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 Les neiges d'antan.

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PROFIL & INFORMATIONS









The Changelin'

The Changelin'
PR. AZAEL VAN HELLSING
► Histoire de la Magie

► MESSAGES : 1431
Les neiges d'antan. #Dim 25 Juil - 14:55


Les neiges d'antan. Kohar
feat. Kohar d'Arménie

C'est son visage qui la tira de son sommeil encore une fois. Kohar la belle arménienne ouvrit ses yeux clairvoyant et une fois qu'elle eut vu ce qu'il voulait qu'elle voit, elle s'éveilla, en douceur, nue sous le bras de Kveld qui entourait sa taille amoureusement. Elle sourit, le coeur chaud de voir que pour eux, l'immortalité était un cadeau. Une eau claire et bénie presque intarissable. Les affres de la guerre ne lui faisaient pas peur comme elle savait que tout avait été bien un jour et finirait bien un autre. Elle était étrange Kohar dans son rapport au temps et à l'espace mais elle était sage aussi.
Elle posait un sourire sur les lèvres de son loup, elle aussi amoureuse comme au premier soir. Une nuit d'Irak étoilée. Sa voix se fit une caresse pour le toucher dans ses rêves sans l'en sortir. Il était trop beau quand il dormait pour qu'elle le réveille mais elle savait que le nom de Cyrus le réveillerait malgré tout. Alors comme il ouvrait les yeux, une petite flamme dans ses pupilles qui disait malgré lui combien il ne voulait pas qu'elle le quitte pour retrouver le perse, elle l'étreint tendrement, plus longuement qu'elle ne l'avait prévu mais qu'importe, puisqu'elle ne courrait pas après le temps. Elle lui donnerait toujours de la même façon généreusement, sans compter, parce qu'elle l'aimait. Enfin elle se glissa d'entre ses bras, noua une large bande de cuir autour de sa poitrine, et la taille entouré d'un long drap de toile rouge, elle partit, nu-pied dans la neige, reprenant la route mais pas pour si longtemps qu'autrefois.

« Pourquoi as-tu tant tardé à me répondre Kohar, ma tendre amie? »
« Tu sais comme il m'est difficile de distinguer le présent du futur Cyrus... », s'excusa-t-elle.
« ...ou du passé. »
« Les choses passées sont passées... »,corrigea-t-elle avec autant de tact que l'on pouvait.

Il y eut un long silence où elle le dévisagea comme il ressassait sans doute ce passé chéri entre tous qu'ils avaient partagé ensemble. Il n'avait en rien changé. Il était toujours ce même homme haut en stature, calme mais les gestes sûrs. Aussi sûrs que s'il avait pu y voir. Il eut un sourire un peu forcé avant de rompre le silence. Il ne l'avait pas fait venir pour reparler du passé, quoique le sujet revenait toujours entre eux. Il l'aimerait toujours elle le savait mais chez elle, le feu avait changé.

« ...alors n'en parlons plus. Comment va Kveld? »

Elle sourit. Non il ne tenait pas à le savoir et lui aussi souriait. Mais comment pouvait-il ne pas parler de ce loup qui lui avait volé sa reine. Oh bien sûr il savait bien le vieux Cyrus que Kveld n'avait pas volé Kohar dans à même son lit d'empereur perse. Il l'avait perdue bien avant Kveld. L'amour de la belle s'était éteint, ou plutôt... il avait changé. Et pourtant, ils y avaient toujours entre cette même affinité. Aveugle il savait qu'elle souriait à ce moment précis et qu'elle secouait doucement la tête à la négative en pensant que mêmes les plus vieux sages avaient encore de quoi perdre leur sang froid d'adulte et redevenir des enfants. D'étranges Peter Pan figé en statues de pierre. C'était ce qu'ils étaient tous les deux.

