Émelie ouvrit les yeux et les referma aussitôt lorsqu’un jet de lumière blanche traversa sa pupille. Elle couvrit son visage de ses bras puis se tourna sur le dos et grommela quelques mots incompréhensibles. Elle n’avait pas envie de se lever, mais alors pas du tout et c’était la première fois que ça lui arrivait. Mais ces jours-ci, elle n’avait qu’une envie – dormir. Comme si ça allait arranger quelque chose à son humeur de chien… Se redressant lentement, elle s’assit en tailleur dans son lit, puis se mit à tripoter la chaîne en argent qu’elle portait au cou. Au bout de celle-ci pendait un petit phoque en argent grossièrement taillé. C’était un cadeau de son père, il le lui avait offert le jour de son 6e anniversaire en disant que c’était « le collier que ta mère portait tout le temps. C’était un présent de la part d’un petit garçon d’un des nombreux villages Inuit que nous avons visités. » Depuis, elle ne s’en séparait plus, elle avait l’impression que ça l’aidait, que sa mère l’aidait lorsqu’elle avait besoin d'elle. En même temps, c’était un peu comme son talisman personnel, son amulette, son médaillon…

Avec un léger grincement de la part de son matelas, Émelie s’extirpa de ses draps et se traîna vers les douches. Après un rapide passage sous le jet d’eau brûlante, elle se vêtit rapidement, brossa ses longs cheveux blonds qu’elle attacha en chignon lâche, puis attrapa un livre et se dirigea vers la sortie de la salle commune des Serdaigle. Passant devant les fauteuils bleus, elle récupéra rapidement le carnet noir qu’elle avait oublié la veille sur un des tables, puis prit la direction de la bibliothèque, 3 étages plus bas. Elle se rendait là presque chaque matin, ça lui permettait de décompresser un peu avant les cours. Le plus souvent, elle se terrait dans un coin près d’une fenêtre et elle s’enterrait sous une montagne de livres de poésies, d’histoires fantastiques et d’autres trucs du genre. Elle appréciait tout particulièrement la section d’histoire de la magie, parce que c’était là que les élèves étaient le plus calmes.

Ses ballerines claquant contre le sol, Émelie descendit une volée de marches, puis une autre et ouvrit son livre à la page 91. Elle s’était arrêtée là la veille, mais maintenant qu’elle était seule et en route vers la bibliothèque, rien ne l’empêchait de continuer sa lecture. Mais alors qu’elle s’apprêtait à tourner la page, elle se rendit compte qu’elle n’était pas du tout sur le bon étage. Même qu’elle était descendue au rez-de-chaussée sans s’en rendre compte, tellement elle était concentrée sur sa lecture. Alors qu’elle essayait de retrouver son chemin dans les dédales de couloir, son livre chéri lui échappa des mains et tomba par terre, la couverture déjà bien amoché se brisant sous le coup.

-Merde, jura-t-elle entre ses dents.

Émelie fronça les sourcils. Bien jouée, pensa-t-elle, maintenant la bibliothécaire va vouloir m’assassiner ! Se penchant vivement, elle voulut s’emparer du bouquin, mais une grande main l’en empêcha. Se préparant à traiter de tous les noms celui ou celle qui avait osé faire ça, elle se releva et ouvrit la bouche, mais la referma aussitôt. Devant elle se tenait un jeune homme aux yeux bleus (?) aux cheveux bruns et courts qui feuilletait son livre de poésie avec un air de dégoût sur le visage.

-Tu lis ce truc ? lui lanca-t-il.

Furieuse, Émelie reprit son livre, le ferma brutalement et s’adressa au jeune homme.

-Et qu’est-ce que ça peut bien te faire, serpent ? C’est pour les gens intelligents, faut pas toucher à ça dans ton cas, ajouta-t-elle avec un froncement de sourcils.

Elle ressenti soudainement des remords. En temps normal, elle n’était jamais aussi brusque avec les gens qu’elle croisait, que ce soit un Serpentard ou un Pouffsouffle. Mais son livre était brisé et cet inconnu osait traiter Rimbaud de truc ! Non mais quel culot !

Pendant qu’il répondait, elle prit le temps de le détailler. Apparemment, c’était en plein le genre de garçon sur qui toutes les filles de l’école pâmaient. Mais pas elle, non. Ce genre de garçon, ça n’avait jamais été son truc. Elle préférait ceux qui étaient civilisés, qui avait un minimum de culture et de tact. Et surtout un cerveau dont ils se servaient.

Avec un regard courroucé en direction du jeune homme, elle passa doucement sa main sur la couverture du livre brisé, puis le rangea dans sa poche arrière et croisa les bras, attendant des excuses, quelque chose. Un minimum de respect, pensa-t-elle.

*Bon alors, j'ai pas pu trouvée de photo où on voyait les yeux de Jensen, alors j'ai mis bleu. Tu me corrigeras si ce n'est pas le cas. Et Émelie n'est pas aussi méchante habituellement *