C'était un matin d'été sur une petite route de campagne anglaise. Le soleil frappait la terre, faisant transpirer les pauvres fermiers qui s'activaient à la tâche pour les récoltes. Là, des roulottes passées quittant une ville pour en rejoindre une autre comme ils en avaient l'habitude. Les gitans étaient généralement vu d'un mauvais oeil, mais dès lors qu'ils apportaient des animations de cirque, on ne leur disait plus rien.
La roulotte la plus intéressante devait être la troisième du cortège, coloré en des teintes violettes et rose pâle conduite par un vieux bonhomme que tous appelaient Pépito, parce qu'il avait grandit au mexique ou quelque chose de ce genre. Ce petit vieux était un homme très agréable et très amoureux de sa femme depuis près de trente ans de mariage. La seule ombre au tableau était que l'unique enfant qu'ils avaient eu été mort noyé quand il avait douze ans. Et même si ce souvenir resté encore douloureux pour sa femme, Pépito ne cessait de sourire à la vie et de mettre du baume au coeur de tous. Ce qu'il faut savoir chez pépito, c'est que rien ne le surprend, pourtant, ce jour-là, il avait du freiné comme un fou pour ne pas rentrer dans la roulotte de devant. Quittant son véhicule, il s'était égosillé - bien qu'à moitié mort de rire en imaginant ce qui avait stoppé les autres - en bougeant les bras dans tous les sens pour rejoindre les autres hommes. Ils étaient tous penchés au-dessus de ce qui semblait être un panier ou alors le coussin d'une poussette qu'on avait arraché. En revanche, ce fut ce qui se trouvait à l'intérieur qui manqua de tuer Pépito de surprise.
Certains parlèrent de laisser le bébé là, horrifiant les autres qui parlaient d'ours ou de loups qui le mangeraient. D'autres parlèrent de le déposer au village suivant. Et Pépito fut de cet avis, si bien qu'il prit le bébé avec lui.. Sans compter que sa femme s'y accrocherait comme à un moyen de ramener son fils à la vie. Sauf que c'était une fille.

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7 ans passèrent et jamais aucune mairie ou aucun commissariat n'eut à s'occuper du cas Jane Doe, simplement parce que pépito et sa femme l'avaient gardé. Ils auraient pu lui trouvé un autre nom oui, mais la femme du vieillard trouvait qu'ainsi elle serait beaucoup plus unique. Et si seulement elle avait su à quel point.
La première fois que jane se montra aussi "unique", elle se baladait dans le cirque, installé au nord de l'Angleterre près de l'Ecosse. Elle regardait les contorsionnistes se mettre en boîte - seul tour qu'elle n'arrivait pas à faire - et regardait le somnambule sur son fil. Depuis ses six ans, elle n'avait plus droit de trop s'approcher de lui, puisqu'il lui avait fait essayé son tour et que même si elle s'en était sortie intacte, ses parents avaient eu si peur qu'ils n'avaient rien trouvé de mieux que crier.
Alors Jane allait aider en cuisine, préparer la tambouille pour tous les artistes jusqu'à ce qu'un bruit mate la fasse sursauter. En réalité, s'était simplement le chat du cuistot qui venait de sauter du haut du placard pour s'écraser sur le sol de la caravane. Excepté que ce bruit réveilla quelque chose en elle. Et, fixant la casserole d'eau devant elle, des images se dessinèrent.. Du moins comme un film dont elle était la seule spectatrice. Tout ce qu'elle vit, fut un fil craqué à une distance impressionnante du sol et des gens serrés en rond autour de quelque chose. Rien de plus, rien de moins. Ce fut le couvercle de la casserole claquante, annonçant que l'eau bouillait, qui la tira de ce "cauchemar éveillé".
Elle ne raconta pas à ses parents, ni aux autres, mais pendant une semaine cette "vision" la terrifia jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle avait du l'imaginé avec son imagination fertile. Erreur. Le soir même, le fil du somnambule se rompait et il s'écrasait au sol, attirant les autres artistes autour de lui. Cette nuit-là, elle se décida à dévoiler son affreux secret à ses parents. Si eux y virent un moyen de la faire participer aux animations du cirque, elle commença à sérieusement paniquer.

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Elle tint son stand de "voyance" pendant quatre ans, bien qu'elle n'avait pas énormément de succès puisque ces visions n'apparaissaient jamais quand elle le voulait. La seule fois où elle ne eut une réellement importante, elle avait onze ans et se trouvait dans le Wisconsin avec le cirque. Un homme était venu la voir, sceptique et elle avait vu pendant près de trois minutes, les derniers instants de sa vie on ne peut plus terrifiant et douloureux et en plus, elle avait menti. Une grosse vision dont les conséquences se firent sentir les jours suivants, puisque Jane fut incapable de se souvenir comment faire du vélo. Le souvenir de son apprentissage ne lui revenait pas et elle se vit incapable de monter dessus, effrayée de la hauteur et de la vitesse que pourrait avoir l'engin dans une pente.

Ce ne fut qu'à son entrée à Salem qu'on lui expliqua ce "don" comme l'appelait l'un de ses professeurs. Il l'aida à travailler, à mieux supporter les visions parfois insupportables qui lui apparaissaient souvent en compagnie des différents élèves. Être reçu à l'école de magie américaine n'effraya pas le couple vieillard, bien au contraire, pour eux Jane n'en devenait que plus fascinante et surprenante. Et à chaque anniversaire, désormais, ils se faisaient une joie de raconter comment ils l'avaient trouvé, même si l'histoire devenait de plus en plus romanesque.
Elle se montra très douée à l'école de magie, si bien qu'elle fascina l'un de ses professeurs avec qui elle devint presque intime. Assez pour qu'à la fin de son cursus scolaire, elle se retrouve enceinte. 17 ans, un ventre rond et le coeur en pièce, elle dut voir son charmant professeur quitter l'académie et le coin. Pépito, très déçu, eut énormément de mal à pardonner sa faiblesse à Jane, mais son épouse resta présente jusqu'à la naissance du bébé dont la mère ne put connaître ni le sexe ni le visage. Par précaution, ses parents prirent le bébé et le menèrent à l'orphelinat le plus près. Une décision que tous trois eurent du mal à prendre. Pépito et son épouse se faisaient trop vieux pour pouvoir élevé un bébé et Jane, avec ses études, n'en aurait jamais le temps.
Ainsi, elle continua ses études, non sans penser régulièrement - à chacun de ses anniversaires - à ce petit bout de chou qui l'avait quitté à 17 ans. Et, contre toute attente, lorsqu'elle quitta l'académie magique avec son diplôme pour devenir professeur de divination, elle choisit de retourner en Angleterre, là où tout avait commencé pour elle. Parce qu'à presque trente ans, elle commençait sérieusement à se poser des questions sur ses vrais parents, du moins les biologiques, et qu'ainsi, elle aurait plus de faciliter pour des recherches.