« Tu as raison, je ne t'ai pas fait venir pour parler de ce loup. Ou du moins pas tout à fait. Il faut que nous parlions de cette guerre. T'y es tu engagée toi aussi? Par amour pour lui, je supposerai que oui. Tu bois à nouveau? », demanda-t-il comme il sentait la tiédeur de sa peau de la où il se trouvait. Il n'attendit pas sa réponse, son coeur la lui dictait comme une évidence,« ... pour que ta peau ne soit pas glacée quand il... tu as toujours été une amante prévenante Kohar, ma merveilleuse Kohar. »

Il était nostalgique et amer à la fois. Le linge blanc qui lui bandait les yeux s'imbiba de rouge vif comme il finissait de parler, se rappelant les mille fois où il avait étreinte son amante amoureuse. Oh il s'en rappelait si bien. Et il l'avait laissée partir, pour l'amour d'elle, il l'avait laissé le quitter.
Kohar se pinça les lèvres. Elle ne souffrait pas d'avoir ce genre de conversation avec lui mais elle savait que pour lui c'était tout autre chose. Et puis, Kveld n'aurait pas aimé savoir qu'elle s'épanchait sur leur vie de couple, du moins pas avec celui qui l'avait eu elle le premier. Elle faisait au mieux pour ménager les sensibilités des deux hommes quoiqu'elle ne voyait Cyrus que très peu souvent. C'était sa manière à elle de le ménager peut-être. Ou peut-être était-ce son insatiable soif de liberté.
Elle le guida jusqu'au grand siège qui faisait face à la fenêtre.

« Je vais changer ton bandage... »
« Orderic s'en chargera. »
« Mais Orderick n'est pas là. », fit-elle en intimant une pression sur les larges épaules du guerrier pour qu'il s'assoit, ce qu'il fit sans vraiment opposer de résistance,« Et moi si. Je pensais qu'avec le temps ça arrêterait de saigner... »

Elle essuya le visage ruisselant de sang de l'ancien perse, et comme elle le faisait autrefois, quand elle vivait ici dans cette tour silencieuse, elle trouva les bandages propres dans la grande armoire et banda les orbites vides du vampire, sans aucune forme de dégoût. Lui se laissant faire, reprit la parole tranquillement.

« Cette guerre est différente de celle que tu as déjà vues Kohar. Même nous ne sommes pas armés pour affronter l'enfer. »
« Si nous ne le sommes pas alors personne ne l'est. »
« Qu'as-tu vu? »
« Tu sais que je n'ai pas l'habitude de répondre à cette question. Cela se finit bien c'est tout ce que tu as besoin de savoir. »

Elle était volontairement évasive, sans doute parce qu'elle savait qui mourrait et qui resterait. Elle savait qu'un jour elle verrait sa propre mort, mais ce jour là, elle ne dirait rien à Kveld, ni à personne. Nul n'est censé connaître le jour de sa mort. Et il était inutile d'ajouter à la peine de perdre un être cher, la torture de le voir disparaître lentement.

« Est-ce pour cela que tu m'as fait venir? Tu voulais que je m'écarte de cette guerre? »
« Je ne t'ai pas faites pour la guerre. »
« On ne choisit pas Cyrus. Tu ne peux me garder sous une cloche de verre de peur de me voir mourir. Tu es si sage avec les autres mais avec moi tu te laisses toujours... »
« Porter par mes sentiments... »

Elle eut un sourire triste. Lui un sourire moqueur. Il ne cesserait jamais de lui dire qu'il l'aimait, et elle ne cesserait jamais de lui dire que c'était fini mais... elle choisit d'ignorer pour cette fois. Il ne servait à rien d'entrer dans ce jeu là, et lui même ne voulait pas le lancer. Elle savait qu'il gardait toujours pour elle une place dans son lit en espérant.

« J'ai mis un pied dans cette guerre aux côtés de Kveld, et l'autre pour moi, parce qu'il m'importait de protéger ce qui m'est cher. »
« Autrefois, tu disais suivre la marche du monde en observateur. Tu n'empruntais pas ces chemins de traverses dangereux. T'en rends tu comptes au moins? »
« Je sais que ça n'a pas l'air de ce que s'est Cyrus, mais je n'ai pas changé, je suis toujours le même chemin, en observateur. »
« Alors tout est dit. »

Elle sourit et prit le chemin de la sortie comme ils s'étaient entendu. Elle s'arrêta pourtant avant d'avoir quitter la pièce:

« Cyrus... je pensais que tu t'y serais fait avant que j'ai à te dire ça mais... je vais avoir un enfant avec lui. Je voulais que tu le saches. »

Il y eut un long silence. Puis Cyrus hocha la tête:

« Combien de temps. »
« Peu. Ce sera une petite fille. »
« Bien. Sois heureuse alors. »

Elle attendit un peu puis se remit en marche.
Elle arrivait dans la tente qui tenait lieu d'infirmerie à Kveld vers ce qui aurait du être le point du jour. Elle savait qu'il ne dormait pas. Leah non plus ne dormait pas. Elles échangèrent un sourire, mais celui de Leah était un peu tendu. La belle Kohar se pencha sur elle, posant sa main sur front. Alors la louve s'allongea bien malgré elle.

