Les jumelles, suivit d'Elladora avait pris congé du professeur Grey, la saluant avant de sortir du bureau et de se diriger vers le parc sans échanger un mot ou même un regard, les jumelles semblaient trop soucieuses pour entamer la conversation pour l'heure et se contentait de guide la jeune Konstantine jusqu'à la petite cabane qui leur servait de logis. Tout était plongé dans le noir quand les trois jeunes femmes entrèrent, mais ça ne gênait pas vraiment les jumelles qui semblait très bien se repérer dans cette obscurité. Lheena, à moi que ce ne soit Kheeva, se tenait accroupi devant l'âtre de la cheminée où un feu s'éleva presqu'aussitôt éclairant la pièce. Un décor simple s'offrait à la jeune fille. Les murs de bois semblaient se faire un devoir de s'encombrer de multitude d'étagères où dépassait innombrables ustensiles, certains dont l'utilité sautait aux yeux comme la théière dont venait s'emparer l'une des deux sœurs, d'autres assez curieux et qui ne semblait à première vue, ici que pour le plaisir des yeux. A l'entrée le porte manteau soutenait, outre les deux longs manteaux de cuir rapé des gardes-chasses, deux rapières à la garde élégante rappelant le style des maîtres ciseleurs italiens et dont la facture semblaient assez anciennes. Les arbalètes qui semblaient être le symbole de leur fonction dépassait d'un tas de cordes et de chiffons, tandis que des vêtements et plusieurs livres trainaient ça et là, occupant plus ou moins d'espace. Débarrassant le canapé qui trônait, adossé au grand lit double, Kheeva invita Elladora à s'y assoir lui disant de faire comme chez elle, alors que Lheena revenait avec trois tasses d'un thé brun sucré émettant un doux parfum qu'elle mit entre les mains de chacune. Elles s'observaient, aussi curieuses les unes que les autres sans trop osées entamer la discussion, laissant un silence lourd et pesant s'installer jusqu'à ce que Lheena, en relevant le nez de sa tasse ne lance.

Alors... voilà la petite dernière de la famille...

Elle ne s'adressait pas vraiment à Ella, non plus qu'a Kheeva, s'était surtout une manière pour elle d'essayer de délier la langue d'Ella qui semblait vouloir poser les questions qui se bousculaient dans sa tête, sans trop oser se lancer.

Kheeva observait la scène par dessus sa tasse de thé, détaillant la blondine du coin de l'oeil, avec un sourire de reconnaissance pour sa soeur qui se chargeait d'entamer la discussion. Elladora semblait si jeune, mais ne l'avaient-elles pas été elles aussi ? Jeune mais néanmoins avec une attitude qui dénotait une maturité certaine. La louve ne put s'empêcher de sourire davantage en tombant sur le regard ouvert mais toutefois méfiant, presque distant qui rapellait sans aucun doute possible, Kirill Orlov.

Alors... voilà la petite dernière de la famille...
Vous... vous êtes de la famille de Kirill?

Kheeva éclata d'un rire franc et chaleureux devant la mine curieuse et avide de l'enfant, voilà qui lui plaisait davantage ! L'entrain, le sourire ! Elle préfèrait cela aux gueules d'enterrements de certaines personnes. Lheena, sans aller jusqu'à rire était elle aussi amusée par la question d'Ella.

De la manière dont tu l'entends, non.' Kheeva gloussa de rire encore une fois avant de reprendre. 'Non, nous ne sommes pas de sa famille, si par famille tu sous entends les liens du sang.
Mais c'est tout comme, tu pourrais nous voir comme... des sortes de cousines ou de grandes soeurs éloignées je suppose.

Elle semblait légèrement décontenancée par la réponse, comme si celle-ci la laissait... perplexe. Ne savait-elle donc rien des relations qu'entretenaient les loups entre-eux, la meute, la famille, les liens, tout cela lui était-il tellement étranger ? Peut être autant que cela leur avait été. Mais c'était tellement lointain que les souvenirs de cette époque avait tendance à s'estomper dans l'esprits des jumelles, oubli accentué par la nature de ces souvenirs.
C'était la louve de Kirill après tout, sa petite protégée. Il n'était pas surprenant qu'il ne lui ait rien dit ou presque des autres que ce soit sciemment ou non. Kirill avait toujours été plus ou moins solitaire, aussi loin que les jumelles s'en souvenaient. Petites, il leur faisaient peur avec son air renfermé et sombre, maintenant... c'était toujours plus ou moins vrai. On ne savait jamais trop à quoi s'attendre avec lui, c'était comme marcher sur des oeufs en permanence. Mais peut être était-il différent avec elle après tout.