Abaddon est calme. Très.
Il sort à peine de Sainte Mangouste. Les jumelles encore endormies... Elles ne vont pas bien. C'est le diagnostic. Il ne sait pas si il doit les prendre en pitié après qu'elles aient laissé entrer les mangemorts dans le château, mais Abaddon n'est pas assez humain pour convenir qu'il faut les châtier. L'erreur est humaine. Certes, elles ne le sont pas, mais... ne l'étaient elles pas? Elles ont changé de clan. Faute avouée, faute à moitié pardonnée. On ne pouvait décidément pas leur en vouloir d'avoir cru bien faire, et de s'être rendu compte que non. Aussi tard cela fut. Après tout, il y avait eut deux entrées à Poudlard. Une en moins n'aurait rien changer. Il balaye du regard la ruelle. Rien. Vide. C'est bien. Il n'aime pas les foules. Il les trouve étouffante. C'est sans doute ridicule, mais ça l'étouffe. Ça le fait se sentir tout drôle. Il remet finalement en place ses gants et avance doucement dans la ruelle, d'un air de rien. Si on croise Abaddon, on ne peut rien en dire. Il a un visage neutre. Il est grand. Très grand, et très mince également. Il est noble, ça se voit à sa figure, à ses vêtements. Il porte un pantalon noir, en jeans visiblement, ainsi qu'une chemise et un veston par dessus. Gris, puis noir. Une cravate noir sied à sa gorge. Enfin, sur ses épaules, sa longue redingote noire, serrée à la taille, accentuant cet effet de taille. Abaddon fait un mètre quatre vingt dix huit. C'est un géant pour son époque, sa race. Pour sa femme qui ne fait qu'un mètre soixante douze. Sa femme qui est loin à ce moment. Il regarde l'heure, et se dit qu'il était déjà assez tard pour que Solomon dorme seul, dans le grand lit. Il est pris de cauchemar. Souvent. Et il tremble la nuit, dans son lit.
Abaddon avance, dans le silence et le calme le plus complet et le plus plat. Il n'a pas besoin de s'agiter. C'est quelqu'un de droit. Ça se voit. Aussi il s'avance, regarde aux alentours. Il guette, car depuis que le Poète est libéré, il y a des démons dans les rues. Les plus petits ne sont pas dangereux. Mais visiblement, il n'y en a pas que des petits. Il y a deux jours, il a croisé un dragon-démon qui a bien fallu lui arracher les deux bras. Il a transplané avant. Mais n'empêche qu'il s'en ait fallu de peu...
Finalement il tourne à droite, s'engouffre dans la ruelle. Avance. Au bout de la petite ruelle, il y a une silhouette, fine et haute à la fois. Pas aussi grande que lui cependant. Mais la silhouette ne bouge pas. Elle reste là, plantée au milieu de la rue, et n'avance pas. Qu'est-ce qui... ? Abaddon hausse un sourcil et s'approche, plus doucement. Il est prudent. Il ne faudrait pas que Rufus le perde, lui.
« … Vous avez un problème? Vous avez besoin d'aide? »
Abaddon, sa voix qui chantonne presque. Cette voix claire. Elle n'a rien de menaçante. Mais quand le visage se tourne doucement vers lui, il s'arrête et se crispe violemment. Non... non. Il est... mort.