« Ce sera aujourd'hui n'est-ce pas? A deux semaines du terme. »
« Mais ça se passera bien Leah, fais moi confiance. Il faut dormir maintenant, prendre des forces. »

Et sous la main blanche de la vampire, la jeune louve tomba endormie, le visage détendu. Kohar sourit et alla retrouver son loup à elle. Elle savait qu'il ne s'était pas rendormi et qu'il aurait ruminé tout le temps de son absence. Elle le regarda un sourire aux lèvres, un sourire qui cherchait à savoir quelle était l'humeur du jour.











Anonymous

Invité
Invité

Les neiges d'antan. #Mar 27 Juil - 21:55




Les neiges d'antan. Kveld
feat. KHARON D'ARCADIE, alias KVELD ULFR.

Ce qu'il détestait le plus au monde venait de le réveiller. Kveld ouvrit lentement ses yeux, d'un vert foncé et pourtant doux, sur la plus belle chose qui lui était arrivée jusqu'à maintenant, sa belle Kohar. Elle était nue sous lui, et pour rien au monde il aurait voulu que cette nymphe le quitte, pour retrouver dehors la personne qu'il détestait le plus au monde – et sans doute la seule personne qu'il détestait. Il aurait pu pardonner à n'importe qui. Il aurait pu supporter n'importe qui, même le plus grand chasseur, et ce avec le sourire. Mais imaginer un seul instant qu'un homme ait touché à sa Kohar, l'imaginer seulement, ça le mettait sur les nerfs et ça le rendait odieux. Et visiblement, même s'il lui faisait le coup de « ne me quitte pas » avec les yeux, ça ne marcherait pas cette fois-ci. Il la laissa partir. Kveld avait longtemps attendu qu'elle reste, il avait attendu avec toute la patience et toute la fidélité des chiens. Il était comme les grands conseillers, un amoureux aguerri, et si Kohar avait été sa première femelle, et serait sa dernière, il n'en restait pas moins très laxiste avec elle. Il faut dire qu'il avait été tout d'abord mal vu que la vampyr s'en aille durant trois siècles et ne reviennent que trois jours, sous prétexte qu'elle voulait marcher. Marcher, certes, mais seule? Vasco avait pris le jeune Kveld de l'époque pour un imbécile, en lui disant qu'une femme se devait d'être avec son époux, et que si elle partait ailleurs, ça n'était pas pour rien. Lapyx avait dit qu'elle rencontrerait sans doute de merveilleux amants si elle marchait vers le sud, là où les peaux sont échauffés. Nabor lui avait dit que sans doute ne pouvait-elle par rester car son prince perse était plus attirant que le loup ; il fallait dire à sa décharge qu'on avait rarement vu un loup et un vampyr, puisque la plus part des leurs n'avaient jamais entendu parler de Péleg et Ovadia. Kveld n'avait rien écouté de toutes leurs voix, et il avait cru bon d'attendre, car la patience était mère de sûreté, et que tout vient à qui sait attendre. Alors il l'avait laissé partir, plusieurs fois, et si les premiers jours il se mourrait de son absence, il ne s'en était jamais plaint à elle. Oh, il avait perdu bien du poids quand elle s'arrêtait trois nuits et repartait juste après. Il avait pleuré silencieusement d'être seul dans sa couche. Il avait cru bien des fois qu'elle ne reviendrait pas, qu'elle était réellement partit. Et de tout ça pourtant il n'avait jamais rien dis, il avait pris son mal en patience, quitte à souffrir comme seul un loup souffre, et il l'avait vu revenir. S'il ne disait rien aujourd'hui non plus, il craignait chaque nuit que l'envie de marcher vienne, et qu'elle parte à nouveau, lui qui voulait une épouse, comme n'importe qui. Il savait bien qu'une vampyr ne lui donnerait pas de progéniture, mais il s'était fait à l'idée qu'un jour, un jour peut être, ils adopteraient, comme tous ses couples stables qui ont trouvé leur bonheur dans une tierce personne, fermant les yeux sur son sang, en l'acceptant comme le leur. Il se tourna dans le lit, et regarda l'entrée. Reviendrait-elle? Il ne voulait pas y penser. Il ne voulait surtout pas y penser. Alors il détourna le regard de cette maudite entrée, luttant contre l'envie de se lever et d'aller le voir, de lui hurler que c'était fini, qu'il n'avait pas le droit, qu'il n'avait surtout pas le droit d'être ici, chez lui. Il n'avait pas le droit. Est-ce que le jeune Kveld au sourire clair était allée voir la belle Kohar dans son palais, tout pendant qu'elle partageait la couche de l'empereur? Non. Il ne l'avait pas fait. Et il aurait tellement voulu que ce vampyr de malheur en fasse autant, qu'il disparaisse de sa vie comme lui n'avait jamais fait partit de la sienne. Kohar était partit. Kohar ne reviendrait pas. Pas vrai? Oui. Car elle était sincère, et qu'elle reviendrait. Il tourna à nouveau, et ferma les yeux un instant, juste un instant. Dans son crâne enfin une image apparue. Le pouvoir de Kveld était différent de celui de Kohar. Oh, oui, tous les deux il « voyaient » comme on dit, mais Kveld voyait d'une manière bien différente. Il pouvait bien sûr prévoir sur de très courts instants, quelques minutes, parfois quelques heures, mais ces visions étaient exactes, précises. Il savait que dans quelques heures, Léah accoucherait – aussi il ne lui était pas nécessaire de se rendormir – et il savait également qu'elle passerait la porte et lui sourirait. Alors elle aurait l'odeur du sang sur ses mains, mais pas son sang à lui, ni le sien. Mais celui du perse. Ça le mettrait en colère, quelque part, mais il ne dirait rien. Le futur que voyait Kveld était changeable. Tout était changeable. Selon qu'il aille à droite ou à gauche, selon qu'il fasse ce choix, ou un autre. Son esprit était un jeu d'échec grandeur nature ; lui seul avait la possibilité de bouger les pions de tel sorte, et lui seul verrait ce qu'il en ressort. Ainsi, le jeu n'était pas de faire au mieux, mais au moins pire. Il ouvrit ses yeux verts et les posa sur la tenture qui s'ouvrit, sur le minois de Kohar. Comme prévu, ses mains sentaient le sang de cet étrange inconnu, qui avait disparu, quelques minutes auparavant. Il était vexé, un peu, avec son minois boudeur, sans trop exagéré. Il restait noble, quoi qu'il fasse il le serait, car c'était dans son façon d'être, dans son éducation. On lui avait appris à marcher la tête haute et à rester droit, à ne jamais fléchir le genoux, pas même devant son roi. Kveld n'avait qu'un seul défaut : il était trop vertueux. Cela était le défaut du XXI ème siècle. Finalement il se redressa, avec un sourire calme, et roula des yeux, se moquant de lui même quelque part, puis souffla du bout des lèvres :

