qui puaient la mort et le meurtre surtout. Elle approcha Rafael le premier, puis s'assura d'un regard que la vie de Johann n'était pas en danger non plus. Mais ils étaient touchés, plus que par les brûlures de l'argent. Là par terre, c'était les corps sans vie de leur frère, de la soeur de Linda. Rien au monde ne valait la vie d'un enfant, Leandre le savait. Elle prit Rafael dans ses bras, posa ses beaux yeux noisette sur Johann, tentant de le calmer d'un regard pénétrant. Il fallait qu'il se laisse aller à la peine, que le démon le quitte un instant. Mais ça n'était pas gagné. Dans le loin, la louve, le visage et la bouche maculée de sang voyait les silhouettes d'autres loups adultes qui arrivaient. Ce soir, ils lèveraient le camp. ... Entre Kohar et Kveld, une petite lumière blonde confrontée à la mort pour la toute première fois. Nora. Ses joues rondes n'étaient qu'une rivière de larmes. Elle restait suspendue au dessus de sol, serrée dans les bras de son père. Elle avait entortillé une mèche de cheveux de Kveld autour de son index comme elle le faisait pour s'endormir durant les premières années de sa vie. Un peu plus loin les petits Orlov, serrés les uns contre les autres, assistaient à l'enterrement, le premier de leur petite vie, chacun à leur manière. Ella essayait de regarder, parce que c'était la toute dernière fois qu'elle voyait Jonas. Mais elle ne voyait rien parce que ces yeux étaient trop pleins de larmes. Tout au plus les larmes dansaient en couleur dorée devant elle. Elle aussi était serrée devant contre son père, la main de Khôma, le plus fort serrée dans la sienne. Lev ne pleurait pas lui. Il regardait, le visage sombre. Impassible. Il était difficile de savoir si quelque chose le toucher, pourtant à côté même Mishka pleurait, le visage contre le ventre de sa mère, Kira dans ses bras. Sasha non plus ne pleurait pas. Elle tenait la main de Lev, évidemment très triste. Mais elle ne pleurait pas. Elle avait intégré la mort, elle essayait simplement de la comprendre. Elle ne la considérait pas comme une entité douée de raison mais comme une composante déjà présente en chaque être vivant. Même chez les immortels, la preuve en était. Puis il fut temps de partir. Les fils de Masael serraient de près leurs petites soeurs. Dans leur roulotte. Elladora poussait ses enfants devant elle, vêtue de noir elle aussi. Elle était proche d'Héméra et, dans l'instant où cette dernière avait besoin d'une amie, Ella avait été là aussi pour la serrer contre elle. Ce soir, les loups portaient tous le deuil même ceux qui ne pleuraient pas. Comme elle comprenait qu'ils partaient pour toujours, Sasha se mit à pleurer. En partant elle laissait son cerf mort dans la forêt, elle laissait l'arbre qu'elle avait avec Izaak, la petite crique où elle aimait bien être tranquille, les grains de sable, les cailloux, les brins d'herbe et mêmes les étoiles. Elle laissait le souvenir de Jonas et Solana. Quelque part elle les abandonnait, elle les trahissait. Alors non. Elle ne partait pas elle. Elle n'avait pas craqué avant mais là... pour la seule fois de sa vie elle répondait à son père, elle refusait de partir, et quand il l'enleva dans ses bras elle se débattit un peu avant de le serrer si fort et de pleurer à chaudes larmes. Elle ne pouvait pas partir. Pourtant Kirill la déposa dans la roulotte, entre ses frères et soeurs qui s'endormirent bien vite, abattus par le chagrin et la fatigue. Sasha elle, ne dormit pas. Mais elle finit par faire semblant, parce que sa mère les regardait. A la seconde où elle la vit se diriger vers l'avant de la roulotte pour retrouver Kirill, Sasha ouvrit un oeil et sauta en marche. La petite aux cheveux châtains courut à perdre haleine. Elle sentait l'odeur d'Izaak qui les suivait. Dans la roulotte de son oncle. Elle ne demanda rien à personne et monta en marche. Ses yeux trouvèrent ceux d'Izaak tout de suite et l'instant d'après elle se blottissait contre lui, l'entourant de ses bras sans le serrer. De peur qu'il ne soit pas tout à fait guéri. Son oeil or se posa sur son oncle, le défiant presque de la séparer d'Izaak. Si son père ne lui avait pas laissé le choix, s'il avait fallu tout quitter, elle ne quitterait jamais Izaak. Elle n'avait rien dit quand tout le monde avait accusé le chasseur. Non ce n'était pas de sa faute. C'était trop facile de dire que c'était lui. Alors qu'il veillait sur eux. « Je t'aime Izaak, je te laisserai jamais... jamais... », murmura l'enfant en s'endormant enfin dans les bras du premier de tous les monstres de cauchemars. Soit alors si c'était un monstre ce serait le sien, et elle l'aimait comme ça. Pourquoi le lui disait-elle maintenant? Parce qu'elle n'avait jamais dit à Jonas qu'elle l'aimait. Et désormais, il n'était plus temps. | |
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