« Je ne savais pas qu'un vieil homme pouvait encore pleurer du sang. J'aurais cru qu'il n'y avait dans ses veines que quelque cendre... »

Il tira de sur le sol un pantalon de toile et l'enfila, puis enfila par dessus sa chemise de lin, ceinturant à sa taille un foulard bordeaux. Il mit également ses bottes de cuir, et remit en place une mèche de ses cheveux, comme ça le dérangeait de les avoir trop long. Il s'approcha d'elle, se pencha et l'embrasse, tendrement. Sa main, par habitude, se passa autour de sa taille pour la presser contre lui avec douceur. Il l'aimait vraiment, comme un loup n'aime qu'une fois. Il se détacha d'elle, et souffla à ses lèvres, avec un air intéressé :

« De quoi est-il venu parler? »

Il se détacha totalement d'elle, attrapant sa besace et la tira sur ses épaules. Il y avait à l'intérieur les lettres de la veille, et celle qu'il devrait envoyer dès le petit matin. La Sorcière d'En Dor lui donnait bien des problèmes quand elle lui demandait trois corps morts pour connaître l'avenir. Cette vieille folle méritait la mort, mais cela faisait maintenant cinq millénaires qu'elle troquait de sa magie contre un corps ou deux. La nécromancie, voilà une magie que le vieux Kveld n'arriverait jamais à comprendre.









The Changelin'

The Changelin'
PR. AZAEL VAN HELLSING
► Histoire de la Magie

► MESSAGES : 1431
Les neiges d'antan. #Mar 27 Juil - 23:29


« Je ne savais pas qu'un vieil homme pouvait encore pleurer du sang. J'aurais cru qu'il n'y avait dans ses veines que quelque cendre... »

Elle eut un sourire en coin. Il était bien dans son droit finalement. Cyrus n'avait pas à la tirer du lit de Kveld même pas pour parler de la fin du monde. Comme elle le lui avait dit elle marchait sur le fil du temps, protagoniste à part, hors de l'action. Ce n'était pas temps qu'elle se conformait à ce rôle d'épouse qu'elle aurait du ou pu tenir auprès de Kveld. Non elle était beaucoup trop souvent partie et même si elle partait de moins en moins et de moins en moins longtemps, l'idée de porter le voile symbolique de l'épouse, l'anneau à son doigt la faisait toujours fuir. Kveld le savait bien et il semblait respecter ça, même s'il en souffrait. Elle ne le remercierait jamais assez pour ça.
Entre Cyrus et Kohar, les choses avaient été différentes. Il en était tombé amoureux. C'était l'éloquence d'une enfant de quatorze ans, son esprit brillant et son toupet qui avait fait tombé le grand conquérant. Il lui avait enseigné, amoureux et patient. Il avait attendu qu'elle fut plus grande, pour qu'elle repousse ses avances. Et pourtant, il la savait désireuse de cédé. Elle avait exigé de lui qu'il quitte ses habitudes d'empereur perse s'il la voulait puis il l'avait faite femme une première fois. Bien d'autres fois encore avant de la faire comme font les vampires. Femme. Sa femme. Entre l'objet et le prolongement de lui même. Un temps cette relation fusionnelle l'avait contentée, émerveillée et comblée, mais les siècles avaient transformé l'amour qu'elle portait à Cyrus le Grand. Ils en avaient défait l'exaltation de leurs doigts habiles et patients, pour ne laisser que la substance vraie. L'attachement et l'amitié qu'elle lui portait. L'amour que l'on portait, à un père plus qu'à un amant. Au début elle n'avait rien dit mais ils l'avaient senti tous les deux à mal s'étreindre. Leurs draps ne se froissaient plus de la même manière. Leurs baisers s'éteignaient sur les lèvres de la belle Kohar et dans son regard, une étincelle étrange. Elle languissait la liberté. Elle avait eu envie de fuir ce lit où elle n'avait plus vraiment sa place. Alors elle le lui avait dit et elle était partie. Pour toujours. Mais elle avait laissé le goût de ses lèvres sur la bouche du perse. Son parfum de mortelle dans ses draps. La caresse de ses mains sur son corps. Et il souffrait de tous ces souvenirs comme d'une marque au fer rouge. Kohar faisait souffrir ses amants, c'était vrai, et c'était bien malgré elle.
Ses yeux de saphir bleu caressèrent la silhouette d'un Kveld indulgent. Elle ne défendit pas Cyrus, car elle aussi prenait un peu sur elle, ménageant un peu le loup. Elle se laissa attirer contre lui et embrasser. Dans ses bras elle n'avait jamais eu la sensation qu'il voulait la posséder quitte à l'enchaîner. Elle touchait du doigt à quel point il pouvait l'aimer, la désirer, quand ils se lovaient dans les bras l'un de l'autre ou simplement pour un regard. Ou quand elle revenait et qu'elle le voyait amaigri. Ça lui faisait mal quelque part, parce qu'elle l'aimait comme personne n'a aimé. Dans les bras de Kveld, la belle, la grande Kohar, pouvait être fragile et forte à la fois.

« De quoi est-il venu parler? »
« Il est venu dans ma tête pour que je le rejoigne. Il devait me parler de la guerre. Je n'y serais pas allée sinon. »

Elle chercha ses lèvres comme il s'écartait un peu et lui vola un baiser.

« Tu pars? Leah va commencer le travail... »

Sa voix était de ses voix qui vous suivent, que vous n'oubliez jamais. Une voix sûre mais douce, tranquille. Cette voix aurait pu vous offrir la fin du monde au bout de ses lèvres que vous n'auriez pas eu peur. Elle s'écarta à son tour pour se laver les mains une nouvelle fois, effaçant l'odeur du sang de Cyrus. Elle pouvait aider Leah ça n'était pas un problème, elle aviserait comme Kvled disposerait du temps qu'il voudrait, comme il le voudrait. C'était peut-être la seule règle de leur étrange couple. Que chacun dispose de son temps comme il l'entendait. Mais elle l'avait déjà vu accoucher Leah, et ses visions se réalisaient généralement au geste près. Il ne s'agissait pas pour Kohar d'empêcher quoique ce soit. Seulement d'être prête.









Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
DANGER POTENTIEL
roi des lycanthropes.

► MESSAGES : 585
Les neiges d'antan. #Dim 5 Sep - 21:23




Parfois, de très rares fois, il la détestait. Il la détestait car il l'aimait de trop, car il l'aimait trop fort, avec ce coeur de loup trop vieux et trop éperdu. Parfois, l'idée de la garder pour lui seul, de l'enfermer, de lui faire très mal afin qu'elle meurt, et qu'elle reste une éternité avec lui, parfois cette idée lui venait quand Cyrus était là. Puis quand il la voyait revenir, à lui, il baissait les yeux, un peu malheureux, comme il comprenait que son bonheur était fragile, et qu'un jour, l'idée de marcher lui reviendrait. Ce jour là il le maudissait, comme il s'habituait de trop à ses bras, à ses lèvres, à son corps près du sien, et qu'il ne supporterait bientôt plus qu'elle le quitte comme elle l'avait fait quand il était plus jeune, plus fougueux... et tellement moins possessif, tellement plus frivole. Il avait aimé parcourir le monde en riant bien fort, en hurlant qu'il avait de toute la terre la plus belle et la plus terrible des femmes, et supportait les moqueries sans broncher, avec cette fierté toute lycane. Aujourd'hui il avait vieilli, et si ses traits étaient devenus matures, qu'il avait vieilli, un peu, il avait changé. Un peu. Avec le temps... avec les guerres, aussi. Il la regarda, un regard de loup, qui cherche à dévorer sans faire de mal, car même si parfois il la détestait, il mourrait de lui tirer une larme.

« De quoi est-il venu parler? »
« Il est venu dans ma tête pour que je le rejoigne. Il devait me parler de la guerre. Je n'y serais pas allée sinon. »

De guerre. Peureux, Cyrus? Kohar était comme lui. Elle ne participait pas. Elle, car elle était spectatrice. Lui, car il vomissait le sang des hommes, et qu'il aurait trop pleuré de tenir une arme. Wolfgang avait assez de force et de férocité pour deux. Qu'il tire la gloire d'avoir purifier la terre, et lui laisse la honte de ne pouvoir se retenir de trembler en présence de cadavre. Elle lui vola un baiser, il eut un bref sourire, un peu préoccupé. Il avait peu de temps devant lui, il le savait. C'était bien la seule chose qu'il pouvait prévoir : le temps devant lui. Proche, mais devant lui.

« Tu pars? Leah va commencer le travail... »

Il la regarda, fixement un instant. Kveld était sage, mais il avait parfois ce regain impulsif qui lui venait de sa jeunesse, à l'époque où Wolfgang et lui se disputaient tous les jours. Kveld, aujourd'hui, savait qu'il avait été bête, et que bien des fois il avait blessé son frère au fond de sa chair, se croyant plus intelligent que lui. Aujourd'hui, il se rendait compte de ses erreurs, et surtout, de combien il avait été aveuglé par l'humanité à l'époque. Alors finalement, au lieu de répondre, il hausse les épaules :

« J'ai assez de temps pour envoyer un message jusqu'en En Dor. » Silence. « Cinq minutes me suffira. »

Il lui jeta un regard, puis sortit finalement.
Parfois, il se sentait petit face à elle. Peut être car elle voyait mieux que lui, qu'elle voyait plus vaste. Il se sentait amoindri, comme une petite chose devant une grande. Son don à lui se contenait au plus sur une journée, quand elle voyait au delà des années et des siècles. Il n'en était pas jaloux, loin de là. Il se disait juste que... qu'il était inutile. Quelque part, c'était vrai. Il tira de sa besace une lettre puis siffla. Un grand aigle se dégagea d'un arbre, arborant des plumes claires, avec un air féroce. L'animal était magnifique, et comme il se posait dans la neige, Kveld se pencha et attacha à sa patte un petit message, écrit en araméen. La seule langue que cette vieille folle comprenait. Il souffla quelque chose à l'oiseau qui étendit à nouveau ses ailes, et s'envola à nouveau, perçant le ciel. Il se redressa, et sentit le vent gonflait. Il ferma les yeux, quelques instants, et avec un petit sourire, se retourna. Il prit le pas jusqu'à l'infirmerie, entra à l'intérieur et versa de l'eau dans la gamelle, allumant le feu en dessous. En attendant que l'eau chauffe, Kveld tourna le dos et commença à se laver les mains, méticuleusement. Il avait encore sept minutes... Sept bonnes minutes, de calme. Il soupira, avec un sourire amusé. Le savon moussait à peine sur sa peau. C'était ridicule pour un loup, mais avec Léah, il le fallait.











The Changelin'

The Changelin'
PR. AZAEL VAN HELLSING
► Histoire de la Magie

► MESSAGES : 1431
Les neiges d'antan. #Mar 7 Sep - 20:10


Avec le temps qui passait, ils grandissaient tous les deux. Aux yeux d'un mortel, parler de grandir aux âges de Kveld et Kohar aurait paru ridicule mais c'était ainsi que l'aurait exprimé la belle arménienne. Comme son don de voyance diminuait au fil des mois et de plus en plus rapidement, elle sentait en elle l'envie de marcher l'abandonner peu à peu. Elle s'attachait à Kveld plus physiquement que jamais et bientôt elle devinait qu'elle ne partirait plus ou qu'alors elle partirait pour toujours mais elle n'y croyait pas trop. C'était perspective de passer l'éternité aux côtés du même homme, d'embrasser une vie d'épouse routinière qui l'avait poussé à prendre la route des siècles auparavant, juste assez tard pour avoir manqué Jesus. Sans doute ce serait-elle entendu avec lui mais alors, Cyrus n'avait pas formulé le désir de la voir s'attacher à lui plus formellement. Fuirait-elle si un jour Kveld en venait à prononcer les mêmes mots? En le regardant, elle se posait la question. Elle connaissait son coeur de loup, et elle savait que les enfants de Seth étaient attachés à leur famille plus que n'importe quelle autre créature au monde. Elle savait que chaque fois qu'il la serrait dans ses bras, il renonçait à énormément de choses. Avoir des enfants par exemple. Alors qu'elle n'avait rien perdu à côtoyer le sage Kveld. Elle faisait saigner son coeur de loup sans vraiment le vouloir sans vraiment pouvoir s'en empêcher. Quelque part ça lui faisait mal à elle aussi, parce qu'elle l'aimait comme on n'aime qu'une seule fois, comme on aime quand on n'a aucune contrainte, l'éternité devant soi. Elle l'aimait comme elle n'avait pas aimé Cyrus.

Encore un regard échangé mais il y avait quelque chose, elle le voyait bien. Ce n'était peut-être pas seulement Cyrus. Dans ces moments là elle aurait voulu voir comme lui voyait, avec cinq minutes d'avance sur tout, pas simplement un évènement perdu sur le fil du temps, à une date indéterminée. A son âge, elle continuait de trembler, parfois. Rien que pour lui. Elle sortit à sa suite pour aller se laver les mains. Ridicule pour un vampire mais elle était toujours respectueuse de ce que les autres attendaient. Et Héphaïstion, que la guerre retenait et dont Masael ne voulait de toute façon pas, y tenait.

« Les contraction se sont rapprochées? »
« Oui, ça ne s'arrête plus. »

Kohar avait un sourire bienveillant. Elle avait accouché des femmes mortelles pendant la guerre, et Kveld sans doute plus de louves qu'on en pouvait compter. Leah était entre de bonnes mains. Quand Kveld arriva le travail commença, comme il arrivait toujours à point nommé. La fragile Leah si elle souffrait n'en montrait rien. Elle avait déjà connu un accouchement difficile, quelques maladies qu'on ne souhaite à personne.
Le travail commença et au bout de quelques heures une petite fille montra le bout de son nez. Elle criait comme un petit diable. Kohar tenait l'enfant tandis que Kveld coupait le cordon, puis elle allait la laver pendant qu'une petite soeur naissait. Et ce fut tout.
C'est une Leah bien fatiguée mais heureuse que Kveld et Kohar laissèrent s'endormir, deux petites boules de fourrure lovées contre elle.

Kohar vit Kveld disparaître à nouveau. Ses yeux bleus de cyanide le suivirent puis le perdirent. Elle sentit comme une chaîne lui serrer le coeur mais après tout, c'était elle qui était partie la première.













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